Tree of Life et le cinéma de T. Malick
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Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
Je sais pas si cette chanson, très belle, a déjà été citée :
Johnny Cash, Redemption
Johnny Cash, Redemption
From his hands it came down
From his side it came down
From his feet it came down
And ran to the ground
Between heaven and hell
A teardrop fell In the deep crimson dew
The tree of life grew
And the blood gave life
To the branches of the tree
And the blood was the price
That set the captives free
And the numbers that came
Through the fire and the flood Clung to the tree
And were redeemed by the blood
From the tree streamed a light
That started the fight 'Round the tree grew a vine
On whose fruit I could dine
My old friend Lucifer came
Fought to keep me in chains
But I saw through the tricks
Of six-sixty-six
And the blood gave life
To the branches of the tree
And the blood was the price
That set the captives free
And the numbers that came
Through the fire and the flood Clung to the tree
And were redeemed by the blood
From his hands it came down
From his side it came down
From his feet it came down
And ran to the ground
And a small inner voice Said "You do have a choice."
The vine engrafted me
And I clung to the tree
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
je découvre un entretien avec Guattari en 1975, qui voit dans Badlands une histoire d'amour schizo. Guattari était écoeuré, paraît-il, par les critiques sur le film. Pas de signifiant pour Guattari qui ferait de l'incendie de la maison du père par exemple, le feu de l'enfer...
Dès le moment où il voit cette fille, il déclenche une machine d'amour fou...
https://rapidshare.com/files/2696054126/BADLANDS_par_Félix_Guattari.pdf
Invité- Invité
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
breaker a écrit:ce photogramme m'a fait penser à Giacometti("chaque être est un résidu léger remis sur un socle lourd"),
mais il y a assurément un contresens avec le cinéma très "aérien" de Terrence Malick, le photogramme appartient à la séquence de la fin du film, du retour en grâce.
Tu as vu L'enfance d'Ivan ? Le film se termine sur une plage aussi, quelque part hors de ce monde :
J'aimerais lire quelque chose sur Tree of life / L'enfance d'Ivan.
Le Tarkovski commence par un travelling ascendant le long d'un arbre**. S'ensuit une séquence bouleversante sur Ivan courant la campagne : les images sont renversantes (travelling à toute allure au flanc d'une colline ; élévation d'Ivan parmi le feuillage des arbres ; ...) Tarkovski, lui, filme la terre, les racines, "le socle lourd" dont parle Giacometti dans ta citation (dans la vidéo YouTube, ci-dessous, vers 0h01'10)
Tout le film est là... (avec des sous-titres en anglais)
Malick ne peut pas ne pas avoir vu ça.
(** ce sera aussi le tout dernier plan de son tout dernier film : la fin du Sacrifice.)
Eyquem- Messages : 3126
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
L'Enfance d'Ivan a toujours été mon Tarkovski préféré, il a la profondeur de ses successeurs et plus de grâce formelle. Quant à sa plage, elle est déjà largement celle de Tree of Life. Elle était d'ailleurs déjà celle de La Ligne rouge.
Sibelius- Messages : 102
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
So how many of you think Tarkovsky was murdered?
Borges- Messages : 6044
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
on rapproche souvent les deux cinéastes, y a pourtant des différences immenses, une différence immense, un partage métaphysique, ou un partage de la métaphysique, y a plus de méta chez malick, plus de physique chez tarkovski; le cinéma de tarko est beaucoup plus matérialiste, lourd, pesant, celui de malick, léger, aérien, fluide; suffit de penser au montage chez les deux, à sa vitesse; le texte de daney sur stalker permet de saisir les sensations de cette différence, que le mot "boue", avec ses variations de sens et de valeur, pourrait donner à penser
Andrei Tarkovski
Ne jamais oublier que dans « métaphysique », même en russe, il y a « physique ».
Stalker est un film soviétique (c’est même le sixième de Tarkovski et, à mon sens, son meilleur) mais « to stalk » est un verbe en anglais (c’est même un verbe régulier). To stalk, c’est, très précisément, « chasser à l’approche », une façon de s’approcher en marchant, une démarche, presque une danse. Dans le « stalk », la partie du corps qui a peur reste en arrière et celle qui n’a pas peur veut aller de l’avant. Avec ses pauses et ses frayeurs, le stalk est la démarche de ceux qui s’avancent en terrain inconnu. Dans Stalker, le danger est partout mais il n’a pas de visage. Le paysage non plus n’a ni limites, ni horizon, ni Nord. Il s’y rencontre bien des tanks, des usines, des canalisations géantes, une voie ferrée, un cadavre, un chien, un téléphone qui marche toujours, mais la végétation est en train de recouvrir tout cela. Ce paysage industriel fossile, ce bout de vingtième siècle devenu une couche géologique (Tarkovski a été géologue en Sibérie de 1954 à 1956, il lui en reste quelques chose), c’est la Zone. On ne va pas dans la zone, on s’y glisse en fraude (elle est gardée par des soldats). On n’y marche pas, on y « stalke ».
On a vu, au cinéma, des déambulations urbaines, des cow-boys qui avancent coquettement à petits pas pour se tirer dessus, des piétinements de foules, des couples qui dansent : on n’a jamais vu le stalk. Le film de Tarkovski est avant tout un documentaire sur une certaine façon de marcher qui n’est peut-être pas la meilleure (surtout en URSS) mais qui est tout ce qui reste quand tous les points de repère ont disparu et que plus rien n’est sûr. C’est donc une grande première : une caméra suit trois hommes qui viennent de pénétrer dans la Zone. Où ont-ils appris cette démarche tordue? D’où viennent-ils? Et d’où leur vient cette familiarité avec ce no man’s land? La fausse familiarité du touriste qui ne sait où aller, que regarder, quoi craindre? L’un est venu sans rien, avec une bouteille de vodka dans un sac en plastique : il sort d’une beuverie mondaine. L’autre, au contraire, tient quelque chose de secret dans un petit sac de voyage. Le troisième, celui qui n’a rien que ses regards furtifs et ses élans vite retombés, c’est lui, le Stalker. Il faudrait qu’avant de se ruer sur les innombrables interprétations que ce film-auberge espagnole appelle, le spectateur regarde attentivement trois acteurs russes (excellent : Alexandre Kaidanovski, Anatoli Solonitsine et Nikolai Grinko) « stalker » dans la Zone.
Le film ne commence pas d’une façon aussi abrupte. Il est un peu plus explicatif (pas beaucoup). Tarkovski, adaptant librement un roman SF des frères Strougaltski, imagine qu’à la suite d’un accident mystérieux, une partie de la planète est devenue différente, dangereuse, et qu’on l’a interdite d’accès. La Zone est cette «part maudite», retournée à l’état sauvage, réserve de fantasmes, territoire d’une lugubre beauté. Des marginaux, pour un peu d’argent, la font «visiter». Ces passeurs qui vivent misérablement entre deux mondes, ce sont les stalkers. Celui du film, un peu guide touristique, un peu illuminé, très clochardisé, a pris cette fois avec lui un Ecrivain et un Professeur. L’Ecrivain (l’homme au sac en plastique) doute de tout et surtout de lui-même. Le Professeur (l’homme au sac de voyage) ne parle pas beaucoup mais il a une idée derrière la tête. Car il y a quand même un but à ce trip à trois : au centre de la Zone se trouve une «chambre» qui, à ce qu’on dit, exauce les vœux de celui qui y pénètre. A ce qu’on dit.
Arrivés devant la chambre, le stalker et ses deux clients flanchent : personne n’en franchira le seuil. Par peur d’abord. Par sagesse ensuite. Par peur : si la chambre est un canular, il est humiliant d’avoir eu l’air d’y croire, si elle exauce réellement tous les vœux, il ne restera plus rien à espérer, si elle réalise les désirs inconscients, on ne sait trop à quoi on s’expose. Par sagesse : il n’y a pas de vie vivable sans absolu, certes, mais l’absolu n’est pas un lieu, c’est un mouvement. Un mouvement qui fait dériver, qui déporte (dans tous les sens du terme), qui fait «stalker». Peu importe, à la limite, avec quels biscuits ou quels non-biscuits on embarque, peu importe que l’on croie, que l’on croie croire ou que l’on croie que d’autres croient. Ce qui compte, c’est de se mettre en mouvement.
Impossible de s’empêcher, en tant que spectateur, de «stalker» dans cette forêt de symboles qu’est le film. Le scénario de Tarkovski est une machine suffisamment infernale pour n’exclure a priori aucune interprétation. Dans une auberge espagnole, on peut «apporter son manger». La Zone, c’est peut-être la planète Terre, le continent soviétique, notre inconscient, le film lui-même. Le stalker peut très bien être un mutant, un dissident, un analyste sauvage, un prêtre à la recherche d’un culte, un spectateur. On peut «jouer aux symboles» avec le film mais c’est un jeu dont il ne faut pas abuser (pas plus pour Tarkovski que pour Fellini ou Bunuel, autres grands humoristes de l’interprétation). D’ailleurs, la nouveauté et la beauté de Stalker sont ailleurs.
Quand le film est fini, quand on s’est un peu lassé d’interpréter, quand on a mangé tout ce qu’on avait apporté, qu’est-ce qui reste? Le même film, exactement. Les mêmes images insistantes. La même Zone avec la présence de l’eau, son clapotis sinistre, les métaux rouillés, la végétation vorace, l’humidité. Comme tous les films qui déclenchent chez le spectateur une fureur interprétative, Stalker est un film qui frappe par la présence physique des éléments, leur existence têtue, leur façon d’être là. Même s’il n’y avait personne pour les voir, pour s’approcher d’elles ou pour les filmer. Cela ne date pas d’hier : déjà dans Andrei Roublev il y avait la boue, ce point zéro de la forme. Dans Stalker il y a une présence organique des éléments : l’eau la rosée, les flaques imbibent la terre et rongent les ruines.
Un film, on peut l’interpréter. Celui-ci s’y prête (même si au bout du compte il se dérobe). Mais on n’est pas obligé. Un film, on peut aussi le regarder. On peut y guetter l’apparition de choses qu’on n’avait encore jamais vues dans un film. Le spectateur-guetteur voit des choses que le spectateur-interprète ne sait plus voir. Le guetteur reste à la surface, parce qu’il ne croit pas au fond. Je me demandais au début de cet article où donc les personnages avaient appris le stalk; cette démarche tordue de ceux qui ont peur mais qui ont oublié de quoi. Et ces visages prématurément vieillis, ces mini-Zones où des rictus sont devenus des rides? Et la violence obséquieuse de celui qui s’attend à recevoir des coups (ou à en donner? Ça aussi il a oublié?). Et le faux calme du monomaniaque dangereux et les raisonnements à vide de celui qui est trop seul?
Cela ne vient pas seulement de l’imagination démiurgique de Tarkovski, cela ne s’invente pas, cela vient d’ailleurs. Mais d’où? Stalker est une fable métaphysique, un cours de morale, une leçon de foi, une réflexion sur les fins dernières, une quête, tout ce qu’on voudra. Stalker est aussi le film où, pour la première fois, on croise des corps et des visages qui viennent d’un lieu que l’on ne connaissait que par ouï-dire ou par ouï-lire. Un lieu dont on pensait que le cinéma soviétique n’avait gardé nulle trace. Ce lieu, c’est le Goulag. La Zone est aussi un archipel. Le film Stalker est aussi un film réaliste.
20 novembre 1981
Borges- Messages : 6044
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
MONUMENT (AU) FANTÔME
Je reviens de Houston, Texas, je me suis baladé downtown, dans le quartier des affaires, au milieu des buildings, sur les traces de Jack, le type le plus dur à filer depuis Mr Arkadin : une fois dans le centre, une fois à l’autre bout de la ville, et tout ça sans jamais prendre de voiture. Son truc à lui, c’est les ascenseurs, des elevators magiques qui décollent de Houston et volent jusqu’à Dallas – ou au-delà. Je vous apprends rien. Ca a pas été une mince affaire de le pister mais je crois bien avoir retracé l’essentiel de ses itinéraires urbains.
Tout le monde sait que cette ville, c’est Houston, Texas. Mais ça m’a pas suffi de le savoir ; j’ai voulu y voir de plus près, retrouver les lieux des différentes scènes. Alors on va commencer par se balader un peu, en suivant l’ordre du film. Moi j’aime bien voyager – surtout quand j’ai pas à bouger de ma chaise.
Wells Fargo Plaza.
Le grand building de gauche, c’est l’Enterprise : c’est au pied de cette tour que se situe le cabinet d’architecte où travaille Jack (Sean Penn).
(mais ce qui a attiré mon attention dans cette image, c’est un détail dans le détail : la bannière HPL, celle de la Houston Public Library, dont la grande bibliothèque se situe juste à côté.
La ville, dans le film, est comme un grand livre de verre et de lumière – un livre qui cherche à la fois à repousser et à atteindre le ciel. Il faut voir Jack autant comme un écrivain que comme un architecte. On a déjà parlé des liens avec Shining.)
La grande verrière que le film place à l’entrée du cabinet d’architecte est en fait l’atrium pyramidal qui joint les deux tours de la Pennzoil Place.
http://www.bluffton.edu/~sullivanm/texas/houston/pennzoil/pennzoil.html
Le cabinet d’architecte de Page Southerland & Page :
http://www.pspaec.com/index.php/corporate-commercial/pagesoutherlandpage-houston.html
Les vues en hauteur sont prises depuis les bureaux du plus haut building de Houston, celui de JPMorgan Chase.
(au fond, la grande tour noire ouverte à son sommet, c’est le CenterPoint Energy Plaza : on y retournera après)
Le premier ascenseur que prend Sean Penn, c’est celui du Hyatt Regency Hotel – la grande tour à côté, c’est toujours l’Enterprise Plaza (vous suivez ?)
Croyez-le ou pas, mais y a un type sur YouTube qui a l’air de s’être spécialisé là-dedans, le film d’ascenseur. Il les prend tous. Il monte, il descend, il en cause (« There’s even TV ! Very nice ! »). Il a l’air sympa, un peu dingue. Ici, il rejoue la grande scène de Sean Penn, sans que ça ait l'air de le soucier plus que ça :
Là, j’ai un peu galéré alors que c’était fastoche. A droite, l’Enterprise, again.
C’est en fait la passerelle qui relie le Hyatt Hotel au CenterPoint Energy Plaza.
Merci Google Earth :
(cette passerelle fait le lien avec le pont à la fin. C’est beau, non ?, que Jack reçoive l’appel de son frère, au « CenterPoint Energy », juste avant la grande séquence de la création de l’univers ?)
Tout ça, c’est ce qu’on voit au début du film.
A la fin, comme vous vous souvenez, la longue scène de la plage est prise entre deux scènes d’ascenseur.
La montée est un bel exemple d’illusion créée par la continuité du montage.
Le premier plan est pris je ne sais où.
Le second, c’est dans l’ascenseur du Hyatt Hotel, comme au-dessus.
Le 3e, on change soudainement d’ascenseur et de ville : on reconnaît la Reunion Tower, située à Dallas (on la reverra à l’avant dernier plan du film, sous un autre angle).
http://en.wikipedia.org/wiki/Reunion_Tower
(comment expliquer ce changement de lieu ? Peut-être que ce n’est pas le building qu’il faut voir, mais son nom : « reunion tower » - ça ne peut pas être un hasard, juste avant la scène de la plage)
A la redescente, Sean Penn se retrouve soudain à l’autre bout de la ville, au pied de la Williams Tower :
Voilà pour le confidential rapport.
La plus belle trouvaille, dans cette balade, ça a été de découvrir ce qui se cachait sur la place de l’Enterprise, là où se situe le cabinet d’architecte.
Je vous resitue la scène en deux plans :
La place semble en travaux.
Et pour cause.
J’ai appris qu’à cet endroit, jusqu’en 2007, on trouvait une sculpture monumentale de Jean Dubuffet, intitulée « Monument au fantôme ». Malick y a tourné en mai-juin 2008, au moment de la rénovation du lieu :
(la place, avant)
Je trouve que ça change complètement la lecture du plan. Ca n’y ajoute rien : ça l’approfondit (contre les ignorants qui jugent les images de Malick trop plates, des « belles photos », des « fonds d’écran », etc). Que faut-il y voir, y lire maintenant ? On voyait cet arbre, à travers ces reflets de vitres, et cet arbre déjà faisait signe pour quelque chose d’absent. Cette absence se double maintenant d’une autre, ce « monument au fantôme », déplacé, disparu, devenu fantôme lui-même – mais qui est là pourtant, puisque c’est son absence que le plan rend présente.
« Monument au fantôme » : c’est presque un sous-titre pour tout le film.
Je reviens de Houston, Texas, je me suis baladé downtown, dans le quartier des affaires, au milieu des buildings, sur les traces de Jack, le type le plus dur à filer depuis Mr Arkadin : une fois dans le centre, une fois à l’autre bout de la ville, et tout ça sans jamais prendre de voiture. Son truc à lui, c’est les ascenseurs, des elevators magiques qui décollent de Houston et volent jusqu’à Dallas – ou au-delà. Je vous apprends rien. Ca a pas été une mince affaire de le pister mais je crois bien avoir retracé l’essentiel de ses itinéraires urbains.
Tout le monde sait que cette ville, c’est Houston, Texas. Mais ça m’a pas suffi de le savoir ; j’ai voulu y voir de plus près, retrouver les lieux des différentes scènes. Alors on va commencer par se balader un peu, en suivant l’ordre du film. Moi j’aime bien voyager – surtout quand j’ai pas à bouger de ma chaise.
Wells Fargo Plaza.
Le grand building de gauche, c’est l’Enterprise : c’est au pied de cette tour que se situe le cabinet d’architecte où travaille Jack (Sean Penn).
(mais ce qui a attiré mon attention dans cette image, c’est un détail dans le détail : la bannière HPL, celle de la Houston Public Library, dont la grande bibliothèque se situe juste à côté.
La ville, dans le film, est comme un grand livre de verre et de lumière – un livre qui cherche à la fois à repousser et à atteindre le ciel. Il faut voir Jack autant comme un écrivain que comme un architecte. On a déjà parlé des liens avec Shining.)
La grande verrière que le film place à l’entrée du cabinet d’architecte est en fait l’atrium pyramidal qui joint les deux tours de la Pennzoil Place.
http://www.bluffton.edu/~sullivanm/texas/houston/pennzoil/pennzoil.html
Le cabinet d’architecte de Page Southerland & Page :
http://www.pspaec.com/index.php/corporate-commercial/pagesoutherlandpage-houston.html
Les vues en hauteur sont prises depuis les bureaux du plus haut building de Houston, celui de JPMorgan Chase.
(au fond, la grande tour noire ouverte à son sommet, c’est le CenterPoint Energy Plaza : on y retournera après)
Le premier ascenseur que prend Sean Penn, c’est celui du Hyatt Regency Hotel – la grande tour à côté, c’est toujours l’Enterprise Plaza (vous suivez ?)
Croyez-le ou pas, mais y a un type sur YouTube qui a l’air de s’être spécialisé là-dedans, le film d’ascenseur. Il les prend tous. Il monte, il descend, il en cause (« There’s even TV ! Very nice ! »). Il a l’air sympa, un peu dingue. Ici, il rejoue la grande scène de Sean Penn, sans que ça ait l'air de le soucier plus que ça :
Là, j’ai un peu galéré alors que c’était fastoche. A droite, l’Enterprise, again.
C’est en fait la passerelle qui relie le Hyatt Hotel au CenterPoint Energy Plaza.
Merci Google Earth :
(cette passerelle fait le lien avec le pont à la fin. C’est beau, non ?, que Jack reçoive l’appel de son frère, au « CenterPoint Energy », juste avant la grande séquence de la création de l’univers ?)
Tout ça, c’est ce qu’on voit au début du film.
A la fin, comme vous vous souvenez, la longue scène de la plage est prise entre deux scènes d’ascenseur.
La montée est un bel exemple d’illusion créée par la continuité du montage.
Le premier plan est pris je ne sais où.
Le second, c’est dans l’ascenseur du Hyatt Hotel, comme au-dessus.
Le 3e, on change soudainement d’ascenseur et de ville : on reconnaît la Reunion Tower, située à Dallas (on la reverra à l’avant dernier plan du film, sous un autre angle).
http://en.wikipedia.org/wiki/Reunion_Tower
(comment expliquer ce changement de lieu ? Peut-être que ce n’est pas le building qu’il faut voir, mais son nom : « reunion tower » - ça ne peut pas être un hasard, juste avant la scène de la plage)
A la redescente, Sean Penn se retrouve soudain à l’autre bout de la ville, au pied de la Williams Tower :
Voilà pour le confidential rapport.
La plus belle trouvaille, dans cette balade, ça a été de découvrir ce qui se cachait sur la place de l’Enterprise, là où se situe le cabinet d’architecte.
Je vous resitue la scène en deux plans :
La place semble en travaux.
Et pour cause.
J’ai appris qu’à cet endroit, jusqu’en 2007, on trouvait une sculpture monumentale de Jean Dubuffet, intitulée « Monument au fantôme ». Malick y a tourné en mai-juin 2008, au moment de la rénovation du lieu :
In 2007, the Monument au Fantôme sculpture was relocated to Discovery Green and in the following year, the plaza was rebuilt to include trees, fountains & other landscaping elements.
(la place, avant)
http://www.dubuffetfondation.com/sculptures/fantome.htmMonument au fantôme
époxy peint au polyuréthane, H. 10 mètres
réalisé en 1983 d'après la maquette de 1969.
Interfirst Plaza, Houston, Texas (U.S.A.)
Ce groupe monumental - de même que le Monument à la bête debout - faisait partie des projets primitivement proposés à la Chase Manhattan Bank qui porta finalement son choix sur le Groupe de quatre arbres. Ces projets étaient tous composés de plusieurs pièces assemblées permettant une circulation transversale au moyen de portes découpées.
Je trouve que ça change complètement la lecture du plan. Ca n’y ajoute rien : ça l’approfondit (contre les ignorants qui jugent les images de Malick trop plates, des « belles photos », des « fonds d’écran », etc). Que faut-il y voir, y lire maintenant ? On voyait cet arbre, à travers ces reflets de vitres, et cet arbre déjà faisait signe pour quelque chose d’absent. Cette absence se double maintenant d’une autre, ce « monument au fantôme », déplacé, disparu, devenu fantôme lui-même – mais qui est là pourtant, puisque c’est son absence que le plan rend présente.
« Monument au fantôme » : c’est presque un sous-titre pour tout le film.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
hello, oui fascinante, elle ouvre des portes, mais eyquem ne s'engage pas assez
on avait parlé de l'importance de la porte, des portes, dans le film, donc des pas, et des passages, errances, et marche;
si on fait attention au nom Hyatt, "lofty gate", "porte élevée", on verra un autre fantôme; derrière une chaine d'hôtels de luxe Hyatt, on trouvera une autre "lofty gate" : buland darwaza (porte élevée, mais aussi de l’Élevé, de l’élévation (elevator, si on veut), porte de la Magnificence, porte du ciel...)
sur la porte principale de Buland Darwaza on peut lire : -"عیسی پسر مریم (در آنان می شود صلح) گفت :' جهان است پل ، عبور بیش از آن است ، اما هیچ ساخت خانه بر آن او امیدوار است که برای یک روز ، ممکن است برای ابدیت امیدواریم ، اما ماندگار جهان اما ساعت آن را صرف در دعا و نماز برای استراحت است نهان ".'
"Isa (Jesus) Son of Mary (on whom be peace) said: The World is a Bridge, pass over it, but build no houses upon it. He who hopes for a day, may hope for eternity; but the World endures but an hour. Spend it in prayer, for the rest is unseen."
on se souvient ici de la phrase de la mère sur l'amour : "Sans Amour, la vie passe comme un éclair"
variation courte dans les hadiths de ISA
On rapporte que [l’Imam] Ali ibnil Houssain (que la Paix soit sur lui) a dit : « Jésus (que la Paix soit sur lui) a déclaré à ses disciples : "Certainement, ce monde est comme un pont, alors, traversez-le, et n’en faites pas votre résidence permanente." »
http://www.al-islam.org/fr/40-hadith-Issa/2.htm
Hyatt a deux variantes Hayatt et Hiatt, si on se souvient des origines du père de malick, et du premier titre du projet, on pourra lire Hayatt en arabe : vie
on avait parlé de l'importance de la porte, des portes, dans le film, donc des pas, et des passages, errances, et marche;
si on fait attention au nom Hyatt, "lofty gate", "porte élevée", on verra un autre fantôme; derrière une chaine d'hôtels de luxe Hyatt, on trouvera une autre "lofty gate" : buland darwaza (porte élevée, mais aussi de l’Élevé, de l’élévation (elevator, si on veut), porte de la Magnificence, porte du ciel...)
sur la porte principale de Buland Darwaza on peut lire : -"عیسی پسر مریم (در آنان می شود صلح) گفت :' جهان است پل ، عبور بیش از آن است ، اما هیچ ساخت خانه بر آن او امیدوار است که برای یک روز ، ممکن است برای ابدیت امیدواریم ، اما ماندگار جهان اما ساعت آن را صرف در دعا و نماز برای استراحت است نهان ".'
"Isa (Jesus) Son of Mary (on whom be peace) said: The World is a Bridge, pass over it, but build no houses upon it. He who hopes for a day, may hope for eternity; but the World endures but an hour. Spend it in prayer, for the rest is unseen."
on se souvient ici de la phrase de la mère sur l'amour : "Sans Amour, la vie passe comme un éclair"
variation courte dans les hadiths de ISA
On rapporte que [l’Imam] Ali ibnil Houssain (que la Paix soit sur lui) a dit : « Jésus (que la Paix soit sur lui) a déclaré à ses disciples : "Certainement, ce monde est comme un pont, alors, traversez-le, et n’en faites pas votre résidence permanente." »
http://www.al-islam.org/fr/40-hadith-Issa/2.htm
Hyatt a deux variantes Hayatt et Hiatt, si on se souvient des origines du père de malick, et du premier titre du projet, on pourra lire Hayatt en arabe : vie
Dernière édition par Borges le Mar 24 Avr 2012 - 11:39, édité 1 fois
Borges- Messages : 6044
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
hello,
C'est pour ça que j'aime Malick de plus en plus : on a toujours les deux faces de l'image, son recto-verso : la face sensible, la "présence" des choses, toujours doublée de sa face idéale, donnée dans l'écart du signe, du nom, de l'idée ; la chose et le nom, le monde et l'idée.
J'ai pas besoin de m'engager trop, Borges, car je sais que tu vas le faire. lol
Là, je voulais seulement rapporter des faits.
J'avais trois idées en revoyant le film :
- chercher ce qui pouvait faire de Jack un écrivain, autant qu'un architecte, ce qui faisait de cette ville une sorte de grand livre de verre et de lumière. Jack est montré comme un lecteur ; lors d'une des scènes de repas, la mère signale au père que l'instit' a beaucoup aimé la rédaction de Jack, mais le père n'écoute pas, il la coupe en montant le son de Brahms. Il y a une vocation d'artiste contrariée chez Jack (l'artiste c'est le petit frère) : comme s'il était devenu architecte pour se distinguer du frère, pour réaliser un voeu du père.
Sur la ville comme "livre", le plus intéressant c'est un jeu de mots : en anglais u.s., on désigne de la même façon un étage et une histoire : c'est le même mot : "story" (alors que les anglais de GB différencient "story" et "storey"). Ca m'a frappé en lisant cet article :
On peut décrire l'agence comme un "a 8-story building", une tour de 8 histoires. Je trouve ça fabuleux.
La tour où travaille Jack, l'Enterprise, avec le "Monument au fantôme", appartient à une société elle-même appelée "Fantom Tower"...
http://en.wikipedia.org/wiki/Enterprise_Plaza
Si on continue comme ça, on peut en faire un lieu aussi mythique que l'Overlook Hotel. lol
(entre parenthèses, dans l'article cité au-dessus, il y a deux infos intéressantes :
- Malick avait tourné une longue scène au zoo de Houston, un face à face entre Sean Penn et un lion
- il avait aussi filmé l'installation de James Turrell, "The light inside", qui illumine d'une façon spectrale un des couleurs du Museum of Fine Arts de Houston :
Pourquoi ne pas l'avoir gardée ? Sans doute parce que c'était "trop" : trop kubrickien ? trop évident comme symbole de "porte", de "passage" ?
Il en reste quelque chose, peut-être, dans les toutes premières images de la grande ville : si vous vous souvenez, la cité est d'abord filmée de nuit, comme une déformation lumineuse de la lueur stellaire, une abstraction de néons, de taches électroniques.
Je résiste pas à quelques captures...
)
- la 2e idée, c'était justement de voir comment le film distinguait lumière naturelle et lumière artificielle ; mais c'est pas une bonne différence, une différence assez fine. La lueur stellaire, précisément, il serait impossible de dire qu'elle est artificielle ou naturelle :
Je pensais à ça à cause de plusieurs plans, en insert, sur des lampes éclairant la nuit. Mais pour le moment, je ne vois pas l'unité de ces scènes "caravagesques" : elles sont associées à l'intimité du couple, à la sexualité, mais aussi aux jeux des enfants, et à la fin, à l'apparition des enfants accompagnant la guide.
- la 3e, c'était le rôle des lieux de passage :
- le pont, la passerelle
- la porte
- l'escalier
- l'ascenseur, l'échelle céleste
Les portes, on les voit bien : elles marquent à chaque fois un changement soudain et radical (la porte dans le désert, ouvrant sur la plage des morts et des vivants ; la porte qui s'ouvre au début du film sur le télégramme fatal).
Mais les escaliers jouent un rôle au moins aussi important : ils marquent les grandes étapes de l'apprentissage, dans tout le segment sur l'enfance. A chaque fois, l'enfant s'arrête, regarde en haut : ouverture sur l'inconnu, le danger de la connaissance. Ils signalent à chaque fois l'accès et l'obstacle.
L'agence d'architecte, vue de l'extérieur (on l'aperçoit dans la scène de la passerelle), a elle-même la forme d'un escalier :
(à gauche, c'est l'agence vue de la rue)
L'ascenseur apparaît comme une fusion des trois : c'est un pont jeté sur le vide, une porte ouvrant sur une quatrième dimension, un escalier vertical.
Vu sous cet angle, le Hyatt ressemble vraiment à une porte donnant sur le ciel...
Borges a écrit:si on fait attention au nom Hyatt, "lofty gate", "porte élevée", on verra un autre fantôme; derrière une chaine d'hôtels de luxe, on trouvera une autre "lofty gate", buland darwaza (porte élevée, mais aussi de l’Élevé, de l’élévation (elevator, si on veut), porte de la Magnificence, porte du ciel...)
sur la porte principale de Buland Darwaza on peut lire : -"عیسی پسر مریم (در آنان می شود صلح) گفت :' جهان است پل ، عبور بیش از آن است ، اما هیچ ساخت خانه بر آن او امیدوار است که برای یک روز ، ممکن است برای ابدیت امیدواریم ، اما ماندگار جهان اما ساعت آن را صرف در دعا و نماز برای استراحت است نهان ".'
"Isa (Jesus) Son of Mary (on whom be peace) said: The World is a Bridge, pass over it, but build no houses upon it. He who hopes for a day, may hope for eternity; but the World endures but an hour. Spend it in prayer, for the rest is unseen."
on se souvient ici de la phrase de la mère sur l'amour : "Sans Amours, la vie passe comme un éclair"
variation courte dans les hadiths de ISA
On rapporte que [l’Imam] Ali ibnil Houssain (que la Paix soit sur lui) a dit : « Jésus (que la Paix soit sur lui) a déclaré à ses disciples : "Certainement, ce monde est comme un pont, alors, traversez-le, et n’en faites pas votre résidence permanente." »
http://www.al-islam.org/fr/40-hadith-Issa/2.htm
Hyatt a deux variantes Hayatt et Hiatt, si on se souvient des origines du père de malick, et du premier titre du projet, on pourra lire Hayatt en arabe : vie
C'est pour ça que j'aime Malick de plus en plus : on a toujours les deux faces de l'image, son recto-verso : la face sensible, la "présence" des choses, toujours doublée de sa face idéale, donnée dans l'écart du signe, du nom, de l'idée ; la chose et le nom, le monde et l'idée.
J'ai pas besoin de m'engager trop, Borges, car je sais que tu vas le faire. lol
Là, je voulais seulement rapporter des faits.
J'avais trois idées en revoyant le film :
- chercher ce qui pouvait faire de Jack un écrivain, autant qu'un architecte, ce qui faisait de cette ville une sorte de grand livre de verre et de lumière. Jack est montré comme un lecteur ; lors d'une des scènes de repas, la mère signale au père que l'instit' a beaucoup aimé la rédaction de Jack, mais le père n'écoute pas, il la coupe en montant le son de Brahms. Il y a une vocation d'artiste contrariée chez Jack (l'artiste c'est le petit frère) : comme s'il était devenu architecte pour se distinguer du frère, pour réaliser un voeu du père.
Sur la ville comme "livre", le plus intéressant c'est un jeu de mots : en anglais u.s., on désigne de la même façon un étage et une histoire : c'est le même mot : "story" (alors que les anglais de GB différencient "story" et "storey"). Ca m'a frappé en lisant cet article :
http://www.chron.com/life/article/Houston-buildings-share-screen-time-with-Sean-Penn-1692443.phpA location where the crew spent considerable time was the PageSoutherlandPage office at 1100 Louisiana.
"Our office is very cool. It's an old banking lobby about eight stories high, so it's a pretty dramatic space," says Nancy Fleshman, the engineering and architecture firm's director of research.
On peut décrire l'agence comme un "a 8-story building", une tour de 8 histoires. Je trouve ça fabuleux.
La tour où travaille Jack, l'Enterprise, avec le "Monument au fantôme", appartient à une société elle-même appelée "Fantom Tower"...
http://en.wikipedia.org/wiki/Enterprise_Plaza
Si on continue comme ça, on peut en faire un lieu aussi mythique que l'Overlook Hotel. lol
(entre parenthèses, dans l'article cité au-dessus, il y a deux infos intéressantes :
- Malick avait tourné une longue scène au zoo de Houston, un face à face entre Sean Penn et un lion
- il avait aussi filmé l'installation de James Turrell, "The light inside", qui illumine d'une façon spectrale un des couleurs du Museum of Fine Arts de Houston :
Pourquoi ne pas l'avoir gardée ? Sans doute parce que c'était "trop" : trop kubrickien ? trop évident comme symbole de "porte", de "passage" ?
Il en reste quelque chose, peut-être, dans les toutes premières images de la grande ville : si vous vous souvenez, la cité est d'abord filmée de nuit, comme une déformation lumineuse de la lueur stellaire, une abstraction de néons, de taches électroniques.
Je résiste pas à quelques captures...
)
- la 2e idée, c'était justement de voir comment le film distinguait lumière naturelle et lumière artificielle ; mais c'est pas une bonne différence, une différence assez fine. La lueur stellaire, précisément, il serait impossible de dire qu'elle est artificielle ou naturelle :
Je pensais à ça à cause de plusieurs plans, en insert, sur des lampes éclairant la nuit. Mais pour le moment, je ne vois pas l'unité de ces scènes "caravagesques" : elles sont associées à l'intimité du couple, à la sexualité, mais aussi aux jeux des enfants, et à la fin, à l'apparition des enfants accompagnant la guide.
- la 3e, c'était le rôle des lieux de passage :
Ils sont de quatre sortes :on avait parlé de l'importance de la porte, des portes, dans le film, donc des pas, et des passages, errances, et marche
- le pont, la passerelle
- la porte
- l'escalier
- l'ascenseur, l'échelle céleste
Les portes, on les voit bien : elles marquent à chaque fois un changement soudain et radical (la porte dans le désert, ouvrant sur la plage des morts et des vivants ; la porte qui s'ouvre au début du film sur le télégramme fatal).
Mais les escaliers jouent un rôle au moins aussi important : ils marquent les grandes étapes de l'apprentissage, dans tout le segment sur l'enfance. A chaque fois, l'enfant s'arrête, regarde en haut : ouverture sur l'inconnu, le danger de la connaissance. Ils signalent à chaque fois l'accès et l'obstacle.
L'agence d'architecte, vue de l'extérieur (on l'aperçoit dans la scène de la passerelle), a elle-même la forme d'un escalier :
(à gauche, c'est l'agence vue de la rue)
L'ascenseur apparaît comme une fusion des trois : c'est un pont jeté sur le vide, une porte ouvrant sur une quatrième dimension, un escalier vertical.
Vu sous cet angle, le Hyatt ressemble vraiment à une porte donnant sur le ciel...
Jacob quitta Beer-Sheva, et s'en alla vers Haran. Il arriva en ce lieu et y resta pour la nuit car le soleil s'était couché. Prenant une des pierres de l'endroit, il la mit sous sa tête et s'allongea pour dormir. Et il rêva qu'il y avait une échelle reposant sur la terre et dont l'autre extrémité atteignait le ciel ; et il aperçut les anges de Dieu qui la montaient et la descendaient ! Et il vit Dieu qui se trouvait en haut [ou à ses côtés] et qui lui disait : « Je suis Dieu, le Dieu d’Abraham et le Dieu d’Isaac ton père ; la terre sur laquelle tu reposes, je la donnerai à toi et à tes descendants ; et tes descendants seront comme la poussière de la terre, et ils s’établiront vers l’ouest et vers l’est, vers le nord et vers le sud ; et par toi et tes descendants, toutes les familles sur la terre seront bénies. Vois, je suis avec toi et te protégerai là où que tu ailles, et je te ramènerai à cette terre ; car je ne te laisserai pas tant que je n'aurai pas accompli tout ce dont je viens de te parler. » Jacob se réveilla alors de son sommeil et dit : « Sûrement Dieu est présent ici et je ne le sais pas. » et il était effrayé et dit : « Il n’y a rien que la maison de Dieu et ceci est la porte du ciel. »
Dernière édition par Eyquem le Mar 24 Avr 2012 - 12:57, édité 2 fois
Eyquem- Messages : 3126
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
Borges a écrit :
Hyatt a deux variantes Hayatt et Hiatt
mais comment tu sais ça ?
Invité- Invité
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
slimfast a écrit:Borges a écrit :
Hyatt a deux variantes Hayatt et Hiatt
mais comment tu sais ça ?
ne suis-je pas borges ben google ?
lol
la seule chose que je savais au départ, c'est le mot arabe pour vie, la suite c'est de la déduction, de la mise en rapport, et de la recherche... facilitée par le fait que tout ça se situe dans des horizons de sens qui ne me sont pas étrangers...
et puis je connais bien malick, et les hôtels,
Borges- Messages : 6044
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
ce je connais bien malick et les hôtels, a un charme suave !
Invité- Invité
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
Borges a écrit:
Merci, Borges.
Il s'agit du tournage de "Lawless", non ? Je me mélange un peu les pinceaux car Malick a deux projets en cours avec le même casting (Bale, Blanchette, Portman, Bentley et Wheelon). "Knight Of Cups" est encore en pré-production d'après IMDB.
Malick rattrape le "temps perdu" : 4 projets en cours quand même. Même Godard lors de sa période de vitesse effrénée n'en avait pas autant sur le feu.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
hello,
des breaking news du jour :
C'était le projet sans titre (avec Ben Affleck, Jessica Chastain).
Pas mal, ce titre : "A l'émerveillement", ou à l'étonnement - sans qu'on sache si ça a le sens d'une direction (aller vers l'émerveillement) ou d'une dédicace ("à l'émerveillement", comme on dirait : "à mes amis")
des breaking news du jour :
New Malick film will be titled TO THE WONDER
Rated R for sexuality and nudity
To The Wonder so far has no release date, but supposedly 2012
("All things shining" blog)
C'était le projet sans titre (avec Ben Affleck, Jessica Chastain).
Pas mal, ce titre : "A l'émerveillement", ou à l'étonnement - sans qu'on sache si ça a le sens d'une direction (aller vers l'émerveillement) ou d'une dédicace ("à l'émerveillement", comme on dirait : "à mes amis")
Eyquem- Messages : 3126
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
Eyquem a écrit:hello,
des breaking news du jour :New Malick film will be titled TO THE WONDER
Rated R for sexuality and nudity
To The Wonder so far has no release date, but supposedly 2012
("All things shining" blog)
C'était le projet sans titre (avec Ben Affleck, Jessica Chastain).
Pas mal, ce titre : "A l'émerveillement", ou à l'étonnement - sans qu'on sache si ça a le sens d'une direction (aller vers l'émerveillement) ou d'une dédicace ("à l'émerveillement", comme on dirait : "à mes amis")
salut eyquem;
tout le cinéma de malick est dominé par l'adresse, et le "wonder" : to wonder, c'est aussi s'interroger; c'est une catégorie philosophique essentielle (heidegger; le fameux thaumazein); l'émerveillement devant la présence des choses, de l'étant; c'est pas très loin de la gloire, de la lumière..."to the wonder", ça peut se traduire aussi par "au monde", "à l'être", mais aussi "au cinéma"...
comme disait platon "la merveille des merveille, que l'étant soit"
I walked in my greatcoat
Down through the days of the leaves.
No before after, yes after before
We were shining our light into
The days of blooming wonder
In the eternal presence,
In the presence of the flame.
Didn't I come to bring you a sense of wonder
Didn't I come to lift your fiery vision bright
Didn't I come to bring you a sense of wonder in the flame.
On and on and on and on we kept singing our song
Over newtonards and comber,
Gransha and the Ballystockart Road.
This spike an boffyflow
I said I could describe the leaves
For Samuel and Felicity
Rich, red browny, half burnt orange and green.
Didn't I come to bring you a sense of wonder
Didn't I come to lift your fiery vision bright
Didn't I come to bring you a sense of wonder in the flame.
It's easy to describe the leaves in the autumn
And it's oh so easy in the spring
But down through January and February
It's a very different thing.
On and on and on, through the winter of our discontent.
When the wind blows up the collar and the ears are frostbitten too
I said I could describe the leaves for Samuel and what it means to you and me
You may call my love Sophia, but I call my love philosophy.
Didn't I come to bring you a sense of wonder
Didn't I come to lift your fiery vision
Didn't I come to bring you a sense of wonder in the flame.
Didn't I come to bring you a sense of wonder
Didn't I come to lift your fiery vision
Didn't I come to bring you a sense of wonder in the flame.
Wee Alfie at the castle picture house on the Castlereagh Road.
Whistling on the corner next door where
He kept Johnny McBride's horse.
O solo mio by Mcgimsey
And the man who played the saw
Outside the city hall.
Pastie suppers down at Davey's chipper
Gravy rings, wagon wheels, barmbracks, snowballs.
A sense of wonder
A sense of wonder
A sense of wonder
Borges- Messages : 6044
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
'soir Borges,
Comme dans la réplique de Witt :
tout le cinéma de malick est dominé par l'adresse, et le "wonder" : to wonder, c'est aussi s'interroger; c'est une catégorie philosophique essentielle
Comme dans la réplique de Witt :
I wondered how it'd be like when I died, what it'd be like to know this breath now was the last one you was ever gonna draw. I just hope I can meet it the same way she did, with the same... calm. 'Cause that's where it's hidden - the immortality I hadn't seen.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
hello Eyquem;
Ce changement (passer de "the burial" à "to the wonder") est tout simplement étonnant ; merveilleux; un acte de création. On passe du sombre, du tragique, à l'émerveillement, à l'étonnement. Qu'est-ce que ça signifie ? La question est simple, la réponse plus encore. Tout le cinéma de Malick met en scène ce passage ; mieux, tout le cinéma est ce passage.
Le film "Tree of life", si vous vous souvenez, ne raconte que le passage du burial au wonder, le passage de la mort, des funérailles, de l'enterrement, au merveilleux, au prodige, au miracle, des images de la résurrection. Qui ont fait se marrer les idiots, ceux à qui on ne la fait pas ; que foutent-ils donc au cinéma?
Quoi de plus émerveillant, de plus étonnant. Qu'est-ce qui nous pousse le plus à nous interroger, à nous poser des questions sinon ce devenir, sa possibilité.
Le changement de titre est malickien en soi ; c'est pas un changement externe, il est interne ; subjectivement et cinématographiquement essentiel ; c'est un acte esthétique, spirituel ; c'est comme si Malick refusait l'enterrement, et ne pouvait que le repousser par l'idée de l'émerveillement.
Enterrer des trucs, les personnages de Malick le font souvent. Pensons à la scène du déménagement forcé dans "Tree of life" : avant de partir un des gosses enterre quelques objets. Ils déterrent aussi des choses.
Dès son premier film, Badlands, on a cette succession, ce passage du burial au wonder ; ceux qui connaissent par coeur le film se souviennent de la scène où Kit enterre des trucs et de la voix off de Holly :
Il ne faut pas dire que Malick a changé de titre, c'est plus que ça ; l'un ne remplace pas l'autre ; le changement est une espèce de pont entre "the burial" et "to the glory". C'est la définition du cinéma de Malick, du cinéma ; car comme disait Godard, "L'image viendra au temps de la résurrection" ; c'est ça, le wonder : l'image au cinéma.
From the burial to the wonder : c'est un énoncé, une promesse ; une promesse de cinéma, en attendant mieux.
Ce changement (passer de "the burial" à "to the wonder") est tout simplement étonnant ; merveilleux; un acte de création. On passe du sombre, du tragique, à l'émerveillement, à l'étonnement. Qu'est-ce que ça signifie ? La question est simple, la réponse plus encore. Tout le cinéma de Malick met en scène ce passage ; mieux, tout le cinéma est ce passage.
Le film "Tree of life", si vous vous souvenez, ne raconte que le passage du burial au wonder, le passage de la mort, des funérailles, de l'enterrement, au merveilleux, au prodige, au miracle, des images de la résurrection. Qui ont fait se marrer les idiots, ceux à qui on ne la fait pas ; que foutent-ils donc au cinéma?
Quoi de plus émerveillant, de plus étonnant. Qu'est-ce qui nous pousse le plus à nous interroger, à nous poser des questions sinon ce devenir, sa possibilité.
Le changement de titre est malickien en soi ; c'est pas un changement externe, il est interne ; subjectivement et cinématographiquement essentiel ; c'est un acte esthétique, spirituel ; c'est comme si Malick refusait l'enterrement, et ne pouvait que le repousser par l'idée de l'émerveillement.
Enterrer des trucs, les personnages de Malick le font souvent. Pensons à la scène du déménagement forcé dans "Tree of life" : avant de partir un des gosses enterre quelques objets. Ils déterrent aussi des choses.
Dès son premier film, Badlands, on a cette succession, ce passage du burial au wonder ; ceux qui connaissent par coeur le film se souviennent de la scène où Kit enterre des trucs et de la voix off de Holly :
Afterwards he took and BURIED some of our things in a bucket. He said that nobody else would know where we'd put them, and that we'd come back someday, maybe, and they'd still be sitting here, just the same, but we'd be different. And if we never got back, well, somebody might dig them up a thousand years from now and wouldn't they WONDER!
Il ne faut pas dire que Malick a changé de titre, c'est plus que ça ; l'un ne remplace pas l'autre ; le changement est une espèce de pont entre "the burial" et "to the glory". C'est la définition du cinéma de Malick, du cinéma ; car comme disait Godard, "L'image viendra au temps de la résurrection" ; c'est ça, le wonder : l'image au cinéma.
From the burial to the wonder : c'est un énoncé, une promesse ; une promesse de cinéma, en attendant mieux.
Borges- Messages : 6044
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
Eyquem a écrit: grotte du jardin de Bomarzo, en Italie :Les Jardins de Bomarzo, appelés aussi Parc des monstres (Parco dei Mostri en italien), sont un complexe monumental situé dans la commune de Bomarzo dans la province de Viterbe au nord du Latium en Italie
Les Jardins de Bomarzo sont les jardins les plus extravagants de la Renaissance italienne. Ils se composent d’un parc boisé, situé au fond d’une vallée dominée par le château des Orsini, et peuplée de sculptures grotesques et de petits bâtiments répartis au milieu de la végétation naturelle.
...
La tête d'un ogre sur la lèvre supérieure duquel est inscrit « Toute pensée s'envole» (Ogni pensiero vola) aussi appelé la Porte des enfers (faisant clairement référence à l'Enfer de Dante) avec sa bouche ouverte monumentale
Suis tombé, par hasard, mais pas tant que ça, en lisant des trucs sur le maniérisme, sur un passage dans "histoires de peintures" où D. Arasse évoque ce parc...
Le maniérisme traduit un sentiment d'incertitude, "d'instabilité universelle. " Dans le fond, le cosmos est en train de se défaire et l'univers n'est pas encore là, pour prendre sa place, comme dirait Koyré. (Allusion au fameux bouquin, "Du monde clos à l'univers infini" ) Cette instabilité, l'art est là pour la manifester, et très souvent pour en jouer. Ce qu'on doit bien comprendre avec le maniérisme, c'est qu'il a une dimension ludique, le paradoxe maniériste est très souvent un jeu.
L'exemple que je préfère à ce sujet, c'est le parc des Mostri à Bomarzo (...) où l'on a sculpté des rochers affleurant du sol, auxquels on a donné des formes de monstres qui sortiraient de terre pour dévorer les visiteurs. C'est un parc magique et initiatique, qui possède tout un sens caché. On a construit la bouche de l'enfer (notre image) dans laquelle on peut entrer pour se rafraîchir, ce qui est un paradoxe, et sur laquelle est inscrite la citation de dante : "Qui entre ici perd tout espoir", et dès qu'il fait chaud on y est au frais. On est donc au bord de l'impiété, être au frais dans l'enfer, mais c'est un jeu."
(histoires de peintures, 199)
j'aime bien ce jeu, cette rencontre, du feu et de l'eau, le paradis en enfer, des contraires; ça rejoint ce qu'on disait plus haut sur malick, cinéaste du différend/de la différence
Borges- Messages : 6044
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
[First Look] Natalie Portman and Christian Bale Play on the Beach For Terrence Malick’s Next Films
Borges- Messages : 6044
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
slimfast a écrit:tu es sentimental, Borges.
Borges- Messages : 6044
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