Tree of Life et le cinéma de T. Malick
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Tree of Life et le cinéma de T. Malick
La machine spéculative continue à tourner, il y en a que ça doit amuser, un peu comme pour Socialisme, non ?
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
Ce que l'on sait et ce que l'on ne sait pas... et ce que l'on ne saura jamais.
lorinlouis- Messages : 1691
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
Les premières (superbes) images du film à travers la B.A.
https://www.dailymotion.com/video/xg4ych_the-tree-of-life-trailer-bande-annonce-vo-hd_shortfilms
https://www.dailymotion.com/video/xg4ych_the-tree-of-life-trailer-bande-annonce-vo-hd_shortfilms
glj- Messages : 518
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
salut à tous.
des images "superbes" ? je ne sais pas. en tous cas, elles ne me donnent pas envie d'aller voir le film. peut-être très injustement, et parce que ça vient des USA, elles me donnent l'impression de déjà connaitre le discours derrière la façade, quelque chose comme : la vie est ce combat entre la naissance et la mort, une espèce de vision des choses à moitié zen, à moitié épicurienne, et complètement adaptée au capitalisme moderne - namyo rengekyo et ce genre de trucs... décidément pas mon fade.
la spirale : spirale des galaxies, spirale aspirante, spirale de l'Adn. comme si l'adn était vraiment en spirale ailleurs que dans notre compréhension. toujours prendre nos croyances pour la réalité, nos cartographies pour des territoires...
bon, mais en même temps je n'ai jamais vu de film de Malick alors je suis juste plein de préjugés.
des images "superbes" ? je ne sais pas. en tous cas, elles ne me donnent pas envie d'aller voir le film. peut-être très injustement, et parce que ça vient des USA, elles me donnent l'impression de déjà connaitre le discours derrière la façade, quelque chose comme : la vie est ce combat entre la naissance et la mort, une espèce de vision des choses à moitié zen, à moitié épicurienne, et complètement adaptée au capitalisme moderne - namyo rengekyo et ce genre de trucs... décidément pas mon fade.
la spirale : spirale des galaxies, spirale aspirante, spirale de l'Adn. comme si l'adn était vraiment en spirale ailleurs que dans notre compréhension. toujours prendre nos croyances pour la réalité, nos cartographies pour des territoires...
bon, mais en même temps je n'ai jamais vu de film de Malick alors je suis juste plein de préjugés.
Invité- Invité
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
bon, mais en même temps je n'ai jamais vu de film de Malick alors je suis juste plein de préjugés
Ouais la effectivement Stéphane, en disant cela tu donnes le bâton pour te faire taper dessus.
Mais quelque part je comprends : la B.A. en elle-même donne un coté clichetonneux aux images de Malick. J'y pensais en la regardant. Il y a un coté image de pub qui ressort dans cette B.A. et lorsqu'on ne connait pas la manière de filmer de Malick et ces plans tout en glissement de caméra, son montage tout en glissement également, on peut effectivement se dire que cela est surfait. Pour ce qui est du fond je me garderais bien d'en dire quelque chose avant de voir le film..., à première vue c'est un film à hauteur d'enfant (beaucoup de plan à leur hauteur) et sur ce qui se grave à jamais à partir de là. Pour le reste, les spirales moi j'ai pensé plus à Kubrick et à 2001 plus particulièrement
glj- Messages : 518
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
Sur Film de Culte, quand ils sont fans, ils trouvent toujours des tas d'infos.
Par exemple cet article citant Douglass Trumbull, un des responsables des effets visuels de 2001 :
article dégoté par Narrateur
Par exemple cet article citant Douglass Trumbull, un des responsables des effets visuels de 2001 :
During his talk on 2001: A Space Odyssey, Douglas Trumbull let slip a tantalizing tidbit about Terrence Malick’s mysterious The Tree of Life, long in the works. The film is a family drama starring Sean Penn and Brad Pitt.
Trumbull has been involved with the film. He said it’s as much of an “ultimate trip” as 2001 is: “It will probably be one of the films with the closest feeling to 2001, since 2001.”
http://www.thestar.com/article/904870--howell-imax-foes-battle-for-our-attention
article dégoté par Narrateur
Eyquem- Messages : 3126
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
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Dernière édition par breaker le Dim 30 Jan 2011 - 14:42, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
breaker a écrit:Bon sujet, Malick et la pub. J'y vois le même typage mou ; le traitement de l'image abusivement décoratif...
Salut Steph, Dom, et les autres,
Cet AM, il se dit des choses intéressantes autour de Malick, des altérités, des scores originels, de trucs canoniques, "d'entité inachevées sur le chemin de l'Être" (lolinderweltsein; je propose de remplacer "lol" par "Pizza" désormais) sur cette page de Film de Culte:
http://forum.plan-sequence.com/post438283.html#p438283
careful- Messages : 690
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
oui une idée au fait : pourquoi ne pas débattre des bandes annonces au lieu des films ( comme d'autres débattent des quatrièmes de couverture des bouquins ) ? Toujours plus fort.
Invité- Invité
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
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Dernière édition par breaker le Dim 30 Jan 2011 - 14:41, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
salut tout le monde,
J'ai lu en tout et pour tout un texte d'Heidegger et si je suis allé au bout, à ma grande surprise, c'est que ça pouvait très bien se lire comme un poème.
On ne peut pas dire que d'un côté, il y a la poésie, et de l'autre, la philosophie. Certains diront qu'après Nietzsche, la différence entre les deux ne peut plus être si marquée.Breaker a écrit:la tonalité me paraît davantage poétique que philosophique
J'ai lu en tout et pour tout un texte d'Heidegger et si je suis allé au bout, à ma grande surprise, c'est que ça pouvait très bien se lire comme un poème.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
Des nouvelles de Tree of Life et du prochain prochain film de Malick :
(trouvé sur excessif.com)
Ben Affleck et la première photo du prochain Terrence Malick
Alors que Tree Of Life nous fait languir, la première photo du prochain film de Terrence Malick vient d'apparaitre sur la toile.
Alors que Tree Of Life a dévoilé une bande-annonce ensorcelante de beauté, et ne devrait pas débarquer sur les écrans avant le ..., voilà que la première image du prochain film de Terrence Malick (titre provisoire : The Burial, soit L'Enterrement, selon certaines sources) vient de tomber. Le réalisateur, jadis si rare sur les écrans, serait-il atteint de boulimie cinématographique ?
The Hollywood Reporter a dévoilé cette photo. Une image très belle, à l'image du cinéma de Terrence Malick (proche des Moissons du Ciel). Toujours dans cette optique de la beauté immortelle de la nature, cette photo nous montre Ben Affleck et Rachel McAdams enlacés dans un air de tristesse. Inutile d'argumenter des heures, cela ne servirait à rien. A vous d'apprécier.
Outre Ben Affleck et Rachel McAdams, sont aussi dans le film : Javier Bardem (Biutiful, No Country For Old Men), Olga Kurylenko (Quantum Of Solace, Centurion), Rachel Weisz (Agora, The Fountain) et Barry Pepper (Trois enterrements, True Grit). Un casting en or pour ce réalisateur qui ne cesse d'attirer les plus grands acteurs...
Pour les plus impatients, sachez que Tree Of Life devrait (normalement) sortir en mai... Peut-être une apparition au Festival de Cannes ?
(trouvé sur excessif.com)
adeline- Messages : 3000
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
Le montage toshop est trop bien fait; si tu plisses les yeux tu peux voir Shia LaBeouf à l'arrière-plan et les larmes sur son visage grave battu par le vent. Ben Affleck, Rachel McAdams et des champs de blé.
careful- Messages : 690
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
J'ai lu à plusieurs endroits qu'il a été abondamment sifflé lors de la projection presse de ce matin. Les premiers papiers, pas très bons dans l'ensemble, l'ont massacré à plusieurs reprises.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
il me semble qu'il devait déjà être à Cannes l'année dernière, non ?
je ne sait plus où je l'ai lu ni pourquoi, dans les cahiers peut être qui donnent un entretien avec Desplat, le compositeur de la musique du film.
je ne sait plus où je l'ai lu ni pourquoi, dans les cahiers peut être qui donnent un entretien avec Desplat, le compositeur de la musique du film.
Invité- Invité
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
je trouve qu'il n'y a pas de cohérence interne à l'oeuvre de Malick.
Que fait il quand il ne tourne pas ?
le seul à m'avoir touché vraiment, au plus profond, est Badlands dont j'aime particulièrement l'héroïne et l'actrice et le début d'Un nouveau monde.
Kubrick et Malick font de bons films mais ils ne me touchent pas, ils sont trop iconiques.
Que fait il quand il ne tourne pas ?
le seul à m'avoir touché vraiment, au plus profond, est Badlands dont j'aime particulièrement l'héroïne et l'actrice et le début d'Un nouveau monde.
Kubrick et Malick font de bons films mais ils ne me touchent pas, ils sont trop iconiques.
Invité- Invité
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
Très difficile de le savoir. Malick a toujours scrupuleusement contrôlé les informations circulant sur sa vie privée. Il refuse régulièrement de se faire photographier ces dernières années également.
Il a enseigné la philosophie au MIT avant d'être journaliste freelance (il a été publié dans "Life" et le "New Yorker").
Après "Days Of Heaven", il s'est attaqué à la pré-production d'un film sur "les origines de la vie" qui ne s'est jamais réalisé. Cet épisode l'a plus ou moins dégouté du cinéma, ce qui expliquerait ce silence de 20 ans.
A la base, c'était lui qui devait écrire et réaliser le "Che" de Soderbergh.
Mais les "financiers" n'ont pas du tout aimés son scénario, principalement accès sur le fiasco en Bolivie, et on décidé de lui couper les vivres.
Il a enseigné la philosophie au MIT avant d'être journaliste freelance (il a été publié dans "Life" et le "New Yorker").
Après "Days Of Heaven", il s'est attaqué à la pré-production d'un film sur "les origines de la vie" qui ne s'est jamais réalisé. Cet épisode l'a plus ou moins dégouté du cinéma, ce qui expliquerait ce silence de 20 ans.
A la base, c'était lui qui devait écrire et réaliser le "Che" de Soderbergh.
Mais les "financiers" n'ont pas du tout aimés son scénario, principalement accès sur le fiasco en Bolivie, et on décidé de lui couper les vivres.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
merci.
ceci explique cela : la philosophie dessèche ..... quand elle n'assèche pas !
ceci explique cela : la philosophie dessèche ..... quand elle n'assèche pas !
Invité- Invité
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
http://thefilmstage.com/2011/03/06/the-tree-of-life-runtime-revealed-alexandre-desplat-talks-score/
DB- Messages : 1528
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
un nouveau commencement, une aube nouvelle, "a fresh beginning", ça disait dans Le nouveau monde et aussi dans La ligne rouge... Je vous souhaite bien du courage, à ceux qui vont y aller voir, L'arbre de vie. Et tout ça à hauteur d'enfant, 'parait.
Terrence Malick: l'arbre, la vie, l'ennui
17 Mai 2011 - Médiapart
Par Emmanuel Burdeau
http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/170511/terrence-malick-larbre-la-vie-lennui
Les oiseaux ont chanté, les herbes dansé, les vagues roulé leur écume. Des chevelures ont brillé au soleil. Les sphères ont frappé leur immémorial tambour. La terre a tremblé. Que dis-je? L'univers. La Création. La totalité. Brad Pitt et Sean Penn – surtout Sean Penn – sont des figurants dans le nouveau film de Terrence Malick. Plus encore que dans La Ligne rouge (1998), plus encore que dans Le Nouveau Monde (2005), les rôles principaux de The Tree of Life sont tenus par, eh bien, l'arbre et la vie. L'Arbre. La Vie. En personne. Liés au cinéaste par contrat exclusif d'au moins cinq ans. C'est en effet en majuscules qu'il aurait fallu écrire cet article. Est-ce que cela ne ferait pas un peu mal aux yeux? Si.
Trois époques. Hier, les années 1950 dans une petite ville texane: un père –Brad Pitt – élève sévèrement ses trois jeunes garçons; l'un, apprend-on tôt, meurt prématurément (au Viêtnam? ce n'est pas impossible); la suite –en flash-back, donc – revient sur les enseignements prodigués par le père pour qu'ils deviennent «quelqu'un» dans un monde qui ne plaisante pas, les tentatives de la mère pour les soustraire à cette dureté, l'enterrement d'un camarade mort par noyade, les disputes, les jeux des enfants, leurs premières bêtises, les premières bagarres, les premières rébellions contre l'autorité paternelle…
Aujourd'hui: l'un des fils – Sean Penn – est un riche architecte; sa maison est superbe, transparente; il prend l'ascenseur, laisse un message d'excuses à son père; il semble très préoccupé. Avant-hier: le big-bang, longuement mis en images par nul autre que Douglas Trumbull, jadis responsable des effets spéciaux de 2001, l'Odyssée de l'espace (1968), avec lequel Malick cherche manifestement à rivaliser ici.
Cinq films en quarante ans, lecteur (traducteur?) de Heidegger, une réputation d'ermite perfectionniste, des rôles entiers coupés au montage, phase de travail volontiers étalée sur plusieurs années, projets annoncés, reportés: vous connaissez le tableau. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il peut être instructif de se reporter au livre de Peter Biskind récemment paru, Mon Hollywood (éd. Le Cherche-Midi), dans lequel est dressé un portrait pas piqué des vers de l'animal.
Terrence Malick aurait auditionné mille enfants pour sélectionner les trois fils de The Tree of Life. Il aurait appris à voler pour filmer les oiseaux. Il se serait laissé pousser des racines pour filmer les arbres. Il serait devenu poisson pour étudier le mouvement des marées. Il aurait fabriqué une machine à remonter dans le temps pour filmer les années 1950, et une autre, plus performante, pour filmer la Création.
Comment ne pas se moquer après la découverte d'un film sur la création du monde ayant fait tout un monde de sa propre création? Quelle autre parade pour échapper à l'emphase, à la redondance, quand c'est à chaque plan que, à la faveur d'un faux raccord, d'un changement de lieu ou de lumière, Malick semble vouloir rejouer une genèse ou une apocalypse?
Au point d'en oublier qu'il a un film à faire. Il n'y a presque aucune scène dans The Tree of Life. Que des chutes, des fragments, des instants, des instantanés. Un rayon de soleil qui darde à travers des branches, des oiseaux en formation au-dessus des toits, une jeune mère – Jessica Chastain – étendue dans l'herbe. Tout cela pourrait être superbe. Tout cela est en vérité épuisant. Car tout cela empêche le film d'avoir lieu, d'être autre chose qu'un best of de moments superlatifs pour un autre film encore et toujours à venir.
On dirait une bande-annonce. On dirait une publicité. Pour l'Arbre, pour la Vie, pour autre chose: la beauté des costumes, la propreté des meubles, le velouté de la lumière, les effets spéciaux, la musique. On dirait un album de photographies. On ne dirait pas le nouveau chef-d'œuvre d'un grand cinéaste. (Ce que Malick est bel et bien: Les Moissons du ciel (1978) laisse par exemple un souvenir ébloui. Peut-être est-ce parce que la nature y dialoguait, presque comme dans un film d'Eisenstein, avec les machines, les tracteurs… Plus de dialectique ici. Que des effets.)
Recréation
La création du monde était déjà au cœur du Nouveau Monde, qui traitait de la découverte de l'Amérique et de la figure de Pocahontas. Plus Malick avance et plus il semble voué à ne parler que de cela. Plus aussi il semble rapprocher l'instant de la création de celui de la destruction. Ou, pour le dire dans les termes de la voix off, rapprocher la voie de la grâce –n'attendre rien, se laisser saisir– et la voie de la nature – imposer sa volonté. D'autres cinéastes, et pas les moins immodestes, se sont attachés à cette proximité du miracle et de la catastrophe; Bertrand Bonello, il y a seulement deux jours; ou Werner Herzog, pour citer un contemporain de Malick. Mais Herzog est un as de la sourdine à côté de la pompe malickienne.
Le monde, sans doute, n'a pas été créé une seule fois, il s'arrête et recommence à chaque rencontre, et plus encore à la naissance d'un nouvel enfant, ainsi qu'il semble être dit ici aux rares moments où s'enclenche un récit. (Ce thème – le bonheur et la malédiction d'être père ou fils – est présent dans au moins un film sur deux cette année, toutes sélections confondues.) Mais tout recommencer, à zéro, à chaque plan? A chaque frémissement de feuille dans le vent d'une fin d'après-midi? A chaque fois que le soleil darde à travers les branches? A chaque échange de regard? Personne ne peut tenir l'exceptionnel à une telle cadence.
(Il y a sans doute, quelque part, une réflexion autour du débat américain actuel opposant évolutionnisme et créationnisme. Il y a peut-être même la volonté de les réunir. Mais elles sont bien cachées, cette réflexion, cette volonté. A moins qu'elles soient, comme tout ici: données d'emblée, puis sans cesse redonnées, sans progrès ni travail.)
On parlera – on a déjà parlé – de mystique, de métaphysique, de chant des sphères, de cinéma-cosmos. Bien sûr. On pourrait aussi bien parler de confusion, ou de schématisme (allez, un plan d'herbes toutes les deux minutes). Ou de fumisterie: imaginez un final sur une plage où tous les temps peuvent enfin se mélanger, et le fils serrer l'épaule du père, etc. On dira qu'il fallait de l'audace pour refuser la dramaturgie et tenter de rester en apesanteur pendant deux heures. De l'audace, encore, pour refaire la naissance du monde pendant une demi-heure où plus rien ne se rattache à ce qu'on entend ordinairement par «film» : il y a bien des beautés, en effet, dans ce long clip; bien des lourdeurs aussi; et pas mal de fonds d'écran pour vos ordinateurs. Tout film, dira-t-on aussi, rejoue à l'écran quelque chose de sa création ; absolument, et c'est pourquoi cette emphase démiurgique paraît au fond bien dérisoire.
Invité- Invité
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
comment entrer dans ce film?
- son audace, d'abord; et pas seulement dans le risque d'une imagerie qu'on dit "new age"... il y a quelque chose d'un peu fou, de peut-être raté (au sens de la démesure) dans le film, saisir chaque chose depuis une infinité de points... dans une simple pelouse à la fois le jardin originaire, et la naissance de la propriété, des frontières ; là où eastwood sort son fusil pour protéger son espace, malick tente de comprendre, de saisir l'origine de la frontière, et de l'appropriation ; d'où vient la propriété, le propre, le mien ? question que pose cavell (qui fut je crois pas me tromper prof de malick), dans un des textes de son dernier recueil, à et avec locke...
- un cinéma du montage qu'on croyait révolu ; malick renoue avec vertov, la fameuse variation universelle ; l'image liquide, comme dit deleuze "qui effectue le système objectif total de l’universelle interaction", omniprésence de la caméra, de ses mouvements, de ses danses ; c'est pas l'homme à la caméra, c'est une espèce d'identification du point de vue de la caméra au point de vue de dieu ; lire les pages de deleuze au début de "image mouvement", celles du dernier rancière consacrées à vertov ; "rapport entre tous les mouvements et toutes les intensités".
il s’agit de connecter un point de l’univers à un autre point quelconque
- on ne peut pas mieux définir l’universelle interaction - "connexion d’un point de l’univers à un autre point quelconque. Le temps étant aboli, la négation du temps. l’ensemble des images en tant qu’elles sont saisies dans le système de leur perpétuelle interaction, c’est à dire dans un système où elles varient chacune pour elle-même et les unes par rapport aux autres. Ça va s’opposer à une vision qui sera dite "subjective", où les variations se font par rapport à un point de vue déterminé et immobilisé, à la vision terrestre solide, à l’œil humain ; ici nous avons affaire à l'œil de la perception totale, l’œil de la perception de l’universelle variation où les choses mêmes, c’est à dire les images, variant en elles- mêmes les unes par rapport aux autres "sont" les vraies perceptions. Au lieu que je saisisse une image, ce sont les images dans leur interaction qui saisissent toutes les actions qu’elles reçoivent, toutes les réactions qu’elles exécutent. Pour une fois c’est le système qu’on a vu, avec le système total de l’interaction, de l’interaction universelle."
http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/article.php3?id_article=71
- parmi les questions infinies posées à une transcendance (terrible indécision de l'adresse, du destinataire des voix off) à la fois absente et omniprésente : une m'a terriblement touché : "qui sommes-nous pour toi?"
-la présence de la bible dans le cinéma récent américain ; comparer avec les deux derniers coen, par exemple ; ici, c'est pas la vengeance, qui préoccupe malick, mais la création et l'injustice (job, pourquoi le "bon" doit-il souffrir autant que le mauvais)... job était aussi présent chez les coen ; l'injustice n'est pas seulement humaine, légale, sociale mais métaphysique... pourquoi la mort, pourquoi les difformités physiques...
-2001 et shining ; hélas de ce côté, kubrick est trop fort, suffit de comparer les images de la naissance de l'univers, avec sa musique religieuse redondante, à l'usage de la musique chez Kubrick ; on retrouve aussi un thème kubrickien, celui de orange mécanique : comment peut-on adorer la musique dite classique, la grande musique, la grande sensibilité, et en même temps être un salaud ; dans "le nouveau monde", il y avait wagner ; ici, il y a nietzsche et le ressentiment (cité textuellement, "deviens l'homme que tu es"). Le père est un salaud, sa volonté de création par ressentiment, échec, est devenue une pure volonté de domination ; c'est un peu ce qu'on dit de Hitler, peintre raté (cf Ph. Lacoue-Labarthe, le national-esthétisme); le fils devient architecte... concilie les deux aspirations du père, le fric et la création.
-la psychanalyse, oedipe, la mère, le père ; dans tous les films de malick, on trouve une femme entre deux hommes ; il revient à cette relation à trois essentielle : le père, la mère, le fils ; l'oedipe, la rivalité... pour l'amour de la mère ; les deux frères, aussi... un côté très à l'est d'eden, mais saisi beaucoup plus tôt;
- dans un nouveau monde, il remontait à la genèse du usa, ici, c'est la genèse même de la vie, de la création... encore une histoire des origines
- retour aussi au monde des petites banlieues de la classe moyenne ; mais dans un ton très différent de celui de badlands ;
- côté éducation on songe bien entendu au "ruban blanc"
- "dualisme" de malick, la guerre est interne à l'être, et peut se nommer diversement, en moi, dit le gosse à son père (la nature, une volonté de pouvoir et de domination, le ressentiment ) et à sa mère (la grâce) vous serez toujours en guerre,
- tree of life ; bible (l'arbre de la vie n'est pas l'arbre de la science) ; liant job et cet arbre, on pense bien sûr au philosophe russe, Chestov...
- son audace, d'abord; et pas seulement dans le risque d'une imagerie qu'on dit "new age"... il y a quelque chose d'un peu fou, de peut-être raté (au sens de la démesure) dans le film, saisir chaque chose depuis une infinité de points... dans une simple pelouse à la fois le jardin originaire, et la naissance de la propriété, des frontières ; là où eastwood sort son fusil pour protéger son espace, malick tente de comprendre, de saisir l'origine de la frontière, et de l'appropriation ; d'où vient la propriété, le propre, le mien ? question que pose cavell (qui fut je crois pas me tromper prof de malick), dans un des textes de son dernier recueil, à et avec locke...
- un cinéma du montage qu'on croyait révolu ; malick renoue avec vertov, la fameuse variation universelle ; l'image liquide, comme dit deleuze "qui effectue le système objectif total de l’universelle interaction", omniprésence de la caméra, de ses mouvements, de ses danses ; c'est pas l'homme à la caméra, c'est une espèce d'identification du point de vue de la caméra au point de vue de dieu ; lire les pages de deleuze au début de "image mouvement", celles du dernier rancière consacrées à vertov ; "rapport entre tous les mouvements et toutes les intensités".
il s’agit de connecter un point de l’univers à un autre point quelconque
- on ne peut pas mieux définir l’universelle interaction - "connexion d’un point de l’univers à un autre point quelconque. Le temps étant aboli, la négation du temps. l’ensemble des images en tant qu’elles sont saisies dans le système de leur perpétuelle interaction, c’est à dire dans un système où elles varient chacune pour elle-même et les unes par rapport aux autres. Ça va s’opposer à une vision qui sera dite "subjective", où les variations se font par rapport à un point de vue déterminé et immobilisé, à la vision terrestre solide, à l’œil humain ; ici nous avons affaire à l'œil de la perception totale, l’œil de la perception de l’universelle variation où les choses mêmes, c’est à dire les images, variant en elles- mêmes les unes par rapport aux autres "sont" les vraies perceptions. Au lieu que je saisisse une image, ce sont les images dans leur interaction qui saisissent toutes les actions qu’elles reçoivent, toutes les réactions qu’elles exécutent. Pour une fois c’est le système qu’on a vu, avec le système total de l’interaction, de l’interaction universelle."
http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/article.php3?id_article=71
- parmi les questions infinies posées à une transcendance (terrible indécision de l'adresse, du destinataire des voix off) à la fois absente et omniprésente : une m'a terriblement touché : "qui sommes-nous pour toi?"
-la présence de la bible dans le cinéma récent américain ; comparer avec les deux derniers coen, par exemple ; ici, c'est pas la vengeance, qui préoccupe malick, mais la création et l'injustice (job, pourquoi le "bon" doit-il souffrir autant que le mauvais)... job était aussi présent chez les coen ; l'injustice n'est pas seulement humaine, légale, sociale mais métaphysique... pourquoi la mort, pourquoi les difformités physiques...
-2001 et shining ; hélas de ce côté, kubrick est trop fort, suffit de comparer les images de la naissance de l'univers, avec sa musique religieuse redondante, à l'usage de la musique chez Kubrick ; on retrouve aussi un thème kubrickien, celui de orange mécanique : comment peut-on adorer la musique dite classique, la grande musique, la grande sensibilité, et en même temps être un salaud ; dans "le nouveau monde", il y avait wagner ; ici, il y a nietzsche et le ressentiment (cité textuellement, "deviens l'homme que tu es"). Le père est un salaud, sa volonté de création par ressentiment, échec, est devenue une pure volonté de domination ; c'est un peu ce qu'on dit de Hitler, peintre raté (cf Ph. Lacoue-Labarthe, le national-esthétisme); le fils devient architecte... concilie les deux aspirations du père, le fric et la création.
-la psychanalyse, oedipe, la mère, le père ; dans tous les films de malick, on trouve une femme entre deux hommes ; il revient à cette relation à trois essentielle : le père, la mère, le fils ; l'oedipe, la rivalité... pour l'amour de la mère ; les deux frères, aussi... un côté très à l'est d'eden, mais saisi beaucoup plus tôt;
- dans un nouveau monde, il remontait à la genèse du usa, ici, c'est la genèse même de la vie, de la création... encore une histoire des origines
- retour aussi au monde des petites banlieues de la classe moyenne ; mais dans un ton très différent de celui de badlands ;
- côté éducation on songe bien entendu au "ruban blanc"
- "dualisme" de malick, la guerre est interne à l'être, et peut se nommer diversement, en moi, dit le gosse à son père (la nature, une volonté de pouvoir et de domination, le ressentiment ) et à sa mère (la grâce) vous serez toujours en guerre,
- tree of life ; bible (l'arbre de la vie n'est pas l'arbre de la science) ; liant job et cet arbre, on pense bien sûr au philosophe russe, Chestov...
Borges- Messages : 6044
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
pour un peu dépasser les tartes à la crème sur la poésie, et je ne sais pas quoi, marquer combien ce film plonge dans la vie, dans la biographie la plus douloureuse : TM est le plus âgés des enfants de la famille M, trois garçons, comme dans le film : ses deux frères connaîtront des destins tragiques, chris sera gravement blessé dans un accident de bagnole qui coutera la vie à sa femme; le plus jeune, larry, connaîtra une grave dépression alors qu’il étudie la guitare (comme l'un des gosses du film) avec Segovia en Espagne , 1968 ; il se brisera les deux mains, et finalement se suicide.
(c'est autour de ça que le film tourne, autour de ce noyau traumatique, rien à voir avec la guerre du Vietnam, comme le croit burdeau)
la mère de malick a grandi dans une ferme; géologue (ce qui explique des choses) le père est d’origine libanaise ("malick", c’est roi)
"I was raised in a violent environment in Texas. What struck me was how violence erupted and ended before you realy had time to understand what was happening ».
(c'est autour de ça que le film tourne, autour de ce noyau traumatique, rien à voir avec la guerre du Vietnam, comme le croit burdeau)
la mère de malick a grandi dans une ferme; géologue (ce qui explique des choses) le père est d’origine libanaise ("malick", c’est roi)
"I was raised in a violent environment in Texas. What struck me was how violence erupted and ended before you realy had time to understand what was happening ».
Borges- Messages : 6044
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
JMFrodon sur France Q : un film "sectaire" car "religieux".
ite missa est.
ite missa est.
Invité- Invité
Re: Tree of Life et le cinéma de T. Malick
malick et l'humour, c'est un peu comme heidegger et l'humour, ils semblent pas appartenir au même monde; on n'en parle pas :
si badlands avait un certain humour, après plus rien, ou presque; lors de sa fameuse apparition au festival du film de rome, il avait cité toto (fellini et un autre) parmi ses héros du cinéma italien;
si on doit croire David Gordon Green, le film favori de malick, le meilleur film de ces 10 dernières années (en 2007) ce serait : "Zoolander : "He knows every word, watches it every week."
si badlands avait un certain humour, après plus rien, ou presque; lors de sa fameuse apparition au festival du film de rome, il avait cité toto (fellini et un autre) parmi ses héros du cinéma italien;
si on doit croire David Gordon Green, le film favori de malick, le meilleur film de ces 10 dernières années (en 2007) ce serait : "Zoolander : "He knows every word, watches it every week."
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