Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
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Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Carglass s’attaque à “La Mise à mort du travail”
C'était il y a un mois, le mercredi 12 janvier, l'homme faisait les cent pas devant la 17e Chambre correctionnelle du Tribunal de Paris. Il s'est approché et m'a demandé. « Vous êtes là pour l'affaire Zemmour ? » (1). Je lui ai répondu : « Non, pour l'affaire Viallet. » Jean-Robert Viallet est moins connu qu'Eric Zemmour, journaliste au Figaro et polémiste usé de l’émission de France 2 On n'est pas couché ; c’est pourtant sans conteste un des meilleurs documentaristes français. On lui doit, entre autres, Une femme à abattre, Les Enfants perdus de Tranquility Bay et La Mise à mort du travail, percutante série documentaire qui montre comment le capitalisme financier est en train de pulvériser les liens sociaux et humains dans l’entreprise et de tuer le travail en le réduisant à sa seule composante économique.
Produit par Christophe Nick et diffusé sur France 3 en octobre 2009, La Mise à mort du travail a collectionné succès critique et récompenses, dont le prestigieux prix Albert-Londres. Il a aussi écopé d’une assignation au tribunal pour diffamation de la société Carglass, qui réclame la modification ou la suppression de trois courts extraits du film en cas de rediffusion et 200 000 € de dommages et intérêts. A ce niveau-là, on n’est pas dans la peine de principe mais dans le lourd, le signifiant.
A la barre, Jean-Robert Viallet est venu raconter les conditions de réalisation du film et ses intentions de départ. « Nous ne voulions pas faire le portrait de la méthode de management de Carglass, mais symboliser, au travers d'une entreprise, les nouvelles méthodes de management dans les sociétés de service. » Une symbolique qui, chez Carglass, est mal passée. « Notre société était ouverte à la critique et intéressée à l’idée d’avoir un œil extérieur sur son management et son organisation, a expliqué sa directrice juridique, Sophie Loulergue, mais à la vision du film, nos salariés se sont sentis manipulés. » Manipulés ? L’accusation est grave. Carglass la fonde sur trois courts extraits du film où elle met en cause les propos tenus en voix off.
Dans le premier extrait, ces propos sont là pour assurer la transition entre la première partie du documentaire, qui pose la problématique d’un monde du travail en crise où l’économie n’est plus au service de l’homme mais l’homme au service de l’économie, et la deuxième partie, consacrée plus spécifiquement à la société Carglass.
« Cet extrait, comme les deux autres, est attentatoire à l’honneur et à l’image de Carglass. Il impute à la société d’avoir mis en place des méthodes de management et de gestion des ressources humaines constituant autant d’agissements caractérisant un harcèlement moral à l’encontre des salariés et d’œuvrer à leur destruction. C’est de la diffamation pure et simple », s’est insurgé l’avocat de Carglass, Me Michaël Majster. « Faux, lui a répondu Me Florence Bourg, avocate de la société de production : Il n’y a, dans le propos tenu dans cet extrait, l’expression d’aucun fait précis ni aucune stigmatisation d’une entreprise en particulier; il s’agit d’une appréciation subjective et critique des comportements des salariés dans le monde du travail et des nouvelles méthodes d’organisation du travail. Le propos relève du jugement de valeur, d’une analyse critique d’ordre général sans aucune attaque personnelle vis-à-vis de la société Carglass. »
Dans les deuxième et troisième extraits incriminés, qui se trouvent dans une même séquence (voir ci-dessous), la voix off est là pour aider le téléspectateur à décoder ce qui est en train de se jouer sous ses yeux sur des images en apparence anodines. Les deux phrases mises en cause dans cette séquence, que nous diffusons dans son intégralité pour une meilleure compréhension, sont les suivantes :
– « Voilà pourquoi la sélection à l'embauche répond à des critères très particulier : trouver les individus qui n’auront pas d’autres choix que se soumettre. un profil qui n'a rien d'évident. »
et
– « C'était ça le but, trouver des chômeurs qui acceptent de descendre d'autres chômeurs. »
« Ce deuxième extrait est diffamatoire parce qu’il impute que la société planifie sciemment de n’embaucher que des gens soumis », estime l’avocat de Carglass, ce qui, selon lui, « ne ressort en rien des images. Il y a confusion entre soumission et lien de subordination ». C’est sur le troisième extrait que Me Majster tient les propos les plus durs, n’hésitant pas à convoquer la Seconde Guerre mondiale, la collaboration et le vocabulaire des camps nazis pour défendre sa thèse. « Le commentaire est faux – tous les candidats à un recrutement ne sont pas des chômeurs –, et la charge est ahurissante. Le but pour Carglass serait de n’embaucher que des assassins. Quand j’ai entendu ça, j’ai été scotché. Qu’est-ce que quelqu’un qui accepte de descendre l’autre pour défendre son poste ? C’est un kapo. Ces propos renvoient aux pires moments de l’histoire et évoquent la symbolique des collabos. »
« Une extrapolation surprenante et hors de propos, a répliqué Me Bourg. Les termes utilisés en voix off dans ces deux extraits relèvent de l’interprétation subjective de l’auteur du documentaire sur la technique de recrutement adoptée par la société Carglass et acceptée par les candidats. (…) Il s’agit d’un jugement de valeur qui s’inscrit clairement dans le cadre de la liberté d’opinion, du libre droit de critique. Ces propos ne sont donc pas diffamatoires. » Selon elle, « les propos visés ne dépassent pas les limites de la critique admissible et s’inscrivent dans le contexte général du documentaire, qui étudie les nouvelles organisations du travail et leur impact sur le psychisme des salariés. »
Au-delà du jugement porté sur les extraits eux-mêmes, l’avocat de Carglass a affirmé que « le documentaire dans son ensemble ne montrait que le côté négatif de la société et en ridiculisait tous les salariés ». « Le producteur et le réalisateur savaient dès l’origine qu’ils s’inscrivaient dans un documentaire à charge, a-t-il estimé. Les images tournées ne sont là que pour illustrer leurs préjugés de départ. Quelle objectivité ! » A l’inverse, l’avocate de la défense s’est attachée à plaider « la bonne foi » des auteurs en démontrant « qu’ils avaient poursuivi un but légitime d’information, qu’ils avaient procédé à une enquête sérieuse et qu’ils avaient agi avec prudence et sans animosité personnelle ». Soit les quatre éléments constitutifs de la bonne foi en droit.
Plaider ainsi est une défense classique en matière de diffamation, mais, jusqu’ici, ça ne garantissait en rien le résultat du jugement. Les trois arrêts rendus par la Cour de cassation le 2 février dernier en faveur de Denis Robert contre la société Clearstream devraient changer la donne et sans doute faire jurisprudence. Dans ces arrêts, la Cour de cassation reconnaît en effet que « l’intérêt général du sujet traité et le sérieux constaté de l’enquête » conduite par Denis Robert, dans ses deux livres (Révélation$ et La Boîte noire) et son documentaire, « autorisaient les propos et les imputations litigieux ». Autrement dit, si la bonne foi est juridiquement constituée, il sera désormais plus difficile de faire condamner une œuvre écrite ou audiovisuelle en diffamation.
Au-delà des arguments de droit et pour avoir vu tous les documentaires de Jean-Robert Viallet, on aimerait témoigner enfin de l’absence de partis pris de l’homme et de l’absolu sérieux de son travail. Jean-Robert Viallet est un documentariste nécessaire qui a eu le courage de se coltiner un des mondes les plus opaques qui soit : celui des grandes entreprises, dont le discours sur la transparence n’est, la plupart du temps, que de la communication pure. Informer sur l’entreprise est un exercice difficile, qu’il a mené en toute transparence en se refusant à recourir à la caméra cachée. Mais informer n’est pas communiquer, et la réaction de Carglass montre que l’entreprise ne témoigne que d’une faible capacité à accepter la critique et, plus encore, à penser contre elle-même. Le déni est plus pratique. C’est ce qui rend justement indispensable des documentaires comme La Mise à mort du travail. Ils nous obligent à nous interroger, à remettre en cause des modes d’organisation ou des systèmes de management et à comprendre ce qui nous arrive.
Jugement dans deux jours, le mercredi 16 février.
.
Olivier Milot
(1) Eric Zemmour était accusé de diffamation et de provocation à la haine raciale par cinq associations (Sos Racisme, la Licra, le Mrap, l'UEFJ et J'accuse) pour avoir affirmé : « Les Français issus de l’immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C’est un fait. »
http://television.telerama.fr/television/quand-la-societe-carglass-tente-de-faire-lourdement-condamner-un-documentaire-de-france,65630.php
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Extrait a propos du temps au cinéma pour faire le lien avec le topic d'à-côté sur les séries :
Le temps a été l’ennemi n°1 du cinéma – du cinéma qui se voulait l’art du temps ! Quand je dis l’ennemi du cinéma, je veux dire du spectateur et, par conséquent, du cinéaste lui-même. La peur de l’ennui, quoi ! Que faire avec le temps ? Le cinéma a très vite trouvé la solution.
Laquelle ?
Il fallait le domestiquer. Le manipuler comme on manipule tous les autres éléments du film. Et inventer ce qui allait devenir le moteur le plus performant du cinéma, le suspense. Le suspense, c’est du temps manipulé. C’est un TGV qui arrive à l’heure. Dès lors, il n’y avait plus de problème avec le temps. Jusqu’au jour où…
Quoi donc ?
Alors un jour à Cannes, on est tombés des nues. Un film, L’Avventura d’Antonioni, a démontré, magistralement, que le cinéma avait jusque-là oublié que son personnage principal était précisément le temps, le TEMPS avec des majuscules partout. Scandale évidemment. Car le temps, c’est l’insupportable même. Jusqu’ici le suspense avait réussi à rendre le temps supportable. Or le temps, je le répète, c’est l’insupportable même. C’est ce qu’a prouvé la projection du film à Cannes où les gens sortaient, n’en finissaient pas de sortir de la salle. Ils ne supportaient plus ce temps qui n’était plus domestiqué selon la loi du suspense mais déboulait sur l’écran dans toute sa sauvagerie. Un temps qui n’allait nulle part. Un temps qui n’était plus un moyen de locomotion pour aller d’un point A à un point B. Un temps qui brouillait les cartes.
Dans L’Avventura, il liquide aussi le personnage principal.
Il l’avale.
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
A bah quand même : http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/02/18/eric-zemmour-condamne-pour-provocation-a-la-discrimination-raciale_1482264_3224.html
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Il faudrait essayer de parler du spectateur, du premier spectateur. Celui qu’on dit enfantin, qui va au cinéma pour s’amuser, passer du bon temps, et qui en reste là. Ce spectateur est celui qui fait le cinéma ancien. C'est lui le plus éduq...ué de tous les spectateurs. C’est à lui, en effet, qu’on a appris pendant sa jeunesse que le cinéma avait pour fonction de distraire, qu’on y allait en particulier pour oublier. Quand ce spectateur-là rentre dans le cinéma, ce spectateur premier, c’est pour fuir le dehors, la rue, la foule, se fuir, lui, se faire entrer dans autre chose, le film, perdre celui de lui qui est tourné vers le travail, les études, le couple, les relations, celui de la répétition quotidienne. Il en est resté là depuis l’enfance, et de même il est encore là, dans l’enfance cinématographique. C'est peut-être là, dans la salle de cinéma, que ce spectateur trouve sa seule solitude et cette solitude consiste à se détourner de lui-même. Quand il va se donner au cinéma, le film s'occupe de lui, il dispose de lui, en fait ce que lui, le film, veut. C'est là que le spectateur retrouve la prise en charge illimitée du sommeil et du jeu de l'enfance. Ce spectateur est à la fois le plus nombreux, le plus jeune et le plus irréductible de tous les pays du monde. Il a l'immutabilité de l'enfance. Cela, partout. Il veut garder son vieux jouet, son vieux cinéma, sa forteresse vide. Il le garde. Ce spectateur est celui du plus grand nombre, c'est lui cette majorité inchangée, inchangeable depuis toujours, celle des guerres et des votes de droite, celle qui traverse l'histoire dont elle est l'objet même, qui n'en sait rien. De même elle fait avec le cinéma. Muette, neutre, elle ne commente pas, ne juge pas le cinéma qu'elle voit. Elle y va ou elle n'y va pas.
Ce spectateur, c'est à peu près toute la population manuelle, mais aussi beaucoup de scientifiques, beaucoup de techniciens, beaucoup de gens qui ont une spécificité de travail très poussée. Les scientifiques sont majoritaires : la population technologique, les mathématiciens, tous les cadres, tout l'immobilier. Depuis les maçons, les ingénieurs, les plombiers, les contre-maîtres jusqu'aux promoteurs.
"La jeunesse du travail" disent nos gouverneurs. "La population travailleuse" disent les autres. Ceux qui ont fait des études ou ceux qui n'en ont pas fait se retrouvent à égalité dans le même cinéma. Ceux qui ont fait médecine, physique, études de cinéma, ceux qui n'ont fait que des sciences, qui n'ont jamais eu de marginalité à leurs études, jamais de quoi varier l'étude, s'y retrouvent avec ceux qui ont fait des études techniques ou pas d'études du tout. Il faut adjoindre à ces gens toute une critique, la majorité de la critique, celle qui entérine le choix du premier spectateur, celle qui sanctionne les films personnels et défend le cinéma d'action adapté à tous, et qui tient d'auteur dans une telle haine qu'on ne peut pas éviter d'y voir aussi une colère rentrée mais d'une autre origine que celle qui est prétextée. Pour tous ces gens, on va au cinéma pour y retrouver le truc à rire ou à avoir peur, le truc à passer le temps, la permanence du jeu enfantin, la violence des guerres, des tueries, des bagarres, la virilité sous toutes ses formes, la virilité des pères, des mères, sous tous ses aspects, les rigolades d'antan sur les femmes, les cruautés et les privautés des alcôves. Les seules tragédies, ici, sont amoureuses ou de rivalité de pouvoir. Tous les films que va voir ce spectateur sont parallèles, ils vont toujours dans le même sens, ils ont toujours le même attendu du déroulement, du dénouement. Quand ce spectateur quitte un film avant la fin, c'est que ce film-là lui a demandé un effort de réajustement, un effort adulte d'accès à son instance. Or ce qu'il voulait ce n'était pas voir mais revoir du cinéma.
Ce spectateur, il est séparé de nous, de moi. Je sais que je ne l'atteindrai jamais et je ne cherche pas à l'atteindre. je sais qui il est. Je sais que rien ne peut le changer, qu'il est inatteignable. Nous sommes inatteignables. Nous somme...s face à face, dans une séparation définitive. Il ne fera jamais à lui tout seul le chiffre de la population. On sera toujours là, nous, en marge, les auteurs d'écrits, les auteurs de livres, de cinéma. Ce spectateur, on ne sait pas le nommer, l'appeler, on ne l'appelle pas. C'est égal. Quelque nom qu'on lui donne, c'est égal. Ce qu'il y a, c'est que dans la cité, dans la masse de la cité, nous sommes deux, il y a moi vers qui il ne viendra jamais, il y a lui vers qui je ne viendrai jamais. Notre droit équivaut rigoureusement au leur, mon droit équivaut au sien. Nous sommes à égalité. Oui. Notre droit de survie dans la cité est équivalent. Si je suis moins nombreux que lui, je suis autant que lui inévitable, irréductible. À mesure que du temps s'écoulera, des décennies et des décennies, finira-t-il par entendre qu'il n'est pas le seul? Je ne le crois pas. Je ne vois pas comment, entretenu comme il l'est dans l'enfance par toute l'idéologie régnante, officielle ou para-officielle, ce spectateur en arriverait à échapper au piège de son propre règne. Il fait marcher la cité. Nous, nous ne faisons rien marcher, simplement nous sommes là, en même temps que lui, dans la cité.
Ces spectateurs parlent d'eux avec ces mots : "nous". "Nous les jeunes", "nous, les ouvriers". Moi je dis moi : "moi qui fais du cinéma, difficile ou non, du cinéma". Ce que je dis, c'est ce que je vois de ce qui se passe entre lui et moi. Ce que je dis du spectateur, en ce moment, c'est ce que je pense de notre fac eà face. Je ne peux pas entrer dans un jugement qui se targuerait de représenter sur lui la généralité de l'avis. Je ne vois pas encore comment on pourrait parler à l'endroit théorique ou critique de ce premier spectateur. Il occupe un endroit qui apparaît comme iréel, déserté, mort, tué par la débandade, la fuite de la personne. Oui, sorte de lieu immoral. Parler de lui au nom de tous, on ne peut le faire que d'un lieu de la même immoralité.
J'ai environ entre quinze et quarante mille spectateurs. Ce chiffre est celui de mon roman "Le Ravissement de Lol V. Stein" en Collection Blanche. C'est beaucoup. Le livre de poche du même titre doit être à soixante mille mais le nombre des lecteurs doit être le même : trente à quarante mille. Beaucoup gardent le livre et n'arrivent pas à le lire, ne font pas l'effort d'avancer dedans, comme pour le cinéma. Je dis que c'est un chiffre important. je dis que ce sont des chiffres importants, et pou un livre de même que pour un film. Il faut l'admettre. Les cinéastes professionnels comptent les spectateurs en termes de kilogrammes. J'ai le sentiment que les jeunes cinéastes ne se consolent pas de ne pas dépasser ce chiffre de trente mille personnes. On a peur qu'ils en soient à faire de telle sorte qu'ils arrivent au chiffre de trois cent mille spectateurs, de rejoindre ce chiffre-là, celui qui perd, qui les perdrait. Qu’ils s’y noient, ensemble, eux, les cinéastes, et eux, ces spectateurs premiers. Nous sommes séparés. Que voudrait dire les gagner à nous. Rien. Les gagner à rien puisque ce que l'on ferait alors ne rimerait plus à rien quant à nous. Dans quels termes s'adresser à eux. On ne connaît pas leur langage et ils ne connaissent pas le nôtre. Cette différence entre eux et nous rejoint les grands déserts de l'histoire. Entre eux et nous il y a l'histoire, les pestes de l'histoire politique, leurs lentes retombées. Oui, il s'agit bien de ça, de ce désert, de ces lieux irrémédiables de la répétition séculaire, celle de la même tentative de se voir, de s'entendre. ici tout est vanité et poursuite du vent.
On ne peut jamais obliger un enfant à lire. L'enfant qui est puni parce qu'il lit des bandes dessinées, cessera peut-être de lire celles-ci, mais il ne passera jamais sur ordre à d'autres lectures. Ou alors on l'endoctrine, et ce résultat est le pire de tous. En Allemagne hitlérienne, en Russie soviétique, il n'y a eu que des films dogmatiques. Le résultat obtenu est le pire de tous. Il n'y a qu'à voir ce qu'a donné l'obéissance inconditionnelle des troupes et du personnel du P.C.F., ce nivellement de l'intelligence, ce déplacement horrible de la personne à son cadavre. Ça a donné les jeunes catéchisés nazis ou soviétiques, les jeunes soldats de Prague et de Kaboul. On ne pourra jamais faire voir à quelqu'un ce qu'il n'a pas vu lui-même, découvrir ce qu'il n'a pas découvert lui seul. Jamais sans détruire sa vue, quel qu'en soit l'usage qu'il en fait, sa vue.
Ce spectateur, je crois qu'il faut l'abandonner à lui-même, s'il doit changer, il changera, comme tout le monde, d'un coup ou lentement, à partir d'une phrase entendue dans la rue, d'un amour, d'une lecture, d'une rencontre, mais seul. Dans un affrontement solitaire avec le changement.
Duras, Les Yeux verts (cité ailleurs par GM).
Il est beau, grave, triste et lucide, ce texte...
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
A propos de "Foucault va au cinéma" : http://www.franceculture.com/emission-la-fabrique-de-l-humain-foucault-va-au-cinema-2011-02-10.html
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Quentin Tarantino’s Next Film Is a Spaghetti Western Starring Christoph Waltz
by Matt Goldberg Posted:February 28th, 2011 at 1:56 pm
Quentin Tarantino has left the world wondering how he would follow his masterful Inglourious Basterds. Would it be an adaptation of The Shadow? A medieval movie starring Helen Mirren? Tarantino said it wouldn’t be a prequel to Basterds or a sequel to Kill Bill. So what’s the genre-bending director up to? Italian actor Franco Nero (Django) may have spilled the beans to Movieplayer [via The Playlist]. Nero says:
“The film will be called The Angel, The Bad And The Wise and is a tribute to Sergio Leone. It’s a movie that contains humor, lots of action, but also a great plot. We have already been signed by a dozen people who will be part of project. Among the filmmakers involved include Quentin Tarantino, Keith Carradine, Treat Williams, fifteen people in all Americans who want to do this movie and so we are trying to produce it outside of Italy.”
However, this may not be entirely true. Hit the jump for more details on this mystery greatness and how Tarantino is reteaming with Christoph Waltz.
Spurred by Nero’s interview, AICN’s Mr. Beaks started calling up some sources and learned the following:
* Tarantino’s next film is a spaghetti western (that alone makes me ridiculously happy)
* The plan is to shoot in Italy and Spain later this year.
* Christoph Waltz is “one of the stars.”
* The Angel, The Bad, and The Wise” isn’t even close to the title.
* This is the first Beaks has heard of Nero, Carradine, and Williams’ involvement, but he’s inclined to believe that they’re in the film.
Beaks says he’s still doing some digging and will update his story accordingly and we’ll be sure to do so as well. This is incredibly exciting news and if Tarantino does get his spaghetti western to go in front of cameras this year, it could mean new Tarantino in theaters by 2012. And maybe Tarantino will finally get his chance to work with Ennio Morricone…
http://collider.com/quentin-tarantinos-spaghetti-western-christoph-waltz/78351/
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
(la droite française a "enfin" son Rue 89 à elle...). Un ancien de TF1-LCI aux manettes, ça promet.
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Ce début d'année n'était pas très stimulant, mais là, je viens de voir la même semaine deux beaux films : "Winter's bone" de Debra Granik et "Nostalgie de la lumière" de Patricio Guzman (que j'avais raté l'an passé).
Ce n'est pas que les deux films se ressemblent beaucoup, mais leur point de départ est le même : des femmes, des filles, partent à la recherche du corps de disparus. Deux histoires d'os.
"Winter's bone", à première vue, ressemble à pas mal de petits films indépendants. Mais il laisse le souvenir tenace d'une enquête qui, au lieu de s'éclaircir, s'opacifie à mesure qu'elle progresse.
"Nostalgie de la lumière", c'est un essai vraiment superbe, très "didi-hubermanien" sur la trace. Une archéo-géo-cosmologie de la mémoire (si je vous le dis !), où les images planes du désert d'Atacama se creusent d'une profondeur temporelle qui met en rapport les strates de temps les plus lointaines, les plus éloignées les unes des autres : l'origine du monde et des étoiles, l'histoire du continent sud-américain, la mémoire parcellaire, refoulée, de la dictature Pinochet.
Ce n'est pas que les deux films se ressemblent beaucoup, mais leur point de départ est le même : des femmes, des filles, partent à la recherche du corps de disparus. Deux histoires d'os.
"Winter's bone", à première vue, ressemble à pas mal de petits films indépendants. Mais il laisse le souvenir tenace d'une enquête qui, au lieu de s'éclaircir, s'opacifie à mesure qu'elle progresse.
"Nostalgie de la lumière", c'est un essai vraiment superbe, très "didi-hubermanien" sur la trace. Une archéo-géo-cosmologie de la mémoire (si je vous le dis !), où les images planes du désert d'Atacama se creusent d'une profondeur temporelle qui met en rapport les strates de temps les plus lointaines, les plus éloignées les unes des autres : l'origine du monde et des étoiles, l'histoire du continent sud-américain, la mémoire parcellaire, refoulée, de la dictature Pinochet.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Eyquem a écrit:"Nostalgie de la lumière", c'est un essai vraiment superbe, très "didi-hubermanien" sur la trace. Une archéo-géo-cosmologie de la mémoire (si je vous le dis !), où les images planes du désert d'Atacama se creusent d'une profondeur temporelle qui met en rapport les strates de temps les plus lointaines, les plus éloignées les unes des autres : l'origine du monde et des étoiles, l'histoire du continent sud-américain, la mémoire parcellaire, refoulée, de la dictature Pinochet.
à te lire, ça me fait penser à Julio Cortazar et au sub-commandante. c'est très latino-américain. ça a l'air pas mal.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Dans la rubrique "Qu'est-ce qu'on peut lire comme conneries", d'éminentes têtes chercheuses de Publicis écrivent :
http://www.atlantico.fr/decryptage/hommes-dieux-facebook-43558.html (aka le Rue89 de droite)
On pourrait aussi bien écrire :
"La contradiction paraît absolue, presque impensable : comment des Français qui se bousculent dans les magasins pour les soldes dans une frénésie incroyable de consommation peuvent-ils être touchés par - sept moines qui n’ont jamais porté de vêtements de marque et qui vivaient à mille années lumières de ce culte superficiel de l'apparence ?"
(a propos de Social Network/Des hommes et des dieux)"La contradiction paraît absolue, presque impensable : comment des Français qui se bousculent pour s’inscrire sur LE réseau social et y exposer leur vie privée dans ce qu’elle a souvent de plus intime, peuvent-ils dans le même temps être bouleversés à ce point par l’exact contraire de Facebook - sept moines qui n’ont sans doute jamais eu accès à Internet et vivaient à mille années lumières de l’esprit même de ce nouveau web ?"
http://www.atlantico.fr/decryptage/hommes-dieux-facebook-43558.html (aka le Rue89 de droite)
On pourrait aussi bien écrire :
"La contradiction paraît absolue, presque impensable : comment des Français qui se bousculent dans les magasins pour les soldes dans une frénésie incroyable de consommation peuvent-ils être touchés par - sept moines qui n’ont jamais porté de vêtements de marque et qui vivaient à mille années lumières de ce culte superficiel de l'apparence ?"
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Les contributeurs* de ce truc pourraient s'alimenter dans une gamelle commune, il est vrai.
* http://www.mediapart.fr/node/113408
Gérard de Villiers,Chantal Delsol,Gaspard Koenig (Les Discrètes Vertus de la corruption, ahahah, dont j'avais lu quelques pages, La corruption est le processus même de la vie )...
* http://www.mediapart.fr/node/113408
Gérard de Villiers,Chantal Delsol,Gaspard Koenig (Les Discrètes Vertus de la corruption, ahahah, dont j'avais lu quelques pages, La corruption est le processus même de la vie )...
careful- Messages : 690
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Largo a écrit:
On pourrait aussi bien écrire :
"La contradiction paraît absolue, presque impensable : comment des Français qui se bousculent dans les magasins pour les soldes dans une frénésie incroyable de consommation peuvent-ils être touchés par - sept moines qui n’ont jamais porté de vêtements de marque et qui vivaient à mille années lumières de ce culte superficiel de l'apparence ?"
ça me rappelle les exercices de Lautréamont sur les pensées de pascal;
Borges- Messages : 6044
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Eyquem a écrit:Ce début d'année n'était pas très stimulant, mais là, je viens de voir la même semaine deux beaux films : "Winter's bone" de Debra Granik et "Nostalgie de la lumière" de Patricio Guzman (que j'avais raté l'an passé).
Ce n'est pas que les deux films se ressemblent beaucoup, mais leur point de départ est le même : des femmes, des filles, partent à la recherche du corps de disparus. Deux histoires d'os.
"Winter's bone", à première vue, ressemble à pas mal de petits films indépendants. Mais il laisse le souvenir tenace d'une enquête qui, au lieu de s'éclaircir, s'opacifie à mesure qu'elle progresse.
"Nostalgie de la lumière", c'est un essai vraiment superbe, très "didi-hubermanien" sur la trace. Une archéo-géo-cosmologie de la mémoire (si je vous le dis !), où les images planes du désert d'Atacama se creusent d'une profondeur temporelle qui met en rapport les strates de temps les plus lointaines, les plus éloignées les unes des autres : l'origine du monde et des étoiles, l'histoire du continent sud-américain, la mémoire parcellaire, refoulée, de la dictature Pinochet.
Bonjour Eyquem,
heureux que quelqu'un d'ici l'ait vu : ce plan d'une surface creusée qu'on croit d'abord être celle de l'astre mort, la lune, avant de découvrir par un lent zoom arrière qu'elle en fait celle d'un être mort, un crane humain, est l'une des choses les plus fortes que j'aie vu au cinéma l'année dernière.
En revanche, pas trop aimé winter's bone : son naturalisme un peu forcené (surtout les dernières scènes dans le marais qui ne font pas dans la dentelle) m'a à vrai dire pas mal rebuté. Et puis entendre Michel Ciment au Masque et la plume prédire qu'on tenait là l'un des meilleurs films de l'année a fini par me rendre le film totalement antipathique.
Mais je sais Eyquem que tu ne feras qu'une bouchée de cet argument de mauvaise foi...
Sinon, j'ai vu hier soir Canine de Yorgos Lanthimos. Film très impressionnant. Jerzy l'avait évoqué sur "le Forum" (comme on dit "la Revue" sur Indepencia pour parler des cahiers) mais je n'avais pas voulu lire sa chronique avant d'avoir vu le film. Et maintenant que j' ai vu le film, je ne peux plus lire sa chronique lol.
Donc, message perso, s'il lit ces quelques lignes, qu'il pense à ses propres lecteurs et re-publie, par exemple sur son blog, ses commentaires. Il seront lus avec toute l'attention qu'il se doit...
Dernière édition par gertrud04 le Ven 11 Mar 2011 - 10:29, édité 1 fois
gertrud04- Messages : 241
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
http://videos.arte.tv/fr/videos/hip_hop_le_monde_est_a_vous-3752924.html
Documentaire sur le hip-hop, ça en intéresse peut-être certains.
Documentaire sur le hip-hop, ça en intéresse peut-être certains.
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Hello Gertrud, Eyquem,
je fais ma rabat-joie de forum : est-ce que ça ne serait pas plus judicieux d'ouvrir des topics pour les films dont vous parlez ici ? Il n'est pas dit que tout le monde lise ce topic un peu fourre-tout, or, ce sont des films intéressants, ou importants, en tous cas que d'autres auront certainement vus. Je trouve ça dommage de parler de films dans ce topic, qui était plus pensé pour un "vu à la télé", alors qu'on est sur un forum de cinéma...
je fais ma rabat-joie de forum : est-ce que ça ne serait pas plus judicieux d'ouvrir des topics pour les films dont vous parlez ici ? Il n'est pas dit que tout le monde lise ce topic un peu fourre-tout, or, ce sont des films intéressants, ou importants, en tous cas que d'autres auront certainement vus. Je trouve ça dommage de parler de films dans ce topic, qui était plus pensé pour un "vu à la télé", alors qu'on est sur un forum de cinéma...
adeline- Messages : 3000
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Yep, on va s'ouvrir un topic sur Winter's Bone déjà.
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
On dirait une pub récupérant des tableaux anciens, "l'art"...
Leurtillois- Messages : 131
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Leurtillois a écrit:Vu à Beaubourg : un petit spectacle de Pierre Léon ; ça s'appelait "Notre Brecht - un film sans pellicule".
L'entrée était libre, alors je me suis dit pourquoi pas, Brecht, le cinéma, Brecht et le cinéma, ça peut être intéressant. Il y a tous ces scénarios qu'il écrivait pour gagner de l'argent, en même temps que ses premières pièces ; scénarios dont j'ai l'impression il ne reste plus trace. Je me suis toujours demandé pourquoi Brecht ne s'était jamais intéressé plus que ça au cinéma. Faut dire qu'il en avait après Pabst (procès intenté contre sa société de production), quand celui-ci avait fait l'adaptation de L'opéra de quat'sous, version édulcorée de la pièce.
C'était une jolie forme : PL avec un micro, devant un écran sur lequel étaient projetés plusieurs extraits de films, chantant des chansons de Brecht et d'autres que je ne connaissais pas trop, accompagné par un piano.
Mais la bonne surprise, c'était la projection du seul film que Brecht a réalisé, autour de 1920, avec Karl Valentin. Un chouette film, assez drôle : Les mystères d'un raseur-coiffeur ; avec une tête coupée puis recollée, parce qu'il ne faut pas effrayer un raseur-coiffeur qui fait la barbe de son client avec un couteau de cuisine.
Ce qui était moins chouette en revanche, c'était cette sensation bizarre, quand pour un "bis", Pierre Léon s'est mis a chanter a capella l'Internationale, la salle reprenant en choeur. Quand on connaît grossièrement la sociologie du public de Beaubourg, y avait de quoi se sentir légèrement mal à l'aise.
C'est sur youytioube :
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Brecht est l'auteur du scénario du magnifique film de Fritz Lang "Les bourreaux meurent aussi"...
Un film basé sur l'assassinat d'un dignitaire nazi nommé Heydrich à Prague. Et c'est une fiction inspirée de faits réels.
Si tu ne l'as pas vu, achète-le immédiatement. C'est de l'excellent cinéma.
Et désolé, si tu étais déjà au courant...
PS : Il y a dans le film, un rôle fascinant et extraordinaire, celui du chef de la police qui allie brutalité et intelligence. Absence de culpabilité et dureté. Beaucoup plus profond que le rôle de Christoph Waltz dans Inglorious Bastards et moins caricatural.
Bref, un des meilleurs Fritz Lang de la période hollywoodienne.
Un film basé sur l'assassinat d'un dignitaire nazi nommé Heydrich à Prague. Et c'est une fiction inspirée de faits réels.
Si tu ne l'as pas vu, achète-le immédiatement. C'est de l'excellent cinéma.
Et désolé, si tu étais déjà au courant...
PS : Il y a dans le film, un rôle fascinant et extraordinaire, celui du chef de la police qui allie brutalité et intelligence. Absence de culpabilité et dureté. Beaucoup plus profond que le rôle de Christoph Waltz dans Inglorious Bastards et moins caricatural.
Bref, un des meilleurs Fritz Lang de la période hollywoodienne.
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Comme le film en intéresse certains, une affiche, très série B, que je ne connaissais pas de Rubber :
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