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Rohmer est mort : le reste est beauté

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Message par balthazar claes Lun 1 Mar 2010 - 13:36

Quelques citations diverses tirées du best-seller-choc des rayons philo de la FNAC, les éléments pour une théorie de la Jeune-Fille. Tout de même beaucoup de morceaux intéressants, dans ce pot-pourri de sentences se voulant définitives et jetant régulièrement le bébé avec l'eau du bain, il me semble, par rapport à la question de la jeune fille rohmérienne. La théorie de la jeune-fillation universelle prend peut-être même sa valeur principale dans l'examen de cas comme le cas Rohmer ?



«Une information que je recueille dans un grand magasin connu de Berlin est particulièrement instructive : “Lorsque nous recrutons du personnel de vente et du personnel administratif, déclare un personnage important du service du personnel, nous attachons une grande importance à une apparence agréable.” De loin, il ressemble à l’acteur Reinhold Schuenzel dans ses vieux films. Je lui demande ce qu’il entend par là, s’il s’agit d’être piquant, ou bien joli. “Pas exactement joli. Ce qui compte, comprenez-vous, c’est plutôt un teint moralement rose...”
Je comprends en effet. Un teint moralement rose – cet assemblage de concepts éclaire d’un coup un quotidien fait de vitrines décorées, d’employés salariés et de journaux illustrés. Sa moralité doit être teintée de rose, son teint rose empreint de moralité. C’est là ce que souhaitent ceux qui ont en charge la sélection. Ils voudraient étendre sur l’existence un vernis qui en dissimule la réalité rien moins que rose. Et gare, si la moralité devait disparaître sous la peau et si la roseur n’était pas assez morale pour empêcher l’irruption des désirs. Les profondeurs ténébreuses d’une moralité sans fard seraient aussi menaçantes pour l’ordre établi qu’un rose qui s’enflammerait hors de toute moralité. On les associe étroitement, de façon à ce qu’ils se neutralisent. Le système qui impose les tests de sélection engendre également ce mélange aimable et gentil, et plus la rationalisation progresse, plus ce maquillage couleur rose-moral gagne du terrain. On exagère à peine en affirmant qu’il s’élabore à Berlin un type d’employés uniforme tendant vers la coloration souhaitée. Langage, vêtements, manières et contenance s’uniformisent, et le résultat, c’est cette apparence agréable que la photographie permet de reproduire. Sélection qui s’accomplit sous la pression des rapports sociaux et que l’économie renforce en éveillant les besoins correspondants des consommateurs.
Les employés y prennent part, bon gré mal gré. La ruée vers les innombrables instituts de beauté répond aussi à des préoccupations existentielles, l’utilisation de produits de beauté n’est pas toujours de l’ordre du luxe. Dans la crainte de se voir périmés, les femmes et les hommes se font teindre les cheveux, et les quadragénaires font du sport pour garder la ligne. “Comment devenir plus beau?”, titre un magazine récemment apparu sur le marché qui se vante dans sa publicité de montrer comment “paraître jeune et beau maintenant et plus tard”. La mode et l’économie oeuvrent main dans la main. Certes rares sont ceux qui peuvent recourir à la chirurgie esthétique. La plupart tombent dans les griffes des charlatans et doivent se contenter de préparations aussi inefficaces que bon marché. C’est dans leur intérêt que le Dr Moses, le député déjà nommé, lutte depuis quelques temps au Parlement pour intégrer à l’assurance maladie les soins nécessités par les défauts physiques. La toute récente “Association des médecins esthéticiens d’Allemagne” s’est associée à cette bien légitime proposition.»
(Siegfried Kracauer, Les Employés, 1930)


La Jeune-Fille offre un modèle non-équivoque de l’ethos métropolitain : une conscience réfrigérée vivant en exil dans un corps plastifié.


A rebours de ce qui a cours dans les sociétés traditionnelles, qui reconnaissent l’existence des choses abjectes et les exposent en tant que telles, la Jeune-Fille nie leur existence, et les dissimule.


«En conséquence, la biologisation du sexe en particulier et du corps en général va ériger le corps de la jeune fille en laboratoire idéal du regard médical.»
( Jean-Claude Caron, Le corps des jeunes filles)


Dans la Jeune-Fille anorexique comme dans l’idéal ascétique, cette haine de la chair, et le fantasme de se résoudre tendanciellement au physique pur : le squelette.


La “beauté” de la Jeune-Fille n’est jamais une beauté particulière, ou qui lui serait propre. Elle est au contraire une beauté sans contenu, une beauté absolue et libre de toute personnalité. La “beauté” de la Jeune-Fille n’est que la forme d’un néant, la forme d’apparition attachée à la Jeune-Fille.Et c’est pourquoi celle-ci peut sans s’étouffer parler de “la” beauté, car la sienne n’est jamais l’expression d’une singularité substantielle, mais une pure et fantomatique objectivité.

La “beauté” est le mode de dévoilement propre à la Jeune-Fille dans le Spectacle. C’est pourquoi elle est aussi un produit générique, qui porte en lui toute l’abstraction de ce qui se trouve dans l’obligation de s’adresser à un certain segment du marché sexuel au sein duquel tout se ressemble.



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Message par balthazar claes Ven 5 Mar 2010 - 11:32

1. Il y a indéniablement une évolution du style de Rohmer vers la mièvrerie.

"Caractère d'un comportement, d'une personne qui manifeste une grâce un peu maniérée et fade."
"On le dit aujourd'hui quelquefois en parlant du style, avec le sens de maniéré, prétentieux, efféminé."
"Affectation accompagnée de puérilité dans la manière de parler, d’écrire, de peindre."
"Etymologie : Origine inconnue. Furetière fait remarquer qu'en Normandie on dit nièvre."

Un mot un peu vague à ce qu'on voit, et qu'on comprend pourtant très bien. C'est être maniéré, c'est-à-dire faux, contrefait, sans naturel ; et à la fois, fade, sans force. C'est jouer la faiblesse. La mièvrerie c'est le ton bêtifiant qu'on adopte en parlant aux enfants comme s'ils étaient débiles. Sont mièvres les romans à l'eau de rose, qui sont consacrés au sujet de la passion dévorante, mais en délivrent une vision lénifiante.

On pourrait dire : la mièvrerie c'est singer l'enfant, son innocence, son enthousiasme, son naturel. C'est plutôt une posture de petite vieille. Synonyme presque parfait, "l'encuculement" de Gombrowicz dans Ferdydurke : "cuculiser" quelqu'un consiste à traiter un adulte comme un enfant, à l'infantiliser. Quelqu'un évoque ici à juste titre "la couleur d'un emballage de pralines".

Il y a au début chez Rohmer une veine sensualiste : La Collectionneuse, Le Genou de Claire... Plus tard elle sera remplacée par une anesthésie générale, une anorexie. Toutefois la sensualité est déjà abordée sous l'angle de la nécessité de se détourner de la chair, et même sous celui d'une sainte terreur de la chair. Comme on le voit dans le prologue de La Collectionneuse, l'oeil fasciné par la beauté du corps est enfermé dans une mauvaise fascination, dans le mauvais infini d'une mortelle soif de pureté, celle des dents blanches de Bérénice. Il faudra bien conjurer cette fascination - en fuyant s'il le faut - ; en éliminant du champ tous les objets qui appellent cette fascination.

On est en plein dans "Le sexe et l'effroi" de Pascal Quignard. L'objet médusant c'est évidemment l'objet sexuel ; quand l'être que je regarde s'identifie dans mon regard à l'objet sexuel, je suis emporté sur la pente de la folie ; cette folie en somme c'est de nier l'autre comme autre, pour ne plus voir que sa chair, ses morceaux, ses abattis ; c'est dénier à l'autre son statut de sujet. Se profile la hantise de la solitude absolue, c'est-à-dire d'avoir tué l'autre ; autrement dit d'avoir tué dieu ; bref, il faut sauver dieu, et donc il faut absolument s'en tenir à une sainte terreur du sexuel.



2. D'un autre côté, la force, l'audace de Rohmer c'est sans doute, du moins au début, d'examiner en toute lucidité, yeux grands ouverts, ce thème, et d'en faire miroiter, en toute maîtrise, tous les enjeux, toutes les facettes. C'est son côté "Kierkegaard du cinéma". Dans cette perspective le mauvais infini de la passion érotique c'est le stade esthétique, l'enfermement dans l'instant, dans la jouissance et la souffrance de l'instant. Les hommes des contes moraux ne sortent à aucun moment du stade esthétique ; s'ils renoncent à la deuxième femme, c'est toujours "dans l'instant", sur une brusque résolution. S'ils sont acculés à une fuite piteuse c'est justement parce qu'ils sont incapables d'échapper au règne de l'instant ; ils expérimentent l'aliénation radicale qui définit le stade esthétique. Aussi bien, ce sont de piètres séducteurs. Le séducteur est celui qui maîtrise l'art des distances. Pour sortir du stade esthétique, le héros kierkegaardien doit d'abord écrire le journal du séducteur, avoir vaincu la fascination esthétique en s'en étant rendu une fois le maître et l'organisateur.

Faisons un peu rire nos embedded philosophers. Pour Hegel, l'Histoire est la réalisation du concept, par le mouvement dialectique. Et Kierkegaard lui répond ironiquement, en se contentant d'appliquer la dialectique en un point, celui de l'existence humaine ; il lui répond en somme : ton système, mon vieux, permet précisément de montrer la nécessité du stade religieux, de la présence d'un dieu, etc. La dialectique n'est pas exactement l'instrument adéquat pour devenir un athée conséquent, en gros. Il faut voir le mouvement compliqué de la dialectique, ce UN qui se déplie en TROIS, il faut voir que dans chacun des trois, les trois sont présents, en fin de compte. Les trois stades de Kierkegard, on ne peut pas les voir comme une route linéaire, on ne va pas simplement du 1 au 2, puis du 2 au 3. Il y a co-présence du 1, du 2 et du 3 à chacun des stades. Le saut dialectique est un triple salto qui survole toutes les positions. C'est le point unique où "le sujet rentre en lui-même de telle sorte qu'il communique avec Dieu". (Badiou)

Ces bien certainement ridicules affirmations, pour permettre de démêler les trois paliers de l'oeuvre de Rohmer. Car on a un peu de mal à différencier les modes d'existence dans ses trois séries ; on ne peut pas dire simplement que dans les contes moraux il y aurait des personnages uniquement tournés vers le plaisir de l'instant, dans les comédies et proverbes des êtres strictement occupés de la question de l'engagement sérieux du mariage, et dans les contes des 4 saisons des gens seulement tournés vers la foi. On peut être marié et enfoncé jusqu'au cou dans le stade esthétique, tourné vers la foi et en même temps avoir plusieurs amants... La morale en jeu n'est pas une simple morale prescriptive, qui ferait des listes, tel acte est un péché, tel acte une bonne action... C'est une morale "différentielle" qui examine l'écart entre un acte et sa cause : sera considéré comme "bon" un acte qui procède d'un choix, un acte qui trouve sa cause en lui-même ; et considéré comme mauvais, un acte déterminé par une cause extérieure.

Le stade esthétique sera celui du pathos, de la passivité ; son acte par excellence est la fuite, comme refus d'assumer les causes. Le stade éthique en est l'opposé, c'est le stade de l'action délibérée, mais d'une action qui ne connaît pas sa propre cause. On choisit de se soumettre à une cause extérieure, sans connaître son principe. On s'identifie à une cause extérieure à soi. L'acte auquel il renvoie est l'engagement aveugle. Quant au stade religieux, au stade chrétien, il est retour à la passivité en toute connaissance de cause, il est ouverture à l'être, et attente de la grâce en dépit de l'absurde. Son acte serait l'attente en soi.

Beaucoup de philosophie pour justifier un refus de la vie, en somme.




3. Deleuze : le désir ne manque de rien. L'ascétisme est la voie royale du désir. Le plaisir, comme interruption du processus du désir, n'en est certes pas le but, mais conduit plutôt à son exaspération, c'est le plaisir qui fait courir au désir le risque de se trouver réduit au manque.

Pourquoi ça ressemble à Rohmer, et en même temps ça n'a rien à voir ? Sans doute parce que Deleuze supprime dans l'équation la catégorie du sujet : nous ne sommes pas des sujets, nous sommes des flux. Alors que chez Rohmer, et nos philosophes maison nous ont gracieusement facilité la tâche pour le comprendre, on reste englué dans la catégorie du sujet. Rapporté à un sujet, le désir renvoie nécessairement à un objet, c'est un objet que l'on désire ; autrement dit nous sommes séparés de notre désir, et notre désir nous sépare de nous-mêmes ; il nous prive de la possibilité de nous réaliser comme sujet, en nous livrant à la dépendance.

Rohmer a besoin du sujet. C'est à cause de la terreur, la terreur est première ; c'est de cette terreur que provient une première réaction primordiale, un repli. L'être initialement ouvert au monde se replie et se referme sur lui-même ; c'est en fait pour se cacher. Le "sujet transcendantal" de Rohmer dans cette perspective est le fossile d'un retrait originel ; ce "sujet" n'est qu'un masque.

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Message par Borges Ven 5 Mar 2010 - 12:01

je ne sais pas par où commencer, y a tant de choses, et assez peu que je comprenne; par le plus simple? Rohmer a-t-il vraiment besoin d'un sujet?
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Message par Invité Ven 5 Mar 2010 - 12:12

salut BC,

ah, je trouvais étonnant que Kierkegaard ne soit pas encore évoqué ici. Les réponses de l'entretien des cdc que j'ai posté plus haut me font penser à la position de SK sur la question "sociale" dans son oeuvre.

(tu vas voir Douchet ce soir et demain ? Moi je vais plus à Lumière, je boycott depuis la rétro Lanzmann, faut dire que j' yallais déjà plus souvent lol)

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Message par balthazar claes Ven 5 Mar 2010 - 12:20

Ah, y'a pas grand chose à comprendre, c'est pas exactement du raisonnement, plutôt des citations... Je suis pas philosophe, moi, plutôt journaliste. C'est d'ailleurs pour ça que je ne peux pas vraiment dégager de conclusions.

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Message par ^x^ Ven 5 Mar 2010 - 14:45

j'imagine


Dernière édition par careful le Mar 4 Mai 2010 - 8:56, édité 1 fois
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Message par Invité Ven 5 Mar 2010 - 21:40

bc a écrit :

Il y a indéniablement une évolution du style de Rohmer vers la mièvrerie.

dans quel monde ?

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Message par Borges Sam 6 Mar 2010 - 11:15

je ne suis pas non plus philosophe, BC; et je ne suis pas le seul, à ne pas : comme disait Wittgenstein, sans s'y inclure, depuis qu'il y a de la philosophie, y a pas plus de dix mecs qui méritent d'être appelés "philosophe".




balthazar claes a écrit:Ah, y'a pas grand chose à comprendre, c'est pas exactement du raisonnement, plutôt des citations... Je suis pas philosophe, moi, plutôt journaliste. C'est d'ailleurs pour ça que je ne peux pas vraiment dégager de conclusions.


pq, c'est difficile à comprendre? un exemple...


Dans cette perspective le mauvais infini de la passion érotique c'est le stade esthétique, l'enfermement dans l'instant, dans la jouissance et la souffrance de l'instant. Les hommes des contes moraux ne sortent à aucun moment du stade esthétique ; s'ils renoncent à la deuxième femme, c'est toujours "dans l'instant", sur une brusque résolution.


la notion d'instant : c'est l'un des grands apports de K, d'avoir repensé la temps (cf Heidegger, même si ce dernier lui reproche d'être resté dans la seule dimension existentielle); y a deux instants dans K; et tu passes de l'un à l'autre dans ce passage; ne les séparant pas tu manques quelque chose; il y a l'instant du plaisir (sans durée, sans passé, sans avenir, qui ne fait pas histoire, ni sens, juste de la succession, ou rien en fait ne succède à rien, puisque rien n'est retenu, ni anticipé; c'est pas neuf, en fait, ces analyses on trouve chez Aristote, quand il dit que les gens pas très malins (les femmes, les gosses, les esclaves...) dominés par leurs appétits vivent dans le moment; cet instant (très beau passage dans proust sur cet instant lié au plaisir de la table), c'est celui du mec prisonnier de son plaisir, qui ne pense pas au lendemain, aux conséquences, c'est la cigale, qui vit essentiellement dans le stade esthétique, qui ne pense pas qu'après avoir chanté, elle pourra pas danser; c'est le mauvais instant, on devine bien, du point de vue éthique, et religieux;

-et ensuite tu parles de l'instant de la décision, c'est un autre instant, une autre temporalité, cette fois valorisée; à l'instant de la dissémination des plaisirs, fait place l'instant de la décision, qui lie le moment à l'éternité...« Le concept central du christianisme, ce qui rend toutes choses nouvelles, c’est la plénitude du temps, laquelle est l’instant conçu comme l’éternel »


parce que tu ne distingues pas ces deux instants (du moins dans ce passage) tu ne vois pas que l'on passe de l'un à l'autre, le passage d'un instant à l'autre est une sortie de la vie esthétique...ils renoncent dans l'instant, parce que comme dit K, les véritables mouvements de l'âme échappent à la psychologie...
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Message par balthazar claes Lun 8 Mar 2010 - 14:03

Non, mais, je veux dire, y'a pas grand chose à comprendre dans ce que je raconte : moi-même je ne comprends pas trop ce que je raconte, c'est... approximatif et allusif, quand ce n'est pas simplement inexact, j'en ai bien conscience. Ça vaut pour évocation de certains aspects du cas Rohmer que je n'ai pratiquement vus questionnés nulle part ; depuis sa mort je ne suis tombé que sur des apologies creuses (bon, j'ai pas fait de recherche exhaustive non plus). Il n'y a qu'ici, où j'ai vu voir JP et toi développer un peu clairement une critique, que je trouve indispensable, sur le fond essentialiste et réac de Rohmer. Mais ça reste une critique assez extérieure, en un sens.

Ça ne me dérange pas qu'on ne comprenne pas mon monologue : la semi-publication forumique me permet d'avoir un point d'ancrage pour déplier à la lumière certains problèmes emmêlés. Ça peut, à la limite, intéresser une fois quelqu'un : c'est déjà suffisant comme perspective. Je ne crois pas non plus que ma confusion risque d'entraîner des contresens, ou accroître la confusion des supposés lecteurs.

Je n'ai pas spécialement envie de m'aventurer sur Kierkegaard, dont j'ai lu trois lignes. De toute façon, si on vous suit sur Kant, en toute logique si Rohmer s'inspirait de Kierkegaard, il le ferait dans la plus totale mécompréhension, n'est-ce pas ? Ce que je tendais à dire, c'est que si les cm renvoient au stade esthétique et les c&p au stade éthique, alors il n'y aurait nulle "décision" dans les cm : si ce n'est justement sous la forme-limite de la fuite, qui n'est une "décision" qu'au sens négatif, enfin une décision de non-agir plutôt qu'une décision d'agir, d'une part, et d'autre part une décision prise dans le débordement d'une panique. Ce qui s'oppose à la décision "préliminaire" qu'on voit chez les héroïnes des c&p.

Bon, tout cela, c'est une micro-clarification, et qui ne vaut que pour moi, en somme. Ma reformulation contient toujours autant d'erreur ; j'ai l'air de ne toujours pas comprendre, ou encore moins, cette catégorie de l'instant kierkegaardien. My mistake, je ne peux décidément pas manipuler rigoureusement ce matériel philosophique, à l'égard duquel je me tiens comme un commentateur sportif, tout à fait en dehors du terrain. Je n'ai ni le temps ni l'énergie pour être rigoureux sur ce point.

Le cas Rohmer se présente à moi comme un piège circulaire, et je cherche le point de moindre résistance. Un tel point sans doute ne peut être que subjectif, en fonction de ce piège personnel que j'ai moi-même aménagé autour de l'oeuvre - évidemment, on peut très facilement se passer d'avoir un problème avec ce truc. Plus je tourne autour en essayant d'étayer le problème avec des mots, plus les mots deviennent glissants, inopérants...

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Message par Largo Jeu 11 Mar 2010 - 19:21



Pour le coup, je sais pas vous, mais moi JLG qui rumine ses souvenirs de manière quasi-inaudible, ça m'a un peu laissé de marbre...
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Message par Largo Lun 15 Mar 2010 - 11:46

Trouvé ça aussi : http://crazymotion.net/les-contes-secrets-ou-les-rohmeriens-de-marie-binet-bande-annonce/wt6SrAqokC1QjAy.html
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Message par Invité Dim 4 Avr 2010 - 11:46

Luchini : commence chez Rohmer, termine chez Le Ny



rrrkkk pffff


Les invités de mon père d’Anne Le Ny avec Karine Viard, Fabrice Luchini, Michel Aumont… 1 h 35.

Il y a deux sujets dans les Invités de mon père, ce dont rend compte le titre. Sur la ligne horizontale et géopolitique des «invités», une sans-papiers moldave (et sa fille) vient à Paris se marier avec un vieux militant de gauche (Michel Aumont), ancien médecin désireux de l’aider et, éventuellement, de la sauter. Sur la verticale, le rapport à «mon père» et la façon dont ses deux enfants (Karin Viard et Fabrice Luchini) vivent la jouvence affective de leur géniteur octogénaire. En rabattant l’axe vertical sur l’horizontal, on éprouve une résistance à ressort (comique), et l’on obtient un nouveau partage des places de chacun (tragédie).

Fabrice Luchini incarne le fils répudié et révolté, Arnaud, avocat d’affaires dont la réussite, dixit Anne Le Ny, «est méprisée ou, au mieux, peu reconnue par son clan». A l’autre extrémité des abscisses, Karin Viard est Babette, la copycat du père, médecin comme lui et qui, suivant son exemple, s’émancipera en commettant le sexe en dehors des clous.

La satire s’attaque d’abord aux préjugés. Si la famille soutient les vues progressistes du vieil homme, tous préféreraient évidemment que les «invités» clandestins qu’il leur a annoncés ne soient ni trop basanés ni trop pauvres, et sans le bruit ni l’odeur. Avant qu’on ne découvre que l’action humanitaire du vieil homme se focalise essentiellement sur les blondes à forte poitrine. Puis on verra que la blanche Tatiana n’est pas la colombe qu’on croit, mais qu’elle a sûrement ses raisons. Enfin, que tout contrat conjugal suppose une violence sexuelle.

Comme nombre de comédies de l’époque, les Invités de mon père semble s’ingénier à rejouer l’hermétisme herméneutique de quelques films de l’Occupation (genre l’Eternel Retour), dont on ne savait trop s’ils chantaient l’ordre éternel ou la rébellion. Ainsi, la France xénophobe qui est la nôtre se réjouira du sort réservé à l’étrangère perturbatrice (après qu’elle aura, dans un schéma classiquement colonialiste, fécondé de sa vitalité exotique l’étroitesse bourgeoise). Dans le même temps, Le Ny incise habilement la frontière entre hospitalité et hostilité (deux mots de même étymologie) et réussit à ne rendre personne très sympathique dans son histoire (sauf peut-être Babette).

A part ça, l’interprétation est excellente et les rôles sur mesure. Car seul Luchini peut prononcer des répliques cultes du genre : «Quand je t’ai dit de te lâcher, c’était sur le caviar, par sur l’inceste échangiste.»

A part ça, ce papier sort de Libé!

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Message par Invité Dim 4 Avr 2010 - 13:29

pourquoi termine ?

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Message par Invité Dim 4 Avr 2010 - 13:36

ccamille a écrit:pourquoi termine ?

parce que c'est la fin, tu vois bien qu'on peut pas tomber plus bas ou se relever de ça.

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Message par lorinlouis Dim 4 Avr 2010 - 21:21

Me fais une petite rétrospective. Rohmer est un cinéaste que je connais très mal.
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Message par ^x^ Sam 10 Avr 2010 - 12:28

J'imagine
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