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Rohmer est mort : le reste est beauté

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Message par Borges Mar 12 Jan 2010 - 12:10

Rohmer est mort : le reste est beauté Rohmer-Godard
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Message par Borges Mar 12 Jan 2010 - 12:19

careful a écrit:http://blogruz.blogspot.com/2007/12/erich-romer.html

Je sais.C'est bien moche ce que je fais là. Mais c'est pas inintéressant...
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Message par Borges Mar 12 Jan 2010 - 15:15

On naît cinéaste, disait Rohmer, à propos de Rossellini, dans son article sur Stromboli ; la formule dit tout ; chez Rohmer y a pas d’histoire, pas de devenir, pas vraiment de culture, ou de formation; la naissance est tout; on comprend qu'il ne soit pas révolutionnaire.

Tout est, chez Rohmer, et c’est cela le cinéma, le rapport unique et privilégié à l’être ; le cinéma est le seul à pouvoir montrer. On est dans la pure ontologie, dans le platonisme chrétien, dans la morale. Les valeurs sont établies, et les êtres hiérarchisés.

Rohmer, on le sait, il ne s’en cachait pas, était essentialiste, dans tous les sens du mot ; d’abord, raciste, au sens fort du mot, et pas seulement à ses débuts. Dans son dernier film, il abordait à travers le langage et les niaiseries chrétiennes et courtoises, les origines d’un certain être français ; il meurt alors que la France se cherche une identité ; mais laissons ça, nous en avions parlé, beaucoup.

Rohmer mort, marquons plutôt que la mort, comme toute forme de négativité est absente de son cinéma ; après un film désespéré, il s’est détourné du négatif, comme s’il n'avait pas pu le supporter, manquant ainsi quelque chose de la vie de l’esprit, pour nous donner un cinéma, joueur, amusant, enfantin, des comédies et des proverbes, des morales, sans audace, où il s’agit presque toujours de renoncer au désir, dans un monde sans politique, sans maladie, sans altérité, sans violence, sans folie, sans démesure, ni extrême, où les rapports de forces se réduisent à des luttes autour du désir ; un cinéma du plaisir, jamais de la jouissance ; paradoxalement, un cinéma on ne peut plus pur, le cinéma de la pureté ;

pas de vieillesses, chez Rohmer, pas d’enfants non plus si je me souviens bien ; la jeunesse et la maturité de quelques bourgeois occupés à parler, toujours assez beaux ; c’est à cela que se résume son désir de montrer des « êtres pensants, doués d’une psyché » ; ailleurs sans doute, manquent la pensée, et la psyché, parce que manquent la parole et ses jeux.

On peut trouver comme une morale de la mort, dans l’un de ses derniers textes, je crois, consacré à Renoir, l’un de ses dieux, un Renoir dont il aura toujours voulu défendre les positions politiques, à coup de paradoxes, et sans vraiment cacher des préférences, le sauvant contre ceux qui opposent un Renoir progressiste à un Renoir réactionnaire, le Renoir revenu des USA.

Cette morale de la mort, dégagée du « Petit théâtre » de Renoir, est idéaliste, voire mystique, non brechtienne : « On peut être heureux, même dans la pauvreté et dans la mort (…)»



Rohmer est mort, mais il ne faut pas trop le pleurer. « Car l’être le plus attachant est sans doute la machine. (…) La machine, c’est le petit lapin de la règle du jeu. Elle est cruelle et mérite la mort : n’empêche que la mort est cruelle. Cette histoire (La cireuse) est celle où Renoir est allé le plus loin dans le cynisme, surtout quand le chœur chante : « les humains se reproduisent, leur mort est moins grave que celle d’une machine ». Et cette phrase ne sonne pas d’une façon entièrement négative (ironique), comme elle eût fait chez Brecht, car l’image semble l’approuver.»

(Le goût de la beauté, p. 312/313)





On naît cinéaste, mais on meurt comme tout le monde. Rohmer, qui n’aimait pas l’absurde, est mort, il faut l’imaginer heureux, en un sens non brechtien, mystiquement heureux.
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Message par Borges Mar 12 Jan 2010 - 16:30

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Message par wootsuibrick Mar 12 Jan 2010 - 16:34

Je trouve qu'il a un air de Clint.
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http://mondesducinema.blogspot.com/

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Message par Eyquem Mar 12 Jan 2010 - 17:37

Hello,
Rohmer mort, marquons plutôt que la mort, comme toute forme de négativité est absente de son cinéma
Cet après-midi, j'y pensais : personne ne meurt chez Rohmer ?

Dans "Ma nuit chez Maud", Françoise Fabian a bien perdu l'homme de sa vie dans un accident de voiture : du verglas, la voiture dérape, et c'est fini. "Il est mort comme ça, bêtement. C'est ça le destin", dit-elle. "Voilà, c'est passé : ce qui est fait est fait". Mais ce ne sont que des mots. Après, elle n'en parle plus. Et quand Trintignant se retourne, elle est déjà toute nue sous sa couverture.

Je n'ai pas vu tous ses films, mais je crois que le seul film où son cinéma regarde la mort en face, c'est par la portière d'un carosse, dans "L'Anglaise et le duc".
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Message par Invité Mar 12 Jan 2010 - 17:55

tu veux quoi, les choses de la vie ?

ça tape fort. j'adore. tout votre mépris à l'égard d'un cinéaste avec lequel vous ne savez plus comment ne pas prendre de pincettes

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Message par Eyquem Mar 12 Jan 2010 - 18:00

?

Mais il n'y aucun mépris. J'adore ces deux films.
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Message par Invité Mar 12 Jan 2010 - 18:09

c'est bien la chose la plus stupide que vous êtes arrivés à laisser entendre : y'a pas de morts donc c'est bête !!!!!!

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Message par Borges Mar 12 Jan 2010 - 18:14

Aucun mépris pour le cinéma de Rohmer, sa pensée, son oeuvre...j'aime ses films, sans en adorer aucun ...et certainement pas le contrerévolutionnaire, le réactionnaire "L'Anglaise et le duc"...

(si je me prenais au sérieux, je dirais que Rohmer, chez moi, comme dirait l'autre, c'est un ennemi...et comme dirait un autre, nous avons besoin d'ennemis; )

Étrangement, "ma nuit chez maud" est le dernier rohmer que j'ai revu; et je ne me souvenais plus du tout de cette histoire d'accident... comme on dit, parfois, l'idée de l'oeuvre est plus forte que ses singularités... et l'idée, c'est bien le goût de la beauté et des idées, l'éternité, donc...
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Message par Invité Mar 12 Jan 2010 - 18:19

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l'idée de l'oeuvre est plus forte que ses singularités...


dans le cas de Rohmer, et dans peu d'autres encore, au contraire à mon sens, c'est l'inverse qui prévaut.

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Message par Borges Mar 12 Jan 2010 - 18:30

ccamille a écrit:c'est bien la chose la plus stupide que vous êtes arrivés à laisser entendre : y'a pas de morts donc c'est bête !!!!!!

Mais non, pas du tout, le cinéaste mort, on pense à son oeuvre, ce qui reste, son goût de la beauté; ma question alors, était "la mort est inévitable dans la vie, quelle est sa place dans le cinéma de rohmer?" Me souvenant du "signe du lion", j'ai cru construire un mouvement qui tend à la mettre de côté...

Rohmer est mort : le reste est beauté Godard-leo


Godard, dans "le signe du lion".


La question de la place de la mort rejoint l'idée que se faisait rohmer du cinéma : l'être, sans négativité; rohmer serait du côté de Spinoza (il y fait référence dans je ne sais plus quel texte) et pas Hegel, qui disait...



La mort, si nous voulons nommer ainsi cette irréalité, est la chose la plus redoutable, et tenir fermement ce qui est mort, est ce qui exige la plus grande force. La beauté sans force hait l'entendement, parce que l'entendement attend d'elle ce qu'elle n'est pas en mesure d'accomplir. Ce n'est pas cette vie qui recule d'horreur devant la mort et se préserve pure de la destruction, mais la vie qui porte la mort, et se maintient dans la mort même, qui est la vie de l'esprit. L'esprit conquiert sa vérité seulement à condition de se retrouver soi-même dans l'absolu déchirement.


alors que spinoza :

" L'homme libre ne pense à rien moins qu'à la mort, et sa sagesse est une méditation, non de la mort, mais de la vie"

dans mon texte y avait allusion à tout ça;

donc, cinéma d'un homme libre qui a médité la vie, et non pas la mort; mais à quel prix?
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Message par Borges Mar 12 Jan 2010 - 18:32

ccamille a écrit:
Borges

l'idée de l'oeuvre est plus forte que ses singularités...


dans le cas de Rohmer, et dans peu d'autres encore, au contraire à mon sens, c'est l'inverse qui prévaut.

oui, mais là, je faisais allusion à mon oubli (ma nuit chez maud), expliquant que cet oubli de la mort dans un film que je venais de voir était sans doute l'effet de cette idée que je me faisais de son cinéma, et que son cinéma met en mouvement, en oeuvre...

évidemment que ce sont les singularités qui importent, mais l'idée ne compte pas pour des prunes...
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Message par Invité Mar 12 Jan 2010 - 18:55

si l'idée ne compte pas pour des prunes, comme je le lis en esquissant un sourire, l'image non plus.
Et puisque que tu parles de Godard disons que lui et rohmer ont ouverts les images aux mots, chacun à leur manière, littéraire d'ailleurs pour les deux, mais plus philosophique chez Rohmer.

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Message par Eyquem Mar 12 Jan 2010 - 19:23

Dans "Ma nuit chez Maud", Françoise Fabian a bien perdu l'homme de sa vie dans un accident de voiture : du verglas, la voiture dérape, et c'est fini. "Il est mort comme ça, bêtement. C'est ça le destin", dit-elle. "Voilà, c'est passé : ce qui est fait est fait". Mais ce ne sont que des mots. Après, elle n'en parle plus. Et quand Trintignant se retourne, elle est déjà toute nue sous sa couverture.
Je me cite moi-même.

Suis-je bête ! A tous les coups, cette scène de "Maud" vient de Joyce, "The Dead" justement. Quand F Fabian raconte ce souvenir, Trintignant va à la fenêtre et regarde la neige tomber sur Clermont-Ferrand.

Chez Joyce, on a un motif identique, puisque la nouvelle se clôt sur l'aveu d'une épouse, qui raconte à son mari comment elle a perdu, toute jeune, le grand amour de sa vie, Michael Furey - le mari, effondré de voir un tel abîme se creuser entre lui et sa femme se tourne vers la fenêtre : au dehors, la neige tombe "sur tous les vivants et les morts" (c'est le dernier paragraphe du récit et il est sublime) :

A few light taps upon the pane made him turn to the window. It had begun to snow again. He watched sleepily the flakes, silver and dark, falling obliquely against the lamplight. The time had come for him to set out on his journey westward. Yes, the newspapers were right: snow was general all over Ireland. It was falling on every part of the dark central plain, on the treeless hills, falling softly upon the Bog of Allen and, farther westward, softly falling into the dark mutinous Shannon waves. It was falling, too, upon every part of the lonely churchyard on the hill where Michael Furey lay buried. It lay thickly drifted on the crooked crosses and headstones, on the spears of the little gate, on the barren thorns. His soul swooned slowly as he heard the snow falling faintly through the universe and faintly falling, like the descent of their last end, upon all the living and the dead.

Là, il y aurait un branchement à faire, via Rossellini - puisque cette nouvelle est explicitement citée dans "Voyage en Italie", et on sait l'importance de ce film pour la génération de Rohmer.

Qui s'y colle ?
Que sont devenues la neige de Joyce, les cendres de Pompéi, chez Rohmer ?
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Message par Largo Mer 13 Jan 2010 - 9:15

Chez les Indépendants...
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http://www.raphaelclairefond.com/

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Message par Invité Mer 13 Jan 2010 - 9:28

Largo a écrit:Chez les Indépendants...

Très bon prolongement à son texte dans les Cahiers pour "Astrée et Céladon", même dans le style, et tout... c'est fort de s'identifier à ce point au cinéaste dont on parle, maintenant que Rohmer est mort, on peut même parler de survivance dans le texte de Macé, en le lisant on se dit : "ouf, ce mec est mort, mais quelque chose quand même a survécu (au moins l'imparfait du subjonctif)"..

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Message par Borges Mer 13 Jan 2010 - 12:02

j'adore ce texte: AM parle moins de Rohmer au fond que de RR, on se souvient de ses textes sur lui dans les cahiers; ce truc arrive au bon moment, paraît que 2/3 des français considèrent le catholicisme comme une part importante de leur identité...
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Message par Borges Mer 13 Jan 2010 - 19:44

Largo a écrit:Chez les Indépendants...

L'hypocrisie de ce texte est à peine soutenable; tout ce cinéma autour de l'égalité des choses devant je ne sais quel catholicisme des surfaces de l'immanentisme de la transcendance et de la lumière, c'est de la blague;

le cinéma de Rohmer, comme son catholicisme, c'est une affaire de grâce, donc essentiellement, nécessairement d'inégalité; stromboli c'est une histoire de grâce ("l'idée chrétienne de la grâce", dit Rohmer, comme s'il n'y en avait qu'une d'idée de la grâce, dans le christianisme);

rohmer avait le courage de ses conneries, il n'avait pas peur de choquer, contrairement à AM (quel lâche, en plus d'être con; la foi et le catholicisme des tièdes que le cinéma, et dieu vomissent) :

lisons, tranquillement :

«(…) depuis l’accession du cinéma à la dignité de l’art, je ne vois qu’un seul grand thème, l’opposition de deux grands ordres, l’un naturel, l’autre humain, l’un matériel, l’autre spirituel, l’un mécanique, l’autre libre, l’un celui du désir de l’appétit, l’autre de l’héroïsme ou de la grâce…(..) si l’art est, en son fond, moral, ce n’est pas en découvrant la voie d’une égalité ou liberté abstraite, mais en exaltant plutôt l’exception, que la règle seule rend possible, et, en quelque sorte – aussi choquante que soit cette idée –l’inégalité de chacun devant le destin, voire le salut ."

(le goût de la beauté, 104/105)


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Message par Invité Mer 13 Jan 2010 - 21:55

et vlan une seconde couche sur la tartine : à défaut d'écouter la musique, on assassine mozart, grand grand Forman et son tout petit spectre.

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Message par Invité Mer 13 Jan 2010 - 22:29


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Message par Invité Jeu 14 Jan 2010 - 10:38

vous fac-similez les cahiers de l'époque, ceux de l'étoile, jaunes invoquant l'Amérique et fustigeant ici.


Largo a écrit :

Merci Adeline, notre Général Casque Bleu en chef

Vous pouvez quitter Anatahan : war is over

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Message par Borges Jeu 14 Jan 2010 - 14:25

[quote="Eyquem"]


Suis-je bête ! A tous les coups, cette scène de "Maud" vient de Joyce, "The Dead" justement. Quand F Fabian raconte ce souvenir, Trintignant va à la fenêtre et regarde la neige tomber sur Clermont-Ferrand.

Chez Joyce, on a un motif identique, puisque la nouvelle se clôt sur l'aveu d'une épouse, qui raconte à son mari comment elle a perdu, toute jeune, le grand amour de sa vie, Michael Furey - le mari, effondré de voir un tel abîme se creuser entre lui et sa femme se tourne vers la fenêtre : au dehors, la neige tombe "sur tous les vivants et les morts" (c'est le dernier paragraphe du récit et il est sublime) :

A few light taps upon the pane made him turn to the window. It had begun to snow again. He watched sleepily the flakes, silver and dark, falling obliquely against the lamplight. The time had come for him to set out on his journey westward. Yes, the newspapers were right: snow was general all over Ireland. It was falling on every part of the dark central plain, on the treeless hills, falling softly upon the Bog of Allen and, farther westward, softly falling into the dark mutinous Shannon waves. It was falling, too, upon every part of the lonely churchyard on the hill where Michael Furey lay buried. It lay thickly drifted on the crooked crosses and headstones, on the spears of the little gate, on the barren thorns. His soul swooned slowly as he heard the snow falling faintly through the universe and faintly falling, like the descent of their last end, upon all the living and the dead.

Là, il y aurait un branchement à faire, via Rossellini - puisque cette nouvelle est explicitement citée dans "Voyage en Italie", et on sait l'importance de ce film pour la génération de Rohmer.

Qui s'y colle ?
Que sont devenues la neige de Joyce, les cendres de Pompéi, chez Rohmer ?

c'est ton problème mon gars, ne cherche pas à ce que d'autres s'y collent;

j'improvise, quelques mots :

je note à propos de "Viaggio in Italia" (que godard pompera pas mal dans "le mépris") que le film s'ouvre sur une référence à Homère (l'oncle homer dont le couple va vendre la maison), et que le couple lui-même porte le nom de "joyce"; joyce va vendre la maison d'homère, c'est assez beau, pour penser le rapport du classique au moderne (ulysses refaisant l'odyssée), mais c'est l'italie qui intéresse RR, bien entendu, et son fondateur, Enée...; le film est assez complexe, si on le rapporte à stromboli, là aussi il y a des volcans, des cendres, mais c'est pas le même rapport au corps, à la chair, à la vie, au sensible; la lecture de stromboli faite par rohmer, c'est avant tout un ascétisme, le refus des sens, de l'appétit du désir...ici, à l'inverse, c'est comme si RR disait, et il le dit, les anciens avaient un rapport au corps, à la vie, à la mort plus authentique...et il tente de lier ce fond païen au christianisme populaire...



l'épouse n'aimait pas le poète qui l'aimait, position ascétique, amour idéalisé que le film rejette...

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Message par Eyquem Ven 15 Jan 2010 - 0:22

le couple lui-même porte le nom de "joyce"
Pas seulement ça. Il y a une scène d'aveu, dans le Rossellini, manifestement inspirée par la fin de "The Dead", la nouvelle. On entend Ingrid Bergman raconter à Sanders exactement la même histoire, d'un garçon mort d'amour pour elle autrefois. Sauf que Sanders, lui, il se paie ensuite sa tête, si je me souviens bien (impossible de remettre la main sur mon DVD...)

Disons que la neige qui tombe, à la fin de "The Dead", ça rejoignait l'idée évoquée plus haut : de la mort qui rend toutes choses égales. La neige tombe, partout, s'amoncelle en tout endroit, "sur tous les vivants et les morts".

Dans "Ma nuit chez Maud", la neige qui tombe donne lieu à un tout autre commentaire - de la part de l'ami de Trintignant, qui joue le philosophe marxiste. Il dit quelque chose comme ça : "Il neige. Ca fait toc. J'aime pas tellement la neige. Ca fait faux. Ca fait gosse. J'ai horreur de tout ce qui rappelle l'enfance".


Bon, c'est pas si sûr que Rohmer ait lu "The Dead", après tout. J'ai relu la critique qu'il écrit sur "Voyage en Italie", en 53, dans les Cahiers jaunes : il ne dit rien sur le nom de Joyce, ça n'a pas l'air de faire tilt chez lui (faut dire qu'il jure que par Balzac) ; et il ne trouve pas d'autre point de comparaison au film que "L'Aurore".

Faut voir.
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Message par Invité Ven 15 Jan 2010 - 3:38




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