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Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films

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Message par Invité Mar 24 Juil 2012 - 21:49

L'Expedition du fort king de Bud Boetticher, bon western et bonne distribution.
Un des intérêts réside dans une luxuriance assez sombre de la forêt où vivent les indiens très joliment reconstituée, telle, que toute cohabitation avec les blancs semble exclue.

Par ailleurs Booetticher croit plus à la rigueur, la raideur de l'administration, l'armée, qu'au bon sens et à l'ouverture d'esprit.

http://wild-wild-western.over-blog.com/article--l-expedition-du-fort-king-1953--37297919.html

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Message par Invité Mar 24 Juil 2012 - 22:00

Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films - Page 35 SEMINOLE--2-

Lee Marvin y a un petit rôle.

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Message par Invité Ven 27 Juil 2012 - 21:31

pour revenir à Lune de Fiel sans polémiquer c'est vrai que la bande originale assez pourrie de Vangélis n'aide pas le film.

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Message par Invité Sam 28 Juil 2012 - 22:17

j'ai lu un raccourci surprenant concernant ce film. l'auteur parle du cinéma us des années 70 où le refoulé jusque là est maintenant montré. Et d'ajouter : le sexe a maintenant des organes. The exorsist , reprend en 74, la famille là où Polanski l'avait laissée dans Rosemary's Baby.

Je n'aurai jamais pensé faire ce raccourci là, intéressant pourtant ; je crois qu'au fond je méprise Polanski.

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Message par careful Sam 28 Juil 2012 - 23:13

slimfast a écrit:"où le refoulé jusque là est maintenant montré. Et d'ajouter : le sexe a maintenant des organes. The exorsist , reprend en 74, la famille là où Polanski l'avait laissée dans Rosemary's Baby..

Tu fais référence au livre de JPThoret ?
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Message par Invité Sam 28 Juil 2012 - 23:44

Oui mais ce sont des contributions et celle de cet article qui s'appelle : L'idiotie pure du réel, en gros l'abandon du cinéma classique par le nouvel Hollywood, est de Jean-François Rauger ( on aurait pu penser que Thoret s'attribuerait ce sujet de prédilection pour lui, ben non ! ). Et d'ailleurs l'article est bien, sec, rapide, tendu.

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Message par Invité Sam 28 Juil 2012 - 23:59

slimfast a écrit:j'ai lu un raccourci surprenant concernant ce film. l'auteur parle du cinéma us des années 70 où le refoulé jusque là est maintenant montré. Et d'ajouter : le sexe a maintenant des organes. The exorsist , reprend en 74, la famille là où Polanski l'avait laissée dans Rosemary's Baby.

Je n'aurai jamais pensé faire ce raccourci là, intéressant pourtant ; je crois qu'au fond je méprise Polanski.

Je ne saisis pas en quoi ça te conduit à mépriser Polanski.

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Message par Invité Dim 29 Juil 2012 - 9:58

effectivement pas de cause à effet mais du mépris pour s'être un peu trop éparpillé partout et avoir été sous les feux d'une actualité personnelle autant que pour ses films. Personnage trop ambigu.

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Message par Invité Dim 29 Juil 2012 - 13:46

"Coeur Fidèle" de Jean Epstein.



Très émouvant: ce film est l'émergence d'un vocabulaire cinématographique adulte, de l'idée que le montage raconte l'intrigue mais Epstein le filme déjà comme l'objet d'une perte puis d'une restitution.
(Epstein assumait le caractère stéréotypé et hyper-symbolique de l’intrigue mélodramatique: l'essentiel n'était pas cette intrigue elle-même, mais de s'en servir pour développer une nouvelle forme: la célèbre scène de la foire, mais aussi les superbes fondus entre deux plans: des silhouette d'hommes et de femmes et l'océan qui remplace la texture de leur ombre)



On trouve aussi "la Chute de la Maison Usher" sur YouTube:


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Message par Invité Dim 29 Juil 2012 - 13:55

slimfast a écrit: je crois qu'au fond je méprise Polanski.

Et en surface tu fais comment?

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Message par Invité Dim 29 Juil 2012 - 14:13

la question ne se pose tout simplement pas !

Wink

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Message par Invité Dim 29 Juil 2012 - 14:58

Sinon le réalisateur moderne le plus proche stylistiquement d'Epstein dans "Coeur Fidèle" est sans doute Peter Tscherkassky

Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films - Page 35 Jean_Epstein

Dans Coeur Fidèle: Intéressant travail sur l'idée du cinéma comme forme apte à exprimer de manière singulière un rapport du travail à la matière, non-naturaliste mais intégré au récit, une voie que le cinéma n'a pas approfondie

Dans le film, les gens n'ont pas de biographie: le type de travail qu'ils font et leur place dans l'ordre économique joue le même rôle qu'une mémoire, une origine et une enfance.

Cela a peut-être un lien avec la fascination du film pour une sorte de "sensibilité mécanique": les manèges, les machines à sous, les camions. A la fin un dernier plan étrange sur une espèce de fractale de fleurs mécaniques qui semble provenir d'un gros plan sur les ressorts d'une attraction de manège, qui introduit la phrase: "l'amour permet de tout oublier".
En fait la machine pour Epstein semble elle-même capable d'un investissement amoureux .

Epstein filme deux ordres: celui de la société humaine, dans une forme de dénonciation réaliste et naturaliste de la misère, et celui de la machine, qui lui est poétique et échappe à ce déterminisme social. En fait la différence entre ces deux registres c'est que l'ordre social n’admet pas dans la réalité l'idée de réparation, mais la machine oui.
L’attelle de l’infirme, brisée par un camion lorsqu'elle essaye d'empêcher la confrontation entre le mari poivrot et l'amant, lui est redonnée, de la même manière que son meurtre lui est pardonné, mais c'est utopique et incroyable.
D’ailleurs ce personnage de jeune fille infirme (et paradoxalement: protectrice du couple adultère) est au centre du film, plus que les deux amants (elle seule réussit à préméditer efficacement ses actions)

Epstein raconte une fable moderne: c'est le recours à la machine comme espoir ou désir d'une telle possibilité de réparation du social. La machine est ainsi placée dans l'irréel mais en même temps dans ce par rapport à quoi l'ordre social est défini comme passion. Et le cinéma est le processus qui permet d'installer ce dispositif.


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Message par Invité Dim 29 Juil 2012 - 15:48

"Sylvia Scarlett" de Cukor.

Flou dans le genre tout azimut, à la fois sexuel (double, car l’ambiguïté homme-femme ne se superpose pas à l'ambiguïté straight-gay), dramatique (mélo et comédie) et social (comédie de classe, mais sans compassion, la pauvreté et finement décrite comme une position qui permet une lucidité et unz franchise intellectuelle que la bourgeoisie n'a pas. Mais elle est aussi désinvestie, elle est ce que le film abandonne en cours de route).

Gag: Katherine Hepburn, travestie en homme (en pierrot), arrivé à séduire un dandy anglais que l'on devine mauvais peintre, et éprouve plus de facilité à évincer sa rivale tant qu’elle ne découvre pas sa féminité, plutôt qu'en la revendiquant. Ils finiront ensemble, mais il y aura tout un travail où le lord devra faire le deuil de son homosexualité possible (et aussi de son fantasme du couple, en devant courir littéralement après).
Ce n'est pas un quiproquo; plutôt un système où chacun détient sur l'autre une vérité que cet autre ignore lui-même, qui s'appelle la sexualité.

Tragédie: le père de Katherine Hepburn se suicide de dépit amoureux (effet collatéral de la situation décrite plus haut). C'est bien la seule chose sur laquelle elle ne pleure pas de tout le film (tout comme la mort de sa mère au tout début), mais elle est déjà dans le deuil avant de le savoir. Vertige et malaise: cette absence de chagrin visible est telle liée à une stylisation romanesque, ou bien est elle plus vraie que la réalité elle-même?
En fait la mort est située à la limite de cette logique de séparation entre la saisie d'un sentiment et l'attention à la personne qui en fait l'objet, qui permet à la fois la sexualité et le discours. Pour Cukor, il n'y a sans doute pas non plus de rapport sentimental à la mort. L'objet de Cukor, c'est la mort du deuil, une mort au second degré.

Le film est drôle, mais on ne rit qu'une seule fois: à la dernière réplique ("ma pauvre, qu'est-ce que tu te goures"). Agréable de voir un film moderne antérieur au code Hays.



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Message par Invité Dim 29 Juil 2012 - 19:04

quand Daney et Skorecki la vingtaine fraîchement émoulue ont entrepris leur visite des vieilles gloires d'Hollywood, à Cukor ils ont dit que son meilleur film était Sylvia Scarlett. Cette grande folle est partie d'un gros éclat de rire convoquant tous ses assistants derrière qu'ils viennent écouter ce que ces deux frenchies venaient de dire, et tous de se plier en deux.

car voyez-vous à cette époque là encore hollywood confondait box office et talent ( le film n'ayant pas fait une thune, était forcément nul ... on y revient, doucement ... on s'en rapproche à nouveau ).

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Message par Invité Lun 30 Juil 2012 - 19:15

"Pays de Cocagne" de Pierre Etaix.

En gros, le concept c'est une version gonzo-guide michelin du "Joli Mai". Après Mai 68, des vacanciers lambda et des participants à un radio crochet Europe1 (certains bien allumés, genre debordo-nietzchéens brechtiens et christiques croyant à fond dans le suprématisme émancipateur et missionnaire de l'artiste guidant les masses, ils foutent les jetons) sont interrogés sur la surconsommation, la télé, le voyage dans la Lune, la musique populaire, Goebbels, la pub et la position de l'électorat PCF face à la consommation (le gaspillage n'est pas forcément un luxe), le camping ou la location, la famine au Biafra. L'idée c'est que mai 68 n'a pas eu lieu, ou de manière plus intéressante: que les transformations du paysage urbain l'ont neutralisé (une thèse que le situationniste reprend et critique lorsqu'elle se transforme en expertise)

Ce n'est pas inintéressant, mais c'est vraiment la matrice du regard caméra à la Manu Bonmariage (StripTease): on valorise de manière consolatrice l'étrangeté légitime du loser, en lui donne le temps de parler, de produire une vérité malaisée à cerner à partir d'un cliché qui s'épuise. Mais en même temps on se fout complètement de sa gueule (cela ne produit qu'un type particulier de réaction "c'est pas possible d'être aussi con, cruel" etc...ou bien "cette bourgeoise dit des tonnes de conneries sur la banlieue, mais quand elle ne contrôle plus sa souffrance elle cesse d'être misanthrope, je lui donne 6/10", le spectateur est un témoin éclairé dont on recherche la pantoise approbation).

- Les congés payés ne sont pas considérés comme un acquis, mais un fait de civilisation.

Le texte d'intro, dictée décadrée sur la France et ses splendeurs, est quand-même pas mal, et plus encore le film amorce avec la pellicule qui envahit tout, détruit une studio, une Porsche 911 d'artiste parvenu...
Il y a aussi un peu de sensibilité queer a-temporelle, avec d'émouvants vieux gendarmes pétomanes avec leurs narines et un chef de majorette sur la plage de Saint Cast le Guido qui ressemble à Jules Berry en bleu à lèvre et clope au bec, un peu chorégraphe, un peu officier d'appontage sur un porte avion, vraiment très ricard.


Dernière édition par Tony le Mort le Mer 1 Aoû 2012 - 16:00, édité 2 fois

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Message par Invité Lun 30 Juil 2012 - 20:13

Ceci dit:
vrai talent de monteur: le film montre rarement les personnes qui parlent (noir et blanc très Joli Mai), mais à la place des images (en couleur) qui soit contredisent leur propos, soit leur donne une portée ironiquement contestatrice (quand un bourgeoise fait la différence les "HLM cage à lapin" où vivent d'ailleurs ses peropes neveux et les "bons HLM pour gens convenables", que veut-elle dire, quelle nuance réelle transforme t'elle en condamnation?). Il trouve une bonne image qui condense la durée d'un processus social transformant une certitude en préjugé. Le bruit fait le même travail que l'image

-récupération amère: en 2010 le film a été restauré avec l'aide de la fondation GAN pour le cinéma. Pourtant la partie la plus percutante du film arrive à souligner ce qui dans leurs publicités, leurs slogans de 1969, leurs logos, s'apparentait au facisme . On voit un 'animateur d'Europe 1 sponsorisé par GAN en parade motorisée dans une R16 décapotable dans Aix les Bains, faisant les gestes mécaniques de fusion avec la foule évoquant Hitler dans les Sudètes, le public ne perçoit pas leur répétition cyclique et cynique, que les plans d'Etaix parviennent à capter.


Dernière édition par Tony le Mort le Mer 1 Aoû 2012 - 15:50, édité 1 fois

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Message par Invité Lun 30 Juil 2012 - 20:25

La seule manière pour Etaix de montrer qu'il ne croit pas en un discours ou en un rituel (l'animateur intervillien en dieu solaire): les capter intégralement. Rien ne s'articule après eux. Il critique la stérilité de l'ordre social plutôt que l'aliénation (qui elle aussi peut reposer sur la hantise de cette stérilité).

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Message par Invité Mer 1 Aoû 2012 - 15:36

Version diurne et réécrite:

"Uzak" de Nuri Bilge Ceylan (2002).

Bien aimé. Intéressant de le comparer avec une Séparation. Les deux films ont des formes différentes, mais des enjeux assez proches qui transparaissent dans les ressemblance entre les personnages masculins. Il s'agît d' intellectuels "éclairés" (perdus) de la classe moyenne urbaine, qui se trouvent quittés par leurs femmes, et prennent alors seulement conscience du fait que l'enjeu de leur progressisme politique n'est pas le bonheur, et n'avait jamais été pensé comme le bonheur. Ils flanchent, pendant que les femmes paraissent mieux assumer cette lucidité sur l'usure et le malentendu sur le sens psychologique profond des idéaux.

Il y a sans doute dans ces films une articulation entre la laïcité et la prise en compte de l'émancipation féminine (non pas comme un désir, ici la laïcité est double: une forme de confiance en la cité, aussi idéale que la religion, mais également aussi politique et compromise avec le réel que la religion) avec un mouvement contraire où il existe une relation subie entre la séparation amoureuse, l'échec du couple et l'idée d'une transcendance qui ne se saisit que par le manque (les scènes où le photographe et le cousin sont seuls dans leur lit, désabusés, en train de se provoquer des hallucinations quasi mystiques).

Mais ici les personnages féminins sont effacés. Pas complètement absents, mais ils ne déploient pas de discours.
Ils représentent une position sur le discours, mais pas le discours lui-même, ainsi qu'un mouvement de compréhension mystérieuse et d'esquive furtive. Le ton du film est ainsi plus symbolique et moins lié à la mécanique du rebondissement que "Une Séparation".
Il y peut-être un lien: là où la femme est présente cela correspond un récit qui joue sur la contestation des rôles familiaux pour poser directement une question politique. Là où elle s'absente on obtient plutôt un récit où ces rôles s'épuisent et meurent (une idée mal comprise de l'intégrité et de la non-concession, perçue comme masculine) , et où la politique devient elle-même signe et symbole . Le passé du photographe d'Uzak est traité par allusion, ainsi le poster du film de Güney, son refus du néo-folklore kitsch musical, qui inclut aussi sans qu'il le veuille un refus de toute la culture populaire et le sépare de son cousin)..
La situation des femmes, doublement éludées par la religion et le nationalisme laïc kémaliste, est aussi plus explicitement le sujet de l'intéressant Congoluk de Seren Yüce. En Iran la situation du divorce est aussi centrale dans les films de Kiarostami: même le personnage central de "Close Up" est positionné comme divorcé, ce qui joue comme un facteur de suspicion dans son procès.

Par ailleurs le film est drôle ( plus que "les Climats"), il fait preuve d'un humour vachard, masochiste et bien ajusté envers le cinéphile dépeint en quarantenaire souffreteux, désabusé et infâme. Il y a une Scène très drôle où Stalker de Tarkovski sert de caution pour le visionnage honteux mais assumé d'un film porno, puis de manière légitime mais contrainte à celui d'un sitcom villageois puis un film de Kung Fu. Regard fin sur le renversement d'une pensée progressiste qui confrontée à un échec verse dans une déploration de soi très conservatrice, très "vieux con". Le film cite Tarkovski, mais paraît plus proche en fait du Pialat de "Nous ne vieillirons pas ensemble" ou les premiers Chabrol avec Gérard Blain et Brialy (même signification de la neige)


Dernière édition par Tony le Mort le Jeu 2 Aoû 2012 - 16:34, édité 4 fois

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Message par Invité Mer 1 Aoû 2012 - 15:57

Belle idée de bande son, où les bruits de l'extérieur sont un souffle qui contamine les scènes d'intérieur. Cela installe un atmosphère hiératique et mystérieuse, qui contraste étrangement avec le comique du film.

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Message par Invité Jeu 2 Aoû 2012 - 14:38

Dark knight rises de Nolan

spoilers

Un romanesque à la Dumas prenant pied dans l'Histoire, des personnages qui reviennent d'outre tombe, une milady en cuir noir, mais sans la naïve philosophie, sans la gourmandise de l'auteur de vingt ans après;
un esprit de sérieux, un esprit mortifère assemble des pièces dramatiques à la manière d'un employé de banque scrupuleux, d'un comptable; mais comptable du spectacle montré devant quel homme? quel groupe? quel public?

Parfois le film fait penser à die hard 3, dans sa manière d'investir le ville, et fait pale figure tant il simplifie, segmente, isole. Il prétend décrire un semblant de conflit de classe, révolutionnaire, entre les profiteurs, les riches, Bruce Wayne, Daggett, et les pauvres de fait ou d'héritage, les damnés des égouts_ la voleuse, Selina Kyle.

Mais Nolan n'a pas tant de courage, et peut être un goût aristocratique prononcé.
Les rapports entre Wayne et son domestique, Alfred, sont, à cet égard, assez perfides:
Alfred confit à son employeur un rêve. Il se rend durant ses vacances en Italie _ une Italie florentine, touristique, friquée, et s'assied à la terrasse d'un café, en imaginant qu'il y croise Wayne, assit en charmante compagnie à une autre table.
Il imagine pour son patron une vie idéale, avec une femme belle, disons Selina Kyle, que l'on voyait plus en Robin des bois au départ, à ses côtés. Et dans son rêve, la pudeur l'enjoint à ne pas déranger une si belle projection et il s'efface. Il s'efface de lui même, comme si il avait totalement intégré la domination sociale qui régente les rapports entre lui et Wayne.
Ce rêve bien sûr prend forme à la fin comme disparaît toute proposition de lutte.

Quand dans la séquence de Wall Street, Nolan montre deux traders cyniques se faisant reluire les godasses par un gamin, le gamin n'a qu'une fonction d'exemple, il n'existe pas pour le cinéaste, on ne voit jamais son visage.
De même, Bane, le méchant, n'est pas, on l'apprend à la fin, motivé par des considérations politiques; tout se dégonfle par la grâce des retournements de situations imaginés de main de piteux maître par Nolan.
Une scène vue dans la bande annonce, l'écroulement d'un terrain de foot américain, est intéressante; la caméra suit le joueur ayant la balle; il parvient à échapper à ses poursuivants et à l'évanouissement du terrain de jeu et franchit la ligne signifiant qu'il marque le point. C'est sans doute l'essentiel à retenir, malgré tout le succès est au bout (le dénouement du film, Batman sauvant la ville, est un motif semblable à la scène du foot américain, une rime).

Alors qu'elle est l'ambition réelle de ce blockbuster _substantif qui convient si bien à dark knight rising? Dresser un état du monde contemporain.
Mais c'est moins la crise financière internationale qu'il réinvente (le temps d'une scène assez nulle à Wall street, déjà évoquée), que, de nouveau, l'espoir d'un redressement, d'une re-élévation de l'impériale Amérique étasunienne. De nouveau?
oui. Comme si les dramaturges d'Hollywood faisait des stages au pentagone, on retrouve de manière un peu surprenante les mêmes objets, les mêmes symboles, les mêmes obsessions que dans d'autres oeuvres récentes.
Comme dans The Avengers, Prometheus, la cible, c'est le moyen orient, l'Iran, pour être plus précis.
le scénar en gros, c'est Wayne industries qui créé un réacteur nucléaire propre afin de donner de l'énergie à Gotham, mais le but visé est détourné pour des objectifs de destruction par des bandits venus du moyen orient, des membres de la ligue de l'ombre de Ra's al Ghul. Subtil n'est il pas?
Mais un aspect qui m'avait moins marqué dans ces autres "blocks" mais que DKR fait resurgir, c'est l'obsession aérienne, le contrôle du ciel assure la domination stratégique; c'est ce que révèle une exclamation prononcée par fox (je ne m'en rappelle plus avec exactitude), le personnage joué par Morgan Freeman, celui qui fournit à Batman ses gadgets et ses armes, dont le "bat", une sorte d'hélico de combat.
Pour approfondir la question, il faut dire qu'il y a une sorte de jeu à propos du bat entre le scénariste et l'audience, entre Wayne et Fox; ce dernier avertit son patron qu'il n'a pas eu le temps du paramétrer un pilote automatique pour l'appareil; et donc à la fin, quand Batman s'éloigne à bord du bat pour sauver la ville, on pense qu'il va mourir. Mais on comprend ensuite qu'il a eu le temps d'ajouter un pilote automatique de sa propre conception.
Quand on sait l'importance des drones dans les guerres actuelles menées par les États-Unis, la vision idéale est une guerre sans soldats américains morts, une guerre téléguidée, on se dit que cette mention d'un auto pilote n'est pas anodine, non plus que la présence d'une bombe nucléaire, comme dans the avengers.
On pourrait écrire un beau texte en partant de air strategic command d'Anthony Mann, de l'héritage de la seconde guerre mondiale tel qu'assimilé par l'Amérique, jusqu'à nos jours, jusqu'à Dark knight rises.

wiki a écrit:Un blockbuster serait donc une pièce qui mènerait tous les autres théâtres du voisinage à la banqueroute. Le terme blockbuster a probablement été tiré du vocabulaire militaire : blockbuster étant le nom de la plus puissante bombe utilisée par l'armée anglaise et américaine durant la Seconde Guerre mondiale.


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Message par Invité Jeu 2 Aoû 2012 - 15:56

J'avais été choqué par la scène des bateaux piégés dans laquelle la population de Gotham était parquée dans le Batman d'il y a 4 ans, et n'ai pas envie d'en voir un autre. Ce n'est pas le tant la représentation du super-héros que celle de la société qui me dérange. J'ai pas besoin de payer pour que l'on m'explique seulement que c'est l'humain qui souffre dans la fascisme. C'était une exploitation commerciale des phobies post 11 septembre. Si certains en ont pour leur argent, tant mieux pour eux.
Les affiche du Batman actuel sont du même acabit. Cela m'étonne pas qu'un pauvre crétin désocialisé tire parti du film pour flinguer tout le monde dans un cinéma de banlieue (plus de mort que l'attentat antisémite en Bulgarie, moins que la situation en Syrie, cette position moyenne qui contribuait à l'existence de l'évènement était comique et horrible). Une vengeance ratée et meurtrière de l'individu contre l'espace public, et l'ordre moral qui est censé nous en protéger, c'est justement tout ce qui est raconté dans Batman.

Ce n'est pas non plus idée d’utiliser le cinéma pour faire passer un message qui me choque, mais celle d'utiliser le cinéma pour réduire le réel à ce message. L'ironie qui reste parfois présente ne sert plus à rien. Les personnages du Batman de 2008 n'avait aucune épaississeurs, juste des déchirures, directement expliquées par leur histoire. Je préfère attendre 15 ans pour voir la version actuelle d'une telle merde, contempler le vide demande de la préparation.

28 Semaines Plus Tard m'avait fait le même effet, j'étais parti à les scène où la masse est parquée dans un enclos avec les zombies, et déjà après 10 minutes de film l’espèce de musiquette techno du supermarché pour souligner le mouvement de masse des zombie était gerbante. Je ne peux plus voir un film avec Robert Carlyle.

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Message par Invité Sam 4 Aoû 2012 - 12:44

j'ai vaguement entendu Badiou tout à l'heure, avant 14h je crois et sur France-inter. J'ignore si c'est régulier.

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Message par Invité Sam 4 Aoû 2012 - 19:58

Hé Slimfast, j'ai lu aujourd'hui des bouts de "la Maison Cinéma et le Monde" (très intéressant, il y a notamment un texte sur un festival "cahiers "en Syrie en 1976, qui permet de cerner un peu la situation actuelle par ce qu'il raconte du contexte politique. e) .

On retrouve l'anecdote que tu mentionnes avec Cukor, mais je me demande si tu confondrais pas "Wind Across the Everglade" avec "Sylvia Scarlett"

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Message par Invité Dim 5 Aoû 2012 - 13:36

"la Règle du Jeu" de Renoir.
Une forme de vitalité douloureuse, le film annonce une rénovation du vocabulaire filmique qui se manifestera pleinement après-guerre, mais c'est ici l'instrument dont son pessimisme d'avant la catastrophe à dû se doter.
Le regard sur le couple est profond, annonce le cynisme mélancolique d'un Chabrol, mais ici, il ne vaut que comme métaphore du fascisme et du sacrifice collectif de la vérité, la question est de savoir si le fait de rendre silencieux ce dont est conscient est un évènement, ou une fonction psychologique: ce qui est en jeu c'est la saisie anthropologique complète de la guerre qui n'est pas encore tout à fait là .
Singulièrement Renoir se donne le rôle d'Alfred, personnage truculent mais aux contours imprécis, qui dupe autrui, mais un peu malgré lui, en développant intentionnellement une stratégie de duperie parallèle, qui ne correspond même pas à son désir (d'un côté la mort de son ami Jurieux, dont il est jaloux tant de la réussite visible et de son détachement mélancolique, de l'autre le fait de séduire la femme dont il fait semblant d'oublier qu'il a déjà gagnée il y a longtemps, avant d'être vieux) .
Renoir est ici un matérialiste qui découvre qu'il portait lui-même une conception platonicienne et idéaliste de l'amour et de la société qu'au moment de la mort de ces idées. Son platonisme est la seule façon de rendre raison de son attachement pour elle.

Le film rompt avec l’expressionnisme en le marginalisant: dans la très belle ouverture du film, tout exprime la totalité de la société française au moment de Munich, mais est concentré en 10 minutes: dans l'apparence des radios, le phrasé des journalistes, l'ingénieur qui doit lui-même récupérer un succès technique dont il est à l'origine (et se substitue par cette récupération à la politique). Cette récupération n'est plus un épilogue moral, mais un environnement (donc le sens du film), qui peut alors se permettre d'être juste évoqué.

Le domaine de l’expressionnisme n'est plus celui d'un état d'âme, mais de l'opinion réduite à un objet. L'assimilation du réel à un spectacle fonctionne déjà comme ce à quoi on se rapporte comme un fait passé, dans un film qui assume déjà avant le guerre le fait que la description du fascisme impliquera sa propre forme de classicisme.

La limite du film, c'est de ne pouvoir se détacher du fascisme qu'au prix de le réduire à un environnement, à ce qui remplace la nature, et est non directement perçu comme politique. Mais c'est aussi sa force, car il le saisit avec justesse comme ce qui n'admet pas le point de vue .
Comme la scène de chasse, où l'écureuil, situé du côté de la vraie nature, regarde directement les humains qui eux le regarde eux avec une jumelle dont le fonctionnement doit être expliqué à la marquise, le même instrument qui est d'ailleurs à l'origine de la manipulation érotique du film. Il y a dans cette scène peut-être une inquiétude de la part de Renoir sur le rôle du cinéma dans la configuration technologique du fascisme: l'homme acquiert par la technique un deuxième deux regard, celui de l'objectif en plus de celui de l’œil. Mais paradoxalement il est condamné à l'emploi permanent de l’œil artificiel. Au contraire la nature n'a quant à elle qu'un seul œil, mais aspire à la possibilité d'un autre regard qui lui est refusé.
Le fascisme est montré comme ce qui met à mort à la fois la nature, et la possibilité du flou comme refuge d'où un point de vue légitime sur le réel serait encore possible. Dorénavant, le domaine légitime d'où peut partir l'opinion doit déjà avoir été discerné et lui-même découpé, et Renoir montre cela comme l’effet d'une chute.


Dernière édition par Tony le Mort le Mar 7 Aoû 2012 - 11:47, édité 3 fois

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Message par Invité Lun 6 Aoû 2012 - 12:13

tout est bon dans ce film !

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