Tarantino : Django Unchained
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Re: Tarantino : Django Unchained
borges,
Overlook, c est passé sous silence.
Les dorures de la gold room, la bonne image que se reflete la haute société sur la photo final de shining sont le pendant au domaine verdoyant de di caprio. Mais cela n'empeche pas le major d'homme que rencontre jack de traité de nigger, le seul personnage qui sera tué dans le film, un noir. Le major d'homme comme le barman de shinng sont les reflets du samuel l jackson de Django.
jack veut tuer sa famille par desoeuvrement et par frustration de sa perte de niveau de classe sociale, il a enfouit en lui ce refoulement raciste que ces ancestres libérées avec violence entre deux banquets vertueux. En cela le paradis perdus de jack dans shining ressemble bien au paradis de di caprio, le mal fut avant pour d'autre le paradis. En cela le scorsesien final de Django est un retour du refoulé ensanglanté des horreurs de la plantation, en correspondance presqu'avec les images des jeunes filles de Mr. Grady de l'overlook hotel. Pour ce qui est du coton ensanglanté, on va pas ici nous refaire le coup de godard et du plan "juste pas possible" de ralentit de soldat touché par une balle de vietnamienne dans "full metal jacket".
Pour ce qui est des clichés journalistiques, je veux bien reconnaitre qu'ils sont nombreux mais j'ai fait la comparaison avec leone tout seul comme un grand et je continue a pensé que tarentino est encore quelque peu chahuté avec les memes arguments que l'on mettait en avant il y a 50 ans quand leone sortit son premier western. J'essaye de garder raison cependant sur le dossier tarentino et il est vrai qu'une presse trop unanime a de quoi entretenir une suspition bienvenue. C'est vrai egalement comme dit slim, que le gars depuis IB fait dans l'auto promo suspect. Il est vrai egalement que tarentino n'aime pas les looseurs et que pour lui le professionnalisme est l'arme absolue. Tarentino c'est l'anti ford, le gars se rapprocherait de hawks de ce côté la, mais un hawks qui aurait la facheuse habitude de planté par passion excessive, par gout de se la raconté, voici une defintion parfaite peut-être de son cinema
glj- Messages : 518
Re: Tarantino : Django Unchained
On dit "j'ai vu un Tarantino" et "j'ai dansé sur une tarentelle". A la fin!
Invité- Invité
Re: Tarantino : Django Unchained
Baudouin II de Barvaux a écrit:On dit "j'ai vu un Tarantino" et "j'ai dansé sur une tarentelle". A la fin!
je crois d'ailleurs qu'on dit danser la tarentelle
Invité- Invité
Re: Tarantino : Django Unchained
Appeler un endroit overlook amène fatalement à la surestimer son mportance
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Re: Tarantino : Django Unchained
On dit les deux. La tarentelle étant une forme musicale, comme la "valse", ou la "gigue".
On dit "j'ai dansé sur une valse" de préférence à "j'ai dansé la valse". Par contre, on dit plutôt "il danse la gigue" que "sur une gigue", mais c'est admis aussi ...
Bien sûr, les comptines populaires ont consacré "dansons la...":
(faut l'dire, hein, si on sort trop du sujet. )
On dit "j'ai dansé sur une valse" de préférence à "j'ai dansé la valse". Par contre, on dit plutôt "il danse la gigue" que "sur une gigue", mais c'est admis aussi ...
Bien sûr, les comptines populaires ont consacré "dansons la...":
(faut l'dire, hein, si on sort trop du sujet. )
Invité- Invité
Re: Tarantino : Django Unchained
Il suffit de passer le pont
C'est tout de suite l'aventure
Laisse-moi tenir ton jupon
J't'emmèn' visiter la nature
L'herbe est douce à Pâques fleuries
Jetons mes sabots, tes galoches
Et, légers comme des cabris
Courons après les sons de cloches
Ding din don ! les matines sonnent
En l'honneur de notre bonheur
Ding din dong ! faut l'dire à personne
J'ai graissé la patte au sonneur
Laisse-moi tenir ton jupon
Courons, guilleret, guillerette
Il suffit de passer le pont
Et c'est le royaum' des fleurettes
Entre tout's les bell's que voici
Je devin' cell' que tu préfères
C'est pas l'coqu'licot, Dieu merci
Ni l'coucou, mais la primevère
J'en vois un' blottie sous les feuilles
Elle est en velours comm' tes joues
Fais le guet pendant qu'je la cueille
" Je n'ai jamais aimé que vous "
Il suffit de trois petits bonds
C'est tout de suit' la tarantelle
Laisse-moi tenir ton jupon
J'saurai ménager tes dentelles
J'ai graissé la patte au berger
Pour lui fair' jouer une aubade
Lors, ma mie, sans croire au danger
Faisons mille et une gambades
Ton pied frappe et frappe la mousse
Si l'chardon s'y pique dedans
Ne pleure pas, ma mie qui souffre
Je te l'enlève avec les dents
On n'a plus rien à se cacher
On peut s'aimer comm' bon nous semble
Et tant mieux si c'est un péché
Nous irons en enfer ensemble
Il suffit de passer le pont
Laisse-moi tenir ton jupon
Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1953 © Warner-Chapell Music France
voila comment brassens l'utilise dans cette chanson ; elle revient dans une autre, j'ai oublié laquelle, ça me reviendra c'est pas important. danser une tarentelle je trouve que ça sonne bizarre.
C'est tout de suite l'aventure
Laisse-moi tenir ton jupon
J't'emmèn' visiter la nature
L'herbe est douce à Pâques fleuries
Jetons mes sabots, tes galoches
Et, légers comme des cabris
Courons après les sons de cloches
Ding din don ! les matines sonnent
En l'honneur de notre bonheur
Ding din dong ! faut l'dire à personne
J'ai graissé la patte au sonneur
Laisse-moi tenir ton jupon
Courons, guilleret, guillerette
Il suffit de passer le pont
Et c'est le royaum' des fleurettes
Entre tout's les bell's que voici
Je devin' cell' que tu préfères
C'est pas l'coqu'licot, Dieu merci
Ni l'coucou, mais la primevère
J'en vois un' blottie sous les feuilles
Elle est en velours comm' tes joues
Fais le guet pendant qu'je la cueille
" Je n'ai jamais aimé que vous "
Il suffit de trois petits bonds
C'est tout de suit' la tarantelle
Laisse-moi tenir ton jupon
J'saurai ménager tes dentelles
J'ai graissé la patte au berger
Pour lui fair' jouer une aubade
Lors, ma mie, sans croire au danger
Faisons mille et une gambades
Ton pied frappe et frappe la mousse
Si l'chardon s'y pique dedans
Ne pleure pas, ma mie qui souffre
Je te l'enlève avec les dents
On n'a plus rien à se cacher
On peut s'aimer comm' bon nous semble
Et tant mieux si c'est un péché
Nous irons en enfer ensemble
Il suffit de passer le pont
Laisse-moi tenir ton jupon
Paroles: Georges Brassens. Musique: Georges Brassens 1953 © Warner-Chapell Music France
voila comment brassens l'utilise dans cette chanson ; elle revient dans une autre, j'ai oublié laquelle, ça me reviendra c'est pas important. danser une tarentelle je trouve que ça sonne bizarre.
Invité- Invité
Re: Tarantino : Django Unchained
Bon ba apres la comptine du soir je vais faire dodo
Bonne nuit
Bonne nuit
glj- Messages : 518
Re: Tarantino : Django Unchained
Y a ça aussi:
Un bon Jack Arnold de derrière les fagots. Le mec qui a signé le merveilleux Homme qui rétrécit.
(Bon, j'arrête)
Un bon Jack Arnold de derrière les fagots. Le mec qui a signé le merveilleux Homme qui rétrécit.
(Bon, j'arrête)
Invité- Invité
Re: Tarantino : Django Unchained
Tony le Mort a écrit: L'asymétrie christique du sacrifice, et de ses voies détournées (sauver les autres en les agressant, c'est souvent un trop beau rôle) c'est bien joli et peut être utile une fois ou deux, mais la réciprocité est parfois pas mal non plus.
Enfin c'est mon point de vue de toche-cul.
Mais putain, il a rien compris. C'est exactement le contraire: j'évoque la dimension de symétrie et de réciprocité du message christique ("aime ton prochain comme toi-même"), qui rompt avec l'asymétrie du rapport à dieu et à l'autre homme dans le judaïsme. ***
Et j'ai parlé où, de "sacrifice", ici?
Qu'il apprenne à lire, lui aussi, déjà, avant d'écrire ses trucs incompréhensibles... Un sacré "toche-cul", peut-être, et là encore, t'as lu de travers: c'est l'interlocuteur (?) que tu prends pour un torche-cul. Mais je peux pas changer tes couches à chaque fois non plus, ce serait un full-time job. De franc-maçon verviétois.
Quand je me sens en forme, je m'essaie courageusement à lire les posts de TLM, en me disant: " allez, on y croit, on s'retrousse les manches. Arrêtons les "faut qu'on" et les "yaka" ". Et à chaque fois, je déprime. Forcément, comme dirait l'aut'zig.
***
Symétrie, dans mon commentaire supra à propos du christ, a un sens précis: celui de l'égalité d'un rapport "fraternel" avec un "alter-ego", sur le plan "anthropologique"; réduction de l'altérité absolue du divin - qui se fait homme parmi les hommes, sur le plan "théologique".
Ce sont deux éléments - co-dépendants (mais on va pas se lancer ici dans la complexité du problème: pour moi le plan "théologique" se déduit du seul plan "anthropologique") - qui caractérisent la "nouveauté" du message de Jésus, juif hétérodoxe, bien qu'il reprenne en les radicalisant des éléments du plan "anthropologique" déjà présents dans le Lévitique, par ex. (aime ton prochain comme toi-même).
Il ne faut pas confondre, bien sûr, symétrie (ou réciprocité) - au sens où j'emploie ici ces termes - avec ce qui se présente dans le geste de la "joue tendue" comme a-symétrique, lui, en un autre sens: lorsque jésus prône de tendre la joue gauche à celui qui vous gifle la droite, il introduit ce qu'on peut nommer une a-symétrie dans le rapport, cad une réponse qui interrompt, distord, brise la reproduction en miroir symétrique de la violence par identification mimétique.
Il brise le reflet symétrique de cette violence, sa réciprocité (la réplique violente à l'acte violent) en lui substituant un autre reflet. Une image alternative si on veut, en asymétrie de cette violence, à travers laquelle l'autre peut reconnaître ou se reconnaître comme pouvant répondre de façon non-violente, cad selon une logique spéculaire de l'amour du prochain, amour qui lui est renvoyé par déviation du reflet. Il s'agit de proposer un autre miroir, un miroir inversé; il s'agit en quelque sorte de guérir ou soigner la violence - l'asymétrie de la violence - par une correction du reflet qui, renversant cette asymétrie, rend possible une autre symétrie du rapport "inter-subjectif", comme on dit, selon l'amour et non la haine. Il faut saisir cette nuance, ici: ne pas confondre "symétrie/réciprocité" (dans la loi du Talion) et "symétrie/réciprocité" (d'un rapport non violent entre égaux). Nuance qui est subtile puisqu'il s'agit d'introduire, donc, une asymétrie spéculaire dans l'asymétrie du rapport violent, pour rétablir une symétrie ou réciprocité de rapport non-violent...
Il s'agit encore et toujours de regard et de rapport mimétiques, de processus de reconnaissance en miroir dirait Kojève, de désir mimétique dira Girard: mais à la symétrie de la violence répondant par la violence, est substitué un reflet qui la dévie, un autre miroir.
C'est dans cette perspective que le propos célèbre de Jésus peut être compris. On sait que par ce propos Jésus s'oppose à une tradition apprise, notamment dans le Pentaqueuque et le Deutéronome ("œil pour œil, dent pour dent, main pour main..."), qui sont une reprise parmi bien d'autres, et pas que juives bien sûr, de ce qu'on nomme la "loi du Talion", code de justice fondé sur la réciprocité du châtiment, et dont les bases sont posées dans le code babylonien d'Hammourabi, faut-il le rappeler. (Code de justice dont d'autres corps de textes, comme le Talmud, contesteront déjà l'application littérale, appelant à une application restreinte (dédommagement financier, notamment), et sinon confiée à un examen au cas par cas par un tribunal rabbinique.
- - - - - -
... Quant à Tarantino, je vais pas risquer de m'exploser le cortex à essayer de trouver dans ses productions récentes je ne sais quelle prise de risque consistant à "déconstruire", plutôt démolir, toute l'histoire du cinéma américain depuis Griffith & compagnie, si l'on en croit glj, qui n'est pas à une naïveté près.
Faudrait pas prendre non plus, à la périphérie de ce phénomène médiatique un peu usé, les complaisantes interviews promotionnelles récentes de Tarantino pour un tract situationniste ou que sais-je. Parce qu'entre autres il y dégomme courageusement Griffith et Ford, avec la célérité d'un pompier d'Offenbach arrivant au minimum 70 ans après l'incendie. Mais le "cinéma américain" ne se réduit pas à Griffith/Ford d'un côté, aux sympathiques séries B de l'autre. En cette matière comme en bien d'autres, Tarantino est un athlète "poids lourd" du manichéisme et des gros dualismes binaires taillés "à la hache", comme disait Derrida.
Manichéisme qui reflète sa "cinéphilie" quand même assez limitée, faut bien l'admettre. On sait ce qu'il doit à Pauline Kael, qui fut sa "seule école de cinéma", aimait-il à dire avant de se vouloir cinéaste-à-messages traitant de sujet-déjà-traités-bien avant et bien mieux - par des tas d'autres que lui.
Cette "école de cinéma", rappelons-le, c'était essentiellement le culte d'une forme de jouissance un peu concon (en exagérant et en simplifiant, bien sûr), associée à une nette aversion pour toutes les formes de cinéma dit "intellectualiste" ou "formaliste-abstrait" pour des tas de mauvaise raisons (d'Antonioni à Kubrick, de Welles à Snow, etc).
(Tiens, une "variation imaginaire" plaisante se présente soudain à mes yeux: j'ai du mal à me figurer Tarantino en admirateur de Jacques Rozier, par exemple. Que pourrait-il bien en raconter dans une interview?
"Oh yeaah i like so much Jack Rôôzièèrh, it's so funny, like a sex machine you know. Yes it's great i like it, i really like it. I'm a big big fan of Pierre Rééchard you know, he's my absolute fave... You see... The naûfragéééi deu la taurthuûh. Did'nt see it? Oh man, you must see, you absolutely must see that picture. It's really a masterpiece, you know "the french touch" like they said. I love it. Djack Tâtyie, stuffs like that... Oowh, and i must say Sôphiie Leuthwourneer, la vwie au rantch, it was so fucking great, really exciting... A Big fun (il joint les mains comme pour prier). Oh yeah, Sôphiie Leuthwourneer, a fucking talented sexy bitch. I want her for my next movie... I like her style, a babe with big balls if you mean i.. i... i... I don't want Melany anymore, she's so boring, skinny pussy i must say, always reading books on the set, always talking about Jack Ranciééhr, Alan Bèèdiouw, all the jewhaters you'know, all the fuckin'parisian shit, i... i... i...")
Franchement, le cinéma américain n'a pas attendu le "vengeur" Tarantino, encore moins Eastwood (certainement pas Eastwood: on en a trop fait avec son Unforgiven, qui ne m'a jamais convaincu), pour tenter un décodage critique et virulent de la "mythologie de l'Ouest". ça se passe essentiellement dans ce cinéma dit de "crise" des 60s/début 70s, avec des Penn, des Altman, des Hellman. Et jlg, qui nous demande de citer un seul exemple dans le cinéma américain où la vision du blanc colon et esclavagiste est mise à mal, ne semble pas bien connaître ses classiques. On croirait qu'entre Griffith et Tarantino, y a rien eu, un immense trou d'air. Mais pour la monstration crue et traumatique du racisme, qu'il se rapporte à The Chase ("la poursuite impitoyable"); pour une vision d'horreur du Général Custer et du massacre des Indiens à Little Big Horn, qu'il se repasse Little Big Man. Pour ne citer que deux films.
En passant: on sait bien que Tarantino fait du Sergio Leone, ou entend constamment rendre hommage à Sergio Leone. Je ne vois pas en quoi ça rendrait son cinéma particulièrement inventif ou novateur. Glj le dit lui-même: c'était il y a 50 ans. Refaire des trucs qu'on faisait il y a 50 ans, c'est pas d'une originalité ou d'une radicalité folles. Sans parler de la bêtise régressive (ou infantile, sans vouloir manquer de respect aux enfants) omniprésente dans les schèmes tarantiniens obnubilés en effet par une éthique vengeresse (transposée en jouissance de cinéma) rappelant fort la loi du Talion, babylonienne, juive, sicilienne, tout ce qu'on veut, je m'en fiche un peu (comme je me fiche un peu, toutes choses égales ou inégales, de la grandeur et de "l'humanisme" du cinéma de John Ford...).
Leone était pas aussi bêtasse, quand même, du moins il me semble...
Je sauve Pulp fiction et Jackie Brown, en ce qui me concerne. Kill Bill pour la jouissance visuelle et quelques trucs de signifiances fétichistes.
Le reste ne m'a pas convaincu: le premier, tant célébré, Reservoir Dogs, je l'ai toujours trouvé roublard et d'un maniérisme creux. Death proof, j'ai trouvé ça emmerdant au possible (j'ai de loin préféré le Planet terror de son compère Rodriguez); et Inglorious basterds, ça m'a laissé perplexe. C'est là que je me suis dit que, décidément, Tarantino était bien surestimé, à l'instar de tous ces petits maitres de cinéma-bis qui font son panthéon fétichiste...
Sa cinéphilie n'est au fond pas très intéressante, avec le recul: c'est toujours un peu ce même truc d'ado excité qui tourne en rond dans son vidéo-club le nez collé à l'écran.
Tarantino aimerait nous faire croire qu'il y a en lui du théoricien, du penseur: il a des textes "in progress" qu'il nous livrera un jour, qui montreront la puissance de ses vues. En attendant, il y a des tas de cinéastes, américains notamment (dans le sillage de ce qu'on nomma il y a 10 ans, à tort ou à raison, le "cinéma indépendant"), qui proposent des choses plus passionnantes, plus risquées, que son cinéma. Cinéma par ailleurs de plus en plus spielberguien (paternalisme neuneu compris), dans sa tentative pitoyable de sursomption (relève, Aufhebung) de son "funisme pulp". Lequel avait au moins pour lui le "fun" et le "pulp", précisément.
Invité- Invité
Re: Tarantino : Django Unchained
-Je ne pense pas que l'on puisse situer Tarantino dans la continuité de Leone, si on prend "once upon time..." : dès le titre y a des choses qui ne sont absolument pas présentes dans DU, ni en général dans le cinéma de Tarantino : le conte, le temps, et l'espace; "once upon time..." ; tarantino n'a ni le sens du récit, ni celui de la durée, et encore moins celui de l'amplification lyrique et musicale; Leone ne déconstruit pas, il amplifie ce qu'il y a eu, le passé; il fait plus grand que le cinéma hollywoodien; le cinéma italien a mené deux guerres à Hollywood, le néoréalisme, et le western, mais deux guerres très différentes.
Leone est plus proche de ford que de arthur penn (pour prendre l'exemple de jerzy).
Que fait tarantino, presque toujours ? Ramener à l'insignifiance en grossissant le trait, c'est un satiriste, un comique, c'est du carnaval... En ce sens ce n'est pas du tout un maniériste, il ne travaille pas la grande forme passée, depuis les maîtres, dans un geste admiratif et le déploiement d'une virtuosité subjective technique. Pour le maniériste, y a rien à dire, tout à a été dit, et fait par les maîtres, il s'agit seulement de faire de manière techniquement plus brillante; l'inverse même du cinéma de tarantino, qui travaille depuis des formes pauvres, à qui il veut faire dire beaucoup de choses.
Le cinéma de Tarantino n'a rien de virtuose, comparé à celui de de palma. Si on prend la fameuse discussion pop-théologique qui ouvre "RD" où il lit la chanson de Madonna (like a virgin) dans le sens du porno; la Madone n'avait rien d'une vierge; c'est une fille qui a passé son temps à sa faire baiser, et qui n'éprouve plus rien (pour des raisons physiologiques) jusqu'à ce qu'arrive ce mec, qu'il compare à Bronson, creusant des tunnels dans "la grande évasion", et elle se sent à nouveau comme une vierge touchée pour la première fois.
Ca c'est vraiment la poétique de tarantino, c'est de lui qu'il cause : le mec a tout vu, prétend-t-il, dans le domaine d'un certain cinéma (il n'a pas vu tout ozu, tout bresson, mais des tonnes de porno, de westerns, de film de kung fu...du cinéma pulp... ).
Il est dans la situation de Madonna, ou de la fille de la chanson de Madonna : comment un type comme lui peut-il encore sentir, ressentir du plaisir au cinéma, de la jouissance, comme la première fois (dans un mélange de peine et de plaisir) ? Il lui faut des Charles Bronson, des héros de films porno, et une éthique de films porno; dans DU, ces héros, on les voit dès l'ouverture, ce sont les esclaves noirs, des hercule Noirs, le dos marqué par les coups de fouets, plus tard ce sera les lutteurs de "Mandingo";terme bien entendu essentiel, c'est le titre d'un film, (et c'est aussi le nom d'un acteur porno Noir), qui bien entendu a une plus grande influence sur DU que Shining :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mandingo_%28film%29
Tarantino a bien entendu cité ce film comme "one of [his] favorite" (comme diraient burdeau, ses potes, et Isabelle Régnier, la grande obsession de tarantino, c'est l'histoire des 20 culs)
Leone est plus proche de ford que de arthur penn (pour prendre l'exemple de jerzy).
Que fait tarantino, presque toujours ? Ramener à l'insignifiance en grossissant le trait, c'est un satiriste, un comique, c'est du carnaval... En ce sens ce n'est pas du tout un maniériste, il ne travaille pas la grande forme passée, depuis les maîtres, dans un geste admiratif et le déploiement d'une virtuosité subjective technique. Pour le maniériste, y a rien à dire, tout à a été dit, et fait par les maîtres, il s'agit seulement de faire de manière techniquement plus brillante; l'inverse même du cinéma de tarantino, qui travaille depuis des formes pauvres, à qui il veut faire dire beaucoup de choses.
Le cinéma de Tarantino n'a rien de virtuose, comparé à celui de de palma. Si on prend la fameuse discussion pop-théologique qui ouvre "RD" où il lit la chanson de Madonna (like a virgin) dans le sens du porno; la Madone n'avait rien d'une vierge; c'est une fille qui a passé son temps à sa faire baiser, et qui n'éprouve plus rien (pour des raisons physiologiques) jusqu'à ce qu'arrive ce mec, qu'il compare à Bronson, creusant des tunnels dans "la grande évasion", et elle se sent à nouveau comme une vierge touchée pour la première fois.
Ca c'est vraiment la poétique de tarantino, c'est de lui qu'il cause : le mec a tout vu, prétend-t-il, dans le domaine d'un certain cinéma (il n'a pas vu tout ozu, tout bresson, mais des tonnes de porno, de westerns, de film de kung fu...du cinéma pulp... ).
Il est dans la situation de Madonna, ou de la fille de la chanson de Madonna : comment un type comme lui peut-il encore sentir, ressentir du plaisir au cinéma, de la jouissance, comme la première fois (dans un mélange de peine et de plaisir) ? Il lui faut des Charles Bronson, des héros de films porno, et une éthique de films porno; dans DU, ces héros, on les voit dès l'ouverture, ce sont les esclaves noirs, des hercule Noirs, le dos marqué par les coups de fouets, plus tard ce sera les lutteurs de "Mandingo";terme bien entendu essentiel, c'est le titre d'un film, (et c'est aussi le nom d'un acteur porno Noir), qui bien entendu a une plus grande influence sur DU que Shining :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mandingo_%28film%29
Tarantino a bien entendu cité ce film comme "one of [his] favorite" (comme diraient burdeau, ses potes, et Isabelle Régnier, la grande obsession de tarantino, c'est l'histoire des 20 culs)
Borges- Messages : 6044
Re: Tarantino : Django Unchained
Baudouin II de Barvaux a écrit:
En attendant, il y a des tas de cinéastes, américains notamment (dans le sillage de ce qu'on nomma il y a 10 ans, à tort ou à raison, le "cinéma indépendant"), qui proposent des choses plus passionnantes, plus risquées, que son cinéma. Cinéma par ailleurs de plus en plus spielberguien (paternalisme neuneu compris), dans sa tentative pitoyable de sursomption (relève, Aufhebung) de son "funisme pulp". Lequel avait au moins pour lui le "fun" et le "pulp", précisément.
Salut Roi Baudoin,
Tu penses à quels films/cinéastes par exemple ?
Le comte- Messages : 20
Re: Tarantino : Django Unchained
Coucou Le comte, comment va?
T'inquiète, je te ferai la liste, comme la dernière fois (à propos de cinéastes français). Mais pas là, j'ai besoin de me détendre un peu après la lecture de l'article Kritikat de Matthieu Santelli (voir à côté). Un petit dvd, un bon bain et c'est assez pour ce soir.
T'inquiète, je te ferai la liste, comme la dernière fois (à propos de cinéastes français). Mais pas là, j'ai besoin de me détendre un peu après la lecture de l'article Kritikat de Matthieu Santelli (voir à côté). Un petit dvd, un bon bain et c'est assez pour ce soir.
Invité- Invité
Re: Tarantino : Django Unchained
Baudouin II de Barvaux a écrit:Stéphane Pichelin a écrit:le sens le plus courant implique que la justice juive est celle de la vengeance.Baudouin II de Barvaux a écrit:Ben ouaip, c'est la "loi du talion" au sens le plus courant, quoi, dans une converse. Pas de quoi en faire une thèse sur l'éthique juive, comme disait Depardieu dans Les Valseuses, à propos de la potée.
le sens le plus courant dévalorise ainsi l'éthique juive face à la nôtre, censée être au contraire une éthique du "pardon avec éducation" (bel oxymore au passage).
le sens le plus courant, en définitive, prolonge le protocole des sages de Sion en s'appuyant sur la méconnaissance de ceux qui l'utilisent.
le sens le plus courant doit donc être amendé.
Merci de nous instruire, again. Mais en restant là encore dans des grandes généralités, toutes les religions impliquent la dimension du pardon. Mais il me semble, à moins de déconner à plein tube, que si le christianisme s'est différencié, en tant que schisme, du judaïsme, c'est notamment en accentuant davantage cette éthique du pardon. Le message du Christ, c'est "pardonnez nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés", "que celui qui n'a jamais pêché me jette la première pierre, "aime ton prochain comme toi-même", etc. Je ne rappelle que des banalités, bien sûr.
Le prochain envisagé comme un autre soi-même, dans une relation d'empathie posée comme symétrique principiellement, c'est bien sûr une donne essentielle du christianisme, qui rompt avec la logique juive du rapport asymétrique à autrui (pour Lévinas, l'Autre est le visage de dieu, de la Loi, il me commande le respect par sa position de transcendance asymétrique, et j'en suis "l'otage").
Cette particularité chrétienne de la "symétrie" dans le rapport à dieu autant qu'à l'autre homme est fondée sur ce que Girard nomme, à tort ou à raison, un processus d'identification en miroir. La joue tendue du christ à celui qui le frappe signifie que tout homme est un miroir pour tout homme: celui qui commet la violence peut se reconnaître en l'autre qui lui oppose en miroir une non-violence, le pardonner comme il se pardonne.
Ce schème du pardon est impliqué dans la redistribution du rapport entre l'homme et le divin: le divin s'incarne dans l'homme mortel, médiation qui est absente de la conception juive d'un rapport asymétrique entre l'homme et un dieu absolument transcendant, irreprésentable, silencieux dans son retrait, et ne laissant que des signes à déchiffrer. Le dieu de l'ancien testament, par son retrait sans médiation possible, est davantage, selon l'antienne et dans le principe, un dieu jaloux (de ses prérogatives), susceptible et vengeur.
Mais je pense aussi que dans les trois monothéismes, dieu est toujours peu ou prou invoqué comme un argument de susceptibilité et de vengeance justicière: dans la pratique, ça ne change pas grand chose, chacun ayant ses croisades, ses épurations, sa guerre sainte à mener, au nom de son dieu - gentil ou sévère.
Quand Max Weber analyse les conditions d'émergence du capitalisme dans l'éthique protestante, sa dimension essentiellement anxiogène qui pousse le protestant à se rassurer en cherchant dans sa réussite matérielle les "signes" d'une bonne disposition de dieu à son égard, il pense bien sûr aussi à l'éthique juive: le rapport à la transcendance étant bien plus proche entre juifs et protestants qu'entre juifs et catholiques, ou protestants et catholiques...
Salut jerzy,
je m'attendais pas à te trouver là, et avec des arguments aussi beaux. Ça fait plaisir.
Quelques remarques.
Je trouve assez justes les réflexions que tu fais avec Lévinas sur l'asymétrie fondamentale à l'éthique juive. Mais je ne crois pas que la différence amenée par le christianisme repose dans un retour ou une arrivée à la symétrie. Ici, il faut être un peu théologien avant d'être anthropologue.
La relation fondamentale à la théologie chrétienne, c'est celle du Père et du Fils. Elle ordonne toutes les autres car c'est l'humanité entière qui est appelée à devenir fils dans le Fils. Téléologiquement, tout humain est fils et son prochain est fils aussi bien. Mais la symétrie n'est qu'apparente, ne tenant pas compte de ce qu'est le Fils même, de son égalité asymétrique avec le Père. Par exemple, Jean Chrysostome affirme que « celui qui est engendré est de même essence que celui qui l'a engendré ». Dans cette phrase, on voit que l'égalité de l'essence n'engage aucune symétrie de la relation qui va de l'engendreur à l'engendré.
Ça a été aussi la grande question du filioque. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit de savoir de quelle personne divine procède l'Esprit. Selon le Symbole de Nicée, l'Esprit procède du Père et uniquement du Père. Mais une interpolation venue d'Espagne s'est répandue dans l'église d'occident, ajoutant que l'Esprit procède également du Fils. Querelle d'importance puisque c'est elle qui a servi de couverture théologique au schisme des églises d'orient et d'occident (schisme d'abord politique entre les deux anciennes capitales de l'Empire romain). Les actuels orthodoxes se disent tels parce qu'ils ont refusé le filioque. Et l'église romaine n'a pu le maintenir qu'en affirmant que cette procession filiale de l'Esprit se faisait comme en retour, en reflet – le Christ, « reflet de la gloire » du Père d'après la lettre aux Hébreux, « gloire » pouvant être pris ici dans son sens premier de « manifestation de l'essence ».
il est évidemment essentiel que les rapports existant entre le Fils et le Père soient à la fois symétrique (égalité d'essence) et asymétrique (différences entre les personnes divines). C'est le seul moyen de conserver l'expression, dans les catégories limitées et limitatives qui sont celles du monde fini, l'illimitation et l'indétermination qui sont l'apanage de dieu.
Plus loin, Chrysostome dit aussi que lorsque Jésus « veut montrer l'identité de son essence avec celle de celui qui l'a engendré, "celui qui m'a vu, dit-il, a vu le Père" ; mais lorsque c'est la possession en propre de la puissance, "moi, dit-il, et le Père, nous sommes un" ». Et nous, appelés comme toute l'humanité à devenir fils dans le Fils, nous sommes également appelés à devenir un avec le Père. Et cet appel, aux yeux du chrétien, est en attente mais il est également déjà accompli, et il est de toute façon la seule réalité qui vaille. Rencontrer autrui, c'est rencontrer aussi le Fils qui est un avec le Père dans une relation à la fois asymétrique et symétrique ; mais c'est le rencontrer en étant soi-même déjà le Fils qui est un avec le Père. Symétrie et asymétrie se trouvent des deux côtés de la rencontre, qui prend elle-même ce double caractère pour ainsi dire au carré.
Pour revenir au plan anthropologique, autrui est pour moi tout autant le même et l'autre, mais à la condition que je sois à moi-même autre et même. Et entre les deux autres et les deux mêmes, c'est un quadrille qui passe par toutes les figures de la symétrie et de l'asymétrie.
Voilà, voilà.
Sinon, ce n'est pas du tout ce dont je parlais dans mon post. Je n'y fais aucune allusion à l'éthique chrétienne qui est à moi aussi un modèle. Mais il faudrait peut-être parler d'éthique christique ?
En tous cas, je ne parlais que de « notre » éthique, et « notre » éthique ne me paraît pas exactement chrétienne. Je dirais qu'elle est plutôt bourgeoise et recouverte d'un vernis fantasmatique de chrétienté. C'est celle-ci que je visais, et nulle autre, lorsque je parlais d'une éthique du « pardon avec éducation ».
Voilà, voilà once more. J'espère ne pas te saloper la soirée.
je m'attendais pas à te trouver là, et avec des arguments aussi beaux. Ça fait plaisir.
Quelques remarques.
Je trouve assez justes les réflexions que tu fais avec Lévinas sur l'asymétrie fondamentale à l'éthique juive. Mais je ne crois pas que la différence amenée par le christianisme repose dans un retour ou une arrivée à la symétrie. Ici, il faut être un peu théologien avant d'être anthropologue.
La relation fondamentale à la théologie chrétienne, c'est celle du Père et du Fils. Elle ordonne toutes les autres car c'est l'humanité entière qui est appelée à devenir fils dans le Fils. Téléologiquement, tout humain est fils et son prochain est fils aussi bien. Mais la symétrie n'est qu'apparente, ne tenant pas compte de ce qu'est le Fils même, de son égalité asymétrique avec le Père. Par exemple, Jean Chrysostome affirme que « celui qui est engendré est de même essence que celui qui l'a engendré ». Dans cette phrase, on voit que l'égalité de l'essence n'engage aucune symétrie de la relation qui va de l'engendreur à l'engendré.
Ça a été aussi la grande question du filioque. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit de savoir de quelle personne divine procède l'Esprit. Selon le Symbole de Nicée, l'Esprit procède du Père et uniquement du Père. Mais une interpolation venue d'Espagne s'est répandue dans l'église d'occident, ajoutant que l'Esprit procède également du Fils. Querelle d'importance puisque c'est elle qui a servi de couverture théologique au schisme des églises d'orient et d'occident (schisme d'abord politique entre les deux anciennes capitales de l'Empire romain). Les actuels orthodoxes se disent tels parce qu'ils ont refusé le filioque. Et l'église romaine n'a pu le maintenir qu'en affirmant que cette procession filiale de l'Esprit se faisait comme en retour, en reflet – le Christ, « reflet de la gloire » du Père d'après la lettre aux Hébreux, « gloire » pouvant être pris ici dans son sens premier de « manifestation de l'essence ».
il est évidemment essentiel que les rapports existant entre le Fils et le Père soient à la fois symétrique (égalité d'essence) et asymétrique (différences entre les personnes divines). C'est le seul moyen de conserver l'expression, dans les catégories limitées et limitatives qui sont celles du monde fini, l'illimitation et l'indétermination qui sont l'apanage de dieu.
Plus loin, Chrysostome dit aussi que lorsque Jésus « veut montrer l'identité de son essence avec celle de celui qui l'a engendré, "celui qui m'a vu, dit-il, a vu le Père" ; mais lorsque c'est la possession en propre de la puissance, "moi, dit-il, et le Père, nous sommes un" ». Et nous, appelés comme toute l'humanité à devenir fils dans le Fils, nous sommes également appelés à devenir un avec le Père. Et cet appel, aux yeux du chrétien, est en attente mais il est également déjà accompli, et il est de toute façon la seule réalité qui vaille. Rencontrer autrui, c'est rencontrer aussi le Fils qui est un avec le Père dans une relation à la fois asymétrique et symétrique ; mais c'est le rencontrer en étant soi-même déjà le Fils qui est un avec le Père. Symétrie et asymétrie se trouvent des deux côtés de la rencontre, qui prend elle-même ce double caractère pour ainsi dire au carré.
Pour revenir au plan anthropologique, autrui est pour moi tout autant le même et l'autre, mais à la condition que je sois à moi-même autre et même. Et entre les deux autres et les deux mêmes, c'est un quadrille qui passe par toutes les figures de la symétrie et de l'asymétrie.
Voilà, voilà.
Sinon, ce n'est pas du tout ce dont je parlais dans mon post. Je n'y fais aucune allusion à l'éthique chrétienne qui est à moi aussi un modèle. Mais il faudrait peut-être parler d'éthique christique ?
En tous cas, je ne parlais que de « notre » éthique, et « notre » éthique ne me paraît pas exactement chrétienne. Je dirais qu'elle est plutôt bourgeoise et recouverte d'un vernis fantasmatique de chrétienté. C'est celle-ci que je visais, et nulle autre, lorsque je parlais d'une éthique du « pardon avec éducation ».
Voilà, voilà once more. J'espère ne pas te saloper la soirée.
Invité- Invité
Re: Tarantino : Django Unchained
Pour ce qui est de levinas et "la loi du talion", notons qu'il lui a consacré un texte ("la loi du talion", dans "difficile liberté")
Derrida note (dans une note bas de page) que Levinas ne justifie pas seulement la loi du talion, il y trouve l'origine de la justice même" ( "de quoi demain..."); il indique qu'il faudrait pouvoir discuter tout le texte de EL, et remarque que la différence "lettre"/"esprit", sert à kant et hegel d'argument pour la loi du talion et la peine de mort)
j'allais recopier le passage cité par derrida, coup de bol, ai trouvé le texte de levinas sur le net :
E. Lévinas, Difficile liberté, "La loi du Talion", livre de poche, pp.207-210.
je crois qu'il faut toujours distinguer deux levinas, celui de la loi hyperbolique, et un mec plutôt "à droite"; le visage comme hauteur infini de la loi, c'est le moment de le relation à deux, où je suis accusé, otage, de l'autre, privé de droit..., relation sans symétrie, mais cette relation doit être dépassée, elle l'est toujours, en fait, parce que nous sommes jamais deux; la trois, c'est le moment de la justice, de l'équilibre, où le moi accusé, otage retrouve ses droits... nécessité de l'état, des institutions... la relation duelle, dans l'extrême de l'éthique, est violence, injustice; ce n'est pas à moi d'y mettre fin, mais au tiers...
Derrida note (dans une note bas de page) que Levinas ne justifie pas seulement la loi du talion, il y trouve l'origine de la justice même" ( "de quoi demain..."); il indique qu'il faudrait pouvoir discuter tout le texte de EL, et remarque que la différence "lettre"/"esprit", sert à kant et hegel d'argument pour la loi du talion et la peine de mort)
j'allais recopier le passage cité par derrida, coup de bol, ai trouvé le texte de levinas sur le net :
Ah ! la loi du talion. Que de pieuses colères soulèves-tu dans un monde où ne règnent par ailleurs que douceur et amour !« Si quelqu’un fait périr une créature humaine, il sera mis à mort. S’il fait périr un animal, il le paiera corps pour corps. Et si quelqu’un fait une blessure à son prochain, comme il a agi lui-même, on agira à son égard : fracture pour fracture, oeil pour oeil, dent pour dent ; selon la lésion qu’il aura faite à autrui, ainsi lui sera-t-il fait. Qui tue un animal doit le payer et qui tue un homme doit mourir. Même législation vous régira, étrangers comme nationaux ; car je suis l’Éternel, votre Dieu à tous. »Sévères paroles ! Combien éloignées de celles qui magnifient la non-résistance au mal. Vous y avez sans doute pensé à cette autre page des Écritures : le juste « qui présente sa joue à celui qui frappe et qui se rassasie d’humiliations » (...). Fracture pour fracture ! Sévères paroles mais nobles d’exigence. Dans leur rigueur, elles commandent de très haut. Admirons-en la fin, du moins, qui énonce l’unité du genre humain. Ce message d’universalisme n’a pas attendu pour retentir dans l’espace que l’industrie à l’échelle mondiale nous révèle ou nous impose la solidarité humaine(...). Comment supposer, dès lors, qu’une pensée qui, à l’époque des tribus et des clans, s’éleva à la vision de l’humanité, ait pu en rester à la loi du maquis ? Je voudrais vous montrer la sagesse qui s’exprime dans ces mots mystérieux et le drame auquel elle répond.Car il existe un drame de la justice qui s’humanise.Dent pour dent, oeil pour oeil - ce n’est pas le principe d’une méthode de terreur ; ce n’est pas un froid réalisme qui pense à l’action efficace et méprise les effusions sentimentales réservant la morale aux enfants de patronages ; ce n’est pas davantage l’exaltation d’une vie surhumaine et héroïque dont il faudrait bannir le coeur et la pitié ; ce n’est pas une façon de se complaire dans la vengeance et la cruauté où baignerait une existence virile (...). Le principe d’apparence si cruel que la Bible énonce ici ne recherche que la justice. Il s’insère dans un ordre social où aucune sanction, si légère soit-elle, ne s’inflige en dehors d’une sentence juridique (...). Dent pour dent - est une peine d’argent, une amende. Le passage relatif aux dommages matériels que la Bible exige pour la perte du bétail ne voisine pas pour rien avec le précepte du talion (...). La violence appelle la violence. Mais il faut arrêter cette réaction en chaîne. La justice est ainsi. Telle est du moins sa mission une fois que le mal est commis. L’humanité naît dans l’homme à mesure qu’il sait réduire les offenses mortelles à des litiges d’ordre civil, à mesure que punir se ramène à réparer ce qui est réparable et à rééduquer le méchant. Il ne faut pas à l’homme une justice sans passion seulement. Il nous faut une justice sans bourreau.Mais ici le drame se corse. Horreur du sang, justice de paix et de douceur, la nécessaire, dès maintenant l’unique possible - préserve-t-elle l’homme qu’elle veut sauver ? Car c’est une large voie ouverte aux riches ! Ils peuvent payer sans peine les dents cassées, les yeux crevés, les jambes brisées de tout leur entourage. L’outrage et la blessure ont désormais un prix marchand, un goût d’argent. Et cette contradiction ne tient pas seulement à la loi qui substitue l’amende à la souffrance. Car tout ce qu’on paie le coeur léger, le corps intact en pleine santé, revient à une amende. Et la blessure d’argent n’est pas mortelle. Le monde reste confortable pour les forts. Pourvu qu’ils aient les nerfs solides. L’évolution de la justice ne peut aller vers ce refus de toute justice, vers ce mépris de l’homme qu’elle veut faire respecter. Il faut, en modifiant la lettre de nos codes, sauver l’esprit(...). Si l’argent ou les excuses pouvaient tout réparer et nous laisser une conscience tranquille, le mouvement irait à contresens. Oui, oeil pour oeil. Et toute l’éternité, et tout l’argent du monde ne peuvent guérir l’outrage qu’on fait à l’homme. Blessure qui saigne pour tous les temps, comme s’il fallait la même souffrance pour arrêter cette éternelle hémorragie.
E. Lévinas, Difficile liberté, "La loi du Talion", livre de poche, pp.207-210.
je crois qu'il faut toujours distinguer deux levinas, celui de la loi hyperbolique, et un mec plutôt "à droite"; le visage comme hauteur infini de la loi, c'est le moment de le relation à deux, où je suis accusé, otage, de l'autre, privé de droit..., relation sans symétrie, mais cette relation doit être dépassée, elle l'est toujours, en fait, parce que nous sommes jamais deux; la trois, c'est le moment de la justice, de l'équilibre, où le moi accusé, otage retrouve ses droits... nécessité de l'état, des institutions... la relation duelle, dans l'extrême de l'éthique, est violence, injustice; ce n'est pas à moi d'y mettre fin, mais au tiers...
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Re: Tarantino : Django Unchained
En quoi tout ceci aide-t-il a discuter le film de tarantino (prétexte, peut-être, à une discussion éthico-politico-anthropo-théologique...) à comprendre la violence (juste, injuste, légitime, illégitime) la justice (violente ou pas) le droit (juste ou injuste, naturel ou positif )fondé sur l'existence institutionnelle de la morale chrétienne, qui a toujours été très conservatrice, très loi du talion, si on veut, comme le remarque derrida, l'église jusqu'à une date récente a toujours soutenu la peine de mort...Stéphane Pichelin a écrit:Salut jerzy,
je m'attendais pas à te trouver là, et avec des arguments aussi beaux. Ça fait plaisir.
Quelques remarques.
Je trouve assez justes les réflexions que tu fais avec Lévinas sur l'asymétrie fondamentale à l'éthique juive. Mais je ne crois pas que la différence amenée par le christianisme repose dans un retour ou une arrivée à la symétrie. Ici, il faut être un peu théologien avant d'être anthropologue.
La relation fondamentale à la théologie chrétienne, c'est celle du Père et du Fils. Elle ordonne toutes les autres car c'est l'humanité entière qui est appelée à devenir fils dans le Fils. Téléologiquement, tout humain est fils et son prochain est fils aussi bien. Mais la symétrie n'est qu'apparente, ne tenant pas compte de ce qu'est le Fils même, de son égalité asymétrique avec le Père. Par exemple, Jean Chrysostome affirme que « celui qui est engendré est de même essence que celui qui l'a engendré ». Dans cette phrase, on voit que l'égalité de l'essence n'engage aucune symétrie de la relation qui va de l'engendreur à l'engendré.
Ça a été aussi la grande question du filioque. Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit de savoir de quelle personne divine procède l'Esprit. Selon le Symbole de Nicée, l'Esprit procède du Père et uniquement du Père. Mais une interpolation venue d'Espagne s'est répandue dans l'église d'occident, ajoutant que l'Esprit procède également du Fils. Querelle d'importance puisque c'est elle qui a servi de couverture théologique au schisme des églises d'orient et d'occident (schisme d'abord politique entre les deux anciennes capitales de l'Empire romain). Les actuels orthodoxes se disent tels parce qu'ils ont refusé le filioque. Et l'église romaine n'a pu le maintenir qu'en affirmant que cette procession filiale de l'Esprit se faisait comme en retour, en reflet – le Christ, « reflet de la gloire » du Père d'après la lettre aux Hébreux, « gloire » pouvant être pris ici dans son sens premier de « manifestation de l'essence ».
il est évidemment essentiel que les rapports existant entre le Fils et le Père soient à la fois symétrique (égalité d'essence) et asymétrique (différences entre les personnes divines). C'est le seul moyen de conserver l'expression, dans les catégories limitées et limitatives qui sont celles du monde fini, l'illimitation et l'indétermination qui sont l'apanage de dieu.
Plus loin, Chrysostome dit aussi que lorsque Jésus « veut montrer l'identité de son essence avec celle de celui qui l'a engendré, "celui qui m'a vu, dit-il, a vu le Père" ; mais lorsque c'est la possession en propre de la puissance, "moi, dit-il, et le Père, nous sommes un" ». Et nous, appelés comme toute l'humanité à devenir fils dans le Fils, nous sommes également appelés à devenir un avec le Père. Et cet appel, aux yeux du chrétien, est en attente mais il est également déjà accompli, et il est de toute façon la seule réalité qui vaille. Rencontrer autrui, c'est rencontrer aussi le Fils qui est un avec le Père dans une relation à la fois asymétrique et symétrique ; mais c'est le rencontrer en étant soi-même déjà le Fils qui est un avec le Père. Symétrie et asymétrie se trouvent des deux côtés de la rencontre, qui prend elle-même ce double caractère pour ainsi dire au carré.
Pour revenir au plan anthropologique, autrui est pour moi tout autant le même et l'autre, mais à la condition que je sois à moi-même autre et même. Et entre les deux autres et les deux mêmes, c'est un quadrille qui passe par toutes les figures de la symétrie et de l'asymétrie.
Voilà, voilà.
Sinon, ce n'est pas du tout ce dont je parlais dans mon post. Je n'y fais aucune allusion à l'éthique chrétienne qui est à moi aussi un modèle. Mais il faudrait peut-être parler d'éthique christique ?
En tous cas, je ne parlais que de « notre » éthique, et « notre » éthique ne me paraît pas exactement chrétienne. Je dirais qu'elle est plutôt bourgeoise et recouverte d'un vernis fantasmatique de chrétienté. C'est celle-ci que je visais, et nulle autre, lorsque je parlais d'une éthique du « pardon avec éducation ».
Voilà, voilà once more. J'espère ne pas te saloper la soirée.
Borges- Messages : 6044
Re: Tarantino : Django Unchained
slimfast a écrit:quel rapport avec Tarantino ?
tous les rapports que l'on pourra développer, à partir des thématiques de la vengeance, de la loi, de la violence, du droit... comme je viens de dire plus haut... Le western dit badiou est toujours le lieu de déploiement critique ou nom de ces problèmes...
-la vengeance est-elle une suite de la loi du talion? ou s'oppose-t-elle à l'interdit biblique de la vengeance (toujours mimétique, comme dit plus haut Jerzy; c'est le thème bien sûr d'une fameuse tragédie, que convoque badiou pour penser la relation du théâtre et du cinéma)
-"A moi la vengeance et la rétribution, au temps où leur pied bronchera. Car le jour de leur calamité est proche, et ce qui leur est préparé se hâte."
(Dieu)
-le vengeur se substitue à dieu, le remplace, le contredit, parfois de manière consciente, par exemple dans ce titre spaghett :" Dieu pardonne... moi pas!"
Borges- Messages : 6044
Re: Tarantino : Django Unchained
slimfast a écrit:c'est café-philo ?
non, du forum/agora philo, vieille tradition socratique
Borges- Messages : 6044
Re: Tarantino : Django Unchained
slimfast a écrit:et tu es le nouveau Socrate ?
non, c'est toi, tu occupes la position de la subjectivité ironique, qui domine les échanges; tu poses les questions
Borges- Messages : 6044
Re: Tarantino : Django Unchained
Borges a écrit:slimfast a écrit:quel rapport avec Tarantino ?
tous les rapports que l'on pourra développer, à partir des thématiques de la vengeance, de la loi, de la violence, du droit... comme je viens de dire plus haut... Le western dit badiou est toujours le lieu de déploiement critique ou nom de ces problèmes...
-la vengeance est-elle une suite de la loi du talion? ou s'oppose-t-elle à l'interdit biblique de la vengeance (toujours mimétique, comme dit plus haut Jerzy; c'est le thème bien sûr d'une fameuse tragédie, que convoque badiou pour penser la relation du théâtre et du cinéma)
-"A moi la vengeance et la rétribution, au temps où leur pied bronchera. Car le jour de leur calamité est proche, et ce qui leur est préparé se hâte."
(Dieu)
-le vengeur se substitue à dieu, le remplace, le contredit, parfois de manière consciente, par exemple dans ce titre spaghett :" Dieu pardonne... moi pas!"
ta réponse est un passement de jambes ou passements de mains.
Invité- Invité
Re: Tarantino : Django Unchained
poser des questions est toujours préférable, à moins d'aimer le formol.
Invité- Invité
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