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Life, Liberty, and the Pursuit of Vengeance (Tarantino et la morale des esclaves)

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Message par Borges Jeu 7 Juin 2012 - 17:25






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Message par Borges Ven 8 Juin 2012 - 12:46

Borges a écrit:






Lu des choses sur ce trailer, un peu partout sur le Net. Tout se passe comme prévu, banalement : y a des gens qui adorent et qui peuvent pas attendre leur cadeau de Noël, et d'autres qui s'en tapent, mais personne ne se pose la question du sens de la transformation de l'énoncé le plus fameux de la déclaration d'Indépendance américaine. Personne ne se demande ce que signifie cette substitution de la vengeance au bonheur, pour le cinéma, pour l'Amérique..

Vous me direz que j'en fais trop. Peut-être pas, en tous les cas, je peux pas m'empêcher de me demande ce que penserait Cavell de cette historie. Est-il au courant? A-t-il été prévenu, par des amis, un tweet? Va-t-il devoir ajouter un chapitre à son fameux bouquin sur les comédies du remariage et la poursuite du bonheur?

S'il le faisait, ce que je lui conseille, il devrait essayer de relire l'histoire des USA et de son cinéma, non plus à partir de Emerson, mais depuis la figure monstrueuse du capitaine Achab; le fou de la vengeance, le fou de vengeance. S'il va encore au cinéma, s'il voit les conneries que les américains, ces sacrés transcendantalistes, fabriquent, je lui suggérerai de tracer un lien entre le capitaine Achab de Melville et le capitaine America de Marvel, le chef des avengers. Le capitaine Amérique est un capitaine Achab; ce qui a changé c'est la baleine.

J'ai toujours pensé que Tarantino était un génie idiot, un simple d'esprit en communication post-théologique avec les mouvements de la sensibilités de l'époque. Je pense que sa transformation de cet énoncé nous révèle quelque chose d'essentiel sur les USA, pas seulement sur leur présent, depuis ce qu'ils ont appelé " 9/11": leur poursuite du bonheur a toujours été une poursuite de la vengeance. Elle a toujours été animée par la vengeance. On ne poursuit pas le bonheur. Le bonheur, c'est ce qui arrive. Comme le disait le bon vieux Lacan.

Chose curieuse, le bonheur, dans presque toutes les langues, se présente comme en termes de rencontre - Sauf en anglais - et encore, c'est très près. Il y a là quelque divinité favorable. Bonheur, c'est aussi pour nous augurum, un bon présage, et une bonne rencontre. Glück, c'est geliick. Happiness, c'est tout de même happen, c'est aussi une rencontre, encore qu'on n'éprouve pas ici le besoin d'y ajouter la particule précédente marquant le caractère à proprement parler heureux de la chose. Il n'est pas sûr, pour autant, que tous ces termes soient synonymes -je n'ai pas besoin de vous rappeler l'anecdote du personnage immigré d'Allemagne en Amérique, à qui l'on demande - Are you happy ? - Oh y es, I am very happy. I am really very, very, happy, aber nicht glücklich.



Ils en veulent à notre mode d'existence, disent-ils. C'est une fiction, bien entendu; il faut s'inventer un ennemi possible, un rival, un voleur possible, une menace qui nous priverait de ce que nous possédons. C'est une des conditions de la fausse jouissance, du bonheur que nous sentons profondément illusoire, mais dont on ne peut pas se passer. On s'invente des êtres imaginaires qui ne rêveraient que de le posséder, de nous en priver. Si personne ne nous envie, ne nous jalouse, c'est moins marrant, moins jouissif. C'est le contraire du vrai Bien, comme disait Spinoza, qui par essence est toujours commun, partageable. On n'en prive personne; on ne peut pas en être privé.

Le problème des USA dans cette rivalité imaginaire est qu'ils sont trop forts. Ils n'ont pas de super vilains, de super ennemis, à affronter, à défaire, contrairement aux super héros de Marvel ou de DC Comics. Alors, pour pas s'ennuyer, pour qu'il y ait tout de même du récit, une histoire, un duel, ils doivent jouer les deux rôles.

Au cinéma, ils arrêtent pas de s'autodétruire, de bombarder leurs villes, de se faire massacrer, par la nature déchaînée, des aliens de toutes les sortes. On parle d'apocalypse, mais on ne remarque pas que c'est une affaire qui ne concerne que les USA. Ce que les Américains infligent à leurs "ennemis" dans le réel, et réellement, ils le subissent dans leur fiction des mains de créatures engendrées par leur mauvaise conscience. On pense à la créature de "Planète interdite."

Tout cela a un sens, si on pense à cette substitution de la vengeance au bonheur par Tarantino : la volonté de vengeance américaine s'exerce sur le mode d'existence américain.

Comme si Dieu, dont ils se croient les favoris, ce qui donne des obligations, ne leur pardonnait pas de s'être tournés vers ce Lacan, et Badiou après lui, ont appelé "le service des biens" (propriété, consommation... bref, tout ce qu'ils appellent "le rêve américain", l'un des rêves les plus médiocres que l'humanité ait jamais inventé; la table des valeurs la plus nulle depuis que les hommes rêvent, et créent des valeurs ).

Les américains, en poursuivant leur bonheur, leur idée illusoire du bonheur illusoire, ont toujours été animés par un désir violent de meurtre, de violence, de vengeance, contre cette idée du bonheur, contre eux-mêmes, contre leur incapacité à rêver vraiment, à vivre sous le commandement du Bien.

Ils se sont toujours douté qu'il y avait une duperie, qu'ils étaient captifs, et jouet d'un désir pas très sain, qui les rapprochait toujours plus d'une volonté de mort, du néant, du vide, de leur propre vide.

Prenez John Wayne dans "La prisonnière du désert", c'est un capitaine Achab a sa manière; il perd son temps à poursuivre sa vengeance; il cherche sa nièce, mais une fois qu'il l'a trouvée, il s'en va, encore plus con qu'au début du film, un peu débile, roulé, par on ne sait quoi. Peut-être par l'idée même de la vie américaine; c'est ce qui le tue aussi dans "L'homme qui tua liberty V"; il feint de croire vouloir se marier, d'avoir une maison, et même un esclave-serviteur, et puis il se rend compte que tout ça c'est de la blague...

La dernière version de cette poursuite du bonheur qui est au fond une poursuite de la vengeance (contre soi) : c'est bien entendu Cosmopolis, dont il ne faut pas ignorer le dialogue avec "Taxi Driver".




Il est clair, la remarque en a déjà été faite maintes fois, que ce dispositif a partie liée avec la promotion de la figure de la victime. C’est parce que la plainte de la victime a été mise au centre qu’une logique de la vengeance peut se déployer. C’est comme si l’on revenait sur le geste accompli dans l’Orestie d’Eschyle où s’effectuait précisément la rupture avec la logique de la vengeance au profit de l’être proprement politique de la sentence. Désormais la vengeance peut même s’exercer sur des délinquants présumés voire virtuels.
(badiou)


Comme Ford, les plus grands artistes et penseurs américains ont toujours vécu et créé dans le chiasme de la vengeance et du bonheur; ils ont toujours cherché à ne plus poursuivre ni le bonheur ni la vengeance.




Dernière édition par Borges le Ven 8 Juin 2012 - 12:59, édité 1 fois
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Message par Invité Ven 8 Juin 2012 - 12:56

La dernière version de cette poursuite du bonheur qui est au fond une poursuite de la vengeance (contre soi) : c'est bien entendu Cosmopolis, dont il ne faut pas ignorer le dialogue avec "Taxi Driver".
hello borges,
je crois que tu peux y ajouter le dernier Burton où vengeance et bonheur (familial, conjugal) s'identifient idéalement.


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Message par Borges Ven 8 Juin 2012 - 13:01

ah, merci, c'est fait; Wink c'est ça un forum : un travail d'équipe
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Message par Dr. Apfelgluck Sam 16 Juin 2012 - 15:21

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