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Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films

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Message par Invité Dim 3 Mar 2013 - 17:31

L'impossible M. Bébé est "moyennement drôle" ??!! Tony, faut passer au prozac, je sais pas... Wink


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Message par Invité Dim 3 Mar 2013 - 20:59

Skyfall - 007
Le Shetland écossais c'est beau. Shangaï la nuit c'est beau aussi. Le générique est super. Pour le reste le film même s'il se laisse regarder est d'un paresseux inqualifiable en terme de scénario d'espionnage, on dirait un épisode de "Mission impossible". J'aime bien la chanson d'Adel pour le thème sinon...

Tinker Tailor Soldier Spy
Nul, nul et nul, et pourtant j'adore le cinéma d'espionnage ou post-watergate.

Autopsie d'un meurtre
Fait bizarre de voir James Stewart dans un film moderne et Ben Gazzara dans un film à l'ancienne.
George C. Scott très bien aussi. Le film est étrange dans sa manière de tromper la morale du spectateur.



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Message par Invité Lun 4 Mar 2013 - 10:00

un beau western, film d'aventures aussi, signé Anthony Mann, de 1955, La charge des tuniques bleues (The Last Frontier). Victor mature y est excellent dans son rôle de trappeur fruste mais généreux et humain dont Nuage Rouge avec sa tribu au début du film saisit l'arme, le cheval et les peaux de bêtes qu'il a chassées. C'en est fini de la double appartenance du trappeur, proche des indiens et de la nature, et proche des blancs, qui sont vus ici pour certains comme des bouchers sanguinaires. Scout civil au fort qui vient de s'installer, et dont Red Cloud pressent la menace, Mature fera ce qu'il est en son pouvoir pour retarder en vain l'affrontement. Il ne pourra que limiter les dégâts.
Toute la fin du film est marquée par l'attente nostalgique de la neige qui aurait du retarder, éviter peut être le massacre entre indiens et blancs, mais elle marque aussi, Mature ayant fait ses preuves comme scout, la cérémonie où il revêt l'uniforme bleu de la garnison, avec un ordre donné un peu gauchement - c'est pour lui l'occasion de réunir les fragments dispersés de son identité perdue - et puis à l'arrière plan - le film en cinémascope utilise parfaitement la profondeur de champ - la femme qu'il convoite et qui s'avance pour mieux le voir.
Le film est en fait une opposition de points de vue individuels sur les positions de chacun sur les indiens, mais marquée par les pesanteurs d'une organisation militaire. Le seul personnage libre et positif est celui interprété par Mature.

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Message par Invité Mar 5 Mar 2013 - 23:06

House of Husher

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Roger Corman - 1960

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Message par Invité Mar 12 Mar 2013 - 19:34

Stéphane Pichelin a écrit:L'impossible M. Bébé est "moyennement drôle" ??!! Tony, faut passer au prozac, je sais pas... Wink


En retard.
Inquiète toi, Stéphane, j'ai toujours trouvé L'impossible M. Bébé absolument pas drôle. Mais bon, tu sais bien, moi, les vieilleries... Déjà que je n'ai jamais pu trouver un Ford intéressant. Et Hawks, à ma grande honte, que ce soit grave ou drôle ou les deux, pareil. La vision de Rio Bravo fut pour moi une des pires séances de torture audioscopique de ma vie. Je me sentais comme Alex dans Orange mécanique, obligé de fixer l'écran à cause de la réputation du truc et je me demandais, interdit, face à ce chromo insipide (ai-je jamais vu d'aussi atroces couleurs), nonchalant et imbitable, où je pouvais pas m'intéresser un quart de seconde ni aux persos ni à l'histoire ni aux enjeux: "mais pourquoi qu'on dit que c'est un grand film... Putain, pourquoi c'est un grand film, j'comprends pas, pitié, etc".

(Et quitte à consterner définitivement je ne sais trop quel "peuple des cinéphiles", le Johnny guitar (de N. Ray) m'a fait exactement le même effet: atroce. "Plus jamais", m'étais-je dit, après avoir tenu vaillamment jusqu'à la fin, épuisé, migraineux, assommé.)

Par contre, pour faire bonne mesure, To be or not to be, de Lubitsch, me suis vraiment bidonné.


Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Mar 12 Mar 2013 - 19:49, édité 1 fois

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Message par Invité Mar 12 Mar 2013 - 19:49

on est ravi de l'apprendre. Pas de vieilleries dans tes auteurs de chevet.Tu les conchies tous avant BHL ?

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Message par Invité Mar 12 Mar 2013 - 19:51

Y a "vieilleries" et "vieilleries", bien sûr, je n'ai cessé de le dire, si tu suivais un minimum nos discutes sur des années.

J'adore absolument Chaplin et Welles, par exemple. Et Stroheim. Le constructivisme/futurisme russe (Vertov, etc)...


Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Mar 12 Mar 2013 - 19:53, édité 1 fois

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Message par Invité Mar 12 Mar 2013 - 19:53

arrête ça va comme ça les lieux communs. mais on sait : tu ne te mouches pas du coude.

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Message par Invité Mar 12 Mar 2013 - 19:54

fuck off, man.

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Message par Invité Mar 12 Mar 2013 - 19:58

C'est exactement le contraire de "se moucher du coude" :

j'admets mes limites, mes lacunes, mon inculture; je cherche pas à en faire accroire, à me faire passer pour un cinéphile raffiné révérant les objets nobles et sacralisés par les critères (historiquement déterminés) de la cinéphilie distinguée.

C'est toi qui te mouches du coude. C'était d'ailleurs attendu, un running gag (j'adore aussi les Keystone Cops, Harold Lloyd, Laurel & Hardy, WC Fields, etc):
en tant que gardien du temple, et qui tolères mal qu'on égratigne tes icônes sacrées, que tu épingles dans ton petit musée fétichiste des antiquités immortelles, et époussettes régulièrement avec un plumeau amidonné.

Une fois de plus, ça n'a pas manqué. Je savais comment te faire pousser un petit cri étouffé de vierge effarouchée. Suffit d'appuyer sur les bons boutons. Slapstick.


PS: et pour BHL, tu te mords la queue, pour ne pas changer. BHL est précisément un amoureux de l'âge d'or hollywoodien, des grandes fresques épiques ou romantiques, des comédies de remariage, du glamour, du scope, des cavalcades, des splendor in the grass, des Stars, des Vamps, d'Ava Gardner, Lauren Bacall, etc. Bref ce qui m'indiffère au premier et au dernier degré. Mais que tu sembles priser. Donc vous pourriez superbement vous entendre comme larrons en foire.

Puis aussi de Rohmer (demande à sa femme), etc.

Note: Rohmer, je n'ai cessé de le dire, je porte très haut plusieurs de ses films (dont son premier Le Signe du lion), donc pas la peine de me faire un nième procès de dupe. Comme avec tes harangues réactionnaires et stupides sur mon goût des bonnes séries - qui heurtent tant ton bon goût raffiné, ta sensibilité infaillible et enviable d'amoureux énamouré du Cinéma.


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Message par Invité Mar 12 Mar 2013 - 20:48

Baudouin II de Barvaux a écrit:
Stéphane Pichelin a écrit:L'impossible M. Bébé est "moyennement drôle" ??!! Tony, faut passer au prozac, je sais pas... Wink


En retard.
Inquiète toi, Stéphane, j'ai toujours trouvé L'impossible M. Bébé absolument pas drôle. Mais bon, tu sais bien, moi, les vieilleries... Déjà que je n'ai jamais pu trouver un Ford intéressant. Et Hawks, à ma grande honte, que ce soit grave ou drôle ou les deux, pareil. La vision de Rio Bravo fut pour moi une des pires séances de torture audioscopique de ma vie. Je me sentais comme Alex dans Orange mécanique, obligé de fixer l'écran à cause de la réputation du truc et je me demandais, interdit, face à ce chromo insipide (ai-je jamais vu d'aussi atroces couleurs), nonchalant et imbitable, où je pouvais pas m'intéresser un quart de seconde ni aux persos ni à l'histoire ni aux enjeux: "mais pourquoi qu'on dit que c'est un grand film... Putain, pourquoi c'est un grand film, j'comprends pas, pitié, etc".

(Et quitte à consterner définitivement je ne sais trop quel "peuple des cinéphiles", le Johnny guitar (de N. Ray) m'a fait exactement le même effet: atroce. "Plus jamais", m'étais-je dit, après avoir tenu vaillamment jusqu'à la fin, épuisé, migraineux, assommé.)

Par contre, pour faire bonne mesure, To be or not to be, de Lubitsch, me suis vraiment bidonné.
je suis vraiment désolé pour toi que tu n'aimes pas L'impossible... tu rates quelque chose. en même temps, si tu l'aimais, tu le regarderais et comme tu ne l'aimes pas, etc... Wink
mais assez de ton avis sur Rio Bravo, et en général sur toute la fin de carrière de Hawks - du moins tout ce que j'ai vu : Hatari, Rio Lobo et j'en passe - que je trouve bien chiante.
pour le Ray, c'est autre chose. film très décalé, comme tous les Ray. faut aimer. ou au moins être séduit, charmé, enchanté - de la magie bizarre, pas forcément saine. enfin, moi j'aime bien. peut-être pas sain après tout...


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Message par Invité Mar 12 Mar 2013 - 21:00

Ne sois pas désolé pour moi, Stéphane, j'y survis, difficilement certes, c'est un combat quotidien... Wink

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Message par Invité Mar 12 Mar 2013 - 21:03

je pense à toi ce soir. tiens bon !


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Message par Invité Mar 12 Mar 2013 - 21:15

Mais je comprends ce que tu dis à propos de Ray. J'ai saisi cela, ce décalage, mais aussi ce renversement d'une certaine donne "machiste" des codes hollywoodiens. Que n'a t-on dit de Ray qu'il "féminisait" et "fragilisait" le western avec Johnny Guitar. Que n'a-t-on célébré avec JG un mélancolisme lunaire, etc. Et que ne sait-on que Ferdinand, dans Pierrot le fou, dit à son épouse qu'il va emmener sa petite fille voir JG: "faut bien qu'elle se cultive". Etc.
D'accord, d'accord. Mais j'accroche pas, modestement. Pour moi, Ray, c'est encore ce classicisme hiératique, même finissant, même "bizarre" (et dieu sait si j'aime le "bizarre" - ah les tous premiers Bunuels...).
Tout m'indispose dans JG: le chromo, encore, la redondance. Ah la redondance... C'est le pire: tout doit être porté à la lourdeur du symbole, de la signifiance, de l'allégorique - le feu -... On a l'air de nous "suggérer" des choses, latéralement, on a l'air de distiller une tonalité intimiste, secrète, mais en fait on nous explique toujours tout tout le temps, frontalement, en surlignant, 50 fois - par le cadre, puis par l'expression faciale, puis par les dialogues, puis par la musak... Je supporte pas l'allégorisme, la figuration par symboles, l'insistance signifiante (raisons pour lesquelles je ne supporte pas le cinéma prétendument "politique" d'un Elio Petri, par exemple et entre autres). Et Ray, pour moi, fait partie de tous ceux qui lourdement insistent, signifient, constamment, dix fois plutôt qu'une - comme un Kazan, comme un Minnelli (la purge, scuzi).
Y a jamais d'air, là-dedans, on étouffe. Tout semble colligué; tous les éléments semblent conspirer et converger dans une même unité de sens, close, imposée, martelée, sans dehors. C'est peut-être ça qu'on appelle "la grande forme", je sais pas trop. Mais dans ce cas, j'aime pas les Grandes Formes. J'aime tout ce qui est un peu indirect, oblique, latéral, diatonal, elliptique, dispersif, dé-signifié, lacunaire (même et surtout dans la grandeur, le "vaste" - qui peuvent sembler alors ouverts; même dans l'allégorie - qui peut alors sembler plurivoque, etc). Sinon je respire pas....

Comme tu sais, je commence à m'exciter grave avec l'émergence du cinéma US dit "de crise" (fin 50s). Je ne contesterais pas que Ray en fut un précurseur par bien des manières. Mais pour la mélancolie lunaire, ou quelque chose de cet ordre, je préfère Antonioni. C'est plus étrange, et surtout... plus "moderne". J'aime la "modernité".
J'appelle, à tort certainement, "vieilleries", "surannées" les œuvres qui pour moi ne passent pas le cap de cette "modernité", ne supportent pas le "passage du temps" (Chaplin et Welles, de ce point de vue, sont pour moi des "modernes"), "modernité" qu'il faudrait bien sûr tenter de définir longuement...

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Message par Invité Mer 13 Mar 2013 - 8:56

"modernité" qu'il faudrait bien sûr tenter de définir longuement...
à moins qu'il s'agisse de la contemporanéité... ou du post-modernisme... longuement en tous cas.

que Ray puisse être mis en rapport avec la crise du cinéma, qu'il précède de peu, c'est sûr. mais je n'aime pas trop le terme de précurseur, ça a un côté téléologique, non ? mais avec lui, la forme classique rentre en crise, elle enfle, on peut trouver qu'elle se boursoufle, mais c'est aussi comme ça qu'elle craque. la sur-signification peut être destructrice, mais elle peut aussi ouvrir des interstices, se durcir en ses parties mortes et laisser des béances entre. je crois que des cinéastes comme Aldrich et Fuller s'infiltraient déjà dans ces béances. font-ils partie de ce cinéma "de crise" qui t'excite tant ?

le malsain, c'est peut-être de se laisser fasciné par ce durcissement morbide. mais n'est-ce pas aussi nécessaire pour en sortir ?


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Message par Invité Mer 13 Mar 2013 - 10:36

-il ya quelques temps quelqu'un (Breaker?) avait parlé ici de "Titticut Follies" et du passage qui concerne l'agonie d'un vieux prisonnier, que le film montre par ellipse (mla mise en bière est flash forward à partir d'une scène où on l'alimente par sonde, de manière forcée). j'aimerais retrouver ce texte, il me semble qu'il avait une bonne approche: postuler que la mise en scène de Wiseman est à la fois humaniste et cruelle (elle adopte le point de vue du savoir sur l'injustice, partiellement légitime, car parfois plus une rivale de l’institution que sa critique: non seulement les psys de Titticut Follies participent à un système déshumanisant, sont les objets de leur propre contrôle, mais en plus et surtout ils sont techniquement mauvais: l'objet du film c'est l'évaluation de la qualité des échanges entre gardiens, médecins et malade, mais pas ce qui pourrait les mettre de manière réfléchie en crise. Les malades sont filmés chacun commes des variations de Bartleby, et les gardiens comme sescollègues scribes, on ne sort pas du récit).

-Cycle intéressant de film proposé par Elia Suleiman à la cinémathèque de Bruxelles: programmation à la fois Buster Keaton, de Tati, mais aussi "Jonas qui aura 20 ans en l'an 2000" de Tanner.

-Hawks j'aime bien Scarface. Intrigué aussi par "les Chemins de la Gloire" que j'aimerais bien voir, cela a l'air d'être déjà un film de guerre moderne. Je pensais "j'aime bien "Gentleman Jim" aussi, mais en fait je le confondais avec Walsh

-Ray colligé certainement pas. Je ne connais de lui que "they Live by Night", "the Violent" et "Bitter Victory" mais ce sont trois films qui font preuve d'une belle indécision.
"Bitter Victory" c'est à la fois un film de guerre hyper-classique, et quelque chose qui n'a rien à voir avec un film de guerre, dès lors que Ray s'intéresse plus au fait que la culpabilité des personnages devance à la fois les fautes qu'ils commettent et en annule la portée, qu'aux victoires des alliés sur les Allemands en Lybie.
Chez Ray, c'est la culpabilité qui découvre que l'innocence n'a pas de point de vue (Nick's Movie de Wenders voulait enterrer Ray, en faisant semblant de montrer la mort comme un évènement banal): le rêve de richesse et les ambition de braqueurs de Bowie s'annule dans sa propre fragilité, Dixon doit découvrir l'arbitraire et l'aspect incontrôlable de sa propre violence pour se disculper d'un crime qu'on lui impute, et le sergent sadique de Bitter Victory est le seul qui connaisse la vérité sur l'héroïsme (et la vanité suicidaire qui le fondait) de l'homme qu'il a tué. Seuls les fautifs racontent. L'innocence ne s'oppose pas à la culpabilité chez lui, mais à la sensibilité.
Ces 3 films ont une belle trajectoire: au début la mort et la violence sont vécu comme des mystères inconnus par le personnage central, et un fait normal, borné, prévisible et déterminé pour son entourage, et le film inverse ce rapport: le fait que la mort ne renvoie pas à l'infini, mais à quelque chose de peut-être connu d'avance, harcèle le personnage central, tandis qu'elle est un mystère imprévisible pour l'ordre social.
Dans ces trois films il y a un mouvement qui expose d'abord le monde dans lequel vivent les personnages, mais pour les en détacher ensuite, au moyen cette inversion de signification (dans "They Live By Night" c'est la même femme qui vend Bowie à la police et est endeuillée à la fois pour Bowie et sa compagne, et le basculement prend une minute)


Dernière édition par Tony le Mort le Mer 13 Mar 2013 - 18:58, édité 2 fois

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Message par Sibelius Mer 13 Mar 2013 - 11:33

Baudouin II de Barvaux a écrit:Mais je comprends ce que tu dis à propos de Ray. J'ai saisi cela, ce décalage, mais aussi ce renversement d'une certaine donne "machiste" des codes hollywoodiens. Que n'a t-on dit de Ray qu'il "féminisait" et "fragilisait" le western avec Johnny Guitar. Que n'a-t-on célébré avec JG un mélancolisme lunaire, etc. Et que ne sait-on que Ferdinand, dans Pierrot le fou, dit à son épouse qu'il va emmener sa petite fille voir JG: "faut bien qu'elle se cultive". Etc.
D'accord, d'accord. Mais j'accroche pas, modestement. Pour moi, Ray, c'est encore ce classicisme hiératique, même finissant, même "bizarre" (et dieu sait si j'aime le "bizarre" - ah les tous premiers Bunuels...).
Tout m'indispose dans JG: le chromo, encore, la redondance. Ah la redondance... C'est le pire: tout doit être porté à la lourdeur du symbole, de la signifiance, de l'allégorique - le feu -... On a l'air de nous "suggérer" des choses, latéralement, on a l'air de distiller une tonalité intimiste, secrète, mais en fait on nous explique toujours tout tout le temps, frontalement, en surlignant, 50 fois - par le cadre, puis par l'expression faciale, puis par les dialogues, puis par la musak... Je supporte pas l'allégorisme, la figuration par symboles, l'insistance signifiante (raisons pour lesquelles je ne supporte pas le cinéma prétendument "politique" d'un Elio Petri, par exemple et entre autres). Et Ray, pour moi, fait partie de tous ceux qui lourdement insistent, signifient, constamment, dix fois plutôt qu'une - comme un Kazan, comme un Minnelli (la purge, scuzi).
Y a jamais d'air, là-dedans, on étouffe. Tout semble colligué; tous les éléments semblent conspirer et converger dans une même unité de sens, close, imposée, martelée, sans dehors. C'est peut-être ça qu'on appelle "la grande forme", je sais pas trop. Mais dans ce cas, j'aime pas les Grandes Formes. J'aime tout ce qui est un peu indirect, oblique, latéral, diatonal, elliptique, dispersif, dé-signifié, lacunaire (même et surtout dans la grandeur, le "vaste" - qui peuvent sembler alors ouverts; même dans l'allégorie - qui peut alors sembler plurivoque, etc). Sinon je respire pas....

Comme tu sais, je commence à m'exciter grave avec l'émergence du cinéma US dit "de crise" (fin 50s). Je ne contesterais pas que Ray en fut un précurseur par bien des manières. Mais pour la mélancolie lunaire, ou quelque chose de cet ordre, je préfère Antonioni. C'est plus étrange, et surtout... plus "moderne". J'aime la "modernité".
J'appelle, à tort certainement, "vieilleries", "surannées" les œuvres qui pour moi ne passent pas le cap de cette "modernité", ne supportent pas le "passage du temps" (Chaplin et Welles, de ce point de vue, sont pour moi des "modernes"), "modernité" qu'il faudrait bien sûr tenter de définir longuement...

Et les films de King Vidor, Duel au soleil, ou La Furie du désir? C'est spectaculaire sans ce côté trop allégorique.

Après, tout est une question de définition des critères, un Minnelli est pour moi davantage dans la retenue et la pudeur que l'exagération.


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Message par Invité Mer 13 Mar 2013 - 11:47

Vu  (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films - Page 10 Ghost-11

Très beau film, vu pour la première fois hier. Je m'attendais à un actionneer high-tech et rien de plus. Mais la mise en scène est très posée. Les scènes d'action intenses mais peu spectaculaires avec un pur sens du rythme, de l'espace et de la tension dramatique. Le ton restant est bavard et méditatif, avec de belles transitions entre séquences et un peu de gore furtif.

Sur fond d'errance urbaine et d'une SF dématérialisée ou l'on continue de porter le riz sur ses épaules et de tirer à la poudre à canon, le film se refuse au sentimentalisme mais révèle un certain romantisme victorien (ou francforto-structualiste, ce qui est pareil) derrière sa froideur apparente. Je l'ai regardé en japonais sans rien piger au dialogue, comme quoi le sens passe au delà du scénario.

Vu  (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films - Page 10 Ro402010

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Message par glj Mer 13 Mar 2013 - 17:33

Pour en revenir a JG, je ne l'ai vu qu'une fois sur une mauvaise copie vhs et j'ai pas tenu tout le film. Je pense que si j'avais vu le film en blue Ray ( gloups), j'aurais accroche car la flamboyance du cadre chez ray peut fasciner. Je pense ici encore a " party girl" que j'adore et qui mise tout sur les couleurs du " cinemascope" pour fasciner son spectateur. Ray par raport a minelli a autre chose, un je ne sais quoi d'oblique dans le traitement psychologique ainsi que dans la composante du cadre.Mais c'est vrai que sur leurs aspects psychologique les films de Ray sont souvent peu interressant, en tous les cas de mon point de vue.

La dame du vendredi, j'ai bien aime son débit de mitrailette, c'est l'ancêtre des sitcom aux repliques qui fusent. Bon hawks c'est vrai que ces oeuvres testamentaire, ça me tombe des yeux. Je pense que leurs réputations viennent beaucoup de daney.

J'aime pas ford non plus mais j'ai une affection toute particulière pour la modernité psychologique des personnages chez walsh.
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Message par Borges Mer 13 Mar 2013 - 17:49

hi, glj; j'ai ouvert un topic (soyons cinéphiles, demandons l'impossible) pour cette discussion, si tu pouvais y copier ton texte ce serait génial Wink
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Message par Invité Jeu 14 Mar 2013 - 21:43

Je ne sais pas quelle est la situation aux Etats Unis mais en France un acteur vu à la télé dans un téléfilm ou une série est estampillé télé et écarté du cinéma par les décideurs, metteurs en scène, producteurs, comme trop bas de gamme. Bien sûr il y a des exceptions comme Depardieu qui passe de l'un à l'autre : mais cherchez donc Huppert ou Auteuil à la télé.
Il y a des particularités comiques comme Catherine Frot qui n'accepte que les premiers rôles.
Depardieu encore lui est le plus clairvoyant : il accepte les premiers films et choisit souvent d'avoir un cachet relativement modeste, à la télé comme au cinéma, et de prendre des participations sur les rediffusions (25% du salaire à chaque rediffusion télé) ou les entrées et les produits dérivés (DVD etc) pour le cinéma.
Il prend un risque mais gagne beaucoup plus que ceux qui exigent un gros cachet en une seule fois.











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Message par Invité Sam 16 Mar 2013 - 21:24



L'esthétique de Starships est inventée ici Very Happy

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Message par Invité Sam 16 Mar 2013 - 23:30

Éloge de la pudeur - André Purdhommeaux (1955)

Si l’on nomme « pudeur » la tendance à cacher aux autres (et à soi-même) certains faits, actes, impulsions ou pensées appartenant à notre « domaine privé », à notre « vie intime », on ne tarde pas à constater que toute pudeur est, au fond, celle de l’âme.

La pudeur s’exprime par la recherche des lieux clos ou isolés, « où l’on se sent chez soi » – par l’usage du vêtement qui nous « protège » des regards et des contacts indésirables en même temps que des intempéries – par la réserve personnelles de langage et d’action observée en ce qui touche aux fragilités animales et aux sentiments profonds de notre vie. Cette dissimulation fait incontestablement partie de « l’art de vivre ». Vivre en conservant son intégrité, sa dignité et son indépendance personnelles ; et, ajoutons-le immédiatement, en respectant celle des autres, voilà la pudeur, vertu essentiellement individualiste.

Elle est en même temps une vertu sociale (altruiste par introjection), en ce sens que nous sommes choqués de voir autrui manquer à la pudeur et que nous nous efforçons de ne pas exercer sur lui un choc affectif de même ordre. Il est choquant, en effet, de voir un être humain étaler avec complaisance les côtés sordides ou repoussants de sa nature, ses prétentions dominatrices, son insignifiance ou sa veulerie, son éréthisme sexuel ou sentimental, son manque de respect pour soi-même et pour autrui. La sympathie, cette sociabilité réflexe, exige que nous réfrénions en nous-mêmes les tendances à l’exhibitionnisme et au voyeurisme, qui toutes deux tendent à violer l’intimité d’autrui, soit en lui imposant la nôtre comme un spectacle indésirable, soit en surprenant ta sienne d’une manière outrageante pour lui et ses proches.

Réflexe de défense en face de celui qui nous traite comme un simple instrument, un objet, une chose au service de ses instincts – la pudeur maintient le caractère distinctif de notre humanité acquise, et de notre unicité individuelle. Elle est un vêtement vivant, un épiderme mental.

On lui reproche d’être une convention, un sentiment factice, un produit de l’éducation et de la tradition, un « préjugé », et l’on souligne, à ce propos, que la pudeur- revêt les formes les puis bizarres et les plus contradictoires selon les milieux, les climats, les croyances, la mode, les circonstances de la vie. A cela, il convient d’abord de répondre que la civilisation au sens le plus large du mot est dans son ensemble un préjugé, un produit de l’éducation et de la tradition, un « artifice » ajouté à la « nature » ; toute la question est de savoir si cet artifice est une acquisition valable ou non. Or, la pudeur – qui se présente à nous sous des aspects infiniment varies – n’est jamais absente de la psychologie humaine, ce qui nous donne à penser qu’elle est sans doute un élément constitutif du « génie » de notre espèce, un apanage proprement humain, qu’il serait vain ou désastreux de prétendre abolir.

Il est vrai que la pudeur est menacée, de nos jours, par bien des ennemis ; raison de plus pour la défendre.
Elle a pour vieille ennemie la religion judéo-chrétienne, qui prétend exposer l’homme, dans sa misérable nudité et son infirmité, aux regards éternellement fixés sur lui d’un Dieu omniscient, omniprésent, inquisiteur et vengeur parfait de nos moindres manquements à la perfection. Elle a pour ennemie l’Eglise, qui prétend, au nom de ce même Dieu, violer le secret des consciences par la main de ses prêtres, les diriger par la confession, la pénitence, l’exhortation, l’endoctrination, la menace de châtiments éternels, l’usage rituel des sacrements, etc., etc.

L’âme humaine n’est guère mieux traitée par la science moderne. Contre elle, la psychiatrie, la toxicologie, la chirurgie du cerveau, les détecteurs du mensonge, l’hypnose, les électrochocs, constituent un arsenal de viol, un bordel-laboratoire, un jardin des supplices, qui ressemble aux légendaires châteaux d’un Sade ou d’un Kafka. Pour forcer l’âme, pour lui arracher son secret, pour la décomposer en éléments homogènes classables, dosables, étiquetables en bocaux, toutes les techniques sont mises à contribution.

Les tests, les questionnaires, les curriculum vitae, la graphologie, etc., autant de « recoupements » que ses employeurs, ses contrôleurs, ses tourmenteurs mettent en œuvre pour dévoiler, déflorer, dévirginiser Psyché. Leur « hygiène » vaut le « salut » des théologiens : elle n’est que le prétexte revêtu par une sadique volonté de puissance pour détruire ce qui s’oppose à sa curiosité d’asservissement.

Et que dire de l’Etat totalitaire, avec sa réduction de toute existence aux catégories de la police politique ? A son service, la vieille théologie et la science moderne rivalisent de zèle. Son idéal c’est la maison de verre, le panopticon de Bentham, la machine à habiter de Jeanneret, où le matériel humain serait en permanence dans l’état lamentable d’ostentation où il se trouve dans les antichambres d’hôpitaux, les amphithéâtres et les conseils de révision. Cet état d’inspection officielle des viandes, avec brain-washing, sonde et spéculum, cette opération sans fin, qui tient à la fois de l’assistance sociale, de la visite sanitaire des prostituées et de l’autocritique bolcheviste – durerait de l’acte génésique à l’autopsie, à travers les mille épisodes de nudisme administratif qui consistent à naître, à enfanter, à vivre et à mourir – « les uns à la vue des autres », comme dit Pascal – dans l’effroyable promiscuité de cris, d’odeurs, de paroles, de gestes, de fonctions, d’haleines et de râles d’un monde concentrationnaire, dont la devise renchérirait sur l’Enfer de Dante : « Vous qui entrez, laissez toute pudeur ».

De toutes les sociétés – historiques, utopiques ou légendaires – dont la description nous est parvenue, il est aisé de constater que les plus oppressives, les plus inhumaines, sont aussi celles d’où la pudeur est exclue – et avec elle le caractère essentiellement « privé » des rapports entre les sexes. Ce sont aussi les sociétés où l’amour, l’amitié – tous les sentiments exclusifs et véritablement personnels – ont en général le moins de place. A la limite, la « chasteté » et la « promiscuité » pratiquement se confondent (si par chasteté on entend l’indifférence, la froideur, la vie sexuelle réduite à un minimum socialement nécessaire pour les fins de la reproduction). Rien de moins érotique que le nu gymnique des jeunes gens spartiates des deux sexes, vivant en hordes guerrières où les mâles et les femelle, à peine différenciés, mesurent brutalement leurs forces et leurs vertus patriotiques. Impudique dans ses mœurs, entièrement dominée par l’idolâtrie nationale, Lacédémone a moins encore, si c’est possible, la pudeur des âmes que celle des corps. Si brèves que soient les paroles qui composent l’anthologie littéraire du style laconien, on ne peut que souhaiter que ses auteurs aient été moins verbeusement indécents dans l’étalage de leur indifférence à l’égard de tout ce qui n’est pas le salut de la République.

Et de nos jours, c’est en Allemagne hitlérienne, au pays des haras humains instaurés par Himmler pour ses S.S. – ou bien c’est derrière le rideau de fer, dans la patrie des terrassiers stakhanovistes, des mères héroïnes et des miliciennes bottées et casquées que l’on peut retrouver le maximum d’indélicatesse dans les mœurs, de bestialité dans les rapports sexuels, et d’inconscience enfin, dans les propos d’adulation, de mépris, de vantardise et de cruauté, où s’étale la stupidité despotique d’une génération sans pudeur.

La masse, la foule, est sans pudeur ; aussi est-elle incapable, dans ses déchaînements de sexualité, d’aboutir à autre chose qu la chiennerie crapuleuse, alors que le couple, qui fuit naturellement la grossièreté des saturnales, accède seul au niveau où la chie en lit fait place à l’amour. Comment en serait-il autrement ?

Les pudenda (les parties « honteuses » ou « sacrées ») ont le double rôle génésique et excrémentiel que l’on sait. Fonctions alternantes, exclusives l’une de l’autre, et que tendent à confondre la scatologie, la curiosité triviale, l’obscénité. Pour que l’organe masculin ou féminin soit attirant, non point vicieusement comme peut l’être l’instrument souillé d’une évacuation malodorante, mais amoureusement, comme l’objet par excellence du désir, il est nécessaire qu’un courant psychique déjà fortement établi par une courtisation préalable assez intense – conduise « enfin » à la dénudation, au contact et a la vue des suprêmes instruments de volupté, sans qu’une seule pensée s’égare vers les aspects physiologiques inférieurs. Arrivés â un certain degré d’exaltation passionnelle, les amants sans doute pourront impunément négliger la plupart des réserves qu’ils ont naturellement observées au début, puisque « tout est pur aux purs » et qu’Eros triomphant ennoblit toute chair ; mais on ne voit pas comment ce « dépassement de la pudeur » pourrait avoir lieu sans l’obstacle qui lui sert de tremplin – comment la volupté commune pourrait naître autrement que d’une inhibition mutuellement vaincue – ni comment le retour du cycle tension-détente pourrait être préparé autrement que par une nouvelle courtisation supposant au moins une réminiscence de pudeur.

La pudeur est, semble-t-il, la bête noire des pornographes impuissants et des onanistes rancis dans le célibat. On dirait, à les entendre, que c’est elle – la fiancée d’Eros – qui est responsable de leurs frustrations et de leurs délectations moroses. Il n’en est rien.

Je veux bien admettre que la pudeur soit l’adversaire du désir, et que vous preniez le parti du désir. Mais qui peut vivre sans un adversaire ? Psyché sous-entend Eros ; elle est sa partenaire éternelle ; et, sans leur dialogue, l’assouvissement ne serait qu’une morne homosexualité narcissique. On jette à la pudeur l’accusation d’être hypocrite parce qu’elle aspire secrètement à être vaincue, comme le désir lui-même aspire â n’être plus désir, mais contentement et repos. Eh quoi, vous voulez réduire les ambivalences et les ambiguïtés de la vie à la simplicité d’un mécanisme élémentaire ? Voulez-vous arrêter le cycle et le rythme de la durée vivante, pour le remplacer par le battement de l’horloge marquant une simple dimension de l’espace ?

C’est une vérité mille fois redite et pourtant inusable, que la pudeur valorise son objet. Ce qui est abandonné sous l’extrême tension de la passion, après uni cristallisation amoureuse réciproque enrichie par l’attente, l’espoir et le désespoir, acquiert une valeur surhumaine : un regard, un contact furtif, un billet, un mot d’aveu nous rendent les rivaux des Dieux. Rien n’a en ce monde d’autre prix que ce qu’il coûte, et l’idée d’une jouissance gratuite, immédiate (sans attente, ni risque, ni aléa, ni secret) est si contradictoire qu’on ne saurait lui attribuer un sens. Oui, la pudeur montre ce qu’elle cache, et le désir ne veut pas toujours ce qu’il veut. La biche en amour s’enfuit ; la nymphe se cache derrière les saules ; l’une et l’autre craignent d’être poursuivies, et craignent de ne pas l’être. La rougeur qui monte aux joues, la main qui ramène une jupe sur un genou un peu trop découvert (autrefois il s’agissait de la cheville) sont-ils des expressions univoques ? Bien naïf ou bien fat qui s’y tromperait tout à fait.

Le rêve d’un plaisir amoureux d’où toute pudeur serait bannie est aussi vain que celui d’un midi éternel, sans nuage ni ombre. Telle qui ne cache rien de son corps est timide en ses gestes, telle en son langage, telle en sa pensée, telle en son cœur.


André Prunier [Prudhommeaux]
L’Unique, n°93-94, mars-avril 1955.

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Message par Invité Lun 18 Mar 2013 - 16:20

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Message par Invité Lun 18 Mar 2013 - 16:24

Pris la première moitié d'Archangel de Maddin.

Très bon, le film amène à la fois à soupçonner (sur le mode du procès) s'il y a pas un côté dandy punk de droite dans cette fascination purement esthétique, simultanément ludique et morbide pour l'image et le discours nationaliste, et à constater que Maddin pose un geste précieux et rare. Son cinéma installe un monde tellement saturé par la violence que la mort fini par en être évincé. Le cinéma existe alors pour porter témoignage d'un fait: la vie finit par être le processus mélancolique et poétique par lequel le concept d’histoire est conservé au delà de sa vraisemblance. Sur ce rapport mélancolique à l'histoire et à l’imaginaire qui l'excède en partant d'elle, le film est documentaire.

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