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Les Chants de Mandrin (RAZ - 2011)

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Les Chants de Mandrin (RAZ - 2011) - Page 4 Empty Re: Les Chants de Mandrin (RAZ - 2011)

Message par Borges Mer 22 Fév 2012 - 15:46

Stéphane Pichelin a écrit:
Borges a écrit:plutôt qu'à spartacus, chez badiou, je renverrai à "ahmed" (le personnage de ses pièces), un héros comique, qu'il dit diagonal (comme tati, ou chaplin). Un personnage diagonal est un personnage qui est dans la situation sans y être; un personnage de la circulation, qui, selon badiou, ne peut-être dans la situation contemporaine qu'un prolétaire immigré

(badiou,"ahmed héros moderne, entretiens I);

ce personnage est nécessairement dans un excès de maîtrise (ce que reproche SP au personnage de Raz), il peut tout, il transforme le désespoir en énergie...il est en fait tragi-comique...
ce n'est pas tout à fait ça. d'abord, il n'y a rien à "reprocher" à un personnage. l'excès de maîtrise est par contre ce qui me fait le voir comme un patriarche. mais c'est un excès de maîtrise qui n'a rien à voir, à mes yeux, avec ceux de Tati et Chaplin. ce n'est pas la maîtrise in extremis et par nécessité de survie de l'homme sur le monde. c'est une maîtrise sociale de l'homme sur l'homme. une domination sociale. je ne vois pas qu'on puisse dire de Bélissart qu'il est "diagonal". justement, il est central.


oui, mais la diagonal est celle du personnage de raz, dans ses différents films, je dois bien dire que je ne le sens jamais au centre, centré, dans la scène;il est toujours à distance; on sent presque qu'il va se mettre à rire de ce qui se joue, se fait; cette histoire de patriarche, je sais pas d'où elle sort, vraiment; finalement j'en reviens à l'idée que ces personnages, ces acteurs, ces corps, ces visages ne sont pas du 18ème siècle...diagonale de l'histoire...

l'excès de maîtrise du personnage comique est lui-même comique, à ne pas prendre au sérieux...



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Les Chants de Mandrin (RAZ - 2011) - Page 4 Empty Re: Les Chants de Mandrin (RAZ - 2011)

Message par Borges Mer 22 Fév 2012 - 15:51

Stéphane Pichelin a écrit:
Borges, tu as raison, le film parle du droit, est à prendre du point de vue du droit. Mais il y a deux façons de le faire. Soit du point de vue du droit qu'il représente ou auquel il se réfère : droit d'Ancien Régime ou droit contemporain. Ou bien du point de vue du droit qu'il produit. Il y a un droit des figures dans le film, et aussi un droit à être ou ne pas être figuré. C'est celui là qui m'intéresse, que j'essaie de creuser. Jusqu'à des découvertes que je n'attendais pas.

Je reprends des choses que j'ai déjà dites mais en y ajoutant.

La centralité de Bélissart. Je l'ai déjà affirmée plusieurs fois. Ce que fait Bélissart :
-il tire le déserteur des mains des gendarmes
-il le sauve et le soigne : il est médecin-guérisseur (les mains du roi sont des mains de guérisseur)
-il accueille, interroge et « adoube » le colporteur
-il accueille, interroge et « adoube » le marquis
-il missionne le colporteur
-il est à la tête de l'expédition pour le sauver
-il décide et négocie l'impression des Chants de Mandrin
-il complète la Complainte de Mandrin quand le marquis défaille (oui, Adeline, mes larmes d'enfant aussi à l'écoute de cette complainte.)
Comme l'a dit Largo, Bélissart est un patriarche.

D'une façon plus subjective, Bélissart est aussi le plus beau de la bande, plus viril que le jeune déserteur, moins bestial que son grand compagnon. Et cette beauté, c'est aussi celle du réalisateur. Ça, que le corps de Bélissart, corps centralisant et régulant toutes les relations du groupe, soit aussi le corps du réalisateur ne peut pas être anodin, surtout si on prend en compte les rapports de perméabilité que RAZ organise entre filmique et pro-filmique. Témoin, évidemment, son acronyme en nom d'éditeur des Chants de Mandrin. Mais ce n'est pas le seul nom pro-filmique à s'introduire dans le film. Il y a aussi celui de Cynan. Comme je l'ai déjà dit, le réalisateur et le philosophe. Mais aussi le marchand (c'est un rôle de l'éditeur après tout) et l'imprimeur.

La centralité de Bélissart. Et son exceptionnalité : quand ses hommes s'envoient en l'air, lui n'en fait pas partie. Il est exonéré de tout rapport à l'érotisme, n'apparaît même pas à l'image à ce moment. Mais cette absence a à voir avec l'attirance universelle qu'il provoque. Bélissart phallique (je laisse au lacanien de l'assistance le soin de développer ça).

On comprend que ce n'est pas la même chose pour la Mandrine qui reste à garder les chevaux (incompatibilité de la monte guerrière et de la féminité).
Mais les jeux de l'amour sont aussi une lumière rasante sur une poitrine de femme palpitante et ornée du bijou que lui offre son homme – plan d'un grand machisme, d'autant plus efficace que la plupart des hommes ont dû soigneusement apprendre son attrait (sous-vêtement Aubade, etc...).
Phallocratie patriarcale et sexiste.

Contrairement aux apparences, je ne suis pas du tout en train de dézinguer le film.
Attendons encore avant les conclusions.
Pour l'instant, continuons le relevé des figures du droit des figures.

« Eux » et « nous », j'en ai déjà parlé. L'opposition des contrebandiers et des gendarmes. Opposition totale et absolue, qui permet à Bélissart de préférer sans hésitation la vie d'un déserteur et futur mandrin à celle de trois gendarmes. Césure stricte de deux humanités étrangères l'une à l'autre. On ne peut même pas dir puérielemnt que ce sont les gendarmes qui ont commencé, puisqu'ils lui proposent de passer son chemin. On ne peut pas non plus dire que la césure n'est pas aussi stricte puisque le déserteur passe d'un camp à l'autre : filmiquement, ce n'est pas juste, le déserteur n'a aucune autre existence que celle de déserteur puis de mandrin, il n'est jamais gendarme à l'image.

Enfin, il y a le langage, le parler contemporain. Comment le qualifier ? Populaire ? Mais de quel peuple parle-t-on ? Banlieusard ? Mais Neuilly, celle de Sarkozy, est en banlieue et je ne pense pas qu'on y parle souvent comme ça. Ou bien vulgaire, mais sans y attacher aucune valence positive ou négative. L'important, de toute façon, c'est que cette façon de parler d'une part rattache le film historique à notre contemporanéité. D'autre part, comme le signalait Borges, elle est liée à l'origine sociale et géographique supposée des acteurs/protagonistes et il y a une revendication de participation de cette origine à l'Histoire nationale, une revendication d'appartenance à la nation.
Seulement, l'origine géographique des acteurs est bien plus homogène que ce qu'en laisse supposer le racisme de notre belle époque. Hors les « souchiens », tout ce beau monde est arabe ou maghrébin. Et même si ça fait chier Guéant et Sarko (et surtout si ça les fait chier), les arabes et les maghrébins, tout sombres de peau qu'ils puissent être, se considèrent comme faisant partie de la race blanche. Il n'y a que des blancs dans le film . Pas un noir, pas un chinois ou un vietnamien : que des blancs qui parlent français et qui clament leur appartenance à la nation française !

Tout ça, il faut le reconnaître, fait un étrange regroupement d'émancipateurs fondé sur une politique d'exclusion patriarcale, sexiste, raciste et meurtrière.

(J'en étais là, mais je sentais que quelque chose ne collait pas, que quelque chose me manquait pour que je puisse clore mes comptes avec ce film, au moins temporairement. Puis ce manque s'est cristallisé sur le dernier plan, très énigmatique : le marquis perdu dans ses jardins, avec derrière lui son château tout illuminé de lumières visiblement éléctriques et plus loin des phares de voiture traversant la nuit. Comme une relance, ou au moins un aboutissement très peu préparé dans le film. Nécessité de ne rien lâcher de ce que j'avais vu mais sentiment d'insuffisance. Continuer.)

La revendication des mandrins est celle d'un marché libre. Mais bien sûr le marché libre n'existe pas ; ou plutôt il n'existe que comme revendication de la Bourgeoisie immédiatement doublée de la régulation sévère des marchés pour protéger les intérêts de la même Bourgeoisie. Il faut gagner sur les deux tableaux, ça se comprend. Les mandrins sont des marchands et il leur faut gagner sur ces deux tableaux : revendiquer le marché libre et en même temps établir Bélissart, l'instance qui régule toutes les relations entre les membres du groupe.
Mais Bélissart est un héritier : il hérite de la place de Mandrin comme chef des contrebandiers. Mais les contrebandiers aussi sont des héritiers : ils héritent du nom de Mandrin et ils « continuent son oeuvre ». (Je ne me trompe pas, la phrase est bien textuellement dans le film, non ?) Mais ils n'héritent pas de la même façon. Bélissart hérite du chef, de la tête ; et les mandrins, du corps. Il y a continuité dynastique de Mandrin à Bélissart comme chef et continuité politique de Mandrin aux mandrins comme corps.
On se retrouve face à un autre point de droit, celui des 2 corps du roi, dont Kantorowicz a montré qu'il est à la base des conceptions modernes de l'état. Si le film s'achève sur la perdition du marquis, c'est que c'est sa fin logique : la noblesse a perdu sa position dominante au profit des marchands (que ce soit les mêmes qui se soient reconvertis n'entre pas ici en ligne de compte) et ce sont les marchands qui achèvent la constitution de l'état moderne, s'emparent du château.

Il faudrait aussi parler du filmage, ces suites de plans moyens sur des visages. Cette façon de filmer les choses et non leurs rapports – ou les rapports eux-mêmes comme des choses. Ce que le film raconte, c'est l'établissement d'un visage nouveau, d'une opacité étatique. Mais il le raconte comme ce qu'il a été : un moment révolutionnaire, moment où les marchands ont toujours nomadisé jusqu'à l'expulsion de la noblesse dans la nuit extérieure. Comme le dit BC, c'est l'événement qui intéresse RAZ. Et ce qu'il construit avec les mouvements actuels d'émancipation, je crois que ce n'est pas une identité (qu'il n'y a pas d'exemplarité de contenu chez les mandrins) mais la résonance de deux divergences. Vers burlesques.


je reviendrai sur ce post; juste une question d'abord : que resterait-il de john ford si tu lui appliquais les mêmes normes de jugement?



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Les Chants de Mandrin (RAZ - 2011) - Page 4 Empty Re: Les Chants de Mandrin (RAZ - 2011)

Message par Borges Ven 24 Fév 2012 - 8:03

Eyquem a écrit:Hello,

Une image d'Epinal (trouvée dans un ancien numéro de L'Histoire) :
Les Chants de Mandrin (RAZ - 2011) - Page 4 P1020110

Wink


Je suis impatient de voir ce que Ameur-Zaimeche va faire de ce "mythe" - puisque c'en est un, l'équivalent de Robin des Bois.
Au temps de la III République, on présentait Mandrin comme un pré-révolutionnaire, défiant l'absolutisme. Mais dans les faits, il semble qu'il ait plutôt été un de ces "bandits au grand coeur" dont parle Hobsbawm (dans "Les bandits"), un redresseur de torts qui s'opposait aux potentats locaux en faisant appel au roi, reconnu comme source de justice. Politiquement et socialement, ce genre de bandits était plutôt traditionnaliste et prenait pour modéle le "bon vieux temps", celui d'une société réglée et hiérarchisée, organisée autour du bon roi et des bons prêtres. Ce à quoi Mandrin s'opposait, c'était justement aux transformations de la société paysanne au moment de la transition capitaliste, aux financiers et aux bourgeois, bref, à ceux qui allaient porter la première Révolution.



hi eyquem;une présentation de ce livre;


« La défaite et la mort du bandit, c'est la défaite de son peuple, et qui pis est, la mort de l'espoir » écrit Eric John Hobsbawm au huitième chapitre des Bandits, dont la quatrième édition est parue en 2008. Champion des pauvres, réputé invulnérable, le bandit héroïsé des légendes populaires nous est présenté sous différentes figures, pour lesquelles sont mobilisées des références littéraires, historiques et sociologiques du monde entier. L'auteur, mettant l'accent sur les bandits sociaux des sociétés rurales, revient sur ses travaux fondateurs de 1969, et s'attache à étudier les structures économiques et sociales conditionnant l'apparition de ces hors-la-loi. Plus qu'avant, il se pose la question de la dimension politique des actes de banditisme. Captivante, la lecture des Bandits ne peut qu'être conseillée.

On ne peut comprendre le banditisme sans le replacer dans l'histoire du pouvoir politique. Il apparaît, selon Hobsbawm, comme contestation de l'ordre social, économique et politique, dans les sociétés paysannes marquées par les divisions de classe, et par l'exploitation. C'est l'intermittence de la puissance des Seigneurs et des Etats qui permet ensuite de comprendre la prolifération du banditisme : ce dernier se développe particulièrement dans les régions reculées, inaccessibles. Mais n'est pas bandit qui veut, surtout dans le monde rural : « si, sur le plan social, le paysan courbe l'échine, c'est qu'il est la plupart du temps obligé de le faire, au sens propre, dans ses champs » écrit Hobsbawm au troisième chapitre. Le banditisme se développe ainsi là ou la population rurale est en surplus. Ce sont ensuite des jeunes gens, entre l'âge de la puberté et celui du mariage, libérés des contraintes familiales. Cela peut être illustré par le banditisme chinois, favorisé par l'infanticide sélectif des filles, amenant, dans certaines régions, un surplus d'hommes de l'ordre de 20%. Les bandits sont également des migrants, comme les rasboiniki russes, ou autres marginaux, tels les déserteurs et anciens conscrits, sans maître ni terre. Enfin, les bandits sont aussi ceux qui échappent au contrôle habituel de la société, comme les bergers, vivant dans la montagne, où paysans et seigneurs ne pénètrent pas. Cependant, dans les pays occidentaux, dès le XIXème siècle, la constitution des Etats modernes, dotés du monopole de la violence physique légitime, a privé le banditisme des conditions favorables à son épanouissement : « le monde moderne l'a tué » écrit Hobsbawm au second chapitre.

Ce bandit qui prospère dans le contexte de discontinuité du pouvoir et d'exploitation de la population rurale, est parfois social. Dans ce cas, en tant que figure universelle de la protestation et de la révolte sociale, il n'a d'autre paradigme international que Robin des Bois, criminalisé par les Seigneurs et l'Etat, héroïsé par les paysans. Le bandit social se décline toutefois sous plusieurs formes, dont celle du bandit au grand cœur, philanthrope, redresseur de tort, défenseur de la veuve et de l'orphelin. Il est cependant soupçonné d'être plus présent dans les mythes et légendes que dans la réalité : « l'opinion populaire a tellement besoin de héros et de champions, que, s'il ne s'en présentent pas d'authentiques, elle en fabrique » écrit Hobsbawm au quatrième chapitre. Ces bandits ne basculent dans l'illégalité que parce qu'ils sont, au départ, victimes d'une injustice. C'est cela qui explique le maintien de leur légitimité, malgré leur marginalité. Soutenus par un peuple qui voit en eux l'espoir de faire régner la justice, ces bandits sont perçus comme invulnérables, et accèdent parfois au rang d'intermédiaire entre les hommes et la divinité. Modérés dans leur recours à la violence, les bandits au grand cœur s'opposent aux bandits vengeurs, héros sans être bons, dont l'existence permet de montrer le caractère potentiellement redoutable des pauvres. Le cruel Virgulino Ferreira Da Silva, tortionnaire de vieilles femmes, est l'un d'entre eux. Les Haïdouks, militaires issus de la paysannerie, en Hongrie et dans la péninsule des Balkans, sont un autre type de bandits tantôt classiques, tantôt sociaux. En tant que communautés libres, leur seule existence est un succès, en ce qu'elle montre que l'oppression n'est pas une fatalité. Organisés en groupes très structurés, ils sont pour l'auteur la forme la plus achevée de banditisme primitif. Notons à ce propos que le travail de bandit n'est pas à plein temps : comme pour la plupart des brigands, l'hiver, chez de nombreux Haïdouk, était le temps du retour en famille. Par exemple, les Haïdouks bulgares enterrent leurs armes le 14 septembre et ne les reprennent qu'à la Saint Georges, l'année suivante. Les bandits sont aussi des révolutionnaires aux méthodes criminelles, qui n'hésitent pas à voler pour collecter des fonds au service de leur projet politique. L'espagnol Francisco Sabaté Llopart, guérillero anarchiste, est l'un d'entre eux. Hobsbawm en dresse un portrait fort élogieux, ce sur quoi nous reviendrons.

En dépit de ce dernier exemple de révolutionnaire aux méthodes de bandit, force est de reconnaître, que les bandits ne sont pas des personnages politiques révolutionnaires, encore moins des idéologues. Leur vision du monde est simplement réformiste : plutôt que de chercher à supprimer l'oppression, les bandits ne veulent que l'alléger, sans tenter de provoquer le moindre bouleversement social. Ils laissent les forts exploiter les faibles, à condition simplement que ces comportements soient accompagnés de l'exercice de devoirs.

Les Seigneurs exerçant leur droit de cuissage peuvent ainsi dormir en paix, pourvu qu'ils veillent à l'éducation de leurs bâtards. En Russie notamment, les bandits n'avaient d'autres programmes que la destruction de l'appareil oppressif, même dans les heures les plus cruciales de la révolution. Mais les bandits peuvent se fondre dans certains mouvements politiques. En l'occurrence, ils comprennent sans mal les mouvements d'indépendance nationale, pourvu que ces combats se rattachent à une tradition sociale, ou à une tradition de résistance à l'étranger. Cependant, les bandits adhèrent avec difficulté au langage des gens instruits, et le puritanisme des seconds ne correspond guère à la prodigalité ostentatoire des premiers. Si les bandits chinois ont rejoint Mao Tsé-toung, ce fut pour une courte durée, et parce qu'ils admiraient l'esprit de sacrifice et de générosité des premiers. Rebelles mais non révolutionnaires, les bandits se rallient parfois aux autorités, soucieuses de s'attirer leurs faveurs. Réservoir d'hommes armés, les bandits accroissent le pouvoir électoral et militaire d'un gentilhomme. L'histoire montre en réalité que plus le développement économique est poussé, plus les riches considèrent les brigands comme des gens qui menacent la propriété et qu'il convient de supprimer. C'est alors que les bandits deviennent des hors la loi qui ont contre eux toutes les personnes respectables. Après avoir été héroïsé par la chanson et la légende populaires, le bandit devient la négation de l'humanité.

Comment expliquer, à ce propos, que certains bandits, plutôt que d'autres; aient survécu à l'oubli et soient restés dans l'esprit populaire, des héros ? Pour Hobsbawm, l'explication est claire : parce que c'est la classe dominante qui écrit et réécrit l'histoire, les héros survivent dès lors qu'ils ne sont pas seulement des héros pour les dominés, pour les illégitimes. Comment comprendre, également, que le bandit, issu de la société paysanne, apparaisse dans les mass media d'un XX° siècle urbanisé ? Le bandit réapparaît en fait dans les pays qui possèdent encore quelques espaces vides, un « Ouest », qui leur rappelle un passé héroïque, symbolisant la pureté perdue. Enfin, nous dit Hobsbawm, le bandit, c'est aussi la liberté, l'héroïsme, et le rêve de justice, et comme en témoigne cet ouvrage, la redécouverte des bandits sociaux à notre époque est l'œuvre d'intellectuels et d'historiens.

Abondant d'illustrations sur le banditisme, l'ouvrage d'Hobsbawm est passionnant à lire. C'est une des caractéristiques de cette nouvelle édition, puisque l'auteur a voulu prendre en compte les nouvelles évolutions du banditisme dans le monde. De même, Hobsbawm revient de manière approfondie sur les critiques qui lui ont été adressées, ce qui est propre à cette édition. Cela renforce encore son propos, et se révèle particulièrement intéressant pour le lecteur. De manière plus générale, les travaux d'Hobsbawm répondent à certaines interrogations fréquentes sur le banditisme : à tous ceux qui se demandent pourquoi les femmes sont telles absentes des groupes de bandits, l'auteur nous explique, par exemple, dans la première annexe de l'ouvrage, que « rien ne sape tant la solidarité que la rivalité sexuelle ». Qui plus est, Les Bandits tord le cou à nombre de préjugés, tel celui consistant à considérer ces hors-la-loi « comme des enfants de la nature, occupés à faire rôtir des cerfs dans les bois », comme on le lit au septième chapitre. Ce livre paraît également indispensable, parce qu'il redonne une existence à ceux qui, le plus souvent, ne furent jamais connus que dans leur lieu de naissance, en ayant au moins autant d'importance pour leur peuple que des Napoléon. Cependant, une critique peut être formulée. Si Hobsbawm nous met en garde, dans son ouvrage, en insistant sur le fait que les documents historiques tendent à héroïser les bandits, il succombe, lui aussi, à la tentation de la partialité. A propos du bandit Francisco Sabaté Llopart, anarchiste dévaliseur de banque, ayant quelques morts de policiers à son actif, Hobsbawm écrit ainsi que ce « Don Quichotte » « reste présent à notre mémoire en compagnie d'autres héros, et c'est justice ». Or Hobsbawm ne justifie pas entièrement cet éloge soudain, laissant le lecteur dubitatif. Rendons toutefois justice à son auteur : Les Bandits est un ouvrage remarquable, à lire et à relire, et qui ne fait que confirmer la place d'éminent historien et de grand sociologue occupée par Eric John Hobsbawm.
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Message par Invité Ven 24 Fév 2012 - 11:27

Je crois qu'il est urgent de sortir de l'idée d'une adhésion du film au groupe des mandrins.

Les Chants est d'abord un film historique pour lequel RAZ se réfère même à La prise de pouvoir par Louis XIV. Il s'inscrit dans le genre en même temps qu'il s'en démarque. Et le travail n'est pas du tout celui d'une adhésion, d'une exemplarité revendicative ou idéologique des mandrins mais bien plutôt un travail de décohérence, de dénaturalisation du produit et du processus de sa production.

De ce point de vue, la centralité du personnage de Bélissart est essentielle. Mais elle ne rentre pas en conflit avec la diagonale du perso « RAZ ».
On avait déjà discuté de ça avec Largo et j'avais remarqué que justement Bélissart ne fonctionnait pas comme le perso « RAZ » dans Wesh wesh et Bled n°1 (pas vu Dernier Maquis). Bélissart n'est plus « RAZ » faisant le lien entre différents personnages, différents lieux, différentes situations. Mais Bélissart est un jeu.

Tu as raison, bien sûr, de dire qu'ils jouent. Mais ils ne jouent pas du tout aux gendarmes et aux voleurs. Ils jouent à montrer les gendarmes et les voleurs. Et en même temps ils jouent à montrer qu'ils jouent à montrer les gendarmes et les voleurs.
Jouer donc, si c'est un jeu de représentation, n'exonère d'aucune responsabilité face à l'image. Un homme qui en tue un autre, une femme achetée par un bijou, même par jeu, ça a un sens, et certainement pas un sens émancipateur. Et donner un accord à ce jeu a également un sens. Jouer, c'est très sérieux, c'est la chose la plus sérieuse du monde. C'est apprendre.
Mais jouer à montrer un homme qui en tue un autre ou une femme achetée par un bijou, et montrer en même temps les ficelles du jeu, c'est un autre apprentissage et une invitation à un autre apprentissage.

Bélissart, central, est la marionnette ou le masque de « RAZ », diagonal. Et je crois qu'il faut bien distinguer les deux, bien distinguer la double dimension du film, à la fois film historique, étude historique de cas, et autre chose, un geste de cinéma, un cinéma twist, ou plutôt quelque chose qui n'a pas encore de nom mais qui fonctionnerait un peu à la manière d'un éléctron sautant d'un niveau d'énergie à l'autre et émettant à chaque fois un photon.


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Message par Invité Ven 24 Fév 2012 - 11:28

Borges a écrit:
Stéphane Pichelin a écrit:
Borges, tu as raison, le film parle du droit, est à prendre du point de vue du droit. Mais il y a deux façons de le faire. Soit du point de vue du droit qu'il représente ou auquel il se réfère : droit d'Ancien Régime ou droit contemporain. Ou bien du point de vue du droit qu'il produit. Il y a un droit des figures dans le film, et aussi un droit à être ou ne pas être figuré. C'est celui là qui m'intéresse, que j'essaie de creuser. Jusqu'à des découvertes que je n'attendais pas.

Je reprends des choses que j'ai déjà dites mais en y ajoutant.

La centralité de Bélissart. Je l'ai déjà affirmée plusieurs fois. Ce que fait Bélissart :
-il tire le déserteur des mains des gendarmes
-il le sauve et le soigne : il est médecin-guérisseur (les mains du roi sont des mains de guérisseur)
-il accueille, interroge et « adoube » le colporteur
-il accueille, interroge et « adoube » le marquis
-il missionne le colporteur
-il est à la tête de l'expédition pour le sauver
-il décide et négocie l'impression des Chants de Mandrin
-il complète la Complainte de Mandrin quand le marquis défaille (oui, Adeline, mes larmes d'enfant aussi à l'écoute de cette complainte.)
Comme l'a dit Largo, Bélissart est un patriarche.

D'une façon plus subjective, Bélissart est aussi le plus beau de la bande, plus viril que le jeune déserteur, moins bestial que son grand compagnon. Et cette beauté, c'est aussi celle du réalisateur. Ça, que le corps de Bélissart, corps centralisant et régulant toutes les relations du groupe, soit aussi le corps du réalisateur ne peut pas être anodin, surtout si on prend en compte les rapports de perméabilité que RAZ organise entre filmique et pro-filmique. Témoin, évidemment, son acronyme en nom d'éditeur des Chants de Mandrin. Mais ce n'est pas le seul nom pro-filmique à s'introduire dans le film. Il y a aussi celui de Cynan. Comme je l'ai déjà dit, le réalisateur et le philosophe. Mais aussi le marchand (c'est un rôle de l'éditeur après tout) et l'imprimeur.

La centralité de Bélissart. Et son exceptionnalité : quand ses hommes s'envoient en l'air, lui n'en fait pas partie. Il est exonéré de tout rapport à l'érotisme, n'apparaît même pas à l'image à ce moment. Mais cette absence a à voir avec l'attirance universelle qu'il provoque. Bélissart phallique (je laisse au lacanien de l'assistance le soin de développer ça).

On comprend que ce n'est pas la même chose pour la Mandrine qui reste à garder les chevaux (incompatibilité de la monte guerrière et de la féminité).
Mais les jeux de l'amour sont aussi une lumière rasante sur une poitrine de femme palpitante et ornée du bijou que lui offre son homme – plan d'un grand machisme, d'autant plus efficace que la plupart des hommes ont dû soigneusement apprendre son attrait (sous-vêtement Aubade, etc...).
Phallocratie patriarcale et sexiste.

Contrairement aux apparences, je ne suis pas du tout en train de dézinguer le film.
Attendons encore avant les conclusions.
Pour l'instant, continuons le relevé des figures du droit des figures.

« Eux » et « nous », j'en ai déjà parlé. L'opposition des contrebandiers et des gendarmes. Opposition totale et absolue, qui permet à Bélissart de préférer sans hésitation la vie d'un déserteur et futur mandrin à celle de trois gendarmes. Césure stricte de deux humanités étrangères l'une à l'autre. On ne peut même pas dir puérielemnt que ce sont les gendarmes qui ont commencé, puisqu'ils lui proposent de passer son chemin. On ne peut pas non plus dire que la césure n'est pas aussi stricte puisque le déserteur passe d'un camp à l'autre : filmiquement, ce n'est pas juste, le déserteur n'a aucune autre existence que celle de déserteur puis de mandrin, il n'est jamais gendarme à l'image.

Enfin, il y a le langage, le parler contemporain. Comment le qualifier ? Populaire ? Mais de quel peuple parle-t-on ? Banlieusard ? Mais Neuilly, celle de Sarkozy, est en banlieue et je ne pense pas qu'on y parle souvent comme ça. Ou bien vulgaire, mais sans y attacher aucune valence positive ou négative. L'important, de toute façon, c'est que cette façon de parler d'une part rattache le film historique à notre contemporanéité. D'autre part, comme le signalait Borges, elle est liée à l'origine sociale et géographique supposée des acteurs/protagonistes et il y a une revendication de participation de cette origine à l'Histoire nationale, une revendication d'appartenance à la nation.
Seulement, l'origine géographique des acteurs est bien plus homogène que ce qu'en laisse supposer le racisme de notre belle époque. Hors les « souchiens », tout ce beau monde est arabe ou maghrébin. Et même si ça fait chier Guéant et Sarko (et surtout si ça les fait chier), les arabes et les maghrébins, tout sombres de peau qu'ils puissent être, se considèrent comme faisant partie de la race blanche. Il n'y a que des blancs dans le film . Pas un noir, pas un chinois ou un vietnamien : que des blancs qui parlent français et qui clament leur appartenance à la nation française !

Tout ça, il faut le reconnaître, fait un étrange regroupement d'émancipateurs fondé sur une politique d'exclusion patriarcale, sexiste, raciste et meurtrière.

(J'en étais là, mais je sentais que quelque chose ne collait pas, que quelque chose me manquait pour que je puisse clore mes comptes avec ce film, au moins temporairement. Puis ce manque s'est cristallisé sur le dernier plan, très énigmatique : le marquis perdu dans ses jardins, avec derrière lui son château tout illuminé de lumières visiblement éléctriques et plus loin des phares de voiture traversant la nuit. Comme une relance, ou au moins un aboutissement très peu préparé dans le film. Nécessité de ne rien lâcher de ce que j'avais vu mais sentiment d'insuffisance. Continuer.)

La revendication des mandrins est celle d'un marché libre. Mais bien sûr le marché libre n'existe pas ; ou plutôt il n'existe que comme revendication de la Bourgeoisie immédiatement doublée de la régulation sévère des marchés pour protéger les intérêts de la même Bourgeoisie. Il faut gagner sur les deux tableaux, ça se comprend. Les mandrins sont des marchands et il leur faut gagner sur ces deux tableaux : revendiquer le marché libre et en même temps établir Bélissart, l'instance qui régule toutes les relations entre les membres du groupe.
Mais Bélissart est un héritier : il hérite de la place de Mandrin comme chef des contrebandiers. Mais les contrebandiers aussi sont des héritiers : ils héritent du nom de Mandrin et ils « continuent son oeuvre ». (Je ne me trompe pas, la phrase est bien textuellement dans le film, non ?) Mais ils n'héritent pas de la même façon. Bélissart hérite du chef, de la tête ; et les mandrins, du corps. Il y a continuité dynastique de Mandrin à Bélissart comme chef et continuité politique de Mandrin aux mandrins comme corps.
On se retrouve face à un autre point de droit, celui des 2 corps du roi, dont Kantorowicz a montré qu'il est à la base des conceptions modernes de l'état. Si le film s'achève sur la perdition du marquis, c'est que c'est sa fin logique : la noblesse a perdu sa position dominante au profit des marchands (que ce soit les mêmes qui se soient reconvertis n'entre pas ici en ligne de compte) et ce sont les marchands qui achèvent la constitution de l'état moderne, s'emparent du château.

Il faudrait aussi parler du filmage, ces suites de plans moyens sur des visages. Cette façon de filmer les choses et non leurs rapports – ou les rapports eux-mêmes comme des choses. Ce que le film raconte, c'est l'établissement d'un visage nouveau, d'une opacité étatique. Mais il le raconte comme ce qu'il a été : un moment révolutionnaire, moment où les marchands ont toujours nomadisé jusqu'à l'expulsion de la noblesse dans la nuit extérieure. Comme le dit BC, c'est l'événement qui intéresse RAZ. Et ce qu'il construit avec les mouvements actuels d'émancipation, je crois que ce n'est pas une identité (qu'il n'y a pas d'exemplarité de contenu chez les mandrins) mais la résonance de deux divergences. Vers burlesques.


je reviendrai sur ce post; juste une question d'abord : que resterait-il de john ford si tu lui appliquais les mêmes normes de jugement?



hi Borges, dis-moi franchement, c'est une question sérieuse ou c'est pour de rire ? Wink


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Message par balthazar claes Ven 24 Fév 2012 - 12:19

salut SP,

"une femme achetée par un bijou" : pourquoi un tel acharnement ?

Il me semble que ce qu'on voit dans le film, ce sont des scènes de retrouvailles, avec larmes sincères et fous-rires de joie. On peut penser que les Mandrins rentrent chez eux à ce moment-là ; ce qui leur tient le plus lieu de chez-soi. Rien n'indique que les femmes sont des prostituées, la scène parle de tout autre chose. Puis on voit un homme accrocher un collier au cou d'une femme - on ne voit pas leurs visages, dans mon souvenir - ; puis un plan sur la poitrine d'ailleurs non dénudée de la femme qui se soulève d'émotion et de trouble non feints, et on voit même qu'elle a la chair de poule, manifestation physique incontrôlable s'il en est. Pour moi il n'y a pas le plus petit élément dans ces scènes permettant d'accréditer l'hypothèse d'un rapport tarifé. Si la corporation des bijoutiers lisait tes lignes, ils te feraient un procès.

L'autre argument "c'est comme une pub aubade" lu ici ou là n'est-il pas un jugement de valeur plutôt spécieux ? Ce n'est pas parce que les pubs aubade existent que tout plan sur une poitrine sera a priori ontologiquement perverti.

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Message par balthazar claes Ven 24 Fév 2012 - 13:20

Je crois que le film ne "critique" pas les Mandrins, et joue à fond le jeu de leur légende. Dans ces Mandrins, RAZ et sa bande injectent visiblement beaucoup d'eux-mêmes, et s'amusent à brouiller la frontière entre eux et la fiction. La question de l'exemplarité du cas Mandrin n'en est pas vraiment une pour eux. Mandrin, spectre commode, est déjà parti quand le jeu commence. Le film ne perd pas son temps à se demander si la légende est bonne ou mauvaise. Ce qui l'intéresse plutôt c'est d'assister à la naissance de la légende. Ou, comment des orphelins peuvent se fabriquer un arbre généalogique. Je suppose que le résumé du bouquin posté par Borges serait assez raccord avec ce qu'ils pensent du bandit au grand coeur et de son prestige de pacotille. Vendre de la camelote, c'est ce que les Mandrins font pour gagner leur vie.

L'émancipation ne se montre pas, ne se donne pas, ne s'enseigne pas, elle se prend. C'est la meilleure leçon du Maître ignorant du topic de chez Smith en face.

On va faire un film d'aventure, un film de cape et d'épée, le Thierry la Fronde Beur : voilà leur idée de hold-up. Thierry la Fronde ne tuait personne mais il assommait ses ennemis ; certes.

C'est un film comique sur l'identité nationale, qui porte l'ambitieux projet de faire un nouveau branchement à l'arbre généalogique de la France : une alliance, des noces. Avec cette opération, les arabes deviennent enfin des français de souche comme les autres : réponse d'une exquise politesse au racisme ambiant. Il s'agit de saluer ses ancêtres d'adoption ; ceux-ci étant, ni des saints ni des salauds, mais ceux que les salauds d'alors voulaient chasser pour cause de non-soumission aux abus d'un pouvoir crapuleux. Des gens fiers.

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Message par Borges Ven 24 Fév 2012 - 15:08

"bijou" : ce mot donne des choses à penser si on le met en relation avec le titre de l'un des bouquins vendus par les contrebandiers, "les bijoux indiscrets", de diderot, dont j'avais signalé plus haut que l'un de ses textes (lettres sur le commerce des livres) était "réécrit" dans le titre du bouquin de nancy qui lui a sans doute valu de jouer à l'imprimeur ( Sur le commerce des pensées); ne pas penser les choses, mais les écarts, comme dirait rancière;
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Message par Borges Ven 24 Fév 2012 - 15:16

notons que bélissart est un personnage historique;

tiré de la la liste des "soixante contrebandiers dont le gouvernement français demande au Roi de Sardaigne l'arrestation et la remise à la France", voici son signalement :

Mémoire du 24 septembre 1754

1 Jean Belizard ou Belissard du lieu de Brion en Dauphiné âgé d'environ 34 ans, de taille de 5 pieds, 4 pouces, les cheveux noirs, courts, et un peu frisés, visage maigre, bazané, peu de barbe et noire, il est assez bien fait ; il a servi dans les équipages de l'artillerie à l'armée d' Italie en 1744 ou 1745 et après son retour il vend 240 H. pour être milicien de la paroisse de Bressieu.

2 Le dit Belizard fut arrêté en Savoye le 8 février 1747 avec Jean Drogue dit La Noblesse en conséquence de la permission accordée par Mr De Sada lors gouverneur à Chambéry, et ils furent conduits dans la prison de la dite ville d'où il s'évadèrent la nuit du 4 au 5 janvier 1748. Il a été condamné par contumace à être pendu par jugement de la commission de Valence du 6 mars 1747.

bélissart, premier de la liste, mandrin n'était alors que 29ème :

Louis Mandrin du lieu de St-Étienne de St-Geoirs en Dauphiné âgé d'environ 30 ans, taille de cinq pieds quatre pouces, bien prise, cheveux blonds annellés et longs qu'il porte en queue, il est vêtu assez proprement, il porte un chapeau bordé en or et a festons.

liste et autres renseignements ici :
http://www.mandrin.org/contrebandiers.html
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Message par Borges Ven 24 Fév 2012 - 15:23

historiquement y a un truc dont on a pas parlé, ce sont les impôts
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Message par balthazar claes Lun 27 Fév 2012 - 0:08

Borges a écrit:
-une question intéressante pour moi serait par exemple de savoir ce que nous permettent de penser les films de raz de la justice, du droit: son personnage dans ses deux premiers films était un délinquant, là nous retrouvons des délinquants, mais dans des horizons juridiques, moraux, politiques, très différents...RAZ lui-même rapproche les contrebandiers du 18ème siècle des gars des cités, qui inventent une nouvelle économie, informelle...

Wesh Wesh c'est quoi, une étude sur la loi du talion ? Un flic raciste a aspergé la mère de Kamel au gaz lacrymogène ; Kamel se transforme en chevalier de la justice et gaze le flic raciste. La loi du talion, ce serait plutôt gazer la mère du flic. Les policiers ne peuvent laisser cet affront impuni et traquent Kamel. Il les entraîne à sa poursuite dans les bois. La question n'est pas celle de la loi du talion, il s'agit plutôt de répondre à hauteur d'homme, quoi qu'il en coûte, par-dessus la loi du système institutionnel perverti. Il ne s'agit pas non plus d'entrer dans la logique d'une justice privée : l'acte de Kamel est public et fait de lui le héros du jour. Pas un de ceux qui vivent dans son quartier ne peut éprouver de l'antipathie pour son geste.

Réponse à hauteur d'homme, et tout est question de style, de beauté formelle dans l'exécution de la vengeance. C'est une vengeance qui ennoblit tous les protagonistes, y compris le policier raciste en un sens. Il s'agit de sauver l'honneur de tout le monde, des habitants du quartier comme des flics.

Désir anarchiste d'un lien social direct, sans médiation, qui repose sur la confiance accordée à chacun.

On peut comparer ça avec Drive. Le héros de Drive vient se mettre dans une guerre qui n'est pas la sienne, il sort de nulle part. Sa vengeance n'est pas une réponse mais une punition. Sa violence n'est pas « humaine » mais froide comme l'acier.

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Message par Van Stratten Jeu 29 Mar 2012 - 19:35

Borges, tu es un puits de science ! Je sais bien que tu vas parfois chercher tes informations historiques ici ou là sur internet, mais leur collation n'en est pas moins précieuse. Quant aux citations de Foucault (livre qu'il faudra un jour que je lise in extenso) elles sont incroyablement percutantes, si je peux dire, avec les Chants de Mandrin.
Je suis content de voir finalement citer, fût-ce par libre association, le nom de John Ford. Je ne pense depuis que je l'ai vu qu'aux Chants de Mandrin, et n'ai d'ailleurs vu aucun film depuis (cela fait plus d'un mois), au cinéma s'entend (manqué deux films intéressants quand même : Philippe Faucon et Guillaume Brac). J'avais vu avant le film de Naomi Kawase.
Bon je ne sais pas. Encore envie de développer. Je repasserai par ici mais toujours ce manque de temps.
À un de ces jours, spectres.

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Message par Borges Ven 30 Mar 2012 - 11:13



hello VS; ça faisait un temps, comment va?

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Message par Van Stratten Mer 4 Avr 2012 - 17:22

Salut,
Plutôt fatigué. D'ailleurs je mets presque une semaine à répondre.
Et toi, comment ça va ?

Je viens de voir que Le Policier passe finalement dans l'un des cinémas labellisés de ma ville de province. Ca me remonte le moral, d'un coup.

À plus.

Van Stratten

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Message par Borges Jeu 5 Avr 2012 - 7:46

ça va bien, merci

Wink
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