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Message par Borges Dim 10 Jan 2010 - 14:50

JM a écrit:

Some months ago I went to see a panorama of the Rhine. It was like a dream of the Middle Ages. I floated down its historic stream in something more than imagination, under bridges built by the Romans, and repaired by later heroes, past cities and castles whose very names were music to my ears, and each of which was the subject of a legend. There were Ehrenbreitstein and Rolandseck and Coblentz, which I knew only in history. They were ruins that interested me chiefly. There seemed to come up from its waters and its vine — clad hills and valleys a hushed music as of crusaders departing for the Holy Land. I floated along under the spell of enchantment, as if I had been transported to a heroic age, and breathed an atmosphere of chivalry.

Soon after I went to see a panorama of the Mississippi, and as I worked my way up the stream in the light of to-day, — and saw the steam-boats wooding up — counted the rising cities, gazed on the fresh ruins of Nauvoo — beheld the Indians moving west across the stream, and, as before I had looked up the Moselle, now looked up the Ohio and the Missouri, and heard the legends of Dubuque and of Wenona's Cliff — still thinking more of the future than of the past or present — I saw that this was a Rhine stream of a different kind; that the foundations of castles were yet to be laid, and the famous bridges were yet to be thrown over the stream; and I felt that this was the Heroic Age itself though we know it not, for the hero is commonly the simplest and obscurest of men.

Je sais pas si il faut lier son émerveillement apparent pour le panorama à un désir impérialiste et/ou au transcendantal.

Le rapport n'est que très lointain avec les propos de MMPonty; il y aurait bien des choses à déconstruire dans ces rêveries (au sens négatif du mot) de thoreau...

d'abord :



Mississippi Goddam, dit-elle, avec une cigarette en plus


Dernière édition par Borges le Dim 10 Jan 2010 - 15:01, édité 1 fois
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Message par Borges Dim 10 Jan 2010 - 14:57

Tout cinéphile doit penser au cinéma, et à James stewart devant JS, mais on avait oublié les films de guerre usiens avec un soldat revenu du front et vivant dans un fauteuil : "coming home", "born on the 4th of july", et avant ça je crois qu'il y avait un film avec Brando... en général, cela sert à dénoncer les horreurs de la guerre, ici, c'est curieux, c'est comme si le film leur promettait un retour au front via des corps de substitutions... dans clones, je crois que l'on se fait la guerre à travers ces corps; comme dit jack descendant de son vaisseau, un ex marines même sur une chaise roulante peut toujours servir...

ne trouve pas d'images bonnes de ces films, pour les mettre les unes avec les autres...

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Message par Borges Dim 10 Jan 2010 - 17:21


donc, je continue, en monologue, et en brouillons,



Le thème de l’éveil, symboliquement, est lié à celui de la renaissance, dans ses différentes dimensions, au changement de l’existence ;



Le dormeur doit se réveiller ;

C’est le slogan de dune, je crois, et d’un truc techno-house,


je vérifie,

oui, c'est bien ça


un peu de danse avant de continuer :




dans un autre passage du journal (voix off) de Jack sully, le rêve a par contre une valeur négative, il es lié à l’illusion, « j’étais un guerrier rêvant d’apporter la paix, mais il faut se réveiller » ; et il se réveille, un guerrier ne peut apporter la paix qu’en passant par la guerre, se dit-on, la guerre est la réalité, il faut s’éveiller du rêve de la paix ; énoncé classique, et idéologique, qui prend cependant une autre valeur si on le rapporte à un autre, tout au début du film ; « ils étaient sur terre des marines, des chiens de guerre, combattant pour la paix… ici ce sont des mercenaires au service de la compagnie » ; lui-même sur terre, il a du vivre dans cette idée, il pensait combattre pour la paix, on peut donc croire qu’il s’éveille de cette illusion, de cette idéologie typiquement usienne, les usiens ne se battent jamais que pour la paix, pour la démocratie ;


Marx, « la réforme de la conscience consiste seulement en ceci qu’on éveille le monde du rêve qu’il fait sur lui-même « ; selon gdh, dans les termes de benjamin, cela veut dire « l’histoire doit être cela même qui peut dissoudre nos mythologies » (ce que nous voyons…p.144) ;

l’histoire, qui sera bien entendu une histoire de la raison, de la science, du savoir et de la technique, une histoire du mouvement de la conscience dissipant les illusions, les ombres, l’histoire doit nous libérer des mythologies, des archaïsmes, dans un mouvement critique, dans le mouvement de la critique, nous libérant et se libérant « de tout élément de nostalgie ou de « recherches des sources », des archétypes ;

on ne peut mieux résumer, en le renversant, ce qui semble le propos du film : nous redonner du mythe, de l’archétype, retourner aux sources, à la sources, à la racine même de notre rapport originaire aux choses ; tout cela naturellement se résumant dans le retour à la figure de la déesse mère, dans un retour à la mère.

Rien de moins marxiste donc dans le film de JC, que quelques amuseurs publics nous disent marxiste, parce que dans « titanic », il avait parlé des relations entre les riches et les pauvres, comme si le cinéma us avait jamais fait autre chose, comme si c’était cela le marxisme, ou marx ;

s’il n’est pas marxiste, est-il du côté de benjamin ?

la question est plus difficile, tout dépend de la dialectique, du mouvement, de la traversée des images, de l’image, et de sa capacité à une critique, sans relève, ni déséquilibre…


S’il était marxiste, à sa manière, Benjamin n’acceptait pas simplement le propos, le programme de Marx ; comme dit gdh ; dialectiquement pensé, le rapport de la raison au réel, ne peut se penser en terme d’éveil que si l’on garde contact avec cela dont il s’agit de s’éveiller, il faut le rêve autrement dit ; il n’y a pas d’éveil sans le rêve dont on doit s’éveiller ; une fois que nous sommes éveillés, le rêve ne disparaît pas, il ne s’efface pas, pas complètement du moins, il en reste un trace : le rêve au moment de l’éveil devient comme un rebut de l’activité consciente ; l’éveil n’est pas la pure négation du rêve; l’oubli, le rêvé, le passé, le primitif, laissent des traces, « comme des restes nocturnes », qui continuent à travailler la conscience, la raison ; dans la clarté du jour subsistent des restes, des hantises de la nuit ; ainsi le rapport du rêve et de l’éveil n’est pas de pure séparation, mais dialectique ; l’un faisant la critique de l’autre ; l’histoire doit penser la mythologie, convoquer, évoquer les archaïsmes (ce que nous voyons, 145), dans leur oubli, retour, déclin…


Le passé ne critique pas le présent, ni le présent le passé ; l’un n’est pas la vérité, ne dit pas la vérité, de manière unique, unilatéralement ; la vérité n’est pas dans le passé, mais elle n’est pas non plus dans le présent ; c’est ce que dit l’image dialectique, l’image critique, qui garde le passé dans le présent, et reconduit le présent dans le passé :


« Il ne faut pas dire que le passé éclaire le présent ou le présent éclaire le passé. Une image, au contraire, est ce en quoi l’Autrefois rencontre le Maintenant dans un éclair pour former une constellation. En d’autres termes : l’image est la dialectique à l’arrêt. Car, tandis que la relation du présent au passé est purement temporelle, la relation de l’Autrefois avec le Maintenant est dialectique : elle n’est pas de nature temporelle, mais de nature figurative (bildlich). Seules les images dialectiques sont des images authentiquement historiques, c’est-à-dire non archaïques. L’image qui est lue - je veux dire l’image dans le Maintenant de la connaissabilité - porte au plus haut degré la marque du moment critique, périlleux, qui est au fond de toute lecture.

(Walter benjamin)

l’image dialectique, disent benjamin et gdh, donne la possibilité de se souvenir sans imiter; le film de Cameron n’imite pas, dans sa partie na’vis, il y a rien à imiter, même si tout n’y est qu’imitation, et il se souvient énormément, jusqu’au cliché, pas seulement des formes, et des images, des récits, du cinéma, donc, mais aussi du moments décisifs de l’histoire, ou de la préhistoire de la conscience; les déesses mères, l’immanence, le passage de l’ancien au nouveau, la rencontre de l’occident et l’extermination de ses autres, les guerres usiennes, passées, présentes, à venir ; mais le truc intéressant, et je l’ai déjà noté, sans que personne ne crie au génie, et pourtant c’était assez génial de le dire, parce que tout le monde se contente en général de dire, « mais c’est du pocahontas », « mais c’est danse avec les loups », oui, c’est la forme, mais sans le contenu, et sans le contenu, y a pas de forme; ce qui importe, dans le film, c’est moins le récit, que sa réécriture depuis un désir de répétition, de retour, et de transformation de l’histoire, des origines ;

avatar, dans son désir, dans son rêve, c’est l’histoire faite par les morts, par les vaincus, c’est l’histoire telle qu’elle aurait été si Pocahontas avait réussi à entraîner smith, dans son rêve, dans son monde, si le nouveau monde, donc, avait réellement été autre chose, que la continuation de l’Europe, de quelque chose donc de très ancien ; même si les usiens ont passé leur temps à vouloir s’inventer, autres, contre l'Europe, autres qu'européen, sans jamais réellement se penser depuis les autres de ce continent, les "Africains", et les Indiens ;



dans le film de Malick, Smith abandonne Pocahontas pour suivre son rêve, le rêve des Indes ; on pourrait dire que ce désir des Indes de Smith se réalise de nos jours, parce que le nouveau monde qui s’annonce ne sera pas nécessairement occidental ; il y a donc quelque chose d’un peu vain dans Avatar, presque une tristesse, à croire que le recommencement se fera depuis l’occident, et qu’un marine usien sera le nouveau fondateur ; le titre du film avoue, dévoile cette tristesse, en nous mettant sur la piste des mythologies indiennes…




« L'image dialectique cite le passé très ancien du mythe et s'arrête dans l'événement récent » ; ce présent récent, dans son événement, c’est tout ce dont nous débattons, médiatiquement, politiquement, la relation à l’autre, l’écologie, les guerres us… le film cite ce présent de nos événements, de manière détourné, il n’en fait pas la critique, simplement, et il ne propose pas de solution dans le présent, il nous ramène au passé, dans le passé, bref, il fait de l’histoire sur un mode, dont la nature reste à déterminer, un peu comme heidegger, ou rousseau, il nous dit, ce qui se passe maintenant, cela a eu lieu, il y a longtemps, il n’y a pas de solution dans le présent, mais dans un retour à l’origine, c’est depuis l’origine que ça foire, la relation à la nature, au corps, aux autres, c’est dans un retour à l’origine de la séparation de la nature et de la culture qu’il faut tenter de trouver les raisons, la raison, une autre raison ; la réécriture du mythe de Pocahontas, de l’origine, donne, nous redonne le passé, non pas clos, fermé, défini, mais dans son ouverture, comme possible, c’est comme si cela n’avait pas eu lieu, comme si ce qui a lieu, ce que nous savons, racontons, était une histoire parmi d’autres, la version possible d’un récit, d’un mythe, dont d’autres versions ouvrent, fondent de nouveaux présents ; comme dit Benjamin, il faut rendre, restituer le passé dans son image, l’image du passé, mais en même ce passé ne doit pas être fermé, clos, ce passé doit être inachevé, le passé n’est pas fini, il est ouvert ; le passé n’est pas de l’ordre de l’essence, le destin, ce qui a eu lieu, éternellement…

bien entendu, il faut parler d’une autre réécriture de l’histoire à quoi j’avais déjà fait allusion, celle de Tarantino ; les différences et les désirs sont intéressants à comparer ; surtout que l’histoire dans les deux cas, est aussi une histoire du feu, des flammes, de la pellicule qui brûle…

L’image dialectique chez benjamin est une image en feu, une image qui brûle ; un buisson ardent ?


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Message par Borges Dim 10 Jan 2010 - 17:55

toujours des brouillons, autour du réveil







« De même que Proust commence l’histoire de sa vie par le réveil, chaque présentation de l’histoire doit commencer par le réveil, elle ne doit même traiter de rien d’autre (…) le réveil serait-il la synthèse de la conscience du rêve et de l’antithèse de la conscience éveillée ? (…) dans l’image dialectique, l’Autrefois d’une époque déterminée est à chaque fois, en même temps, l’ »autrefois de toujours ». Mais il ne peut se révéler comme tel qu’à une époque bien déterminée : celle où l’humanité, se frottant les yeux, perçoit précisément comme telle cette image de rêve. C’est à cet instant que l’historien assume, pour cette image, la tâche de l’interprétation des rêves »


(Benjamin, paris capitale du XIXème siècle, 480-481)






GDH (autrement dit Georges Didi-Huberman) convoque trois noms pour déterminer le rapport de benjamin à l’image dialectique, pensée comme réveil ; ni la simple rêverie, ni le seul éveil de la raison…

- Marx, puissance de la raison qui défait la puissance du rêve dans ses nostalgies archaïsantes, et dangereuses, le rêve simple, tourné contre la raison, des archétypes était lié par Benjamin au nazisme…s’il faisait la critique de la raison capitaliste, il ne réduisait pas à cette cette raison toute la raison…

-Proust, qui lui reconvoque ces images, les dépasse vers une nouvelle poétique, non archaïque…

- Freud, pour leur interprétation

-Il me semble que le film de JC peut se lire selon ces trois noms, mais de manière très limitée, et restreinte…

-il y a une critique du capitalisme, mais moins politique et sociale, qu'écologique, et somme toute assez consensuel, et surtout, et c'est le versant assez obscurantisme du film, Avatar semble jouer l'archaïque contre la raison, contre la science; le cheminement de la scientifique, elle passe de la rationalité, à la croyance...comme vérité du rapport à l'être...

-échec proustien, de la remémoration…d’une nouvelle poétique, alors que tous les éléments étaient là, l’enfance, le sommeil, le rêve, la possibilité de nouvelles images, enfance de l’humanité, enfance de l’aventure, et du lien neuf au monde..

-Freud, mais si freud vise à détacher l’enfant de son lien organique à la mère, tout le propos du film, son propos disons féministe, vise à ramener l’enfant à la mère : bien entendu, c’est pas une critique, pas simplement, la psychanalyse freudienne n’est pas innocente d’une puissant phallogocentrisme…
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Message par Borges Dim 10 Jan 2010 - 18:30

Pour finir, ce monologue, ces brouillons, une histoire juive, hassidique.

on oppose souvent, le style de pensé « juif », à la nature, aux éléments, aux arbres ; transcendance, contre immanence ; c’est pourtant dans cette tradition que se trouve une parabole qui permet de joliment éclairer le film ; on la trouve, par exemple, en exergue à « Histoires d’Amériques », de chantal ackerman (une cinéaste surfaite, sans grand intérêt, et une assez pauvre fille, quand on l’entend causer, sans rien vraiment dans la cervelle) ; la voici, racontée par GDH (ce que nous voyons, 143/144)

"Je pense (...)) à cette légende hassidique qui nous figure le baal shem-tov partant dans une certaine forêt lorsqu’une menace planait sur les siennes. Il marchait dans cette forêt jusqu’à un certain arbre, allumait un feu juste devant et prononçait une certaine prière. Une génération plus tard, le Maguid de Mezeritch, confronté aux mêmes menaces, allait aussi dans la forêt – mais il ne savait pas devant quel arbre se tourner. Alors il allumait un feu au hasard, prononçait la prière, « « et le miracle se produisait », comme dit la légende. Une génération plus tard, Moshe-Leib de Sassov eut à accomplir cette même tâche. Mais les cosaques avaient brûlé la forêt :; alors il restait chez lui, allumait une bougie, prononçait la prière. Et le miracle se produisait… »

je ne vais pas me lancer dans la lecture de cette légende, très difficile, (et je ne suis pas madonna) je dirai juste que tout se passe dans Avatar, comme si JS, était le baal shem-tov, on sait encore où se trouve l’arbre, et la forêt n’a pas été encore détruite…autrement dit nous sommes au cinéma…ou alors la prière n'est pas encore séparé du lieu, de l'esprit... je sais pas...



Ps : baal shem-tov, c’est Rabbi Israël ben Eliezer, le mystique fondateur du hassidisme…dont la sagesse nous dit selon wiki : "Celui qui croit à toutes les histoires sur le Baal Shem Tov est un imbécile, Celui qui dit qu'elles sont fausses est un hérétique."
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Message par Invité Dim 10 Jan 2010 - 21:39

Borges a écrit:
Pour finir, ce monologue, ces brouillons, une histoire juive, hassidique.

on oppose souvent, le style de pensé « juif », à la nature, aux éléments, aux arbres ; transcendance, contre immanence ; c’est pourtant dans cette tradition que se trouve une parabole qui permet de joliment éclairer le film ; on la trouve, par exemple, en exergue à « Histoires d’Amériques », de chantal ackerman (une cinéaste surfaite, sans grand intérêt, et une assez pauvre fille, quand on l’entend causer, sans rien vraiment dans la cervelle) ; la voici, racontée par GDH (ce que nous voyons, 143/144)

"Je pense (...)) à cette légende hassidique qui nous figure le baal shem-tov partant dans une certaine forêt lorsqu’une menace planait sur les siennes. Il marchait dans cette forêt jusqu’à un certain arbre, allumait un feu juste devant et prononçait une certaine prière. Une génération plus tard, le Maguid de Mezeritch, confronté aux mêmes menaces, allait aussi dans la forêt – mais il ne savait pas devant quel arbre se tourner. Alors il allumait un feu au hasard, prononçait la prière, « « et le miracle se produisait », comme dit la légende. Une génération plus tard, Moshe-Leib de Sassov eut à accomplir cette même tâche. Mais les cosaques avaient brûlé la forêt :; alors il restait chez lui, allumait une bougie, prononçait la prière. Et le miracle se produisait… »

je ne vais pas me lancer dans la lecture de cette légende, très difficile, (et je ne suis pas madonna) je dirai juste que tout se passe dans Avatar, comme si JS, était le baal shem-tov, on sait encore où se trouve l’arbre, et la forêt n’a pas été encore détruite…autrement dit nous sommes au cinéma…ou alors la prière n'est pas encore séparé du lieu, de l'esprit... je sais pas...



Ps : baal shem-tov, c’est Rabbi Israël ben Eliezer, le mystique fondateur du hassidisme…dont la sagesse nous dit selon wiki : "Celui qui croit à toutes les histoires sur le Baal Shem Tov est un imbécile, Celui qui dit qu'elles sont fausses est un hérétique."

Salut Borges, quelques rebonds sans grand intérêt autour de tes propos (que je reprendrai plus sérieusement plus tard, lorsque rien d'autre ne m'attendra, car il y a tant de choses) :

Cette parabole est aussi racontée dans un film de Godard, sans Delon mais avec Depardieu, "Hélas pour moi", je sais pas si tu as fait exprès d'évoquer Ackerman plutôt que le cinéaste ici ?

il y aurait bien des choses à déconstruire dans ces rêveries (au sens négatif du mot) de thoreau...

certainement !

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Message par Le_comte Mar 12 Jan 2010 - 14:56

Est-ce que quelqu'un connaît ce texte de Paul Virilio, La mer à voir ? Il porte sur Abyss, et je pense que de nombreux rapports peuvent être fait avec Avatar et la discussion de ce topic. Voulez-vous que je recopie des morceaux, voire que je recopie le texte en entier (mais petit à petit) ? (mon scanner ne marche pas)

Le_comte

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Message par Borges Mar 12 Jan 2010 - 15:03

hello

Le_comte

naturellement que nous voulons...

(moi, je veux)

merci


Wink
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Message par Largo Jeu 14 Jan 2010 - 0:07

Hey,

Le texte de Bazin sur la profondeur de champ, je suis tombé dessus dans le...premier numéro des Cahiers du Cinéma !

Malheureusement, pas eu le temps de photocopier...

J'ai rapidement parcouru, il semble dire que c'est devenu un des outils fondamentaux de la mise en scène..
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http://www.raphaelclairefond.com/

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Message par adeline Jeu 14 Jan 2010 - 7:49

Je suis en train de le lire aussi Wink

Je vais recopier les passages importants. Il dit surtout la même chose que Borges, la profondeur de champ en soi n'était, dans sa réapparition comme outil de mise en scène dans les années 40, ni nouvelle, ni techniquement étonnante. C'était surtout un nouveau style, un "progrès dialectique dans l'histoire du langage cinématographique". Une nouvelle sorte de montage.

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Message par Borges Jeu 14 Jan 2010 - 11:31

adeline a écrit: Il dit surtout la même chose que Borges (...)

une espèce de plagiat par anticipation?

Wink

en plus de deleuze
les pages de jlcomolli (cinéma contre spectacle, p.201 et suivantes)
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Message par Le_comte Sam 16 Jan 2010 - 16:37

Le texte (pas facile) de Virilo, La mer à boire :



"Si selon Jean Renoir, le courant du fleuve est le modèle du film, l’étendue marine est la métaphore de quoi ? De l’espace sidéral ? De la nuit des temps ? Je ne pense pas.

La mer est le modèle de l’œil, de ce liquide qui fait corps avec l’espace de nos images et de notre imagination. En effet, si le reflet de l’eau est bien l’archétype narcissique d’une représentation sans artifice, l’immensité du miroir maritime est l’emblème d’une perception imaginaire qui remonte aux premiers mythes de la navigation, des voyages d’Ulysse à ceux du Capitaine Achab.

La mer est ronde, dit-on…comme le globe oculaire qui nous sert à voir, à apercevoir le monde solide, liquide ou gazeux. L’intérêt, le seul véritable intérêt du dernier film de James Cameron, Abyss, réside donc dans cette tentative de nous replonger au sein du liquide originel, liquide amniotique de notre mémoire et de nos fantasmes maternels.

Preuve, s’il en était besoin, que l’œil est bien le mythe caché de l’œuvre : au fond de la mer comme à la fin du film, la lumière surgit. Une lumière semblable à cette thermo-luminescence diffuse qui sert à dater aujourd’hui certains minéraux, certains matériaux primaires.

L’œil est un drôle de corps finalement, un corps scopique, dont le cinéma ne cesse d’exploiter les propriétés : depuis sa persistance rétinienne avec Marey, ses illusions d’optique avec Méliès, ou plus récemment, la couleur, le relief, avec le cinémascope ou les systèmes de projections hémisphériques. Pareillement, la mer est une curieuse planète hydrosphérique, aussi précieuse pour notre subsistance que la prunelle de nos yeux, avec le miroir de sa superficie changeante, les eaux troubles de ses marées, de ses tempêtes, les distorsions de lumière dues à ses grandes profondeurs…

Echappés jadis à l’abîme, aux grandes eaux primordiales, nous ne cessons d’y retourner pour tenter de retrouver nos origines. Un peu comme l’on retourne voir un film apprécié, on revient au littoral, contempler l’écran d’horizon liquide. « On respire tous du liquide pendant neuf mois. On devrait s’en souvenir », déclare l’un des acteurs de cette histoire, à propos d’un nouvel équipement de plongée. On devrait surtout se souvenir qu’à chaque instant, notre vision s’effectue au travers d’un bocal comprenant le corps vitré, l’humeur acqueuse, le cristallin et la cornée. Toute perception étant due à la réfraction de la lumière dans un liquide, un liquide objectif, en somme.

A l’exemple des sous-mariniers qui disent « faire surface » lorsqu’ils remontent de plongée, les mineurs allemands déclarent « faire bleu », au retour de leur journée d’extraction. Cette confusion de la couleur, de la lumière et de la géométrie, caractérise le montage du film de James Cameron, une œuvre à effet-tunnel pourrait-on dire, où les protagonistes ne cessent de passer d’une bulle de réalité à une autre, de la surface à la sous-face nautique, de l’obscurité abyssale à la clarté zénithale, de la compression à la décompression. « La nature qui sur l’invisible met le masque du visible, n’est qu’une apparence corrigée par une transparence » écrivait Victor Hugo.

Toutes les recherches d’effets spéciaux du film jouent sur cette incessante correction optique d’une milieu plus ou moins réfringent, un milieu qui entraîne, par voie de conséquence, l’instabilité psychologique des personnages : troubles du comportement, hallucinations visuelles ou auditives, violence exutoire, autant d’effets pathologiques de cette narcose des profondeurs que le réalisateur voudrait manifestement faire partager aux spectateurs, jusqu’à les noyer littéralement, au sein d’un environnement à transformations continues, où les images sont elles-mêmes à géométrie variable. A croire que Moebius, le concepteur des trucages visuels, prend au sérieux son pseudonyme, en développant des retournements topologiques constants, espace des phases et des ruptures de charges émotionnelles qui entraîne vers le fond le spectateur des salles obscures, dans un naufrage qui est d’abord celui de son orientation.

Le haut, le bas, le plein et le vide cessant pour lui d’avoir du sens, l’histoire perd peu à peu son unité, tout en gardant l’apparence de la vraisemblance laborieuse souhaitée par le réalisateur. Dessus-dessous, dedans-dehors, à travers des séries de filtres et de membranes plus ou moins osmotiques, Abyss est bien un film d’interface, plus exactement sur l’enchaînement des intervalles et des interfaces, celui d’un milieu naturel sous-marine et celui d’un milieu d’artifices technologiques complexes assurant la survie précaire, l’angoisse de ses occupants, avec ses cas de décompression, ses scaphandres autonomes empruntés à Cousteau, ses écrans de contrôle multiples, l’utilisation systématique de caméras et de sondes automatiques baptisées Big Geed et Little Geed, aussi familières que les petits robots de Star Wars ou de Silent running. Alimentés en oxygène, les travailleurs de la mer de James Cameron le sont également en images, leur milieu de vie n’étant plus tellement « atopique » mais « télétopique ».

Une question adjacente se pose ici, celle de l’absurde substitution de l’espace filmique à l’espace des salles : à défaut de la nécessaire généralisation de salles spéciales utilisant de nouvelles technologies de projection, on réalise des effets spéciaux de plus en plus répétitifs. Au lieu de comprendre l’indispensable relation salle/écran total, on sature les séquences de contorsions et de distorsions à la limite du supportable. Dans Abyss, cette recherche permanente de l’anamorphose se double de l’utilisation d’image de synthèses pour donner à voir la vision excentrique d’une créature « extra », pardon « intra-terrestre » !

A croire que les metteurs en scènes sont actuellement tentés par les ravages de la drogue, le désir de l’overdose… Abel Gance l’avait essayé, on s’en souvient, mais il était alors parfaitement conscient que rien de durable ne peut se faire ici, sans modifier l’architecture des salles et la géométrie des surfaces de projection et de diffusion, c’est-à-dire, sans réaliser enfin, la fusion spatiale et temporelle du lieu et des images animées et non pas le narcose, la confusion des sens du spectateur.

A la recherche d’un océan d’images, le réalisateur d’Abyss ne parvient pourtant pas à nous étonner, il récapitule et résume les effets de trucage visuels et sonores déjà vus et entendus dans Alien, Rencontre du 3ème type, etc. Sans produire autre chose que la somme quasi encyclopédique des procédés utilisés dans les films-catastrophes et les films fantastiques des années 80. Musée du grand spectacle, l’œuvre de Cameron ne parvient pas à être autre chose que la réminiscence d’un passé récent qui crut innover, mais qui a échoué avec le space-opéra cosmique et le cataclysme à éclipse. Il ne faut pas cependant craindre d’affirmer que ce « naufrage » illustre à merveille la récente défaite du cinéma, la catastrophe du 7ème art. Un peu comme un mourant voit repasser à l’accéléré le film de sa vie, l’œuvre de Cameron laisse défiler sous nos yeux le spectre des tentatives avortées pour sauver le spectacle cinématographique public, à l’ère de la télévision généralisée et de la transmission en temps réel d’événements importants, tels ceux de la place Tien An Men au printemps dernier…

Dérisoires expédients, révélateurs de cette décennie paradoxale qui vit des excès de toutes natures et dont le cinéma tenta d’accompagner la montée aux extrêmes, grâce à l’artillerie de ses « effets spéciaux » finalement analogues à ces « tirages spéciaux » de la banqueroute économique, jusqu’au futur krach de l’art, dont la grande dépression cinématographique des années 80 aura été un signe avant-coureur, parmi d’autres."

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Message par Borges Sam 16 Jan 2010 - 16:52

Merci
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Message par Invité Sam 16 Jan 2010 - 17:35

Je poste à côté ce texte plus récent de Virilio que j'ai déjà proposé dans les commentaires du blog :

Le philosophe Paul VIRILIO a donné un entretien secouant à la revue RAVAGES

C'est la Grande Régression

Nous assistons depuis la fin du XXe siècle à une régression vers l’origine. Si nous prenons le XIXème siècle, le débu...t du XXème nous nous apercevons que la maturité domine, produit les valeurs. C’est le paternalisme de la maturité ou, pour aller plus vite, l’écoute du patriarche, de l’Ancien, de l’expérience. Nous sommes passés à la domination culturelle des valeurs et des idées des ados aux alentours des années 1960, à la mi-temps du XXème. 68 marque le tournant. La parole contestataire des étudiants, la révolte contre le patriarche met à bas le régime des Anciens. Depuis, on régresse. On érige en modèle le djeune, son corps mince, ses musiques speed, l’entertaiment. Plus rien ne se fait sans entertainment : il y a des clowns dans les restaurants, des animations dans les magasins, du people djeune dans tous les médias. Nous sommes passés au culte du teen puis à celui de l’enfant. Toutes les valeurs tournent autour de lui. Interdit de lui coller une claque, de lui faire un baiser, il faut le respecter comme une idole – et ce faisant on régresse tous vers le baby.

Les limbes de l’origine

C’est une sorte de remontée à l’origine. La volonté de rentrer dans le ventre de sa mère, qui pourrait peut-être expliquer l’incroyable succès de « L’origine du monde », cette mauvaise toile de Courbet. Le succès du jeunisme mène à l’infantilisme des origines. On lance des télés pour les enfants de 6 mois à 3 ans. Des journaux de mode pour les 4 ans. Le ministre de l’éducation en Angleterre veut lancer l’éducation sexuelle à 5 ans. Le modèle humain devient le baby. La mère porteuse fait événement. C’est comme un retour au fœtus, à un état infra historique, infra-politique. Plutôt que de penser l’imminence du désastre, le regarder en face, l’étudier avec sang froid, on remonte à l’acte de naissance, on veut demeurer absolument en dehors de la maturité, en dehors de la jeunesse, ou la révolte de l’adolescence. On retourne dans les limbes de l’origine. On a si peur qu’on préfère vivre dans l’inconscience de notre inhumanité.

Synchronisation des affects

Avec cette régression au stade du naissant, nous entrons dans une situation plus mystique, plus générique, génésique même. Aujourd’hui la mondialisation et l’universalisation des écrans favorisent la synchronisation des émotions à l’échelle de millions de gens. Nous passons de la standardisation des opinions, qui correspondait à la communauté d’intérêts des classes sociales, à la synchronisation générale des affects. C'est-à-dire à une communauté d’émotions qui débouche sur un communisme mondial des passions. Cette synchronisation favorise en temps réel la fabrication d’une communauté mondiale qui n’est plus une addition de communautés d’intérêts - celles des pauvres, des riches, des bourgeois, etc - mais un véritable phénomène hallucinatoire. La synchronisation actuelle provoque ainsi des tsunamis d’émotions, de compassion, de paniques.

Halluciner tous ensemble

L’avènement d’un « communisme des affects » s’arrange très bien avec turbo-capitalisme, sa culture et sa régression vers le baby. Car pour halluciner ainsi tous ensemble, dans l’ubiquité permanente des écrans, sans distance critique, il faut avoir été infantilisés - réunis, collectivisés en une même génération de babies enthousiastes. Derrière la crise mondiale actuelle se joue la nouvelle synthèse entre communisme et capitalisme : communisme des émotions plus capitalisme mondialisé. La Chine est aujourd’hui le terrain d’expérience de la confrontation des deux systèmes, avec l’impact économique que l’on sait.

Mono-athéisme

La régression à une communion des affects est un phénomène purement religieux. Nous avons la religion de l’interconnexion en temps réel, de la communion globale des âmes, autrement dit de la synchronisation des affects pour des millions de gens. Worl trade Center, mort de Jean Pauk II, le Tsunami, Barack Obama, nous communions tous. C’est la véritable parousie, la victoire des forces du bien, la communion des saints. Notre société athée et laïque met ainsi en œuvre les attributs du divin, la présence de l’esprit chez tous, l’ubiquité, l’instantanéité, la simultanéité, le clonage. C’est un mono athéisme d’une puissance colossale que les divers fondamentalistes du monothéisme ont d’ailleurs signalés.

Individualisme de masse

La régression nous a mené à l’individualisme de masse. C’est-à-dire que nous sommes une société de consommation de masse, nous achetons tous les mêmes produits, communions aux mêmes événements, vivons en plein collectivisme et en même temps nous valorisons farouchement notre individualisme. « Moi, moi, moi, c’est à moi ! » dit le baby. Dans l’individualisme de masse, un gouvernement bien équipé technologiquement peut contrôler tête par tête, vérifier la traçabilité au travers des systèmes de scanneurs, de codage, de fichage, etc. La traçabilité permet de contrôler les masses tête par tête, point par point, pixel par pixel. Alors que les sociétés anciennes géraient (les masses,) des grands groupes, elles n’arrivaient pas à contrôler tête par tête, il y avait encore des échappées, des révoltés, de l’underground, des dissidents. Aujourd’hui, les technologies de la synchronisation favorisent un contrôle instantané et permanent. Nous sommes au-delà d’Orwell !
(entretien réalisé à La Rochelle, mars 2009)

https://www.facebook.com/note.php?note_id=129268293666

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Message par ^x^ Dim 17 Jan 2010 - 13:15

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Message par Borges Dim 17 Jan 2010 - 13:31

j'avais rapproché Kubrick de Cameron, à propos de l'oeil, Virilio permet ici de penser leurs différences, deux modèles de l'oeil : l'un serait plus proche de l'eau, l'autre des étoiles (cf les nombreuses analogies, métaphore autour des liens de l'oeil et des étoiles dans 2001)...Kubrick n'est pas très aquatique comme metteur en scène, en fait; immédiatement, comme ça, je ne vois pas la mer dans ses films; kubrick ce serait comme une mise en scène sensible de l'idée, de goethe, ou platon, je sais plus, disant quelque chose comme "si l'oeil n'était pas de nature solaire, il ne verrait pas"...

de l'eau, à la mère, le lien (cliché) :

dans aliens, on aurait la mauvaise mère... suivre cette idée, comme celle de l'évolution du "personnage" de SW (comme dit glj)
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Message par Borges Dim 17 Jan 2010 - 13:36

careful a écrit:Ce matin, visionnage d'un autre western.
Je ne sais si vous avez vu La Flèche brisée de D.Daves...


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encore une histoire d'oeil : quelle différence entre voir, visionner, et regarder un film...?
dans "visionnage", je sens comme une activité de contrôle, comme si on cherchait quelque chose dans le film, mais qui n'a rien à voir avec le film, aussi quelque chose comme un survol... en tous les cas, c'est pas un rapport esthétique... presque une manière au contraire de se débarrasser de lui, de passer à autre chose...

"tu me visionnes ça."

on écoute, on entend, un cd, mais on ne l'auditionne pas...par contre, on tous les cas, j'ai pas encore entendu...

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Message par ^x^ Dim 17 Jan 2010 - 13:52

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Message par Invité Dim 17 Jan 2010 - 18:35

un article qui sert à rien d'un spécialiste :


La première hypothèse sur laquelle se fonde Avatar, le film de James Cameron, c'est qu'il existe une vie extraterrestre très près de la nôtre. Elle s'invite dans un des débats les plus vifs aux frontières de la biologie et de la cosmologie, qui est justement la question des origines du vivant : ce qui s'est passé sur Terre il y a 3,8 milliards d'années était-il un processus inexorable compte tenu des éléments disponibles et des conditions de l'époque, ou bien est-ce une splendide exception ? Pour y répondre, les chercheurs de vie extraterrestre, les exobiologistes, scrutent nos plus proches voisines, notamment Mars.

Ils espèrent y trouver, en vain à ce jour, une activité biologique ou des traces fossiles, au prix d'une frustration fondamentale : en trouver serait certes l'indice fort d'une vie inéluctable, mais échouer nous laisserait tout entiers à notre doute, faute de réelles planètes candidates explorables à proximité. Cameron tranche le débat de manière spectaculaire : en dehors du système solaire, c'est dès le "prochain arrêt" dans l'Univers, dès le système stellaire le plus proche du nôtre, celui d'Alpha du Centaure, (à 4,4 milliards d'années-lumière tout de même !) qu'il situe la luxuriante lune Pandora, plaidant ainsi fortement en faveur de la vie comme conséquence inéluctable de l'évolution cosmique.

Mais la proximité ne s'arrête pas là : ce qui frappe immédiatement l'évolutionniste, c'est la remarquable similitude entre la structure des biosphères terrienne et pandorienne, soit une vie composée de végétaux chlorophylliens et d'animaux dont certains sont des mammifères. Or en théorie, strictement rien ne garantit qu'une vie extraterrestre aurait cet aspect, ni d'ailleurs qu'elle aurait la forme d'une vie cellulaire, unité fondamentale chez nous, de la bactérie au séquoia, et signe de leur ascendance commune ; aucune certitude même qu'elle serait à base d'ADN, hypothèse indispensable pour que l'on puisse combiner celui du héros Jake Sully à celui d'un Na'vi (habitant de Pandora). Là encore, les choix de Cameron laissent penser que toutes ces formes et structures seraient inéluctables, et implacablement reproduites partout où la vie apparaîtrait.

Conséquence implicite, et dégât collatéral : le mécanisme de sélection naturelle, c'est-à-dire le jeu local et aveugle du hasard et de la sélection proposée par Charles Darwin il y a cent cinquante ans, et qui reste à ce jour d'une formidable puissance pour expliquer l'ensemble de l'évolution du vivant, prend un coup dans l'aile. Car si des structures semblables apparaissaient indépendamment sur des planètes distantes, cela signifierait que nous aurions attribué trop d'importance au hasard sur Terre. Il faudrait se résoudre d'urgence à envisager d'autres mécanismes pour expliquer ces tendances partagées, telles que le passage à l'état multicellulaire, la distinction entre végétaux et animaux, sans parler de l'évolution de certaines formes vivantes vers une forme de culture et de civilisation.

Même si rien n'interdirait d'imaginer des explications rationnelles à cela, cette perspective ouvre néanmoins les portes à toutes les ambiguïtés dont les biologistes se sont progressivement et salutairement éloignés grâce à Darwin et ses continuateurs, notamment celles qui voudraient que des forces obscures, pourquoi pas divines, interviennent à des moments-clés de l'évolution pour lui donner une direction.

Cela fait-il de James Cameron un anti-évolutionniste ? Non, bien sûr. L'idée d'une origine commune aux espèces est sous-jacente dans le fait que l'ensemble des gros animaux (vipperwolfe, hammeread, thanator et autres hyppoferox) sont hexapodes (six pattes) - là où leurs "équivalents" sur Terre sont tétrapodes, timide concession à l'idée que "les" évolutions biologiques interplanétaires ne seraient pas condamnées à se ressembler.

Et cette hexapodie partagée sur Pandora, elle, s'explique bien dans la vision darwinienne classique de descendance avec modification : en effet, l'explication la plus simple consiste à supposer un ancêtre commun à toutes ces espèces, hexapode lui aussi, par rapport auquel elles auraient évolué. Par ailleurs, les Na'vi, héros anthropomorphes du film, semblent avoir évolué à partir de singes arboricoles à six pattes qui pourraient ressembler à d'autres animaux présents dans le bestiaire pandorien, les prolemuris. On constate d'ailleurs aussi cette perte chez les banshees, sorte d'oiseaux et donc très différents des Na'vi : cela peut aussi s'expliquer avec les outils de l'évolutionnisme moderne, notamment par le phénomène de convergence, qui veut que parfois des caractéristiques similaires apparaissent (ou disparaissent) dans des groupes éloignés, pouvant aller jusqu'à donner l'illusion d'une parenté évolutive.

Ainsi donc, Cameron est évolutionniste mais pas tout à fait darwinien au sens moderne du terme. Poussée à l'extrême, dévoyée, cette position peut conduire à toutes les dérives comme l'"Intelligent Design" (dessein intelligent), faux nez faussement scientifique et vraiment pervers du créationnisme, une déclinaison allégée, puisqu'il fait mine d'accepter l'évolution mais convoque des forces "intelligentes" pour expliquer les grandes transitions. Mais ne faisons pas ici de mauvais procès au cinéaste. Cameron est loin d'être le premier auteur de science-fiction à recréer des écosystèmes lointains troublants de ressemblances. Il a par ailleurs tous les droits du créateur ayant imaginé un monde ni trop éloigné du nôtre ni trop familier, pour nous permettre à la fois la fascination de l'étrange et l'empathie de la proximité.

En outre, même les évolutionnistes les plus célèbres, au cours du long travail de maturation qu'a été la synthèse néodarwinienne au cours du XXe siècle, ont parsemé leurs écrits de considérations similaires. Sans faire appel au surnaturel, ils ont très souvent cédé à l'idée d'une directionalité dans l'histoire de la vie.

Un des aspects les plus fascinants de l'histoire de la pensée évolutionniste, en cette année où nous célébrons Charles Darwin, est justement le chemin patient vers le rejet résolu de cette vision. Les progrès en biologie moléculaire ont permis cette mue progressive. Ils nous disent entre autres que tous les caractères transmis ne le sont pas forcément par pure adaptation, et qu'une histoire de la vie doit prendre en compte des phénomènes imprévisibles et contingents, comme la chute d'une météorite bouleversant n'importe quelle biosphère, faisant litière du déterminisme.

Les mammifères, et donc bien plus tard notre espèce, ne se seraient vraisemblablement pas développés et répandus avec autant d'efficacité si les dinosaures n'avaient pas quasiment disparu pour des raisons de cet ordre et qui n'ont que très peu à voir avec ce qu'ils avaient dans leurs gènes. Et d'ailleurs, si ces grandes tendances devaient se reproduire sur chaque planète habitable, où sont les dinosaures sur Pandora ?

En somme, Cameron nous propose un évolutionnisme mal dégrossi, qui ressemble à l'idée que s'en fait le grand public. Ce dernier accepte assez largement l'évolution, mais renâcle souvent devant son côté aveugle. Parmi d'autres, l'idée que l'espèce humaine n'est ni plus ni moins le produit du hasard et de la sélection que toutes les autres formes vivantes en choque encore beaucoup. C'est pourtant le cas, et il faut encore bien souvent convaincre qu'Homo sapiens n'est ni le but, ni le sommet, ni la perfection, ni la fin de l'évolution.

En nous faisant voyager loin, dans cette Pandora qui n'existe pas et qui s'apprête pourtant à entrer dans nos vies, Avatar nous parle aussi de nous, de nos vertiges face à notre position minuscule dans l'Univers, et des constructions imaginaires que nous échafaudons pour nous en accommoder. En ce sens, il incite à d'autres explorations, en nous-mêmes. D'autres beaux voyages.

Maître de conférences en génomique à AgroParisTech

, codirecteur des "Mondes darwiniens, l'évolution de l'évolution" (Syllepse 2009)

Thomas Heams

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/01/16/james-cameron-encore-un-effort-pour-etre-darwinien_1292662_3232.html

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Message par Invité Mar 19 Jan 2010 - 16:52

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Avatar de James Cameron, la fable écolo avec tout le confort moderne. La nature écrasée par le spectaculaire. Ce n'est pas tant la question des effets visuels, ni celle d'une faune toujours plus monstrueuse, surgissant ça et là. Plus gravement, c'est le problème d'un espace naturel contredit dans sa constitution même : des gros arbres et des structures arborescentes, chez les uns (les US) comme chez les autres (les Na'vis), plantés dans la tête ou s'imposant dans la forêt de Pandora et dominant les comportements. La nature est réseau dit-on dans le film, mais toutes les connexions sont extrêmement centrées: fibres phosphorescentes formant apparemment rhizome, en réalité toutes reliées à l'Arbre de Vie ; toute la tribu communiquant son énergie les mains sur les épaules du voisin, formant des cercles concentriques dont le centre est, on ne s'en étonnera pas, Jack notre héros (Marine handicapé dans la vie "réelle"), prêt à devenir sous la forme de son avatar Na'vi le chef de tous les clans de la forêt (rien que ça, mais c'est aussi grâce à son énorme oiseau…). Il y a même des commentateurs aventureux qui ont relié la destruction de l'Arbre-Maison à celle des Twin Towers (du genre: critique audacieuse de la responsabilité USienne), et pourquoi pas: la comparaison Arbre-Tour se tient -même goût pour le gigantisme-, mais la conclusion critique est un peu rapide, car le scénario joue sur plusieurs tableaux à la fois (certains éléments confirment la critique -ex: l'existence de richesses naturelles dans le sol justifiant les opérations de destruction-, d'autres l'infirment -la distinction hypocrite du bon Marine et des vilains mercenaires qui agissent pour des intérêts privés). Pour ces idiots de Na'vis, dans la forêt immense, toute leur existence ne tient seulement qu'à deux énormes arbres. Cameron ne comprend rien à la nature, il lui faut du monumental (qui impressionnera même le fou de guerre), il semble parfois lancer quelques idées intéressantes, mais non seulement il les simplifie (loi du genre), mais les dé-natures (loi du genre?). Tout cela manque singulièrement de nomadisme. Je retourne apprendre des Pygmées, s'il en reste.

Ecorce battue, Mbuti
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http://www.teddyseguin.com/dotclear/index.php?2008/08/11/3-la-communaute-pygmee-aka-dafrique-centrale-une-difficile-transition-vers-la-culture-globale


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Message par DB Mer 27 Jan 2010 - 18:06

[quote="careful"]Deux choses me font "peur"; l'utilisation de la partition de Horner et le traitement du monde, de la civilisation des Navis (ortho ?)

Pr le plaisir, deux "résumés" tirés d'un forum de cinémash. Je crois.

deudtens a écrit:James Horner, t'es un trou du cul. Un connard, une grosse merde. Ça fait des années que tu fous ton motif de 4 notes dans les 3/4 de tes BO. Et vlà les 4 notes, le truc bien bourrin et le plus AGAÇANT qui soit. Tu m'as torturé pendant 2 heures 40. T'as pile choisi les moments les plus puissants et ceux enclins à me tirer une larme pour lâcher ton motif moisi à répétition, l'air de rien, juste pour faire chier, alors que le reste de la musique banale se suffisait à lui même. T'as niqué tout le potentiel émotion du film pour moi. GROS PEDE !

Salut Careful, figure toi que j'écoute la première symphonie de Rachmaninov, et ce motif là, de 4 notes, je savais bien que je l'avais entendu quelque part, et bah, c'est dans le premier mouvement.

C'est pour l'argumentaire "Horner-ne-fait-que-plagier".
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Message par Invité Mer 27 Jan 2010 - 19:09

Pas mal d'entre vous sont sans doute fatigués de parler et entendre parler du film de Cameron et ne souhaitent pas se repencher dans le gouffre dégueulasse qu'est "District 9", mais je suis étonné que nous n'ayons pas encore (enfin il me semble, mes excuses si je me trompe) cherché à étudier ce qui rapproche et/ou ce qui sépare les "transformations", les "régressions" de Jack Sully dans "Avatar" et Wikus dans "District 9" et qui les conduit in fine tous deux à se solidariser avec la communauté extraterrestre qu'ils rejoignent en se transformant physiologiquement. Ce sentiment d'appartenance individuel, dans les deux cas, est une ruse. Il sous tend en réalité un dissensus extrême des communautés (humaine et extraterrestre), fait planer un sombre nuage d'intolérance sur l'homme. Bon, Borges a déjà évoqué ça à propos de "District 9", mais c'est peut-être à repenser un peu pour "Avatar", je sais pas. Quoiqu'il a déjà été dit où, dans quels impasses, conduit la tolérance de Jack, comme celle de Grace Augustine.

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Voilà, avec ces photogrammes, deux visages, deux faces de l'altérité (laideur/beauté). A noter les yeux, ou plutôt l'oeil car sur le visage de Wikus il n'y en a qu'un qui soit transformé (c'est peut-être important), quasiment le même, chez les deux.

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Message par Invité Jeu 28 Jan 2010 - 10:36

Qu'y a-t-il entre le trop beau (pour rester avec les humains) et le trop laid (pour les quitter) ? Que nous disent "Avatar" et "District 9" là-dessus, sur l'humain ?

Ces yeux-là, des Na'vi et de Wikus en cours de transformation, c'est des yeux d'animaux, de panthère ou quelque félin comme ça, non ?

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Message par Van Stratten Jeu 28 Jan 2010 - 18:16

28 12 2010

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Humain / non humain : trop (d')humain ? Marre de l'humain ?

Star Wars. Avatar. Analogies frappantes : même mégalomanie de leurs Auteurs respectifs (qui signent avec panache, en tout premier carton du générique final - même si pour Cameron, signe des temps, c'est après l'apposition de la griffe, de la trade mark "Avatar" - qui arborent en tout cas fièrement leur nom sous le tout puissant "written and directed by"), même désir de toute puissance de ces deux golden boys, qui partagent à eux deux les plus lourds budgets de l'histoire du cinéma, même invention "de toutes pièces" d'un monde imaginaire, auquel participent encore les humains, mais à égalité avec des "chimères" de toutes sortes et de tous statuts, même invention, ou réinvention d'une mythologie, avec ses héros, ses croyances, ses récits entrecroisés.

Divergences aussi.
De Star Wars à Avatar, on passe d'une mythologie très ancrée, géocentrée, historiquement bien circonscrite, qui circule benoîtement entre les récits grecs et l'empire romain, à une mythologie nouvelle, encore à inventer : une mythologie écologique. Il est intéressant, pour le moins (et peut-être seulement intéressant, mais en tout cas cela concerne forcément celui qui se pose encore la question du cinéma, fût-ce à rebours, fût-ce avec l'énergie du désespoir) il est intéressant donc, de se demander de quoi procède cette mythologie.

Jouissance de l'extermination de l'humain = masochisme radical d'un effacement de l'individu devant un bizarre concept de nature. Lors de la destruction de « l’arbre-mère » (pauvreté du symbole = pauvreté du mythe en question, il y a là encore matière à réflexion…), un bon nombre de « Marines » se font exterminer par les habitants bleus de la verte planète : l’intérêt de la scène réside précisément à se trouver, nous spectateur, avec la caméra, à la place des êtres bleus, donc du côté « non-humain ». Alors c’est avec jouissance que nous accompagnons la destruction de « l’ennemi » humain : je m’interroge sérieusement sur cette geste définitivement masochiste. L’immolation de l’homme au profit de la nature, fût-elle écolo, ne tient pas deux minutes (bon, admettons tout de même que c’est une aberration anthropologique) ; mais en revanche son « exploitation cinématographique », et surtout le fait que cette idée, à ma connaissance encore inouïe, nous arrive par l’image, et par elle seulement ─ sans que nous ne l’ayons une seconde anticipée par la raison : nous l’avons uniquement désirée, souhaitée, comme une juste réaction à la violence qui « nous » (c'est-à-dire aux êtres bleus) a été faite (et quelle violence ! dont les images rappellent lourdement, et de fort déplaisante manière, les images d’incendie au « Napalm » d’Apocalypse Now) ─ le fait donc que cette idée masochiste et aberrante nous parvienne par l’image et sans la raison, en dit long je crois sur le nouveau rapport qui s’est instauré depuis une vingtaine d’années, et très progressivement ─ insensiblement ─ entre les images et nous. Est-ce à la Nature que le spectateur accepte de s’immoler sans sourciller (autrement qu’à cause des lunettes…) ? Est-ce à l’arbre-mère que le spectateur se sacrifie, ou aux images ? Grande première, avec Avatar, d’une auto-immolation aux images. Que vais-je devenir dans ce monde ? Deuil consommé du cinéma. Il n’est plus temps de le pleurer ou de le regretter. L’horreur est, en ce cas, toute symbolique, mais elle n’en est pas moins de l’horreur. Il n’y pas d’autres mots : ces images puent la merde.

Volontairement, l'individu humain (ou ce qu'il en reste : un marine dégénéré, tout testostérone, absolu de la bêtise, presque une idée platonicienne de l'homme post-cataclysme) l'individu aime l'autre (ou le hait, cela semble parfaitement équivalent) jusqu'à se nier pour lui, jusqu'à lui céder la place : ce n'est plus être de gauche, c'est désirer son propre anéantissement ? Retour forcené de la morale catho-maso ?

Jeu-vidéo : être le travelling, être plusieurs, devenir autre du jeu vidéo. Jeu de plateau. Question de la mise en scène ? Où est la place de la caméra ? Celle de la plus forte sensation. Il y a une mise en espace, très réglée, avec des repères spatiaux et temporels très marqués : la grande serre des humains d’un côté, le territoire sauvage de l’autre, et puis dans ce dernier : l’eau, l’air, la terre, avec chacun leurs dangers propres, leurs risques, leur règle du jeu. Mais au-delà du principe du jeu de plateau ? Que représente la mise en scène ? À quoi se réfèrent ces différents espaces ? Question en suspens, pour l’instant. Je n’y vois goutte. Hypothèse : il n’y a que de l’image, donc pas de place pour de la scène.

Négation de l’identification : nous sommes tout le monde et personne dans le film, successivement et sans vraiment en avoir conscience (du reste : il faudrait dire aussi le rêve de ces images, dont le spectateur idéal serait privé de toute conscience, ne serait plus qu’affects). Le devenir autre pourrait sans doute être intéressant, mais c’est une question qui n’intéresse pas Cameron. Car Jake Sully ne devient jamais que lui-même en plus fort. C’est tout ce qui se passe : caricature du récit le plus basique.

Où est le personnage ? Disparu ? Ni bravoure virile à la Raoul Walsh, ni relation adolescente/régressive/homosexuelle à la Howard Hawks (c'était le cas de Star Wars). Rapport à l'autre fordien (voir l’organisation des différents espaces du film), certes, mais biaisé, en tout cas inversé, et qui nie l'humain, purement et simplement. Comme si le personnage disparaissait derrière l'idéologie. Dans la 3D, le personnage s'est dissout.

Connexion, réseau : utopie de la réunion merveilleuse de la nature et du réseau numérique (les données, les souvenirs) : idée complètement absurde, voire débile, bien sûr, mais utopie à prendre en compte, qui est sans doute celle de l'époque, et qui est dangereuse : elle mène en quelque sorte à l'autodestruction de l'humain (c'est le cas dans le film). Idée contenue dans la connexion inexplicable, à la fois magique et technologique, naturelle et surnaturelle, la connexion entre la monture volante et son cavalier. Drôle d'idée, improbable et laide, mais qui incarne cette utopie d'avenir commun, de réunion parfaite entre technologie numérique, et vortex naturel. Dingologie ?

La 3D : impression, pénible, que l’image proposée est tellement pauvre ─ son intérêt résidant uniquement dans son ferment analogique, dans « l’effet de réel » ─ qu’il faut l’enrichir en lui redonnant artificiellement de la profondeur. La 3D, c’est le nec plus ultra de la distraction du spectateur. Un spectateur distrait = un bon consommateur.

Van Stratten

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Message par Van Stratten Jeu 28 Jan 2010 - 18:20

19 01 2010

Avatar. Pour commencer. Au sujet de ce fantasme d’une « nouvelle vie » : d’une vie numérique, toute neuve, du moins dans la forme. Bleue est cette forme. Particulièrement laide aussi. Peut-être est-ce volontaire, de la part de Cameron : nous demander « d’aimer l’autre », fût-il mièvre, et virtuel (mais tout de même, je n’arrive pas à dépasser cette dernière restriction). Peut-on penser que le devenir Navi représente le destin des images ? Est-ce bien sérieux ? Aperçu, sur le site des Cahiers, un texte qui fait allusion à l’absence de véritable relation charnelle entre les deux personnages principaux, tous deux (plus ou moins) virtuels. Mais peut-il en être autrement ? Encore une fois je n’arrive pas à dépasser ce premier stade du problème posé par les images de synthèse. Roger Rabbit reliait les humains aux toons par l’effet comique, donc par l’esprit, par de l’immatériel, mais qui constituait comme une valeur ajoutée purement humaine, et qui rendait l’image de synthèse presque aussi tangible, voire davantage, que les acteurs de chair et d’os. Cette concurrence entre dessin et comédien, entre le corps et l’idée, et bien sûr les allers-retours constants de l’un à l’autre, étaient pour le moins intéressants. Mais pour le charnel, pardon mais : qui bande à la vue d’une vamp dessinée ? Et quand bien même : symbolique certes, mais charnel ? Les Cahiers se foutent du monde. C’est devenu habituel. D’ailleurs je ne les lis plus.

Van Stratten

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