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Hoop Dreams (Steve James -1994)

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Message par adeline Mar 12 Avr 2011 - 19:08


Un très beau film, un des plus beaux débuts de montage que j'ai vu :



adeline

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Message par Invité Mar 12 Avr 2011 - 20:33

j'ai vu le pré-générique, oui très beau sur les images muettes puis quand elles parlent, je ne sais pas il faut voir sur la durée.
j'aime beaucoup l'écran banc du ciel.

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Message par Invité Mer 13 Avr 2011 - 8:10

noel burch parle dans praxis du cinéma de ces dialectiques organiques dont la plus simple est justement l'opposition entre l'image est son absence ( dont il est intéressant de voir ici qu'elle ne découle pas du montage mais d'un "décadrage" ) - laquelle selon burch toujours a pour pendant l'opposition entre présence et absence du son, qu'utilise systématiquement godard dans deux ou trois choses que je sais d'elle.

ici on ne peut pas reprocher que le son soit au contraire surligné, mais simplement constater que l'intuition godard est formellement supérieure.

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Message par Invité Mer 13 Avr 2011 - 9:11

le trajet du train, finalement un traveling de la périphérie vers le centre, même s'il est habile et chevauche plusieurs plans, n'évoque pas grand chose par ailleurs, et certainement pas la durée. c'est tout au plus un moment particulier, arbitraire.

en revanche le train de banlieue dans le film de téchiné qui avait été débattu ici, s'inscrivait lui dans la durée car il était à chaque fois vécu comme un moment quelconque et obsessionnel.

la durée était perçue là, comme la conscience.

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Message par Invité Mer 13 Avr 2011 - 10:25

un autre documentaire bien monté est sud de chantal akerman. malheureusement je ne le trouve plus nulle part.

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Message par adeline Jeu 14 Avr 2011 - 11:52

En fait, sur la durée, ce film, Hoop Dreams, perd pas mal. Il suit quatre ans de la vie de deux jeunes garçons qui rêvent de jouer en NBA et qui essuient succès et échecs. La première moitié est parfaite, mais le montage justement, non plus le montage précis un plan après l'autre, mais la structure de la narration, dans la deuxième moitié ne tient pas la durée. Il devient sec, les séquences se succèdent sans plus se répondre.

C'est très éloigné de Sud, si je me souviens bien, mais ça fait une éternité que je l'ai vu, Sud.

Le train n'a pas de rôle dans le film, si ce n'est marquer, en introduction, la distance réelle et symbolique entre les quartiers dont viennent Williams et Arthur, et les lieux qui leur permettront d'accéder à leur rêve (les meilleurs écoles qui s'ils sont bons basketteurs leur fournissent des bourses, puis les meilleures universités).

Le film permet de comprendre plein de choses de la vie dans ces quartiers, pour ces gamins et ces familles. On voit dans les frères et les familles de Williams et Arthur mille personnages de films américains. C'est un même type de monde que The Wire, mais on voit bien ce que la fiction de The Wire ajoute à cette réalité. On n'est pas dans la même représentation, et pourtant Hoop Dreams ne rend pas les situations plus belles qu'elles ne sont.

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Message par Invité Ven 15 Avr 2011 - 7:19

Adeline a écrit :

C'est un même type de monde que The Wire, mais on voit bien ce que la fiction de The Wire ajoute à cette réalité. On n'est pas dans la même représentation, et pourtant Hoop Dreams ne rend pas les situations plus belles qu'elles ne sont.


je ne comprends pas ce que tu veux dire par là.

j'envie parfois ta préférence pour le documentaire sans pouvoir m'arracher à la fiction, son clinquant, sa recréation plutôt factice d'un monde, ses acteurs dociles ...

j'ai parfois l'impression de faire des choix faciles en matière de cinéma. je devrais me dérouter, tenter d'autres voies ... finalement tu m'en offres l'occasion !

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Message par Invité Ven 15 Avr 2011 - 9:32

Hoop Dreams (Steve James -1994) 206962_1699402808172_1330952478_31594072_3116722_n


en voyant cette image de manifestation envoyée par Largo hier je me représentais d'autres mouvements de grèves dans des fictions.
par exemple dans un Charlot on le voit au coin d'une rue englobé, happé par une foule en grève. La caméra est là, elle attend, son numéro bien huilé.

Idem dans Une chambre en ville, Demy filme frontalement la manif en-chantée.

Ce rendez vous particulier, le même que l'on retrouve à la télé quand des manifs sont filmées, a de plus en plus le don de m'agacer.

Dans l'image de Largo, c'est filmé différemment. Il est presque palpable que le mouvement va de nous vers elle, quand dans les fictions citées, et d'autres c'est le mouvement inverse, l'image vient de la profondeur de l'écran et nous saute au collet.

Ca y est je suis mûr : le cinéma d'auteur est brisé.

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Message par Borges Ven 15 Avr 2011 - 11:47

ce qui est très fort dans ce montage, dans le surgissement du train c'est la manière dont il prolonge le son, bruit, la musique du ballon de basket : le ballon, c'est le train vers la gloire, ce qu'on appelle le rêve américain, comme s'ils étaient les seuls à rêver; terrible appropriation, tout de même, quand on y pense; suffit de dire "rêve", pour que l'Amérique se pointe et s'empare du mot et de ce qu'il peut représenter; demandez aux révolutionnaires...



la religion occupe une grande place dans le film; dieu, le ballon, sans oublier l'argent, et l'éducation, sont un peu en concurrence, il s'agit de savoir lequel est le vrai train, celui qui vous conduit loin de la misère de ces quartiers dévastés,

on pense à la fameuse chanson :

People get ready, there's a train a comin'
You don't need no baggage, you just get on board
All you need is faith to hear the diesels hummin'
Don't need no ticket, you just thank the Lord

People get ready for the train to Jordan
It's picking up passengers from coast to coast
Faith is the key, open the doors and board 'em
There's hope for all among those loved the most.

There ain't no room for the hopeless sinner
Who would hurt all mankind just to save his own
Have pity on those whose chances grow thinner
For there's no hiding place against the Kingdom's throne

So people get ready, there's a train a comin'
You don't need no baggage, you just get on board
All you need is faith to hear the diesels hummin'
Don't need no ticket, you just thank the Lord


ce que the wire apporte à ce film?

rien, d'une certaine manière; on peut dire : la fiction; mais la fiction est déjà l'élément dans lequel baignent les personnages de hoop dreams; ce que fait the wire, en fait, c'est enlever la fiction de la vie, du documentaire; on ne rêve pas dans the wire;

hoop dreams est un film sur la fiction (la bonne et la mauvaise) pas de wire; personne n'y rêve, pas même les drogués;


hoop dreams, "nous sommes faits de l'étoffe de nos rêves", américains ou pas;








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Message par Invité Ven 15 Avr 2011 - 13:48

je suis aussi et surtout fait de l'étoffe des rêves de l'autre - c'est ma vocation rentrée d'acteur.

si dieu est la conscience des consciences ou sa métamorphose en main invisible, alors il se peut être le ticket du vol rêvé par fellini et offert à mastroiani au début de 8 1/2.

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Message par adeline Ven 15 Avr 2011 - 17:09

En fait, les gamins de "Hoop Dreams" grandissent dans des "projects", des quartiers similaires à ceux de The Wire, avec les groupes de dealers aux coins des rues. Le père d'Arthur se drogue, et fait de la prison à un moment. Son meilleur ami aussi ne s'en sort pas. C'est le même monde que dans The Wire, mais la représentation n'est pas la même. The Wire appuie sur la fatalité, le côté sombre, montre beaucoup de perdants, de "loosers", de gamins qui n'ont pas le choix. Ici, il y a le rêve au milieu des échecs, et des moments où ça va mieux, des moments où les gens se construisent même si juste avant ils s'étaient détruits. Les deux gamins portent sur leurs épaules les rêves de leurs pères, de leurs frères, de leurs mères, c'est très lourd. Et le film n'adoucit rien, ne montre pas que la vie serait facile, ou qu'il suffirait de vouloir pour pouvoir, au contraire, on voit bien comme le système détruit les êtres et les corps. Mais le monde n'est pas fermé, car les gens ont des rêves, ont de l'énergie, de l'amour.

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