James Benning
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Swoon
HarryTuttle
^x^
adeline
8 participants
James Benning
J'ai vu ce plan qui ouvrira le Festival de cinéma de Vienne.
C'est un beau plan.
Quelqu'un ici connaît James Benning ?
C'est un beau plan.
Quelqu'un ici connaît James Benning ?
adeline- Messages : 3000
Re: James Benning
Quel plan ?
Aux Beaux arts, j'ai vu pas mal de ses films expérimentaux.
D'ailleurs si tu le souhaites Adeline, je peux t'en déposer plusieurs sur IR.
http://archive.sensesofcinema.com/contents/04/33/james_benning.html
edit:
Pardon, je n'avais pas vu le lien Independencia...
Aux Beaux arts, j'ai vu pas mal de ses films expérimentaux.
D'ailleurs si tu le souhaites Adeline, je peux t'en déposer plusieurs sur IR.
http://archive.sensesofcinema.com/contents/04/33/james_benning.html
- Spoiler:
edit:
Pardon, je n'avais pas vu le lien Independencia...
^x^- Messages : 609
Re: James Benning
James Benning, rétrospective
du 20 octobre 2009 au 15 janvier 2010
Au Jeu de Paume (Paris)
du 20 octobre 2009 au 15 janvier 2010
Au Jeu de Paume (Paris)
Re: James Benning
HarryTuttle a écrit:James Benning, rétrospective
du 20 octobre 2009 au 15 janvier 2010
Au Jeu de Paume (Paris)
Oui, justement je l'ai signalé sur IR.
D'ailleurs Adeline, si tu souhaites voir plusieurs films rares de J.Benning, je t'ai préparé un petit quelque chose.
Il est difficile d'écrire sur quelques uns de ses films. En effet, il y a une dimension métaphysique qui peut se déployer vertigineusement. Ten Skies (2004) en est le parfait exemple. A l'époque, j'avais fait des ponts entre Gerry de Gus Van Sant et plusieurs films de J.Benning (je n'avais pas encore le net pr travailler). En cherchant un peu ce matin, je vois, finalement, que je n'étais pas le seul à faire ce rapprochement; il est évident que GVS connait l'œuvre de ce grand styliste.
On peut aussi penser au travail du grand photographe Ed Burtynsky dont plusieurs articles signalent, là encore, cette filiation.
Lors de ma première rencontre avec Erwan, je lui ai passé le dvd original de Jennifer Baichwal sur Ed Burtynsky.
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- Spoiler:
^x^- Messages : 609
Re: James Benning
(Faudrait que je le vois enfin ce "Paysages manufacturés" à l'occasion, pourtant j'ai l'impression que ça va pas m'emballer du tout..)
Invité- Invité
Re: James Benning
Manufactured Landscapes c'est aussi superficiel que du Yann Artus-Bertrand.
Our Daily Bread de Niklaus Geyrhalter c'est autrement plus profond.
Et Benning c'est de la poésie, de l'Avant Garde, pas juste de l'esthétisme (Burtynsky) ou du militantisme écologique (Manufactured Landscapes)
Our Daily Bread de Niklaus Geyrhalter c'est autrement plus profond.
Et Benning c'est de la poésie, de l'Avant Garde, pas juste de l'esthétisme (Burtynsky) ou du militantisme écologique (Manufactured Landscapes)
Re: James Benning
Funny.HarryTuttle a écrit:Manufactured Landscapes c'est aussi superficiel que du Yann Artus-Bertrand
Allez,10 pts de crédibilité en moins. Ex aequo partout.
Yann Artus-Bertrand/Burtynsky; personne n'aurait osé dire cela sans trembler d'où je viens (cad Chimène Badi)
Son école Gurskienne (Andreas Gursky), son formalisme froid et aride est ravissant chez Burtynsky
Our Daily Bread. Voilà! Avec Breaker, je cherchais justement le nom et le topic concerné pr ce doc, il y a quelques semaines.
Merci.
Un beau documentaire Bauhaus plutôt antalgique et givrant lui aussi, où l'on peut voir et admirer nos églises et nos banques que sont devenus nos frigos.
- Spoiler:
Si je me souviens bien de mes cours,Benning s'est tjrs montré plus ou moins opposé au fait, que les institutions et commentateurs de tous bords, lui assignaient cette mention confondante d' "Avant-gardisme " justement.
Une histoire d'annulation des ressorts poétiques, oui évidemment, de ses images sous le poids de cette appellation.
Il y avait de drôles de notions de puretés aussi ds son discours.
Le livre de Barbara Pilchler et Claudia Slanar, posté en lien, reprend quelques passages de cela...
On me souffle de placer Titouan Lamazou ds mon paragraphe...mais Chimène Badi et Yann Artus-Bertrand, c'est peut être pas mal déjà.
^x^- Messages : 609
Re: James Benning
Adeline, apparemment d'après Privatelifeofcats, ds le dernier Vertigo tu peux trouver un dossier de 28 pages sur Benning.
J'achète ça demain; c'est suffisamment rare pr passer à coté.
J'achète ça demain; c'est suffisamment rare pr passer à coté.
^x^- Messages : 609
Re: James Benning
J'ai une question triviale à poser à ceux qui ont déjà vu plusieurs oeuvres de Benning. Concernant la rétrospective au Jeu de Paume, les films marqués VO comme Him and me ou American dreams sont-ils des films avec ou sans parole ? Mon anglais est mauvais, ceci expliquant cela... Merci d'avance !
Swoon- Messages : 6
Re: James Benning
Salut,
je n'ai vu aucun Benning mais je doute que soient projetés des films en vo sans sous-titres : ils feront sans doute comme à la Cinémathèque, ils traduiront ce qu'il y a à traduire sur un bandeau lumineux, sous l'écran.
je n'ai vu aucun Benning mais je doute que soient projetés des films en vo sans sous-titres : ils feront sans doute comme à la Cinémathèque, ils traduiront ce qu'il y a à traduire sur un bandeau lumineux, sous l'écran.
Eyquem- Messages : 3126
Re: James Benning
On parle pas mal de James Benning, en ce moment.
James B (à ne pas confondre avec James Bond) comme disent les connaisseurs, c’est l’un des favoris de Z. Ce qu’il en dit, je ne peux rien en dire. Il en dit rien, juste qu’il aime, et que c’est pas de la photographie de pose, ou je sais pas, quelque chose comme ça. Il doit aussi parler du temps et de l’espace. Vous ne pouvez jamais vous tromper si vous faites ça quand vous parlez d’un film.
(Souvent (très souvent, toujours même) Z se plaint de n’avoir jamais rien lu, rien lu sur X ou sur Y, sur des types dont personne ne parle, parfois pour de bonnes raisons, parfois parce que les critiques ont décidé de ne rien écrire sur les choses qui passionnent Z. C’est pas de la blague. Certains font ça.
Il se plaint aussi, Z, de ne rien lire de bien d’un tel ou d’un tel, dans telle ou telle revue. C’est bien possible. Rares sont les choses qu’on lit avec la même passion qu’on lit de la vraie pensée, de la vraie écriture. C’est ainsi, c’est la vie ; c’est pas le propre de la critique de cinéma, même si les gens qui la font ne sont pas parmi les génies de l’humanité. Dès qu’on les lit avec un peu d’attention, on se rend compte combien Thomas B. avait raison, dès que l’on lit quelque chose avec attention ça part en catastrophe, ça se décompose, ça ne veut plus rien dire, ça se révèle pas seulement inconsistant mais terriblement con. Je dois avouer que je n’ai jamais rien lu de Z qui mérite d’être discuté, pensé, riposté, ou rien, c’est tellement bête, convenu, qu’on peut rien en faire.
Au lieu de se plaindre de n’avoir rien lu sur ses favoris, il ferait peut-être mieux d’essayer d’écrire quelque chose sur eux, ou alors, il ferait mieux de se plaindre de l’essentiel : de ne jamais rien écrire qui vaille la peine d’être lu ; les choses seraient plus claires. )
Pour James Benning, bien entendu, comme toujours, c’est chez nos amis, les comiques de independencia, que les choses les plus intéressantes se passent et se pensent. Ces types, et filles, passent leur temps à penser, et quand il s’agit de train, on peut dire que la coïncidence de la pensée et du passage ne peut pas être plus favorable.
En me rendant sur le site (comme tout le monde, j’ai quelques sites dont je fais la visite tous les jours), je découvre une nouvelle signature (c’est une expression conne), leur nouveau transfert (c'est mieux, c'est plus foot; et j'aime le foot; je crois que la France ira en Afrique du Sud, et merde à M6.)
Je lis le texte sur JB (à ne pas confondre avec James Brown) qu’il a écrit, et au bout de deux lignes, je sais avoir affaire à une illusion critique, à un vrai prodige, à un mirage transcendantal. Je ne sais pas si le mec est nouveau chez eux, si c’est un critique depuis longtemps ou un gars qui commence à peine, qui aurait donc des excuses. Il s’appelle Yannick Haenel. En lisant son truc, on se dit qu’il aime la poésie-pensante ou la pensée qui poétise, bref, qu’il se situe dans la lignée de Martin Heidegger. A son niveau. Je ne dis pas qu’ils ont joué dans la même cour de récréation.
Je ne sais pas pourquoi c’est lui que les gars d’independencia ont chargé de ce texte. Peut-être parce qu’il a lu quelques pages de Heidegger, ou un résumé, ou je sais pas. En vérité, on ne sait jamais ce que les gens lisent ou voient quand ils disent avoir lu un truc ou vu un truc. Peut-être aussi parce que le gars semble aimer les films qui donnent de la pensée aux petits enfants qui jouaient avec des trains dans leur chambre. C’est essentiel. Parce que si vous n’aimez pas les trains, la critique qui pense en poétisant, l’essence de l’espace, du temps, de la technique, le désert, c’est pas garanti que ça vous épate tant que ça ce film de JB , qui a filmé des centaines de millions de trains. S’il aime ça, on ne peut pas le lui reprocher. C’est un plaisir comme un autre. Certains, c'est les bateaux (Michel Jonaz) ; d'autres les nuages (Baudelaire, Hamlet, Musil, Hamlet, huillet-Straub, ou juste l’un des deux…).
(Pour ceux qui aiment les trains qui passent, il y a aussi une émission sur Arte ; je me souviens plus du titre ni des horaires ; c’est pas du JB. Du tout.)
Regarder des trains pendant deux heures, faire du plaisir, de la passion d’un autre sa propre passion, c’est pas donné à tout le monde. Par chance, pour independencia, c’est donné à Yannick Haenel. Ca le rend pensif, regarder des trains qui passent. On ne peut pas le lui reprocher, mais il n’arrive guère à nous prouver que cette passion pour les trains qui passent va plus loin que celle des vaches qui, elles aussi, aiment regarder les trains passer. En ruminant. Nietzsche conseillait même de prendre exemple sur elles, pour apprendre l’art difficile de la rumination. Yannick Haenel aurait du y songer, ça l'aurait aidé à dépasser le stade de l'association de clichés.
On prend son texte, presque au hasard, et on tombe sur ça :
« Vers le milieu du vingtième siècle », dit-il, il est pas sûr du moment, quand c'est arrivé, précisément, ou alors, il sait pas diviser un siècle en deux, en tous les cas, si c’est pas pour sûr que c’était au milieu du vingtième siècle, c’était « l’apogée des temps modernes » (ne cherchez pas à comprendre ; le gars, il sait pas non plus très bien ses périodisations historiques. Il sait pas que le vingtième siècle, c’est plutôt les temps contemporains ; comment expliquer qu’il parle des temps modernes ? La faute à Chaplin, ou alors, pense-t-il ici, en heideggérien, le presque milieu de l’époque du sujet ouverte par Descartes. Je ne sais pas, et même là ça ne tiendrait pas. Mieux, il veut penser quelque chose d’horrible, de luciférien même, et il cause d’apogée. Mais là, je chicane ; j’harrytuttle.
Voyons plutôt comment il pense cette apogée située vers le milieu du vingtième siècle, où bascule le temps dans l’errance, pervertissant la technique (jusque là, pas perverse ; essayez de voir ça ; en pensant un peu à Freud ; la perversion c’est un écart selon l’objet, la fin… techniquement, cela donne : un marteau, c’est pour planter des clous, ou des choses dans ce genre, je le rends pervers en l’utilisant à une autre fin. Ce qui signifie dans l’esprit du critique qu’avant « le milieu du vingtième siècle » ou presque, personne n’avait utilisé un marteau pour d’autres fins que celle de ses usages propres (de se destinations) ; personne ne s’était tapé sur les doigts avec un marteau. Autre exemple, pour bien comprendre cette perversion de la technique : un fusil, c’est une arme, une arme, c’est pour tuer (en dernière instance), et au milieu ou presque du vingtième siècle, on le détourne de cet usage… etc. etc. )
Mais la pire des perversions, celles qui survient au presque milieu du vingtième siècle, c’est la coïncidence de la marchandise avec le corps humains, des corps comme marchandise.
Voilà, il voit un train de marchandises, et il pense à Shoah (de Claude Lanzmann, bien entendu; maintenant la Shoah, c'est de CL; c'est presque sa propriété privée). En psy, on appelle ça un réflexe pavlovien, et les chiens en sont capables.
Quand il voit des trains de marchandise (même quand ce sont de bonnes marchandises, qu’on est bien content de recevoir, et de livrer) c’est tout de suite la panique, le trauma. On ne peut plus voir un train de marchandise, sans songer aux films de Claude Lanzmann. Le spectre qui hante l’Europe, le monde. Spectres de la Shoah. C’est possible ; je dis pas non.
Mais on doit aussi admettre que ce passage est d’une bêtise effrayante ; je sais, on ne doit pas dire des gens qu’ils sont bêtes, mais c’est tout de même des âneries tout ça, la perversion de la technique, Lucifer qui sort de sa boite à images toutes faites, et bien entendu l’idée de la marchandise qui coïncide avec celle des corps. Y a rien à dire, ici, juste rappeler à ce pauvre homme pensif que les Nazis ne considéraient pas les corps des Juifs comme des marchandises; ils ne vendaient pas et n’achetaient pas les Juifs; ils les exterminaient. Ces corps n’avaient aucune valeur marchande, ils étaient destinés à la destruction absolue, sans laisser de traces. Avec les Nazis le corps (juif, et de quelques autres) n'est même plus une marchandise, n'a plus de valeur ni d'échange ni d'usage, c'est rien, sans valeur, à détruire. Ces trains ne transportaient pas des marchandises, ou des corps humains égalés à des marchandises, mais des détritus, de la saleté...
Sinon l'équivalence du corps à la marchandise, c'est la vie de tous les jours; qu'on se souvienne de marx et de comment on vit.
Pour faire plus clair, mais bon, c'était avant les trains, à l'époque des navires, des beaux bateaux, on doit se souvenir qu'on transportait des corps vraiment marchandises, qu’on vendait, achetait, prêtait...détruisait si on veut...
Passons, donc.
James B (à ne pas confondre avec James Bond) comme disent les connaisseurs, c’est l’un des favoris de Z. Ce qu’il en dit, je ne peux rien en dire. Il en dit rien, juste qu’il aime, et que c’est pas de la photographie de pose, ou je sais pas, quelque chose comme ça. Il doit aussi parler du temps et de l’espace. Vous ne pouvez jamais vous tromper si vous faites ça quand vous parlez d’un film.
(Souvent (très souvent, toujours même) Z se plaint de n’avoir jamais rien lu, rien lu sur X ou sur Y, sur des types dont personne ne parle, parfois pour de bonnes raisons, parfois parce que les critiques ont décidé de ne rien écrire sur les choses qui passionnent Z. C’est pas de la blague. Certains font ça.
Il se plaint aussi, Z, de ne rien lire de bien d’un tel ou d’un tel, dans telle ou telle revue. C’est bien possible. Rares sont les choses qu’on lit avec la même passion qu’on lit de la vraie pensée, de la vraie écriture. C’est ainsi, c’est la vie ; c’est pas le propre de la critique de cinéma, même si les gens qui la font ne sont pas parmi les génies de l’humanité. Dès qu’on les lit avec un peu d’attention, on se rend compte combien Thomas B. avait raison, dès que l’on lit quelque chose avec attention ça part en catastrophe, ça se décompose, ça ne veut plus rien dire, ça se révèle pas seulement inconsistant mais terriblement con. Je dois avouer que je n’ai jamais rien lu de Z qui mérite d’être discuté, pensé, riposté, ou rien, c’est tellement bête, convenu, qu’on peut rien en faire.
Au lieu de se plaindre de n’avoir rien lu sur ses favoris, il ferait peut-être mieux d’essayer d’écrire quelque chose sur eux, ou alors, il ferait mieux de se plaindre de l’essentiel : de ne jamais rien écrire qui vaille la peine d’être lu ; les choses seraient plus claires. )
Pour James Benning, bien entendu, comme toujours, c’est chez nos amis, les comiques de independencia, que les choses les plus intéressantes se passent et se pensent. Ces types, et filles, passent leur temps à penser, et quand il s’agit de train, on peut dire que la coïncidence de la pensée et du passage ne peut pas être plus favorable.
En me rendant sur le site (comme tout le monde, j’ai quelques sites dont je fais la visite tous les jours), je découvre une nouvelle signature (c’est une expression conne), leur nouveau transfert (c'est mieux, c'est plus foot; et j'aime le foot; je crois que la France ira en Afrique du Sud, et merde à M6.)
Je lis le texte sur JB (à ne pas confondre avec James Brown) qu’il a écrit, et au bout de deux lignes, je sais avoir affaire à une illusion critique, à un vrai prodige, à un mirage transcendantal. Je ne sais pas si le mec est nouveau chez eux, si c’est un critique depuis longtemps ou un gars qui commence à peine, qui aurait donc des excuses. Il s’appelle Yannick Haenel. En lisant son truc, on se dit qu’il aime la poésie-pensante ou la pensée qui poétise, bref, qu’il se situe dans la lignée de Martin Heidegger. A son niveau. Je ne dis pas qu’ils ont joué dans la même cour de récréation.
Je ne sais pas pourquoi c’est lui que les gars d’independencia ont chargé de ce texte. Peut-être parce qu’il a lu quelques pages de Heidegger, ou un résumé, ou je sais pas. En vérité, on ne sait jamais ce que les gens lisent ou voient quand ils disent avoir lu un truc ou vu un truc. Peut-être aussi parce que le gars semble aimer les films qui donnent de la pensée aux petits enfants qui jouaient avec des trains dans leur chambre. C’est essentiel. Parce que si vous n’aimez pas les trains, la critique qui pense en poétisant, l’essence de l’espace, du temps, de la technique, le désert, c’est pas garanti que ça vous épate tant que ça ce film de JB , qui a filmé des centaines de millions de trains. S’il aime ça, on ne peut pas le lui reprocher. C’est un plaisir comme un autre. Certains, c'est les bateaux (Michel Jonaz) ; d'autres les nuages (Baudelaire, Hamlet, Musil, Hamlet, huillet-Straub, ou juste l’un des deux…).
(Pour ceux qui aiment les trains qui passent, il y a aussi une émission sur Arte ; je me souviens plus du titre ni des horaires ; c’est pas du JB. Du tout.)
Regarder des trains pendant deux heures, faire du plaisir, de la passion d’un autre sa propre passion, c’est pas donné à tout le monde. Par chance, pour independencia, c’est donné à Yannick Haenel. Ca le rend pensif, regarder des trains qui passent. On ne peut pas le lui reprocher, mais il n’arrive guère à nous prouver que cette passion pour les trains qui passent va plus loin que celle des vaches qui, elles aussi, aiment regarder les trains passer. En ruminant. Nietzsche conseillait même de prendre exemple sur elles, pour apprendre l’art difficile de la rumination. Yannick Haenel aurait du y songer, ça l'aurait aidé à dépasser le stade de l'association de clichés.
On prend son texte, presque au hasard, et on tombe sur ça :
« RR commence. Un train entre dans le paysage. C'est une suite de wagons scellés. C'est un train de marchandises. Je ne peux pas m'empêcher de penser à Shoah de Claude Lanzmann. Désormais l'image d'un train sans fenêtres connote nécessairement l'extermination des Juifs d'Europe.
(Vers le milieu du vingtième siècle, c'est-à-dire à l'apogée des Temps Modernes, et faisant basculer le temps dans une époque errante, il y a cette perversion de la technique : ce moment luciférien où l'idée de marchandise coïncide avec celle des corps humains — avec celle des corps comme marchandise. Ce moment ne n'arrête plus ; on pourrait même dire qu'il a remplacé l'Histoire. Les trains de marchandises constituent l'image même — le spectre permanent — de cette perversion.)
« Vers le milieu du vingtième siècle », dit-il, il est pas sûr du moment, quand c'est arrivé, précisément, ou alors, il sait pas diviser un siècle en deux, en tous les cas, si c’est pas pour sûr que c’était au milieu du vingtième siècle, c’était « l’apogée des temps modernes » (ne cherchez pas à comprendre ; le gars, il sait pas non plus très bien ses périodisations historiques. Il sait pas que le vingtième siècle, c’est plutôt les temps contemporains ; comment expliquer qu’il parle des temps modernes ? La faute à Chaplin, ou alors, pense-t-il ici, en heideggérien, le presque milieu de l’époque du sujet ouverte par Descartes. Je ne sais pas, et même là ça ne tiendrait pas. Mieux, il veut penser quelque chose d’horrible, de luciférien même, et il cause d’apogée. Mais là, je chicane ; j’harrytuttle.
Voyons plutôt comment il pense cette apogée située vers le milieu du vingtième siècle, où bascule le temps dans l’errance, pervertissant la technique (jusque là, pas perverse ; essayez de voir ça ; en pensant un peu à Freud ; la perversion c’est un écart selon l’objet, la fin… techniquement, cela donne : un marteau, c’est pour planter des clous, ou des choses dans ce genre, je le rends pervers en l’utilisant à une autre fin. Ce qui signifie dans l’esprit du critique qu’avant « le milieu du vingtième siècle » ou presque, personne n’avait utilisé un marteau pour d’autres fins que celle de ses usages propres (de se destinations) ; personne ne s’était tapé sur les doigts avec un marteau. Autre exemple, pour bien comprendre cette perversion de la technique : un fusil, c’est une arme, une arme, c’est pour tuer (en dernière instance), et au milieu ou presque du vingtième siècle, on le détourne de cet usage… etc. etc. )
Mais la pire des perversions, celles qui survient au presque milieu du vingtième siècle, c’est la coïncidence de la marchandise avec le corps humains, des corps comme marchandise.
Voilà, il voit un train de marchandises, et il pense à Shoah (de Claude Lanzmann, bien entendu; maintenant la Shoah, c'est de CL; c'est presque sa propriété privée). En psy, on appelle ça un réflexe pavlovien, et les chiens en sont capables.
Quand il voit des trains de marchandise (même quand ce sont de bonnes marchandises, qu’on est bien content de recevoir, et de livrer) c’est tout de suite la panique, le trauma. On ne peut plus voir un train de marchandise, sans songer aux films de Claude Lanzmann. Le spectre qui hante l’Europe, le monde. Spectres de la Shoah. C’est possible ; je dis pas non.
Mais on doit aussi admettre que ce passage est d’une bêtise effrayante ; je sais, on ne doit pas dire des gens qu’ils sont bêtes, mais c’est tout de même des âneries tout ça, la perversion de la technique, Lucifer qui sort de sa boite à images toutes faites, et bien entendu l’idée de la marchandise qui coïncide avec celle des corps. Y a rien à dire, ici, juste rappeler à ce pauvre homme pensif que les Nazis ne considéraient pas les corps des Juifs comme des marchandises; ils ne vendaient pas et n’achetaient pas les Juifs; ils les exterminaient. Ces corps n’avaient aucune valeur marchande, ils étaient destinés à la destruction absolue, sans laisser de traces. Avec les Nazis le corps (juif, et de quelques autres) n'est même plus une marchandise, n'a plus de valeur ni d'échange ni d'usage, c'est rien, sans valeur, à détruire. Ces trains ne transportaient pas des marchandises, ou des corps humains égalés à des marchandises, mais des détritus, de la saleté...
Sinon l'équivalence du corps à la marchandise, c'est la vie de tous les jours; qu'on se souvienne de marx et de comment on vit.
Pour faire plus clair, mais bon, c'était avant les trains, à l'époque des navires, des beaux bateaux, on doit se souvenir qu'on transportait des corps vraiment marchandises, qu’on vendait, achetait, prêtait...détruisait si on veut...
Passons, donc.
Borges- Messages : 6044
Re: James Benning
Passons, donc.
je continue ma lecture, parce que c'est vraiment trop marrant.
Il a regardé les trains pendant deux heures, c’est le temps du film, je crois.
Pour vous donner une idée de comment il pense ce critique ou pas critique ; le film dure deux heures, c’est long deux heures, un bout de temps, surtout quand rien ne se passe sinon des trains qui passent. Et là, commence la pensée : ce qui dure a une durée, donc, c’est pas un film qui dure, qui ennuie, c’est un film sur la durée, une donation de la temporalité, une donation du temps, le film donne le temps, le temps de la pensée, le temps de penser… à tout autre chose, qu’au film. Parce qu’il faut bien se distraire pendant ces deux heures. Il faut faire semblant de regarder, de penser, comme un enfant émerveillé, un gosse à la Baudelaire. Les trains entrent, sortent, pénètrent, nous dit le critique. C’est pas du porno. C’est le petit Hans (c’est peut-être pas le bon prénom ; je suis même presque sûr que c’est pas le bon ; pour voir ce que je veux dire, penser à un fameux plan de Hitchcock, dans « la mort aux trousses » ) qui joue au train, ce ne sont pas des viols de pionniers, violents, et tout, plutôt des viols à la Heidegger, zen, en laissant être, et aller.
Le critique voit tout dans ce film, de l’être, du temps, une possible définition de l’art, le désert, l’espace qui espace, le temps qui temporalise. Bref, il n’y voit rien, il y projette tout ce qu’il a dans la tête. C’est comme ça. On ne peut pas regarder pendant deux heures des trains qui passent. On triche. On se fait pensif. On fait comme si on était concentré et tout, on fait comme le gosse qui veut jouer au bon élève, et qui, comme disait Sartre, est tellement concentré sur ce que dit l’instituteur qu’il n’entend strictement rien.
La preuve qu’il était bien concentré, et méditatif, et pensif, c’est qu’il a pris le soin de noter le nom de ceux qui sortaient de la salle pendant la projection. Il ne pouvait pas manquer ça. Si des gens n’avaient pas quitté cette salle, il ne se serait pas senti un héros de la pensée méditante de l’expérience du temps qui arrive comme un train dans désert de la pure donation de la pensée pensante avec le cinéma de James Benning. Jamais de la vie.
Il regarde les trains qui passent, devient comme eux, mais n’oublie pas de noter que : « Certains semblent mécontents, comme s'ils étaient agressés. »
(mécontents comme s’ils étaient agressés, dit-il. Ca ne peut être qu’une agression, évidemment, c’est le choc, la violence de l’œuvre qui les pousse à fuir. C’est pas qu’ils trouvaient ça nul, sans valeur, bidon, une connerie.
Mais très vite, c’est plutôt l’ennui qu’il croit responsable de ces sorties, de ces fuites, de ces désertions… :
« Sans doute, en croyant fuir ce qu'ils nomment l'ennui, fuient-ils leur impossibilité à se concentrer. »
(on dirait un prof, ou quelque chose du même genre ; oui, les pauvres, ils sont pas aussi malins que le critique ou pas critique, ils arrivent pas à se concentrer ; y a un air heideggérien dans ce passage… indéniablement ; qui a écrit sur l’ennui, aussi; un gros livre assez ennuyeux, d'ailleurs; un de ses plus mauvais; et je suis d'accord avec Derrida)
Et ça continue, ce jugement du spectateur qui fuit non pas son ennui, mais son impossibilité à se concentrer. Ces spectateurs, contrairement au critique, « ne veulent pas confier leur temps à l'attente (essayez d’imaginer ce que cela peut être, confier son temps à l’attente)
« Ils n'aiment pas le temps »
(mais s’ils aiment pas le temps, qu’est-ce qu’ils peuvent bien aimer ; c’est quand même incroyable, des gens qui n’aiment pas le temps, et qui ne veulent pas y penser, au fait qu’ils n’aiment pas le temps ou au temps ?)
"ils sont devenus progressivement pensifs"
(ça vient pas tout de suite, il faut d’abord se reposer, et sans doute un peu somnoler, mais ça il ne dit pas notre critique. "le repos qui se met à penser" ; c’est un repos assez original ; on se repose en pensant, ou alors on pense en se reposant ; on se repose de quoi, je sais pas, peut-être de tous ces trains qui vous passent sous le nez, du film, aussi sans doute.
Pauvre enfant ; il va au cinéma pour rejoindre le pensif ; il peut aussi bien faire ça chez lui ; faire le pensif ; si toute la salle s’était vidée, il se serait senti encore plus content, une grande salle toute vide, pour lui tout seul. tout le plaisir est bien là, de voir que l’on résiste là où d’autres s’en vont, qu’on reste sagement, concentré, comme un chouette garçon. Sage comme une image, on dit.
Mais bon, c’est vrai qu’ils auraient du rester ces spectateurs, parce qu’ils auraient vu l’immémorial leur arriver dans le laisser-être de ces trains qui arrivent, et partent.
Ces trains qu’on croit toujours les mêmes, répétition du même, c’est en fait, une expérience de la donné du temps dans la pensée pensante de la différence ; aucun ne passe de la même manière ; les voix ferrées ne sont pas semblables.
D’où viennent tous ces trains ? » Ils sortent de la réserve du temps » ; rien de moins; on les fabrique pas, ils sortent de la réserve du temps.
Bien entendu le critique n'a rien vu de ce film; il nous parle de rien ; il nous refile juste quelques formules clichés de Heidegger, et un stock de balivernes poétiques, comme les aiment les jeunes filles.
« attentif comme un train dans le temps », comment on peut écrire un truc pareil, et croire que l’on sera pris aux sérieux.
Pour finir, pour ne pas oublier qu’il a rien vu, pas même ce que les spectateurs qui ont quitté la salle ont cru voir, il nous fait son train ivre dans le désert.
« Je suis rentré dans quelque chose comme une pensée « :
Rentre plutôt chez toi, mon vieux.
(pas même foutu de nous parler Steve Reich, et de ses trains)
je continue ma lecture, parce que c'est vraiment trop marrant.
Il a regardé les trains pendant deux heures, c’est le temps du film, je crois.
Pour vous donner une idée de comment il pense ce critique ou pas critique ; le film dure deux heures, c’est long deux heures, un bout de temps, surtout quand rien ne se passe sinon des trains qui passent. Et là, commence la pensée : ce qui dure a une durée, donc, c’est pas un film qui dure, qui ennuie, c’est un film sur la durée, une donation de la temporalité, une donation du temps, le film donne le temps, le temps de la pensée, le temps de penser… à tout autre chose, qu’au film. Parce qu’il faut bien se distraire pendant ces deux heures. Il faut faire semblant de regarder, de penser, comme un enfant émerveillé, un gosse à la Baudelaire. Les trains entrent, sortent, pénètrent, nous dit le critique. C’est pas du porno. C’est le petit Hans (c’est peut-être pas le bon prénom ; je suis même presque sûr que c’est pas le bon ; pour voir ce que je veux dire, penser à un fameux plan de Hitchcock, dans « la mort aux trousses » ) qui joue au train, ce ne sont pas des viols de pionniers, violents, et tout, plutôt des viols à la Heidegger, zen, en laissant être, et aller.
Le critique voit tout dans ce film, de l’être, du temps, une possible définition de l’art, le désert, l’espace qui espace, le temps qui temporalise. Bref, il n’y voit rien, il y projette tout ce qu’il a dans la tête. C’est comme ça. On ne peut pas regarder pendant deux heures des trains qui passent. On triche. On se fait pensif. On fait comme si on était concentré et tout, on fait comme le gosse qui veut jouer au bon élève, et qui, comme disait Sartre, est tellement concentré sur ce que dit l’instituteur qu’il n’entend strictement rien.
La preuve qu’il était bien concentré, et méditatif, et pensif, c’est qu’il a pris le soin de noter le nom de ceux qui sortaient de la salle pendant la projection. Il ne pouvait pas manquer ça. Si des gens n’avaient pas quitté cette salle, il ne se serait pas senti un héros de la pensée méditante de l’expérience du temps qui arrive comme un train dans désert de la pure donation de la pensée pensante avec le cinéma de James Benning. Jamais de la vie.
Il regarde les trains qui passent, devient comme eux, mais n’oublie pas de noter que : « Certains semblent mécontents, comme s'ils étaient agressés. »
(mécontents comme s’ils étaient agressés, dit-il. Ca ne peut être qu’une agression, évidemment, c’est le choc, la violence de l’œuvre qui les pousse à fuir. C’est pas qu’ils trouvaient ça nul, sans valeur, bidon, une connerie.
Mais très vite, c’est plutôt l’ennui qu’il croit responsable de ces sorties, de ces fuites, de ces désertions… :
« Sans doute, en croyant fuir ce qu'ils nomment l'ennui, fuient-ils leur impossibilité à se concentrer. »
(on dirait un prof, ou quelque chose du même genre ; oui, les pauvres, ils sont pas aussi malins que le critique ou pas critique, ils arrivent pas à se concentrer ; y a un air heideggérien dans ce passage… indéniablement ; qui a écrit sur l’ennui, aussi; un gros livre assez ennuyeux, d'ailleurs; un de ses plus mauvais; et je suis d'accord avec Derrida)
Et ça continue, ce jugement du spectateur qui fuit non pas son ennui, mais son impossibilité à se concentrer. Ces spectateurs, contrairement au critique, « ne veulent pas confier leur temps à l'attente (essayez d’imaginer ce que cela peut être, confier son temps à l’attente)
« Ils n'aiment pas le temps »
(mais s’ils aiment pas le temps, qu’est-ce qu’ils peuvent bien aimer ; c’est quand même incroyable, des gens qui n’aiment pas le temps, et qui ne veulent pas y penser, au fait qu’ils n’aiment pas le temps ou au temps ?)
« Pendant ce temps, ceux qui sont restés sont entrés dans un repos qui se met à penser ; ils sont devenus progressivement pensifs. Être pensif, rejoindre le pensif. Expérience du spectateur, raison pour laquelle j'entre dans une salle de cinéma. »
"ils sont devenus progressivement pensifs"
(ça vient pas tout de suite, il faut d’abord se reposer, et sans doute un peu somnoler, mais ça il ne dit pas notre critique. "le repos qui se met à penser" ; c’est un repos assez original ; on se repose en pensant, ou alors on pense en se reposant ; on se repose de quoi, je sais pas, peut-être de tous ces trains qui vous passent sous le nez, du film, aussi sans doute.
Pauvre enfant ; il va au cinéma pour rejoindre le pensif ; il peut aussi bien faire ça chez lui ; faire le pensif ; si toute la salle s’était vidée, il se serait senti encore plus content, une grande salle toute vide, pour lui tout seul. tout le plaisir est bien là, de voir que l’on résiste là où d’autres s’en vont, qu’on reste sagement, concentré, comme un chouette garçon. Sage comme une image, on dit.
Mais bon, c’est vrai qu’ils auraient du rester ces spectateurs, parce qu’ils auraient vu l’immémorial leur arriver dans le laisser-être de ces trains qui arrivent, et partent.
Ces trains qu’on croit toujours les mêmes, répétition du même, c’est en fait, une expérience de la donné du temps dans la pensée pensante de la différence ; aucun ne passe de la même manière ; les voix ferrées ne sont pas semblables.
D’où viennent tous ces trains ? » Ils sortent de la réserve du temps » ; rien de moins; on les fabrique pas, ils sortent de la réserve du temps.
Bien entendu le critique n'a rien vu de ce film; il nous parle de rien ; il nous refile juste quelques formules clichés de Heidegger, et un stock de balivernes poétiques, comme les aiment les jeunes filles.
« attentif comme un train dans le temps », comment on peut écrire un truc pareil, et croire que l’on sera pris aux sérieux.
Pour finir, pour ne pas oublier qu’il a rien vu, pas même ce que les spectateurs qui ont quitté la salle ont cru voir, il nous fait son train ivre dans le désert.
J'ai vu passer des trains ; j'ai regardé des ciels, des roches, des étendues de sable ; j'ai attendu chaque détail ; j'ai aimé des formes, des couleurs, des mouvements. Je suis entré dans quelque chose comme une pensée ; je me suis senti plus libre ; plus vivant.
« Je suis rentré dans quelque chose comme une pensée « :
Rentre plutôt chez toi, mon vieux.
(pas même foutu de nous parler Steve Reich, et de ses trains)
Borges- Messages : 6044
Re: James Benning
Je ne connais pas Benning, mais pour ce qui est de Z, il faut pas trop en faire, je crois.
Re: James Benning
Largo a écrit:Je ne connais pas Benning, mais pour ce qui est de Z, il faut pas trop en faire, je crois.
T'inquiètes, ça va passer.
Borges- Messages : 6044
Re: James Benning
Pour info, le blog Une fameuse gorgée de poison a l'air bien branché Benning ce mois-ci :
http://fromafog.blogspot.com/search/label/James%20Benning
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