Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
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Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Van Stratten a écrit:un truc sans importance, donc; Godard distinguait, comme bien d'autres, la culture et l'art; ça relativise tout; le problème, c'est la Grèce, pas le film de godard, ou sa venue ou non venue à cannes; c'est juste un événement médiatique; culturel, autrement dit, de la pub, de la communication; sinon : regardez vers la Grèce dit Godard, et pas vers moi, ni vers mon film; c'est juste un film. Paraît qu'homère n'a pas existé, d'autres disent qu'il était turc...
Les spectres connaîtraient-ils un problème de type grec ?
non, pas du tout; même si on ne roule pas sur l'or;
la question : qu'est-ce qu'un problème, en géométrie? ça va être un mot à la mode dans la cinéphilie un moment; si j'avais été godard, j'aurais fait lire à Badiou un passage bien choisi de "l'introduction à l'origine de la géométrie" de derrida; un coup de génie dans l'art de faire revenir les fantômes;
la question : qu'est-ce qu'un problème, en géométrie? ça va être un mot à la mode dans la cinéphilie un moment; si j'avais été godard, j'aurais fait lire à Badiou un passage bien choisi de "l'introduction à l'origine de la géométrie" de derrida; un coup de génie dans l'art de faire revenir les fantômes;
Borges- Messages : 6044
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Ta circonspection me glace, Borges.
Si tout est dans tout, il n'y a plus de géométrie. Et c'est la fin des haricots.
Si tout est dans tout, il n'y a plus de géométrie. Et c'est la fin des haricots.
Van Stratten- Messages : 165
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Ceux qui se tenaient dans le ventre du cheval n'étaient pas dehors. N'est-ce pas aussi un problème de type grec ?
Van Stratten- Messages : 165
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Evidemment, on peut toujours hausser les épaules, ça ne coûte rien.
Van Stratten- Messages : 165
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Mais libre à toi : pour 300 euros tu trouveras une caméra DV opérationnelle. Au boulot !"Si j'avais été Godard".
Van Stratten- Messages : 165
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Pour finir, une lapalissade : la Grèce, ça fait plus de trois mille ans que c'est "notre culture".
Un truc sans importance.
Van Stratten- Messages : 165
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Borges a écrit:
C'est un roc!...c'est un pic!...c'est un cap! ...
l'autre cap
"Eussiez-vous eu, d'ailleurs, l'invention qu'il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n'en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d'une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve
Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve."
balthazar claes- Messages : 1009
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Van Stratten a écrit:Bonjour,
(NB : je n'ai pas lu les propos de JM qui précèdent juste ce message, parce que ce film là, j'espère bien le voir sous peu. Surtout je ne veux pas être guidé par du langage lorsque je le verrai. Je vais tâcher de le voir. On verra bien, donc.)
llrlc
Hello VS,
je ne quote pas le long texte, mais juste cette signature énigmatique, qu'est-ce que c'est "llrlc" ?
ne t'étouffe, ne te glace pas trop : respire un bon coup, et ça ira
Dernière édition par adeline le Jeu 20 Mai 2010 - 17:30, édité 1 fois
adeline- Messages : 3000
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Van Stratten a écrit:Ta circonspection me glace, Borges.
oui, je m'enthousiasme assez peu...(tu aurais du me voir à l'époque des van basten, gullit... ou alors quand connors jouait encore...ou zidane... )
question Grèce : Ajax, pas le héros, assez pitoyable d'ailleurs, mon club de foot absolu, a gagné sa première coupe des champions, on disait comme ça à l'époque, contre une équipe grecque, le Panathinaikos; je parie que Godard avait vu; pas moi; hélas, je n'ai vu aucun des matchs de la grande époque, j'ai presque pas connu cruyff à son sommet; pas même au barça; seulement à son retour à l'ajax, déjà assez âgé, mais quelle classe encore...et après comme entraîneur, c'est lui qui est à l'origine du jeu du barça qu'admire godard... )
sans l'avoir vu à son sommet, en live, je crois que mes plus grands enthousiasmes esthétiques, c'est à son génie que je les dois :
ce genre d'image vaut pour moi tous les chefs d'œuvres de la grèce antique, de la peinture de tous les temps, de tous les peuples, de tous les musées imaginaires...je crois même que ma passion géométrique pour spinoza doit trouver dans mon amour pour le foot hollandais une de ses origines les plus intenses, les plus vivantes;
point commun de Cruyff avec Godard, le sens de l'aphorisme, de la phrase pensante, et énigmatique, quelque chose de présocratique, ou même delphique : il ne parle ni ne se tait, il fait signe :
Il est préférable d’échouer en suivant sa propre vision que de réussir en suivant celle d’un autre
Chaque avantage a son désavantage
Si je voulais que vous me compreniez, je vous l’aurais mieux expliqué.
Je fais peu d’erreurs, parce qu’il m’est très difficile de me tromper.
Au foot, frapper dans le ballon est la chose la moins importante
Borges- Messages : 6044
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Cela dit, j'aime l'aphorisme, au moment où il jaillit. Point d'incandescence.
llrlc ?
Baudruche à percer
Mystère presque éventé
Dégonflement d'orgueil
Narquois
tout de même
llrlc
Le foot par contre...
llrlc ?
Baudruche à percer
Mystère presque éventé
Dégonflement d'orgueil
Narquois
tout de même
llrlc
Le foot par contre...
Van Stratten- Messages : 165
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
tu as tort, comme dirait un personnage du parrain, "le foot, c'est la seule chose vraie en ce monde", c'est un jeu de l'esprit; j'ai oublié ceci : Cruyff a prouvé l'inexistence de dieu, à partir du foot; aucun philosophe n'en parle, et pourtant, sa démonstration tient : "je ne suis pas religieux, dit-il; en Espagne les 22 joueurs avant d'entrer sur le terrain font un signe de croix et demandent à dieu la victoire; si dieu existait, les matchs de foot se termineraient tous par des égalités."
c'est imparable
c'est imparable
Dernière édition par Borges le Jeu 20 Mai 2010 - 18:36, édité 1 fois
Borges- Messages : 6044
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Borges a écrit:tu as tort, comme dirait un personnage du parrain, "le foot, c'est la seule chose vraie en ce monde", c'est un jeu de l'esprit; j'ai oublié ceci : Cruyff a prouvé l'inexistence de dieu, à partir du foot; aucun philosophe n'en parle, et pourtant, sa démonstration tient : "je ne suis pas religieux, dit-il; en Espagne les 22 joueurs avant d'entrer sur le terrain font un signe de croix et demandent à dieu la victoire; si dieu existait, les matchs de foot se termineraient tous par des égalités.
c'est pas vraiment la même expérience que Bunuel, mais le résultat est le même.
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
JM a écrit:Borges a écrit:tu as tort, comme dirait un personnage du parrain, "le foot, c'est la seule chose vraie en ce monde", c'est un jeu de l'esprit; j'ai oublié ceci : Cruyff a prouvé l'inexistence de dieu, à partir du foot; aucun philosophe n'en parle, et pourtant, sa démonstration tient : "je ne suis pas religieux, dit-il; en Espagne les 22 joueurs avant d'entrer sur le terrain font un signe de croix et demandent à dieu la victoire; si dieu existait, les matchs de foot se termineraient tous par des égalités.
c'est pas vraiment la même expérience que Bunuel, mais le résultat est le même.
oui, imparable :
Borges- Messages : 6044
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
C'est assez ennuyant, tout ce qu'on lit sur le film ici et là; la plupart des critiques en restent au nom, tantôt "vieux con" tantôt "poète maudit", et tout le choeur des sous-traitants de conclure que "on rentre dedans ou bien on reste à l'extérieur". Rien à agencer, rien à faire communiquer.
Mais si "Film socialisme" est aussi obsédé par la géométrie et les formules, c'est qu'il faut tenter de voir comment cette oeuvre fonctionne, dans quels horizons, avec quels éléments.
Par exemple, c'est l'un des films les plus "coloristes" que j'aie vu. Le premier plan, très mystérieux, nous présente deux perroquets extrêmement éclatants, véritable explosion de couleurs primaires (mais ce ne sont pas les mêmes que chez Malick, naturellement). Que la couleur monte, afin de saisir quelque chose du monde, peut-être de son commencement, voilà ce qui semble constituer l'une des grandes préoccupations du film.
Bien sûr, ici on pense immédiatement à un tas de trucs, au Bacon de Deleuze, à Cézanne, et à ce formidable Klee, qui avait tant horreur du gris.
Je crois me souvenir que Godard disait dans une interview qu'il réalisait ce film de manière très "picturale". C'est de ce genre de choses là qu'on pourrait partir.
Le a-b-c de l'esthétique, c'est que la peinture, le cinéma ne représentent rien, ne narrent rien, n'ont que faire de la figuration. Tout entiers, ils sont nervures, axes d'un système d'activité et de passivité charnelle. Dans la peinture de Cézanne, le tableau n'est spectacle de rien : il montre simplement comment les choses se font choses et le monde monde. Ainsi, peindre, filmer, c'est toujours montrer le commencement d'un monde.
C'est vouloir saisir cet engendrement primordial des choses, que de vouloir la montée de la couleur dans la peinture. C'est pour ça que les grands peintres n'ont pas de talent. Aucun talent. Ils passent leur vie à travailler. Et Van Gogh aura une très longue période grise, dans tous les sens du terme, où il se voit incapable de faire le saut vers la couleur et passe son temps à envoyer des croquis grisâtres à son frère Théo.
Dans le film, c'est pas des dessins de gosse que l'enfant réalise. Il nous peint un Renoir, que Godard se décide enfin de nous montrer... dans un moment assez magnifique.
Mais si "Film socialisme" est aussi obsédé par la géométrie et les formules, c'est qu'il faut tenter de voir comment cette oeuvre fonctionne, dans quels horizons, avec quels éléments.
Par exemple, c'est l'un des films les plus "coloristes" que j'aie vu. Le premier plan, très mystérieux, nous présente deux perroquets extrêmement éclatants, véritable explosion de couleurs primaires (mais ce ne sont pas les mêmes que chez Malick, naturellement). Que la couleur monte, afin de saisir quelque chose du monde, peut-être de son commencement, voilà ce qui semble constituer l'une des grandes préoccupations du film.
Bien sûr, ici on pense immédiatement à un tas de trucs, au Bacon de Deleuze, à Cézanne, et à ce formidable Klee, qui avait tant horreur du gris.
Je crois me souvenir que Godard disait dans une interview qu'il réalisait ce film de manière très "picturale". C'est de ce genre de choses là qu'on pourrait partir.
Le a-b-c de l'esthétique, c'est que la peinture, le cinéma ne représentent rien, ne narrent rien, n'ont que faire de la figuration. Tout entiers, ils sont nervures, axes d'un système d'activité et de passivité charnelle. Dans la peinture de Cézanne, le tableau n'est spectacle de rien : il montre simplement comment les choses se font choses et le monde monde. Ainsi, peindre, filmer, c'est toujours montrer le commencement d'un monde.
C'est vouloir saisir cet engendrement primordial des choses, que de vouloir la montée de la couleur dans la peinture. C'est pour ça que les grands peintres n'ont pas de talent. Aucun talent. Ils passent leur vie à travailler. Et Van Gogh aura une très longue période grise, dans tous les sens du terme, où il se voit incapable de faire le saut vers la couleur et passe son temps à envoyer des croquis grisâtres à son frère Théo.
Dans le film, c'est pas des dessins de gosse que l'enfant réalise. Il nous peint un Renoir, que Godard se décide enfin de nous montrer... dans un moment assez magnifique.
Dr. Strangelove- Messages : 5
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Godard est un socio
Dans "Film Socialisme", projeté à Cannes et en salles mercredi, Jean-Luc Godard rend un bel hommage amer au Barça de Guardiola.
JLG aime le foot : « Dans les arts, on peut dire : ʺOn marque plein de butsʺ [...] et puis, si vous avez une grande gueule ou si vous êtes riche ou si vous êtes une vedette, on vous croit », déclarait-il y a une quinzaine d’années.
Comme toute passion, cet attachement a ses scènes originelles, comme celle-ci que le cinéaste racontait dans un entretien télévisé : « Je me souviens très bien de la fin de la guerre. Je jouais au football et quelqu’un est venu annoncer "La guerre est finie !". J’étais gardien de but et comme j’ai tourné la tête, j’ai pris un but ». Godard parle football comme il filme, à coups d’aphorismes fulgurants, paradoxaux ou obscurs (« Je ne comprends pas pourquoi ils mettent une photo de Zidane en Une d’un magazine de foot, plutôt qu’une photo du ballon »), mais aussi de plans splendides.
le cinéaste franco-suisse a parsemé son œuvre de références footballistiques.
Dans “Une femme est une femme” (1964), Jean-Claude Brialy joue au golf avec un balai dans son living en écoutant le commentaire radio d’un clasico : « Del Sol à Puskas, Puskas à Del Sol, Del Sol à Di Stefano, Di Stefano à Del Sol... Oh, je pleure parce que le Real est grand aujourd’hui... ».
Dans “Numéro deux” (1975), un petit garçon regarde à la télévision la percée victorieuse de Cruyff à la première minute de la finale de la Coupe du Monde 1974 contre l’Allemagne, pendant que son grand-père lui demande de « mettre la troisième chaîne ».
Dans “Notre musique” (2004), Godard himself lance : « Le communisme a existé deux fois quarante-cinq minutes, au stade de Wembley, quand le Honved Budapest a battu la Hongrie par 6-3 (sic). Les Anglais jouaient individuel, les Hongrois jouaient ensemble ».
Godard n’aime donc que les équipes mythiques, mais qui ont acquis ce statut dans l’agonie. Après avoir tout raflé pendant cinq ans, le Real du milieu des sixties entame son déclin ; les Pays-Bas de Cruyff ont essuyé une défaite impensable face à l’Allemagne ; la grande Hongrie est victime de sa défaite contre la RFA à Berne et des évènements politiques au pays.
En 1979, “Sauve qui peut (la vie)”, on voit Dutronc lâcher des commentaires scabreux en regardant sa fille jouer au foot (« T’as encore jamais eu envie de la caresser ou de l’enculer ? »).
“Soigne ta droite” (1987) se termine sur des images d’acteur rejouant, telle une mise au tombeau, le drame du Heysel, survenu deux ans plus tôt, entrecoupées de plans des Rita Mitsouko enregistrant l’album “The No Comprendo”.
Et, peu après la finale du Mondial 2006, l’oracle de Rolle lâchait : « A la crucifixion du Christ, ils étaient dix-sept. A la première d’Hamlet, ils étaient cent cinquante. Mais, pour la finale du Mondial, ils étaient deux milliards de téléspectateurs ».
C’est d’ailleurs un genre de crucifixion que donnent à voir les plans d’Iniesta dans “Film Socialisme”. Au ralenti, le joueur s’effondre, trébuche contre un adversaire, finit au sol la tête collée au ballon.
Avant et après, on voit des plans de Staline, d’Hitler, de Don Quichotte, d’avions, de canons, on entend flotter les noms d’Hemingway, Orwell, Dos Passos, les fantômes d’une guerre civile perdue par les Catalans.
Quelques jours après une défaite, footballistique cette fois, contre l’Inter, Godard disait : « Barcelone n’arrive pas à tenir deux matchs de suite à son niveau. […] Pourquoi n’y arrivent-ils pas ? Quand on n’y arrive pas, on fait moins de matchs ».
http://www.sofoot.com/godard-est-un-socio-126453-article.html
Borges- Messages : 6044
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
pendant un temps, il ne faut pas parler de "film socialisme"; quand ils passeront à autre chose, son temps alors sera venu...
comment l'Energia d'aristote est devenu "actualité"; c'est une longue histoire.
comment l'Energia d'aristote est devenu "actualité"; c'est une longue histoire.
Borges- Messages : 6044
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Salut,
D'une façon générale, le film est plein d'animaux non humains : âne, lama, chats, chouette, perroquets, crocodile, moutons...
certains apparaissent semble-t-il de façon fort symboliques, d'autres, les chats m'ont fait penser à ce que rappelle Rancière à propos du chat, animal favoris des dialecticiens, dans "Le destin des images". Au passage, ces chats ne "parlent" pas comme j'ai lu ici ou là, ils font "cui cui". Certains proviennent d'archives documentaires, d'autres films ("week-end" ?!), de films amateurs, de plans qu'il filme pour le film..
quel démocratie sans l'animot ?
je comprends pas là, c'est quoi cet abc de l'esthétique, ça sort d'où, c'est toi qui l'a inventé ?
Cette séquence utilise le procédé qu'avait déjà utilisé Godard pour la dernière partie d'Eloge de l'Amour. On en avait un peu discuté par ici il y a quelques temps.
Puisqu'on parle de peinture, quelqu'un sait quel est ce tableau avec la petite fille blonde en robe blanche qui lit un grand livre et qui se confond avec les photos de la guerre civile états-unienne dans la troisième partie?
Dr. Strangelove a écrit:
Par exemple, c'est l'un des films les plus "coloristes" que j'aie vu. Le premier plan, très mystérieux, nous présente deux perroquets extrêmement éclatants, véritable explosion de couleurs primaires (mais ce ne sont pas les mêmes que chez Malick, naturellement). Que la couleur monte, afin de saisir quelque chose du monde, peut-être de son commencement, voilà ce qui semble constituer l'une des grandes préoccupations du film.
D'une façon générale, le film est plein d'animaux non humains : âne, lama, chats, chouette, perroquets, crocodile, moutons...
certains apparaissent semble-t-il de façon fort symboliques, d'autres, les chats m'ont fait penser à ce que rappelle Rancière à propos du chat, animal favoris des dialecticiens, dans "Le destin des images". Au passage, ces chats ne "parlent" pas comme j'ai lu ici ou là, ils font "cui cui". Certains proviennent d'archives documentaires, d'autres films ("week-end" ?!), de films amateurs, de plans qu'il filme pour le film..
quel démocratie sans l'animot ?
Le a-b-c de l'esthétique, c'est que la peinture, le cinéma ne représentent rien, ne narrent rien, n'ont que faire de la figuration. Tout entiers, ils sont nervures, axes d'un système d'activité et de passivité charnelle. Dans la peinture de Cézanne, le tableau n'est spectacle de rien : il montre simplement comment les choses se font choses et le monde monde. Ainsi, peindre, filmer, c'est toujours montrer le commencement d'un monde.
je comprends pas là, c'est quoi cet abc de l'esthétique, ça sort d'où, c'est toi qui l'a inventé ?
Dans le film, c'est pas des dessins de gosse que l'enfant réalise. Il nous peint un Renoir, que Godard se décide enfin de nous montrer... dans un moment assez magnifique.
Cette séquence utilise le procédé qu'avait déjà utilisé Godard pour la dernière partie d'Eloge de l'Amour. On en avait un peu discuté par ici il y a quelques temps.
Puisqu'on parle de peinture, quelqu'un sait quel est ce tableau avec la petite fille blonde en robe blanche qui lit un grand livre et qui se confond avec les photos de la guerre civile états-unienne dans la troisième partie?
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Dans ton bestiaire, tu oublies encore la corrida, qui n'a rien à envier aux meilleurs match de foot
Alors Cassandre, tu vas être raisonnable
J'aimerais bien. Mais c'est une logique, celle de la sensation. Deleuze y cause de la catastrophe à l'origine de l'oeuvre d'art, du diagramme, d'une lutte entreprise contre le chaos et du figural qui en résulte... Mais c'est un truc assez bateau aujourd'hui, qu'on retrouve aussi bien chez Lyotard que Merleau-Ponty ou Maldiney.je comprends pas là, c'est quoi cet abc de l'esthétique, ça sort d'où, c'est toi qui l'a inventé ?
Je cherche aussi. Le commentaire dit un truc du style:Puisqu'on parle de peinture, quelqu'un sait quel est ce tableau avec la petite fille blonde en robe blanche qui lit un grand livre et qui se confond avec les photos de la guerre civile états-unienne dans la troisième partie?
Alors Cassandre, tu vas être raisonnable
Dr. Strangelove- Messages : 5
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
C'est cette vidéo qu'on voit ?...ils font "cui cui"
- Spoiler:
Eyquem- Messages : 3126
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
qu'est ce que c'est encore que cette esthétique consacrée du fragment chez godard ? godard serait un magicien qui donnerait vie à une oeuvre neuve ? Il faut m'expliquer ça et conséquemment la notion de mort du cinéma, car comment faire l'hypothèse de la mort du cinéma quand il existe plusieurs ?
fausse piste à mon sens, car, pour le dire simplement, tout n'est que fragments depuis l'origine du cinéma, et même l'origine de la vie. cettte force majeure est insurmontable.
godard, profil bas ( ne vient pas à cannes ), recycle les idées alors recyclons ses idées recyclées ...
fausse piste à mon sens, car, pour le dire simplement, tout n'est que fragments depuis l'origine du cinéma, et même l'origine de la vie. cettte force majeure est insurmontable.
godard, profil bas ( ne vient pas à cannes ), recycle les idées alors recyclons ses idées recyclées ...
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Eyquem a écrit:C'est cette vidéo qu'on voit ?...ils font "cui cui"
- Spoiler:
oui je crois que c'est ça, la vidéo de départ a déjà été retrouvée sur le net, elle existe donc.
ces chats faisaient presque des bruits d'oiseaux en miaulant dans la salle de cinéma.
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Tentative d'éclaircissement.
Quel est le "problème" ? (de type grec ou autre)
Le problème est le divorce entre Godard et "son public", c'est-à-dire tout un chacun, c'est à dire "le monde". Que Godard soit peut-être à moitié responsable dudit divorce ne change rien à l'affaire.
Le problème est de l'ordre de la communication. La communication se mange aujourd'hui à toutes les sauces (plus ou moins réchauffées) à la télé, sur internet, au stade, quel que soit le lieu. L'information a désormais toujours à voir avec l'image et avec le spectacle. Après le robinet à images historique qu'a constitué la télévision, c'est désormais l'internet qui obstrue, qui pollue notre monde avec des images, des images qui sont plus ou moins au niveau du "degré zéro de l'image" (un leurre de plus), comme j'ai pu avoir l'occasion de l'écrire ailleurs. Godard s'en plaint dans son dernier "entretien image + son" publié, justement, sur internet (tout récemment, voir site de mediapart, dont le lien est donné un peu plus haut à cette même entrée du forum).
Par ailleurs il est notable que Godard a "fait" tout récemment aussi la couverture du magazine Téléramuche, comme disait l'autre, en compagnie de "son ami Dany" Cohn Bendit. Ceci pour attester de l'idée qu'effectivement Godard, s'il n'apparaît pas à Cannes, est présent tant sur internet que dans la presse, et qu'à chaque fois il en va de "son image" (animée ou non), donc est à moitié responsable de ce qui lui arrive.
Mais le fait qui nous intéressera davantage, c'est que "ce qui lui arrive" n'arrive pas qu'à lui : ça nous arrive, à nous tous, homo (hominis au pluriel, c'est ça ?) sapiens géocentrés sur nous-mêmes.
Internet pollue notre monde avec des images. Godard dit en substance : "c'est plus possible de montrer quoi que ce soit quand le flux d'images est ouvert en permanence sur U-Tube ou ailleurs. Avec Anne-Marie on a essayé, mais c'est pas possible." La pollution n'est pas que d'ordre environnemental, ou plutôt l'environnement, le nôtre, ce n'est plus seulement la nature, le monde, la cité, la civilisation, c'est aussi les réseaux d'information (ou de non-information) numériques. Avatar prend ouvertement en compte cette donnée, en proposant une thèse tout à fait farcesque, mais néanmoins retorse et dangereuse (bien plus dangereuse sans doute que les fanatismes religieux, en tout cas pour "nous", homninis sapientis géocentrés sur nous-mêmes) : l'idée d'une identité commune du réseau numérique et du cycle végétal (avec au milieu le pétrole : mais alors qu'est-ce qu'on fait du pétrole ? - Réponse de Godard en 88 : "le pétrole on s'habituera à nager dedans" - c'était dans "microfilm", l'émission de l'oncle Serge sur France Culture).
Il y a donc un divorce entre Godard et le monde. Il y a là de "l'incommunicable". Chercher pourquoi serait peut-être très fastidieux, mais on peut commencer par se demander ce que ça dit, cet absence de communication, cette absence d'échange, ce soliloque mi-figue mi-raisin d'un clown triste à qui plus personne ne "renvoie la balle".
Daney écrivait : "toute la pédagogie godardienne n'aura donc servi à rien". Il écrivait au futur antérieur. C'est devenu un passé composé. Ca n'a servi à rien. Godard essaye de faire du cinéma, coûte que coûte, et non seulement ça lui coûte de plus en plus cher, mais c'est comme si ça ne servait plus à rien. Ce n'est pas pour cela que l'artiste va renoncer (encore que... il le dit parfois) mais son art devient donc parfaitement "inutile". L'art pour l'art, d'accord, ok, mais c'était un vieux réflexe bourgeois décadent (qui comporte ses perles, évidemment, dont Nerval). Puis vient Mallarmé, et Godard c'est plutôt Mallarmé. Enfin là je vais me faire incendier par Borges, mais Godard le disait lui-même dans le même entretien à microfilm : "maintenant je vais peut-être pouvoir faire du Mallarmé". (il ajoutait : j'ai fait des programmes, je vais peut-être pouvoir inventer des logiciels"... tiens, tiens)
Godard est notre contemporain, mais nous ne voulons pas le savoir. Que ça le rende paranoïaque ne change rien à l'affaire. Godard a commencé comme Voltaire, et finit comme Rousseau (encore que dans son dernier projet il semble bien entouré... heureusement).
Mais Les rêveries, c'est quand même quelque chose !
Mais de toute façon on ne peut pas non plus s'en tenir là : les Histoire(s) du Cinéma ne sont pas que des rêveries (quoique ce soit une excellente porte d'entrée). Son dernier film non plus (même remarque sans doute, je ne l'ai toujours pas vu...). Godard n'est donc pas seulement un "poète maudit" (un poète c'est sûr, mais il est aussi - et en tout cas il a été - quelque chose comme un chercheur et un professeur, un prof, ou un prêtre, le pasteur Godard qui prêche le cinéma) : c'est quelqu'un qui n'arrive plus à communiquer avec nous. Avec ses enfants, qui ne jouent peut-être plus à la Russie.
Bon. Mais le mystère reste entier. Je préviens donc que je n'en ai pas fini avec le sujet. (j'espère qu'on s'en serait douté, je n'ai pas cette prétention).
Bien à vous, spectres. Et à tantôt.
Quel est le "problème" ? (de type grec ou autre)
Le problème est le divorce entre Godard et "son public", c'est-à-dire tout un chacun, c'est à dire "le monde". Que Godard soit peut-être à moitié responsable dudit divorce ne change rien à l'affaire.
Le problème est de l'ordre de la communication. La communication se mange aujourd'hui à toutes les sauces (plus ou moins réchauffées) à la télé, sur internet, au stade, quel que soit le lieu. L'information a désormais toujours à voir avec l'image et avec le spectacle. Après le robinet à images historique qu'a constitué la télévision, c'est désormais l'internet qui obstrue, qui pollue notre monde avec des images, des images qui sont plus ou moins au niveau du "degré zéro de l'image" (un leurre de plus), comme j'ai pu avoir l'occasion de l'écrire ailleurs. Godard s'en plaint dans son dernier "entretien image + son" publié, justement, sur internet (tout récemment, voir site de mediapart, dont le lien est donné un peu plus haut à cette même entrée du forum).
Par ailleurs il est notable que Godard a "fait" tout récemment aussi la couverture du magazine Téléramuche, comme disait l'autre, en compagnie de "son ami Dany" Cohn Bendit. Ceci pour attester de l'idée qu'effectivement Godard, s'il n'apparaît pas à Cannes, est présent tant sur internet que dans la presse, et qu'à chaque fois il en va de "son image" (animée ou non), donc est à moitié responsable de ce qui lui arrive.
Mais le fait qui nous intéressera davantage, c'est que "ce qui lui arrive" n'arrive pas qu'à lui : ça nous arrive, à nous tous, homo (hominis au pluriel, c'est ça ?) sapiens géocentrés sur nous-mêmes.
Internet pollue notre monde avec des images. Godard dit en substance : "c'est plus possible de montrer quoi que ce soit quand le flux d'images est ouvert en permanence sur U-Tube ou ailleurs. Avec Anne-Marie on a essayé, mais c'est pas possible." La pollution n'est pas que d'ordre environnemental, ou plutôt l'environnement, le nôtre, ce n'est plus seulement la nature, le monde, la cité, la civilisation, c'est aussi les réseaux d'information (ou de non-information) numériques. Avatar prend ouvertement en compte cette donnée, en proposant une thèse tout à fait farcesque, mais néanmoins retorse et dangereuse (bien plus dangereuse sans doute que les fanatismes religieux, en tout cas pour "nous", homninis sapientis géocentrés sur nous-mêmes) : l'idée d'une identité commune du réseau numérique et du cycle végétal (avec au milieu le pétrole : mais alors qu'est-ce qu'on fait du pétrole ? - Réponse de Godard en 88 : "le pétrole on s'habituera à nager dedans" - c'était dans "microfilm", l'émission de l'oncle Serge sur France Culture).
Il y a donc un divorce entre Godard et le monde. Il y a là de "l'incommunicable". Chercher pourquoi serait peut-être très fastidieux, mais on peut commencer par se demander ce que ça dit, cet absence de communication, cette absence d'échange, ce soliloque mi-figue mi-raisin d'un clown triste à qui plus personne ne "renvoie la balle".
Daney écrivait : "toute la pédagogie godardienne n'aura donc servi à rien". Il écrivait au futur antérieur. C'est devenu un passé composé. Ca n'a servi à rien. Godard essaye de faire du cinéma, coûte que coûte, et non seulement ça lui coûte de plus en plus cher, mais c'est comme si ça ne servait plus à rien. Ce n'est pas pour cela que l'artiste va renoncer (encore que... il le dit parfois) mais son art devient donc parfaitement "inutile". L'art pour l'art, d'accord, ok, mais c'était un vieux réflexe bourgeois décadent (qui comporte ses perles, évidemment, dont Nerval). Puis vient Mallarmé, et Godard c'est plutôt Mallarmé. Enfin là je vais me faire incendier par Borges, mais Godard le disait lui-même dans le même entretien à microfilm : "maintenant je vais peut-être pouvoir faire du Mallarmé". (il ajoutait : j'ai fait des programmes, je vais peut-être pouvoir inventer des logiciels"... tiens, tiens)
Godard est notre contemporain, mais nous ne voulons pas le savoir. Que ça le rende paranoïaque ne change rien à l'affaire. Godard a commencé comme Voltaire, et finit comme Rousseau (encore que dans son dernier projet il semble bien entouré... heureusement).
Mais Les rêveries, c'est quand même quelque chose !
Mais de toute façon on ne peut pas non plus s'en tenir là : les Histoire(s) du Cinéma ne sont pas que des rêveries (quoique ce soit une excellente porte d'entrée). Son dernier film non plus (même remarque sans doute, je ne l'ai toujours pas vu...). Godard n'est donc pas seulement un "poète maudit" (un poète c'est sûr, mais il est aussi - et en tout cas il a été - quelque chose comme un chercheur et un professeur, un prof, ou un prêtre, le pasteur Godard qui prêche le cinéma) : c'est quelqu'un qui n'arrive plus à communiquer avec nous. Avec ses enfants, qui ne jouent peut-être plus à la Russie.
Bon. Mais le mystère reste entier. Je préviens donc que je n'en ai pas fini avec le sujet. (j'espère qu'on s'en serait douté, je n'ai pas cette prétention).
Bien à vous, spectres. Et à tantôt.
Van Stratten- Messages : 165
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Daney écrivait : "toute la pédagogie godardienne n'aura donc servi à rien". Il écrivait au futur antérieur. C'est devenu un passé composé. Ca n'a servi à rien. Godard essaye de faire du cinéma, coûte que coûte, et non seulement ça lui coûte de plus en plus cher, mais c'est comme si ça ne servait plus à rien. Ce n'est pas pour cela que l'artiste va renoncer (encore que... il le dit parfois) mais son art devient donc parfaitement "inutile". L'art pour l'art, d'accord, ok, mais c'était un vieux réflexe bourgeois décadent (qui comporte ses perles, évidemment, dont Nerval). Puis vient Mallarmé, et Godard c'est plutôt Mallarmé. Enfin là je vais me faire incendier par Borges, mais Godard le disait lui-même dans le même entretien à microfilm : "maintenant je vais peut-être pouvoir faire du Mallarmé". (il ajoutait : j'ai fait des programmes, je vais peut-être pouvoir inventer des logiciels"... tiens, tiens)
Qu'est-ce que t'entends au juste par "parfaitement "inutile"" et par "l'art pour l'art" ?
En attendant Cathy Tanvier parle d'un "cinéma engagé" :
http://videos.arte.tv/fr/videos/cathy_tanvier_a_la_volee-3223820.html
Je sais plus quoi penser moi !
(Et aussi comment tu sais que ça lui coûte de plus en plus cher de faire des films ?)
Leurtillois- Messages : 131
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
A propos de Cathy Tanvier, que penser de la direction d'"acteurs" du film ? C'est plein d'errements, non ?
(elle le compare à Dylan, je pense que ça va faire plaisir à BC, ça ! et l'aphorisme sur le cinéma de JLG n'a rien à envier à ceux de Cruyff)
(elle le compare à Dylan, je pense que ça va faire plaisir à BC, ça ! et l'aphorisme sur le cinéma de JLG n'a rien à envier à ceux de Cruyff)
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
à BC, et à deleuze, aussi; pour rester dans la musique; pour Godard, l'ajax de cruyff : " tout le monde attaque, tout le monde défend; c'était comme du free jazz."
Borges- Messages : 6044
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