Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard (1979)
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Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard (1979)
J'ai été intrigué à la fin du film par l'un des dernières répliques, voire la dernière tout court, de l'ex-femme de Godard (le personnage) qui vient d'être renversé par une voiture, à sa fille. "Ne le regarde pas, ça ne nous regarde plus". Evidemment il y a un double sens, mais si "ça" est Godard, est-ce qu'il incarnait le ça? Est-ce qu'on tient un dénouement possible à toute cette libido qui sort de la bouche des personnages, en particulier de Godard envers sa fille qui ne la regardera plus?
Une question parmi mille autres, ce qui n'est pas la moindre des qualités de ce film déroutant.
Une question parmi mille autres, ce qui n'est pas la moindre des qualités de ce film déroutant.
Re: Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard (1979)
py a écrit:J'ai été intrigué à la fin du film par l'un des dernières répliques, voire la dernière tout court, de l'ex-femme de Godard (le personnage) qui vient d'être renversé par une voiture, à sa fille. "Ne le regarde pas, ça ne nous regarde plus".
Quelques temps avant le tournage, Anne Wiazemky et Godard divorcèrent "officiellement" (Anne l'avait quittée définitivement en 1971).
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard (1979)
Dr. Apfelgluck a écrit:py a écrit:J'ai été intrigué à la fin du film par l'un des dernières répliques, voire la dernière tout court, de l'ex-femme de Godard (le personnage) qui vient d'être renversé par une voiture, à sa fille. "Ne le regarde pas, ça ne nous regarde plus".
Quelques temps avant le tournage de "Sauve qui peut...", Anne Wiazemky et Godard divorcèrent "officiellement" (Anne l'avait quittée définitivement en 1971).
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard (1979)
py a écrit:J'ai été intrigué à la fin du film par l'un des dernières répliques, voire la dernière tout court, de l'ex-femme de Godard (le personnage) qui vient d'être renversé par une voiture, à sa fille. "Ne le regarde pas, ça ne nous regarde plus". Evidemment il y a un double sens, mais si "ça" est Godard, est-ce qu'il incarnait le ça? Est-ce qu'on tient un dénouement possible à toute cette libido qui sort de la bouche des personnages, en particulier de Godard envers sa fille qui ne la regardera plus?
Une question parmi mille autres, ce qui n'est pas la moindre des qualités de ce film déroutant.
Borges- Messages : 6044
Re: Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard (1979)
"Cela ne nous regarde plus" je le comprends un peu un constat d'échec politique du groupe Dziga Vertov et des années vidéo. J'ai lu que Godard avait mis 6 années à monter les 50 minutes de "d'Ici et Ailleurs", qui se voulait au départ un film d'intervention scommandé par l'OLP. La forme avait débordé le fond politique. Je ne l'ai jamais vu, mais ce film a été terriblement important pour Godard, qui ne savait plus ce qu'il filmait (la commande, ou bien les doutes des combattants sur la stratégie politique surpris dans les discussions volée par la caméra, le combat immédiat, ou bien la préparation de sa mémoire)
Mais dans le film il y a aussi Godard qui se fantasme en père trahi et esseulé, alors qu'il n'a jamais eu d'enfants. C'est peut-être ce fantasme qui ne nous regarde plus, et cela avant-même d'être déjoué.
Mais dans le film il y a aussi Godard qui se fantasme en père trahi et esseulé, alors qu'il n'a jamais eu d'enfants. C'est peut-être ce fantasme qui ne nous regarde plus, et cela avant-même d'être déjoué.
Invité- Invité
Re: Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard (1979)
les accidents de la route, de bagnoles, sont très importants dans le cinéma de godard, mais aussi dans sa vie; en 1971, lui et jpg, doivent prendre l'avion à orly pour new-york, afin de signer le contrat de distribution de "tout va bien". Godard avant de partir veut s'acheter un bouquin, de Brecht, faut bien travailler sa légende quand on la vit : Me-ti; sa monteuse, lui propose de l'emmener à moto. C'est pas une costaud, jpg lui demande de faire gaffe, ce qu'elle fait pas : sur la route, elle double un bus par la droite, une fourgonnette arrive, la moto ne peut l'éviter, elle se couche sur la chaussée, la fille éjectée n'a rien, mais godard "tombe lourdement, nous dit A de B, devant les roues de l'autobus", qui ne peut l'éviter…multiples fractures du bassin, cinq côtes cassées, traumatisme crânien, peau arrachée; une semaine de coma, 6 mois d'hospitalisation; 3 ans pour s'en remettre...
Borges- Messages : 6044
Re: Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard (1979)
Je ne savais pas qu'il y avait eu cet épisode à la Bob Dylan, mais c'est pas cela qui explique tout pour "D'Ici et ailleurs" car dans le même temps et peu après cet accident il fait des films quand-même importants et très articulés avec Dziga Vertov, notamment "Tout va Bien", "Letter To Jane"
Invité- Invité
Re: Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard (1979)
Difficile effectivement de ne pas relire ce film sous l'angle autobiographique. Comme je suis plongé dans la Suisse en ce moment, j'ai lu qu'Alain Tanner appelait "Paul" tous ses personnages qui lui servaient de double cinématographique. Paul c'est aussi le prénom de Godard dans Sauve qui peut. Mais bien sûr, c'est pas les Paul qui manquent, en France comme en Suisse.
http://www.rts.ch/archives/tv/culture/special-cinema/3438307-face-a-face.html
http://www.rts.ch/archives/tv/culture/special-cinema/3438307-face-a-face.html
Re: Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard (1979)
py, t'as ouvert ce topic le jour (si je me trompe pas, sinon on imprimera tout de même la légende) où RL présentait le film à l'"austin film society"...
Borges- Messages : 6044
Re: Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard (1979)
"L'accident ou la chair dévoilée
A propos de la thématique accidentale dans l'œuvre de Jean-Luc Godard"
c'est pas terrible, mais y a des éléments :
http://www.cairn.info/revue-champ-psychosomatique-2004-4-page-101.htm
A propos de la thématique accidentale dans l'œuvre de Jean-Luc Godard"
c'est pas terrible, mais y a des éléments :
http://www.cairn.info/revue-champ-psychosomatique-2004-4-page-101.htm
Borges- Messages : 6044
Re: Sauve qui peut (la vie), Jean-Luc Godard (1979)
"On a mis du temps à trouver le titre ... je pense que le titre est quelque chose d'important, peut-être plus pour celui qui le fait, parce que ça lui donne une direction et une indication, une fois qu'il a trouvé un titre qu'il aime bien ... enfin c'est un lieu, c'est un peu comme la patrie du film. Et là pour ce film, s'il y a un double titre ça vient peut-être du fait que c'est une coproduction ...
Enfin moi je suis à la fois Suisse et Français, ma situation c'est d'habiter des deux côtés de la frontière, pas seulement d'être un frontalier, mais d'être un double frontalier, toujours étranger chez l'un et étranger chez l'autre et ayant un besoin de passer d'un côté et de l'autre de la frontière, ce qui est un peu aussi le cinéma, et ce que j'aime bien, je pense, c'est la communication, c'est de passer, de ne pas être fixé. Le film, ou communiquer, ce n'est pas être dans un endroit et aller dans un autre. Même maintenant aujourd'hui, l'être humain c'est quelqu'un qui va d'un endroit à un autre et pas qui reste dans un endroit puis qui va dans un autre ... En voyage j'ai toujours été surpris par les gens qui comptent pour rien le temps du voyage, alors que pour moi c'est presque l'essentiel. Je considère que le temps du voyage ou deux heures à l'aéroport, c'est ni perdre, ni gagner. Finalement on vit autant et je suis surpris, surtout aujourd'hui où on communique beaucoup, parce que pour les gens c'est un temps qui n'existe pas. N'existe le temps que lorsqu'il est solidifié, si on peut dire, soit qu'on reste à un endroit d'où on doit partir soit qu'on y arrive, et entre les deux ça n'existe pas. Moi je pense que ce qui existe c'est entre.
Et peut-être si le film a un double titre, c'est qu'il y avait un désir de lui donner un titre commercial et classique: « Sauve qui peut », une formule, et qu'il y avait en même temps le désir de l'appeler « la vie » aussi ou de l'appeler « la joie» ou de l'appeler « le ciel », « la passion », ou quelque chose comme ça ... Mettre un double titre, c'était aussi créer un effet de troisième titre à naître, chacun pouvant faire son montage un peu comme il veut en lui donnant des indications assez précises et un peu souples, un peu contradictoires aussi. Je pense qu'effectivement tout le film et tout mon cinéma est un peu contenu là dedans.
Le cinéma ce n'est pas une image après l'autre, c'est une image plus une autre qui en forment une troisième, la troisième étant du reste formée par le spectateur au moment où il voit le film ..."
(Godard à Avignon, Propos rompus)
Enfin moi je suis à la fois Suisse et Français, ma situation c'est d'habiter des deux côtés de la frontière, pas seulement d'être un frontalier, mais d'être un double frontalier, toujours étranger chez l'un et étranger chez l'autre et ayant un besoin de passer d'un côté et de l'autre de la frontière, ce qui est un peu aussi le cinéma, et ce que j'aime bien, je pense, c'est la communication, c'est de passer, de ne pas être fixé. Le film, ou communiquer, ce n'est pas être dans un endroit et aller dans un autre. Même maintenant aujourd'hui, l'être humain c'est quelqu'un qui va d'un endroit à un autre et pas qui reste dans un endroit puis qui va dans un autre ... En voyage j'ai toujours été surpris par les gens qui comptent pour rien le temps du voyage, alors que pour moi c'est presque l'essentiel. Je considère que le temps du voyage ou deux heures à l'aéroport, c'est ni perdre, ni gagner. Finalement on vit autant et je suis surpris, surtout aujourd'hui où on communique beaucoup, parce que pour les gens c'est un temps qui n'existe pas. N'existe le temps que lorsqu'il est solidifié, si on peut dire, soit qu'on reste à un endroit d'où on doit partir soit qu'on y arrive, et entre les deux ça n'existe pas. Moi je pense que ce qui existe c'est entre.
Et peut-être si le film a un double titre, c'est qu'il y avait un désir de lui donner un titre commercial et classique: « Sauve qui peut », une formule, et qu'il y avait en même temps le désir de l'appeler « la vie » aussi ou de l'appeler « la joie» ou de l'appeler « le ciel », « la passion », ou quelque chose comme ça ... Mettre un double titre, c'était aussi créer un effet de troisième titre à naître, chacun pouvant faire son montage un peu comme il veut en lui donnant des indications assez précises et un peu souples, un peu contradictoires aussi. Je pense qu'effectivement tout le film et tout mon cinéma est un peu contenu là dedans.
Le cinéma ce n'est pas une image après l'autre, c'est une image plus une autre qui en forment une troisième, la troisième étant du reste formée par le spectateur au moment où il voit le film ..."
(Godard à Avignon, Propos rompus)
Borges- Messages : 6044
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