Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
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Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Borges a écrit:
Il y a plus de psychanalyse que de Heidegger et Hölderlin dedans, je crois... non? ce qui changerait tout de même énormément, en terme d'idées, le film du livre
oui, sans doute, mais bon reste à savoir la part d'Hölderlin dans "Le Mépris", à part la citation de Lang ? L'état d'esprit et les déclarations de l'époque de Godard me font bien plus penser au roman (regarder par l'intermédiaire de la caméra des humains à la poursuite d'Homère plutôt que les Dieux qui regardent les humains de haut dans l'Odyssée, mais je me souviens pas d'un quelconque "retournement"), on est pas chez S&H. Mais bon, c'est Lang qui parle de Hölderlin dans le film (mais il propose aussi, comme dans le livre, son interprétation psychologique du comportement d'Homère ce qui semble d'ailleurs plus "cohérent" avec Lang en tant que cinéaste, même si celui-ci a cité ici ou là Hölderlin dans certains films mais pas de façon très sérieuse, non ?) donc normalement on devrait retrouver ça plutôt dans les quelques scènes de son film que l'on voit (car, à la différence du roman, le film est déjà largement avancé alors que dans le bouquin, le truc est à l'état de projet en préparation).
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
La part d'Hölderlin dans "le Mépris", elle est absolue; tout le film se passe dans le "retournement", celui des dieux, celui du monde, du cinéma, de l'amour, de l'histoire...
Hölderlin-Heidegger, c'est pas Lang, c'est Godard... on retrouve ça bien plus tard chez lui, quand il parle de "hélas pour moi", film raté : "là, le film était fait sur l'absence de dieu. Si le film avait été réussi, on aurait dû se rendre compte que dieu n'était pas là. Il y aurait eu cette idée très heideggerienne (quand il parle de Hölderlin) que les dieux se sont enfuis, et qu'en temps de détresse, les poètes doivent montrer la trace du dieu enfui."
(JLG par, 2, p.321)
cette expérience de l'absence est essentielle dans le cinéma de godard, dans son expérience de la vie, du sens, de l'image... certains parlent de mélancolie...
Hölderlin-Heidegger, c'est pas Lang, c'est Godard... on retrouve ça bien plus tard chez lui, quand il parle de "hélas pour moi", film raté : "là, le film était fait sur l'absence de dieu. Si le film avait été réussi, on aurait dû se rendre compte que dieu n'était pas là. Il y aurait eu cette idée très heideggerienne (quand il parle de Hölderlin) que les dieux se sont enfuis, et qu'en temps de détresse, les poètes doivent montrer la trace du dieu enfui."
(JLG par, 2, p.321)
cette expérience de l'absence est essentielle dans le cinéma de godard, dans son expérience de la vie, du sens, de l'image... certains parlent de mélancolie...
Borges- Messages : 6044
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Borges a écrit:La part d'Hölderlin dans "le Mépris", elle est absolue; tout le film se passe dans le "retournement", celui des dieux, celui du monde, du cinéma, de l'amour, de l'histoire...
oui, alors là il faut préciser, comme ça je pourrai te dire si on trouve ça aussi dans le bouquin de Moravia aussi ou pas. Je pensais surtout au retournement dont tu parlais :
on retrouve ces thèmes heidegger-hölderlin (comme j'ai déjà dit et redit) dans le mépris, quand lang parle de Hölderlin (récite en fait, approche de Hölderlin, de Heidegger) : de la distance des dieux, de l'absence qui doit être sentie... pour que puisse se faire le retournement... tant que l'on éprouve pas le défaut des dieux, tant que les dieux font défaut en tant qu'absence de défaut, il y a pas de salut; les poètes-penseurs sont là pour éprouver le manque... chez Heidegger c'est le thème de l'oubli... de l'oubli même de l'oubli...
Il me semble que c'est quand même assez nouveau chez Godard à cette époque là, les films d'avant sont pas vraiment marqués par cette expérience?
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Un truc marrant, Lang à propos de la un peu avant le tournage du Mépris :
"Je n'ai jamais eu le courage de mettre dans un de mes films un seul plan de la mer. La mer m'effraie. J'eusse aimé en avoir donné avant Hugo la définition suivante : "La mer c'est une chose qui me fait peur." Et pourtant rien ne m'enchante plus que la mer. Mais comme je ne crois pas que quelqu'un soit capable de traduire l'élément poétique de la mer, que ce soit dans un poème, dans un tableau ou dans un film, je n'ai jamais osé moi-même le faire."
on sait pas ce qu'il pensait de la façon de filmer la mer de Godard dans "Le Mépris", en tout cas lui n'a rien filmé de la mer, il a juste fait croire, il a joué, puisque c'est Godard qui a filmé aussi les plans du film dans le film. Ironique, isn't it ?
"Je n'ai jamais eu le courage de mettre dans un de mes films un seul plan de la mer. La mer m'effraie. J'eusse aimé en avoir donné avant Hugo la définition suivante : "La mer c'est une chose qui me fait peur." Et pourtant rien ne m'enchante plus que la mer. Mais comme je ne crois pas que quelqu'un soit capable de traduire l'élément poétique de la mer, que ce soit dans un poème, dans un tableau ou dans un film, je n'ai jamais osé moi-même le faire."
on sait pas ce qu'il pensait de la façon de filmer la mer de Godard dans "Le Mépris", en tout cas lui n'a rien filmé de la mer, il a juste fait croire, il a joué, puisque c'est Godard qui a filmé aussi les plans du film dans le film. Ironique, isn't it ?
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
(Lang ne se souvient pas de l'ouverture de Moonfleet ou quoi ?
Quel mytho, ce Fritz...)
Quel mytho, ce Fritz...)
Eyquem- Messages : 3126
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
tu as raison, quoi que c'est pas forcément lui qui a filmé cette ouverture. Whoua, le fumiste ! lol
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Sans doute que si, vu que le film se termine aussi sur une falaise, au bord de la mer, si je me souviens bien.c'est pas forcément lui qui a filmé cette ouverture
Eyquem- Messages : 3126
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
salut,
Brièvement car je viens de revoir le film (ce qui va me permettre de rectifier quelques trucs dit au dessus) avec le livre en tête. Je comprends un peu mieux, je crois, l'agencement des différentes lectures de l'Odyssée par les personnes en présence et les décalages avec le bouquin de Moravia.
Dans le bouquin, d'un point de vue herméneutique, il y a trois approches différentes de l'Odyssée d'Homère (plus la non lecture de la fille qui ne connait pas, ou qui croit juste savoir que c'est le livre qu'on étudie à l'école) :
- Celle du réalisateur du drame psychologique amoureux, "moderne". Ulysse comme simple humain aux prises avec sa femme, Pénélope, et les Prétendants de celle-ci. Cette lecture proposée au scénariste lui révèle la situation équivalente dans laquelle il se trouve parallèlement avec sa femme.
[Dans le film, c'est le scénariste-mari qui fait cette lecture face au cinéaste. Le producteur aussi soutient cette lecture. Tout renvoie Lang dans ses déclaration, dans le film qu'il a tourné et dont on voit des extraits, au contraire, à l'approche divine de l'Odyssée d'Homère. Hölderlin, Dante sont les "influences" majeures. Il faut prendre en compte toutes les déclarations de Lang sur la mort dans le film. A Paul qui lui dit que Homère a tué les Prétendants pour retrouver sa "masculinité" face à Pénélope, Lang lui répond : "mais la mort n'est pas une fin", prolongeant le chemin du poète à travers l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis de Dante. Là où Godard est malin, c'est qu'il inclue des extraits du film Lang de temps en temps. Les plans sur la sculpture de Jupiter, en particulier. Et c'est là où on peut dire que, effectivement Godard, non en assistant de Lang mais cette fois en cinéaste, joue aussi les dieux dans sa balance. Le côté S&H est certainement plutôt du côté des plans austères du film de Lang.]
- Celle du scénariste, plus vague, moins explicitée dans le livre, il me semble. Il se situe entre le producteur et le cinéaste. Il reproche au cinéaste l'hypocrisie du tournage à Capri, lui opposant l'Ulysse de Joyce qui ose écrire son Odyssée à visage humain à ras d'homme dans la saleté de Dublin. Il reproche au producteur de vouloir faire un film kolossal, un grand spectacle inepte avec du sexe et de la violence. Pour décrire sa vision il évoque Dante, la phrase que prononce Paul dans le film à la suite de Lang pendant la projection des extraits de son film dans les studios. C'est assez évasif mais on suppose une relation forte du scénariste avec les Dieux. Il n'est pas fait mention de Hölderlin par contre.
[Comme dit précédemment, dans le film, Paul soutient la lecture de Lang dans le livre. Mais il récite aussi Dante, la fin de l'Enfer, mais on a plus l'impression que c'est comme savoir intellectuel qu'il récite un peu froidement les vers du poète.]
- Celle du producteur qui voit le livre d'Homère comme un grand récit d'aventures.
[Dans le film, le producteur qui est partie prenante de la situation avec Camille, défend aussi la vision psychologique et bien sûr l'aspect nécessairement commercial du film comme dans le bouquin.]
Brièvement car je viens de revoir le film (ce qui va me permettre de rectifier quelques trucs dit au dessus) avec le livre en tête. Je comprends un peu mieux, je crois, l'agencement des différentes lectures de l'Odyssée par les personnes en présence et les décalages avec le bouquin de Moravia.
Dans le bouquin, d'un point de vue herméneutique, il y a trois approches différentes de l'Odyssée d'Homère (plus la non lecture de la fille qui ne connait pas, ou qui croit juste savoir que c'est le livre qu'on étudie à l'école) :
- Celle du réalisateur du drame psychologique amoureux, "moderne". Ulysse comme simple humain aux prises avec sa femme, Pénélope, et les Prétendants de celle-ci. Cette lecture proposée au scénariste lui révèle la situation équivalente dans laquelle il se trouve parallèlement avec sa femme.
[Dans le film, c'est le scénariste-mari qui fait cette lecture face au cinéaste. Le producteur aussi soutient cette lecture. Tout renvoie Lang dans ses déclaration, dans le film qu'il a tourné et dont on voit des extraits, au contraire, à l'approche divine de l'Odyssée d'Homère. Hölderlin, Dante sont les "influences" majeures. Il faut prendre en compte toutes les déclarations de Lang sur la mort dans le film. A Paul qui lui dit que Homère a tué les Prétendants pour retrouver sa "masculinité" face à Pénélope, Lang lui répond : "mais la mort n'est pas une fin", prolongeant le chemin du poète à travers l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis de Dante. Là où Godard est malin, c'est qu'il inclue des extraits du film Lang de temps en temps. Les plans sur la sculpture de Jupiter, en particulier. Et c'est là où on peut dire que, effectivement Godard, non en assistant de Lang mais cette fois en cinéaste, joue aussi les dieux dans sa balance. Le côté S&H est certainement plutôt du côté des plans austères du film de Lang.]
- Celle du scénariste, plus vague, moins explicitée dans le livre, il me semble. Il se situe entre le producteur et le cinéaste. Il reproche au cinéaste l'hypocrisie du tournage à Capri, lui opposant l'Ulysse de Joyce qui ose écrire son Odyssée à visage humain à ras d'homme dans la saleté de Dublin. Il reproche au producteur de vouloir faire un film kolossal, un grand spectacle inepte avec du sexe et de la violence. Pour décrire sa vision il évoque Dante, la phrase que prononce Paul dans le film à la suite de Lang pendant la projection des extraits de son film dans les studios. C'est assez évasif mais on suppose une relation forte du scénariste avec les Dieux. Il n'est pas fait mention de Hölderlin par contre.
[Comme dit précédemment, dans le film, Paul soutient la lecture de Lang dans le livre. Mais il récite aussi Dante, la fin de l'Enfer, mais on a plus l'impression que c'est comme savoir intellectuel qu'il récite un peu froidement les vers du poète.]
- Celle du producteur qui voit le livre d'Homère comme un grand récit d'aventures.
[Dans le film, le producteur qui est partie prenante de la situation avec Camille, défend aussi la vision psychologique et bien sûr l'aspect nécessairement commercial du film comme dans le bouquin.]
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Pour revenir à "Film Socialisme", je pense que vous étiez déjà au courant, le film sera disponible en VOD deux jours avant sa sortie en salles. Le site où ça va se passer (il y a dedans deux entretiens anecdotiques du type "Godard vu par (Chabrol et Stévenin)") :
http://www.filmotv.fr/rub/98/evenement.html
réservé aux hauts-débits !
http://www.filmotv.fr/rub/98/evenement.html
réservé aux hauts-débits !
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
"Parce que c'est un texte qui s'appelle La vocation du poète, et que Lang symbolise dans Le mépris, le poète, l'artiste, le créateur. C'était bien, donc, qu'il dise une poésie sur la "vocation du poète". Que ce texte soit étrange, c'est certain, je ne le comprends pas. Et Lang ne le comprend pas non plus. Il a rajouté : "étrange mais vrai." Ca, c'est lui qui le dit, ça le regarde... (...) J'ai choisi Hölderlin parce que Lang est allemand, et aussi parce que Hölderlin a fait de nombreux poèmes sur la Grèce. Les trois quart des gens ne le savent pas. Mais je voulais par là sous-entendre L'Odyssée, la Grèce. J'ai choisi Hölderlin à cause de cette fascination que la Grèce, la Méditerranée exercent sur lui. Mais il faut accueillir ce poème comme un poème. On ne demande pas à Beethoven ce que signifie sa musique."
(Godard)
Borges- Messages : 6044
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
dante/homère,n'oublions pas :
-ulysse fait aussi un voyage aux enfers, dans Homère
-Dans le livre de Dante (souvent cité par JLG), ulysse (qui a une image négative déjà dans la culture grecque, et plus encore dans la latine, et chrétienne) est en enfer; parce que traître, mensonge, ruse, et aussi, parce qu'il a voulu « acquérir l’expérience du monde », "à laquelle il a finalement sacrifié tous ses liens d’affection en repartant sur la mer, le lieu de toutes les turbulences. Il a voulu tenter le dernier voyage qui est celui de la science et de la connaissance, et la mer s’est refermée sur lui. Chez Dante, Ulysse a aussi payé d’avoir été philosophe."
http://www.mediterranees.net/mythes/ulysse/enfers/dante.html
-Borges a écrit un texte où il raconte que Dante se serait reconnu dans ulysse, et qu' en le condamnant à l'enfer, il se condamnait aussi...
-dans le film de Godard, le scénariste est ulysse, à l'envers, il offre sa femme aux prétendants, il ne combat pas les nouveaux dieux (capitalisme, le producteur...), il se vend à eux... etc.
-ulysse fait aussi un voyage aux enfers, dans Homère
-Dans le livre de Dante (souvent cité par JLG), ulysse (qui a une image négative déjà dans la culture grecque, et plus encore dans la latine, et chrétienne) est en enfer; parce que traître, mensonge, ruse, et aussi, parce qu'il a voulu « acquérir l’expérience du monde », "à laquelle il a finalement sacrifié tous ses liens d’affection en repartant sur la mer, le lieu de toutes les turbulences. Il a voulu tenter le dernier voyage qui est celui de la science et de la connaissance, et la mer s’est refermée sur lui. Chez Dante, Ulysse a aussi payé d’avoir été philosophe."
http://www.mediterranees.net/mythes/ulysse/enfers/dante.html
-Borges a écrit un texte où il raconte que Dante se serait reconnu dans ulysse, et qu' en le condamnant à l'enfer, il se condamnait aussi...
-dans le film de Godard, le scénariste est ulysse, à l'envers, il offre sa femme aux prétendants, il ne combat pas les nouveaux dieux (capitalisme, le producteur...), il se vend à eux... etc.
Dernière édition par Borges le Ven 30 Avr 2010 - 22:05, édité 1 fois
Borges- Messages : 6044
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Borges a écrit:Chez Dante, Ulysse a aussi payé d’avoir été philosophe."
d'ailleurs Homère se trouve dans un autre cercle, dans son grand château avec plein de stars de la philosophie, plus sympa que celui d'Ulysse enfermé dans une luciole avec un coturne.
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
On n'a jamais trop parlé des noms des personnages du Mépris, pourtant Godard les a changé par rapport au roman, mais il évoque pas ses choix dans son scénario..
Camille, Paul, Jérémie, il y a bien des pistes mais je vois pas trop où ça nous mène..t u?evos
Camille, Paul, Jérémie, il y a bien des pistes mais je vois pas trop où ça nous mène..t u?evos
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
ah, c'est le genre de questions que j'aime bien...
-Camille, c'est presque sûr que ça vient du personnage de Dumas, la fameuse dame aux camélias... (y a une autre camille chez Godard, dans "mozart pour toujours", je crois); Camille, parce que Bardot dans ce rôle, doit être un peu pute, mais de luxe; enfin, on sait que c'est un des grands thèmes de godard. De plus, dans l'antiquité, y avait des traditions qui racontaient que la femme d'Ulysse ne lui a pas été très fidèle; c'est sur ces racontars que s'est appuyé Joyce pour sa MollyB, qui passe son temps à tromper son pauvre mari...
les autres, je vois pas...immédiatement...
Jérémie,
Paul, pour le fameux jean-paul godard?
Borges- Messages : 6044
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
hello,
ah oui, c'est peut-être plus cohérent que "Camille la vierge" lol
Dans le bouquin c'est le mari qui trouve qu'elle se comporte comme une pute devant lui lorsqu'elle s'allonge sur le lit les jambes écartées et lui dit "vas-y, tu peux me sauter" pour bien lui montrer son mépris. Il a honte de ce sentiment qu'il éprouve, de cette idée qui le traverse.
Pour le "de luxe", Godard reprend de manière très discrète, par des gestes, des attitudes, les réflexions du mari dans le bouquin, car dans le livre plus que dans le film, les personnages ne sont pas dissociés de catégories sociales antagonistes que le mari analyse (tout ça fonctionne pas forcément dans le film, par exemple la scène où Camille trouve la carte du PC de Paul fait un peu bizarre alors que dans le bouquin, avec la réflexion de Paul qui va avec, ça me parait plus intéressant, mais aussi plus guidé ce que ne voulait sans doute pas Godard.). Il faudrait par exemple mettre en lien la scène du début où Camille va directement et tourne lentement autour de la voiture de Prokosch avec un certain air, et la scène à la fin où elle dit à Paul "tu n'es pas un homme". Très discrètement, il me semble que Godard exprime là la tentation immédiate de Camille pour l'univers viril et friqué du producteur. D'ailleurs dans la fameuse scène de dialogue avec la lampe, Camille semble se rassurer en acquiescant à une explication que Paul lui fournit sur un plateau.
Borges a écrit:
-Camille, c'est presque sûr que ça vient du personnage de Dumas, la fameuse dame aux camélias... (y a une autre camille chez Godard, dans "mozart pour toujours", je crois); Camille, parce que Bardot dans ce rôle, doit être un peu pute, mais de luxe; enfin, on sait que c'est un des grands thèmes de godard. De plus, dans l'antiquité, y avait des traditions qui racontaient que la femme d'Ulysse ne lui a pas été très fidèle; c'est sur ces racontars que s'est appuyé Joyce pour sa MollyB, qui passe son temps à tromper son pauvre mari...
ah oui, c'est peut-être plus cohérent que "Camille la vierge" lol
Dans le bouquin c'est le mari qui trouve qu'elle se comporte comme une pute devant lui lorsqu'elle s'allonge sur le lit les jambes écartées et lui dit "vas-y, tu peux me sauter" pour bien lui montrer son mépris. Il a honte de ce sentiment qu'il éprouve, de cette idée qui le traverse.
Pour le "de luxe", Godard reprend de manière très discrète, par des gestes, des attitudes, les réflexions du mari dans le bouquin, car dans le livre plus que dans le film, les personnages ne sont pas dissociés de catégories sociales antagonistes que le mari analyse (tout ça fonctionne pas forcément dans le film, par exemple la scène où Camille trouve la carte du PC de Paul fait un peu bizarre alors que dans le bouquin, avec la réflexion de Paul qui va avec, ça me parait plus intéressant, mais aussi plus guidé ce que ne voulait sans doute pas Godard.). Il faudrait par exemple mettre en lien la scène du début où Camille va directement et tourne lentement autour de la voiture de Prokosch avec un certain air, et la scène à la fin où elle dit à Paul "tu n'es pas un homme". Très discrètement, il me semble que Godard exprime là la tentation immédiate de Camille pour l'univers viril et friqué du producteur. D'ailleurs dans la fameuse scène de dialogue avec la lampe, Camille semble se rassurer en acquiescant à une explication que Paul lui fournit sur un plateau.
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
hello
oui, et comme on le sait le monde selon godard c'est de toute façon la prostitution généralisée...(qui résiste dans le film, en dehors de lang?)
le "tu n'es pas un homme", c'est aussi un "reproche"; il ne réagit pas quand sa femme est draguée, à la manière d'Ulysse en tuant "le prétendant". j'ai parfois le sentiment que camille "méprise" son mari pour n'avoir pas à voir qu'elle est une pute, aussi intéressée par le fric que son mari, qui trahit ses idéaux de "jeunesse", son pc...
Borges- Messages : 6044
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Borges a écrit:
le "tu n'es pas un homme", c'est aussi un "reproche"; il ne réagit pas quand sa femme est draguée, à la manière d'Ulysse en tuant "le prétendant". j'ai parfois le sentiment que camille "méprise" son mari pour n'avoir pas à voir qu'elle est une pute, aussi intéressée par le fric que son mari, qui trahit ses idéaux de "jeunesse", son pc...
dans cette scène de dialogue entre elle et lui dans l'appartement avant d'aller à Capri, justement il faut revoir les réactions de Camille, ses réponses, on peut penser qu'elle (se) dissimule elle aussi quelque chose.
Les idéaux de jeunesse de Paul, écrire pour le théâtre, assez longuement évoqué et ressassé dans le bouquin et synthétisé par Godard en un plan, celui qui va de Paul écrivant sur sa machine à écrire jusqu'à un tableau suspendu au mur au dessus de lui, représentant "le théâtre".
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Il y a ce long entretien annoncé sur le site de Mediapart (chaque jour un chapitre, pour que le dernier tombe le jour de la sortie du film? ou je calcule mal), où il se donne l'air détendu, sympathique; il fait aussi la couverture de Telerama avec Cohn-Bendit, sympathique encore une fois; et aussi la pétition signée avec BHL et des réalisateurs en compétition à cannes. On peut dire qu'il sait toujours y faire avec les médias!
Leurtillois- Messages : 131
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Leurtillois a écrit:Il y a ce long entretien annoncé sur le site de Mediapart (chaque jour un chapitre, pour que le dernier tombe le jour de la sortie du film? ou je calcule mal), où il se donne l'air détendu, sympathique; il fait aussi la couverture de Telerama avec Cohn-Bendit, sympathique encore une fois; et aussi la pétition signée avec BHL et des réalisateurs en compétition à cannes. On peut dire qu'il sait toujours y faire avec les médias!
Salut Leurtillois,
C'est vrai qu'il se marre bien sur les vidéos de Médiapart, ça rassurera ceux qui lui trouvaient une mine fatiguée sur celles d'avant...
Invité- Invité
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
une fois de plus la guerre du nom et de l'oeuvre, parfois il est du côté du nom, parfois du côté de l'oeuvre; mais comme disait l'autre, faut bien aller tous les matins au marché...
Borges- Messages : 6044
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
http://www.liberation.fr/culture/0101635824-a-cannes-godard-fait-defection
" Suite à des problèmes de type grec, je ne pourrai être votre obligé à Cannes. Avec le festival, j’irai jusqu’à la mort, mais je ne ferai pas un pas de plus. Amicalement. Jean-Luc Godard. "
Même en n'allant pas se ranger du côté des vendeurs, il reste du côté du nom.
Il faut lire les commentaires des internautes, y a des jugements assez violents, toujours à partir du nom. En quelque sorte c'est un poncif dans les conversation : Godard, c'est chiant, élitiste, branlette intellectuelle, etc. Il me semble que ça vient de gens qui n'ont pas vu les films, et qui ne connaissent que le nom, après je peux me tromper, c'est une supposition.
C'est comme s'il n'arrivait pas à s'en défaire, comme s'il ne pouvait, ne voulait pas. Faut voir l'affiche aussi : "JLG" entre "Film" et "Socialisme", "JLG" dans le titre ! Dans l'émission avec Pivot, à la sortie de Hélas pour moi, il disait : j'aurais voulu que mon nom ne soit pas sur l'affiche, ça m'embête vraiment, etc. Je me demande "s'il disait vrai".
" Suite à des problèmes de type grec, je ne pourrai être votre obligé à Cannes. Avec le festival, j’irai jusqu’à la mort, mais je ne ferai pas un pas de plus. Amicalement. Jean-Luc Godard. "
Même en n'allant pas se ranger du côté des vendeurs, il reste du côté du nom.
Il faut lire les commentaires des internautes, y a des jugements assez violents, toujours à partir du nom. En quelque sorte c'est un poncif dans les conversation : Godard, c'est chiant, élitiste, branlette intellectuelle, etc. Il me semble que ça vient de gens qui n'ont pas vu les films, et qui ne connaissent que le nom, après je peux me tromper, c'est une supposition.
C'est comme s'il n'arrivait pas à s'en défaire, comme s'il ne pouvait, ne voulait pas. Faut voir l'affiche aussi : "JLG" entre "Film" et "Socialisme", "JLG" dans le titre ! Dans l'émission avec Pivot, à la sortie de Hélas pour moi, il disait : j'aurais voulu que mon nom ne soit pas sur l'affiche, ça m'embête vraiment, etc. Je me demande "s'il disait vrai".
Leurtillois- Messages : 131
Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)
Suite à des problèmes de type grec,
que savons-nous aujourd'hui de la grèce?
je l'avais annoncé, mais personne ne me croira
Borges- Messages : 6044
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