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Film Socialisme (Jean-Luc Godard)

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Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 9 Empty Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)

Message par Invité Mar 8 Juin 2010 - 16:42

Ah ben ça, ça me parle vraiment, il me semble qu'on est en plein dans ce dont nous parlions ailleurs, non ? Sur l'utilisation du numérique, sur le "à cause de quoi la lumière, .." ?

Pour les photos dans le film, je suis pas trop sûr. Je me demande si il y en a pas quelques unes. Quand on voit un plan avec une gande profondeur vers la mer de l'intérieur des terres entre les immeubles (Lisbonne?), c 'est pas une photo ? Je me demande si il y a pas aussi une photo sur une ville à un moment donné prise du bateau, mais peut-être pas..

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Message par balthazar claes Mar 8 Juin 2010 - 18:32

Un truc à propos de la couverture du numéro 4.

Mais la nouveauté encore gauche de Numéro 2, c'est d'être entièrement un discours de femme (la productrice du film, une petite fille et Germaine Greer) plus ou moins bien - et toujours - enregistré par un type, les femmes n'ayant pas encore accès aux moyens matériels de communication. Quand vous croisez des touristes, regardez-les, ce sera toujours l'homme qui porte l'appareil de photo ou la caméra. Or le cinéma, comme bien d'autres choses, n'existerait pas sans les femmes. Et moi je veux qu'il existe, et qu'il existe autrement. (1975)

Ainsi ce sont là deux touristes, et ce qu'ils se disent, "A cause de quoi la lumière ? - A cause de l'obscurité", est sans doute ce que racontent "les morts-vivants de ce monde", ceux qui "sont construits sur le monde d’avant ; leurs réflexions, leurs sensations, sont d’avant."

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Message par Borges Mar 8 Juin 2010 - 19:50

Il faudrait préciser, ce que tu entends par là, BC, parce que je ne vois pas trop; dans le film, il y a des filles-femmes qui photographient, et la caméraman dans la partie garage-France 3 est une femme "Noire"...


Lumière/Obscurité

la fille "noire" dit : Tu veux que je te dise mon avis le sida n'est qu'un instrument pour tuer tous les Noirs du continent

le type "blanc" répond : Mais j'y pense A cause de quoi la lumière A cause de l'obscurité

ils se parlent...



autre référence à l'Afrique avant ça : "Allez terminés les crimes et le sang Terminé Kigali vivent les vacances."


le film commence en afrique, comme l'histoire avant l'histoire selon Hegel; même si Hegel n'a pas vu Pépé le moko, à Alger la Blanche.


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Message par balthazar claes Mar 8 Juin 2010 - 22:19

Je me disais juste que la partie croisière ce serait plutôt la fiction, - la fiction des riches, la fiction c'est le truc réservé aux dominants, comme dans la comparaison de NM. Ils hallucinent leur réalité pour ainsi dire, c'est pourquoi ils sont filmés avec des couleurs psychédéliques. Et, on trouve sur le paquebot la rumeur de l'histoire, les complots autour de l'or espagnol, de l'or palestinien, toutes sortes de récits incroyables et dont on a perdu l'origine, des récits d'espionnage, la grande histoire...


Quand vous croisez des touristes, regardez-les, ce sera toujours l'homme qui porte l'appareil de photo ou la caméra.


Et ce qu'on retrouve dans la bouche de ces passagers, de ces touristes pixellisés, c'est peut-être juste des clichés... Pas tous les passagers peut-être, pas Badiou et Smith ? Enfin, basculer du côté de la fiction, ce serait vivre enfermé dans le passé, dans l'hallucination du passé - et pas dans la mémoire - et ça correspondrait à la citation récurrente des HdC sur ceux dont "les sensations, les réflexions sont d'avant", les "morts-vivants".





la fille "noire" dit : Tu veux que je te dise mon avis le sida n'est qu'un instrument pour tuer tous les Noirs du continent

le type "blanc" répond : Mais j'y pense A cause de quoi la lumière A cause de l'obscurité

Il me semblait que c'était la fille qui posait la question.

Et plus tard, la camera woman utilisera la même formulation, "à mon humble avis, l'Afrique est de nouveau mal partie", qqch comme ça et c'est la journaliste qui répond : "Alors pour vous l'Afrique n'est pas entrée dans l'Histoire c'est ce que vous pensez ?", et on se demande pourquoi elle suppose que c'est ce que la camera woman pense, je crois. Les deux énoncés, formulés de la même manière, tous les deux plus ou moins irrecevables, ont l'air, à cause de cette répétition, d'être à considérer comme tels ; mis dans la bouche de "victimes" ou de figures irréprochables en terme de culpabilité historique (femme, noire), mais non pas pour protéger ces énoncés ; peut-être pour marquer que ce qui se dit change de nature selon qui le dit ; peut-être plutôt pour marquer le contraire, à savoir que les clichés, même prononcés comme de bénins "avis", ou justement parce qu'avançant masqués de cette bénignité, mènent la parole à sa perte.

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Message par balthazar claes Jeu 10 Juin 2010 - 18:23

Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 9 Vlcsnap-37607

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Message par Borges Ven 11 Juin 2010 - 9:50

C'est en 1839 que la palestine accueille son premier photographe, apprend-t-on dans le film

Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 9 Img_pres_long_3405

Palestiniens, la photographie d'une terre et de son peuple de 1839 à nos jours
par Elias Sanbar

Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 9 Colone-150


Yvette Reynaud-Kherlakian - Pour La Palestine n°43

Ce livre est une réflexion subjective sur l’image des Palestiniens " écrit Elias Sanbar. On ne saurait mieux présenter ce qui fait la substance -texte et photographies- de l’ouvrage et son approche - à la fois historique et singulière - du destin de la Palestine...

"Ce livre est une réflexion subjective sur l’image des Palestiniens " écrit Elias Sanbar. On ne saurait mieux présenter ce qui fait la substance -texte et photographies- de l’ouvrage et son approche - à la fois historique et singulière - du destin de la Palestine et des Palestiniens à partir du moment où ils deviennent objets photographiques, donc des modèles que le photographe, naïf ou retors, retaille à l’aune de son regard. C’est dire que la moisson de photographies faite par Elias Sanbar n’est pas traitée comme l’échantillonnage -sur plus d’un siècle et demi- d’une réalité palestinienne toute constituée et qui serait enfin rendue visible par la duplication de l’image mais comme le signe de présences, d’absences, de possibles à décrypter. Elias Sanbar se réclame de Jean-Luc Godard pour qui toute image, à la façon d’une carte postale, contient " présent, futur et passé " : celui qui écrit et le destinataire sont imbriqués dans le choix et le contenu de l’image, laquelle est seulement le dépôt instantané de relations qui bougent dans l’espace et dans le temps. Le clic de l’appareil est ainsi le signal d’une rencontre entre un oeil et ce qu’il voit. L’analyse d’Elias Sanbar provoque le déclic mental qui nous fait balayer -et traverser- la surface de l’image pour chercher la Palestine des Palestiniens sous la Palestine présentée - ou plutôt représentée - par le photographe.

Car nous sommes les destinataires - d’abord étonnés mais vite conquis - de ces images choisies et légendées selon l’intelligence critique de l’historien d’aujourd’hui et la sensibilité d’un Palestinien qui nous invite, pudiquement, à feuilleter avec lui son " album de famille ".

"Hors du lieu, hors du temps "

Etrange album de famille, en vérité : il ne montre d’abord (pages 36 à 103) qu’un décor -paysages, ruines, édifices religieux- où l’homme figure incidemment et comme pour suggérer la présence de plus grand que lui ; et il se referme presque sur le face-à-face (ô combien symbolique !) du Mur qui masque le paysage et de l’olivier qui le garde. Le destin des Palestiniens serait-il d’être à jamais interdits de Palestine ?

La Palestine, pour le photographe occidental et chrétien d’une bonne partie du XIXe siècle, c’est d’abord la terre de l’Ancien et du Nouveau Testament, marquée par la Révélation. Cette attitude révérencieuse s’exaspère avec la volonté de prouver -contre Darwin- la vérité historique des épisodes les plus marquants de la Révélation judéo-chrétienne. Il ne suffit plus alors de respirer Dieu dans la consonance des textes sacrés et des lieux que l’on parcourt ; la terre est sommée de dégorger les vestiges attestant l’accord de la foi et de la science : l’archéologie se fait instrument de lutte contre l’impiété d’une certaine science.

Les Palestiniens dans tout cela ? Ils ne sont guère qu’un épiphénomène - négligeable- d’une histoire vouée au dévoilement de la transcendance. Elias Sanbar insiste sur ce déni - métaphysique- plus radical que l’indifférence ou l’hostilité du regard colonial ordinaire. C’est d’ailleurs en Palestine que la conquête coloniale se lestera d’un nouveau messianisme dont le sionisme ne tardera pas à prendra la relève, lui qui prétendra rendre " à un peuple sans terre, une terre sans peuple "...

La Palestine " revisitée " par Francis Frith et tant d’autres, c’est bien d’abord une terre " hors du lieu, hors du temps ".

"La vie plus forte "...

Mais ils sont là, pourtant, les Palestiniens, dans leurs oripeaux ou leurs atours, leurs activités journalières ou festives. C’est que, très vite, les visiteurs se font plus nombreux et se diversifient ; la technique photographique progresse, se commercialise en cartes postales grand public et les autochtones s’en emparent. De la page 105 à la page 133, nous assistons à l’irruption profane - dans la cadre de cette même Terre Sainte - du personnage palestinien dans tous ses états : émir chamarré, femmes alanguies, musiciens, fumeurs ou fumeuses de narghilé, danseurs, voire artisans ou paysans... Certes, il s’agit d’abord de titiller la curiosité occidentale et pour ce faire, on choisit, on favorise la pose en studio ou la composition de plein air. Si l’intérêt proprement ethnologique pointe çà et là, il disparaît très vite sous la mièvrerie folklorique et surtout la confection du stéréotype.

Elias Sanbar en fait une démonstration éclatante en juxtaposant " trois portraits, deux regards " pages 132 et 133. A gauche, deux portraits de 1880 : celui d’une Indienne, Daisy et de " la mariée de Bethléem " (on retrouvera cette dernière, coloriée mais toujours impavide à la page 203). Lieux et photographes sont évidemment distincts mais c’est le même regard qui commande l’ordonnance du décor et la présence massive, obtuse des deux femmes : elles sont là mais elles n’existent pas. Le bonheur de rencontrer - à droite - la radieuse maternité d’une jeune femme palestinienne n’en est que plus vif ; le photographe est palestinien et il mérite que l’on retienne son nom : Khalil Raad. Avec lui, on suit avec tendresse la déclinaison familière de la présence des Palestiniens en Palestine entre 1890 et 1948.

Je lutte, donc je suis

Laquelle présence pourtant continuera - et continue - à ne pas aller de soi. Avec la banalisation de l’image photographique (la boîte Kodak individuelle est inventée en 1886), la vision extérieure de la réalité palestinienne reste prisonnière d’un regard qui va de la nostalgie du " paradis perdu " à la volonté d’un remodelage à l’occidentale. A partir de 1887, grâce à un procédé complexe, on s’applique à colorier innocemment ? parfois bien joliment (pp. 190 à 250) les images d’une région aux contours incertains, comme échappée des mains de Dieu et qui rêve, à la lisière d’une existence menacée. C’est que l’histoire, qu’on a pu croire momifiée en ces lieux après l’échec des Croisades, va se remettre bruyamment en marche. La longue présence ottomane avait politiquement engourdi la région plus qu’elle ne l’avait brutalisée. Elle va laisser place au mandat britannique et à la colonisation sioniste, impatientes, elles, sensibles dans toutes les fibres de la vie locale, et étrangères.

La photographie se gorge alors de défilés militaires, de réceptions d’ambassades, d’assemblées politiques, de religieux chrétiens -autochtones ou missionnaires occidentaux- qui happent ou recouvrent le visage palestinien. Mais " entre sabre et goupillon " - et mondanités - se forge un nouveau personnage du " pays vivant " : le combattant qui à son tour va imposer son image. Pour preuve, attardons-nous un instant, comme plus haut, et toujours avec Elias Sanbar, sur la comparaison de trois photographies (pp. 260 et 261).

La photo de gauche (1936) représente des chefs de maquis palestiniens ; celle de droite (1911) Pancho Villa et ses proches ; celle du milieu (1937) des dignitaires britanniques dans les jardins du haut-commissariat à Jérusalem. Ce qui saute aux yeux, c’est l’identité de posture et d’expression des guerriers palestiniens et mexicains : même alignement frontal d’hommes solidement campés devant l’objectif avec armes et regard. " La pose est ici synonyme de spontanéité " dit fort justement Elias Sanbar. Les hommes de la photo centrale, eux, forment un groupe distendu ; ils se sont laissés photographier mais sont trop absorbés par leur réciprocité pour vouloir s’imposer à l’objectif. Ils ont, ou croient avoir, ce que les combattants revendiquent : la liberté de disposer assez d’eux-mêmes pour entrer souplement dans le maillage des relations humaines...

" L’avenir dure longtemps " [1]

Cette liberté-là est toujours à conquérir. Certes, " l’album de famille " fourmille désormais de Palestiniens qui se montrent et qui sont montrés. C’est que leur histoire, longtemps occultée, éclate d’une ampleur tragique, quasi insolente, au fur et à mesure que la terre, leur terre, leur est davantage refusée. Depuis 1948 en effet, cette histoire égrène massacres, exils, misère des camps, spoliations, violences de l’occupation, intifadas, attentats-suicides... Regardez (page 294) cette rangée de fillettes endormies (il y a pourtant ici et là un regard qui pétille, un fou rire qui se cache), tassées comme des poupées de son dans un dortoir de fortune ; regardez (pp. 296 à 303) les camps de toile, de cubes de parpaings, de bicoques erratiques mais où la menthe et le basilic poussent dans des bidons de tôle. Et regardez aussi (pp. 303 à 323) les images -souvent très belles- de l’hagiographie du malheur : portage de l’eau, maternités, vie familiale, gravité et joie de l’étude ; les Palestiniens, assistés, sont désormais au centre de la vision évangélique des assistants pour témoigner de la dignité des victimes. Tournez les pages pour retrouver le combattant : il s’affiche avec panache en dépit de la puissance de l’ennemi. Mais la nakba n’en finit pas de durer.

L’avenir aussi. L’album de famille se clôt sur deux pages d’enfants palestiniens dont la tête sort de la corolle d’un vêtement rebroussé (par le vent de l’histoire ?). Aujourd’hui, plus que jamais, les Palestiniens sont mis à mal par la brutalité de la politique israélienne. Dans les années 90, un habitant de Gaza disait à la journaliste israélienne Amira Hass : " Ne crois pas que tu nous vois vraiment. Nous ne sommes qu’une image. A l’intérieur, tout est vide ". Conquise à grand peine sur l’indifférence ou le refus des autres, l’image de soi risque en effet de s’épuiser dans la lutte sans fin pour la simple survie. Elias Sanbar salue " la visibilité retrouvée " de son peuple. Pourtant aucun des huit enfants des dernières pages ne sourit ; il y a dans le regard d’Amna ou de Khaled la mémoire du passé, le martèlement du présent, -et aussi sans doute la gravité de l’avenir, comme s’ils savaient qu’ils ont presque tout à faire pour s’inscrire enfin dans un cadre humain d’existence.

Yvette Reynaud-Kherlakian

http://www.france-palestine.org/article786.html



pour les références à Jaffa, son histoire, y a "Jaffa, l'orange de la discorde", de Eyal Sivan, dont j'ai vu par hasard une partie( seulement hélas) à la télé; il y a quelques jours;
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Message par Borges Ven 11 Juin 2010 - 18:22

en revoyant le film, on peut construire une manière de lecture collective :

rassembler d'abord des éléments, ne pas interpréter, juste mettre ensemble, pour le moment;

par exemple voir que l'invention de la photographie et l'arrivée du premier photographe en palestine, c'est la même année, mais aussi voir que godard parle de daguerre, et lie presque son nom à la guerre, facile : "après réception de Daguerre par arago (…) une armada de majorité britannique donc bien avant la déclaration de lord balfour se précipitait en palestine voici l’une des premières photographies de la baie de Haïfa »

(pour la rencontre arago daguerre, que celui-ci était un salaud qui a roulé Niépce, voir le Net)


tout le monde parle de l'or espagnol, palestinien, mais il y a dans le film un or plus contemporain, le film date en effet de la crise; la première fois que l'on rencontre l'or, c'est sous la forme écrite, la forme d'un mot, en première page du figaro (pq ce journal? on devine, mais on peut aussi noter que le mot "figaro" contient de l'or, "ro", c'est or à l'envers, plus tard, dans le film bien entendu godard jouera ce mot "figaro" avec "les noces de figaro"; c'est pas gratuit, bien entendu, le journal doit son nom au personnage. Une des répliques en est la devise : « Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur. »


grandeur et décadence des idéaux révolutionnaires; génie du montage de godard; on pourrait lire presque tout le film d'une image ou l'autre, par le jeu extraordinaire des réflexions; une image comme une monade, dans une seule image... (mais je vais pas me répéter)




le titre, de cette première page c'est : "la chute des bourses fait flamber le cour de l’or";

quelques recherches permettent de dater ce numéro du figaro : 21 févr. 2009;




les dates dans le film bien entendu sont importantes, les petites se réfléchissent dans les grandes, ainsi, la partie garage JJmartin (l'âne du mépris et bien entendu JJ rousseau) se déroule le 4 août, la strate historico-politico-révolutionnaire nous renvoie au 4 août 1789, la nuit où, dit le film, "avec les corps sont abolis tous les droits particuliers il n'y aura plus qu'un seul droit commun applicable universellement... etc."

(l'un des grands sujet de cette partie, c'est précisément la propriété; la succession, les héritages, ventes, bref, l'économie-politique : ne plus employer "être", mais "avoir", dit Flo... )


ce jeu de réflexion (on peut dire joycien) du grand dans le petit est aussi sensible dans les usages ordinaires du terme "convention"; "rien du tout et notre convention on est bien le 4 août", "plus ou moins il a fallu signé une convention"; la question serait un peu celle du husserl de l'origine de la géométrie, mais politiquement, réactiver, retrouver le sens originaire des mots

(revenir à l'origine de la révolution, à la révolution comme origine; cf le passage avec Badiou; notons que l'on voit aussi l'édition (enfin, je crois l'avoir reconnue, de "l'origine de la géométrie" avec l'intro de derrida lue par une fille sur le paquebot; elle la laisse tomber quand on lui donne un gide, en poche, "la porte étroite")

leur puissance politique, depuis ce lieu qu'on a toujours considérer comme pré-politique, la famille, enfin, c'est une hypothèse;

ce qui est évident, c'est que se prépare dans cette famille JJMartin, une révolution;

quel rapport avec la première partie, le plus évident est que dans une station-service-garage on vend de l'or, dit noir; les premières images du film de la mer, donnent un peu l'impression de pétrole.



garage, c'est aussi "voie de garage";

on ouvrant les dicos, on verra surgir bien d'autres choses, par exemple, "garer"; le sens maritime de garage...


les amateurs de Godard font toujours l'erreur d'opposer chez lui les mots aux images; les mots chez godard font aussi image; et voir un godard, c'est libérer les images des mots, comme il est dit dans le film : "mettre à l'abri toutes les images du langage et se servir d'elles car elles sont dans le désert où il faut aller les chercher";
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Message par Borges Sam 12 Juin 2010 - 9:35

pourquoi flo lit-elle les "illusions perdues"
parce que c'est le meilleur roman de balzac?
parce que, les "illusions perdues"?

parce que le roman raconte la déchéance de la poésie, son devenir journalistique; à l'époque la critique disait de ce roman : : « Ce livre, dans lequel on n'entre que comme dans un égoût, ce livre tout plein de descriptions fétides, ce livre dégoûtant et cynique, est tout simplement une vengeance de M. de Balzac contre la presse. »

on comprend donc l'agencement et pq ce livre se trouve dans cette partie-télé-france 3



A plusieurs reprises il parla de se jeter dans les journaux, et toujours
ses amis lui dirent : — Gardez-vous-en bien.

— Là serait la tombe du beau, du suave Lucien que nous aimons et
connaissons, dit d'Arthez.

— Tu ne résisterais pas à la constante opposition de plaisir et de travail
qui se trouve dans la vie des journalistes ; et, résister, c'est le fond de la
vertu. Tu serais si enchanté d'exercer le pouvoir, d'avoir droit de vie et
de mort sur les oeuvres de la pensée, que tu serais journaliste en deux
mois. Être journaliste, c'est passer proconsul dans la république des
lettres. Qui peut tout dire, arrive à tout faire ! Cette maxime est de Napoléon
et se comprend.

— Ne serez-vous pas près de moi ? dit Lucien.

— Nous n'y serons plus, s'écria Fulgence. Journaliste, tu ne penserais
pas plus à nous que la fille d'Opéra brillante, adorée, ne pense, dans sa
voiture doublée de soie, à son village, à ses vaches, à ses sabots. Tu n'as
que trop les qualités du journaliste : le brillant et la soudaineté de la pensée.

Tu ne te refuserais jamais à un trait d'esprit, dût-il faire pleurer ton
ami. Je vois les journalistes aux foyers de théâtre, ils me font horreur. Le
journalisme est un enfer, un abîme d'iniquités, de mensonges, de trahisons,
que l'on ne peut traverser et d'où l'on ne peut sortir pur, que protégé
comme Dante par le divin laurier de Virgile

(les illusions perdues)

flo, florine est bien entendu un personnage de la comédie humaine (cf wikipédia, pour ceux qui ne possèdent pas tout balzac en pléiade, et ne l'ont pas lu en livre de poche)




c'est beau, cette manière de faire lire un roman par l'un de ses personnages (même si les deux florines semblent plutôt opposées); surtout si on se souvient que le roman de balzac nous dit :



Quant aux romans, Florine est la plus grande liseuse de romans qu'il y ait au
monde
(les illusions perdues)


flo(ts)





Dernière édition par Borges le Sam 12 Juin 2010 - 9:45, édité 1 fois
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Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 9 Empty Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)

Message par Invité Sam 12 Juin 2010 - 9:39

..et tout ça bien avant Bourdieu !

Encore une fois, bien vu Borges, ton enquête généalogique sur Film socialisme est solide ! Wink

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Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 9 Empty Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)

Message par Borges Sam 12 Juin 2010 - 9:47

JM a écrit:..et tout ça bien avant Bourdieu !

Encore une fois, bien vu Borges, ton enquête généalogique sur Film socialisme est solide ! Wink


et elle ne fait que commencer

bien ET bien lu : Wink
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Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 9 Empty Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)

Message par Invité Sam 12 Juin 2010 - 10:12

Deux choses sur les "profondeurs" :

Il semble que Théodore Monod, qu'on associe généralement plutôt au désert, ait aussi écrit un livre sur les profondeurs marines : "Bathyfolages, plongées profondes".

Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 9 Vlcsna12

Autre profondeur, je suis pas le seul à l'avoir remarqué, le fameux plan de la terre avec une profondeur de champ très importante, est probablement inspiré de celui de Marnie de Hitch (http://elumiere.net/exclusivo_web/cannes10/lumiere_cannes10.html).

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Message par Borges Sam 12 Juin 2010 - 10:26

balthazar claes a écrit:Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 9 Vlcsnap-37607


"Serge daney, c'est son défaut, n'aimait pas beaucoup les femmes au cinéma. Il était tout de même très sectaire là-dessus. Il n'a jamais montré sa sensibilité, son intelligence pour monter combien les femmes étaient éliminées de toute l'histoire du cinéma, plus que de la littérature ou de la peinture. La plupart des films sont faits par des hommes blancs filmant des femmes blanches. Je ne parle pas des autres pays, où l'on filme comme les hommes blancs. Le cinéma est un instrument très colonisateur."

(jlg/jlg,2, 320)

étonnant, tout de même; je trouve.
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Message par Borges Sam 12 Juin 2010 - 10:28

JM a écrit:Deux choses sur les "profondeurs" :

Il semble que Théodore Monod, qu'on associe généralement plutôt au désert, ait aussi écrit un livre sur les profondeurs marines : "Bathyfolages, plongées profondes".

Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 9 Vlcsna12

j'ai pensé au fameuses images de la tasse de café...



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Message par Borges Sam 12 Juin 2010 - 10:35

JM a écrit:Deux choses sur les "profondeurs" :

Il semble que Théodore Monod, qu'on associe généralement plutôt au désert, ait aussi écrit un livre sur les profondeurs marines : "Bathyfolages, plongées profondes".

Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 9 Vlcsna12

"Question : Il y a tout de même une longue traversée du désert de la chinoise à sauve qui peut la vie (...) qu'est ce qui vous a fait sortir de cette traversée du désert?

-Godard : Je n'ai pas eu ce sentiment de traversée du désert. En occident on appelle traversée du désert le moment où l'on ne parle plus de vous dans les journaux. C'est un désert bien particulier, ce n'est pas le désert de l'un de mes grands oncles, qui est Théodore Monod! Lui, on ne lui dit pas qu'il a traversé le désert, et pourtant il passe sa vie à ça! "

jlg/jlg 2, 321)
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Message par Invité Sam 12 Juin 2010 - 10:44

Borges a écrit:
j'ai pensé au fameuses images de la tasse de café...

moi à une spirale (on retrouve l'hélice ailleurs dans le film, d'ailleurs) et à la fin du texte de Rohmer sur Vertigo.

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Message par Eyquem Sam 12 Juin 2010 - 11:01

et moi, à un obturateur (pour la scène de l'hélice)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Obturateur_%C3%A0_disque_mobile
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Message par Invité Sam 12 Juin 2010 - 11:08

Eyquem a écrit:et moi, à un obturateur (pour la scène de l'hélice)

http://fr.wikipedia.org/wiki/Obturateur_%C3%A0_disque_mobile

Il y a souvent plusieurs manières de résoudre un problème de type géométrie. Wink

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Message par Borges Sam 12 Juin 2010 - 18:24

balthazar claes a écrit:Un truc à propos de la couverture du numéro 4.

Mais la nouveauté encore gauche de Numéro 2, c'est d'être entièrement un discours de femme (la productrice du film, une petite fille et Germaine Greer) plus ou moins bien - et toujours - enregistré par un type, les femmes n'ayant pas encore accès aux moyens matériels de communication. Quand vous croisez des touristes, regardez-les, ce sera toujours l'homme qui porte l'appareil de photo ou la caméra. Or le cinéma, comme bien d'autres choses, n'existerait pas sans les femmes. Et moi je veux qu'il existe, et qu'il existe autrement. (1975)

Ainsi ce sont là deux touristes, et ce qu'ils se disent, "A cause de quoi la lumière ? - A cause de l'obscurité", est sans doute ce que racontent "les morts-vivants de ce monde", ceux qui "sont construits sur le monde d’avant ; leurs réflexions, leurs sensations, sont d’avant."


« celui qui, en percevant l’obscurité du présent, en cerne l’inaccessible lumière ; il est aussi celui qui, par la division et l’interpolation du temps, est en mesure de le transformer et de le mettre en relation avec d’autres temps, de lire l’histoire d’une manière inédite, de la "citer" en fonction d’une nécessité qui ne doit absolument rien à son arbitraire, mais provient d’une exigence à laquelle il ne peut pas ne pas répondre » (Giorgio Agamben, Qu’est-ce que le contemporain ?, éd. Payot & Rivages, 2008, pp. 39-40).

http://libertaires93.over-blog.com/categorie-1162062.html
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Message par Borges Lun 14 Juin 2010 - 15:00

Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 9 Jeanlucgodardsocialisme_1

les lamas sont des camélidés
comme les chameaux alors?
exactement

pq pas un chameau alors, avec la pompe essence?

parce que l'image est plus riche avec le lama : on voit le chameau et le lama (donc l'orient, et les Amériques... ); s'il n'y avait eu qu'un chameau on aurait vu que le chameau (le vaisseau du désert) et l'orient



elle lit les illusions de balzac, mais nous nous lisons Agrola...
sans plomb; la jolie blague...





on parle d'or, mais pas d'eau; pourtant le film insiste dessus dès le début;

sur les premières images d'eau noir pétrole on parle de l'eau (bien plus rare que le pétrole dans certaines régions du monde, bien des conflits sont des conflits de l'eau, pour l'eau, et ce sera le cas de plus en plus; l'eau sera plus précieux que l'or;

c'est dans la seconde partie, qu'il sera question d'eau, dans ses usages ordinaires, (mais aussi agricoles....?)


l'eau bien public, c'est une des idées "politiques" de Ricardo Petrella



Barcelone




Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 9 62718b12-47ca-11df-9715-bfada0c01cfb



Guerre de l'eau entre Barcelone et Madrid

Un cargo d'eau potable arrive dans le port de Barcelone en mai 2008. La Catalogne a transféré de l'eau de l'Èbre et d'usines de dessalement d'eau de mer de Tarragone pour faire face à la sécheresse.



http://www.lefigaro.fr/environnement/2010/04/14/01029-20100414ARTFIG00586-guerre-de-l-eau-entre-barcelone-et-madrid-.php
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Message par balthazar claes Lun 14 Juin 2010 - 18:57

"être" et "avoir", les illusions perdues :

Je mettrai ce que je souhaite vous dire ce soir sous l’égide des 2 derniers paragraphes de l’écrit de Lacan intitulé « la direction de la cure et les principes de son pouvoir » (dans Ecrits).

« Homme de désir, d’un désir qu’il a suivi contre son gré dans les chemins où il se mire dans le sentir, le dominer et le savoir, mais dont il a su dévoiler lui seul, comme un initié aux défunts mystères, le signifiant sans pair : ce phallus dont le recevoir et le donner sont pour le névrosé également impossibles, soit qu’il sache que l’Autre ne l’a pas, ou bien qu’il l’a, parce que dans les 2 cas son désir est ailleurs : c’est de l’être, et qu’il faut que l’homme, mâle ou femelle, accepte de l’avoir et de ne pas l’avoir, à partir de la découverte qu’il ne l’est pas. Ici s’inscrit cette Spaltung dernière par où le sujet s’articule au logos, et sur quoi Freud commençant d’écrire, nous donnait à la pointe ultime d’une œuvre aux dimensions de l’être, la solution de l’analyse « infinie », quant sa mort y mit le mot Rien ».

De façon somme toute assez classique, Lacan, dans ce texte, énonce que la question de l’impasse propre de la cure ou du lieu où son achèvement se pose est, du point du désir du névrosé, que, au névrosé, donner et recevoir le phallus sont également impossibles. Le donner ou le recevoir sont également impossibles, ceci, dira Lacan, soit qu’il sache que l’Autre l’a ou qu’il ne l’a pas, parce que son désir et de l’être. Il y a une inscription de cette impasse propre dans les catégories de l’avoir ou de l’être, et c’est à apprendre qu’il ne l’est pas que le névrosé va franchir ou être en passe de cette impasse, ie accepter de l’avoir de ne pas l’avoir, qu’il soit homme ou femme. Il y a donc un point conclusif de cure qui est lié à la découverte d’un ne pas être.
(Badiou, la fin de la cure...)

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Message par Borges Mar 15 Juin 2010 - 10:29

Avoir ou être ou ne pas être ou ne pas avoir; avant d'interpréter d'abord rassembler les éléments...

Etre et avoir :

être,


« être ou ne pas être », la question se pose dans la première partie, c’est l’une des grandes questions de godard ; et dans la seconde, florine demande que l’on évite l’usage du verbe être, il ne faut pas parler à ceux qui le font, ici, ce sont les journaliste (c'est ici le garage martin) plus tard, elle dit, employez plutôt avoir, et tout ira mieux en France ;

Cela peut se lire de bien des manières :

-la préférence de florine pour l’ « avoir » plutôt que l’ »être » peut être lue de manière ironique (le bon sens conseille plutôt de préférer l’être à l’avoir), citationnelle, il s’agit du renversement du célèbre bouquin de érich fromm, « avoir ou être » ; il fallait renoncer à la civilisation de l’avoir, pour celle de l’être ;

-être, c’est l’ontologie (on pense à deleuze, qui refuse aussi ce verbe, et aussi godard, bien entendu) ;

- politiquement, contextuellement, être, c’est l’identité, et on pense à tout ce qui se dit à ce sujet, en France, sur ce qu’est ou n’est pas la France, qui est ou n’est pas français ; évitons de parler de l’être, cela veut dire passons de la politique de l’identité, identitaire, de l’ontologique, à une politique de l’avoir, donc de la propriété, des propriétaires, ceux qui ont, et ceux qui n’ont pas

quelque passages dans le film, sur l'avoir ("à voir", bien entendu, aussi, c'est aussi une affaire de cinéma)

filmée par la camérawoman « noire » (j'insiste parce que c'est essentiel, et ambivalent) florine récite :


« Nous travaillons dans la nuit
Nous faisons ce que nous pouvons
Nous donnons ce que nous avons »



Il s’agit d’une citation de james (henry), un des écrivains favoris de godard :

nous travaillons dans les ténèbres, nous faisons ce que nous pouvons, notre doute est notre gloire, le reste est la folie de l'art.

(blanchot cite ce passage dans le livre à venir, si je me trompe pas)


We work in the dark, we do what we can, we give what we have. Our doubt is our passion and our passion is our task. The rest is the madness of art...



James réécrit les évangiles (la folie de la croix devenant celle de la croix, lumière- ténèbres, doute, passion…)

(à joindre évidemment aussi au contraste lumière obscurité, jour nuit…)


il est important de voir que Godard s’arrête sur « nous donnons ce que nous avons » ;


Le passage est extrait d’une nouvelle, The Middle Years ; l’histoire d’un écrivain, Dencombe, qui, dit-il, a passé sa vie à apprendre à écrire, très malade, il voudrait la chance d’une seconde vie pour vraiment écrire, mettre en pratique ce qu’il a appris ; godard se voit-il dans cet artiste ? peut-être, plus tôt, ou plus tard, lucien, dira de renoir, il est passé à côté de belles choses cet animal...tout artiste ne peut que rêver comme le héros de "mort à venise", ou bergotte de la chance d'une seconde vie, d'une seconde manière; hélas, illusions perdues.

(cet animal; les belles choses ; )

Le contexte de la citation, à la fin de la nouvelle, discutant avec un jeune admirateur , médecin ;

«
Dencombe lay taking this in; then he gathered strength to speak once more. "A second chance--THAT'S the delusion (illusion bien entendu qui se perdra ) There never was to be but one. We work in the dark--we do what we can--we give what we have. Our doubt is our passion and our passion is our task. The rest is the madness of art."
(106) "If you've doubted, if you've despaired, you've always 'done' it," his visitor subtly argued.

"We've done something or other," Dencombe conceded.

"Something or other is everything. It's the feasible. It's YOU!"

"Comforter!" poor Dencombe ironically sighed.

"But it's true," insisted his friend.

"It's true. It's frustration that doesn't count."

"Frustration's only life," said Doctor Hugh.

"Yes, it's what passes." Poor Dencombe was barely audible, but he had marked with the words the virtual end of his first and only chance.






Quand florine présente son programme politique; il est essentiellement déterminé par le verbe « avoir »

Avoir vingt ans
Avoir raison
Garder de l’espoir
Avoir raison quand votre gouvernement a tort
Apprendre à voir avant que d’apprendre à lire


Le verbe avoir, ici, joue avec « à voir » ; voir ; bien entendu ;


-À la fin du film :

« Voyez-vous avec le verbe être le manque de réalité Devient flagrant »

Le verbe avoir serait alors le verbe qui redonne de la réalité à ce qui en manque, ou la réalité au manque ;



Comment greffer sur tout ça, la question de la psychanalyse, du phallus, de la castration… ?

La question de la psychanalyse, du phallus, l’être ou ne pas l’être, l’avoir ou ne pas l’avoir, se situe évidemment au niveau du symbolique, le phallus n’est pas le pénis, mais le maître signifiant, le signifiant maître ; tout petit le gosse veut l’être pour sa mère, il veut être l’objet de son désir absolu, la combler absolument ; le père bien entendu refuse que le gosse et la mère fusionnent dans une indépendance absolue, chacun étant tout pour l’autre ; le gosse est éloigné de la mère par le père, il manque à être, il doit renoncer à la toute puissance et entrer dans la loi du père, dans le père-loi, il doit assumer son manque, sa castration, de n’être pas tout, tout le phallus ; il passe de l’être, du désir d’être (le phallus, la toute puissance) à celui de l’avoir (avoir un désir limité, dans la loi, de la langue, entrée dans le symbolique )…

« le phallus dit leclaire, c’est « une copule, un trait d’union –dans l’évanescence de son érection –« le signifiant par excellence de l’identité impossible «

renoncer à l'être, c'est entrer dans cette identité impossible, dans la castration, dont badiou dit qu'elle est inséparable de l'accès à la vérité (j'espère ne pas inventer)
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Message par balthazar claes Mar 15 Juin 2010 - 11:48

Il y a la scène où Lucien tripote sa mère pendant qu'elle fait la vaisselle, et celle où Florine est appuyée contre son père assoupi dans son fauteuil, scène qui se termine sur un certain malaise, a-t-on l'impression.

on a bien affaire à des histoires d'oedipe dans ces scènes, et aussi à l'idée de l'innocence de ces enfants, innocence de leur désir, face à des adultes toujours déjà coupables. L'innocence de leur désir fait de ces enfants des révolutionnaires.

Perdre ses illusions mais pas l'innocence ? Tout le monde est coupable devant l'oedipe, c'est la règle universelle qui définit l'adulte. Coupable et dupe. La "guérison" de la névrose - la vieillesse ? - comme retour à l'innocence première, mais sans les illusions, ayant traversé le champ de l'illusion, retiré progressivement du monde de l'apparence...

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Message par Borges Mar 15 Juin 2010 - 17:04

l'un des apports de freud, n'est-ce pas d'avoir mis fin à l'idée d'une enfance innocente?

le petit lucien est très intéressé par le sexe, le derrière de la camérawoman, le string de je sais plus qui...


il y a bien entendu le nom d'Oedipe dans la troisième partie, l'antigone de sophocle-hölderlin,

Schwester Ismene
Zwillingsreis Aus
des Ödipus Stamm
weißt du etwas ...


la scène avec lucien jouant à l'aveugle et explorant le corps de sa mère; il y a bien des choses dans cette scène; le poème de tardieu, les mains, la cécité, cette femme qui fait et refait la vaisselle, et bien entendu l'eau, le bien public : que d'eau pour quelques couverts!



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Message par balthazar claes Jeu 17 Juin 2010 - 11:47

Le gosse de la première partie aussi a l'air un peu précoce.

Me fait penser à Les Hommes préfèrent les blondes : croisière de luxe + gamin précoce. Sauf qu'au lieu de l'or on a des diamants.

Le type de notre couverture serait peut-être plutôt le bon photographe, un détective du genre du Malone du film de Hawks.

Il faudrait voir la Comtesse de Hong Kong aussi.

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Message par Borges Ven 18 Juin 2010 - 11:34

Peut-être faudrait-il s'intéresser à "pépé le moko", le seul titre de film de" film socialisme"; le seul titre, mais pas d'extraits; la première apparition de pépé dans le film est liée au vol, de bijoux; et bien plus encore sera à dire



les perroquets, on a déjà parlé du couple, de la couleur, de la répétition...

mais peut-être aussi y a t il là une allusion au livre (pas lu) de Denis Guedj (cf le Net, mathématicien, épistémologue...) "le théorème du perroquet", une intrigue policière qui sert à raconter l'histoire des maths...(le film de godard bien entendu est aussi une histoire des maths, pas seulement de la géométrie, le zéro, le passage de l'inde, aux arabes, des arabes à l'italie, euclide...); c'est le genre de bouquins qui doit passionner godard bien entendu, plein d'anecdotes...

sur le net, trouvé cette citation du livre...

On ne fait que répéter. On est tous des perroquets. [...] Il n'y a que deux choses que l'on ne répète pas, crier et pleurer. Pas besoin de les avoir entendues pour les faire. Et rire, peut-être ; mais je n'en suis pas sûr.

lors des premières images, du film, d'un être dit humain, celles du photographe (évidemment répétition, reproduction) on entend ce qui semble être des rires, et des cris d'oiseaux (off)...





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