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Film Socialisme (Jean-Luc Godard)

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Message par Largo Mer 2 Juin 2010 - 9:44

Finally : http://independencia.fr/indp/10_FILM_SOCIALISME_JLG.html

(je sais pas qui est cette équipe qui signe le texte en remerciant Leutrat : KeyequipeAMGoHere, KeyequipeMPGoHere, any ideas ?)
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Message par Invité Mer 2 Juin 2010 - 11:56

Stéphane Pichelin a écrit:
Borges a écrit:
Sur un plan, Godard compare Les cheyennes, de John Ford, aux juifs victimes de la shoah.


en général, chez godard les indiens, ce sont plutôt les palestiniens;

Tristement confirmé par l'actualité.

Hello Stéphane,

A mon avis, il faut vraiment partir de ce que cette situation (ce qu'il s'est passé, ce qu'il ne manquera pas de se passer après) a finalement de foncièrement inactuel dans sa "révélation" du fascisme de l'Etat d'Israël pour en élaborer au moins une légère forme de critique englobant non seulement l'Etat d'Israël mais aussi tout ce qui l'entoure de près ou de loin (et je parle pas ici de faire la "part des choses" comme nous bassinent les bonnes consciences médiatiques).

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Message par Invité Jeu 3 Juin 2010 - 0:57

Largo a écrit:Finally : http://independencia.fr/indp/10_FILM_SOCIALISME_JLG.html

(je sais pas qui est cette équipe qui signe le texte en remerciant Leutrat : KeyequipeAMGoHere, KeyequipeMPGoHere, any ideas ?)

Y a du y avoir un petit souci technique; logiquement c'est Arthur Mas (AM) et Martial Pisani (MP).

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Message par Invité Jeu 3 Juin 2010 - 7:19

Plus loin, le lieutenant Delmas répète un geste qu’accomplissaient avant
lui le héros de The Ghost Writer, et celui
de Green Zone : il cherche - et trouve - des
informations sur internet. Fiches signalétiques, crimes inavouables,
secrets d’Etat, tout est désormais disponible sur Google.

Tiens, je croyais que justement il ne cherchait pas sur internet malgré le fait qu'il soit dans le cybercafé du bateau. Il me semblait que la fille lui parlait de ça.

Ils croiseront la route de plusieurs groupes de personnages traversant
la Méditerranée pour des raisons diverses : un espion du Mossad et sa
dent en or, un couple de palestiniens, trois intellectuels,
respectivement écrivain, philosophe, et économiste, une jeune femme,
Constance, son compagnon, et son filleul Ludo, qui se lie d’amitié avec
Alissa, la petite fille de Richard Christmann. Il s’agit donc moins
d’une croisière touristique que d’un sommet international des salauds.

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Message par Largo Jeu 3 Juin 2010 - 11:30

Bon, j'ai enfin vu le film. J'ai aussi lu le texte de Burdeau (ça faisait longtemps que j'en avais pas lu un de lui) et il est d'une incroyable platitude, pour ne pas dire nullité. Et puis, Borges a raison : "les images, en tant que telles, on s'en fout". J'ai rarement lu un texte qui dise aussi peu de choses d'un film et de la manière dont celui qui écrit l'a reçu. Ca tient presque du miracle, lol.

J'ai aussi lu le texte d'Independencia, pas inintéressant en soit, mais il amène quand même à se poser une question esquissée par Stéphane P. : dans quelle mesure doit-on pouvoir déchiffrer ce qui est brouillé, esquissé dans le film pour pouvoir l'apprécier, le juger... Tout le boulot de mise à plat des noms, des personnages, des histoires du film qu'ils ont fait, c'est plutôt intéressant en soit à lire, mais je crois pas qu'on devrait avoir besoin de renouer tous les éléments disparates, de comprendre tout ce qui y est développé pour aimer le film. C'est un peu comme si quelqu'un essayait de reconstruire un tableau cubiste pour que le visage reprenne une apparence normale. C'est ptet pas la bonne manière d'aimer le tableau ou de s'y intéresser...

J'aime toujours lire Borges qui ne se gêne pas pour dire l'évidence : la bêtise de certains liens, l'horrible tristesse qui se dégage du film... C'est important de ne pas occulter ça.
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Message par balthazar claes Jeu 3 Juin 2010 - 15:21

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Message par Borges Jeu 3 Juin 2010 - 17:13

tout est désormais disponible sur Google.

lol
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Message par Invité Jeu 3 Juin 2010 - 17:36

Borges a écrit:
tout est désormais disponible sur Google.

lol

alors, vrai ou faux que c'est tout le contraire que dit Godard dans le film (et en entretien) ?

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Message par Borges Jeu 3 Juin 2010 - 18:37

ce fut surtout le slogan de l'après redacted, (les images sont là) à quoi on compare dans la critique critique film socialisme; kiarostami fait des images, c'est du passé, désormais il suffit d'aller les chercher sur le net;
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Message par Borges Jeu 3 Juin 2010 - 18:51

dans le bouquin-dialogues-foutre du film, la citation "l'islam est l'occident de l'orient" est attribuée à kipling; n'est-elle pas de claude lévi-strauss, dont j'avais cité à sa mort les propos pas sympas sur la question...

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Message par Invité Jeu 3 Juin 2010 - 18:58

Borges a écrit:
ce fut surtout le slogan de l'après redacted, (les images sont là) à quoi on compare dans la critique critique film socialisme; kiarostami fait des images, c'est du passé, désormais il suffit d'aller les chercher sur le net;

oui, on retrouve vraiment Burdeau très précisément là où on l'avait laissé, je vois rien d'étonnant dans son texte à vrai dire..

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Message par Invité Jeu 3 Juin 2010 - 20:05

Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 8 Film_socialisme_photo_2

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Message par Largo Ven 4 Juin 2010 - 14:50

Après le robinet à images historique qu'a constitué la télévision, c'est désormais l'internet qui obstrue, qui pollue notre monde avec des images, des images qui sont plus ou moins au niveau du "degré zéro de l'image"

Hello VanStratten, j'ai lu un peu ton texte après la bataille, et je voulais juste dire que ce genre d'assertions sur Internet, c'est ni plus ni moins celle des vieux cons de la droite réactionnaire (Finkielkraut etc).
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Message par Largo Ven 4 Juin 2010 - 16:19

On s'en lasse pas :

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Message par Largo Ven 4 Juin 2010 - 16:43

La plume toujours aussi aiguisée de Philippe L. aka Raoul Lachenay :

"Godard était dandy de droite un peu cynique puis droitier défroqué de gauche un peu moralisateur ; à présent l’âge aidant il est un peu à gauche de la morale et un peu à droite de la mélancolie : il a bien raison d’être vieux."

(http://decevant.blogspot.com/)

J'aime beaucoup.
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Message par Borges Ven 4 Juin 2010 - 17:07

oui, mais il faut aller au-delà des mots et des formules, des clichés, et de l'interprétation droitiste de godard; la mélancolie a toujours été là; et, on fait tous comme si c'était un truc simple à penser la mélancolie; mélancolie de quoi? que penser des trois films des gars de la nouvelle vague, le rohmer, le rivette, le godard? rohmer est le plus léger, aérien, le plus jeune; le mois triste, à diminuer la puissance de vivre; vieux, godard l'a toujours été, plus de souvenirs que s'il avait mille ans; c'est dans à bout de souffle que belmondo dit quelque chose comme : "moi, j'aime bien les vieux"; c'est quoi la mélancolie de godard?
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Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 8 Empty Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)

Message par Invité Ven 4 Juin 2010 - 18:47

moi j'aime pas la prose de Raoul Lachenay.

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Film Socialisme (Jean-Luc Godard) - Page 8 Empty Re: Film Socialisme (Jean-Luc Godard)

Message par Borges Ven 4 Juin 2010 - 21:16

c'est une prose, ton, affect de droite; c'est pas un secret; il parle autant de lui-même quand il évoque le dandy de droite et la mélancolie que de godard...
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Message par Invité Dim 6 Juin 2010 - 20:24

Quelques lignes trouvés dans le Malaise dans l'esthétique, de Rancière (merci JM) :

« Naguère, la rencontre des éléments hétérogènes voulait souligner les contradictions d'un monde marqué par l'exploitation et mettre en cause la place de l'art et de ses institutions dans ce monde conflictuel. Aujourd'hui, le même rassemblement s'affirme comme l'opération positive d'un art commis aux fonctions de l'archivage et du témoignage sur un monde commun. Ce rassemblement s'inscrit alors dans la perspective d'un art marqué par les catégories du consensus : redonner le sens perdu d'un monde commun ou réparer les failles du lien social.
Cette visée peut s'exprimer directement, par exemple dans le programme d'un art relationnel qui veut avant tout créer des situations de proximité, propices à l'élaboration de nouvelles formes de liens sociaux. Mais elle se fait sentir beaucoup plus largement dans le changement de sens qui affecte les mêmes procédures artistiques mises en oeuvre par les mêmes artistes : ainsi la procédure du collage chez un même cinéaste. C'est ainsi que, tout au long de sa carrière, Jean-Luc Godard n'a cessé de recourir au collage d'éléments hétérogènes. Mais, dans les années 1960, il le faisait sous la forme du choc des contraires. C'était notamment le choc entre le monde de la 'grande culture' et le monde de la marchandise : L'Odyssée filmée par Fritz Lang et le cynisme brutal du producteur dans Le Mépris ; l'Histoire de l'Art d'Elie Faure et la publicité pour les gaines Scandale dans Pierrot le Fou ; les petits calculs de la prostituée Nana et les larmes de la Jeanne d'Arc de Dreyer dans Vivre sa vie. Son cinéma des années 1980 est apparemment fidèle à ce principe de collage d'éléments hétérogènes. Mais la forme du collage a changé : le choc des images est devenu leur fusion. Et cette fusion atteste à la fois la réalité d'un monde autonome des images et sa puissance de communauté. De Passion à éloge de l'amour ou d'Allemagne année 90 NeufZéro aux Histoires de cinéma, ma rencontre imprévisible des plans de cinéma avec les peintures du Musée imaginaire, les images des camps de la mort et les textes littéraires pris à contre-emploi, constitue un seul et même royaume des images voué à une seule tâche, celle de rendre à l'homme une 'place dans le monde'. »

Est-ce que tout cela est pertinent appliqué à F-S ?

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Message par Invité Lun 7 Juin 2010 - 9:21

Hello Stéphane, je saisi pas forcément la différence suggérée par Rancière ici, peut-être au niveau du montage vidéo qui change la donne mais je crois que ça plairait pas forcément à Rancière de ramener ça à la technique. Enfin je vois bien comment il passe à un montage à partir du magma d'images à un certain moment mais surtout je crois pas trop qu'on puisse établir un tel partage dans l'oeuvre du cinéaste ? "Notre Musique" et "Film socialisme" sont deux très bons contre-exemples car cette pratique du montage est une marge de ces films, au côté d'autres marges (autrement dit sans véritable centre). Ou alors il faut dire que Godard est passé encore à autre chose depuis le début XXIème?

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Message par balthazar claes Lun 7 Juin 2010 - 22:10

Claude Jean-Philippe. - La dernière fois que je vous ai rencontré, c'était en 1976, au moment de Six fois deux sur FR3, j'avais été très frappé par votre désir d'anonymat. Vous m'aviez dit : "Ne prononcez pas mon nom. Est-ce que vous pouvez ne pas prononcer mon nom ?"...
Jean-Luc Godard. - C'était une réaction de prudence. Le monde dans lequel on vit fait qu'on est dépassé. Après avoir été reconnu, on est surconnu, et méconnu par cette reconnaissance trop grande. Ce n'est plus le nom, c'est le sur-nom. (...) Donc ce n'est pas : "Ne me nommez pas" mais "ne nommons pas"... Est-ce qu'on pourrait ne pas nommer le cinéma, non plus et peut-être ne pas nommer le travelling.
Dans Six fois deux quelqu'un disait : "Comment ça s'appellera quand ce sera le socialisme ?" Et l'autre répondait : "Peut-être que ça ne s'appellera pas." En nommant, on dit tellement de choses que je pense qu'on ne nomme pas. Qu'on dénonce plutôt. (1980)

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Message par balthazar claes Lun 7 Juin 2010 - 23:12

Après une prière appropriée, l'iconographe, sur une planche de bois, colle une toile sur laquelle il étale une préparation blanche d'albâtre ou de craie. Pour le dessin, il se guide sur les recueils de « modèles », car l'iconographie doit demeurer dans la tradition, bien qu'une part soit laissée à l'interprétation personnelle. Puis il pose l'or et les couleurs, perfectionne les tons, la luminosité, pose des hachures de peinture claire ou d'or, soigne particulièrement la carnation de la figure et des mains, enfin, par une inscription, donne à l'icône son nom. C'est par ce nom que la peinture devient une icône et se relie hypostatiquement (ou substantiellement, selon la théologie suivie) à son prototype. On ne dit pas, en effet, « peindre » une icône, mais « écrire » une icône : l'écriture ne renvoie pas seulement à l'inscription du nom, mais à tout l'enseignement de l'icône, placé à côté de celui de l'Ecriture. (...)

L'icône imite le prototype. Mais de ce prototype on ne connaît pas l'origine historique. Certes, saint Pierre n'est pas représenté comme saint Paul : il a ses traits distincts, mais on ne sait pas d'où ils viennent. Ils viennent en fait de l'idée théologique qui les définit, et que l'on retrouve dans les livres liturgiques et semblablement dans les recueils des peintres.(...)

La tête, ou plutôt le visage, où transparaît l'Esprit, est au centre de la représentation. Toute l'attention est attirée par le regard des yeux parfois immenses qui sont tournés vers le spectateur, soulignés par les arcades et les sourcils, et par ce point entre les sourcils où l'Esprit doit se concentrer. (...)

La nature est stylisée, de telle sorte qu'arbres, rochers, maisons, échappent à la pesanteur. Les architectures ne sont pas soumises à un espace perspectif unifié : chacune flotte dans sa propre perspective. Les couleurs ont une valeur symbolique. La lumière ne jette pas d'ombres. La perspective est en général inversée : la ligne de force va de l'intérieur de l'icône vers l'oeil du spectateur. A travers l'icône, les vérités de la foi rayonnent vers celui qui la contemple. Le point de fuite se transporte donc vers lui.

La lumière est l'âme de l'icône. Selon les Anciens, l'oeil et l'objet émettent pareillement de la lumière, et la vue se produit quand se forme un milieu homogène lumineux entre l'oeil et l'objet. Mais, avec Platon et surtout Plotin, la lumière communique aux choses beauté et bonté. C'est pourquoi l'opposition lumière-ténèbres remplace l'opposition classique de l'ordre et du désordre. (...)

L'or n'est pas une couleur. Il est rayonnement, lumière active. Dans les manuels d'iconographie slave, on l'appelle svet (« lumière »). La lumière ne sert pas à modeler le contour et les reliefs, elle n'est pas chargée de suggérer l'illusion. Elle rayonne de l'image même vers le spectateur. Les corps de l'icône ne baignent pas dans un éclairage dont la source leur serait extérieure. Ils portent une lumière propre qui jaillit d'eux. Cette lumière reflète les idées éternelles qui sous-tendent ces corps.

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Message par Borges Mar 8 Juin 2010 - 10:07

balthazar claes a écrit:
Claude Jean-Philippe. - La dernière fois que je vous ai rencontré, c'était en 1976, au moment de Six fois deux sur FR3, j'avais été très frappé par votre désir d'anonymat. Vous m'aviez dit : "Ne prononcez pas mon nom. Est-ce que vous pouvez ne pas prononcer mon nom ?"...
Jean-Luc Godard. - C'était une réaction de prudence. Le monde dans lequel on vit fait qu'on est dépassé. Après avoir été reconnu, on est surconnu, et méconnu par cette reconnaissance trop grande. Ce n'est plus le nom, c'est le sur-nom. (...) Donc ce n'est pas : "Ne me nommez pas" mais "ne nommons pas"... Est-ce qu'on pourrait ne pas nommer le cinéma, non plus et peut-être ne pas nommer le travelling.
Dans Six fois deux quelqu'un disait : "Comment ça s'appellera quand ce sera le socialisme ?" Et l'autre répondait : "Peut-être que ça ne s'appellera pas." En nommant, on dit tellement de choses que je pense qu'on ne nomme pas. Qu'on dénonce plutôt. (1980)



dans "film socialisme"; il y a une citation de heidegger :"pauvres choses, elles n'ont que le nom qu'on leur donne";

Godard se souvient de Heidegger et de Bourdieu; l'association de la dénonciation et du nom est liée au concept de "catégories" (Aristote). Heidegger, dans sa "déconstruction" de l'ontologie grecque, avait mis en lien le terme avec le domaine juridique, l'espace juridique; mais c'est pas le seul; bourdieu le fait aussi, dans une autre perspective, bien entendu; "catégorie" vient d'un terme grec qui voulait dire quelque chose comme "insulte", accuser quelqu'un en public..."

le lien de l'insulte-nom, est tout de même moins visible chez godard, qu'ailleurs, par exemple "juif", "arabe", "noir", "gay"... et d'autres termes...

dans le cas "juif", nommer, c'est dénoncer, disent certains; c'est bien entendu une blague, dans le contexte contemporain...



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Message par Borges Mar 8 Juin 2010 - 10:14

balthazar claes a écrit:
Après une prière appropriée, l'iconographe, sur une planche de bois, colle une toile sur laquelle il étale une préparation blanche d'albâtre ou de craie. Pour le dessin, il se guide sur les recueils de « modèles », car l'iconographie doit demeurer dans la tradition, bien qu'une part soit laissée à l'interprétation personnelle. Puis il pose l'or et les couleurs, perfectionne les tons, la luminosité, pose des hachures de peinture claire ou d'or, soigne particulièrement la carnation de la figure et des mains, enfin, par une inscription, donne à l'icône son nom. C'est par ce nom que la peinture devient une icône et se relie hypostatiquement (ou substantiellement, selon la théologie suivie) à son prototype. On ne dit pas, en effet, « peindre » une icône, mais « écrire » une icône : l'écriture ne renvoie pas seulement à l'inscription du nom, mais à tout l'enseignement de l'icône, placé à côté de celui de l'Ecriture. (...)

L'icône imite le prototype. Mais de ce prototype on ne connaît pas l'origine historique. Certes, saint Pierre n'est pas représenté comme saint Paul : il a ses traits distincts, mais on ne sait pas d'où ils viennent. Ils viennent en fait de l'idée théologique qui les définit, et que l'on retrouve dans les livres liturgiques et semblablement dans les recueils des peintres.(...)

La tête, ou plutôt le visage, où transparaît l'Esprit, est au centre de la représentation. Toute l'attention est attirée par le regard des yeux parfois immenses qui sont tournés vers le spectateur, soulignés par les arcades et les sourcils, et par ce point entre les sourcils où l'Esprit doit se concentrer. (...)

La nature est stylisée, de telle sorte qu'arbres, rochers, maisons, échappent à la pesanteur. Les architectures ne sont pas soumises à un espace perspectif unifié : chacune flotte dans sa propre perspective. Les couleurs ont une valeur symbolique. La lumière ne jette pas d'ombres. La perspective est en général inversée : la ligne de force va de l'intérieur de l'icône vers l'oeil du spectateur. A travers l'icône, les vérités de la foi rayonnent vers celui qui la contemple. Le point de fuite se transporte donc vers lui.

La lumière est l'âme de l'icône. Selon les Anciens, l'oeil et l'objet émettent pareillement de la lumière, et la vue se produit quand se forme un milieu homogène lumineux entre l'oeil et l'objet. Mais, avec Platon et surtout Plotin, la lumière communique aux choses beauté et bonté. C'est pourquoi l'opposition lumière-ténèbres remplace l'opposition classique de l'ordre et du désordre. (...)

L'or n'est pas une couleur. Il est rayonnement, lumière active. Dans les manuels d'iconographie slave, on l'appelle svet (« lumière »). La lumière ne sert pas à modeler le contour et les reliefs, elle n'est pas chargée de suggérer l'illusion. Elle rayonne de l'image même vers le spectateur. Les corps de l'icône ne baignent pas dans un éclairage dont la source leur serait extérieure. Ils portent une lumière propre qui jaillit d'eux. Cette lumière reflète les idées éternelles qui sous-tendent ces corps.



voilà qui met bien en évidence, ma "critique" de l'opposition lumière-obscurité et son association...

mais c'est une autre affaire;
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Message par Borges Mar 8 Juin 2010 - 15:39

Youssef Ishaghpour dans le livre avec Godard, « archéologie du cinéma et mémoire du siècle », dit quelque chose qui pourrait être intéressant pour « film socialisme »

( il dit plein d’autres choses intéressantes ; plus encore que godard, en fait, qui n’avait pas l’air en forme, qui maîtrise moins bien la capacité théorique à démontrer, développer ; comme toujours, il pense par flash, par image, saisie ou pas, à l’extrême du danger de ne faire que des clichés ; godard ne donne que des images au fond, plus encore quand il parle que lorsqu’il filme ; s’il croit que du cinéma ne restent que quelques images, des films plutôt, des siens, j’ai aucune image, contrairement à ceux de kubrick, eisenstein, ou hitch, welles… ce que je garde, c’est plutôt, des voix, des musiques, des énoncés)


Donc, Youssef Ishaghpour dit quelque chose qui pourrait être intéressant pour « film socialisme », quand il parle du rôle du temps et de la photo dans la splendeur des Amberson : le film n’est pas seulement sur le temps, un film sur le temps ; il se réfère aussi à la photographie de l’époque ; Welles, dit-il, voulait faire un générique avec des photographies ; dans « film socialisme », on n’arrête pas de photographier, mais je ne crois pas que l’on voit une seule photo ; si ? tous ces photographes, et pas une seule photo ; c’est curieux ; un socialisme des moyens de production des images, qui ne produit pas une seule œuvre ; une des intentions du film serait alors voisine, dans la lignée, de celle de welles : « un film sur la technique, la même qui a inventé la photographie et qui détruit le temps, mais cette technique même, avec le cinéma, devient un moyen de sauvetage du temps. »

(le temps, le passé, la mémoire, la durée, celle de Bergson, mais aussi celle de la nuit des temps venue des profondeurs de l’Egypte ; ce n’est plus les momies, de bazin, qui disent le rapport du cinéma, du temps, et de l’egypte)

« La même détermination par la photographie (poursuit YI, développant une idée de Godard) existe chez Manet, dont la peinture peut être définie, avant tout, par la réduction à ce qui se voit. Ce qui se manifeste dans l'appel du regard, de ses images de femmes qui regardent le spectateur, et on peut dire que par l'intermédiaire du miroir, il y a l'ébauche d'un champ-contrechamp dans « Un bar aux Folies-Bergère ».

(remarques de JM, ici)



« Des femmes qui regardent aussi autre chose, dans cet appel du dehors, d'un regard, dites-vous en citant Malraux, qui joint l'intérieur au cosmos, ce qui est pour vous encore un autre des moments archéologiques, la naissance de la peinture moderne, c'est-à-dire le cinéma, c'est-à-dire d'un art qui pense, ce qu'on peut considérer comme la meilleure définition de votre propre Histoire(s) du cinéma. »





Quel est le problème avec le numérique, la haute définition : la platitude ; le manque de profondeur, c’est ce que disait Godard, ce qu’il dit ; mais c’est une critique générale, celle que l’on fait à l’apparition de toute nouvelle technique ; cette profondeur qui manque, c’est juste celle de la mémoire, de notre mémoire, de l’expérience que l’on dit vécue, sans savoir ce qu’on peut bien vouloir dire par là ; même s’il est vrai que…

ce qui manque donc, c’est la profondeur, mais aussi quelque chose, le rapport dialectique du même et de l’autre, le rapport du positif et du négatif ; c’est ce que dit godard dans cet entretien ; ce rapport négatif/positif, parfois il le rapporte à Kafka, ici, c’est à Hegel :

"Ce rapport entre le positif et le négatif, qui avait été explicité par Hegel, existait au cinéma dans sa forme matérielle la plus simple, le cinéma en est l'image, mais dans le numérique le négatif disparaît, il n'y a plus de négatif et de positif, il y a une sorte de linéarité plate et ce rapport contradictoire entre le jour et la nuit n'existe plus, il a mis un siècle pour disparaître. "

Là, on pense, bien entendu aux images du film, mais aussi à la relation lumière-obscurité, l’un n’étant que par l’autre ;

Le numérique, vient ainsi s’inscrire dans l’idée de la mort du cinéma :

"le cinéma est une idée du XIXe siècle qui a mis un siècle à se réaliser et à disparaître. "


(mais en bon hégélien, et surtout derridien, on pourrait dire bien d’autres choses, pour compliquer cette idée, ce rapport trop simple entre la vie et la mort, du cinéma, )


Dernière édition par Borges le Mar 8 Juin 2010 - 17:05, édité 1 fois
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