L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
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L'inconnu du lac (Alain Guiraudie-2013)
Pour ma part je trouve qu'avec ce film Guiraudie trouve vraiment sa place dans le cinéma, il le dit lui-même dans l'entretien : universel et rigoureux ce qui n'était pas gagné d'avance.
Le débat est ouvert.
Invité- Invité
L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Qu’est-ce, pour l’inconnu du lac, qu’être soi-même, par rapport aux autres et à ses propres yeux ? En quoi consiste l’identité de chacun ? Sur une petite plage abandonnée, coquillages et silures sont les témoins d’un théâtre sans draperies ni costumes… mais pas sans artifices.
Des hommes nus comme des dorades se draguent et se regardent, se plaisent et se baisent, se parlent et… s’aiment ? Là est un peu toute la question. Comment savoir qui est l’autre si je ne sais pas qui je suis ; est ce qu’aimer, c’est suivre aveuglément le danger au cœur du bois ? Face à ces questionnements, le film prend l’apparence d’une sorte de gigantesque huis clos en extérieur ; jamais nous ne sortirons de la plage et de son bois.
Les ellipses sont sans cesse marquées par un même plan dont ni l’échelle ni la valeur ne varient, laissant soin au spectateur d’observer les petits changements à l’intérieur du plan ; la fin d’une route à la bordure du bois où toutes les voitures viennent se ranger et qui n’est pas sans rappeler l’arrivée matinale de Ce Vieux Rêve qui bouge. À la fois running gag et véritable invitation faite au spectateur d’être attentif à la place des voitures et libre de spéculer qui conduit quoi ; ce plan, au départ répétitif, devient plus qu’un décor, il donne de la vie à l’espace du film.
Tout celui-ci est alors investi par les personnages comme un lieu de rencontre et de rendez-vous. Un endroit privilégié, à l’abri, sorte d’utopie solaire au cœur de l’été. Si cet espace nous est de prime abord étranger, la grande force du choix de Guiraudie de ne jamais le quitter permet de créer de la familiarité voire même de l’habitude pour le public.
Parce que le spectateur dans ce film est aussi bien un voyeur – de l’autre côté de la plage avec ses jumelles à la L. B. Jefferies dit Jeff – qu’un de ses baigneurs, heureux de retrouver tel personnage à tel endroit ; tel autre dans telle posture. Au fur et à mesure que le film avance, ces hommes tout nus et leur plage ensoleillée nous deviennent familiers sans pour autant que le film ne s’enlise dans une connivence mal à propos.
Brouillant plus les cartes que la piste au bout de laquelle les voitures se garent, Guiraudie s’amuse à emmener son récit dans une première direction avant de le faire basculer dans une autre pour finalement tout chambouler et tout renverser dans une fin aussi hilarante qu’angoissante. Ce (pas si brusque) changement de ton est au diapason de sa façon d’envisager l’image déclinée, mélangée selon différents régimes.
D’un naturalisme délicat que révélait déjà Le Roi de l’évasion à une manière de filmer le sexe ne relevant d’aucun érotisme ou pornographie, on assiste brutalement à une violence de nature très graphique. Cet agrégat de matières disparates réunies dans un même film est probablement la grande inconnue dissimulée par le titre du film, l’image de soi, l’image des autres, autant d’inconnues dont voudrait s’affranchir la communauté de baigneurs à la sexualité libre.
Le sexe est ici un de ces éléments de décor devenus familiers au spectateur, parfois drôle, parfois sensuel, parfois dramatique. Mais comme tout l’espace est mis au service du film, ce décor n’en demeure pas pour autant indispensable à l’histoire d’amour fragile qui lie les personnages entre eux. Que vient chercher là Henri sinon ce qu’il y trouve… et ce qu’il y trouve, est-ce du plaisir ? Se faire du bien ? Après quoi court Franck ? Qu’est-ce qui fait nager Michel ? La représentation crue et sans détour des scènes de sexe se fait l’écho des préoccupations politiques de Guiraudie dont ses précédents films affichaient plus clairement la ligne.
Toutefois, L’Inconnu du lac raconte avant tout une histoire d’amour faite de rencontres ratées et d’espoirs déçus. Pourquoi ses personnages courent-ils après le plaisir sans retenue ? Pourquoi s’enfoncer dans le bois alors que la mort rode non loin ? Plutôt qu’un inconnu, c’est à toute une série d’inconnues que le film s’adresse. Au cours du film, le personnage de l’inspecteur demande à Franck comment ils peuvent continuer leur utopie alors que la mort vient de les marquer. Ce sceau ne les effraie-t-il pas ? Et l’amour dans tout ça, comment pourrait-il se construire ?
Une histoire d’amour ne se construit pas sans heurts ; L’Inconnu du lac prend des allures de conte un peu sombre pour le raconter mais abandonne assez rapidement ce programme pour plonger le film ailleurs à la manière du magnétique et terrifiant Michel. On ne saura d’ailleurs jamais vraiment trop qui est Michel ni ce qu’il veut exactement, le pourquoi du comment de ses pulsions. Ou plutôt lorsqu’on en apprendra quelque chose, on en saura déjà trop.
Il faudrait plutôt aller chercher la clé du film dans le personnage d’Henri, sage de la plage et oracle impuissant. Il le dit lui même « un silure de cinq mètres, ça serait déjà bien ».
Des hommes nus comme des dorades se draguent et se regardent, se plaisent et se baisent, se parlent et… s’aiment ? Là est un peu toute la question. Comment savoir qui est l’autre si je ne sais pas qui je suis ; est ce qu’aimer, c’est suivre aveuglément le danger au cœur du bois ? Face à ces questionnements, le film prend l’apparence d’une sorte de gigantesque huis clos en extérieur ; jamais nous ne sortirons de la plage et de son bois.
Les ellipses sont sans cesse marquées par un même plan dont ni l’échelle ni la valeur ne varient, laissant soin au spectateur d’observer les petits changements à l’intérieur du plan ; la fin d’une route à la bordure du bois où toutes les voitures viennent se ranger et qui n’est pas sans rappeler l’arrivée matinale de Ce Vieux Rêve qui bouge. À la fois running gag et véritable invitation faite au spectateur d’être attentif à la place des voitures et libre de spéculer qui conduit quoi ; ce plan, au départ répétitif, devient plus qu’un décor, il donne de la vie à l’espace du film.
Tout celui-ci est alors investi par les personnages comme un lieu de rencontre et de rendez-vous. Un endroit privilégié, à l’abri, sorte d’utopie solaire au cœur de l’été. Si cet espace nous est de prime abord étranger, la grande force du choix de Guiraudie de ne jamais le quitter permet de créer de la familiarité voire même de l’habitude pour le public.
Parce que le spectateur dans ce film est aussi bien un voyeur – de l’autre côté de la plage avec ses jumelles à la L. B. Jefferies dit Jeff – qu’un de ses baigneurs, heureux de retrouver tel personnage à tel endroit ; tel autre dans telle posture. Au fur et à mesure que le film avance, ces hommes tout nus et leur plage ensoleillée nous deviennent familiers sans pour autant que le film ne s’enlise dans une connivence mal à propos.
Brouillant plus les cartes que la piste au bout de laquelle les voitures se garent, Guiraudie s’amuse à emmener son récit dans une première direction avant de le faire basculer dans une autre pour finalement tout chambouler et tout renverser dans une fin aussi hilarante qu’angoissante. Ce (pas si brusque) changement de ton est au diapason de sa façon d’envisager l’image déclinée, mélangée selon différents régimes.
D’un naturalisme délicat que révélait déjà Le Roi de l’évasion à une manière de filmer le sexe ne relevant d’aucun érotisme ou pornographie, on assiste brutalement à une violence de nature très graphique. Cet agrégat de matières disparates réunies dans un même film est probablement la grande inconnue dissimulée par le titre du film, l’image de soi, l’image des autres, autant d’inconnues dont voudrait s’affranchir la communauté de baigneurs à la sexualité libre.
Le sexe est ici un de ces éléments de décor devenus familiers au spectateur, parfois drôle, parfois sensuel, parfois dramatique. Mais comme tout l’espace est mis au service du film, ce décor n’en demeure pas pour autant indispensable à l’histoire d’amour fragile qui lie les personnages entre eux. Que vient chercher là Henri sinon ce qu’il y trouve… et ce qu’il y trouve, est-ce du plaisir ? Se faire du bien ? Après quoi court Franck ? Qu’est-ce qui fait nager Michel ? La représentation crue et sans détour des scènes de sexe se fait l’écho des préoccupations politiques de Guiraudie dont ses précédents films affichaient plus clairement la ligne.
Toutefois, L’Inconnu du lac raconte avant tout une histoire d’amour faite de rencontres ratées et d’espoirs déçus. Pourquoi ses personnages courent-ils après le plaisir sans retenue ? Pourquoi s’enfoncer dans le bois alors que la mort rode non loin ? Plutôt qu’un inconnu, c’est à toute une série d’inconnues que le film s’adresse. Au cours du film, le personnage de l’inspecteur demande à Franck comment ils peuvent continuer leur utopie alors que la mort vient de les marquer. Ce sceau ne les effraie-t-il pas ? Et l’amour dans tout ça, comment pourrait-il se construire ?
Une histoire d’amour ne se construit pas sans heurts ; L’Inconnu du lac prend des allures de conte un peu sombre pour le raconter mais abandonne assez rapidement ce programme pour plonger le film ailleurs à la manière du magnétique et terrifiant Michel. On ne saura d’ailleurs jamais vraiment trop qui est Michel ni ce qu’il veut exactement, le pourquoi du comment de ses pulsions. Ou plutôt lorsqu’on en apprendra quelque chose, on en saura déjà trop.
Il faudrait plutôt aller chercher la clé du film dans le personnage d’Henri, sage de la plage et oracle impuissant. Il le dit lui même « un silure de cinq mètres, ça serait déjà bien ».
DB- Messages : 1528
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
tu oublies l'utopie très marquée par ce monde sans femmes, et tu sembles dire qu'un personnage est l'inconnu du lac. A mon avis le titre doit se comprendre comme ce que le lac a d'inconnu, ce qu'il recèle sous sa surface qui est bien l'endroit des plans ou la caméra plutôt indiscrète et superficielle ne va jamais. Mais Guiraudie a plus d'un tour dans son sac et cacher ce creuset de fraîcheur ou l'incandescence de l'air pousse les vacanciers, quoi de plus normal, ravive aussi leurs turpititudes, leurs passions dévorantes et leur imaginaire. Sur ce point je ne crois pas qu'un autre inconnu du Lac, Godard ne me contedirait.
Et toi si prompt à voir partout de la fiction policière n'en parle pas ici, elle est pourtant drôle et dérisoire.
Encore un autre point sur lequel je ne suis pas d'accord, Guiraudie n'a aucune visée ni politique, ni militante. C'est un farceur qui réussit là a faire prendre sa farce au sérieux. Mais il ne faut non plus être plus intelligent que lui, dans son viseur, l'objet, c'est toujours le cinéma, des plans du lac, les plus lumineux en plein midi, à ceux en ombre chinoise, des plans en surplomb aux plans à fleur d'eau, de la couleur uniforme du lac aux rupture de ton, tout fait sens.
Le flic à lunettes demande : vous vous cotoyez tous les jours et vous ne connaissez pas vos prénoms. Bien oui nous non plus.
Et toi si prompt à voir partout de la fiction policière n'en parle pas ici, elle est pourtant drôle et dérisoire.
Encore un autre point sur lequel je ne suis pas d'accord, Guiraudie n'a aucune visée ni politique, ni militante. C'est un farceur qui réussit là a faire prendre sa farce au sérieux. Mais il ne faut non plus être plus intelligent que lui, dans son viseur, l'objet, c'est toujours le cinéma, des plans du lac, les plus lumineux en plein midi, à ceux en ombre chinoise, des plans en surplomb aux plans à fleur d'eau, de la couleur uniforme du lac aux rupture de ton, tout fait sens.
Le flic à lunettes demande : vous vous cotoyez tous les jours et vous ne connaissez pas vos prénoms. Bien oui nous non plus.
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Slimfast a écrit:Et toi si prompt à voir partout de la fiction policière n'en parle pas ici, elle est pourtant drôle et dérisoire.
Pas vu le film, mais question fiction policière : elle est là dès le titre, qui est construit à partir d'une double citation : "l'inconnu du Nord-Express", et "la dame du lac"...qui bien entendu joue aussi sur l'identité sexuelle, et son trouble...
Borges- Messages : 6044
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Le plan dont tu parles, celui du début, sur le parking dans les bois et l'arrivée de Franck est exceptionnel. La première fois on peut se dire, tiens quelqu'un surveille l'arrivée d'une voiture. Dès la 2° fois, le deuxième jour, puisque chaque journée au bord du lac commence par ce plan, on comprend vite qu'il s'agit d'un dispositif de mise en scène qui a plusieurs fonctions. La 1° scander les jours (tout en étant pas dupes, on sait bien que ces plans ont été faits d'affilée et on imagine le manège en accéléré du déplacement des bagnoles : donc ces plans sacralisent la durée comme effort et son envers la vitesse d'exécution comme dans le jeu), la 2° est d'introduire la fiction, ça démarre au sortir des bagnoles, des carapaces, et ça la syncope, elle arrête de vivre de respirer, ou alors elle respire encore plus fort, dans l'attente de la bagnole qui doit arriver à ce moment là. Je crois que le spectateur est bien content qu'il arrive, qu'il se fasse désirer. C'est un petit coup au coeur, une brêche dans la fiction : c'est aussi un peu notre question de spectateur : la journée de cette histoire va-t'elle être bonne ?
Jamais le plan du parking ne nous déçoit : ce plan, cette énonciation qu'on peut dire impersonnelle devient notre.
Il y a d'autre plan qui semple aussi être des vignettres arrachées à l'histoire : par exemple les scènes de sexe explicites dans les bois. Cadrages serrés, ni, ou peu de visages et de regards, caméra dans des angles impossibles ou frontales mais avec la claire sensation qu'elle occupe toute la sphère du hors champ. Il n'y a pas d'autre hors champ possible, idéalement, pour la scène que l'oeil de la caméra qui vient estampiller le plan de sa probité. Là encore c'est une énonciation impersonnelle qui ne préjuge en rien d'un dispositif qu'on ignore ou de la neutralité ou non de la caméra.
Guiraudie fait un film qui a du style et qui n'a de cesse d'interroger le cinéma, qui lui donne un rythme qu'on ne peut pas attribuer au montage mais à une certaine capacité de donner ou reprendre à la fiction pour nous les faire endosser, ses attributs ou les reprendre à son compte un film sans heurts mais plein de décrochages et d'étrangeté
Jamais le plan du parking ne nous déçoit : ce plan, cette énonciation qu'on peut dire impersonnelle devient notre.
Il y a d'autre plan qui semple aussi être des vignettres arrachées à l'histoire : par exemple les scènes de sexe explicites dans les bois. Cadrages serrés, ni, ou peu de visages et de regards, caméra dans des angles impossibles ou frontales mais avec la claire sensation qu'elle occupe toute la sphère du hors champ. Il n'y a pas d'autre hors champ possible, idéalement, pour la scène que l'oeil de la caméra qui vient estampiller le plan de sa probité. Là encore c'est une énonciation impersonnelle qui ne préjuge en rien d'un dispositif qu'on ignore ou de la neutralité ou non de la caméra.
Guiraudie fait un film qui a du style et qui n'a de cesse d'interroger le cinéma, qui lui donne un rythme qu'on ne peut pas attribuer au montage mais à une certaine capacité de donner ou reprendre à la fiction pour nous les faire endosser, ses attributs ou les reprendre à son compte un film sans heurts mais plein de décrochages et d'étrangeté
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
là je te rassure pas de trouble d'identité sexuelle : Guiraudie n'est pas une chochotte à la hitchcock
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Pour ceux qui n'ont pas suivi, pendant que DB fait semblant de discuter ici dans ce fil, son texte, on n'est jamais si bien servi que par soi même figure déjà, je suppose avant même qu'il n'ai été posté ici, dans la rubrique Critiques vos papiers. Sur le fond je n'ai rien à dire, son texte le touche mais sur la forme qu'on m'excuse je trouve qu'il y a foutage de gueule et brutalité de ne pas prévenir. A quoi sert de discuter s'il y a un truc définitif ?
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Salut slimfast,
Tu cherches tellement la bagarre sur à peu près tous les fronts possibles et imaginables que c'en devient risible. Tu ne te souviens pourtant pas de la scène dans Copland ? Ce sont les garçons qui pensent avoir une main pleine à chaque jeu, un royal flush à chaque coup. Calme toi donc un peu et discutons.
Je propose le texte que j'ai publié dans critiques vos papiers sans "tricherie" ou "brutalité", je le mets ici pour qu'on puisse discuter, réfuter, argumenter certains points qui y sont esquissés. Ce texte est aussi définitif que l'écriture-in-progress du forum.
En ce qui concerne la fiction policière sur laquelle tu sembles vouloir monter des frictions, je n'en parle pas pour une raison simple. Ça me parait évident, clair et très bien énoncé par le film, son réalisateur, son scénario. Donc je n'ai eu ni l'envie ni le besoin d'en toucher un mot. Comme le rappelle Borges, la dame du lac, l'inconnu du N-E et aldrich ont même été évoqués par Guiraudie en entretien. On lit partout qu'il s'agit d'un "thriller gay". Comme je pense qu'il y a aussi d'autres choses plus intéressantes dans le film....
Comme son sous-texte politique. Oui, le film propose un vrai geste politique, l'amour aussi est une politique du sentiment ; ça vient d'où ce putain de "vivre ensemble ?" Guiraudie n'est pas un farceur.
Et puis tu ne me lis pas, je dis que l'inconnu, on s'en fiche comme trois pommes, que le sujet du film ce sont des inconnues. Inconnue. Celle d'une sexualité libérée... de quoi ? Libre de quoi ? Oppressée par quoi ?
Au départ, il paraît que le scénario de guiraudie concernait des hétéros mais qu'il ne trouvait pas ça crédible, pas très réaliste. Peut-être aurait-ce là été utopique. Mais le fait d'en faire une gigantesque backroom ou aire de paix pour une sexualité homosexuelle entre hommes n'a pas pour moi rien à voir avec l'absence des femmes dans ce film.
Enfin, toute une dimension grecque anime le film, la stature, les bites, l'éphèbe, le rapport au corps, les hommes comme des statues parmi les bois...
Tu cherches tellement la bagarre sur à peu près tous les fronts possibles et imaginables que c'en devient risible. Tu ne te souviens pourtant pas de la scène dans Copland ? Ce sont les garçons qui pensent avoir une main pleine à chaque jeu, un royal flush à chaque coup. Calme toi donc un peu et discutons.
Je propose le texte que j'ai publié dans critiques vos papiers sans "tricherie" ou "brutalité", je le mets ici pour qu'on puisse discuter, réfuter, argumenter certains points qui y sont esquissés. Ce texte est aussi définitif que l'écriture-in-progress du forum.
En ce qui concerne la fiction policière sur laquelle tu sembles vouloir monter des frictions, je n'en parle pas pour une raison simple. Ça me parait évident, clair et très bien énoncé par le film, son réalisateur, son scénario. Donc je n'ai eu ni l'envie ni le besoin d'en toucher un mot. Comme le rappelle Borges, la dame du lac, l'inconnu du N-E et aldrich ont même été évoqués par Guiraudie en entretien. On lit partout qu'il s'agit d'un "thriller gay". Comme je pense qu'il y a aussi d'autres choses plus intéressantes dans le film....
Comme son sous-texte politique. Oui, le film propose un vrai geste politique, l'amour aussi est une politique du sentiment ; ça vient d'où ce putain de "vivre ensemble ?" Guiraudie n'est pas un farceur.
Et puis tu ne me lis pas, je dis que l'inconnu, on s'en fiche comme trois pommes, que le sujet du film ce sont des inconnues. Inconnue. Celle d'une sexualité libérée... de quoi ? Libre de quoi ? Oppressée par quoi ?
Au départ, il paraît que le scénario de guiraudie concernait des hétéros mais qu'il ne trouvait pas ça crédible, pas très réaliste. Peut-être aurait-ce là été utopique. Mais le fait d'en faire une gigantesque backroom ou aire de paix pour une sexualité homosexuelle entre hommes n'a pas pour moi rien à voir avec l'absence des femmes dans ce film.
Enfin, toute une dimension grecque anime le film, la stature, les bites, l'éphèbe, le rapport au corps, les hommes comme des statues parmi les bois...
DB- Messages : 1528
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Slimfast, je trouve qu'au contraire c'est très bien d'avoir posté ici ce texte pour discussion, même s'il est en même temps sur le site, ça permet de le discuter (ce que tu fais et c'est très bien). Pas de volonté là de figer les choses, au contraire, c'est l'idée qu'un texte doit toujours être discuté, disséqué, même si on peut aussi le lire sur le site. C'est même encore mieux de se dire qu'un texte, même s'il est "publié", est encore en travail…
adeline- Messages : 3000
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Franck à la fin, misérable phalène dans la lumière gueulant sa mère (Michel, à plein poumons, croyant que la créature est retournée d'où elle venait, du lac - ce qui est pour les enfants -) et tu dis que ça n'est pas une farce ? Force est de reconnaître que l'on ne voit pas une fille dans le film mais beaucoup dans la salle : ça marche du feu de dieu et arrête de dire que je suis bagarreur, est-ce que tu gueules sur les autistes ?
oui la confrérie on a compris
adeline a écrit:Slimfast, je trouve qu'au contraire c'est très bien d'avoir posté ici ce texte pour discussion, même s'il est en même temps sur le site, ça permet de le discuter (ce que tu fais et c'est très bien). Pas de volonté là de figer les choses, au contraire, c'est l'idée qu'un texte doit toujours être discuté, disséqué, même si on peut aussi le lire sur le site. C'est même encore mieux de se dire qu'un texte, même s'il est "publié", est encore en travail…
oui la confrérie on a compris
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Sorry slimfast, je ne voulais pas faire bloc contre toi, je voulais juste pas que le topic tourne à la bagarre, parce que c'est bien de discuter ce film…
Dernière édition par adeline le Ven 14 Juin 2013 - 18:11, édité 1 fois
adeline- Messages : 3000
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
d'ailleurs pour ce film c'était drôle le cinéma l'avait déprogrammé d'une salle pour une plus grande et beaucoup de filles, m'a t'il semblé, d'un air dégagé, venaient pour leur édification, des mecs aussi cela dit.
ma colère est passée, je me connais elle reviendra ....
Tu me salues maintenant, je croyais pourtant être transparent, jeune homme ?
Oui j'aurais bien voir déambuler quelques donzelles dans les sous-bois, ça n'aurait pas manqué de piquant ...
Mais comment peux-tu dire des âneries pareilles. Comme dit Guiraudie qui a un regard ironique sur tous ses personnages et méprisant pour celui ci en particulier, il n'a pas réussi en amour avec les femmes : c'est ce que tu appelles un sage ? Un pauvre type contraint d'aller traîner sur ces galets, par dépit, par dégoût, par écoeurement de lui même ? Un type qui dit tranquillement quand j'étais marié je partouzais, je baisais des hommes mais maintenant que ma femme m'a quitté, que je ne suis plus rien, je viens là chercher l'amitié : pauvre type.
En faire sa conclusion c'est comme dire Strauss-Khan est un héros national.
Changeons de perspective. Guiraudie a toujours dit qu'il n'était pas pour le mariage pour tous car il n'était pas pour le mariage, tout bêtement. Dans le film Franck veut toujours passer ses soirées avec Michel, ne pas être seul, bref il lui propose aussitôt le mariage - aussitôt quoi ? Avec ses tee-shirts frais lavés et bien repassés, son allure de gendre parfait, voila, le french-lover tombé sur celui qu'il ne fallait pas, un mec puissant qui n'en fait qu'à sa tête, qui fait peur, qui va jusqu'au bout de ses pulsions. C'est un aspect du film, une petite communauté en plein air que l'on fréquente pour se confronter à ses démons.
Tu me salues maintenant, je croyais pourtant être transparent, jeune homme ?
Oui j'aurais bien voir déambuler quelques donzelles dans les sous-bois, ça n'aurait pas manqué de piquant ...
ce topic est vraiment devenu un ramassis d'imbécillités : ne renouvelle pas ton exploit, qui a tout foutu en l'air.
ma colère est passée, je me connais elle reviendra ....
DB a écrit:Salut slimfast,
Au départ, il paraît que le scénario de guiraudie concernait des hétéros mais qu'il ne trouvait pas ça crédible, pas très réaliste. Peut-être aurait-ce là été utopique. Mais le fait d'en faire une gigantesque backroom ou aire de paix pour une sexualité homosexuelle entre hommes n'a pas pour moi rien à voir avec l'absence des femmes dans ce film.
Tu me salues maintenant, je croyais pourtant être transparent, jeune homme ?
Oui j'aurais bien voir déambuler quelques donzelles dans les sous-bois, ça n'aurait pas manqué de piquant ...
Il faudrait plutôt aller chercher la clé du film dans le personnage d’Henri, sage de la plage et oracle impuissant. Il le dit lui même « un silure de cinq mètres, ça serait déjà bien ».
Mais comment peux-tu dire des âneries pareilles. Comme dit Guiraudie qui a un regard ironique sur tous ses personnages et méprisant pour celui ci en particulier, il n'a pas réussi en amour avec les femmes : c'est ce que tu appelles un sage ? Un pauvre type contraint d'aller traîner sur ces galets, par dépit, par dégoût, par écoeurement de lui même ? Un type qui dit tranquillement quand j'étais marié je partouzais, je baisais des hommes mais maintenant que ma femme m'a quitté, que je ne suis plus rien, je viens là chercher l'amitié : pauvre type.
En faire sa conclusion c'est comme dire Strauss-Khan est un héros national.
Changeons de perspective. Guiraudie a toujours dit qu'il n'était pas pour le mariage pour tous car il n'était pas pour le mariage, tout bêtement. Dans le film Franck veut toujours passer ses soirées avec Michel, ne pas être seul, bref il lui propose aussitôt le mariage - aussitôt quoi ? Avec ses tee-shirts frais lavés et bien repassés, son allure de gendre parfait, voila, le french-lover tombé sur celui qu'il ne fallait pas, un mec puissant qui n'en fait qu'à sa tête, qui fait peur, qui va jusqu'au bout de ses pulsions. C'est un aspect du film, une petite communauté en plein air que l'on fréquente pour se confronter à ses démons.
DB a écrit:Salut slimfast,
Au départ, il paraît que le scénario de guiraudie concernait des hétéros mais qu'il ne trouvait pas ça crédible, pas très réaliste. Peut-être aurait-ce là été utopique. Mais le fait d'en faire une gigantesque backroom ou aire de paix pour une sexualité homosexuelle entre hommes n'a pas pour moi rien à voir avec l'absence des femmes dans ce film.
Tu me salues maintenant, je croyais pourtant être transparent, jeune homme ?
Oui j'aurais bien voir déambuler quelques donzelles dans les sous-bois, ça n'aurait pas manqué de piquant ...
ce topic est vraiment devenu un ramassis d'imbécillités : ne renouvelle pas ton exploit, qui a tout foutu en l'air.
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Salut Slimfast,
écrire plusieurs messages d'affilée ne sert pas à grand chose et tout cela n'est pas très inintelligible.
je veux bien essayer de comprendre ce qui te choque dans le fait que j'édit e un texte sur le site et que je vienne le discuter sur le forum mais il faut m'expliquer. Je ne comprends absolument pas ce qui relie ce geste (proposer un texte sur le forum dans la discussion sur le film) et ta personnalité virtuelle.
A ce titre ton parallèle entre la communauté du film et la communauté de ce forum est très juste.
Je ne trouve pas henri pathétique, bien au contraire. Il est un peu triste, un peu désabusé et il cherche un peu de compagnie. Je crois qu'il est un peu voyeur, un peu désespéré certes mais c'est sa rencontre avec Frank qui le fait rester sur ses galets à l'écart.
Le film ne parle que de ça, rencontrer quelqu'un, lui parler, rencontre quelqu'un, le regarder. D'où les nombreuses scènes où les personnages se saluent ; qui fait la bise à qui, qui serre la main de qui ; qui roule une pelle à qui. Quelle hiérarchie organise nos relations ?
Non Frank ne propose pas le mariage à Michel, il lui propose de vivre avec lui, de partager sa vie ça n'a rien à voir avec le mariage qui est une institutionnalisation du couple, un cadre formel, social et juridique.
Vivre avec quelqu'un, partager sa vie, dormir avec, ça n'a rien à voir avec le fait de se marier. D'ailleurs c'est bien ce que dit Guiraudie en entretien, "le mariage c'est une institution rétrograde, je m'en fous".
écrire plusieurs messages d'affilée ne sert pas à grand chose et tout cela n'est pas très inintelligible.
je veux bien essayer de comprendre ce qui te choque dans le fait que j'édit e un texte sur le site et que je vienne le discuter sur le forum mais il faut m'expliquer. Je ne comprends absolument pas ce qui relie ce geste (proposer un texte sur le forum dans la discussion sur le film) et ta personnalité virtuelle.
A ce titre ton parallèle entre la communauté du film et la communauté de ce forum est très juste.
Je ne trouve pas henri pathétique, bien au contraire. Il est un peu triste, un peu désabusé et il cherche un peu de compagnie. Je crois qu'il est un peu voyeur, un peu désespéré certes mais c'est sa rencontre avec Frank qui le fait rester sur ses galets à l'écart.
Le film ne parle que de ça, rencontrer quelqu'un, lui parler, rencontre quelqu'un, le regarder. D'où les nombreuses scènes où les personnages se saluent ; qui fait la bise à qui, qui serre la main de qui ; qui roule une pelle à qui. Quelle hiérarchie organise nos relations ?
Non Frank ne propose pas le mariage à Michel, il lui propose de vivre avec lui, de partager sa vie ça n'a rien à voir avec le mariage qui est une institutionnalisation du couple, un cadre formel, social et juridique.
Vivre avec quelqu'un, partager sa vie, dormir avec, ça n'a rien à voir avec le fait de se marier. D'ailleurs c'est bien ce que dit Guiraudie en entretien, "le mariage c'est une institution rétrograde, je m'en fous".
DB- Messages : 1528
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Salut Simon,
Ce qui me gêne c'est que tu m'as coupé l'envie de discuter en biaisant, en publiant ta critique et après comme si de rien n'était, sans prévenir, tu es venu inciter à la discussion autour du film alors que ton idée était déjà toute faite, tu l'avais publiée. Quand je m'en suis aperçu je me suis senti trahi, possédé. Maintenant, tu es chez toi, tu fais comme chez toi, c'est normal.
Mais je crois que je vais être un certain temps sans parler cinéma ici, car si c'est pour se faire flouer de cette façon : c'est sur ce coup-là, seulement, précisément où s'est nichée ton indélicatesse (je ne sais pas si tu as la capacté de te mettre à la place de l'autre - ou si tu es toujours porté par le choeur des spectres) ? Si j'avais su que tu publiais ce truc, ça en restait là. Mais c'est ne rien dire qui m'a fait bondir et fulminer. Moi j'en était resté à : on discute et il en sort quelque chose. Si maintenant c'est devenu un truc est publié et on discute après, et bien je me méfie légitimement, j'ai plus confiance.
Cela dit, sans rancune.
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Pourquoi ce topic apparaît-il comme un topic de DB alors que c'est moi qui l'ai ouvert ? Ce n'est pas être bagarreur, Simon, c'est constater une énième petite manipulation.
Quant au reproche d'inutilité sur ce forum lancé à mon encontre par Balthazar Claes et Baudouin voila quelque chose d'objectif et de significatif pour le réduire à néant : sur les deux premières pages des topics consacrés aux films j'en ai ouvert au moins une dizaine, pour un chacun par BC et BB.
Quant au reproche d'inutilité sur ce forum lancé à mon encontre par Balthazar Claes et Baudouin voila quelque chose d'objectif et de significatif pour le réduire à néant : sur les deux premières pages des topics consacrés aux films j'en ai ouvert au moins une dizaine, pour un chacun par BC et BB.
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
On peut dire en fait que cet inconnu du lac, qui prend à bras le corps un problème universel, la loi et ses transgressions, l'homosexualité, le meurtre, lutte sous le feu des regards croisés des protagonistes du film, le beauf, l'amant, le flic, exclusivement pour se débarrasser ce qui entrave sa liberté.
Chacun y perd des plumes sous l'oeil amusé et anar de Guiraudie. Parfois, comme le Michel Poiccard de Godard, le hors la loi meurt, ici comme si de rien n'était, il se volatilise. Au passage on aura eu une leçon de choses sur la drague homosexuelle, un genre. Un dialogue du film entre Henri et Frank, le beauf et l'amoureux transi, fait s'étonner le premier sur le fait qu'on peut n'aimer que les hommes (lui est bi). Je pense qu'il faut prendre cela comme une information brute et non dans le sens psychanalytique où le premier objet d'amour est une femme, sa mère... non je crois que la fonction première de cet inconnu du lac est de montrer une communauté dans ses pratiques les plus immédiates : le commerce du jouir avec comme dans toute compétition, ses gagnants et ses perdants.
Il est aussi question dans ce film des entrées et des sorties de scènes, de plans. Le film se place d'ailleurs d'emblée sur l'entrée dans le plan de la voiture de Franck sur le parking, par ce plan fixe réitéré, usé jusqu'à la corde par l'action qui se déroule entre deux. Il y a effectivement matière à épuisement dans cette forme qu'accompagne l'épuisement du fond, la déréliction de Franck. Le film s'achève sur un incrédule appel pas vraiment à plein poumons de Michel, sans réponse.
Henri lui entre et sort du plan en longeant à pied le lac. Ensuite il y a une relative latéralité des mouvements de caméra que ce soit sur la grève ou sur l'eau du lac. Les entrées, les sorties se font par le fond tout le reste est frontal. Le décor principal, la plage fait étriqué.
Je regrette un peu qu'on perde la géographie des lieux dans les bois, que la drague soit très artificielle et les scènes sexuelles détachées du contexte. L'ensemble laisse à penser que les lieux ont été recomposés. Ce côté là du film est faible, sans fluidité. Il est évident que les choix de position de la caméra d'ensemble ont primé, jusqu'à y compris sur la performance des acteurs.
On a peine à voir se matérialiser le mystère chez l'inconnu du lac. La brutalité, oui.
Chacun y perd des plumes sous l'oeil amusé et anar de Guiraudie. Parfois, comme le Michel Poiccard de Godard, le hors la loi meurt, ici comme si de rien n'était, il se volatilise. Au passage on aura eu une leçon de choses sur la drague homosexuelle, un genre. Un dialogue du film entre Henri et Frank, le beauf et l'amoureux transi, fait s'étonner le premier sur le fait qu'on peut n'aimer que les hommes (lui est bi). Je pense qu'il faut prendre cela comme une information brute et non dans le sens psychanalytique où le premier objet d'amour est une femme, sa mère... non je crois que la fonction première de cet inconnu du lac est de montrer une communauté dans ses pratiques les plus immédiates : le commerce du jouir avec comme dans toute compétition, ses gagnants et ses perdants.
Il est aussi question dans ce film des entrées et des sorties de scènes, de plans. Le film se place d'ailleurs d'emblée sur l'entrée dans le plan de la voiture de Franck sur le parking, par ce plan fixe réitéré, usé jusqu'à la corde par l'action qui se déroule entre deux. Il y a effectivement matière à épuisement dans cette forme qu'accompagne l'épuisement du fond, la déréliction de Franck. Le film s'achève sur un incrédule appel pas vraiment à plein poumons de Michel, sans réponse.
Henri lui entre et sort du plan en longeant à pied le lac. Ensuite il y a une relative latéralité des mouvements de caméra que ce soit sur la grève ou sur l'eau du lac. Les entrées, les sorties se font par le fond tout le reste est frontal. Le décor principal, la plage fait étriqué.
Je regrette un peu qu'on perde la géographie des lieux dans les bois, que la drague soit très artificielle et les scènes sexuelles détachées du contexte. L'ensemble laisse à penser que les lieux ont été recomposés. Ce côté là du film est faible, sans fluidité. Il est évident que les choix de position de la caméra d'ensemble ont primé, jusqu'à y compris sur la performance des acteurs.
On a peine à voir se matérialiser le mystère chez l'inconnu du lac. La brutalité, oui.
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Franck en quelque sorte se donne les allures d'un personnage hitchcockien, qui après avoir scruté les failles de la réalité va basculer dans un monde de danger. Mais le petit fantasme qu'il se donne, le frisson moteur de sa sexualité, vont vite devenir le piège se refermant sur lui, justement car il est en proie au fantasme, pour lequel il a quitté la réalité sans voir que personne ne l'a suivi et qu'en quelque sorte ses désirs ne sont pas la réalité.
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Salut slimfast, salut DB,
Petit avis à chaud, vu hier.
je n'appellerais pas ce lieu, le lac, la plage de galets, une utopie, puisque que ce terme désigne une société ou un gouvernement idéal, « en aucun lieu ».
On est là, sur cette plage, hors de la loi, de la communauté même si cela est possible: on discerne les lumières d'une ville au loin, après un coude du paysage en bordure du lac, alors que la nuit vient.
C'est peut-être une autre raison pour le plan des voitures qui se parquent à proximité de la plage, on laisse là la société comme on se dévêt de ses vêtements pour plonger sous la surface de l'onde, c'est le plan de contact entre l'air et l'eau, entre la ville, la route, ses lois et les environs du lac.
« La communauté est un concept du droit qui désigne un groupe de personnes possédant et jouissant de façon indivise d'un patrimoine en commun »
« En France, s'oppose traditionnellement à celui de société et d'association qui reposent sur un pacte ou une convention volontairement formée par ses membres »
quel serait ce patrimoine ici ? Ces hommes viennent, mis à part Henri, pour du sexe avec des personnes connues ou inconnues.
S'il y a des règles, elles sont tacites, c’est à dire aucune qui ne soit commune: Franck est pris à parti sur les limites du lieu de drague sur la plage par un type jaloux sans que les deux ne puissent se mettre d'accord. Henri n'est pas là pour la drague contrairement aux autres.
il n'y a ni pacte ni convention; des interactions sociales agissent mais le danger est présent.
Rapports protégés ou pas ? Amour protégé, ou pas.
C'est la silure géante dont parlent la rumeur, qui vivrait dans le lac, une menace invisible qui ne semble pas perturber Michel, dont les qualités de nageur sont remarquées, discutées.
Il pratique également l'amour sans préservatif avec Franck , sans peur;
lors d'une scène précédente, avec un autre amant, de passage, cette question avait restreint les possibles amoureux. Sur le tee shirt de cet amant là, le sigle de batman, le justicier, l'âme noire de l'urbanitas et du droit. D'ailleurs de manière ironique son identité est interrogée comme peut l'être celle du super héros de Gotham dans les comics.
Avec Michel, on a un absolu qui transgresse, l'idée de bien commun au profit du privé, de l'individué, de l'intime
(J'aime bien la comparaison de Slimfast avec le saint : le psychopompe des âmes, « Mi cha el », c'est-à-dire « Quis ut deus » en latin, « Qui est (semblable à) Dieu ? » ).
C'est la raison pour laquelle il refuse de suivre Franck chez lui, dormir pour la nuit. Il n'y a pas de partage. Michel serait l'archange du lac qui y prodigue et en protège la croyance.
Cet hors de, c'est aussi un hors de soi, par le sentiment amoureux, ou l'acte même pris dans son éternelle recherche et son éternel inassouvissement.
C'est ce que reproche l'inspecteur de police, la loi, à Franck. Face à un meurtre, l'un des vôtres (?) dit il, comme s'il pensait que cet ensemble d'hommes appartenaient à un groupe distinct du sien, vous ne réagissez pas.
Le corps du mort, du noyé, a disparu sous la surface de l'eau, celle qui reflète les lumières de la ville, pour s'enfoncer dans un royaume autre, celui du désir éternel, de la passion sans fin, de l'inconnu.
S'il y a une recherche, circonscrite à ce lieu, c'est en fin de compte celle-ci, hors de la raison, de la loi, de la communauté des hommes ; dans la solitude absolue.
C'est une étape que je trouve un peu étrange pour Guiraudie, comme s'il voulait être pris au sérieux dorénavant. Ca ne manque pas de courage mais je n'y retrouve pas son panache habituel, ni cet imaginaire débraillé qui devenait peut être un effet de signature trop prononcé à son goût ?
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Salut Erwan,
En fait rien de nouveau sur la thématique, la jouissance, le meurtre, la peur etc... L'homme Blessé de Patrice Chéreau est sorti en 1983 (Guiraudie est né en 64).
En revanche il n'en va pas de même pour le dispositif du film, qui, comme souvent, toujours, chez Guiraudie, ne va jamais de lui même, mais fait systématiquement l'objet d'une intercession de son auteur, délibérément à prendre comme telle, exemple le plan rémanent du parking.
Cela ajouté au propos qui ne peut pas se réduire à un film de drague homo le rend assez indéchiffrable.
En fait rien de nouveau sur la thématique, la jouissance, le meurtre, la peur etc... L'homme Blessé de Patrice Chéreau est sorti en 1983 (Guiraudie est né en 64).
En revanche il n'en va pas de même pour le dispositif du film, qui, comme souvent, toujours, chez Guiraudie, ne va jamais de lui même, mais fait systématiquement l'objet d'une intercession de son auteur, délibérément à prendre comme telle, exemple le plan rémanent du parking.
Cela ajouté au propos qui ne peut pas se réduire à un film de drague homo le rend assez indéchiffrable.
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
Slimfast, je t’ai reconnu, c’est toi dans le film ce mec paumé dans les bois qui demande à Franck s’il y a des filles « chaudes » dans le coin ?slimfast a écrit:
Oui j'aurais bien voir déambuler quelques donzelles dans les sous-bois, ça n'aurait pas manqué de piquant ...
C’est ce qu’il dit mais ses regards sur Franck disent clairement autre chose. Je ne suis pas loin de penser comme Slimfast à propos du personnage de Henri. Un pauvre type qui a peur de se prendre des gamelles et qui joue les stars en attendant qu’on vienne lui parler et qui une fois approché n’est même pas capable d’exprimer franchement son désir. Tellement convaincu de son impuissance, il finira d’ailleurs par se suicider.Erwan a écrit:
Ces hommes viennent, mis à part Henri, pour du sexe avec des personnes connues ou inconnues.
Le voyeur est lui un personnage éminemment plus sympathique car question physique, c’est pas plus un canon que Henri, mais au moins il ose et finit par obtenir ce qu’il veut.
gertrud04- Messages : 241
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
http://next.liberation.fr/cinema/2013/06/25/jlg-3d_913697Quelques jours auparavant, il nous avait demandé de lui apporter si possible un DVD du dernier Guiraudie, l’Inconnu du lac. Il l’a regardé aussitôt et l’a aimé alors que «avec Anne-Marie, on avait des appréhensions». Il juge que la fin ne va pas : «Il cherche à conclure grâce au scénario alors qu’il n’y avait pas besoin. Mais c’est toujours difficile de savoir finir. Il faut juste arrêter, comme un tableau… Moi, je ne suis pas homo, croit-il bon de rappeler. Je trouve ridicule cette breloque que les hommes ont entre les jambes, mais j’aime bien comment Guiraudie filme ça.»
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
décidément Godard en pince pour Guiraudie ... et lycée de Versailles
Invité- Invité
Re: L'inconnu du lac (A. Guiraudie) 2013
erwan a écrit:http://next.liberation.fr/cinema/2013/06/25/jlg-3d_913697«Il cherche à conclure grâce au scénario alors qu’il n’y avait pas besoin. Mais c’est toujours difficile de savoir finir. Il faut juste arrêter, comme un tableau… Moi, je ne suis pas homo, croit-il bon de rappeler. Je trouve ridicule cette breloque que les hommes ont entre les jambes, mais j’aime bien comment Guiraudie filme ça.»
Ne pas chercher à "conclure", ne pas aller au bout, à ce que l'on estime en général être la fin de l'acte sexuel, c'était la morale (pas seulement sexuelle) de l'un des personnages de " Le Roi de l'évasion."
sinon : il dit rien cet article sur Godard
Borges- Messages : 6044
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