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Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films

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Vu  (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films - Page 4 Empty Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films

Message par Invité Dim 25 Nov 2012 - 13:30

Vu le film d'Allan J. Pakula, A cause d'un assassinat- The Parallax view de 74 qui a l'immense inconvénient de nous détourner rapidement du sujet, peu crédible et rebattu - l'assassinat politique, l'enquête fébrile et paranoïaque - pour laisser le spectacle prendre le dessus. Il en faudrait un peu plus, d'argent, d'imagination pour être dans James Bond.

Reconnaissons que l'enquêteur que joue Warren Beatty n'a pas la folie des grandeurs de Bond et qu' au moins deux scènes du film, l'assassinat d'un sénateur qui l'ouvre au pré-générique, et l'assassinat d'un autre qui longuement le clôt sont très réussies.

Un bizarrerie au milieu, une étrange multi-nationale, la Parallax va soumettre Beatty à un traitement proche du Ludovico d'Orange Mécanique pour soit-disant le recruter.

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Message par Invité Lun 26 Nov 2012 - 1:12

Sinon "Nous avons les moyens de vous faire parler", cela vient pas d'Audiard, mais de Rosselini dans "Della Rovere".
Il est vrai que quand Hannes Messemer dit "J'avais dit de juste le torturer, vous serez muté sur le front de l'est", et des trucs pires qu'il ne sert à rien de citer, ça sent le vécu...le film est en fait quand-même retors politiquement et met mal à l'aise, la question qu'il pose c'est nettement "comment exploiter politiquement et symboliquement la noblesse des résistants et des victimes de la Shoah, qui n'ont pas pu énoncer eux-mêmes le récit collectif et national qu'ils incarnaient".

Rosselini postule que pour répondre à cette question, il faut un échelon intermédiaire, qui est d'attribuer une psychologie aux morts. Mais est-ce qu'ils n'ont vraiment pas pu dire eux-même leur propre psychologie? Est-ce que cette impuissance caractérise uniquement les victimes, les objets du racisme et ceux qui combattent avec eux? Dans "Della Rovere",le refoulement de l'histoire et des faits est entièrement placé du côté des victimes, la position du bourreau est au contraire celle du savoir sur sa propre psychologie. Mais c'est une reconstruction. On comprend alors que le travail de Claude Lanzmann est une rupture avec cet angle d'attaque néo-réaliste...
Dans la prison de Milan filmée par Rosselini, il n'est question d'identifier "le vivant qui passe" (ainsi même les gardiens sont résistants), la fiction est là pour occuper la place de ce vivant, pour ne pas l'identifier lui à l'impuissance ou à la démission.


Dernière édition par Tony le Mort le Lun 26 Nov 2012 - 1:43, édité 4 fois

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Message par Invité Lun 26 Nov 2012 - 1:33

La scène génante, c'est quand un des otages dit "j'ai rien fait, je ne supportais même pas les résistants et leurs gamineries" et qu'on lui fait la morale (pas Della Rovere, je crois l'otage communiste, celui qui ne prie pas, et qui est rapporté de l'extérieur au récit) "alors tu l'as mérité, comme l'Italie entière qui n'a pas changé sa routine pendant la guerre". Parce que ce ne sont pas les personnages du film mais les spectateurs de l'après-guerre qui parlent alors. Et l'echo de cette phrase remplace et s'oppose à celle du paysan qui demande en vain un papier et un crayon pour prévenir sa femme, comme s'il avait là une opposition entre le réel et un désir (de fait dans la dernière scène, on croit un moment que c'est à la femme de ce paysan plutôt qu'à celle de Della Rovere qu'écrit Da Sica, avant d'être détrompé).

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Message par Invité Lun 26 Nov 2012 - 1:39

Rosselini accorde une place paradoxale au communisme: celle d'énoncer le consensus moral qui fonde le la société mieux que lui-même. On n'en est pas sorti.

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Message par DB Lun 26 Nov 2012 - 14:12

"Je n'ai pas vu Tabou. Tabou, on l'a vu pour moi. Depuis sa présentation au Festival de Berlin en février dernier, le film a fait le tour
du monde et suscité beaucoup de commentaires. C'est bien simple, Tabou divise le monde en deux catégories : ceux qui l'ont vu et ceux qui ne l'ont pas vu. Ceux qui l'ont vu ne tarissent pas d'éloges : sublime, magnifique, audacieux, émouvant, novateur, on en passe et des meilleures. Ceux qui ne l'ont pas vu, comme moi, écoutent ceux qui l'ont vu et sont bien obligés de les croire. Et comment ne les croirions-nous pas ? Miguel Gomes est l'un des plus passionnants cinéastes de sa génération, portugais de surcroît, ce qui ne gâche rien pour les lusitanophiles – ils existent - qui chérissent Manoel De Oliveira, Joao Ceisar Monteiro, Antonio Reis, Joao Botelho et Jose Alvaro Morais. Les quelques photogrammes qui ont filtré de Tabou nous révèlent un fantastique territoire de songes primitifs où un noir & blanc poudreux caresse les mystères animistes de l'Afrique Noire et le spectre alangui du colonialisme. On y voit un explorateur encasqué, des indigènes armés de piques, une savane blanchie par le soleil et, barbotant dans une eau trouble, un énigmatique crocodile au regard bleu tendre. Comment devant ces preuves de bonne foi, ces quelques fétiches isolés, ne pas se rendre aux jugements unanimes de ces privilégiés qui ont déjà tâté du crocodile ?

Ainsi, sans l'avoir vu, je sais comme tout le monde que Tabou est l'un des plus beaux films de l'année 2012, sinon le plus beau. Mieux : sans l'avoir vu, je sais que je l'aime déjà. Et comment pourrait-il en être autrement puisque déjà, j'aimais profondément les deux premiers longs-métrages de Miguel Gomes, La Gueule que tu mérites (2004) – étonnante variation fantasque et fantasmatique sur le fait de passer la trentaine – et Ce cher mois d'août (2008) – virée picaresque, en Arganil, dans les bals populaires estivaux et l'efflorescence des romances qui les parsèment ? Comme ses prédécesseurs – et comme les plus grands récits contemporains de Lost Highway à Tropical Malady -, Tabou doit être un film plié en deux, en trois, ou en quatre ; il doit comprendre une part de conte, une part de vécu, peut-être une synthèse entre les deux, et mettre en scène ce que, finalement, Gomes a toujours mis en scène : le passage d'un corps dans une fiction ou, plutôt, les allers-retours d'un personnage entre son existence réelle et ses doubles fantasmés. Si j'avais vu le film, j'aurais pu gloser longtemps sur ces riches échanges, mais nul doute qu'on s'en chargera à ma place. Enfin, si j'avais vu Tabou, je n'aurais plus cette divine occasion de le rêver, j'aurais pris le risque de moins l'aimer et c'eût été dommage.

À quoi servirait que je vous rapporte ce qu'est Tabou, puisqu'il existe déjà plein d'articles sur le sujet, et qu'ils vont encore augmenter le jour de sa sortie ? Quiconque le veut, aujourd'hui, sait ce qu'est Tabou : son phénomène recense de nombreux témoins. En revanche, il n'est pas inutile d'indiquer pourquoi il faut aller le voir. Parce que, depuis le début des années 1980, palpite au Portugal un cinéma d'auteur sans pareil, érudit et joueur, frontal et glorieux, ritualiste et aventurier, historique et contemporain, petit îlot de singularité qu'on pourrait bien reconnaître comme la terre d'asile du cinéma européen, son cœur palpitant, auquel Tabou fut, en partie non négligeable, biberonné. Parce que ce cinéma (dont les plus fiers représentants ont été cités plus haut), a trouvé dans les artifices du théâtre et les modulations de la littérature lue (souvent par une suave voix-off) de quoi fouetter jusqu'aux sangs le spectacle naturaliste et sa triste grisaille, titiller l'invisible, fracturer les portes du fantasme et arc-bouter les cérémonies de l'imaginaire sur la forte présence du réel. Parce que Tabou hérite en partie de cette histoire-là et qu'il n'est jamais trop tard pour prendre le train en marche.

Peut-être n'ai-je pas voulu voir Tabou. Je n'ai pas voulu visionner le DVD qu'on a mis a ma disposition, puisque la peur panique du piratage pousse les distributeurs à balafrer la copie d'un affreux logo propriétaire, en plein centre d'une image encodée grossièrement, à la va-vite, et qui réduit le film à sa trace. Qui peut consciencieusement prétendre avoir vu un film dans ces conditions ? Personne. Peut-être la valse des festivals et leur bardée de récompenses, le cycle des projections organisées pour la presse, le phare des avant-premières, n'ont-ils annoncé que trop bien ce qui se produit habituellement pour les films de cette envergure, beaux mais fragiles : fêtés par le petit peuple des festivaliers, relayés par une presse unanime et enthousiaste, ils s'écrasent le jour de leur sortie qui sonne, la plupart du temps, comme leur enterrement. Alors, la fête est finie, le film est livré en pâture au public, il n'appartient plus aux journalistes, plus personne n'en parle, tout le monde est passé à autre chose. C'est la dure loi de l'actualité.

J'irai donc découvrir Tabou comme tout le monde, le jour de sa sortie, le 5 décembre prochain, peut-être même un peu plus tard, en deuxième semaine si possible, seule façon me semble-t-il de le rêver encore un peu, de garder son mystère vibrant au fond de mon cœur, de ne pas me rallier trop tôt à « ceux qui savent », de ne pas passer tout de suite à autre chose, de ne pas l'enterrer trop vite. J'aurai ainsi le privilège de le voir au présent, au moment de sa divulgation, dans la solitude d'une salle anonyme, sans dossier de presse entre les mains, mais avec ma contremarque dans la poche et l'impression irremplaçable d'entretenir sa flamme en temps voulu. Le temps voulu, plutôt que le temps subi.""
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Message par adeline Lun 26 Nov 2012 - 14:26

Il vient d'où ce texte, DB ?

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Message par DB Lun 26 Nov 2012 - 15:34

C'est un texte refusé de Macheret Mathieu qu'il a donc posté sur Facebook.
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Message par adeline Lun 26 Nov 2012 - 16:12

J'ai cru un instant, en lisant de diagonale en travers parce que le ton est un peu trop lisse, un peu trop convenu, que c'était peut-être une idée géniale : parler du Tabou de Gomez sans l'avoir vu en parlant en fait du Tabu de Murnau de manière très cachée… Mais non pas du tout, en fait je ne l'avais pas lu, le texte, avec cette première lecture ; c'est juste un éloge, amical, de quelqu'un qui aime vraiment ce réalisateur et connaît très bien son cinéma, mais qui n'est pas passionnant, et qui suppose quand même quelques préjugés avec lesquels je suis pas d'accord. On peut adorer des films d'un réalisateur et en détester d'autres ; on peut tout à fait faire un vrai travail critique en ne voyant les films qu'au moment de leur sortie ou de leur disponibilité ; cette expression "livré en pâture au public" n'est pas heureuse du tout, surtout qu'il semble en fait penser, le critique qui se mêlera un jour au moins dans sa vie au peuple des bêtes, que ce public-là ne sera pas capable de comprendre et sentir ce que les journalistes ont pu vivre de si merveilleux. Comme si les spectateurs ne parlaient pas des films qu'ils ont vus, eux qui ne sont pas journalistes. Comme si un film ne vivait pas hors de sa vie d'"actualité", comme si les grands films avaient eu besoin des journalistes pour s'imposer, comme si on ne pouvait pas imaginer que ce sont les journalistes qui ont des œillères et voient mal les films qu'ils voient en festival et en projection de presse, car, s'ils n'attendent encore rien du film comme l'auteur de cet article qui est un peu trop tard et qui a entendu parler du film, du moins attendent-ils sérieusement les réalisateurs et les producteurs, au tournant la plupart du temps… Bref, au lieu de parler vraiment de ce que l'attente d'une œuvre désirée peut créer de merveilleux, jusqu'à la déception amère qui permettra à la prochaine surprise d'être encore plus savoureuse, MM parle de sa vie de critique, comme le font tous les critiques du monde actuellement sur tous les blogs de la terre, et qu'est-ce que c'est ennuyeux…

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Message par Invité Lun 26 Nov 2012 - 16:56

Bioscoop is dood.
En néerlandais ça rime bien, surtout bio<->dood...on dirait un titre inédit des Honeymoon Killers.
Le pouvoir aussi est mort mais à la manière de Dieu.

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Message par DB Lun 26 Nov 2012 - 18:21

adeline a écrit:
J'ai cru un instant, en lisant de diagonale en travers parce que le ton est un peu trop lisse, un peu trop convenu, que c'était peut-être une idée géniale : parler du Tabou de Gomez sans l'avoir vu en parlant en fait du Tabu de Murnau de manière très cachée… Mais non pas du tout, en fait je ne l'avais pas lu, le texte, avec cette première lecture ; c'est juste un éloge, amical, de quelqu'un qui aime vraiment ce réalisateur et connaît très bien son cinéma, mais qui n'est pas passionnant, et qui suppose quand même quelques préjugés avec lesquels je suis pas d'accord. On peut adorer des films d'un réalisateur et en détester d'autres ; on peut tout à fait faire un vrai travail critique en ne voyant les films qu'au moment de leur sortie ou de leur disponibilité ; cette expression "livré en pâture au public" n'est pas heureuse du tout, surtout qu'il semble en fait penser, le critique qui se mêlera un jour au moins dans sa vie au peuple des bêtes, que ce public-là ne sera pas capable de comprendre et sentir ce que les journalistes ont pu vivre de si merveilleux. Comme si les spectateurs ne parlaient pas des films qu'ils ont vus, eux qui ne sont pas journalistes. Comme si un film ne vivait pas hors de sa vie d'"actualité", comme si les grands films avaient eu besoin des journalistes pour s'imposer, comme si on ne pouvait pas imaginer que ce sont les journalistes qui ont des œillères et voient mal les films qu'ils voient en festival et en projection de presse, car, s'ils n'attendent encore rien du film comme l'auteur de cet article qui est un peu trop tard et qui a entendu parler du film, du moins attendent-ils sérieusement les réalisateurs et les producteurs, au tournant la plupart du temps… Bref, au lieu de parler vraiment de ce que l'attente d'une œuvre désirée peut créer de merveilleux, jusqu'à la déception amère qui permettra à la prochaine surprise d'être encore plus savoureuse, MM parle de sa vie de critique, comme le font tous les critiques du monde actuellement sur tous les blogs de la terre, et qu'est-ce que c'est ennuyeux…

Oui tout à fait, je l'ai mis ici parce que cela rappelle, s'il le fallait, à quel point c'est une mascarade ces projos de presses
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Message par DB Lun 26 Nov 2012 - 19:58

D'ailleurs adeline, je viens de découvrir que le gars a fait partie du truc allié (contre quoi, contre qui)

GM dit ça de façon amusante et très juste :

Tandis que, sur un blog affligeant, des critiques s'entrelèchent comme de vieux chats dégoûtants, et vont jusqu'à s'auto-interviewer dans un dernier jet d'ego, il faut trouver la patience pour parler un peu de cinéma.
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Message par Invité Lun 26 Nov 2012 - 20:18

j'ai vu L'heure d'été un beau film désenchanté sur l'oubli de l'art et les artistes mais au fond Assayas ne parvient pas se défaire du trait de mollesse qui le caractérise et qui en fait finalement un contemplatif. Ses deux films que je préfère ont une vingtaine d'années et sont consécutifs : L'eau froide et Irma Vep.

Le beau et vrai sujet il faut aller le chercher dans un bonus intitulé Inventaire. Retour sur les oeuvres un film d'Olivier Goinard qui montre d'abord preuve à l'appui ce qu'est la loi de 68 sur la dation (dans le film c'est François-Marie Bannier qui procède à sa destinée, lol) et surtout tout le travail qu'il a fallu faire pour rendre homogènes entre eux les objets qui entouraient ce "faux" peintre Paul Berthier.

Tout un pan des arts décoratifs s'ouvre à nous avec parmi le foisonnement des informations reçues ce commentaire : " une armoire art déco, car elle sert à quelque chose et quoique plus rare, vaudra toujours moins que les tableaux plus abondants mais tirant leur plus-value de ce qu'ils ne servent à rien".

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Message par Invité Jeu 29 Nov 2012 - 10:47

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Message par Invité Jeu 29 Nov 2012 - 11:04

Oui, ils sont en train de mettre en concurrence les travailleurs de Liège, du Luxembourg, de Calais et de Lorraine tout en planifiant vraisemblablement de fermer ou revendre le tout (sans investissement, en rendant l’infrastructure obsolète). Le Limbourg a déjà connu la même histoire avec Ford (11 000 emplois détruits) Et l'état a essayé de les garder en hyper-flexibilisant le marché du travail (par exemple en demandant à ce que le travail de nuit soit taxé au même niveau que le travail de jour).
Et les communautés régionales d'Europe se mettent dans la même position vis-à-vis de Ryanair vis à vis de l'aviation, dans un marché qui finira bien lui-aussi par arriver à saturation.


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Message par Invité Ven 30 Nov 2012 - 14:35

adeline a écrit:MM parle de sa vie de critique, comme le font tous les critiques du monde actuellement sur tous les blogs de la terre, et qu'est-ce que c'est ennuyeux…

Bon d'accord. Mais tu n'échappes pas du tout à cette mode, et la plupart des autres personnes qui écrivent ici ou même sur le site des Spectres non plus. A commencer par DB qui t'approuve.

Une critique n'est jamais que la biographie de son auteur, comme dirait l'autre.

Gomes, vaut sans doute mieux s'amuser à écrire des trucs sur ses films, plutôt que de perdre son temps à aller les voir.

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Message par Invité Ven 30 Nov 2012 - 15:16

Pour Walter Benjamin, la critique c'est l'absolutisation de ce qui est déjà crééVery Happy
J'aime bien cette idée, qui décrit en terme logique, et descriptif, presque matérialiste, une valeur, donc une abstraction.

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Message par Invité Ven 30 Nov 2012 - 17:04

Enfin c'est peut-être un contresens, Benjamin utilise plus souvent le mot "contenu" que "valeur".

Dans la critique aussi, il y a un rapport différence/coïncidence entre le contenu d'un film et sa valeur, souvent difficile à expliquer (peut-être qu'ils coïncident dans les meilleurs de Oliveira et Resnais. LA stratégie de Lang c'est maintenir la différence je crois. Et Pasolini ne sait pas si'l cherche à les fusionner ou séparer ) .

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Message par Invité Ven 30 Nov 2012 - 17:18

la critique c'est retenir le temps du film le faire défiler moins vite. La critique est une suspension du sens, une suspension du défilements des photogrammes.

Je suis toujours frappé quand j'ai lu une critique comme le film roule à toute allure dessus.

Et même les critiques qui veulent épouser le temps du film, qui se veulent véloces, comme celles de Thoret sont encore plus caricaturales.

Du plus loin que je me rappelle j'ai toujours aimé les images animées au moins autant pour la technique qui les sous-tend que pour ce qu'elles ont à dire.

Je préfère au fond le face à face avec le silence plein de bruit d'un objet inanimé.

C'est marrant que Truffaut ait dit que les films étaient comme des trains qui avancent dans la nuit, le premier train du premier film avançait dans le jour. Il aura voulu faire un effet littéraire.

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Message par Invité Ven 30 Nov 2012 - 22:13

"Les choses, quelles qu'elles soient, sont moins saisissables et moins dicibles qu'on ne voudrait la plupart du temps nous le faire croire ; la plupart des événements sont indicibles, ils s'accomplissent dans un espace où jamais un mot n'a pénétré, et les plus indicibles de tous sont les oeuvres de l'art, existences mystérieuses dont la vie, à côté de la nôtre, qui passe, est inscrite dans la durée".

Rainer Maria Rilke, première des Lettres à un jeune poète.

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Message par Invité Mar 4 Déc 2012 - 18:27

Vu  (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films - Page 4 23756__paisa_3

Vu  (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films - Page 4 Paisa_01

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Une idée qui revient souvent chez Rosselini: une séparation entre la mémoire de la résistance et celle des victimes (et que c'est l'oubli de la première qui serait le plus terrible).
Dans Païsa comme dans Della Rovere, la résistance n'est montrée qu'à travers la position du récit sur ce qui a été déjà oublié ou jamais su.

L'exécution de Della Rovere fonctionne de la même manière que la mort de la jeune Sicilienne dans Païsa, celle dont seuls ses tortionnaires connaissent la pureté, mais qui a engage les alliés sur le bon chemin: elle ouvre le film, et est un personnage doublement symétrique, d'abord aux femmes des sketch romain et florentins, qui elles assument à la place des hommes le récit du conflit (c'est la dynamique du retour à la vie civile: il ya une vie civile quand assumer cette mémoire est déjà sortir de l'innocence), ensuite aux partisans dans les marais du Po dans le dernier épisode, qui meurent sous l’œil de leurs alliés, à portée de main, mais quand la victoire est déjà décidée, et le rejet du fascisme une politique nationale).
C'est cette idée: le point de vue du cinéma sur la vertu historique ou le sacrifice est le point de vue du récit sur ce qu'il détruit lui-même.
C'est une stratégie: il faut d'abord que le cinéma soit engagé dans sa mort pour ensuite croire à la singularité irrépétable de qui est monté dans le cinéma (la guerre et la libération). L'inverse de cette mort n'est pas la naissance, c'est d'emblée ce que Marx appelait un spectre ou une farce: le retour d'un rapport de force déjà critiqué, qui n'est, dans cette stratégie qui en fait un recours possible que dans la solitude de ce rapport.


Dernière édition par Tony le Mort le Dim 9 Déc 2012 - 13:12, édité 7 fois

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Message par Invité Mar 4 Déc 2012 - 18:37

Vu  (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films - Page 4 Paisa-rossellini-2

Vu  (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films - Page 4 Paisan

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Tous le discours de Godard sur le cinéma à la fois dans le XXème siècle, dans l'ontologie part de Païsa (le point de vue d'Homère sur la modernité, qui n'est jamais un jugement, ce qui est sa limite).

Que le film me touche, pose des bonnes questions de fond et de forme encore 70 ans après, ça oui (il semble plus moderne, plus proche de nous que 90% d'après, en grande partie grâce aux acteurs et à la manière dont Rosselini les fait jouer, ils arrivent à incarner à la fois un individu et une société, à la fois la croyance en une idéologie et sa critique. En passant c'est aussi un des rares films vraiment bilingue qui fonctionne, dans laquelle la langue reste un fluide quasi-organique, alors que bizarrement les personnages ne se comprennent jamais, sauf l'Américaine de Florence, qui est le seul personnage à d'ailleurs échouer sans mourir dans ce film... ). Que je comprenne ce à quoi il me demande d'adhérer et que je le fasse, je ne le sais pas.


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Message par Invité Sam 8 Déc 2012 - 14:43

je crois me rappeler comment Jerzy avait dit du bien de 35 Rhums de Claire Denis ; j'ai aussi aimé, pas tout de suite progressivement, à mesure que se développe la fiction ; il m'en reste néanmoins le goût un peu amère de la légèreté du film, sa contingence ( le voyage en Allemagne ...), les personnages secondaires pas très consistants comme la femme chauffeur de taxi mais surtout l'image léchée, très "cinéma" français.

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Message par Invité Sam 8 Déc 2012 - 15:33

Des deux films allemands d'Ulrich Köhler que j'ai vus et que je tiens pour deux réussites il y a un point commun : Paul le héros de Bungalow qui arrive de nulle part et s'évanouit pareil, et dans une moindre mesure Nina la femme medecin de Montag qui prend la tangente dans un monde qui ne ressemble à rien sont comme des body snachers à l'envers, leur substitution d'humains en clones a déjà eu lieu avant le début du film : le film demande comment réactiver ce qu'il y a d'humain en eux ? C'est de la politique-fiction, et dans cette cité des morts comme Pasolini appelait le monde d'aujourd'hui, ils semblent les seuls survivants, les seuls dont les actions ne soient pas vaines, contrairement aux apparences, quand le désoeuvrement règne et régit le comportement de ceux qui s'imaginent dans l'action.

Ce renversement du point de vue dont le signe se situe entre la réalité brute et la manière dont les deux personnages, chacun à sa mesure la distord est la marque belle et active du cinéastes sur ces deux films.

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Message par Invité Dim 9 Déc 2012 - 6:35

slimfast a écrit:je crois me rappeler comment Jerzy avait dit du bien de 35 Rhums de Claire Denis


Je n'ai pas vu 35 rhums. J'ai juste mentionné L'intrus, d'après Jean-Luc Nancy, qu'en effet j'ai bcp aimé.

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Message par careful Ven 14 Déc 2012 - 21:47

lucane a écrit:
Je suis entré sans frapper, et ce bienvenue fait plaisir, merci.


Et moi je suis étonné de voir quelqu'un utiliser un dessin de Chippendale (leader des Lightning Bolt) en guise d'avatar.
Bienvenue Lucane.

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