Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
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Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
je propose de rayer Cannes et surtout le quartier qu'on appelle la Californie de la carte ... c'est mon scènario : Eugénio Renzi en satrape bondissant exhibe les seins de Sophie Marceau pour arrêter la débandade. Badiou ricane en mangeant son riz cantonnais. Gilles Jacob rapplique en mort-vivant. Tout se finit dans la piscine moussue du Carlton. Sophie Letourneur est la reine de la fête. Haneke déprime.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
je tiens à porter à la connaissance de tous la patience et l'efficacité avec lesquelles py a résolu tous mes problèmes de connexion au forum.
Qu'il en soit chaleureusement remercié.
Qu'il en soit chaleureusement remercié.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Tu vas me faire pleurer !
C'était la moindre des choses pour un méga-contributeur comme toi, qui va pouvoir encore plus méga-contribuer
C'était la moindre des choses pour un méga-contributeur comme toi, qui va pouvoir encore plus méga-contribuer
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
ombres chinoises;
"spoilers"
deux films récents portent en fanion l'angoisse que suscite la Chine, sa puissance économique, aux USA. L'image préfabriquée du leadership mondiale américain semble s'atténuer dans un avenir plus ou moins proche face au colosse du milieu. Cela a été un des ressorts fantasmatiques du débat sur la politique étrangère de l'élection américaine (une comédie dont a parlé Balthazar C, celle avec Will Ferrell, en fait également un argument de campagne, la possibilité d'un dénouement éthique à tant de vicissitudes).
L'allégorie-invention est limpide dans le dernier film du scénariste David Koepp, Premium Rush. Un représentant de l'ordre et de la loi s'endette de manière démesurée dans une arrière salle de jeu d'un quartier chinois de New York. Dans la réalité, la chine doit posséder entre 20 et 30% de la dette américaine. Ce personnage d'inspecteur semble représenter la présidence Bush , l'idéologie qui en est issue, réactionnaire, violente et impérialiste. L'inspecteur accepte d'aider les mafieux chinois à retrouver un ticket, le mac guffin implanté à l'intérieur de la narration, qui symbolise l'opportunité pour une jeune immigré chinoise ayant réussi sa vie aux US de faire venir son enfant resté là bas. Ce ticket est baladé d'un bout à l'autre de l'île de Manhattan grâce à un service de livraison de bikers qui s'exfiltrent hors des bouchons, slaloment entre les véhicules, et, à l'image de l'acteur principal, le sémillant Gordon-Levitt, synthétise la pensée en mouvement chère ... aux surfers: ainsi le moindre obstacle, principalement aux intersections, moment où le biker fonce sans se soucier de la priorité, son vélo n'étant pas équipé de frein, l'image et le temps se déploient en possibilités d'effractions, en faux flashforwards pendant lesquels l'esprit "compute" la trajectoire idéale, les gestes parfaits, qui permettent à l'intéressé de passer la zone de danger sans dommage, sans collision.
La course poursuite qui s'engage entre le biker, et sa communauté empreinte de mixité, de jeunesse, de modernité (il y a tout de même un vieux biker amateur de livres je crois, tout à fait cool), et l'inspecteur témoigne du choc entre deux univers, entre deux conceptions de la compétition. Et le dénouement du film, les retrouvailles entre l'enfant et la mère, se veut rassurant quand à la capacité d'accueil du sol américain, sa possibilité de se régénérer, quand la Chine est perçue comme un environnement concentrationnaire et rigide.
Second film, avec le même acteur Joseph Gordon-Levitt: Looper de Rian Johnson. Les personnages décrits sont d'un arrivisme et d'un cynisme redoutable, des tueurs à gages pris dans les paradoxes temporels. A l'image des traders contemporains, ils bazardent l'idée d'un futur à long terme pour une vie de débauche immédiate. Le réalisateur use lui aussi des flash forwards, de manière moins ludique que ce que l'on peut voir chez Koepp, parfois avec un peu de lourdeur, afin de montrer ce que les actions entreprises (ou l'absence d'action)vont déclencher. Gordon Levitt et Willis jouent le même personnage, à trente ans d'écart. Afin de renforcer la ressemblance, le visage de Gordon-Levitt a subi une greffe étrange. Le personnage joué par Levitt élimine des hommes venant du futur, que la mafia de cette époque juge trop gênant. C'est son job de Looper. Il arrive qu'un Looper élimine sa propre personne, vieillie de 30 ans. Ce qui renforce chez ces individus l'idée d'une vie dilapidée, sans souci de ce qui adviendra ou sans sentiment d'appartenir à communauté de destin. Lors d''une longue séquence, la vie du looper est racontée, dans le futur, après qu'il aura bouclé la boucle, qu'il se sera assassiné lui même, dans ce laps de temps de trente ans qu'il lui reste à vivre, et suivant le conseil de son boss, qui connaissait la manière dont le monde allait évoluer, il se rend à Shangaï, devient Bruce willis, pète tout, et trouve l'amour auprès d'une belle chinoise. A croire que les Us sont en plein marasme. Sur ce Bruce willis revient dans le passé pour se faire tuer par Gordon Levitt; mais le souvenir de sa femme assassinée au moment où la mafia du futur débarque pour lui faire achever sa boucle le pousse à vouloir changer les données du problème; il s'échappe et décide de tuer les responsables de la mort de son épouse chérie, qui ne sont que des enfants trente ans plus tôt. Les deux versions du personnage s'affrontent, l'une pour le pognon, l'autre pour l'amour de la Chine lol. Jusqu'à ce qu'il y en ait une, au final, qui comprenne qu'elle fait fausse route. Que l'Amérique doit se relever, que les graines doivent germer dans un environnement plein de caritas et d'espoir etc ...
Celui ci a un goût de dissertation empesée tandis que Koepp nous livre un petit film d'action sympa, faussement débonnaire.
"spoilers"
deux films récents portent en fanion l'angoisse que suscite la Chine, sa puissance économique, aux USA. L'image préfabriquée du leadership mondiale américain semble s'atténuer dans un avenir plus ou moins proche face au colosse du milieu. Cela a été un des ressorts fantasmatiques du débat sur la politique étrangère de l'élection américaine (une comédie dont a parlé Balthazar C, celle avec Will Ferrell, en fait également un argument de campagne, la possibilité d'un dénouement éthique à tant de vicissitudes).
L'allégorie-invention est limpide dans le dernier film du scénariste David Koepp, Premium Rush. Un représentant de l'ordre et de la loi s'endette de manière démesurée dans une arrière salle de jeu d'un quartier chinois de New York. Dans la réalité, la chine doit posséder entre 20 et 30% de la dette américaine. Ce personnage d'inspecteur semble représenter la présidence Bush , l'idéologie qui en est issue, réactionnaire, violente et impérialiste. L'inspecteur accepte d'aider les mafieux chinois à retrouver un ticket, le mac guffin implanté à l'intérieur de la narration, qui symbolise l'opportunité pour une jeune immigré chinoise ayant réussi sa vie aux US de faire venir son enfant resté là bas. Ce ticket est baladé d'un bout à l'autre de l'île de Manhattan grâce à un service de livraison de bikers qui s'exfiltrent hors des bouchons, slaloment entre les véhicules, et, à l'image de l'acteur principal, le sémillant Gordon-Levitt, synthétise la pensée en mouvement chère ... aux surfers: ainsi le moindre obstacle, principalement aux intersections, moment où le biker fonce sans se soucier de la priorité, son vélo n'étant pas équipé de frein, l'image et le temps se déploient en possibilités d'effractions, en faux flashforwards pendant lesquels l'esprit "compute" la trajectoire idéale, les gestes parfaits, qui permettent à l'intéressé de passer la zone de danger sans dommage, sans collision.
La course poursuite qui s'engage entre le biker, et sa communauté empreinte de mixité, de jeunesse, de modernité (il y a tout de même un vieux biker amateur de livres je crois, tout à fait cool), et l'inspecteur témoigne du choc entre deux univers, entre deux conceptions de la compétition. Et le dénouement du film, les retrouvailles entre l'enfant et la mère, se veut rassurant quand à la capacité d'accueil du sol américain, sa possibilité de se régénérer, quand la Chine est perçue comme un environnement concentrationnaire et rigide.
Second film, avec le même acteur Joseph Gordon-Levitt: Looper de Rian Johnson. Les personnages décrits sont d'un arrivisme et d'un cynisme redoutable, des tueurs à gages pris dans les paradoxes temporels. A l'image des traders contemporains, ils bazardent l'idée d'un futur à long terme pour une vie de débauche immédiate. Le réalisateur use lui aussi des flash forwards, de manière moins ludique que ce que l'on peut voir chez Koepp, parfois avec un peu de lourdeur, afin de montrer ce que les actions entreprises (ou l'absence d'action)vont déclencher. Gordon Levitt et Willis jouent le même personnage, à trente ans d'écart. Afin de renforcer la ressemblance, le visage de Gordon-Levitt a subi une greffe étrange. Le personnage joué par Levitt élimine des hommes venant du futur, que la mafia de cette époque juge trop gênant. C'est son job de Looper. Il arrive qu'un Looper élimine sa propre personne, vieillie de 30 ans. Ce qui renforce chez ces individus l'idée d'une vie dilapidée, sans souci de ce qui adviendra ou sans sentiment d'appartenir à communauté de destin. Lors d''une longue séquence, la vie du looper est racontée, dans le futur, après qu'il aura bouclé la boucle, qu'il se sera assassiné lui même, dans ce laps de temps de trente ans qu'il lui reste à vivre, et suivant le conseil de son boss, qui connaissait la manière dont le monde allait évoluer, il se rend à Shangaï, devient Bruce willis, pète tout, et trouve l'amour auprès d'une belle chinoise. A croire que les Us sont en plein marasme. Sur ce Bruce willis revient dans le passé pour se faire tuer par Gordon Levitt; mais le souvenir de sa femme assassinée au moment où la mafia du futur débarque pour lui faire achever sa boucle le pousse à vouloir changer les données du problème; il s'échappe et décide de tuer les responsables de la mort de son épouse chérie, qui ne sont que des enfants trente ans plus tôt. Les deux versions du personnage s'affrontent, l'une pour le pognon, l'autre pour l'amour de la Chine lol. Jusqu'à ce qu'il y en ait une, au final, qui comprenne qu'elle fait fausse route. Que l'Amérique doit se relever, que les graines doivent germer dans un environnement plein de caritas et d'espoir etc ...
Celui ci a un goût de dissertation empesée tandis que Koepp nous livre un petit film d'action sympa, faussement débonnaire.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/11/09/le-24e-forum-philo-le-monde-le-mans-pratique_1787826_3260.html
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
slimfast a écrit:http://www.lemonde.fr/livres/article/2012/11/09/le-24e-forum-philo-le-monde-le-mans-pratique_1787826_3260.html
Un « forum » qui est en fait une série de conférences, ou plutôt de conférences de presse, par les pondeurs de best-sellers du moment. Ça commence par une « leçon inaugurale » de Alain Badiou qui s'interroge, sous l'égide de Daniel Balavoine, sur un thème névralgique d'aujourd'hui : « Qu'est-ce qui pourrait sauver l'amour ? ». Le deuxième jour, Christine Angot, Pascal Bruckner et un économiste au micro, pour une table ronde autour du champ de recherche ouvert par Jean-Jacques Goldman. Intitulé général de la séance : « Il suffira d'un signe, un matin » (ça je l'invente pas, c'est marqué). En clôture le troisième jour, Laure Adler, puis Alain Finkielkraut qui viendra nous rappeler que trop d'amour tue l'amour, et qu'il faut quand même savoir mettre des limites à la chienlit, surtout dans les banlieues.
Bruckner et Finkielkraut, grands spécialistes de l'amour contemporain, qui nous apprenaient en 1977 dans « Le nouveau désordre amoureux », que pour Deleuze, l'amour est une valeur « ignoble ». C'est pas la marrade.
Devenir amoureux, c’est individualiser quelqu’un par les signes qu’il porte ou qu’il émet. C’est devenir sensible à ces signes, en faire l’apprentissage (...). Il se peut que l’amitié se nourrisse d’observation et de conversation, mais l’amour naît et se nourrit d’interprétation silencieuse. L’être aimé apparaît comme un signe, une « âme », il exprime un monde possible inconnu de nous. L’aimé implique, enveloppe, emprisonne un monde, qu’il faut déchiffrer, c’est-à-dire interpréter. Il s’agit même d’une pluralité de mondes ; le pluralisme de l’amour ne concerne pas seulement la multiplicité des êtres aimés, mais la multiplicité des âmes ou des mondes en chacun d’eux. Aimer, c’est chercher à expliquer, à développer ces mondes inconnus qui restent enveloppés dans l’aimé. C’est pourquoi il nous est si facile de tomber amoureux de femmes qui ne sont pas de notre « monde », ni même de notre type. C’est pourquoi aussi les femmes aimées sont souvent liées à des paysages, que nous connaissons assez pour souhaiter leur reflet dans les yeux d’une femme, mais qui se reflètent alors d’un point de vue si mystérieux que ce sont pour nous comme des pays inaccessibles, inconnus (...).
Il y a donc une contradiction de l’amour. Nous ne pouvons pas interpréter les signes d’un être aimé sans déboucher dans ces mondes qui ne nous ont pas attendu pour se former, qui se formèrent avec d’autres personnes, et où nous ne sommes d’abord qu’un objet parmi les autres. L’amant souhaite que l’aimé lui consacre ses préférences, ses gestes et ses caresses. Mais les gestes de l’aimé, au moment même où ils s’adressent à nous et nous sont dédiés, expriment encore ce monde inconnu qui nous exclut. L’aimé nous donne des signes de préférence ; mais comme ces signes sont les mêmes que ceux qui expriment des mondes dont nous ne faisons pas partie, chaque préférence dont nous profitons dessine l’image du monde possible où d’autres seraient ou sont préférés. (...) La contradiction de l’amour consiste en ceci : les moyens sur lesquels nous comptons pour nous préserver de la jalousie sont les moyens mêmes qui développent cette jalousie, lui donnant une espèce d’autonomie, d’indépendance à l’égard de notre amour.
Deleuze, Gilles
balthazar claes- Messages : 1009
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Bel ex-voto c'est vrai mais pour les conférences on préférera les vivants dussent-ils comme nous tous avoir humblement reçu notre prêt-à-porter commun à leur naissance et le traîner humblement jusqu'au terminus.
C'est le sujet qui est à la mode.
Je crois par ailleurs que Deleuze est un philosophe trouillard qui a passé beaucoup d'énergie à s'accommoder sur pas mal de sujets de cette trouille.
C'est le sujet qui est à la mode.
Je crois par ailleurs que Deleuze est un philosophe trouillard qui a passé beaucoup d'énergie à s'accommoder sur pas mal de sujets de cette trouille.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Han, blasphème, lol
“Courage consists, however, in agreeing to flee rather than live tranquilly and hypocritically in false refuges. Values, morals, homelands, religions, and these private certitudes that our vanity and our complacency bestow generously on us, have many deceptive sojourns as the world arranges for those who think they are standing straight and at ease, among stable things” GD
Le courage consiste à accepter de fuir au lieu de vivre tranquillement et hypocritement, dans des faux refuges... Courage, fuyons - sous cet angle peut-être, tu n'aurais pas tort. « Il se peut que je fuie, mais tout au long de ma fuite je cherche une arme », Georges Jackson depuis sa prison.
Moi ce que j'en dis c'est que les forums c'est plutôt ici que chez Le Monde, que le discours de Finkielkraut est ce qui se fait de plus éloigné possible du sujet dont il se mêle de causer... que cette conférence a l'air d'un triste gag.
“Courage consists, however, in agreeing to flee rather than live tranquilly and hypocritically in false refuges. Values, morals, homelands, religions, and these private certitudes that our vanity and our complacency bestow generously on us, have many deceptive sojourns as the world arranges for those who think they are standing straight and at ease, among stable things” GD
Le courage consiste à accepter de fuir au lieu de vivre tranquillement et hypocritement, dans des faux refuges... Courage, fuyons - sous cet angle peut-être, tu n'aurais pas tort. « Il se peut que je fuie, mais tout au long de ma fuite je cherche une arme », Georges Jackson depuis sa prison.
Moi ce que j'en dis c'est que les forums c'est plutôt ici que chez Le Monde, que le discours de Finkielkraut est ce qui se fait de plus éloigné possible du sujet dont il se mêle de causer... que cette conférence a l'air d'un triste gag.
balthazar claes- Messages : 1009
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
navré que ce happening ne s'avère pas à la hauteur de ta noble exigence lol
encore une fois c'est le sujet qui m'intéresse car je n'ai point encore le contenu ....
encore une fois c'est le sujet qui m'intéresse car je n'ai point encore le contenu ....
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Hé bien nous sommes intéressés d'apprendre que l'amour t'intéresse - en dépit du contenu longuement exposé dans la présentation -, c'est très sensible de ta part. lol
balthazar claes- Messages : 1009
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
ce sujet c'est vrai m'intéresse dans ma vie. Sur le forum il m'intéresse car il apparaît de toutes parts, films, livres, débats. Voili, voilou.
Et toi pourquoi cela t'intéresse-t'il ce sujet auquel tu prends soin de répondre ?
Et toi pourquoi cela t'intéresse-t'il ce sujet auquel tu prends soin de répondre ?
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Ben, je suppose que j'ai d'abord voulu exprimer mon agacement face à ce bradage des mots "forum" et philosophie", lequel bradage risque fortement d'impliquer aussi celui de l'"amour", à vue de nez. Surtout avec la crise !
balthazar claes- Messages : 1009
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
balthazar claes a écrit:Ben, je suppose que j'ai d'abord voulu exprimer mon agacement face à ce bradage des mots "forum" et philosophie", lequel bradage risque fortement d'impliquer aussi celui de l'"amour", à vue de nez. Surtout avec la crise !
Bref, les amphigouris habituels ....
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Amphigouri "texte ou dessin volontairement obscur ou inintelligible à visée burlesque"
hé bien quoi c'est très clair, ils font un forum qui n'en est pas un (parole tenue par les illustres conférenciers), intitulé "de philosophie" alors que c'en est pas. C'est la mode de ces rassemblements organisés par les grands journaux pour se donner un air de faire de la "politique participative".
C'est un peu comme la carte "fidélité" dans les supermarchés, un usage de la langue qui fait que ça ne veut plus rien dire.
hé bien quoi c'est très clair, ils font un forum qui n'en est pas un (parole tenue par les illustres conférenciers), intitulé "de philosophie" alors que c'en est pas. C'est la mode de ces rassemblements organisés par les grands journaux pour se donner un air de faire de la "politique participative".
C'est un peu comme la carte "fidélité" dans les supermarchés, un usage de la langue qui fait que ça ne veut plus rien dire.
balthazar claes- Messages : 1009
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
DB a écrit:à l'attention de py
Vous êtes trop mignons! C'est un plaisir de vous servir amis spectres.
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
j'ai l'occasion d'aller à une Masterclass de Serge Viallet à propos de Mystères d'Archives, un programme d'Arte le samedi à 17h45 avec projection de :
1975 La chute de Saïgon 26'
1978 Les images retrouvées des kmers rouges 26'. J'ai vu des extraits de celui-ci qui analyse la mise en scène de ce pouvoir. Ca m'a beaucoup intéressé.
Quelqu'un connait ?
1975 La chute de Saïgon 26'
1978 Les images retrouvées des kmers rouges 26'. J'ai vu des extraits de celui-ci qui analyse la mise en scène de ce pouvoir. Ca m'a beaucoup intéressé.
Quelqu'un connait ?
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
encore une tartine sur l'amour ....
( c'est le magazine des libraires )
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Vu "Argo" de Ben Affleck.
Totalement nul et sans idées comme film de genre, et sans cesse déplaisant.
Après une introduction en BD qui rappelle les coups fumeux de la CIA en Iran, on s'attend à une satire. Il n'en est rien et le film se borne à tresser des lauriers aux héros anonymes de l'Intelligence agency.
La vision de l'Iran et des Iraniens, c'est consternant: juste une bande de braillards complètement allumés, observés avec inquiétude derrière une vitre.
On croit comprendre que le film, produit par des types dits "libéraux" à Hollywood (Clooney par exemple), n'a pas d'autre ambition que de nous assurer que les administrations démocrates n'ont pas de leçon à recevoir des présidences républicaines, pour ce qui est de faire régner la loi et l'ordre dans ce monde.
Je crois me rappeler que la libération des otages de l'ambassade US est intervenue dans les heures qui suivirent la cérémonie d'investiture de Reagan, en 81. Le bénéfice lui en revint. Carter, qui avait manoeuvré jusque là, dut en prendre ombrage.
"Argo" est sorti en octobre, aux Etats-Unis, juste avant l'élection présidentielle. Comme s'il s'agissait de convaincre les électeurs qu'Obama ferait aussi bien que Romney sur le dossier iranien.
Totalement nul et sans idées comme film de genre, et sans cesse déplaisant.
Après une introduction en BD qui rappelle les coups fumeux de la CIA en Iran, on s'attend à une satire. Il n'en est rien et le film se borne à tresser des lauriers aux héros anonymes de l'Intelligence agency.
La vision de l'Iran et des Iraniens, c'est consternant: juste une bande de braillards complètement allumés, observés avec inquiétude derrière une vitre.
On croit comprendre que le film, produit par des types dits "libéraux" à Hollywood (Clooney par exemple), n'a pas d'autre ambition que de nous assurer que les administrations démocrates n'ont pas de leçon à recevoir des présidences républicaines, pour ce qui est de faire régner la loi et l'ordre dans ce monde.
Je crois me rappeler que la libération des otages de l'ambassade US est intervenue dans les heures qui suivirent la cérémonie d'investiture de Reagan, en 81. Le bénéfice lui en revint. Carter, qui avait manoeuvré jusque là, dut en prendre ombrage.
"Argo" est sorti en octobre, aux Etats-Unis, juste avant l'élection présidentielle. Comme s'il s'agissait de convaincre les électeurs qu'Obama ferait aussi bien que Romney sur le dossier iranien.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Une anecdote, en passant.
Tout à l'heure, je passe à la médiathèque, des "unités" à exploiter de mon abonnement mensuel... Mais c'est le désert, rien à becqueter. Je prends quelques vagues trucs, sans conviction, dont The Artist, de Hazananatruc, déjà acquis à l'idée que je me ferais ch... comme un rat mort, anyway.
J'ajoute la saison 1 de Lost, en me disant que je me ferai sûrement moins ch... et qu'il est un peu temps de voir de quoi il en retourne.
Au comptoir, le gars, quand son scanner tombe sur The Artist, a les yeux qui se mettent à briller.
- "Et vous connaissez Le bruit des glaçons", qu'y m'fait?
- Euh, je sais pas, je suis pas spécialement fan de Dujardin, c'est juste qu'on en a tellement parlé, alors... C'est de qui? ça vaut le coup? C'est la même équipe?
- Je ne sais pas, mais ça vaut vraiment le coup. C'est Dujardin ET Dupontel, avec une mise en scène qui fait penser au théâtre, d'ailleurs c'est adapté d'une pièce de théâtre. ils sont extraordinaires dans ce film-là, c'est à voir.
- (comme je suis pas contraire, comme mec): aaah, mais ça m'intéresse dites-donc (tu parles, Dujardin, Dupontel, le théâtre, tout ce que j'aime). Bon, je retiens le titre - "le bruit des glaçons"...
- Ah mais je vois que vous avez encore des unités de libre, je vais vous le cherchez?
- Oh mais oui, avec plaisir. Soyons fou, hop (d'un geste magnanime).
Tout content, il part trifouiller les rayons et revient avec 4 ou 5 dvds, de super-films à me conseiller (y s'dit sans doute: le pauv'gars, s'il en est encore à Loft, faut un peu le diriger vers des nourritures plus substantielles...). Je regarde les films de la pile.
- "Aaah (pour pas le décevoir), The black swan, je connais très bien, très bon film, cette ballerine qui a des hallucinations, c'est un peu comme dans un Polanski... Aaaah oui, The brown bunny, je connais aussi, excellent. Le type qui erre dans le désert avec son van et sa moto, une sorte de road movie, c'est magnifique, Vincent Gallo est formidable dans c'film-là, et... OoOoh, L'Arbre... Julie Bertucelli, tiens, je connais pas, ça a l'air pas mal du tout. - C'est Charlotte, elle est sublime. - Ah ça oui, pour sûr, elle est sublime, je suis un grrrand fan de Charlotte Gainsbourg. Etc.
Bon, alors je sors, avec Le bruit des glaçons in the pocket. Sous la lumière blafarde du réverbère, je jette un coup d’œil à la pochette. Un film de Bertrand Blier. Je m'étais juré de ne plus jamais voir un film de Bertrand Blier depuis Merci la vie. ça alors... Quel bonheur.
Tout à l'heure, je passe à la médiathèque, des "unités" à exploiter de mon abonnement mensuel... Mais c'est le désert, rien à becqueter. Je prends quelques vagues trucs, sans conviction, dont The Artist, de Hazananatruc, déjà acquis à l'idée que je me ferais ch... comme un rat mort, anyway.
J'ajoute la saison 1 de Lost, en me disant que je me ferai sûrement moins ch... et qu'il est un peu temps de voir de quoi il en retourne.
Au comptoir, le gars, quand son scanner tombe sur The Artist, a les yeux qui se mettent à briller.
- "Et vous connaissez Le bruit des glaçons", qu'y m'fait?
- Euh, je sais pas, je suis pas spécialement fan de Dujardin, c'est juste qu'on en a tellement parlé, alors... C'est de qui? ça vaut le coup? C'est la même équipe?
- Je ne sais pas, mais ça vaut vraiment le coup. C'est Dujardin ET Dupontel, avec une mise en scène qui fait penser au théâtre, d'ailleurs c'est adapté d'une pièce de théâtre. ils sont extraordinaires dans ce film-là, c'est à voir.
- (comme je suis pas contraire, comme mec): aaah, mais ça m'intéresse dites-donc (tu parles, Dujardin, Dupontel, le théâtre, tout ce que j'aime). Bon, je retiens le titre - "le bruit des glaçons"...
- Ah mais je vois que vous avez encore des unités de libre, je vais vous le cherchez?
- Oh mais oui, avec plaisir. Soyons fou, hop (d'un geste magnanime).
Tout content, il part trifouiller les rayons et revient avec 4 ou 5 dvds, de super-films à me conseiller (y s'dit sans doute: le pauv'gars, s'il en est encore à Loft, faut un peu le diriger vers des nourritures plus substantielles...). Je regarde les films de la pile.
- "Aaah (pour pas le décevoir), The black swan, je connais très bien, très bon film, cette ballerine qui a des hallucinations, c'est un peu comme dans un Polanski... Aaaah oui, The brown bunny, je connais aussi, excellent. Le type qui erre dans le désert avec son van et sa moto, une sorte de road movie, c'est magnifique, Vincent Gallo est formidable dans c'film-là, et... OoOoh, L'Arbre... Julie Bertucelli, tiens, je connais pas, ça a l'air pas mal du tout. - C'est Charlotte, elle est sublime. - Ah ça oui, pour sûr, elle est sublime, je suis un grrrand fan de Charlotte Gainsbourg. Etc.
Bon, alors je sors, avec Le bruit des glaçons in the pocket. Sous la lumière blafarde du réverbère, je jette un coup d’œil à la pochette. Un film de Bertrand Blier. Je m'étais juré de ne plus jamais voir un film de Bertrand Blier depuis Merci la vie. ça alors... Quel bonheur.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
J'ai assisté à la masterclass d'un auteur de films documentaires, Serge Viallet, qui réalise une collection de film de 26 m' présenté sur Arte le samedi après midi, films faits en collaboration avec l'INA avec de gros moyens, puisque son équipe dispose de 4 à 8 mois pour réaliser chaque numéro.
La collection s'appelle Mystères d'archives et le "cours" à consisté à nous montrer avec exemples à l'appui comment, dans un film qui défile à vitesse normale on passe à côté d'un multitudes d'accrocs dans ce que ses images sont censées représenter.
Un des clous de la démonstration a été de montrer comment a été découvert que les images américaines qui fêtaient la fin de la guerre de 14, le 11 novembre, et qui ont fait le tour du monde, ont en réalité été tournées le 7, car un envoyé spécial américain au Hâvre ne comprenant ni le français ni l'allemand avait cru comprendre que la guerre était finie, l'avait cablé aux Etats-Unis dont la presse avait repris l'information.
Ensuite ont été projetés dans leur intégralité 2 Mystères d'archives :
1975 - la chute de Saïgon qui montre comment les troupes du nord entrées victorieuses dans la ville le 29 avril 1975 ont d'abord utilisé à leur profit les médias du monde entiers (il valait quand même mieux ne pas être américain) puis les ont congédiés quand elle n'en n'ont plus eu besoin.
et un film passionnant 1978 les images retrouvées des khmers rouges qui à force d'indices rendus visibles par des ralentis et des interprétations de témoins montrent très précisément l'horreur du régime khmer au travers des images de propagande qu'ils ont tournées.
Ce que j'ai aimé dans cette présentation des films et les films eux-mêmes est que, contrairement aux films historiques lénifiants dont les commentaires redoublent les faits filmés, ici les commentaires portent quasi exclusivement sur les images filmées tout en donnant un sens à l'Histoire avec un grand H.
La collection s'appelle Mystères d'archives et le "cours" à consisté à nous montrer avec exemples à l'appui comment, dans un film qui défile à vitesse normale on passe à côté d'un multitudes d'accrocs dans ce que ses images sont censées représenter.
Un des clous de la démonstration a été de montrer comment a été découvert que les images américaines qui fêtaient la fin de la guerre de 14, le 11 novembre, et qui ont fait le tour du monde, ont en réalité été tournées le 7, car un envoyé spécial américain au Hâvre ne comprenant ni le français ni l'allemand avait cru comprendre que la guerre était finie, l'avait cablé aux Etats-Unis dont la presse avait repris l'information.
Ensuite ont été projetés dans leur intégralité 2 Mystères d'archives :
1975 - la chute de Saïgon qui montre comment les troupes du nord entrées victorieuses dans la ville le 29 avril 1975 ont d'abord utilisé à leur profit les médias du monde entiers (il valait quand même mieux ne pas être américain) puis les ont congédiés quand elle n'en n'ont plus eu besoin.
et un film passionnant 1978 les images retrouvées des khmers rouges qui à force d'indices rendus visibles par des ralentis et des interprétations de témoins montrent très précisément l'horreur du régime khmer au travers des images de propagande qu'ils ont tournées.
Ce que j'ai aimé dans cette présentation des films et les films eux-mêmes est que, contrairement aux films historiques lénifiants dont les commentaires redoublent les faits filmés, ici les commentaires portent quasi exclusivement sur les images filmées tout en donnant un sens à l'Histoire avec un grand H.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
"Le General Della Rovere"
C'est manipulateur politiquement et moralement, pas brechtien du tout (c'est l'inverse de la distanciation, le personnage de de Sica est là pour racheter toute l'Italie, et la prison est l'occasion d'être confronté à la pureté) et super bourgeois (le profil du général résistant usurpé: noble démocrate-chrétien avec ses enfants à Genève) pour utiliser les catégories en vigueur actuellement. Mais c'est très bon en fait.
C'est manipulateur politiquement et moralement, pas brechtien du tout (c'est l'inverse de la distanciation, le personnage de de Sica est là pour racheter toute l'Italie, et la prison est l'occasion d'être confronté à la pureté) et super bourgeois (le profil du général résistant usurpé: noble démocrate-chrétien avec ses enfants à Genève) pour utiliser les catégories en vigueur actuellement. Mais c'est très bon en fait.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
On peut le voir à la fois comme un film d'édification bressonien rigoriste et insoutenable (le film illustre visiblement une thèse: l'innocence est la condition d'une vraie vie sociale et d'une vraie politique), et un film presque comique avec des putes (bien que le personnage de l’ancienne maîtresse soit émouvant) et des nazis (avec un bruitage qui fait "splitch" quand ils se redressent pour saluer à l'entrée de la Kommndatur), à l'immédiateté dramatique à la limite du B.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
slimfast a écrit:
Un des clous de la démonstration a été de montrer comment a été découvert que les images américaines qui fêtaient la fin de la guerre de 14, le 11 novembre, et qui ont fait le tour du monde, ont en réalité été tournées le 7, car un envoyé spécial américain au Hâvre ne comprenant ni le français ni l'allemand avait cru comprendre que la guerre était finie, l'avait cablé aux Etats-Unis dont la presse avait repris l'information.
C'est un peu marginal par rapport au reste de ce que tu dis, mais du coup je comprends mieux le début de the Big Red One de Fuller...
Invité- Invité
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