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Pourquoi les spectres ne parlent pas des séries?

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Pourquoi les spectres ne parlent pas des séries? - Page 3 Empty Re: Pourquoi les spectres ne parlent pas des séries?

Message par wootsuibrick Mar 20 Oct 2009 - 5:24


Université Jean Moulin LYON3




Master 2 Recherche
en Sciences de l'Information et de la Communication

Option : Socio-économie, organisations et médias


Le mal dans la série télévisée policière CSI (Les Experts) :
quand le criminel devient une personne ordinaire

Laurence DOURY


Sous la direction de Jean-Pierre ESQUENAZI



Juin 2006


Le mal dans la série télévisée policière CSI (Les Experts) :
quand le criminel devient une personne ordinaire

Laurence DOURY

Sous la direction de Jean-Pierre ESQUENAZI

Université Jean Moulin LYON 3



Résumé : Cette étude s’intéresse aux transformations des contenus des récits policiers proposés par les séries télévisées américaines. Nous comparerons la série contemporaine CSI (Les Experts) avec des séries des années 70 en faisant appel aux procédés narratologiques de Käte Hamburger ainsi qu’à l’étude de la temporalité par Tzvetan Todorov. Nous nous attarderons donc sur la structure narrative des séries, sur le type de crime et le point de vue proposés.

Mots-clefs : série télévisée, récit policier, narratologie, criminel



Abstract : This study deals with the evolutions of the detective narrative in American crime series on television. We will compare a contemporary series called CSI (Crime Scene Investigation) with series from the seventies thanks to the narratological methods of Käte Hamburger and the temporality of Tzvetan Todorov. We will analyse not only the narration of the series but also the crime and the point of view suggested.

Keywords : series on television, detective narrative, narratology, criminal



Dernière édition par wootsuibrick le Mar 20 Oct 2009 - 5:35, édité 1 fois
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Message par wootsuibrick Mar 20 Oct 2009 - 5:26

INTRODUCTION


L’idée de cette recherche est née d’un paradoxe étonnant concernant la programmation de séries télévisées américaines sur les chaînes de télévision françaises. Par exemple, François Julien remarque que prise au hasard la semaine du 7 au 13 août 1987 annonce 56 feuilletons et séries américaines différents soient 226 diffusions hebdomadaires représentant quelque 170 h de programme (rappelons qu’une semaine égale 168 h). Elles sont aujourd’hui encore omniprésentes. Cependant, les études sur les séries télévisées restent encore peu nombreuses bien que la tendance tende progressivement à s’inverser. Ainsi, en 1990, Elihu Katz et Tamar Liebes, puis en 1991, Ien Ang, étudient les publics de la série Dallas. Les premiers ont pris en compte les diverses interprétations de populations d’origine distincte (japonais, américains, israéliens, etc.). La seconde a analysé les courriers de lectrices d’un magazine hollandais qui expliquaient leur goût pour ce programme. En France, Dominique Pasquier, en 1999, a réalisé une étude autour de la série télévisée Hélène et les garçons, fondée sur une analyse du courrier des fans mais aussi sur une observation des visionnements du feuilleton par des enfants au sein de la famille.
Des auteurs comme Jean-Pierre Esquenazi ou encore Stéphane Benassi ont également proposé des travaux concernant les séries télévisées ce qui prouve qu’elles suscitent de plus en plus d’intérêt.

Cependant, elles restent un objet télévisuel, média de masse très fortement critiqué notamment par l’école de Francfort comprenant Theodor Adorno et Max Horkheimer. Selon eux, le capitalisme s’est emparé de la culture par l’intermédiaire des industries culturelles fabriquant des produits dénués de surprise. Elles ne s’intéressent à l’homme qu’en tant que client : ce qui compte ce sont donc les profits réalisés. De plus, ils expliquent que l’automatisation a pris […] un tel pouvoir sur l’homme durant son temps libre et sur son bonheur, elle détermine si profondément la fabrication des produits servant au divertissement, que cet homme ne peut plus appréhender autre chose que la copie, la reproduction du travail lui-même. Ainsi, ils condamnent la standardisation de la production culturelle dans la mesure où elle provoque non seulement une uniformisation des aspirations mais également une aliénation de la classe dominée désormais privée de son autonomie culturelle. En effet, selon eux, l’industrie culturelle vise l’amusement des individus. […] S’amuser signifie être d’accord. […] S’amuser signifie toujours : ne penser à rien, oublier la souffrance même là où elle est montrée. La télévision ne servirait donc qu’à manipuler le public. Cette affirmation est remise en cause par les récentes études citées précédemment concernant l’interprétation des séries télévisées. Les publics, d’autant plus s’il existe un clivage culturel, ne réagissent pas de la même manière face à un programme.

Cependant, comme l’explique François Jost, chacun d’entre nous a passé un nombre incalculable d’heures devant le petit écran et à accumuler au fil des ans des opinions ou des croyances sur le fonctionnement de ce média. […] Cette primauté de l’observation, est tellement ancrée en nous qu’il est parfois difficile d’imaginer que la télévision puisse être un champ d’études estimable. Des travaux scientifiques concernant par exemple, le journal télévisé et donc l’une des missions de la télévision (informer) ont acquis une certaine légitimité. Les séries télévisées restent cependant entachées de leur statut qui en fait des objets non légitimes dans l’échelle des goûts proposée par Pierre Bourdieu. Dans les sciences de l’information et de la communication, la télévision est néanmoins l’un des médias les plus étudiés.

Notre travail de recherche porte sur l’évolution des séries policières américaines des années 70 à nos jours. Se présente dès lors un obstacle épistémologique. En effet, les approches de la télévision qui abordent leur objet en analysant successivement le fonctionnement de l’image et celui du son admettent, comme le précise Christian Metz, que l’image cinématographique et l’image télévisuelle ne diffèrent guère que par la taille. Il reconnaît néanmoins que quatre types de différences existent entre les deux (technologiques, socio-politiques, psycho-sociologiques et le mode de programmation) mais elles sont de poids relativement faible par rapport au nombre et à l’importance considérable des codifications que les deux langages ont par ailleurs en commun. Télévision et cinéma font donc appel à un même langage c’est pourquoi nous utiliserons des ouvrages traitant de l’analyse de films tout au long de notre étude.

Analyser une série télévisée policière revient non seulement à prendre en compte le média télévisuel mais aussi la thématique du récit policier. Etant donné que peu d’ouvrages ont encore été écrits sur les séries télévisées policières proprement dites, nous faisons l'hypothèse que le récit policier est structuré de la même manière, dans la littérature et dans les séries télévisées. Ainsi, nous pourrons faire appel aux études réalisées sur le roman policier et qui se rapprochent de la série policière en raison de leur thématique commune.

Nous avons donc choisi de traiter la série télévisée policière en tant que récit policier ce qui revient donc à étudier l’objet sous l’angle de la narratologie (science du récit). Selon Jean-Michel Adam, la narratologie peut être définie comme une branche de la science générale des signes, la sémiologie. Nous verrons plus en détail lors de notre analyse ce qu’implique cette filiation.

Notre étude se fonde sur une interrogation portant sur la structure narrative de la série policière américaine CSI (Crime Scene Investigation, traduit en français par Les Experts) qui serait récurrente d’un épisode à l’autre et qui mettrait en évidence un nouveau type de crime. Pour déterminer la nature de ce dernier, nous ferons une comparaison avec deux séries datant des années 70, Mannix et Starsky et Hutch.
L’hypothèse sur laquelle repose ce travail est double. La première est qu’une série télévisée posséderait une structure narrative immuable et récurrente d’un épisode à l’autre afin d’assurer leur cohérence. En second lieu, la série CSI mettrait en scène un nouveau type de crime dans la mesure où le coupable tend de plus en plus à être une personne ordinaire. Il ne s’agirait plus d’un grand criminel, vendeur de drogues ou trafiquants d’armes que nous avons coutume de voir dans les séries des années 70 mais plutôt de Monsieur Tout-le-monde qui, un jour, décide par exemple de se débarrasser de son voisin qui fait trop de bruit.

Pour débuter notre étude, nous ferons un tour d’horizon de l’ensemble des travaux scientifiques traitant notamment des méthodes d’analyse d’un récit audiovisuel mais également des relations entre les personnages. Ensuite, nous présenterons de manière détaillée notre problématique fondée sur deux hypothèses puis nous expliquerons le choix de notre cadre théorique. Enfin, nous terminerons par la mise en application de notre méthode avec l’analyse de quatre épisodes de CSI, de deux épisodes de Mannix et de deux épisodes de Starsky et Hutch.
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Pourquoi les spectres ne parlent pas des séries? - Page 3 Empty Re: Pourquoi les spectres ne parlent pas des séries?

Message par wootsuibrick Mar 20 Oct 2009 - 5:33

pas très bandant tout ça...

je nous épargne la suite.
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Message par DB Mar 20 Oct 2009 - 7:33

Yeah, sorry adeline, j'ai voulu être un peu trop oral dans mon écriture.

C'est parce que je suis trop partial sur la question jpense.

Sinon woot, le mec il a pas inventé l'eau chaude ,c'est clair :

Les publics, d’autant plus s’il existe un clivage culturel, ne réagissent pas de la même manière face à un programme.

Ils découvrent ça après 5 années d'étude ? Bon là je suis méchant, désolé. Je retire ce que j'ai dis.

Plus sérieusement, je pense qu'on partage le même point de vue sur la forme des séries, adeline, c'est-à-dire que je ne vois pas en quoi elles renouvelleraient le cinéma ou se mélerait à lui ; en revanche, leur forme même (jpeux dire intrinsèque ou pas?) me plait, j'adore ce côtè Hard Times où la nana on découvre que c'est sa mère. Je suis très friand de ce genre de rebondissements, surtout s'ils sont bien amenés.

Puis on se focalise depuis le début dans cette discussion sur les séries américaines, mais pour citer CHocobox, j'étais un grand fan de The Office et de Extras, que j'ai toujours trouvé rudement bien écrit. Je pensais aussi aux séries indiennes, qui sont, avouons le, souvent immondes et qui sont aussi énormément regardés.

Ce que je voulais dir esur la distinction, tout ça, c'est qu'on avait pas en main assez d'élèments pour réfléchir à ce genre de questions. Où on mène des entretiens, on fait un vrai travail pour comprendre ça (avec ce que ça implique de pas déconnant et de chiant Wink) ou on joue les Burdeau et on échafaude des hypothèses (à la mord-moi-le-noeud) pour mousser la baraque.

Une dernière chose, je ne dis pas que les séries doivent déteindre sur le cinéma ou qu'elles sont sa forme ultime hein. Je dis bien qu'il n'existe pas pour moi de différence fondamentale dans ma façon d'appréhender le truc. Quand je vois la série Twin Peaks j'aime autant que le film. Même si (et dans cette phrase le même a son importance) il y a des trucs vraiment pas cool dans la série, des réalisteurs-trices vraiment pas bons et des storyarcs (là je me la pète) un peu moisis (qui se souvient de James dans la seconde saison ?)
A mon sens, c'est ce qui fait le charme d'une série, d'un feuilleton, ce côtè on a pris un thème, on s'est mis d'accord dessus et puis on improvise. Jsais pas si je suis clair mais c'est le mode très collectif de cette écriture et de cette façon de faire les choses qui m'a toujours plu dans les séries.

Pour reprendre l'exemple de The Wire, les scénaristes se réunissent, discutent de la trame générale de leur saison, des thèmes qu'ils veulent traiter et comment, ce à quoi ils pensent, comment le faire puis se partagent le boulot et relisent les épisodes ensemble.
Évidemment, à ce projet, survient rapidement un obstacle, la toute puisssance du principe fictif, la série doit avancer (d'où leur difficulté à s'arrèter peut être).

Si on prend l'exemple de Mulholland Drive c'est une série à la base,le projet tombe à l'eau, David Lynch le réadapte pour en faire un film. Finalement, la différence est où ? Dans les moyens de production ? De diffusion ?

Promis adeline, j'arrête de déconner, j'écouterais plus les baleines. Peace out.
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Message par Borges Mar 20 Oct 2009 - 11:07

Et puis, à propos de la distinction, une question sérieuse : est-ce que j'ai tout mal compris, ou bien tous les comportements ne sont-ils pas une manière de se distinguer ? Dire "regarder des séries américaines en streaming sur le net est une manière de se distinguer", c'est comme dire "regarder des Straub est une manière de se distinguer" (Woot : Wink ) ou "regarder Plus belle la vie est une manière de se distinguer", non ? (Du coup, ça reviendrait à dire que ma remarque était une lapalissade...)

Oui, et non, (tu oublies le facteur "classe", "groupe"...) car la distinction au sens noble vise à se distinguer des pratiques communes, et des goûts communs; et tout devient commun, en tombant dans les mains du commun; les valeurs déchoient en sortant du cercle de leurs premiers admirateurs; à un moment aimer "Beethoven", ça devient pas classe; ça ne fait plus la différence; ne parlons pas du boléro de Ravel, ou de "the wire";la série ne dure pas; ne peut pas durer, du moins telle qu'elle est pensée, par certains; on est loin de "colombo"; on dira qu'il y a aussi le côté nostalgique avec les coffret des séries de notre enfance, de quand on était jeune, et que c'était le bon temps des vraies bonnes séries, et parfois française, ah, la fronde, et le chien blanc, et les rois maudits....

sinon, on peut dire que tous essayent de se distinguer, et que certains ne le pouvant pas, ils font comme tout le monde, ils se distinguent à la manière de tout le monde; comme disait ailleurs Heidegger, c'est le passe temps favori du fameux On, qui lit ce qu'on lit, regarde ce qu'on regarde, tout en essayant désespérément d'être original; il se distingue comme tous se distinguent. En terme contemporain on dira, qu'il s'agit plutôt d'être cool, c'est ça la vraie tyrannie; t'imagines un ado regardant "Morse", face à un autre regardant, je sais pas moi, "The Wire", "The Shields"....La question est de voir comment on peut à la fois prétendre aimer Huillet/Straub, ou des gens encore plus élitistes, tout en admirant les séries?

Rappelons ce que disait Nietzsche : qui essaye de se distinguer n'a aucune distinction....en fait Bourdieu renverse Nietzsche en montrant que ceux qui se prétendent les aristos du goût ne sont en fait que des esclaves, leurs goûts ne sont que des dégoûts; dégoûts de pratiques inférieures (dites)...j'aime pas truc, parce que machin l'aime; pensez au rôle essentiel des cultural studies (des types qui ne lisent que leur cornflakes dit don delillo) dans la légitimation des séries, du "mineur", comme on dit; y a des collections aux usa du genre " reading contemporay television"; ça parle pas mal de HBO, avec des titres comme "Reading Deadwood: A Western to Swear By".«Reading Sex and the City"....des trucs produits par des intellectuels (c'est pour ça que le lien avec Homère et le reste est complètement nul, tout ça vient du cerveau,(au sens faible du mot), rien d'intuitif, c'est pensée, étudié...) pour que des intellectuels (qui ne peuvent pas penser des choses plus légitimes) les pensent, et les gens les consomment...la nouvelle télé, et les nouvelles séries, c'est ça; un nouveau rôle et de nouveaux objets pour les petits "Barthes" (américains) sans écriture, sans talent, sans rien...Lire le bouquin de Don Delillo que j'ai déjà cité; comment Elvis s'introduit à l'université.


naturellement, je n'ai rien contre rien; je dis pas qu'il est plus noble de penser Citizen Kane que de penser "Dr House"....mais on n'échappe pas facilement à la hiérarchisation des objets intelligibles.




etc.



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Message par glj Mar 20 Oct 2009 - 12:02

Finalement, la différence est où ? Dans les moyens de production ? De diffusion ?

db, salut,
je pense pas que la différence se fasse dans la production ou la diffusion. Plutôt dans l'achèvement, le caractère achevé, monté stucture, fini du film mulholland drive face à ce qu'aurait put être la série. Une oeuvre se caractérise en premier par sa composition, c'est ici que le bas blesse. Quel série pourrait rivaliser en terme de structure de récit et de montage à un Vertigo par exemple ? Aucune.

Je n'ai pour ma part souvenir d'aucune série qui ai été réalisé avec une structure préétablit, le principe du serial étant l'antithèse de ce principe.
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Message par DB Mar 20 Oct 2009 - 12:55

glj a écrit:
Je n'ai pour ma part souvenir d'aucune série qui ai été réalisé avec une structure préétablit, le principe du serial étant l'antithèse de ce principe.

Salut,

J'en connais quelques unes pourtant qui fonctionnent sur ce principe : Lost (bond en avant, bond en arrière dans le temps) ; le Prisonnier ; The Wire (héhé) ; The Corner ; avec sa mesure d'improvisation au milieu.

Où la structure était établie avant les scénaris des épisodes.

DIsons que ce débat film contre série, ça me fait trop penser à une opposition musique classique contre musique pour le cinéma ou même Musique Classique contre Jazz (et puis Rock, Rap, etc....). Je prèfère une minute de Beethoven à un CD entier de Thelenious Monk. Vla un gars qui n'avait pas de composition, de structure préétablie, qui se fixait des impros, des thèmes où il dérivait et zou et zou. Même CHarlie Parker.


Borges, salut, j'en ai parlé ailleurs des Cultural studies je crois et puis avec Woot ; faut repenser aussi à Tarantino qui décrypte Madonna : est-ce pour se moquer des cultural studies ?

Le principe de champ aussi est à ne pas oublier, on se distingue dans un champ donné, avec le rôle qu'on occupe en tant qu'acteur dans ce champ (et qui fait qu'on veut se distinguer de telle ou telle façon), le morceau que j'avais cité pour le non-succès dans le champ littéraire pourrait venir en complèment de ce que tu dis Borges.

Mais là on déconne plus.
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Message par Invité Mar 20 Oct 2009 - 13:42

Borges a écrit:
sinon, on peut dire que tous essayent de se distinguer, et que certains ne le pouvant pas, ils font comme tout le monde, ils se distinguent à la manière de tout le monde; comme disait ailleurs Heidegger, c'est le passe temps favori du fameux On, qui lit ce qu'on lit, regarde ce qu'on regarde, tout en essayant désespérément d'être original; il se distingue comme tous se distinguent. En terme contemporain on dira, qu'il s'agit plutôt d'être cool, c'est ça la vraie tyrannie; t'imagines un ado regardant "Morse", face à un autre regardant, je sais pas moi, "The Wire", "The Shields"....La question est de voir comment on peut à la fois prétendre aimer Huillet/Straub, ou des gens encore plus élitistes, tout en admirant les séries?

Hello,

C'est plus précis que aimer Huillet/Straub et admirer les séries. Car comme le signalait Adeline, il y a des liens qui sont effectués entre les deux par ces personnes. Bon je suis pas sûr que ça soit utile de revenir sur la comparaison Straub et Derrick mais je crois que c'est dans ses "Cinéphiles" que Skorecki fait un lien entre Hawks et certaines séries télé us. Puisque je crois que tu as pas mal été "avec" Hawks ces derniers temps, qu'en penses-tu, une fois dit qu'en terme de mise en scène il n'y a sans doute pas grand chose à signaler ?

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Pourquoi les spectres ne parlent pas des séries? - Page 3 Empty Re: Pourquoi les spectres ne parlent pas des séries?

Message par Eyquem Mar 20 Oct 2009 - 16:39

glj a écrit:je pense pas que la différence se fasse dans la production ou la diffusion. Plutôt dans l'achèvement, le caractère achevé, monté stucture, fini du film mulholland drive face à ce qu'aurait put être la série. Une oeuvre se caractérise en premier par sa composition, c'est ici que le bas blesse. Quel série pourrait rivaliser en terme de structure de récit et de montage à un Vertigo par exemple ? Aucune.
Je ne pense pas que tous ces termes se recouvrent : composition, achèvement, structure...
Mais il y a quelque chose à creuser : si les séries ne sont pas vraiment considérées comme des oeuvres, c'est peut-être parce qu'elles n'ont pas de fin.

Pour qu'une oeuvre soit finie, c'est simple : suffit de dire "The End" ou "That's all folks". La composition, la structure, peuvent alors être pensées à partir de ce point, qui donne une forme à l'ensemble.

Par principe, une série n'a pas vraiment de fin puisque son principe, c'est de continuer, d'être à suivre : c'est toujours assez informe comme création, et difficile à embrasser d'un seul regard.

Je repense à ce que disait Careful plus haut à propos de "The Wire" : "attends la saison 3, tu verras, une demi-saison ne suffit pas, une et demie non plus", etc. Je ne sais même pas si la saison 5 est la dernière ou si une nouvelle est en préparation.
Du coup, on ne sait pas vraiment à partir de quel moment on peut penser la série (celle-ci ou une autre) comme une oeuvre.
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Message par Eyquem Mar 20 Oct 2009 - 16:54

JM a écrit:
...une fois dit qu'en terme de mise en scène il n'y a sans doute pas grand chose à signaler ?
Ca dépend ce qu'on entend par "mise en scène". (lol, on est pas au bout du topic)

Je crois que les séries us ont inventé quelque chose en termes de mise en scène. A mon avis, le cinéma d'action d'aujourd'hui ne serait pas ce qu'il est sans "Urgences" et surtout "24 heures", qui ont totalement banalisé le montage illisible, les plans courts et mal raccordés, la caméra portée,...
Pas étonnant après qu'à regarder un Cameron des années 90, on se sente parfois proche d'une expérience quasi-straubienne.
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Message par Borges Mar 20 Oct 2009 - 17:09

Oui, mais alors Eyquem, tu fais du cinéma un truc passé; avec cette distinction, et ce recours à la norme de l'oeuvre et de l'achèvement; n'oublions pas que le terme d'oeuvre avec toutes ses valeurs a été depuis très longtemps "déconstruit"; Heidegger en a retracé la généalogie, depuis les Grecs; dans son "origine de l'oeuvre d'art"; le terme oeuvre suppose une certaine compréhension de l'être, et du temps : la présence, le présent; on connaît la thèse, le concept d'"oeuvre" n'appartient pas au domaine de l'art, mais à celui de la production "artisanale", c'est là que les valeurs de forme, d'achèvement, de limite, de finalité, de fin, trouvent leur sens; une paire de souliers non achevées ça n'a pas de sens... tandis que les oeuvres inachevées ça peut exister, et tenir; on sait qu'il existe toute une "esthétique" de l'inachèvement (au moins depuis les romantiques; cf Blanchot); et on peut citer bien des trucs inachevés dans la grande littérature; par exemple, presque tout Kafka; par exemple "les pensées" ( de pascal); et dans le cinéma, aussi; quand un film est-il achevé? Il y a des suites parfois, des remakes, etc; Citizen Kane a-t-il ses limites en lui-même, dans l'oeuvre de Welles, et cette oeuvre doit-on en distinguer la vie de Welles, ses apparitions à la télé, ses numéros de cirques, la radio... Aussi, je pense aux grands inachevés de l'histoire du cinéma, dont on s'était dit que les Spectres parleraient; des films qui ne sont que des spectres de films; Pour ce qui est de "the wire", le but précisément est de ne pas faire "oeuvre", donc de ne pas s'achever, de ne pas tracer de limite entre le dedans, et le dehors; dans son concept, the wire vise à ouvrir sur le monde, pas seulement à installer un monde-fiction. Et le mec a l'origine de la série s'est souvent référé à Balzac; dont les romans, nouvelles, ouvrent les unes sur les autres; sans qu'on puisse parler d'achèvement; où s'achève "le père goriot"... par exemple? On retrouve le personnage de Joyce, Stephen Dedalus, dans Ulysses, dans Stephen le héros, dans portrait de l'artiste... tout ça pose bien des questions... sans parler du concept de série en art, par exemple en peinture... ou encore de celui de "genre"; et si tous les films que l'on regroupe sous un genre, western, par exemple n'étaient qu'une immense série, où joueraient à la fois John Wayne, Ford, Cooper, Eastwood... ? donc, tout reste à penser; tant qu'il y a de la vie, il est bon qu'il y ait des choses à penser...
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Message par Borges Mar 20 Oct 2009 - 17:10

Pas étonnant après qu'à regarder un Cameron des années 90, on se sente parfois proche d'une expérience quasi-straubienne.

Wink
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Pourquoi les spectres ne parlent pas des séries? - Page 3 Empty Re: Pourquoi les spectres ne parlent pas des séries?

Message par Borges Mar 20 Oct 2009 - 17:31

En souvenir de ce que disait Careful :

What that audience has discovered is that, throughout its five seasons, The Wire has, in many ways, helped to reinvent the wheel, transforming the police drama from its emphasis on investigative heroics into one of the few places in television willing to argue passionately about the world outside the boundaries of the small screen.


C'est là que cela peut devenir intéressant, et que le partage que faisait daney peut être compliqué : la télé, chez soi; et le cinéma, le monde.

(j'ai tiré ça de "The essential HBO reader; où j'ai appris que c'est le fameux combat de Ali contre Frazier qui a permis à cette chaîne de décoller; il faudrait un truc dans le genre pour lancer les Spectres; vous ne trouvez pas?

HBO a commencé en 1972, en diffusant " Sometimes a Great Notion (1971), avec Paul Newman, et un match de Hockey; ils avaient alors 365 abonnés; trois mois plus tard, ils avaient perdu un million de dollars, et changeaient de président... la suite est l'une de ces histoires de réussite qui font la grandeur du pays des hommes libres et courageux...)



( "sometimes a Great notion", c'est de 1971; je crois; ça ne dit rien comme ça, le titre français est plus parlant : "Le Clan des irréductibles "; et c'est aussi de Newman; c'est très bien; on pense à la fameuse scène de la noyade...Deleuze, je crois en parle; il a du voir le film à la télé... au même moment que moi; je suis sûr; ça fait quelque chose, de se dire çà)

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Message par Invité Mar 20 Oct 2009 - 18:55

Eyquem a écrit:
JM a écrit:
...une fois dit qu'en terme de mise en scène il n'y a sans doute pas grand chose à signaler ?
Ca dépend ce qu'on entend par "mise en scène". (lol, on est pas au bout du topic)

Je crois que les séries us ont inventé quelque chose en termes de mise en scène. A mon avis, le cinéma d'action d'aujourd'hui ne serait pas ce qu'il est sans "Urgences" et surtout "24 heures", qui ont totalement banalisé le montage illisible, les plans courts et mal raccordés, la caméra portée,...
Pas étonnant après qu'à regarder un Cameron des années 90, on se sente parfois proche d'une expérience quasi-straubienne.

Hello,

J'évoquais ici la mise en scène de Hawks.

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Message par Borges Mar 20 Oct 2009 - 19:12

Mais mise en scène, c'est un vieux mot, qui vient du théâtre; déjà les anciens des Cahiers interrogeaient sa pertinence. Alors le terme a-t-il le même sens, quand il qualifie la télé, le cinéma, le théâtre, et nos mises en scène de la vie quotidienne...sans parler des mises en scène politique...?

Que veut dire scène au cinéma, à la télé, au théâtre...?

Comme on dit on en est pas sortis...
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Message par Invité Mar 20 Oct 2009 - 20:46

Borges a écrit:?

Répondre à une question en posant une autre question, il n'y a pas quelque chose de sériel dans ce procédé ? Wink

Ca existe les séries où on raconte au début, dans un bref résumé, ce qu'il va se passer plutôt que ce qu'il c'est passé dans l'épisode précédent ?

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Message par DB Mer 21 Oct 2009 - 7:58

JM a écrit:
Ca existe les séries où on raconte au début, dans un bref résumé, ce qu'il va se passer plutôt que ce qu'il c'est passé dans l'épisode précédent ?

Dans une certaine mesure, c'est ce qu'a fait Lost à partir de la troisième saison...
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Pourquoi les spectres ne parlent pas des séries? - Page 3 Empty Re: Pourquoi les spectres ne parlent pas des séries?

Message par Eyquem Mer 21 Oct 2009 - 9:32

Borges a écrit:Oui, mais alors Eyquem, tu fais du cinéma un truc passé; avec cette distinction, et ce recours à la norme de l'oeuvre et de l'achèvement; n'oublions pas que le terme d'oeuvre avec toutes ses valeurs a été depuis très longtemps "déconstruit"; Heidegger en a retracé la généalogie, depuis les Grecs...
En fait, en écrivant mon message, je pensais à la formule de Deleuze : "prendre les choses par le milieu", "ne pas faire le point" - me disant qu'avec une série, on y était toujours, au milieu, et que Deleuze n'aurait donc pas jugé que c'était un inconvénient. J'avais remis cette objection à plus tard. Comme quoi.

Sinon, pour Heidegger, je n'en suis pas encore là. Je lis un peu de philo mais comme je suis un gars méthodique, je fais ça dans l'ordre, en commençant par les présocratiques, et donc, j'en suis encore à épuiser la redoutable question de savoir pourquoi Pythagore ne mangeait pas de fèves.

Faudrait peut-être que j'envisage aussi de prendre la philo par le milieu.


Dernière édition par Eyquem le Mer 21 Oct 2009 - 9:41, édité 1 fois
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Pourquoi les spectres ne parlent pas des séries? - Page 3 Empty Re: Pourquoi les spectres ne parlent pas des séries?

Message par Eyquem Mer 21 Oct 2009 - 9:38

Pour citer (encore) Comolli et revenir à cette question de mise en scène, j'ai lu, assez stupéfait, que "le cahier des charges des productions télévisées en France impose un nombre minimum de plans dans un téléfilm : pas moins de 1200 plans, me dit-on, pour un film de 90 minutes, soit une durée moyenne de 4 secondes et quelques dizièmes !" (p112 : Comolli note qu'il tient cette info d'un réalisateur qui travaille régulièrement pour les fictions télévisées de la télé publique).

L'info me paraît vraiment intéressante - je pense qu'il doit y avoir un tel cahier des charges pour les séries aussi.
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Message par Borges Mer 21 Oct 2009 - 9:44

LOL,

mais les présocratiques ça vient tout à la fin;

c'est pas comme une série, l'histoire de la philo, on commence pas par le premier épisode, mais par le dernier, le plus contemporain....

(moi j'avais commencé par une encyclopédie et un dictionnaire, et Sartre....puis Nietzsche (qui parlait pas mal des présocratiques, c'étaient ses idoles, comme tu sais; on peut même dire qu'il a lancé la mode); et de Niezsche, je suis arrivé à Deleuze, et bien entendu à travers Sartre et Nietzsche, à Heidegger.... qui causait pas mal des présocratiques, à partir de Heidegger, on accède à tout...à la totalité de l'étantité de l'étant, et au tout de la philo, avant, et après lui...



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Message par Borges Mer 21 Oct 2009 - 9:46

Intéressant le truc de JLC; c'est la fameuse monoforme de Watkins (cut toutes les3/5 secondes)

(j'avais déjà cité ce texte sur le forum des Cahiers)



(...) ce film La Commune. Ce film est très important pour moi, parce qu'il ne traite pas seulement de ce formidable sujet qu'est la Commune. Il parle de la crise des mass médias audiovisuels –la télévision, le cinéma, la radio. Il porte, indirectement, sur la crise dans l'éducation aux médias où les enseignants sont censés apprendre à décortiquer la nature des médias et de l'énorme industrie qu'ils représentent. Le film tente d'aborder ces questions, et par son processus et sa forme essaye de proposer des alternatives aux processus en œuvre dans les médias actuels.

Ce film, ces crises, la mondialisation, les médias, nous impliquent tous. Ils impliquent les professionnels des médias actuels, les responsables des chaînes et des programmes, les réalisateurs, les producteurs, qui à de rares exceptions près sont totalement complices de ce processus autoritaire ; qui ne font que se plier aux demandes des requins du pouvoir télévisuel global, qui refusent de remettre en cause ce que j'appelle la Monoforme, c'est-à-dire, la manière de découper les films en minuscules petits bouts : cut cut cut toutes les 3 à 5 cinq secondes avec un bombardement incessant de sons, une caméra en perpétuel mouvement. Je pense que vous connaissez tout cela, mais il est important d'y voir une forme narrative organisée. Ceci n'a rien à voir avec la complexité et la gamme de possibilités offertes par le cinéma ou la télévision en tant que support de création ou d'expression artistique ou comme forme de communication. Cette chose, la monoforme, est devenue LE format obligé structurant tous les films télé et quasiment l'ensemble de la production du cinéma commercial. Cut, mouvement, secousse, Bing, Bang, cut, cut, cut. Et le montage est de plus en plus rapide, c'est presque comme les clips sur MTV. Cela non plus, n'a rien a voir avec de la communication. Cela ne permet pas aux spectateurs de participer vraiment. Vous êtes entraînés à travers cette structure narrative mono-linéaire par ce formatage frénétique et manipulateur Ð la Monoforme Ð qui est employée délibérément parce qu'elle ne nous laisse pas le temps de penser ou d'espace pour une participation démocratique permettant une remise en cause ou un questionnement. Ceci est un acte délibéré. Comme me le faisait remarquer aujourd'hui un ami, un poster de Lénine –dont vous avez peut-être vu le portrait– stipulait que la forme artistique la plus importante était le cinéma. Mussolini, je crois, avait dit que le cinéma est l'art le plus puissant. Ai-je besoin de mentionner Goebbels, dont l'emploi de la radio jouait un rôle très spécifique dans le maintien au pouvoir du 3ème Reich et qui a dit quelque chose de similaire. Je pense qu'il faisait référence à la radio, mais il pensait probablement également à la télévision qui était en cours de développement en Allemagne nazie, et il y avait aussi le cinéma. Les cinémas projetaient les actualités allemandes sur la guerre : l'invasion de la Pologne en est un exemple typique. Ils envoyaient les caméramans de la Wehrmacht avec les soldats en première ligne, qui filmaient l'assaut sur Danzig par exemple. Puis ils dépêchaient les négatifs aux laboratoires à Berlin ou ailleurs et les copies étaient acheminées par camion à travers toute l'Allemagne, et un ou deux jours après les événements, les Allemands pouvaient voir les actualités. Goebbels connaissait l'efficacité de ce système pour consolider le pouvoir. Il a prononcé des phrases assez incroyables disant que ceci représentait le véritable moyen pour frapper le cœur des gens.

C'est ce que nous faisons aujourd'hui avec la Monoforme, en figeant délibérément et continuellement des millions de personnes devant leur écran, le petit écran de la télévision ou le grand écran du cinéma, figés dans cette relation autoritaire ... Et le public marche à fond dans la combine. Rien qu'aux Etats-Unis –je n'ai pas les données pour l'Europe– et pour reprendre des chiffres de 1998, le public nord-américain avait dépensé 50 milliards de dollars au box office. Vous vous rendez compte, 50 milliards de dollars en une seule année dépensés par le public pour se distraire, se divertir, passer le temps, du bon temps. Et vous connaissez comme moi l'énorme coût de la mondialisation pour l'humanité. Pour donner un exemple, je n'ai pas les chiffres précis sous la main, mais je crois qu'il y a 32 millions de malades du SIDA dans les pays en développement qui n'ont pas les moyens de s'offrir un traitement médical à cause des industries pharmaceutiques, etc. Imaginez ce que l'on pourrait faire avec ne serait-ce qu'une portion de ces 50 milliards de dollars dépensés pour un flot ininterrompu de merde audiovisuelle ? Les vies qui pourraient être sauvées ? Existe-t-il un débat sur cette question que ce soit au sein de ma profession ou dans les écoles avec les enseignants ? Bien sûr que non. Y a-t-il un débat sur la Monoforme ? Y a-t-il un débat sur le processus réactionnaire, autoritaire et totalement anti-démocratique qui caractérise les médias actuels ? Bien sûr que non. Comme je le disais, la plupart des professionnels des médias craignent trop de sortir du rang, de peur de perdre leurs budgets. La peur est phénoménale dans le cinéma mais surtout dans la télévision d'aujourd'hui. Et vous pourriez m'accompagner dans n'importe quelle salle de classe, en France, en Angleterre, en Lithuanie ou en Amérique du Nord, peu importe. Vous y trouveriez très rarement des jeunes qui savent quoi que ce soit sur la Monoforme ou les véritables possibilités de communication qu'offrent le cinéma ou à la télévision.

http://www.zalea.org/ancien/ungi/programme/peterwatkins/entretienpw.html


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Message par Invité Mer 21 Oct 2009 - 9:47

GM pourrait certainement nous en parler plus en détail.

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Message par Eyquem Mer 21 Oct 2009 - 10:19

Peter Watkins a écrit:Cut, mouvement, secousse, Bing, Bang, cut, cut, cut. Et le montage est de plus en plus rapide, c'est presque comme les clips sur MTV. Cela non plus, n'a rien a voir avec de la communication. Cela ne permet pas aux spectateurs de participer vraiment. Vous êtes entraînés à travers cette structure narrative mono-linéaire par ce formatage frénétique et manipulateur, la Monoforme qui est employée délibérément parce qu'elle ne nous laisse pas le temps de penser ou d'espace pour une participation démocratique permettant une remise en cause ou un questionnement.
Un chapitre du Comolli est précisément consacré à la question du jump cut : comment le faux raccord, d'exception, est devenue la règle - et ce que cela implique.
Il envisage la question sous un angle historique : dans le cinéma moderne, le faux raccord pouvait être un moyen de donner au spectateur la conscience de la fragmentation - outil politique qui critiquait le leurre de la fiction en le signalant comme tel, comme un montage. On avait l'illusion et le soupçon en même temps.
L'hypothèse de Comolli, c'est que l'usage généralisé, banalisé du jump cut en renverse totalement l'effet critique qui en avait été fait jusque là. Ce que dit le jump cut aujourd'hui, c'est plutôt : rien ne résiste au spectacle, ni les corps, ni les paroles des uns et des autres. Le "réel" de ces corps et de ces paroles n'offre plus aucune résistance à la machine.

Mais on s'éloigne un peu du sujet.
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Message par Borges Mer 21 Oct 2009 - 10:33

Pas tant que ça, si le sujet c'est qui résiste (au sens politique, et psychanalytique); ou alors selon Badiou :


Alain Badiou : le sujet n’est pas une collection d’individus. La procédure de vérité qui incorpore des gens ne les incorpore en effet jamais tous, c’est vrai en politique aussi bien qu’en art et en science ou en amour, et cette non-incorporation n’est pas forcément une exclusion, une négation ou une destruction.

Il faut accepter aussi qu’il y ait de l’indifférence au vrai et qu’il n’y a aucune raison qu’elle se solde par de la destruction, de l’exclusion ou de la négation, et que l’universalité accepte qu’on puisse lui être indifférente. C’est un point essentiel, majeur. La vraie tolérance est là : elle n’est pas dans le fait de dire "à chacun son opinion il n’y a pas d’universel du tout", elle est dans le fait de dire "l’universalité dans son essence véritable est capable de supporter qu’on lui soit indifférente". Il y aura ceux qui lui sont extérieurs, mais on ne va pas forcément les anéantir. Si vous aimez beaucoup Pollock et qu’il y a quelqu’un que ça ne touche pas du tout, vous allez peut-être être fâché contre lui mais vous n’allez quand même pas dire qu’il faut le détruire.

En politique ça devrait pouvoir être la même chose. Le développement du processus politique doit accepter l’indifférence. Un des grands vices du XXe siècle a été de penser que la politique devait entraîner la persuasion générale et qu’on devait y croire obligatoirement. C’est une caractéristique religieuse, pas politique. Je développe une théorie de l’universalité compatible avec l’indifférence.

Mais ça n’empêche pas que la construction de la vérité elle-même peut rencontrer la nécessité de surmonter des adversités, des oppositions, des volontés de nuire ou de détruire.


On peut être indifférent à la vérité, du cinéma, ou des séries, mais alors on n'est plus un sujet, il n'y a sujet que par une relation à la vérité; on s'éloigne du sujet, alors.
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Message par Flavien Mer 21 Oct 2009 - 14:31

Bonjour à tous,

J'ai lu avec intention ce que vous avez pu dire, ce qui a pu se nouer et se dénouer dans vos discours, ce qui a pu jaillir (ou se taire) dans les échanges.

A propos, des séries, Luc Dardenne dans Au dos de nos images propose un seuil de questionnement très intéressant qui, me semble-t-il, a été esquissé dans quelques messages :

27/08/1995

(...) Je viens de regarder une série télé. Ça parle, ça parle. Hallucinant ! Tout geste est accompagné de paroles qui le commentent. L'image n'existe pas, elle n'est pas douée de paroles.

Alors, en effet, ce constat date de 95, l'âge d'or d'un nouveau type de série comique américaine (Friends et Seinfeld pour les plus notoires). Que vaut-il encore aujourd'hui ? Je ne pourrai pas vraiment répondre, je vois très peu de séries, sinon quelques premiers épisodes (Les Sopranos, The Wire, Lost, Alias...).

Comme Adeline, il se murmure beaucoup autour de moyens des noms de nouvelle série. Y a là-dedans un rapport cosmétique et au récit et à l'image. La mise en scène, dont il est question plus avant dans la discussion, bien souvent intervient de façon mineur dans l'apport d'une série. On ne regarde pas tant une série pour ses facultés plastiques ou audio-visuelles (hormis quelques rares exceptions) que pour la trame qu'elle file et avec laquelle elle tisse des bifurcations.

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