BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
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Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
Hello le Comte; comment peut-on lier, cette fleur et celles des hippies de Ang Lee; nous avons la même histoire au fond, un jeune homme timide transformé par l'événement d'une image (le jeune homme aux cheveux bouclés descendant de son hélico, et l'apparition de la jeune fille à la fenêtre... même captation imaginaire, par une image de perfection, de complétude; même mouvement de dégradation de cette image; la boue, et la saleté, même si le jeune homme reste purement sur son pur cheval blanc... le pire est à venir... fin plus optimiste, d'un point de vue individuel, du moins, chez Lee... chez MdeO, indifférence d'une nature qui se fout de nos petits chagrins d'amour; ne pas regarder devant soi, mais regarder de côté, le monde ne doit pas être un objet face à un sujet; il faut regarder de côté; c'est la leçon finale, du train qui s'en va; nous laissant à ce qui n'avait pas été vu, ni dit dans le récit; l'encadrement du récit du jeune homme, par une arrivée de train, et un départ, dans la mélancolie, d'un monde disparu, fait très fort penser à "l'homme qui shota liberty valance... )
panthéisme (comme on dit sans rien dire), et immanence, c'est le même thème; mais ici, il serait plutôt une forme d'indifférence, inverse d'un amour universel); n'oublions pas que le thème de l'immanence est opposé aux pleurnicheries de l'ami du peuple, donc à l'humanisme, au souci de l'autre; dans les deux films, encore, l'argent; on voit que les deux datent de la crise, ce sont des films de crise...
Mort à Venise?
Mais juste l'inverse, mort à Venise est un film platonicien; il y a un au-delà, le jeune homme n'est que le signe sensible d'une idée, l'idée de la beauté; rien de tel ici; on est dans l'immanence; y a la fleur qui fleurit parce qu'elle fleurit; son malheur, ici, ce qui la distingue de la fleur mystique, de la fleur de la physis présocratique, de la fleur heideggerienne, c'est qu'elle désire être vue, elle a souci d'elle-même, elle ne fleurit pas pour fleurir, mais pour séduire... le problème c'est celui de la conscience, du désir, de l'égo, l'homme est une fleur dans la nature mais c'est une fleur pensante, donc exclu de la nature...
c'est quoi tout ce truc sur deleuze? (même si l'image finale de la jeune fille peut laisser donner à penser en ce sens); je crois qu'il faut coller aux films, juste voir ce qu'ils disent et montrent; pas plus, pas moins; ou plutôt le plus vient après.
Quand on parle de naturalisme, faut savoir de quoi on parle; le film est naturaliste, mais pas en un sens ordinaire; il s'achève sur des images de la nature; c'est le poème qui nous dit alors ce naturalisme;
il y aurait alors, au moins 4 temporalités; celle de la vie ordinaire, celle de la ville de Lisbonne, alternance du jour et de la nuit, celle de la grande Histoire, et puis l'histoire anhistorique de la toute présente nature....qui est la loi du poème...
panthéisme (comme on dit sans rien dire), et immanence, c'est le même thème; mais ici, il serait plutôt une forme d'indifférence, inverse d'un amour universel); n'oublions pas que le thème de l'immanence est opposé aux pleurnicheries de l'ami du peuple, donc à l'humanisme, au souci de l'autre; dans les deux films, encore, l'argent; on voit que les deux datent de la crise, ce sont des films de crise...
Mort à Venise?
Mais juste l'inverse, mort à Venise est un film platonicien; il y a un au-delà, le jeune homme n'est que le signe sensible d'une idée, l'idée de la beauté; rien de tel ici; on est dans l'immanence; y a la fleur qui fleurit parce qu'elle fleurit; son malheur, ici, ce qui la distingue de la fleur mystique, de la fleur de la physis présocratique, de la fleur heideggerienne, c'est qu'elle désire être vue, elle a souci d'elle-même, elle ne fleurit pas pour fleurir, mais pour séduire... le problème c'est celui de la conscience, du désir, de l'égo, l'homme est une fleur dans la nature mais c'est une fleur pensante, donc exclu de la nature...
c'est quoi tout ce truc sur deleuze? (même si l'image finale de la jeune fille peut laisser donner à penser en ce sens); je crois qu'il faut coller aux films, juste voir ce qu'ils disent et montrent; pas plus, pas moins; ou plutôt le plus vient après.
Quand on parle de naturalisme, faut savoir de quoi on parle; le film est naturaliste, mais pas en un sens ordinaire; il s'achève sur des images de la nature; c'est le poème qui nous dit alors ce naturalisme;
il y aurait alors, au moins 4 temporalités; celle de la vie ordinaire, celle de la ville de Lisbonne, alternance du jour et de la nuit, celle de la grande Histoire, et puis l'histoire anhistorique de la toute présente nature....qui est la loi du poème...
Borges- Messages : 6044
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
Et si le seul film pouvant se réclamer de Pessoa était le sublime Vacances prolongées de Johan Van Der Keuken ?
Le_comte- Messages : 336
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
Ah Van Der Keuken évoqué par ici, ça va faire plaisir à vous-savez-qui !
(il parait que les spectres font des private jokes alors pourquoi s'en priver ?! )
(il parait que les spectres font des private jokes alors pourquoi s'en priver ?! )
Invité- Invité
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
ça m'intéresse. mais je ne comprend pas cette division. c'est peut-être parce que je n'ai pas vu le film.il y aurait alors, au moins 4 temporalités; celle de la vie ordinaire, celle de la ville de Lisbonne, alternance du jour et de la nuit, celle de la grande Histoire, et puis l'histoire anhistorique de la toute présente nature....qui est la loi du poème...
Mais qu'est ce qui fait que l'alternance du jour et de la nuit, n'est pas à inclure dans l'histoire anhistorique?
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
JM a écrit:Ah Van Der Keuken évoqué par ici, ça va faire plaisir à vous-savez-qui !
(il parait que les spectres font des private jokes alors pourquoi s'en priver ?! )
J'ai encore fait une bêtise !
Le_comte- Messages : 336
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
wootsuibrick a écrit:ça m'intéresse. mais je ne comprend pas cette division. c'est peut-être parce que je n'ai pas vu le film.il y aurait alors, au moins 4 temporalités; celle de la vie ordinaire, celle de la ville de Lisbonne, alternance du jour et de la nuit, celle de la grande Histoire, et puis l'histoire anhistorique de la toute présente nature....qui est la loi du poème...
Mais qu'est ce qui fait que l'alternance du jour et de la nuit, n'est pas à inclure dans l'histoire anhistorique?
Hello
oui, t'as raison; on pourrait l'inclure, on devrait; mais comme ce sont des plans de ville; je me suis dit que leur temporalité était peut-être différente de celle de la seule nature...mais, y a un autre temps encore, chez MdeO, celui du mythe, l'ouverture eschatologique...(pas très présent dans ce film, ou pas du tout même); et d'autres encore.
Borges- Messages : 6044
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
Borges a écrit:wootsuibrick a écrit:ça m'intéresse. mais je ne comprend pas cette division. c'est peut-être parce que je n'ai pas vu le film.il y aurait alors, au moins 4 temporalités; celle de la vie ordinaire, celle de la ville de Lisbonne, alternance du jour et de la nuit, celle de la grande Histoire, et puis l'histoire anhistorique de la toute présente nature....qui est la loi du poème...
Mais qu'est ce qui fait que l'alternance du jour et de la nuit, n'est pas à inclure dans l'histoire anhistorique?
Hello
oui, t'as raison; on pourrait l'inclure, on devrait; mais comme ce sont des plans de ville; je me suis dit que leur temporalité était peut-être différente de celle de la seule nature...
Bonjour Borges,
Je trouve aussi qu'il y a une "différence" à marquer. Impression que la temporalité de ces plans sur Lisbonne fait ici particulièrement écho à ce que tu rappelles des propos de Badiou sur l'écriture de Pessoa (le ni... ni...). Mais bon, il faut que je relise tout ce que vous avez écrit ici pour ne pas dire trop vite n'importe quoi, il y a tellement de choses... Balthazar, Borges, Eyquem, c'est vraiment un régal tout ce que vous proposez.
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
Hello
hello
D&D
content de ton retour, avec nous.
vraiment
hello
D&D
content de ton retour, avec nous.
vraiment
Borges- Messages : 6044
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
Bonjour Borges, merci ! Tellement content de vous relire
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
Bonjour,
Hors sujet, mais pas que…
Pour ceux pas trop loin de Paris, je recommanderais vivement :
http://www.theatredelaville-paris.com/spectacle-ode-maritime-184
Je ne l'ai pas encore vu, mais j'ai assisté en début d'année à des rencontres publiques où Régy a évoqué ce nouveau travail, alors en cours. Impression formidable.
Les "Editions de la différence" ont sorti une version bilingue du texte de Pessoa : l'original en portugais donc, et la nouvelle traduction pour le spectacle ; ce n'est pas si fréquent. Je n’avais encore jamais lu Pessoa… Ben… Waouh !
(J’espère que mon subtil esprit d’analyse aura su vous séduire )
Bref, je trouve le travail de Régy très important, je crois qu’il y a des passerelles entre son approche des textes et celle d'Oliveira notamment dans la manière dont un comédien ou un acteur peut être amené à le délivrer, ce que j'appelle pour l'instant (faute de mieux) travail sur l'énonciation.
Quelqu’un d’autre a déjà vu une de ses mises en scène ?
Hors sujet, mais pas que…
Pour ceux pas trop loin de Paris, je recommanderais vivement :
http://www.theatredelaville-paris.com/spectacle-ode-maritime-184
Je ne l'ai pas encore vu, mais j'ai assisté en début d'année à des rencontres publiques où Régy a évoqué ce nouveau travail, alors en cours. Impression formidable.
Les "Editions de la différence" ont sorti une version bilingue du texte de Pessoa : l'original en portugais donc, et la nouvelle traduction pour le spectacle ; ce n'est pas si fréquent. Je n’avais encore jamais lu Pessoa… Ben… Waouh !
(J’espère que mon subtil esprit d’analyse aura su vous séduire )
Bref, je trouve le travail de Régy très important, je crois qu’il y a des passerelles entre son approche des textes et celle d'Oliveira notamment dans la manière dont un comédien ou un acteur peut être amené à le délivrer, ce que j'appelle pour l'instant (faute de mieux) travail sur l'énonciation.
Quelqu’un d’autre a déjà vu une de ses mises en scène ?
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
'jour Dee n'Dee,
oui, j'avais vu "Variations sur la mort" de Jon Fosse à la Colline il y a quelques années.
C'était fun.
(un spectateur a explosé de colère avant la dernière scène, répondant à un comédien sur scène : "Ah ben, moi non plus je r'viendrai plus !" Je pense qu'il a dû maudire son Comité d'Entreprise qui lui avait filé les places gratos.)
Je n'ai aucun souvenir du texte de Fosse.
Ennui tout à fait palpable pendant toute la représentation. Mais impression durable d'avoir assisté à un truc pas commun.
Je ne connais rien au travail de Régy, mais il semble tenté par le théâtre de marionnettes. Plateau nu, comédiens spectraux, brodant sur la mort avec une voix toute blanche.
Le travail de la lumière était extraordinaire : dans les gris, imperceptiblement stroboscopique, par micro-variations de luminosité, ce qui avait plongé toute la salle dans une sorte d'hypnose, moi compris.
oui, j'avais vu "Variations sur la mort" de Jon Fosse à la Colline il y a quelques années.
C'était fun.
(un spectateur a explosé de colère avant la dernière scène, répondant à un comédien sur scène : "Ah ben, moi non plus je r'viendrai plus !" Je pense qu'il a dû maudire son Comité d'Entreprise qui lui avait filé les places gratos.)
Je n'ai aucun souvenir du texte de Fosse.
Ennui tout à fait palpable pendant toute la représentation. Mais impression durable d'avoir assisté à un truc pas commun.
Je ne connais rien au travail de Régy, mais il semble tenté par le théâtre de marionnettes. Plateau nu, comédiens spectraux, brodant sur la mort avec une voix toute blanche.
Le travail de la lumière était extraordinaire : dans les gris, imperceptiblement stroboscopique, par micro-variations de luminosité, ce qui avait plongé toute la salle dans une sorte d'hypnose, moi compris.
Eyquem- Messages : 3126
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
Bonjour Eyquem,
Il me semblait bien que des spectateurs devaient craquer d'une autre manière que moi devant des spectacles de Régy
J'ai vu Variations sur la mort, c'est celui qui m'a le moins parlé. Je ne me rappelle pas non plus du texte de Fosse.
Impression, mais peut-être un peu facile, que le travail de Régy de ces dernières années prend toute sa puissance (spectrale en effet ) quand il n'y a qu'un voire deux comédiens sur scène. Je pense à Holocauste, le premier que j'ai pu voir et qui me semble un sommet, ou celui avec Dréville (seule) que j'ai raté mais dont un documentaire a capté de nombreux extraits et que j'ai pu voir, ébloui, en début d'année en salle. (Faut que je retrouve les références et mes notes ).
Je suis d'accord avec toi : la lumière ! Et cette sensation d'hypnose... Je crois que le rapport entre cette lumière plus que nuancée et le corps du comédien est encore une fois remarquable dans ce nouveau spectacle.
D'ailleurs, j'y pense, il y a aussi ces textes que Régy a sorti sur son travail et qui font partie des rares textes pour moi ou un artiste parvient à évoquer vraiment son travail. Et c'est passionnant.
Bref, j'ai envie de te recommander encore plus vivement d'aller voir ce nouveau spectacle.
Tu me diras si ça t'intéresserait, ses textes sur son boulot
Il me semblait bien que des spectateurs devaient craquer d'une autre manière que moi devant des spectacles de Régy
J'ai vu Variations sur la mort, c'est celui qui m'a le moins parlé. Je ne me rappelle pas non plus du texte de Fosse.
Impression, mais peut-être un peu facile, que le travail de Régy de ces dernières années prend toute sa puissance (spectrale en effet ) quand il n'y a qu'un voire deux comédiens sur scène. Je pense à Holocauste, le premier que j'ai pu voir et qui me semble un sommet, ou celui avec Dréville (seule) que j'ai raté mais dont un documentaire a capté de nombreux extraits et que j'ai pu voir, ébloui, en début d'année en salle. (Faut que je retrouve les références et mes notes ).
Je suis d'accord avec toi : la lumière ! Et cette sensation d'hypnose... Je crois que le rapport entre cette lumière plus que nuancée et le corps du comédien est encore une fois remarquable dans ce nouveau spectacle.
D'ailleurs, j'y pense, il y a aussi ces textes que Régy a sorti sur son travail et qui font partie des rares textes pour moi ou un artiste parvient à évoquer vraiment son travail. Et c'est passionnant.
Bref, j'ai envie de te recommander encore plus vivement d'aller voir ce nouveau spectacle.
Tu me diras si ça t'intéresserait, ses textes sur son boulot
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
J'ai noté la date d'ouverture de la billetterie dans mon agenda.
Je ne sais pas ce que dit Régy sur son travail : je serais curieux de savoir, notamment, s'il revendique une filiation avec le théâtre symboliste.
A quoi tu pensais, quand tu parlais de "travail sur l'énonciation" ?
Je ne sais pas ce que dit Régy sur son travail : je serais curieux de savoir, notamment, s'il revendique une filiation avec le théâtre symboliste.
A quoi tu pensais, quand tu parlais de "travail sur l'énonciation" ?
Claro que si.Tu me diras si ça t'intéresserait, ses textes sur son boulot
Eyquem- Messages : 3126
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
Pour le théâtre symboliste, je ne vais pas savoir te répondre. En tout cas, je crois qu'il n'en parle pas dans ses textes publiés. (Mais je verrai si je croise quelque chose à ce sujet dans mes notes ; il y a un livre sur lui aussi qui est sorti cette année et que je compte me procurer)
Ses textes sont le plus souvent des notes liés à une mise en scène en cours au moment de leur rédaction : je "connais" Espaces perdus, L'Ordre des morts et L'état d'incertitude. A mes yeux, ce sont de vrais textes d'artiste, pas de penseur, de vraies tentatives d'évoquer le concret du travail (et notamment la lumière) et ses questionnements. Ce ne sont pas des approches théoriques, encore moins des "justifications" comme en sont souvent demandées aux créateurs (par les journalistes, par les institutions, et bien sûr souvent par les spectateurs).
En principe, je les ai tous, donc je te les prêterais bien volontiers, si tu veux.
"Travail sur l'énonciation" ?... Dans mon jargon ?...
Ce serait amener le comédien à une incarnation du texte, de l'écriture même, dans son rythme, dans sa langue, etc... Le point d'appui est là. Je serais tenter de l'opposer diamétralement aux methodes "Actors Studio" mais ça ne voudrait pas dire grand chose : ça peut évoquer le schmilblick peut-être. Il ne s'agit pas d'exclure une approche émotionnelle du rôle, mais le point de départ, c'est la quête d'un "dire essentiel", propre au texte et/ou au metteur en scène/lecteur.
Dans mes oreilles, cela se traduit par cette qualité d' "énonciation", étrangère à un phrasé supposé "naturel".
J'ai plutôt tendance à trouver que ce qu'un comédien/acteur peut délivrer de plus juste, de plus vibrant, qui serait comme "le chant" de sa partition, ce qui serait son art propre, a à voir avec cette "énonciation".
En tout cas, c'est ça qui me retourne le plus
Cela fait partie des aspects qui me sont les plus chers dans le travail de Régy, ou d'Oliveira donc.
Si tant est que je vienne de baragouiner un truc à peu près clair
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
On m'a offert un jour Au-delà des larmes de C. Régy...et je ne l'ai tjrs pas ouvert
Dois-je le regretter ? Vous l'avez lu ?
Dois-je le regretter ? Vous l'avez lu ?
Dans « Au-delà des larmes », Claude Régy revient sur ses récents voyages au centre du théâtre, en compagnie du Norvégien John Fosse, de textes bibliques et de l'Anglaise Sarah Kane, à qui il emprunte le titre de son quatrième ouvrage. En septembre, il nous fera découvrir un nouvel auteur norvégien, Arne Lygre, sur la scène du théâtre de l'Odéon. Mais il y a longtemps que son premier opus, « Espaces perdus » est devenu l'un des livres de chevet des figures du théâtre contemporain.
Le propos de Régy est toujours à la fois grave et léger, il est même, de livre en livre, de plus en plus grave et de plus en plus léger. « J'ai été capable de pleurer mais maintenant je suis au-delà des larmes », dit Sarah Kane peu de temps avant de se suicider. Avant d'en arriver là, autour de la page 100, avant de nous dire la « densité du métal » que peut avoir cette « sorte de larme » qui, « parfois », est apparue dans une représentation de « 4.48 Psychose » (interprété par Isabelle Huppert), Régy fraie dans ce qui fonde son théâtre : l'emboîtement de la vie et de la mort, le temps et le silence dont les blancs sur les pages aérées de ce nouveau livre sont les complices.
On est là, loin du spectaculaire (cette « inflation du plein »), loin du blabla. « Sonder, découvrir, entendre cette vie que le texte révèle au-delà de lui-même » c'est là son travail. Car le « génie du langage » et sa force sont sa faiblesse : son « incapacité à dire ce qu'il veut dire ». Ce que Régy met en scène ce sont moins les mots que ce qui les sous-tend et le silence qui les borde. « L'irruption de l'inouï » est à ce prix. On pense à Beckett, un auteur que Régy n'a jamais abordé (alors qu'il monta souvent Duras ou Sarraute), sans doute parce qu'il n'aime rien tant que de s'enfoncer dans un langage d'un auteur dont on ne sait encore rien.
^x^- Messages : 609
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
careful a écrit:On m'a offert un jour Au-delà des larmes de C. Régy...et je ne l'ai tjrs pas ouvert
Dois-je le regretter ? Vous l'avez lu ?
Ah ben mince, je ne le connaissais pas celui-là
Mais c'est une bonne nouvelle ! Hâte de le découvrir.
En revanche, je te conseillerais de voir un spectacle de lui, si tu n'en as pas encore eu l'occasion, avant de lire un de ses textes, celui-ci me semble dans le même esprit que ceux que je "connais". Je crois que ce serait très frustrant de le lire sans avoir vu une fois son travail.
Alors, ça te dirait pas une petite "Ode maritime" ?
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
D&D a écrit:Alors, ça te dirait pas une petite "Ode maritime" ?
C'est curieux C.Régy est crédité à la lumière avec Rémi Godfroy..
Tout m'intéresse ds cette mise en scène.
Je viens de voir que Jean-Quentin Chatelain est l'interprète...un acteur de la série Vénus et Apollon(oui on s'en fout,lol)
Mais la fin des représentations parisiennes était bien en juillet,non ? Tu as pu y assister ?
Il existe une vidéo de cette pièce ? Peut être encore un peu tôt ?
^x^- Messages : 609
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
careful a écrit:
C'est curieux C.Régy est crédité à la lumière avec Rémi Godfroy..
J'avais pas fait gaffe mais c'est logique "Comme" Wilson qui signe les siennes, même si les recherches ne sont pas les mêmes.
careful a écrit: Tout m'intéresse ds cette mise en scène.
Ah ben, c'est cool alors
careful a écrit:Je viens de voir que Jean-Quentin Chatelain est l'interprète...un acteur de la série Vénus et Apollon(oui on s'en fout,lol)
Je le trouve intéressant ce comédien. Si je ne me plante pas, il jouait dans J'ai horreur de l'amour et il a des petits rôles dans Chocolat et J'ai pas sommeil...
Il a un phrasé vraiment très singulier, je ne sais pas si ça s'entend dans Vénus et Apollon (que soit dit en passant, je compte bien regarder) mais je l'ai déjà vu mis en scène par Régy dans Des couteaux dans les poules et c'était 'achement bien, même si Dréville me semblait alors "en avance sur" lui dans l'intégration du travail avec Régy
careful a écrit:Mais la fin des représentations parisiennes était bien en juillet,non ? Tu as pu y assister ?
Il existe une vidéo de cette pièce ? Peut être encore un peu tôt ?
Les représentations sont en mars prochain à Paris. En juillet, c'était à Avignon. Pas encore vu, donc
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
Je vois je vois... même mieux, j'entends ce que tu veux dire (j'ai les voix de "Variations" en tête").D&D a écrit:"Travail sur l'énonciation" ?... Dans mon jargon ?...
Ce serait amener le comédien à une incarnation du texte, de l'écriture même, dans son rythme, dans sa langue, etc... Le point d'appui est là. Je serais tenter de l'opposer diamétralement aux methodes "Actors Studio" mais ça ne voudrait pas dire grand chose : ça peut évoquer le schmilblick peut-être. Il ne s'agit pas d'exclure une approche émotionnelle du rôle, mais le point de départ, c'est la quête d'un "dire essentiel", propre au texte et/ou au metteur en scène/lecteur.
Dans mes oreilles, cela se traduit par cette qualité d' "énonciation", étrangère à un phrasé supposé "naturel".
J'ai plutôt tendance à trouver que ce qu'un comédien/acteur peut délivrer de plus juste, de plus vibrant, qui serait comme "le chant" de sa partition, ce qui serait son art propre, a à voir avec cette "énonciation".
Quant à la référence au théâtre symboliste, il faudrait, pour être "sérieux et précis" (as usual), que je me replonge dans quelques lectures - dans Mallarmé, en particulier, qui rêvait d'un théâtre où le comédien s'absenterait physiquement, d'une scène nue, de jeux d'ombres - pour créer un "milieu, pur, de fiction" comme il disait. Théâtre idéal auquel j'avais tout de suite pensé en assistant à la représentation de Régy.
(le théâtre symboliste m'a toujours paru intéressant, au moins dans l'idée, parce qu'on est frappé d'y reconnaître une préhistoire du cinéma.
Je crois pas que Mallarmé aurait fait la queue pour le prochain James Cameron, mais je me dis que le cinéma, ça l'aurait sûrement intéressé.
Il est mort en 1898 : je ne sais pas s'il a eu le temps de voir passer les trains des Lumière)
Eyquem- Messages : 3126
Re: BLOG - Singularités d'une jeune fille blonde (M. de Oliveira
Eyquem a écrit:Je vois je vois... même mieux, j'entends ce que tu veux dire (j'ai les voix de "Variations" en tête").
Alors, tout est bien
Eyquem a écrit:Quant à la référence au théâtre symboliste, il faudrait, pour être "sérieux et précis" (as usual), que je me replonge dans quelques lectures - dans Mallarmé, en particulier, qui rêvait d'un théâtre où le comédien s'absenterait physiquement, d'une scène nue, de jeux d'ombres - pour créer un "milieu, pur, de fiction" comme il disait. Théâtre idéal auquel j'avais tout de suite pensé en assistant à la représentation de Régy.
Je comprends bien pourquoi, alors... Il y a des spectacles récents de Régy que je n'ai pu voir qui me semble très travaillé par exemple par une frontière entre l'absence et la présence d'un comédien, quelque chose comme ça. De la lumière aussi. Je vais rechercher ça dans ses textes... Dans le même temps, je suppose, mais c'est pure intuition de ma part qu'il résisterait à ce que serait du théâtre symboliste.
Peut-être Bob Wilson en serait-il, dans certains aspects de son travail, encore plus proche ?
Paradoxalement peut-être, il est moins "spectral" que Régy
Eyquem a écrit:(le théâtre symboliste m'a toujours paru intéressant, au moins dans l'idée, parce qu'on est frappé d'y reconnaître une préhistoire du cinéma)
Me fait penser aussi que cette idée doit hanter à nouveau pas mal de scènes, ouvertement ou pas, avec l'intégration de la vidéo (quand elle est employée, et quand elle l'est bien...).
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