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Gebo et l'ombre (Oliveira)

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Message par Eyquem Dim 28 Oct 2012 - 13:00

Gebo et l'ombre (Oliveira) 20197673

Dans le genre sépulcral, après Vous n’avez encore rien vu, voici Gebo et l’ombre.

Pas terrible, à mon avis.
Qu’est-ce que ça raconte ? C’est l’histoire d’un mensonge assumé au nom d’une vérité plus haute, d’une pénombre acceptée dans l’attente d’une clarté supérieure. Le menteur, en l’occurrence, c’est Gebo. Quel est son mensonge ? Gebo est un pauvre comptable, il trime pour trois fois rien, et l’ironie c’est qu’il manipule des montagnes de billets, mais c’est un argent qui ne lui appartient jamais ; lui ne fait que le compter, pour l’enrichissement de son entreprise. Le fils, comprend-on, révolté par cette vie, cette injuste pauvreté, a quitté le foyer, sa femme, et ses parents, et il est devenu un homme de l’ombre, un voyou, du genre à se planquer dans les recoins sombres de la ville pour agresser les passants et leur voler leur fric. Le mensonge de Gebo consiste à cacher à son épouse que leur fils est devenu un voleur, un homme malhonnête, car, dit-il, elle ne le supporterait pas, elle en mourrait d’avoir élevé un tel fils. Donc Gebo ment ; il ment tout le temps, pour de bon ou par omission ; il raconte à la mère que le fils est devenu ci, est devenu ça, ou bien il cache ce qu’il sait en se plongeant dans ses livres de comptes quand les questions sont trop insistantes, mais jamais il ne dira ce que le fils est devenu en vérité. L’ironie, c’est qu’il n’a à la bouche que le mot d’honnêteté : Gebo se prétend un homme honnête ; il travaille sans tricher, sans voler ; il est un bon mari puisqu’il protège son épouse ; y a pas meilleur homme que lui, bien qu’il mente toute la journée.

Le coup de théâtre du film, c’est le retour du fils : le fils revient un soir, il a un rire diabolique ; il dit à tout le monde qu’ils sont comme morts, que leur honnêteté, leur pauvreté, les a fait mourir en cette vie ; qu’il y a, dehors, une vie autre, plus grande, plus forte, plus vivante. Certes, cette vie autre réclame son dû, sa part : il faut pactiser avec l’ombre pour vivre dans la lumière, il faut voler, se compromettre, prendre des risques, pour avoir la chance de se tenir sous le soleil de midi – mais cela vaut mieux que le faux jour où vivent Gebo et les siens, on ne peut renoncer à la lumière, à l’ombre, à leur éclat, à cette vie plus forte, une fois qu’on les a connus ; le fils ne peut plus revenir en arrière, ne peut plus se résoudre à vivre comme son père dans cette semi-clarté, cette pénombre constante, qui n’est ni la nuit, ni le jour, mais le clair-obscur d’un tombeau où l’on ne fait que vivoter, en attendant la mort.

En somme, c’est un peu La Guerre des étoiles, mais à la Oliveira, en 4 ou 5 champs-contrechamps statiques dans une salle à manger de théâtre. Une Guerre des étoiles inversé cependant : c’est comme si c’était Luke qui était passé du côté obscur de la force et qui venait voir son père, Anakin, pour le tenter, lui conseiller de devenir Dark Vador et de mener une vie de rock star plutôt que celle d’un obscur comptable de la planète Tatooine, où il n’y a jamais de soleil, rien qu’un interminable hiver.
(Ce n’est pas anodin que ce soit le fils qui dégénère, et non le père : dans Gebo, le temps est corrupteur ; les pères sont meilleurs que les fils, hier était moins affreux qu’aujourd’hui, l’âge d’or appartient au passé et tous les personnages se plaignent que c’était quand même mieux avant.)

Comment tout ça se termine ? Non par un changement mais par un redoublement : chacun assume son rôle jusqu’au bout. Le fils voleur ne se repent pas mais vole la sacoche pleine de billets cachée dans la commode de son père et disparaît. Le père ne dévie pas non plus ; il cache la vérité et quand la police arrive, il dit que le voleur, c’est lui, toujours pour que la mère ne sache jamais que son fils est un voyou.
Mais ce dénouement qui ne dénoue rien mais, au contraire, resserre un peu plus les nœuds de la situation initiale en rivant définitivement chacun à son rôle, ce dénouement s’accompagne d’une petite épiphanie : au moment où le père endosse la responsabilité du vol, un rayon de soleil pénètre dans la maison, le premier rayon de soleil du film. Et le film s’arrête là : sur cette lumière, surnaturelle, qui éclaire le plus grand menteur du monde, par pure honnêteté.

Sur Critikat, je lis que tout ça est ironique, qu’Oliveira se moque de Gebo et de son désir d’ordre, de son hypocrisie « bourgeoise » qui cherche à dissimuler tout ce qui dysfonctionne sous des mensonges. Je ne vois pas du tout ce qui autorise une telle lecture : le film est tout entier une apologie, et non une critique, du sacrifice de soi. Gebo ne représente en rien la « bourgeoisie » ; c’est le type du pauvre, du petit des paraboles évangéliques, le type du malheureux soumis aux plus rudes épreuves pour mesurer sa force d’âme, sa foi, son courage. Ou même, c’est un genre de Christ, qui prend le mal sur lui pour en délivrer les autres.

Le film dit des choses très simples, et il faut chercher midi à quatorze heures pour y voir je ne sais quel brûlot politique, contourné et ironique.
Le film dit : la lumière de la vérité, de la justice, n’éclairera jamais ce monde. Ce qui existe, en ce bas monde, c’est seulement le mal, la tentation de l’ombre, le goût de l’argent et du pouvoir, la corruption. Certains ne résistent pas à cette tentation : c’est le cas du fils. Mais ce faisant, la vie supérieure à laquelle ils prétendent accéder n’est qu’un leurre : ce sont des marionnettes de l’ombre, ils croient être les maîtres quand c’est l’ombre qui les manipule (c’est le sens de ce que raconte le fils : quand il agresse un passant, il n’est pas maître de lui, il ne comprend pas ce qui lui arrive, il se voit voler, il vole sans pouvoir s’en empêcher, etc : cf Star Wars).
La seule issue est de s’enfermer chez soi, à l’écart du monde, dans une pénombre anonyme qui protège des mauvaises ombres du dehors. La seule issue est de faire vœu de pauvreté, puisqu’on ne peut s’enrichir sans être malhonnête, sans voler. Or l’honnêteté est préférable à tout, elle est le seul devoir ; mais qui fait vœu d’être honnête se condamne à rester pauvre. Tel est le choix de Gebo, qui est le seul vrai choix : il ne se laisse pas manipuler par l’ombre ; et il choisit vraiment la pauvreté (il faut comparer, ici, avec ce que dit le personnage de Jeanne Moreau : « ah si seulement je pouvais être riche et commander ! » : elle est pauvre, elle aussi, comme Gebo, mais ce n’est pas par choix, seulement par faiblesse, ou parce que l’occasion ne s’est pas présentée. Gebo, lui, pourrait devenir riche en un quart de seconde : il lui suffirait de se sauver avec la mallette d’argent de son entreprise. Mais il ne le fait pas, parce qu’il ne le veut pas. Il a vraiment choisi la vie qu’il mène, et c’est le seul, dans cette histoire.)

La difficulté vient de ce que ce monde si violemment corrompu ne vous laisse pas vivre honnêtement dans la pauvreté. Ce qui fait de ce monde un enfer, c’est qu’il arrive toujours quelque chose et ce qui arrive n’est jamais bon, n’est jamais heureux, ça va toujours dans le mauvais sens, vers le bas, vers le pire, vers le mal et la corruption : « La chance de notre vie, c’est qu’il ne nous arrive rien », dit Gebo. Mais le monde et ses ombres viennent jusque chez vous perturber votre tranquillité : chez vous passent des sacoches pleines d’argent, chez vous viennent des fils au rire diabolique qui n’ont pas su résister à l’attrait du monde et de ses corruptions et qui volent les sacoches d’argent.
Gebo, à la fin, réaffirme son choix : il assume la responsabilité d’un vol qu’il n’a pas commis ; il endosse la malhonnêteté du monde dont toute sa vie il a cherché à se tenir à l’écart. Le rayon de lumière surnaturel qui l’éclaire à la fin n’a rien d’ironique : c’est vraiment le moment de gloire de Gebo : voleur aux yeux du monde, menteur aux yeux du spectateur, mais exemplaire au regard de la Vérité et de la Justice, parce que personnellement, il ne gagne strictement rien dans cette histoire : il perd sa réputation d’honnête comptable, il ne s’enrichit pas (la mallette a disparu avec le fils), il perd sa liberté pour aller en prison.
Mais alors pourquoi ? A quoi bon ce mensonge ? Le seul motif, comme au début, c’est qu’en mentant, en se faisant passer pour le coupable, il préserve son épouse de la réalité du mal, il assume seul les tourments, les contradictions de ce monde, pour en protéger les autres.

Quelle est la position d’Oliveira ? A mon avis, il admire l’honnêteté de Gebo, mais le personnage auquel il s’identifie, ce n’est pas Gebo, c’est la belle-fille, c’est-à-dire le témoin.

Dans cette histoire, il y a quatre personnages, quatre types, quatre modes d’existence :
- le fils choisit l’ombre, mais c’est un faux choix ; il cède à la tentation, il n’est pas libre, c’est l’ombre qui le manipule.
- Gebo choisit la pénombre de la pauvreté, de l’honnêteté ; il fait rempart contre les ombres du déhors ; il pactise avec l’ombre mais en un tout autre sens que le fils : lui n’y cède pas, il la domine, il la fait sienne, il en prend sa part, en se privant des faux biens qu’elle distribue à ceux qui se contentent d’y céder.
- la mère est la rêveuse, celle qui se fait des illusions sur ce monde : elle croit que l’ombre n’existe pas, ou du moins elle s’en fait une fausse idée, elle ne sait pas à quel point l’ombre est plus obscure que ce qu’elle croit ; elle ne sait pas que son fils est devenu un voleur. Pourtant elle se tourmente, elle ne cesse de se plaindre, du départ de son fils, de sa vie de privations ; « pourquoi ne t’es-tu pas enrichi comme tes camarades ? », dit-elle à son mari. Elle n’a pas la moindre idée de ce à quoi elle échappe ; elle ignore à quel point elle est heureuse, dans son ignorance du mal véritable.
- la belle-fille est témoin de tout ceci ; elle sait quel rôle joue chacun. Et ce qu’elle fait, c’est seulement pleurer : elle n’a que ses yeux pour pleurer, quand elle doit subir les récriminations de sa belle-mère sans pouvoir rien répondre (sinon elle révélerait tout), être témoin de la corruption de son mari, ou de la générosité exemplaire de Gebo. Elle sait tout, et elle ne peut rien dire : seulement pleurer.

Oliveira n’est pas Gebo : c’est le témoin, comme la belle-fille. Il a vu jusqu’à quelle noirceur l’ombre pouvait aller et comme la belle-fille, il pleure. Mais il a vu aussi où se cachait la vraie lumière, celle qui rayonne autour du pauvre sacrifié, et il le révèle, il le montre, et trouve, dans le plan final, qui n’est lumineux qu’aux yeux du témoin, la seule occasion de se réjouir et de ne pas désespérer.

Comment dire… C’est pas un sommet de la pensée progressiste, quoi.
Eyquem
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Message par Invité Dim 28 Oct 2012 - 13:55

Eyquem a écrit :
Comment dire… C’est pas un sommet de la pensée progressiste, quoi.

A la fois, passé cent ans, c'est déjà en soi ce que l'on a fait de mieux, non ?

Il est heureux que Les Resnais et Oliveira songent à rendre les clefs ...

Les oeuvres restent, les madeleines et autres ready-made, mais les cigognes repassent prendre les personnes. C'est une évidence les choses qui ne meurent pas sont dotées d'un supplément de vie, la matière, toujours la matière !

Ces deux films là, que frileusement attendant votre avis, je n'ai pas vus, ne sont pas des films, ce sont UN RESNAIS, indissociable de sa personne qui vacille et UN OLIVEIRA.

Mais il ne faut pas se leurrer : bientôt ce sera LE GODARD.

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Message par Invité Dim 28 Oct 2012 - 19:57

Pas pu voir Gebo en entier encore, mais tout à fait d'accord.
C'est vrai que l'Etrange Affaire Anjelica et Singularité d'une Jeune Feuille Blonde partagent quelque chose avec le derniers Resnais: ils montrent comme un mystère et un code l'idée la petite bourgeoisie se fait de la mort, la manière dont elle en décide elle-même u caractère mystérieux .
Chez les meilleurs de Oliveira, il y aussi l'idée de construire des récits dont el moteur est la peur de la compassion il me semble, dans une perspective chrétienne ou post-chrétienne, il me semble (coïncidence entre les limites de la charité et celles de la foi).

C'est marrant que les critiques progressistes de ce forum n'assument pas ces questions, mais m'étonne qu'à moitié. Si les films sont disqualifiés en raison de leur "négativité" et de l’ennui qu'ils suscitent, c'est peut-être parce que nous ne supportons pas d'être représentés.
J'ai l’impression qu'en 2012 il nous est trop facile d'être à la fois straubien et petit-bourgeois.

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Message par Invité Dim 28 Oct 2012 - 20:14

Salut Tony,

les critiques progressistes de ce forum

Où ?

J'ai l’impression qu'en 2012 il nous est trop facile d'être à la fois straubien et petit-bourgeois.

je parviens très bien à être ni l'un ni l'autre !

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Message par Invité Dim 28 Oct 2012 - 20:23

justement: où?

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Message par Invité Dim 28 Oct 2012 - 21:18

enfin plutôt : qui ?

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 2:38

Tony le Mort a écrit:
J'ai l’impression qu'en 2012 il nous est trop facile d'être à la fois straubien et petit-bourgeois.


Je ne suis pas straubien, idem, j'ai d'autres soucis dans l'existence. Comme par exemple tenter de me faire embaucher comme gardien de nuit intérimaire dans une boîte de jour, à condition - peut-être - d'avoir une carte du PS et l'appui de deux référents pour entrer à la franc-maçonnerie.

Le vrai sens du mot "obscénité" dans l'usage un peu facile du nous, tu connais?

J'ai calculé qu'en renonçant à payer mes factures de gaz et d'électricité pendant un an, compte tenu du nouveau montant des allocs dégraissé de 200 euros mensuels à partir du mois prochain, je pouvais éventuellement me payer un aller simple pour Pékin. Je vais écrire à mon distributeur pour lui exposer ce projet d'avenir. Je rêve de pouvoir poster, depuis un cybercafé à Pékin, sur un forum fréquenté par trois pelés et deux tondus, un docu-reportage concerné par la misère du monde, du vrai journalisme de terrain façon Ushuaya ou les Carrnets d'un bourlingueur de Philippe Lambillon de la rtbf, hérissé de phrases aussi profondément hideuses que débiles, du genre :


A Pékin, comme à Paris, les SDF se réfugient dans les McDo des quartiers chics pour souffler.
Geste émouvant d'une serveuse, un peu âgée, les traits tirés qui pose sa main sur l'épaule de l'un d'eux, vers 23H.
Les gens ne sont pas blasés par le cosmopolitisme, leur mélancolie vient d'ailleurs.
J'ai jamais vu autant d'Audi A6 de ma vie...

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 15:13

C'était pas dans un cybercafé, pas pendant des vacances, et pas un reportage non plus, et mon salaire ne me permet pas de payer le voyage (j'ai gagné?).
J'avoue que c'était moyen, mais les pétages de plombs et crises d'ego de ce forum ne sont pas forcément plus intéressants et représentatifs d’une superbe intégrité morale non plus, et il m'a semblé utile d'en parler à propos d'un film sur la Chine qui donnait lieu à une 100 000ème version de "Tous des cons sauf moi, j'ai les textes".
Ce serait encore plus hideux de faire 10 000 KM et de ne rien vouloir dire du tout, l’articulation communisme/capitaliste en Chine, hyper-croissance consumériste/acculturation, survalorisation de la classe moyenne/transparence du paysage urbain, la question de savoir ce que les gens là-bas en pensent réellement, comment ils le vivent, même en ayant rapidement aperçu la situation, est quand-même un truc qui amène à se poser des questions et n'est pas facile à comprendre.
¨Pardon de parler d'autre chose que du nombril.

Par ailleurs j'ai pu trouver emploi en Belgique sans être pistonné par le PS et la franc-maçonnerie...quelqu'un qui pense comme cela est en train de perdre sa lucidité politique, c'est un discours de malade, pas de quelqu'un capable de solidarité (j'espère souvent que n'adhères pas à ton propre discours). Faut arrêter ton cinéma, ton problème n'est pas là mec. Pose toi plus de question et donne moins de réponse...

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Message par balthazar claes Lun 29 Oct 2012 - 16:51

Shocked Quasiment zéro faute de syntaxe, zéro coquille... !

C'était donc bien un effet de style.

balthazar claes

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Message par Invité Lun 29 Oct 2012 - 18:42

Salut mec, ami progressiste, charitable et travailleur sans pistons.

C'était pas dans un cybercafé, pas pendant des vacances, et pas un reportage non plus, et mon salaire ne me permet pas de payer le voyage (j'ai gagné?).

J'ai failli écrire que c'était sur ton laptop, dans ta chambre d’hôtel, que tu nous informais, nous, petits bourgeois aliénés par leur perception étroite du monde et noyés dans les eaux glacées du calcul égoïste, de l'état du monde et de la misère, mais je me suis abstenu. Donc, c'était aux frais de ta boîte, dès lors, si je comprends mieux. C'est encore plus obscène que je le pensais, alors, ce genre de "leçon unanimiste de relativisme objectif" à l'attention de tes contemporains.

J'avoue que c'était moyen, mais les pétages de plombs et crises d'ego de ce forum ne sont pas forcément plus intéressants et représentatifs d’une superbe intégrité morale non plus, et il m'a semblé utile d'en parler à propos d'un film sur la Chine qui donnait lieu à une 100 000ème version de "Tous des cons sauf moi, j'ai les textes".

Il t'a semblé utile, intéressant, je le conçois, de dépasser, oserais-je dire transcender, les limites de l'ego, du vilain petit égo sans intégrité morale, pour nous informer, témoigner, au moins, pour nous, de l'état du monde que nous passons notre temps ici à oublier, colmater, annuler. Pour nous ouvrir une fenêtre sur le vaste dehors. Parce que toi, intègre, charitable, sachant t'émouvoir d'une main posée - à Pékin ou ailleurs - sur un sdf à l'entrée d'un McDo, tu n'es pas encore devenu insensible aux manifestations de l'humanité, celle des gens ordinaires, comme dirait JM, dont tu partages le quotidien avec pudeur et simplicité. Sans parler d'une "mélancolie qui vient d'ailleurs" (et non pas du "cosmopolitisme"): putain, c'est beau, comme formule. Je sais pas bien ce que ça veut dire, mais ça me rappelle Houellebecq dans ses pages les plus inspirées.

Ce serait encore plus hideux de faire 10 000 KM et de ne rien vouloir dire du tout,

Oh mon dieu, seigneur et doux jésus, sache néanmoins que malgré tes bons vœux, il n'est pas du tout sûr que ça soit moins hideux, d'aligner quelques poncifs ethnocentrés et obscènes de petit-bourgeois, passant ici son temps à expliquer à un lectorat clairsemé - depuis Pékin, à l'occasion et au besoin- qu'il est de condition bourgeoise ou petite-bourgeoise, que de ne rien vouloir dire du tout. On peut, sans honte ni remords, ne rien vouloir dire du tout, dans ces cas de figure, plutôt que des âneries édifiantes de touristes éclairés.

.... l’articulation communisme/capitaliste en Chine, hyper-croissance consumériste/acculturation, survalorisation de la classe moyenne/transparence du paysage urbain, la question de savoir ce que les gens là-bas en pensent réellement, comment ils le vivent, même en ayant rapidement aperçu la situation, est quand-même un truc qui amène à se poser des questions et n'est pas facile à comprendre.
¨Pardon de parler d'autre chose que du nombril.

En dépit, donc, de ces quelques formules générales, creuses, qui ressemblent au compte rendu du dernier pavé d'Alain Minc par Ecomag trend-tendances, merci encore de nous ouvrir une fenêtre sur le monde et nous distraire de notre vilain petit nombril crapoteux. ça valait franchement le coup de partir en Chine pour nous élever un peu, modestement, au dessus de nous-mêmes.

Par ailleurs j'ai pu trouver emploi en Belgique sans être pistonné par le PS et la franc-maçonnerie...quelqu'un qui pense comme cela est en train de perdre sa lucidité politique, c'est un discours de malade, pas de quelqu'un capable de solidarité (j'espère souvent que n'adhères pas à ton propre discours). Faut arrêter ton cinéma, ton problème n'est pas là mec. Pose toi plus de question et donne moins de réponse...

Merci, là aussi, de t'inquiéter pour ma lucidité politique. Je parle, en tant que malade incapable de solidarité, d'un domaine spécifique, jadis le mien, non d'autres formes d'emploi. Et bien sûr, c'est une sorte de trait d'esprit: faut pas prendre tout ce que je dis au pied de la lettre non plus, sinon on peut s'inquiéter encore plus.
Donc, j'arrête mon cinéma, en attendant que tu arrêtes le tien. Je me pose tellement de questions, mec, et tu me donnes tellement des réponses (dont je pige pas la moitié du dixième), que je m'en pose encore plus.

Merci, et t'inquiète, je ne te hais point.

Courage, car il en faut, je sais, pour bosser comme programmeur, boulot bien ingrat, qui laisse peu de temps pour soigner la misère du monde et de la... syntaxe. Et bravo pour cet effort, concernant cette dernière.

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Message par Invité Ven 28 Déc 2012 - 12:32

Pour revenir à de Oliveira: on comprend mieux d'où vient "Gebo" et sa théâtralité après avoir vu un peu du "Soulier de satin".
Le Soulier est intéressant mais mais un peu glaçant de voir ce par quoi de Oliveira s'est reconnu dans Claudel, de manière similaire dans son rapport à l'histoire (c'est le même point de vue sur le colonialisme que dans "Non", où la décolonisation correspond à une défaite intentionnelle du colonisateur, qui installe un monde saturé de sens et de foi, insoutenable pur lui-même, que la mort ne modifie pas) et dans son rapport à l'amour (le thème des amants séparés, ne se comprennent pas et qui ne se rencontrent qu'au ciel revient dans ses derniers films, sauf peut-être sa suite à "Belle de Jour" qui est justement le plus cruel).

Sinon Patricia Barzyk, excellente, trajectoire étonnante Shocked


Dernière édition par Tony le Mort le Ven 28 Déc 2012 - 13:29, édité 3 fois

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Message par Invité Ven 28 Déc 2012 - 12:43

pourquoi tu dis de Oliveira, Oliveira suffit ?

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Message par Invité Ven 28 Déc 2012 - 13:25

J'avoue que je ne me suis jamais posé la question. Paul Morand s'était posé la question avec "de Gaulle" si tu veux, et c'est pas un précédent génial.

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Message par Invité Ven 28 Déc 2012 - 14:24

http://www.genealogie.com/nom-de-famille/DE%20OLIVEIRA.html

rien à voir avec le de français. On dit pas Estaing

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