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Oliveira et les femmes

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Borges
balthazar claes
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Message par Invité Dim 5 Avr 2009 - 20:52

Hello,

J'ai regardé "Le principe de l'incertitude" d'Oliveira. J'ai pensé un peu à ce texte d'Adorno dans la manière dont sont traités les personnages féminins Depuis que je l'ai vu

Le caractère féminin et l'idéal de féminité suivant lequel il a été modelé sont les produits de la société masculine. L'image d'une nature non altérée n'apparaît que dans l'altération où elle exprime son contraire. Lorsque cette société masculine prétend être humaine, elle se corrige souverainement elle-même dans les femmes et révèle dans une telle limitation son impitoyable maîtrise. Le caractère féminin est le négatif de la domination. Et de ce fait il est aussi mauvais qu'elle. D'ailleurs tout ce que la bourgeoisie dans son aveuglement désigne par le terme de nature n'est que le stigmate de la mutation sociale. Si la théorie psychanalytique selon laquelle les femmes ressentent leur constitution physique comme le résultat d'une castration est juste, c'est que, dans leur névrose, elles pressentent la vérité. La femme qui s'éprouve comme une blessure lorsqu'elle saigne, sait plus d'elle-même que celle qui s'imagine être une fleur parce que cela convient à son mari. Le mensonge n'est pas de proclamer la nature là où elle est tolérée et adaptée, mais ce qui, dans la civilisation, passe pour nature est le plus éloigné de la nature dans sa propre substance, devenu pur et simple objet de soi-même. La féminité qui se réclame de l'instinct est toujours précisément ce que chaque femme doit se contraindre à toute force - une force masculine - d'être : les vraies femmes sont en fait des "mâles". Il suffit d'avoir été jaloux pour découvrir comment ces femmes féminines disposent de leur féminité, l'utilisent suivant les besoins, font briller leurs yeux, se servent de leur tempérament pour savoir ce qu'il en est de cet inconscient si bien gardé et que l'intellect n'atteint pas. Cette intacte pureté est justement l'œuvre du moi, de la censure, de l'intellect et c'est pour cette raison qu'elle s'adapte sans la moindre résistance au principe de réalité de l'ordre rationnel. Toutes les natures féminines sans exception sont conformistes. Que Nietzsche par ailleurs si persévérant se soit tu devant elles pour adopter sans la vérifier et sans la mettre lui-même à l'épreuve l'image féminine produite par la civilisation chrétienne - dont il se méfiait par ailleurs si totalement - finit par soumettre malgré tout sa pensée à l'empire de la société bourgeoise. Il fut victime de la supercherie qui lui fit désigner les femmes par le terme de "Weib" [Ce terme a pris depuis le XIXe siècle une nuance péjorative]. C'est pourquoi il conseille perfidement de ne pas oublier le fouet : la femme elle-même n'est-elle pas le produit du fouet ? Supprimer cette fabrication artificielle signifierait enfin libérer la nature. La glorification du caractère féminin implique l'humiliation de toutes celles qui le possèdent.

T. W. Adorno, Minima Moralia, pp. 129-130.

Il me semble que ce texte critique est assez adapté pour déconstruire le regard que porte Oliveira sur Camila et Vanessa.

Oliveira et les femmes Princ608

Et puis je me suis souvenu de ce billet de Renzi au dernier festival de Berlin :

Cela fait déjà plusieurs années que Manoel de Oliveira a cent ans.

Il y a deux ans, on le fêtait à Venise. Puis, quelques mois après, l’anniversaire a été célébré à Cannes. Aujourd’hui, le voilà sur la scène de la Berlinale. L’impérissable cinéaste portugais apparaît de plus en plus à l’aise après cette longue série d’hommages, très amusé par tout le sérieux et le ridicule qui l’accompagne, et, toujours prêt à jouer d’emblée l’enfant et le mage, celui qui reçoit les cadeaux, et celui qui les apporte. A Cannes, on s’en souviendra, il était venu avec L’Enigme. Une histoire importante, avec laquelle il faisait preuve de tendresse et d’intimité. Ici à Berlin, c’est en revanche un récit léger, presque frivole qui nous est montré. La trame tient presque dans son titre Singularidades de uma rapariga loura, Singularités d’une jeune fille blonde.

J’ai une raison toute personnelle de trouver ce film fort. A Cannes, Hervé Aubron et moi avions rencontré De Oliveira. Les vingt minutes accordées par les attachés de presse se sont écoulées très vite. Trop. Nous n’avons guère parlé de « Christovao Colombo », mais du café italien, de la guerre en Irak, d’un certain roi dont j’ai oublié le nom... et surtout des femmes. En dépit de nos efforts, c’était le seul véritable sujet qui intéréssait De Oliveira : la femme, cette salope.

La femme qui tente. La femme qui empêche l’homme de réfléchir. La femme-mante religieuse, qui tue, car elle n’a besoin de l’homme pour quelques instants seulement. Et qu’est-ce que l’homme, Manoel ? Il n’est rien. Du foutre. C’est pourquoi le mariage est fondamental...

Nous sortîmes de l’entretien avec l’impression d’avoir une matière... politiquement peu consensuelle, mais assurément forte. Aussi forte que difficile à transcrire, hélas (nous avons ensuite renoncé à le publier). Certes loin du film - mis à part les quelques passages sur le célèbre roi dont j’ai oublié le nom. C’est que de toute évidence - mais comment le savoir ? - De Oliveira pensait déjà à son prochain film, à sa prochaine fête du centenaire.

Comment lui en vouloir ? Singularités est un petit (75 minutes) chef d’œuvre. Dans la lignée des films parlés, racontés, tout comme L’Enigme. Macario, le héros et narrateur de ses propres mésaventures, est d’ailleurs joué par ce même Ricardo Trêpa qui jouais le médecin chercheur dans L’Enigme. Et elle, la blonde ? Une vraie salope.

http://www.cahiersducinema.com/article1833.html

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Message par balthazar claes Lun 6 Avr 2009 - 12:00

A la manière de B. : Adorno, oui, pourquoi pas, c'est intéressant ; il me paraît tout de même difficile de parler de cette question sans être passé d'abord par la Sonate à Kreutzer ; c'est une pierre angulaire à ce sujet, tout y est dit, en mieux, plus profond.


Nous, les hommes, nous ignorons et nous ignorons parce que nous ne voulons pas savoir, les femmes, elles, savent et fort bien que l'amour le plus élevé, le plus poétique, comme nous disons, dépend non de mérites moraux mais d'un rapprochement physique et par surcroît d'une coiffure, de le couleur, de la coupe d'une robe. Demandez à une coquette expérimentée qui s'est donné pour tâche de séduire un homme ce qu'elle préfère risquer : être accusée de mensonge, de cruauté, et même de dévergondage en présence de l'homme qu'elle essaye de charmer ou se montrer à ses yeux dans une robe laide et mal faite ; n'importe laquelle choisira toujours la première éventualité. Elle sait que nous ne faisons que mentir en parlant de sentiments élevés, que nous n'avons besoin que du corps et que par suite nous pardonnons toutes les vilenies, mais que nous n'avons pas d'indulgence pour un vêtement défectueux, sans goût et mauvais genre. La coquette sait cela consciemment mais la première jeune fille innocente sait cela inconsciemment, comme le savent les animaux.

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Message par Invité Lun 6 Avr 2009 - 16:32

Ouais bon, il me semble que le texte d'Adorno est un peu plus compliqué que ces quelques banalités misogynes, non ? A moins que je ne me sois fait embobiner par les méandres de sa pensée. Eventuellement, on peut dire que le texte d'Adorno part du texte que tu as posté mais comme ailleurs il part de l'intérieur de ce discours orchestré par la société pour finir à l'extérieur de celui-ci tout en lui jetant un regard critique.

C'est un peu pour toi aussi que j'ai posté ce texte, sorte de citation à retardement (on a pas toujours la chance d'avoir une personne charmante à ses côtés pour reprendre à sa place les citations qu'on est incapable de retenir!).

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Message par balthazar claes Lun 6 Avr 2009 - 16:42

Smile Je t'assure que cette nouvelle de Tolstoï est un phare insubmersible dans ce registre d'une critique radicale de la définition quasi-universelle des rapports entre les sexes ; rien de misogyne là-dedans, je le tiens de mes meilleures sources. Je voulais juste me payer le chic de snober Adorno quelques secondes. Du reste la question renvoie directement à un certain impensable. Il faut continuer.

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Message par Invité Dim 13 Sep 2009 - 15:56

Salut, alors vous l'avez vu son film avec une jeune fille blonde ?

(Je sais que BC oui, j'avais un peu oublié cette discussion, on pourrait la reprendre autour de son nouveau film ici, l'endroit me semble tout particulièrement approprié.)

Moi, j'en sors, il est peut-être trop tôt.

Mystérieuse, cette fille blonde qui ne semble pas douée de parole, qui masque sa bouche derrière un éventail, bel objet, sur lequel est brodé un dragon. Apparitions voilées/dévoilées derrières/devant les rideaux à la fenêtre. Il faudrait définitivement creuser du côté de Nietzsche. Dans ce film (déjà dans "Christophe Colomb") toute la parole, le logos, est réservé à l'homme. On est littéralement embarqué dès le début dans sa parole, dans le train, dans l'histoire qu'il nous raconte.

La sortie est marquante, le montage brutal du plan où la jeune fille est assiste les jambes entre-ouvertes et le plan du train qui s'en va au loin droit sur les rails. Le train semble sortir, comme accoucher, d'entre ses cuisses écartées et inertes.

Il est beaucoup question d'objets et de rapports à ceux-ci, je ne sais pas trop qu'en faire dans l'immédiat : on oublie un chapeau, on perd un jeton de poker, on donne bien sûr de l'argent, on vole une bague, on vante un éventail...

Et puis il y a insérés tous ces plans sur la ville ; le soleil se couchant, haut, se levant, qui donne ses nuances à la cité vu de haut...

Je crois pas que ça soit un fille de film ça BC !? Wink

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Message par Borges Dim 13 Sep 2009 - 16:14

L'éventail, aussi du côté de Derrida, via Mallarmé.
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Message par Largo Dim 13 Sep 2009 - 20:39

Et aussi L'eventail de Lady Windermere, avec lequel il partage ce gout du jeu avec le cadre, les encadrures...

Pas trop aimé le film sinon, dommage pour mon 1er oliveira...
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Message par Invité Lun 14 Sep 2009 - 5:56

" Mystérieuse, cette fille blonde qui ne semble pas douée de parole, qui masque sa bouche derrière un éventail " (JM)

curieux objet cet éventail avec son plumet, qui fait ressembler sa bouche à un sexe, une bizarre origine du monde ...

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Message par Invité Lun 14 Sep 2009 - 18:22

Oliveira et les femmes 19143173

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Message par Leurtillois Lun 14 Sep 2009 - 20:17

ccamille a écrit:curieux objet cet éventail avec son plumet, qui fait ressembler sa bouche à un sexe, une bizarre origine du monde ...

Tu penses à Myriem Roussel ?Oliveira et les femmes 36203196_p (Je vous salue, Marie)

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Message par Eyquem Lun 14 Sep 2009 - 20:38

Qu'est-ce qu'elle a de si mystérieux, cette jeune fille ?

Est-ce que ce n'est pas plutôt l'histoire d'un homme qui veut ne rien savoir sur celle qu'il aime, et qui voudrait qu'elle continue à s'éventailler à sa fenêtre, mystérieusement, pour l'éternité ?

Pourquoi ne demande-t-il rien à propos des mouchoirs disparus ? du jeton perdu ? Pourquoi se débarasse-t-il d'elle aussi brutalement, quand il est forcé, par le bijoutier, de reconnaître ce qu'il ne voulait pas savoir ?
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Message par Invité Lun 14 Sep 2009 - 20:50

Eyquem a écrit:
Pourquoi ne demande-t-il rien à propos des mouchoirs disparus ? du jeton perdu ? Pourquoi se débarasse-t-il d'elle aussi brutalement, quand il est forcé, par le bijoutier, de reconnaître ce qu'il ne voulait pas savoir ?

C'est une question d'objet (du désir).. Faut y réfléchir un peu (ils sont mariés à ce moment-là, contrairement aux moments des autres vols).

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Message par Largo Lun 14 Sep 2009 - 22:45

C'est vrai que c'est un beau Candide ce type, un bel âne avec de grandes zornières !

Moi ce qui m'a gêné, c'est pas tant les singularités que le fait que ce soit une jeune fille blonde et pas un personnage. Parce que derrière les fameuses apparences toujours trompeuses, derrière les façades en papier mâché, il n'y a rien, pas de personnalité, pas de vie, pas d'existence à l'écran. Il ne reste qu'un portrait encadré avec beaucoup de goût, subtilement orné d'une petite mise en abyme (parce que oulalala y'a un vrai tableau de peinture dans le tableau filmique) tellement discrète et tellement distinguée. C'est donc sur un simulacre fumeux que repose tout le film et sa pauvre morale ; simulacre qui, une fois révélé, se défait, comme un pantin abandonné par son marionnettiste dès lors que celui-ci n'a plus envie de jouer.

Avec l'âge, il est de bon ton semble-t-il d'assécher ses récits, pardon, de les épurer, à grands coups d'ellipses qui rendent insignifiants les efforts et les coups du sort endurés par le héros. Dans le même temps, on se joue de la naïveté du pauvre type en faisant passer ça pour de la tendre malice.

Tout ça pour quoi ? Pour un apologue désuet, suranné, pauvre au fond, mais dont la pauvreté passe pour de l'ascèse, enrôbée qu'elle est dans les tons chatoyants des intérieurs et le raffinement de la mise en scène.

Ce film, pour moi, n'est au mieux qu'une mignardise pour cinéphile végétarien ; au pire, une fable de La Fontaine ou peut-être un conte de Voltaire auquel on aurait ôté l'ironie savoureuse et le sens de la démesure.

Bref, c'est très beau, très mignon à l'intérieur mais le coeur fondant et amère de la sucrerie me laisse de marbre...
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Message par Invité Mar 15 Sep 2009 - 5:43

je suis en tout point de l'avis contraire : l'émotion esthétique ne fait qu'une avec l'émotion artistique ; rien à voir pour moi avec rester de marbre ( je crois d'ailleurs que la catégorie de l'âge n'a rien à voir là ).

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Message par Invité Mar 15 Sep 2009 - 6:25

Largo a écrit:C'est vrai que c'est un beau Candide ce type, un bel âne avec de grandes zornières !

Moi ce qui m'a gêné, c'est pas tant les singularités que le fait que ce soit une jeune fille blonde et pas un personnage. Parce que derrière les fameuses apparences toujours trompeuses, derrière les façades en papier mâché, il n'y a rien, pas de personnalité, pas de vie, pas d'existence à l'écran. Il ne reste qu'un portrait encadré avec beaucoup de goût, subtilement orné d'une petite mise en abyme (parce que oulalala y'a un vrai tableau de peinture dans le tableau filmique) tellement discrète et tellement distinguée. C'est donc sur un simulacre fumeux que repose tout le film et sa pauvre morale ; simulacre qui, une fois révélé, se défait, comme un pantin abandonné par son marionnettiste dès lors que celui-ci n'a plus envie de jouer.

Avec l'âge, il est de bon ton semble-t-il d'assécher ses récits, pardon, de les épurer, à grands coups d'ellipses qui rendent insignifiants les efforts et les coups du sort endurés par le héros. Dans le même temps, on se joue de la naïveté du pauvre type en faisant passer ça pour de la tendre malice.

Tout ça pour quoi ? Pour un apologue désuet, suranné, pauvre au fond, mais dont la pauvreté passe pour de l'ascèse, enrôbée qu'elle est dans les tons chatoyants des intérieurs et le raffinement de la mise en scène.

Ce film, pour moi, n'est au mieux qu'une mignardise pour cinéphile végétarien ; au pire, une fable de La Fontaine ou peut-être un conte de Voltaire auquel on aurait ôté l'ironie savoureuse et le sens de la démesure.

Bref, c'est très beau, très mignon à l'intérieur mais le coeur fondant et amère de la sucrerie me laisse de marbre...

Salut,

Derrida, lorsqu'il joue à déconstruire les positions de Niezsche vis-à-vis de la femme, de ses femmes, évoque la notion de "simulacre". Dans "Eperons, les styles de Niezsche".

On n'a pas encore évoqué la mère de la jeune fille. Le premier regard, la première réflexion de Macario est pour elle, et son portrait surplombe étrangement la scène.

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Message par Largo Mar 15 Sep 2009 - 12:04

C'est le contrepoint exact du personnage de l'Oncle, non ? Image de la tradition, tour à tour sévère et chaleureuse...
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Message par balthazar claes Mar 15 Sep 2009 - 17:28

Je me dis : un film presque d'outre-tombe (certes). Quand Macario est dans sa chambrette verte avec le petit lit et l'énorme armoire en bois sombre, c'est vraiment déjà tout à fait un cercueil. On ne peut pas faire un film davantage dans le genre "spectres".

Le plan de la ville qui revient, fixe, toujours le même, à différentes heures : c'est vraiment un temps qui passe et qui surplombe les petites affaires humaines et les réduit d'emblée en cendres. Le film a comme ça une puissance fatale, d'être comme détaché de son histoire.

L'histoire est livrée avec une sécheresse inouïe, et c'est là qu'on se rend compte de ce qu'est une histoire, c'est presque rien, un souffle, un fil, deux ou trois hasards ; un souffle, et il n'en faut pas plus pour que l'auditeur soit pendu à ce souffle et saisi du terrible désir de savoir la fin.

Et c'est quoi l'histoire : une levée de voile, un dévoilement. Derrière le voile, il n'y a rien, tout était dans le voile, dans l'éventail. L'homme tend éperdument à lever un voile qui l'obsède, devant lequel il est tombé fasciné. C'est un peu comme le taureau et la corrida, cette vision de l'humanité.

C'est-à-dire que ce qu'il y a derrière le voile c'est le toreador, le manipulateur du voile. Le voile, et le toreador, n'avaient qu'un unique but, fasciner la victime et la faire se précipiter dans le vide. etc.

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Message par Borges Mar 15 Sep 2009 - 21:59

C'est Wilde qui disait de la femme qu'elle était un sphinx sans énigme; ce qui rejoint la piste simulacre-éventail-voile et dévoilement de JM et BC.
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Message par Invité Jeu 17 Sep 2009 - 7:19

Oliveira et les femmes Porto

Photogramme de Porto de mon enfance.


"Toréador en garde
Toréador, toréador !
Et songe bien, oui, songe en combattant,
Qu'un oeil noir te regarde
Et que l'amour t'attend,
Toréador,
L'amour, l'amour t'attend."


L'auteur de ce post assure qu'aucun animal n'a été blessé pour la préparation de celui-ci.

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Message par jll Jeu 24 Sep 2009 - 8:10

Etr bien Largo, qu'as tu contre les cinéphiles végétarien?

C'est un film métaphysqiue comme d'habitude. Ici deux jeunes gens chassés du paradis terrestre par le tout puissant Oliveira.

jll

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