Lost (2004- 2010)
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Borges
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Re: Lost (2004- 2010)
très bon post, j'aime beaucoup aussi.Borges a écrit:un forum, c'est un espace sans règle, sans distribution, sans ordre, où personne ne possède la moindre autorité, un espace égalitaire, ce qui explique les polémiques incessantes; je peux écrire le texte le plus argumenté, fondé, le premier venu peut trouver que c'est de la merde; c'est ce qui effraye tellement les tenants de l'ordre policier, et de la parole légitime, légitimée; je pense à ma discussion avec le brave Aumont, et son fameux "mais t'es qui toi?"; question débile, parce que sur le Net, y a besoin d’être personne pour dire à une autorité, ou pseudo autorité, qu'elle dit des âneries; aucune parole n'a plus de poids qu'une autre... Dans une situation programmée, officielle, ou tout simplement socialement déterminée, nous sommes tous tenus de respecter les hiérarchies du savoir, du pouvoir, qui interdit et autorise, détermine le ton, les manières, le langage, le moment, personne ne débat, conteste, de manière aussi libre et anarchique, parfois vainement, comme on le fait ici... le forum, c'est le contraire d'une institution... on est au pays des merveilles, qui est bien entendu un pays de cauchemars...
on pense à ce que Deleuze écrivait de la comédie américaine classique : "moins il y aurait de structure sociale préexistante, mieux se dégageraient, non pas une vie naturelle muette, mais des formes pures de sociabilité passant nécessairement par la conversation (...)
une conversation nécessairement un peu folle, puisque sans structures sociales prédéterminées, sans fonction, intérêt, amenant les gens les plus différents à se rencontrer, à causer...
mais c'est pas tellement le débat, on est toujours assez loin de ce projet qui n'en est pas un...
Le problème de la discussion en l'occurrence, et il se pose très souvent, c'est de savoir qui est respectable et qui ne l'est pas, et ce partage là intervient très vite, et avec des discours d'émancipation pour que ça soit encore plus rigolo. C'est ce que j'en disais dans un précédent post à Balthazar Claes qui s'adressait à Woots, l'utilisation de Rancière ou de Deleuze devient quelque chose d'assez con...
Invité- Invité
Re: Lost (2004- 2010)
oui ok avec tes deux derniers posts.Borges a écrit:la seule manière d'échapper à ces disputes débiles, stériles, mécaniques, et donc parfois risibles, c'est de se concentrer sur la chose à discuter, à penser...on peut penser les séries de tous les points de vue (production, capitalisme, sens, objet légitime ou mineur, contenu...forme, depuis le spectateur et ses émancipations ou aliénations...) rien n'est interdit, suffit juste de ne pas prendre l'autre pour un con, surtout quand on affirme l'égalité des intelligences, toujours soumise bien entendu à l'épreuve de la démonstration...
démontrons donc que nous sommes tous aussi intelligents, cultivés, beaux, bons, grands, forts, émancipés et à la recherche d'une plus grande émancipation encore, les uns que les autres, sans verser dans la rivalité mimétique...
Invité- Invité
Re: Lost (2004- 2010)
Que d'indignation, que d'effets de manche... Ta tirade "moi ? non, nulle part" est supposée me faire pleurer ? Mais c'est du Hollande en campagne !
Et tu n'as jamais parlé d'abstrait/concret, sans doute... sauf pour accuser certains, dont moi, d'être perdus dans les nuées - excuse-moi d'avoir entendu ça comme voulant dire "abstrait". Et tu n'as certes pas dit qu'on est prisonnier de sa classe sociale : tu as juste dit :
scuzi, rien à voir, en effet.
Et tu n'as pas non plus dit qu'il y avait deux classes sociales, l'une dupe dans l'abstrait, l'autre dans le concret ; ça c'est moi qui le disais. Toi tu disais :
pour moi ça ne contient rien d'autre que le déroulé, j'allais dire la caricature, mais non, que j'en fais au-dessus. L'expansion du marché de la geekitude, opposée aux jeunes Maghrébins qui se battent dans la rue. Rien d'autre que ça. Et je n'ai rien lu d'autre dans tes posts. C'est juste plutôt tautologique et sans intérêt, si ce n'est au titre de témoignage de ton vécu personnel : figure-toi que ça ne fait pas un argument. Non mais essaie pour voir : enlève le "en bas de chez moi" de ta phrase et tu verras à quel point elle atteint un niveau de vague généralité.
D'un côté les consommateurs geeks petits-bourgeois, de l'autre les jeunes Maghrébins en colère qui préfèrent parler de foot et d'Islam. Ce sont tes mots, et il n'y en a pas d'autres. Et si je te le fais remarquer (et je n'ai rien fait d'autre), me voilà accusé de cynisme, de mépris, d'être dans les nuées, d'être de mauvaise foi et dans la haine de soi. Purée, quand même.
"Les jeunes qui se battent depuis plusieurs nuits" viendraient interrompre n'importe quelle séance de discussion cinéphile, en effet ; certes. Quelle oeuvre mérite qu'on en cause juste à côté de gens qui souffrent et luttent ? "Les jeunes qui se battent depuis plusieurs nuits", introduits dans ce topic, comme dans n'importe quel autre, font pâlir le sujet. Ce sont tes mots. Que reste-t-il après ça ? de pauvres consommateurs geeks petits-bourgeois. Consommateurs de "produits culturels" calibrés pour eux. Et voilà : c'est dire à quel point c'est pas intéressant, par rapport à la réalité de la lutte. Ceux qui regardent cette série ne sont pas dans la lutte, mais dans la consommation. Tu l'as dit, et tu n'as rien dit d'autre.
Mais moi, je l'ai vue la série Lost, jusqu'au 20e épisode de la saison 2. C'est une série avec une touche de survivalisme familialiste, à la Walking Dead, avec pas mal d'intrigues sentimentales et pas mal de trucs classiques. Mais son truc particulier c'est de jouer avec l'absurdité et la féérie : les cliffhangers et coups de théâtre pleuvent avec une régularité mécanique, repoussant toujours davantage les frontières du crédible. Très régulièrement ça n'a plus aucun sens, les fils ne se rejoignent plus, mais l'histoire continue imperturbablement à empiler les révélations et les événements incroyables. Tel héros s'enlève à mains nues une balle qu'on lui a tiré dans l'épaule, parfois se balade dans la jungle dans la terreur qu'un ours polaire l'attaque, parfois se balade dans la même jungle sans la moindre appréhension. Un mélange de sérieux imperturbable et de n'importe quoi scénaristique assumé ; une farce grotesque mais traitée avec constance et rigueur, ne basculant jamais dans le second degré. C'est assez difficile à qualifier, mais ça se tient sans doute pas loin du Prisonnier et de Twin Peaks, tout en étant très différent pour autant que je sache. On n'est pas loin d'une espèce de démontage de l'effet de fiction, de mise en évidence des mécanismes de la suspension d'incrédulité, quelque chose comme ça. Mais pas d'une manière "moderniste", distanciée ; plutôt selon un mode extrêmement classique de la fiction. C'est réflexif et cérébral, si on veut ; mais il n'y a jamais grand-chose à comprendre, à analyser : les fils de l'intrigue ne se touchent plus du tout, il y a une béance, mais celle-ci est en plein milieu de l'intrigue, non voilée. Le bateau devrait couler mais flotte encore, et difficile de dire pourquoi. Une expérience de ce type ne serait sans doute pas possible sur une durée brève : l'insistance, la persistance de l'intrigue après qu'elle ait sombré dans le non-sens a besoin de temps pour se donner à voir.
Fin bref, tes "ça me semble important de le souligner" et tes "on peut développer une analyse conséquente" me paraissent bien présomptueux, en fonction de ce visionnage. Y aurait bien des choses à dire, au-delà de "c'est ciblé pour les geeks", je t'assure.
Et tu n'as jamais parlé d'abstrait/concret, sans doute... sauf pour accuser certains, dont moi, d'être perdus dans les nuées - excuse-moi d'avoir entendu ça comme voulant dire "abstrait". Et tu n'as certes pas dit qu'on est prisonnier de sa classe sociale : tu as juste dit :
Les strates sociales sont plus étanches qu'on voudrait le croire.
scuzi, rien à voir, en effet.
Et tu n'as pas non plus dit qu'il y avait deux classes sociales, l'une dupe dans l'abstrait, l'autre dans le concret ; ça c'est moi qui le disais. Toi tu disais :
C'est vraiment une clownerie, cette histoire. Quand tu écris, again :Et maintenant que j'y pense : le petit-bourgeois vit par procuration ce que le prolétaire vit réellement.
C'est un peu rapide (les pauvres aussi regardent la télé) mais concernant les séries, ça me semble important de le souligner. Le geek, pour prendre le type qui passera le plus de temps à commenter les séries sur le net ou dans la vie, est un enfant de la classe moyenne, avec une culture petite-bourgeoise (je n'ai pas dit bourgeoise). Et la geekitude un marché en expansion.
Les jeunes qui se battent depuis plusieurs nuits en bas de chez moi ne sont jamais chez eux en train de regarder la télé ou le net. Qui sont-ils ? Des Noirs et des Maghrébins, fils de prolétaires, qui préfèrent parler d'islam, de foot ou de course-poursuite avec les flics que de la dernière saison de Game of Thrones.
Tout le verbiage qui s'attache en ce moment aux produits culturels, des clips aux séries télé, n'est en rien une affaire de pauvres.
pour moi ça ne contient rien d'autre que le déroulé, j'allais dire la caricature, mais non, que j'en fais au-dessus. L'expansion du marché de la geekitude, opposée aux jeunes Maghrébins qui se battent dans la rue. Rien d'autre que ça. Et je n'ai rien lu d'autre dans tes posts. C'est juste plutôt tautologique et sans intérêt, si ce n'est au titre de témoignage de ton vécu personnel : figure-toi que ça ne fait pas un argument. Non mais essaie pour voir : enlève le "en bas de chez moi" de ta phrase et tu verras à quel point elle atteint un niveau de vague généralité.
D'un côté les consommateurs geeks petits-bourgeois, de l'autre les jeunes Maghrébins en colère qui préfèrent parler de foot et d'Islam. Ce sont tes mots, et il n'y en a pas d'autres. Et si je te le fais remarquer (et je n'ai rien fait d'autre), me voilà accusé de cynisme, de mépris, d'être dans les nuées, d'être de mauvaise foi et dans la haine de soi. Purée, quand même.
"Les jeunes qui se battent depuis plusieurs nuits" viendraient interrompre n'importe quelle séance de discussion cinéphile, en effet ; certes. Quelle oeuvre mérite qu'on en cause juste à côté de gens qui souffrent et luttent ? "Les jeunes qui se battent depuis plusieurs nuits", introduits dans ce topic, comme dans n'importe quel autre, font pâlir le sujet. Ce sont tes mots. Que reste-t-il après ça ? de pauvres consommateurs geeks petits-bourgeois. Consommateurs de "produits culturels" calibrés pour eux. Et voilà : c'est dire à quel point c'est pas intéressant, par rapport à la réalité de la lutte. Ceux qui regardent cette série ne sont pas dans la lutte, mais dans la consommation. Tu l'as dit, et tu n'as rien dit d'autre.
Mais moi, je l'ai vue la série Lost, jusqu'au 20e épisode de la saison 2. C'est une série avec une touche de survivalisme familialiste, à la Walking Dead, avec pas mal d'intrigues sentimentales et pas mal de trucs classiques. Mais son truc particulier c'est de jouer avec l'absurdité et la féérie : les cliffhangers et coups de théâtre pleuvent avec une régularité mécanique, repoussant toujours davantage les frontières du crédible. Très régulièrement ça n'a plus aucun sens, les fils ne se rejoignent plus, mais l'histoire continue imperturbablement à empiler les révélations et les événements incroyables. Tel héros s'enlève à mains nues une balle qu'on lui a tiré dans l'épaule, parfois se balade dans la jungle dans la terreur qu'un ours polaire l'attaque, parfois se balade dans la même jungle sans la moindre appréhension. Un mélange de sérieux imperturbable et de n'importe quoi scénaristique assumé ; une farce grotesque mais traitée avec constance et rigueur, ne basculant jamais dans le second degré. C'est assez difficile à qualifier, mais ça se tient sans doute pas loin du Prisonnier et de Twin Peaks, tout en étant très différent pour autant que je sache. On n'est pas loin d'une espèce de démontage de l'effet de fiction, de mise en évidence des mécanismes de la suspension d'incrédulité, quelque chose comme ça. Mais pas d'une manière "moderniste", distanciée ; plutôt selon un mode extrêmement classique de la fiction. C'est réflexif et cérébral, si on veut ; mais il n'y a jamais grand-chose à comprendre, à analyser : les fils de l'intrigue ne se touchent plus du tout, il y a une béance, mais celle-ci est en plein milieu de l'intrigue, non voilée. Le bateau devrait couler mais flotte encore, et difficile de dire pourquoi. Une expérience de ce type ne serait sans doute pas possible sur une durée brève : l'insistance, la persistance de l'intrigue après qu'elle ait sombré dans le non-sens a besoin de temps pour se donner à voir.
Fin bref, tes "ça me semble important de le souligner" et tes "on peut développer une analyse conséquente" me paraissent bien présomptueux, en fonction de ce visionnage. Y aurait bien des choses à dire, au-delà de "c'est ciblé pour les geeks", je t'assure.
balthazar claes- Messages : 1009
Re: Lost (2004- 2010)
Borges a écrit:Le discours marxiste, c'est celui des élites, au moins sur un point essentiel, l'économie détermine tout, et rend possible ou impossible toute politique...
Oui (pour le marxisme au sens stalinien), mais non. Car Marx allait plus loin que ça : il disait que notre situation sociale détermine notre idéologie, donc le contenu de nos discours, relatifs à notre appartenance de classe, et une chose pareille les élites ne peuvent pas le dire, jamais, puisque leur discours a toujours la prétention d'avoir une valeur universelle.
Borges a écrit:que veut dire il y a des classes sociales ?
Qu'il y a des gros possédants, des petits possédants, et des gens qui ne possèdent rien que leur force de travail.
On a beau avoir généralisé le crédit, on a beau avoir bradé certains produits de grande consommation, on a beau avoir mis en place l'aide sociale, on en est toujours là.
Et de cette division découle un tas de faits, de caractères, de pathologies, que plus personne ne s'amuse à répertorier de peur d'être soi-même enfermé dans une détermination socio-économique réductrice (cf. Jerzy, Balthazar Claës). Trop d'orgueil a tué le marxisme.
Borges a écrit:Le problème dans la lecture de Jerzy et BC, c'est qu'ils identifient un peu trop vite tes propos, quelques fois pas assez réflexifs, avec la position des Finkielkrautf, BHL...
Elle est bien bonne. Et sous quel prétexte, sinon celui de s'élever artificiellement au rang de sages ?
Je n'ai pourtant jamais entendu Finkielkraut ou BHL questionner l'identité de leur classe sociale, ou encore voir que leur appartenance à cette classe-là les fait chercher des poux aux pauvres plutôt qu'aux riches. Le même Finkielkraut disait : "Le social, le social, mais arrêtez avec le social, j'en ai marre du social !!" ?
Et qu'entends-tu par "pas assez réflexifs" ? Parce que je ne cite ni Bourdieu ni Rancière ni je ne sais qui ?
Que faut-il ajouter à ce qu'on dit pour faire plaisir à ces messieurs ? Et pourquoi ce ne sont pas ces messieurs qui poseraient des questions, histoire de bien comprendre à qui ils parlent, plutôt que d'insulter et d'humilier en meute, comme des lâches ?
Baldanders- Messages : 351
Re: Lost (2004- 2010)
balthazar claes a écrit:Que d'indignation, que d'effets de manche... Ta tirade "moi ? non, nulle part" est supposée me faire pleurer ? Mais c'est du Hollande en campagne !
Toujours des attaques perso à la place d'une tentative un minimum respectueuse de dialogue...
Pour te répondre : c'est supposé rien du tout à part prouver que tu racontes absolument n'importe quoi, par pur (et obscur) désir de me régler mon compte.
balthazar claes a écrit:Et tu n'as jamais parlé d'abstrait/concret, sans doute... sauf pour accuser certains, dont moi, d'être perdus dans les nuées - excuse-moi d'avoir entendu ça comme voulant dire "abstrait".
Oui, tu nages dans l'abstraction, ça c'est clair. Mais ça ne veut pas dire qu'avant ça j'avais parlé d'abstraction.
balthazar claes a écrit:Et tu n'as certes pas dit qu'on est prisonnier de sa classe sociale : tu as juste dit :Les strates sociales sont plus étanches qu'on voudrait le croire.
scuzi, rien à voir, en effet.
Non, rien à voir, en effet. Puisque la grande (et non totale) étanchéité des classes sociales ne signifie pas qu'on ne peut pas échapper à leur emprise psychologique ou matérielle. Je l'ai dit et répété (en particulier en citant mon propre cas), mais tu ne retiens que ce qui t'arrange, pas vrai ?
balthazar claes a écrit:Et tu n'as pas non plus dit qu'il y avait deux classes sociales, l'une dupe dans l'abstrait, l'autre dans le concret ; ça c'est moi qui le disais. Toi tu disais :Et maintenant que j'y pense : le petit-bourgeois vit par procuration ce que le prolétaire vit réellement.
A quoi Borges avait répondu que c'était très vrai - réponse de Borges que tu prends soin de ne pas relever.
Mais au fait, est-ce que dire ça, c'est parler d'abstrait et de concret, est-ce que c'est dire que la classe qui regarde des séries est dans l'abstraction et que la classe qui se bat est dans le concret ? En quoi regarder un écran est "abstrait" ? Bah non, c'est tout ce qu'il y a de concret. De même que le jeune qui se bat peut le faire dans une représentation de lui-même qui rend son combat parfaitement abstrait.
Tu projettes dans mes propos une volonté de réduire le monde à des oppositions binaires, mais là encore c'est TON problème. J'ai juste fait la remarque que ceux de ma classe ne se battent pas et regardent davantage de séries, et surtout en parlent davantage, que ceux de la classe sociale "inférieure".
D'un constat qui peut aider à penser un peu les objets dont on parle, tu tires une pensée générique débile, et tu m'accuses d'avoir moi-même eu cette pensée débile que tu as produite.
C'est quoi sinon de la mauvaise foi ou de l'imbécilité ?
balthazar claes a écrit:C'est vraiment une clownerie, cette histoire. Quand tu écris, again :C'est un peu rapide (les pauvres aussi regardent la télé) mais concernant les séries, ça me semble important de le souligner. Le geek, pour prendre le type qui passera le plus de temps à commenter les séries sur le net ou dans la vie, est un enfant de la classe moyenne, avec une culture petite-bourgeoise (je n'ai pas dit bourgeoise). Et la geekitude un marché en expansion.
Les jeunes qui se battent depuis plusieurs nuits en bas de chez moi ne sont jamais chez eux en train de regarder la télé ou le net. Qui sont-ils ? Des Noirs et des Maghrébins, fils de prolétaires, qui préfèrent parler d'islam, de foot ou de course-poursuite avec les flics que de la dernière saison de Game of Thrones.
Tout le verbiage qui s'attache en ce moment aux produits culturels, des clips aux séries télé, n'est en rien une affaire de pauvres.
pour moi ça ne contient rien d'autre que le déroulé, j'allais dire la caricature, mais non, que j'en fais au-dessus. L'expansion du marché de la geekitude, opposée aux jeunes Maghrébins qui se battent dans la rue. Rien d'autre que ça. Et je n'ai rien lu d'autre dans tes posts. C'est juste plutôt tautologique et sans intérêt, si ce n'est au titre de témoignage de ton vécu personnel : figure-toi que ça ne fait pas un argument. Non mais essaie pour voir : enlève le "en bas de chez moi" de ta phrase et tu verras à quel point elle atteint un niveau de vague généralité.
Sans doute, mais - en-dehors du fait que ça répondait à quelqu'un, et que ça permettait d'aborder le sujet du marketing, important dans le cas des séries - ça n'a jamais prétendu être autre chose qu'un témoignage de mon vécu personnel, à ceci près que "ce niveau de vague généralité" te fait hurler au lieu de te faire m'aider à préciser un peu tout ça - réfléchis-y une minute, tiens.
balthazar claes a écrit:D'un côté les consommateurs geeks petits-bourgeois, de l'autre les jeunes Maghrébins en colère qui préfèrent parler de foot et d'Islam. Ce sont tes mots, et il n'y en a pas d'autres. Et si je te le fais remarquer (et je n'ai rien fait d'autre), me voilà accusé de cynisme, de mépris, d'être dans les nuées, d'être de mauvaise foi et dans la haine de soi. Purée, quand même.
Tu ne t'es pas contenté de "me le faire remarquer", tartuffe, non : tu as fait passer ça pour du mépris.
balthazar claes a écrit: "Les jeunes qui se battent depuis plusieurs nuits" viendraient interrompre n'importe quelle séance de discussion cinéphile, en effet ; certes. Quelle oeuvre mérite qu'on en cause juste à côté de gens qui souffrent et luttent ? "Les jeunes qui se battent depuis plusieurs nuits", introduits dans ce topic, comme dans n'importe quel autre, font pâlir le sujet. Ce sont tes mots. Que reste-t-il après ça ? de pauvres consommateurs geeks petits-bourgeois. Consommateurs de "produits culturels" calibrés pour eux. Et voilà : c'est dire à quel point c'est pas intéressant, par rapport à la réalité de la lutte. Ceux qui regardent cette série ne sont pas dans la lutte, mais dans la consommation. Tu l'as dit, et tu n'as rien dit d'autre.
Lecture ridicule, lecture fausse. Qui parle de "lutte" ? Ils se battent, c'est tout. Qui parle de "pauvres consommateurs" ? Ce sont des consommateurs, c'est tout. Et aucun chantage à la souffrance du monde, rien qu'un commentaire qui me semblait intéressant, sur l'idée qu'un produit culturel vise certains groupes sociaux et pas d'autres, ce qui peut apprendre quelque chose sur le sens, l'idéologie et la forme de ce produit, et partant sur la demande du groupe social qui le consomme.
balthazar claes a écrit:Mais moi, je l'ai vue la série Lost, jusqu'au 20e épisode de la saison 2. C'est une série avec une touche de survivalisme familialiste, à la Walking Dead, avec pas mal d'intrigues sentimentales et pas mal de trucs classiques. Mais son truc particulier c'est de jouer avec l'absurdité et la féérie : les cliffhangers et coups de théâtre pleuvent avec une régularité mécanique, repoussant toujours davantage les frontières du crédible. Très régulièrement ça n'a plus aucun sens, les fils ne se rejoignent plus, mais l'histoire continue imperturbablement à empiler les révélations et les événements incroyables. Tel héros s'enlève à mains nues une balle qu'on lui a tiré dans l'épaule, parfois se balade dans la jungle dans la terreur qu'un ours polaire l'attaque, parfois se balade dans la même jungle sans la moindre appréhension. Un mélange de sérieux imperturbable et de n'importe quoi scénaristique assumé ; une farce grotesque mais traitée avec constance et rigueur, ne basculant jamais dans le second degré. C'est assez difficile à qualifier, mais ça se tient sans doute pas loin du Prisonnier et de Twin Peaks, tout en étant très différent pour autant que je sache. On n'est pas loin d'une espèce de démontage de l'effet de fiction, de mise en évidence des mécanismes de la suspension d'incrédulité, quelque chose comme ça. Mais pas d'une manière "moderniste", distanciée ; plutôt selon un mode extrêmement classique de la fiction. C'est réflexif et cérébral, si on veut ; mais il n'y a jamais grand-chose à comprendre, à analyser : les fils de l'intrigue ne se touchent plus du tout, il y a une béance, mais celle-ci est en plein milieu de l'intrigue, non voilée. Le bateau devrait couler mais flotte encore, et difficile de dire pourquoi. Une expérience de ce type ne serait sans doute pas possible sur une durée brève : l'insistance, la persistance de l'intrigue après qu'elle ait sombré dans le non-sens a besoin de temps pour se donner à voir.
Fin bref, tes "ça me semble important de le souligner" et tes "on peut développer une analyse conséquente" me paraissent bien présomptueux, en fonction de ce visionnage. Y aurait bien des choses à dire, au-delà de "c'est ciblé pour les geeks", je t'assure.
Ben écoute, de cette série comme du reste tu dis ce que tu veux, et d'ailleurs il m'est arrivé de trouver certains de tes textes intéressants, mais encore une fois arrête de croire que parce qu'on fait une remarque on prétend avoir tout dit. Ou alors demande-toi pourquoi tu as besoin de réagir avec cette violence à mes commentaires, qui après tout ne sont que "tautologiques", hein ?
Baldanders- Messages : 351
Re: Lost (2004- 2010)
Cynique, méprisant, perdu dans l'abstrait, insulteur et humilieur en meute, penseur d'idées débiles, joueur de jeux minables, tartuffe, pétri de mauvaise foi, de haine de soi, de lâcheté et d'imbécilité ; je ne crois pas avoir exprimé le dixième de cette volée d'insultes de mon côté, mais il est possible que je me trompe.
balthazar claes- Messages : 1009
Re: Lost (2004- 2010)
Ben relis mes premiers commentaires, ceux qui t'ont rendu si mauvais : si tu es de bonne foi, tu n'y trouveras pas le centième de ce que tu as prétendu y trouver.
Et ce que tu as prétendu y trouver, c'est quoi sinon justement du mépris et du cynisme.
Tu m'as accusé de poster des considérations binaires, grossières, moralistes, tautologiques, méprisantes, inutiles, hors-sujet, prétentieuses et inconsistantes : t'étonne pas trop si ça te revient dans la tronche, X 10.
Et ce que tu as prétendu y trouver, c'est quoi sinon justement du mépris et du cynisme.
Tu m'as accusé de poster des considérations binaires, grossières, moralistes, tautologiques, méprisantes, inutiles, hors-sujet, prétentieuses et inconsistantes : t'étonne pas trop si ça te revient dans la tronche, X 10.
Baldanders- Messages : 351
Re: Lost (2004- 2010)
Borges, c’est pas d’un intérêt absolument confondant, ce sur quoi je ne suis pas d’accord. Ce sur quoi je me suis censuré, mais pas totalement, ce n'est pas à propos du fond, mais de la forme de cette communication, ce qui m'a le plus affecté, et je m'en explique plus bas, en me dé-censurant à ton invitation. *
Sinon, il faut préciser, ici, parce que tout le monde, y compris toi, me fais dire des trucs que je n’ai pas dits, et, à l'arrivée, tu rattaches un peu à mes propos des tas de choses énoncées par d'autres.
Tout d’abord, je suis d’accord avec le fait que s’émanciper des places assignées, ça ne veut pas dire consommer des série télé, qui sont un produit de l’ordre majoritaire. Cela, où l’ai-je précisément contesté ? Je parlais surtout subjectivement, de moi, de ce que j'aimais regarder, en ce moment, sous l'angle d'une fiction de longue durée; j'essayais d'en tirer quelques réflexions, sur la notion de "récit', de "grand récit", mais aussi sur la hiérarchie entre les genres, fictions, productions etc. Que cette réflexion soit pertinente ou non pertinente, c'est autre chose.
MAIS, concernant le fond de ce "débat": à aucun moment je n'ai parlé de séries en termes de genres "minoritaires". Je sais bien, que c'est majoritaire! Cette torsion de mon propos, ce que tu parviens à imposer de façon insistante dans ce débat, c'est que, disant que tel objet que consomme la majorité est un peu trop facilement méprisé par une minorité qui, consciente d'élire des objets plus riches, plus purs (selon elle), considère de très haut cet objet consommé par une majorité (comme le comble de l'impureté, de la pauvreté - intellectuelle, artistique, contenu, forme, etc), je dénoncerais cette minorité comme étant une majorité, et vanterais du coup l'objet prisé par la majorité comme un objet minoritaire valant plus que l'objet prisé par une minorité de cinéphiles. Y a confusion, là. Je n'ai pas critiqué l'objet cinéma en tant que majoritaire ou plus "pur", mais un discours, celui d'une certaine minorité ayant un rapport élitaire, de chapelle, de cénacle, "d'élus", sur cet objet, fantasmant sa pureté, sa haute valeur, à laquelle ne saurait accéder la majorité des "gogos" condamnés à errer, eux, dans la consommation décérébrante, etc. Discours devant être critiqué comme jeu d'une distinction sociale: "moi, je fréquente des œuvres de cinéma, Godard, Tarkovski, etc, et toi, t'es qui? Un plouc sans culture, un gogo qui consomme des merdes à la télé". ça existe, quand-même, cette posture, non? Faut pas la critiquer?
Et quand je dis que moi, pour mon propre compte, je trouve plus d'intérêt à regarder, actuellement, des séries, que bien des productions en cinéma actuelles, je ne vois pas en quoi cette remarque est suspecte d'embrasser à tout coup le discours d'une certaine critique (tu cites Burdeau) vantant les séries comme le genre "minoritaire", plus audacieux, plus créateur, que le cinéma devenu le consensus majoritaire de l'ordre dominant...
Il n’y a jamais eu de message subliminal caché dans mes propos, qui disait que les séries représentaient quelque chose de « minoritaire » par rapport au cinéma « majoritaire ». J’ai précisé, puis reprécisé, en vain apparemment, que je ne parlais pas des objets, mais d’un certain discours sur ces objets, un certain discours de « cinéphile », pas la « cinéphilie en général », mais une certaine « cinéphilie » qui méprise, en ce cas de figure, les séries comme produit formaté s’adressant à une majorité, justement, dont elle s’enorgueillit de ne pas faire partie.
Faut distinguer, dans le contexte de mon propos, et dans l'interprétation qu'on lui accole, plusieurs usages du terme « minorité » (terme que je n'ai jamais employé, donc, c'était slimfast qui a traduit en terme de majeur/mineur, ce que j'ai contesté aussitôt, je croyais que c'était clair, mais tu as continué d'insister en ce sens) - comme il faudrait distinguer plusieurs usages du terme "majorité" - qui ne recouvrent pas exactement les mêmes choses : il y a un certain type d’objet, à l’intérieur de ce qu’on appelle cinéma, qui s’écarte de sa destination qu’on nommera « commerciale », « industrielle », etc, ( et qui, c’est pas douteux du tout, est un usage du cinéma de l’ordre dominant, majoritaire). De la même façon, il y a un certain type de cinéphilie, à l’intérieur de ce qu’on appelle cinéma, attachée à cette pratique minoritaire du cinéma.
Ce type de cinéphilie, minoritaire, attachée à une pratique minoritaire du cinéma, comment en douter considérant l’ensemble de films que je passe mon temps à défendre, c’est aussi la mienne, prioritairement, depuis toujours et tu le sais bien. Moi qui m’excitais déjà depuis bien longtemps, pour Faux mouvement, News from home, ou Le passager de Kiarostami, etc.
Mais à l’intérieur de cette pratique de cinéphile, engageant une certaine vision du monde et un certain refus de l’état du monde, refus que nous partageons tous ici ce nous semble, je me refuse à une forme d’élitisme, qui m’indispose fortement, consistant à prendre la posture de celui qui sait, d’un savoir excluant, et consistant à mépriser d’autres formes, usages, pratiques du cinéma, en fonction d'un certain fantasme de "pureté" de son objet; quand bien même, et ce n’est pas douteux, elles appartiennent à un régime plus standardisé, majoritaire - dans lequel tout n’est pas forcément ce pur matraquage idéologique, pur calcul, etc, matraquage, calcul, etc, que je passe mon temps également à condamner quand l’occasion s’en présente.
Depuis une certaine culture cinéphilique d’un cinéma minoritaire résistant tant bien que mal au rouleau compresseur et niveleur de l’industrie formateuse et juteusement rentable, on peut facilement glisser, et ce n’est pas du tout douteux, c’est observable et lisible, à une culture d’élites, un snobisme, une posture de ceux qui savent où est le vrai, le beau, etc, et arrosant de leur mépris hautain toute cette masse de blaireaux, gogos, consommateurs, moutons de panurge, sans intelligence ni sensibilité, sans critique ni distance, qui se ruent à l’heure de la tonte sur le dernier produit du jour.
Que le dernier produit du jour soit le plus souvent agencé pour diffuser le message d'hégémonie idéologique, culturelle, politique, de l’Empire, pour faire bref, ce n’est pas du tot doutoux non plus, et je suis rarement le dernier à condamner ce cinéma là.
Mais, c’est aussi un objet de débat permanent : on est également susceptible, face à ce propagandisme malin, rusé, agencé par des intellectuels calculateurs rompus aux études de marché, et à la psychologie proto-skinnérienne stimulus-réflexe, pour faire bref là encore, de critiquer un antidote, un remède pas moins suspect, qu’on nous ressert sous la forme d’un discours d’identité culturelle, qu’on le nomme « politique des auteurs » ou « exception culturelle »; par exemple: "le cinéma français" (expression débile qui ne veut rien dire) : supérieur aux autres, le meilleur du monde, considérant la production cinématographique actuelle, proclamait sans blaguer baldanders il y a peu encore dans sa shout, en toute simplicité. Mais si, il l’a dit.
(Sans revenir ici sur ses extases devant une interview de cornichon de Carax, où ce dernier étalait tout le beurre des pires poncifs plaisant tant à baldanders: l'artiste pur, de chang et de sair, irréductible, maudit, retrouvant le geste du poète face au machines virtuelles décérébrantes et tout ça. Carax qui rappelons-le quand même a englouti x aides ministérielles pour filmer, pendant je ne sais plus combien d'années, un couple de clochards disant merde au pognon, merde aux riches (c'était le message, très beau, y compris de la praxis du film: dilapider une montagne de fric pour dire qu'on s'en fout, du fric): le tout ayant coûté le smic de 10 générations de 100 familles nombreuses de prolétaires, en bas de son immeuble, première à gauche après le feu rouge. Puisque B. aime parler de choses concrètes et donc pas abstraites du tout.
Sans revenir non plus sur Guédiguian, l'authentique homme de gauche militant qui filme si bien le petit peuple attachant de l'Estaque etc.)
Une sorte de marque de fabrique qui signerait la singularité de la vieille Europe véhiculant, en outre un ensemble de valeurs nostalgineuses, on en a assez débattu, de la mystique de terroir maurrasso-bernanosienne à la Dumont à l’intimisme nombriliste germanopratin d’écorchés vifs post-eustachiens hantés par l’amour fou ; au croisement de la rue Soufflot et du Boulmiche, entre une maman despléchineuse aux rondeurs deneuviennes, une putain rohméro-jacquottienne aux sombre rimmel vénéneux, passant d’un loft dégarni (pour artistes peintres torturés sado-masochistes) à un lampadaire mélancolique d’où on s’élance pour se jeter dans la Seine avec ses lacets tout défaits, sans parler de colloques proto-mutiques para-garréliens de mannequins destroy en imper-blazer de chez Emmaüs, en proie aux mélancolies vespérales postrévolutionnaires du fait d’être célibataire ou désespérément autiste ; et sans oublier les clochards métaphysiciens chauves épileptiques courant un 100 mètres sous un pont neuf caraxien, et sous les yeux tristes riants éperdus dune orpheline abandonnique schizophrène déclamant du Pierre-Jean Jouve. Je sais, j’hyperbolise.
C’est pourtant un genre de cinoche que certains nous opposent, avec une morgue de métaphysiciens radicalistes de la vie saisis par le mystère impénétrable de l’instant pur impalpable que-les-mots-impuissants-ne-sauraient-communiquer, à la machine décervelante du divertissement débilitant consommé.
* Ce qui m’a chipoté, ce ne sont pas les remarques que tu fais, auxquelles je consens aisément, avec quelques réserves. C’est cette façon, un peu, de pré-juger de mes affects, de m’instruire de la teneur de mes affects, de savoir, mieux que moi, à ma place, comment et pourquoi je suis affecté.
D’abord tu te demandes si je n’exagère pas un peu. Après GOT, Lost... Tu sais mieux que moi ce que je suis censé éprouver: je crois que j’apprécie, mais non, en fait je n’apprécie pas tant que ça, je dois me tromper quelque part sur ce que je ressens, je dois certainement confondre une sorte d’exaltation ou d’euphorie irréfléchies avec l’intérêt que je crois avoir pour cette série, c’est pas possible autrement.
Tu m’expliques ensuite que les séries, c’est fait pour être consommé puis jeté. Tu me cites en exemple ces romans policiers que tu lis puis oublies aussitôt. Tu m’expliques que ce sur quoi je m’emballe, un peu naïvement, c’est juste le plaisir du récit (je ne disais pas autre chose, fondamentalement : je développais juste en quoi ce type de récit me séduisait). Je suis mutatis mutandis, dans le dial, le gars un peu naïf, qui croit avoir découvert l’œuf de Colomb ou la face cachée de la lune, alors que c’est vieux comme le monde, des trucs et des ficelles bien connues, du moins quand on est un peu au fait du mode de fabrication et de la fonction/usage, assez pauvres.
Dans le dial, je suis un peu « ton pauvre » : c’est l’occasion, faisant le larron (sous prétexte qu’on ne fait pas les bons topics avec les bons sentiments) de me recadrer, de me rabattre un peu mon grand caquet exalté et prétentieux, qui cause, qui cause, haranguant son monde, en prenant un peu trop à son aise, mais qui sait pas vraiment de quoi qu’y cause. C’est un peu l’occasion d’un juste retour de manivelle, d’un petit recadrage éthique, magnanime, arroser un peu l’arroseur. C’est un peu l’occasion de remettre les pendules à l’heure et de montrer qui c’est le patron. Breaker en est tout miel, Slimfast tire son chapeau : « quelle leçon pour nous tous ». Baldanders est en danseuse, il ne sait pas s’il doit être content ou fâché tout rouge, car il disait la même chose, pensait-il, que Borges.
Y a un peu l’opposition suggérée entre le connaisseur, qui a un savoir critique, réflexif, de tout ça, qui, quand il consomme une série ou un roman policier, ne s’emballe pas pour autant, garde la tête froide, parce qu’il a un background littéraire, critique, autrement plus solide (et c’est vrai), lui permettant de distinguer au premier coup d’œil le produit frelaté d’une œuvre qui a du corps, de la densité.
Je suis un peu dans l’échange le grand dadais exalté, venu de la campagne, qui confond roman de gare et littérature, grenadine et alcool fort. Qui s’émeut aux larmes pour pas grand chose, alors que c’est un pur jeu intellectuel, cérébral, et pas franchement des plus finauds. Faut l’instruire un brin sinon il va se mettre à fantasmer qu’il est visité par les muses, le rappeler à la juste raison et à ses raisonnables limites, sinon il va se choper la grosse tête, avoir les pieds qui fument ou s’envoler dans un ballon, se prendre pour Antonin Artaud ou Lautréamont. Télé-prix qui croyait prendre (jeu de mot brillant, approuvé par maitre capello).
Dans le cours de l’échange croisé entre toi, db et moi, ce qui était présenté à la base comme, non pas un commentaire sur la série elle-même, que tu n’as pas encore vue disais-tu, mais sur la façon dont db et moi on en parle, on glisse assez rapidement à quelque chose de plus dur, sec, jugeant, mais sur un ton laconique, détaché, désimpliqué, quelques phrases lâchées négligemment, comme on s’acquitterait en bâillant d’une vague besogne un peu ennuyeuse, prise sur son temps précieux. Tu passes au « vous » englobant (votre approche de la série est sans distance, sans critique... on se croirait à la télé, ou à la radio...). Petite correction, en passant, entre parenthèse, pour ceux qui utilisent des concepts dont ils ne comprennent pas bien le sens.
Mais surtout, en primeur, occasion fournie par l’échange avec slimfast d’asséner un premier coup fatal, celui dont on ne se relève pas : le racisme du truc. Le truc qui fout la honte, qui calme instantanément les excités tout à leur petit plaisir hypnotique, ayant congédié leur esprit critique - imparable. A partir de là, y a plus qu’une seule issue : longer le mur, sous les lazzis du public, en piquant du nez vers une porte de sortie pas trop déshonorante, tout en protestant de sa bonne foi dans des tentatives de génuflexion acrobatiques d’un ridicule achevé.
La suite : assez rigolé car tu te lasses, il est temps d’en finir et de dire les choses comme elles sont : « Il n' y a strictement aucun mystère dans cette série, du moins vous n'en avez nommé aucun... c'est du jeu "cérébral", à la fort boyard, des variations autour de quelques clichés (de la culture pop),et de la logique du récit... ».
Alors là, on est fixé, y a plus de doute. Fixé et saisi aussi dans et sur la formule de son petit plaisir solitaire pas bien glorieux : « ne me spoile pas mon plaisir ». La formule du spectateur qui confond les Grandes Choses avec les toutes petites, qui confond Oedipe à Colonne avec jeu de piste en colonie de vacances, quatuor de Beethoven avec numéro de claquettes à suspense.
Mais ne suffit pas d’humilier le petit plaisir qui se prend pour un voyage dans les profondeurs insoupçonnées, le touriste américain qui s’évanouit à la vue de la tour de Pise dont il ne soupçonnait pas l’existence, il faut encore rappeler la hiérarchie dans l’ordre du bonheur esthétique : tu peux spoiler, moi ça me dérange pas, j’ai dépassé le stade d’accorder la moindre valeur à ces romans policiers que je dévore quand je m’ennuie. Mieux, tu me rendras service, tu m’éviteras de perdre mon temps à des idioties.
Là, on sent que t’es comme agacé et pressé d’en finir : « ça me rappelle mes livres d'enfance sur les grands mystères de l'univers : le triangle des bermudes, l'île de paques, les ET et les pyramides... etc. »
Bon allez, finissons-en, j’ai perdu assez temps comme ça : « et c'est quoi la solution finalement? Comment ces satanés trucs sont-ils arrivés sur cette foutue island? on le sait ou pas? ».
Pour un peu, tu nous copicollerais la fin, pour nous faire les pieds, nous apprendre à avoir ainsi mobilisé ton attention pour un truc aussi neuneu.
Plus sérieusement, finissons par le thaumazein : terme malheureux sous ma plume. Je confonds Heidegger avec mon absence d’ennui. Là, c’est vraiment de ma faute, je savais où je mettais les pieds, j’allais au devant du coup de bâton. Mais je tiens quand-même à rappeler, pour sauver le peu de dignité qu’il me reste, que j’évoquais ailleurs non un plan d’ozu sur un vase, mais five de Kiarostami. Heureusement qu’il m’arrive de ne pas être tout le temps en pilote automatique, quand je m’essaie à « penser » (ce qui ne m’arrive pas souvent, je le concède aisément).
Enfin, bon, tout ça parce que je voulais parler d’une série que je trouve captivante. J’avais cru que ça valait un topic, bien mal m'en a pris. Ce qui m’étonne quand-même, dans cette affaire, c’est que lorsque tu te divertis, c’est un divertissement assez digne, de toi et de nous, justifiant que tu ouvres des topics, pour en causer, de ces séries qui sont juste des produits à consommer puis à oublier.
- The walking dead : ça t’avait impressionné, tu connaissais peu d'univers de fiction, aussi plein, englobant - heureusement, tu as oublié assez rapidement cette plénitude et cet englobement, pour revenir à des choses un peu plus sérieuses.
- Game of thrones : là encore suscitant notre curiosité: « toujours à la recherche d'univers "imaginaires" autonomes, pleins, enveloppants (trop de réel, ça épuise; je fuis pas, je cherche une arme dans ma fuite » « Jerzy, tu as vu? Erwan? les autres? je trouve ça très fort, et moins puant que je ne l'avais cru après quelques épisodes de la première saison ».
Oui, j’ai vu, merci pour la suggestion. Mais j'ai bien eu tort, dois-je comprendre alors, d’y prendre du plaisir, comme toi, mais plus que de raison... pour une série aussi raciste.
Mais distinguons, tout de même, c’est d’une autre trempe que ce Lost, qu’on diffusait sur tf1: « y a tous les défauts HBO, mais je trouve que c'est sur bien des points supérieur à tolkien, c'est beaucoup plus proche de Shakespeare, d'ailleurs que de Tolkien ».
Faut pas bouder son plaisir, et comme je dis toujours, y a pas de honte à partager.
- Breaking bad, sur lequel là aussi tu attiras mon attention : « as-tu vu, essayé Breaking Bad? sinon, je suis certain que tu ne peux qu'adorer »
J’ai bien aimé, oui. lol.
Mais j’en viens presque à me demander, en ce point de perdition de tous mes repères de caniche un peu trop chaton, si je ne pouvais qu’adorer parce que c’était raciste! Car dès lors que je te faisais remarquer que si Lost était raciste, il fallait considérer que TWD, GOT et BB l’étaient encore plus, tu t’es empressé de dire, enfin, tardivement - mettant fin à ce suspense proprement insoutenable :
« - Breaking Bad, c'est le fantasme classe moyenne du gars qui voudrait devenir dealer, et se décomplexer, comme ils disent à droite...et comme il est blanc, prix nobel, et qu'il aime sa famille, il relève toute la négativité; blanchi(ss)ement du crime, et de son profit; la complexité psychologique, morale, des séries, des blockbuster, cela ne consiste jamais à dire les méchants ne sont pas si méchants que ça mais toujours : "quand nous les bons faisons des choses horribles nous ne sommes pas méchants en fait, mais très profonds, et pas manichéens pour un sous » « -Toutes les séries que je connais mettent en scène ce désir : se décomplexer... »
Alors, pour terminer sur un gag savoureux (on a le droit d’en rire - ou pas; en tout cas moi, ça me fait rire), je m’autorise quand-même à sérieusement m’inquiéter sur ma vraie nature profonde, quand je mets ce portrait du gars, fantasme de décomplexion de la classe moyenne, en regard de :
« je crois que tu aurais parfaitement incarné le personnage; il a un côté jerzy, je trouve »
Décomplexé à ce point là?
- « Totafait ! », répond Baldanders.
Ce cher Baldanders, qui chaque fois que j’ai tenté dans feu la shout de lui parler de Rancière (copicol là, en spoiler, la dernière "synthèse": https://spectresducinema.1fr1.net/t1514-de-la-distanciation-et-de-l-identification-dans-les-films-d-horreur), m'a répondu, systématiquement, bloqué sur la touche rewind, que c’était un énorme tissu de conneries, qui le faisait bien marrer: un machin de petit bourgeois jouisseur égoïste qui se donne à bon compte des raisons de refuser des hiérarchies dans le sensible, etc, etc.
C’est clair qu’on peut discuter, du moment qu’on prend pas les gens pour des cons. Surtout quand on s’amène en disant : "quel type formidable, ce jerzy, oui breaker, j’ai en soupé, des bien dégueulasses, mais trêve de tout ça".
Comme il dit, il a « fait l'effort de passer sur mes âneries, ce n'est pas pour que je lui les resserve à la première occasion ».
Pourquoi donc ? Au contraire, je trouvais que l’occasion s’y prêtait parfaitement, estimant que j’avais fait assez d’effort, en ce qui me concerne, pour endurer les siennes.
Et je me suis trouvé bien gentil, moi, pas pervers pour un sou, à supporter sa scie musicale répétitive, pour la 5000è fois, alors qu’il est venu juste pour la causette, parce qu’il a du temps à perdre pour ça et que c’est pas donné à tout le monde - il importe de le mentionner et de le rappeler : combien de fois, mais combien de fois, j'ai dû me fader son refrain monothématique: les petits bourgeois, pur intellect, gniagniagnia, moi, homme de chair et de sang, contrairement à toi, pure abstraction, gnignigni, je parle de ce que vis, charnellement, toi, qui vis pas, qu’as pas de chair, pur intellect, je cherchais des hommes, je suis venu avec mon cœur, mon corps, ma sensibilité, ma sensualité, et je suis tombé sur des machines, machines à tuer, raisonneurs, faiseurs d'abstraction, tout ce qui te manque, tout ce que j’aurais pu t’apprendre, ah si tu savais, mais non, tu sauras pas, tu n’a pas vu l’homme en moi, et gniagniagnigni.
C’est pourquoi j’ai estimé pertinent, parfaitement dans le sujet, et de bon aloi, de la lui resservir, sa métaphore baldandersienne inusable, sans me lasser. L'éternel jeu de langage, qui consiste à décrire sa position, dans le jeu de langage, comme extérieure au jeu: vous, dans le virtuel, abstraits, et moi, réel, avec un corps. Le Classique le plus plébiscité de la cyber-formolite. Pendant que vous tapez sur votre clavier, y a des gens qui n'ont pas ce loisir, et qui ne peuvent pas se payer un ordinateur. Pendant que vous parlez, y a des gens qui se taisent. Etc etc.
Et tout mon commentaire, plus haut: oui, c'est bien tout ça qu'il dit, tout le temps, le fond insistant de sa chansonnette si divertissante. ça vole pas plus haut, désolé, ce n'est que ça: une longue cure, interminable, donc ratée, ou réussie, sur les? Attention, a ouane, a twou, a trille - ouane two trie: "petits bourjwââââs". Je céderai sur rien: les pauvres, pour baldanders, c'est le prétexte généreux, la justification seconde de son motif mélodique premier, de préoccupation haineuse ou ruminante, à tort ou à raison je m'en fiche j'ai pas à en porter le chapeau et à souffrir son assommante rengaine: "petiîîîît, bourjwâââ, ton moulin va trop vîteu, peutîîît, bourjwââ, ton moulin va trop fort".
Et non, je ne le vois pas du tout en finkielkrautien, quoique, il nous a tenu, des propos, dans ses grandes heures inspirées, qui n'étaient pas piqués des hannetons. Genre: je suis désolé, mais y a quand-même des choses qu'y faut dire, sans se voiler la face, etc etc, une bienpensance de gauche, à force d'angélisme, etc. Et je n'oublie pas, certainement pas (parce que ma mémoire est dans mon corps - comme tout le monde), la sinistre curée à laquelle il se livra, en duo avec Bubon, sur mon texte sur l'article de tetsuo - trop bonne occasion pour démontrer que j'étais un sale type, sophiste imposteur, confirmé, reconfirmé, et re-prouvé cqfd, une fois de plus: où avec une mauvaise foi très décomplexée, puisqu'il aime surenchérir sur ce terme sartrien heureux, le concernant, il a cherché à m'abattre à la kalachnikov parce que je déformais malhonnêtement les propos du pauvre tetsuo, qui ne disait pas du tout, mais alors pas du tout, ce que moi, sophiste immonde, malhonnête, dégueulasse, méprisable, je lui faisais dire. Archives sur demande. Alors oui, j'avais dit bienvenue. Je savais pas qu'il continuait dans sa monomanie obsessionnelle, mais j'avais bien saisi, d'emblée, le signal d'alarme, une sorte de lapsus non-refoulé, si je puis dire, pas censuré du tout: tout ce qu'il a souffert de dégueulasseries de ma part, ce pauvre homme.
Et sinon, encore: où a-t-il lu, cet écorché vif et j'en suis un autre, comme tout le monde, que je déclarais moi-même que le débat sur ceci ou cela, c'était de la "branlette"? Le voilà donc revenu, avec son TOC qu'il a en commun avec bubu de cabinet: le pistage psycho-rigide au "terme-à-terme". Mais c'est lui, l'auguste, pas moi, qui n'a cessé ici de psalmodier que tous ces débats étaient de la branlette, "on est tous d'accord pour dire que..." (traduction de la prosopopée baldanslderièrrienne: "Je suis d'accord avec moi-même pour dire que vous êtes tous en train de vous "branler"): je n'ai fait que reprendre sa formule, pour ironiser dessus. Ce type a une faculté littéralement prodigieuse, liée à son esprit de sérieux qui frise la constipation cérébrale, comme bubon l'auto-chatouille, à ne pas voir qu'on reprend simplement ses propres termes pour tourner sa rhétorique en dérision. Ce type ne voit littéralement pas qu'il pratique en permanence tout ce qu'il dénonce chez les autres: on a un ton méprisant et irrespectueux envers lui, qui est si cordial, chaleureux, à l'écoute; on est un concentré hallucinant de malhonnêteté et de mauvaise foi, lui qui est tellement honnête et de bonne foi; on est rempli d'une haine de soi pathologique, lui qui semble tellement être en harmonie avec lui-même; "ah, ça te gêne que je parle de petit-bourgeois? Peut-être parce que t'en es un, non?"; "Ah ça te gêne, hein, qu'on parle des pauvres, des exclus, qui n'ont pas accès au net pour se branler dans des discussions virtuelles! Ouaih, c'est ptêt parce que ça t'arrange bien, quelque part, d'occulter cette vérité, c'est ptêt que t'es un branleur toi-même, va savoir! Et ptêt même que tu le refoules" "Dis, toi, je n'ai pas patiemment supporté toutes tes âneries là-bas (j'en ai même fait un topic) pour que tu me les resserves ici, si tu ne me respectes pas alors que je n'ai aucun respect pour toutes les conneries que tu racontes en permanence, attention, je vais m'en aller, je ne blague pas!" etc, etc, etc, etc.
(Pour la prochaine livrée, sur demande, je lui poste un copicol de cette conversation édifiante en shout, en direct-live différé des archives de la Mère Docu et du Père Pétuel, sur les êtres de chair et de sang versus les désincarnés, un classique des familles, un qui déride, même les constipés.)
Même rengaine, pile poil, automatique : tel qu’en lui même l’éternité le fige dans le formol, oh oui, et de la haine de soi (du petit bourgeois qu’il est), et surtout la haine de moi, qui contrairement à lui, ne suis pas un petit bourgeois, mais un grand bourgeois, de souche aristocratique même (c’est généalogiquement « prouvé »). Et, contrairement à lui, je ne cultive guère la haine de soi, car je me trouve authentiquement formidable, et on loue unanimement mon narcissisme pathologique, y compris lui-même.
ça m’a été encore scientifiquement prouvé tout à l’heure encore, en bas de chez moi, par deux types qui se tapaient dessus au jouant au keuf et à la caillera. Dès qu’ils m’ont vu, sur le pas de ma porte, dans mon habit de lumière, irradiant de toute ma puissance érotique pyramidale et pharaonique, ils se sont précipité sur moi pour me rouler des patins du feu de l’enfer, oubliant leurs querelles stériles et tellement désincarnées...
Là-dessus, je pars en vacances. Tout en bas de mon immeuble: dans la cave. Parce que l'air y est plus frais. Et c'est bon pour mon teint. Paraît que trop bronzer, ça ridule prématurément.
Sinon, il faut préciser, ici, parce que tout le monde, y compris toi, me fais dire des trucs que je n’ai pas dits, et, à l'arrivée, tu rattaches un peu à mes propos des tas de choses énoncées par d'autres.
Tout d’abord, je suis d’accord avec le fait que s’émanciper des places assignées, ça ne veut pas dire consommer des série télé, qui sont un produit de l’ordre majoritaire. Cela, où l’ai-je précisément contesté ? Je parlais surtout subjectivement, de moi, de ce que j'aimais regarder, en ce moment, sous l'angle d'une fiction de longue durée; j'essayais d'en tirer quelques réflexions, sur la notion de "récit', de "grand récit", mais aussi sur la hiérarchie entre les genres, fictions, productions etc. Que cette réflexion soit pertinente ou non pertinente, c'est autre chose.
MAIS, concernant le fond de ce "débat": à aucun moment je n'ai parlé de séries en termes de genres "minoritaires". Je sais bien, que c'est majoritaire! Cette torsion de mon propos, ce que tu parviens à imposer de façon insistante dans ce débat, c'est que, disant que tel objet que consomme la majorité est un peu trop facilement méprisé par une minorité qui, consciente d'élire des objets plus riches, plus purs (selon elle), considère de très haut cet objet consommé par une majorité (comme le comble de l'impureté, de la pauvreté - intellectuelle, artistique, contenu, forme, etc), je dénoncerais cette minorité comme étant une majorité, et vanterais du coup l'objet prisé par la majorité comme un objet minoritaire valant plus que l'objet prisé par une minorité de cinéphiles. Y a confusion, là. Je n'ai pas critiqué l'objet cinéma en tant que majoritaire ou plus "pur", mais un discours, celui d'une certaine minorité ayant un rapport élitaire, de chapelle, de cénacle, "d'élus", sur cet objet, fantasmant sa pureté, sa haute valeur, à laquelle ne saurait accéder la majorité des "gogos" condamnés à errer, eux, dans la consommation décérébrante, etc. Discours devant être critiqué comme jeu d'une distinction sociale: "moi, je fréquente des œuvres de cinéma, Godard, Tarkovski, etc, et toi, t'es qui? Un plouc sans culture, un gogo qui consomme des merdes à la télé". ça existe, quand-même, cette posture, non? Faut pas la critiquer?
Et quand je dis que moi, pour mon propre compte, je trouve plus d'intérêt à regarder, actuellement, des séries, que bien des productions en cinéma actuelles, je ne vois pas en quoi cette remarque est suspecte d'embrasser à tout coup le discours d'une certaine critique (tu cites Burdeau) vantant les séries comme le genre "minoritaire", plus audacieux, plus créateur, que le cinéma devenu le consensus majoritaire de l'ordre dominant...
Il n’y a jamais eu de message subliminal caché dans mes propos, qui disait que les séries représentaient quelque chose de « minoritaire » par rapport au cinéma « majoritaire ». J’ai précisé, puis reprécisé, en vain apparemment, que je ne parlais pas des objets, mais d’un certain discours sur ces objets, un certain discours de « cinéphile », pas la « cinéphilie en général », mais une certaine « cinéphilie » qui méprise, en ce cas de figure, les séries comme produit formaté s’adressant à une majorité, justement, dont elle s’enorgueillit de ne pas faire partie.
Faut distinguer, dans le contexte de mon propos, et dans l'interprétation qu'on lui accole, plusieurs usages du terme « minorité » (terme que je n'ai jamais employé, donc, c'était slimfast qui a traduit en terme de majeur/mineur, ce que j'ai contesté aussitôt, je croyais que c'était clair, mais tu as continué d'insister en ce sens) - comme il faudrait distinguer plusieurs usages du terme "majorité" - qui ne recouvrent pas exactement les mêmes choses : il y a un certain type d’objet, à l’intérieur de ce qu’on appelle cinéma, qui s’écarte de sa destination qu’on nommera « commerciale », « industrielle », etc, ( et qui, c’est pas douteux du tout, est un usage du cinéma de l’ordre dominant, majoritaire). De la même façon, il y a un certain type de cinéphilie, à l’intérieur de ce qu’on appelle cinéma, attachée à cette pratique minoritaire du cinéma.
Ce type de cinéphilie, minoritaire, attachée à une pratique minoritaire du cinéma, comment en douter considérant l’ensemble de films que je passe mon temps à défendre, c’est aussi la mienne, prioritairement, depuis toujours et tu le sais bien. Moi qui m’excitais déjà depuis bien longtemps, pour Faux mouvement, News from home, ou Le passager de Kiarostami, etc.
Mais à l’intérieur de cette pratique de cinéphile, engageant une certaine vision du monde et un certain refus de l’état du monde, refus que nous partageons tous ici ce nous semble, je me refuse à une forme d’élitisme, qui m’indispose fortement, consistant à prendre la posture de celui qui sait, d’un savoir excluant, et consistant à mépriser d’autres formes, usages, pratiques du cinéma, en fonction d'un certain fantasme de "pureté" de son objet; quand bien même, et ce n’est pas douteux, elles appartiennent à un régime plus standardisé, majoritaire - dans lequel tout n’est pas forcément ce pur matraquage idéologique, pur calcul, etc, matraquage, calcul, etc, que je passe mon temps également à condamner quand l’occasion s’en présente.
Depuis une certaine culture cinéphilique d’un cinéma minoritaire résistant tant bien que mal au rouleau compresseur et niveleur de l’industrie formateuse et juteusement rentable, on peut facilement glisser, et ce n’est pas du tout douteux, c’est observable et lisible, à une culture d’élites, un snobisme, une posture de ceux qui savent où est le vrai, le beau, etc, et arrosant de leur mépris hautain toute cette masse de blaireaux, gogos, consommateurs, moutons de panurge, sans intelligence ni sensibilité, sans critique ni distance, qui se ruent à l’heure de la tonte sur le dernier produit du jour.
Que le dernier produit du jour soit le plus souvent agencé pour diffuser le message d'hégémonie idéologique, culturelle, politique, de l’Empire, pour faire bref, ce n’est pas du tot doutoux non plus, et je suis rarement le dernier à condamner ce cinéma là.
Mais, c’est aussi un objet de débat permanent : on est également susceptible, face à ce propagandisme malin, rusé, agencé par des intellectuels calculateurs rompus aux études de marché, et à la psychologie proto-skinnérienne stimulus-réflexe, pour faire bref là encore, de critiquer un antidote, un remède pas moins suspect, qu’on nous ressert sous la forme d’un discours d’identité culturelle, qu’on le nomme « politique des auteurs » ou « exception culturelle »; par exemple: "le cinéma français" (expression débile qui ne veut rien dire) : supérieur aux autres, le meilleur du monde, considérant la production cinématographique actuelle, proclamait sans blaguer baldanders il y a peu encore dans sa shout, en toute simplicité. Mais si, il l’a dit.
(Sans revenir ici sur ses extases devant une interview de cornichon de Carax, où ce dernier étalait tout le beurre des pires poncifs plaisant tant à baldanders: l'artiste pur, de chang et de sair, irréductible, maudit, retrouvant le geste du poète face au machines virtuelles décérébrantes et tout ça. Carax qui rappelons-le quand même a englouti x aides ministérielles pour filmer, pendant je ne sais plus combien d'années, un couple de clochards disant merde au pognon, merde aux riches (c'était le message, très beau, y compris de la praxis du film: dilapider une montagne de fric pour dire qu'on s'en fout, du fric): le tout ayant coûté le smic de 10 générations de 100 familles nombreuses de prolétaires, en bas de son immeuble, première à gauche après le feu rouge. Puisque B. aime parler de choses concrètes et donc pas abstraites du tout.
Sans revenir non plus sur Guédiguian, l'authentique homme de gauche militant qui filme si bien le petit peuple attachant de l'Estaque etc.)
Une sorte de marque de fabrique qui signerait la singularité de la vieille Europe véhiculant, en outre un ensemble de valeurs nostalgineuses, on en a assez débattu, de la mystique de terroir maurrasso-bernanosienne à la Dumont à l’intimisme nombriliste germanopratin d’écorchés vifs post-eustachiens hantés par l’amour fou ; au croisement de la rue Soufflot et du Boulmiche, entre une maman despléchineuse aux rondeurs deneuviennes, une putain rohméro-jacquottienne aux sombre rimmel vénéneux, passant d’un loft dégarni (pour artistes peintres torturés sado-masochistes) à un lampadaire mélancolique d’où on s’élance pour se jeter dans la Seine avec ses lacets tout défaits, sans parler de colloques proto-mutiques para-garréliens de mannequins destroy en imper-blazer de chez Emmaüs, en proie aux mélancolies vespérales postrévolutionnaires du fait d’être célibataire ou désespérément autiste ; et sans oublier les clochards métaphysiciens chauves épileptiques courant un 100 mètres sous un pont neuf caraxien, et sous les yeux tristes riants éperdus dune orpheline abandonnique schizophrène déclamant du Pierre-Jean Jouve. Je sais, j’hyperbolise.
C’est pourtant un genre de cinoche que certains nous opposent, avec une morgue de métaphysiciens radicalistes de la vie saisis par le mystère impénétrable de l’instant pur impalpable que-les-mots-impuissants-ne-sauraient-communiquer, à la machine décervelante du divertissement débilitant consommé.
* Ce qui m’a chipoté, ce ne sont pas les remarques que tu fais, auxquelles je consens aisément, avec quelques réserves. C’est cette façon, un peu, de pré-juger de mes affects, de m’instruire de la teneur de mes affects, de savoir, mieux que moi, à ma place, comment et pourquoi je suis affecté.
D’abord tu te demandes si je n’exagère pas un peu. Après GOT, Lost... Tu sais mieux que moi ce que je suis censé éprouver: je crois que j’apprécie, mais non, en fait je n’apprécie pas tant que ça, je dois me tromper quelque part sur ce que je ressens, je dois certainement confondre une sorte d’exaltation ou d’euphorie irréfléchies avec l’intérêt que je crois avoir pour cette série, c’est pas possible autrement.
Tu m’expliques ensuite que les séries, c’est fait pour être consommé puis jeté. Tu me cites en exemple ces romans policiers que tu lis puis oublies aussitôt. Tu m’expliques que ce sur quoi je m’emballe, un peu naïvement, c’est juste le plaisir du récit (je ne disais pas autre chose, fondamentalement : je développais juste en quoi ce type de récit me séduisait). Je suis mutatis mutandis, dans le dial, le gars un peu naïf, qui croit avoir découvert l’œuf de Colomb ou la face cachée de la lune, alors que c’est vieux comme le monde, des trucs et des ficelles bien connues, du moins quand on est un peu au fait du mode de fabrication et de la fonction/usage, assez pauvres.
Dans le dial, je suis un peu « ton pauvre » : c’est l’occasion, faisant le larron (sous prétexte qu’on ne fait pas les bons topics avec les bons sentiments) de me recadrer, de me rabattre un peu mon grand caquet exalté et prétentieux, qui cause, qui cause, haranguant son monde, en prenant un peu trop à son aise, mais qui sait pas vraiment de quoi qu’y cause. C’est un peu l’occasion d’un juste retour de manivelle, d’un petit recadrage éthique, magnanime, arroser un peu l’arroseur. C’est un peu l’occasion de remettre les pendules à l’heure et de montrer qui c’est le patron. Breaker en est tout miel, Slimfast tire son chapeau : « quelle leçon pour nous tous ». Baldanders est en danseuse, il ne sait pas s’il doit être content ou fâché tout rouge, car il disait la même chose, pensait-il, que Borges.
Y a un peu l’opposition suggérée entre le connaisseur, qui a un savoir critique, réflexif, de tout ça, qui, quand il consomme une série ou un roman policier, ne s’emballe pas pour autant, garde la tête froide, parce qu’il a un background littéraire, critique, autrement plus solide (et c’est vrai), lui permettant de distinguer au premier coup d’œil le produit frelaté d’une œuvre qui a du corps, de la densité.
Je suis un peu dans l’échange le grand dadais exalté, venu de la campagne, qui confond roman de gare et littérature, grenadine et alcool fort. Qui s’émeut aux larmes pour pas grand chose, alors que c’est un pur jeu intellectuel, cérébral, et pas franchement des plus finauds. Faut l’instruire un brin sinon il va se mettre à fantasmer qu’il est visité par les muses, le rappeler à la juste raison et à ses raisonnables limites, sinon il va se choper la grosse tête, avoir les pieds qui fument ou s’envoler dans un ballon, se prendre pour Antonin Artaud ou Lautréamont. Télé-prix qui croyait prendre (jeu de mot brillant, approuvé par maitre capello).
Dans le cours de l’échange croisé entre toi, db et moi, ce qui était présenté à la base comme, non pas un commentaire sur la série elle-même, que tu n’as pas encore vue disais-tu, mais sur la façon dont db et moi on en parle, on glisse assez rapidement à quelque chose de plus dur, sec, jugeant, mais sur un ton laconique, détaché, désimpliqué, quelques phrases lâchées négligemment, comme on s’acquitterait en bâillant d’une vague besogne un peu ennuyeuse, prise sur son temps précieux. Tu passes au « vous » englobant (votre approche de la série est sans distance, sans critique... on se croirait à la télé, ou à la radio...). Petite correction, en passant, entre parenthèse, pour ceux qui utilisent des concepts dont ils ne comprennent pas bien le sens.
Mais surtout, en primeur, occasion fournie par l’échange avec slimfast d’asséner un premier coup fatal, celui dont on ne se relève pas : le racisme du truc. Le truc qui fout la honte, qui calme instantanément les excités tout à leur petit plaisir hypnotique, ayant congédié leur esprit critique - imparable. A partir de là, y a plus qu’une seule issue : longer le mur, sous les lazzis du public, en piquant du nez vers une porte de sortie pas trop déshonorante, tout en protestant de sa bonne foi dans des tentatives de génuflexion acrobatiques d’un ridicule achevé.
La suite : assez rigolé car tu te lasses, il est temps d’en finir et de dire les choses comme elles sont : « Il n' y a strictement aucun mystère dans cette série, du moins vous n'en avez nommé aucun... c'est du jeu "cérébral", à la fort boyard, des variations autour de quelques clichés (de la culture pop),et de la logique du récit... ».
Alors là, on est fixé, y a plus de doute. Fixé et saisi aussi dans et sur la formule de son petit plaisir solitaire pas bien glorieux : « ne me spoile pas mon plaisir ». La formule du spectateur qui confond les Grandes Choses avec les toutes petites, qui confond Oedipe à Colonne avec jeu de piste en colonie de vacances, quatuor de Beethoven avec numéro de claquettes à suspense.
Mais ne suffit pas d’humilier le petit plaisir qui se prend pour un voyage dans les profondeurs insoupçonnées, le touriste américain qui s’évanouit à la vue de la tour de Pise dont il ne soupçonnait pas l’existence, il faut encore rappeler la hiérarchie dans l’ordre du bonheur esthétique : tu peux spoiler, moi ça me dérange pas, j’ai dépassé le stade d’accorder la moindre valeur à ces romans policiers que je dévore quand je m’ennuie. Mieux, tu me rendras service, tu m’éviteras de perdre mon temps à des idioties.
Là, on sent que t’es comme agacé et pressé d’en finir : « ça me rappelle mes livres d'enfance sur les grands mystères de l'univers : le triangle des bermudes, l'île de paques, les ET et les pyramides... etc. »
Bon allez, finissons-en, j’ai perdu assez temps comme ça : « et c'est quoi la solution finalement? Comment ces satanés trucs sont-ils arrivés sur cette foutue island? on le sait ou pas? ».
Pour un peu, tu nous copicollerais la fin, pour nous faire les pieds, nous apprendre à avoir ainsi mobilisé ton attention pour un truc aussi neuneu.
Plus sérieusement, finissons par le thaumazein : terme malheureux sous ma plume. Je confonds Heidegger avec mon absence d’ennui. Là, c’est vraiment de ma faute, je savais où je mettais les pieds, j’allais au devant du coup de bâton. Mais je tiens quand-même à rappeler, pour sauver le peu de dignité qu’il me reste, que j’évoquais ailleurs non un plan d’ozu sur un vase, mais five de Kiarostami. Heureusement qu’il m’arrive de ne pas être tout le temps en pilote automatique, quand je m’essaie à « penser » (ce qui ne m’arrive pas souvent, je le concède aisément).
Enfin, bon, tout ça parce que je voulais parler d’une série que je trouve captivante. J’avais cru que ça valait un topic, bien mal m'en a pris. Ce qui m’étonne quand-même, dans cette affaire, c’est que lorsque tu te divertis, c’est un divertissement assez digne, de toi et de nous, justifiant que tu ouvres des topics, pour en causer, de ces séries qui sont juste des produits à consommer puis à oublier.
- The walking dead : ça t’avait impressionné, tu connaissais peu d'univers de fiction, aussi plein, englobant - heureusement, tu as oublié assez rapidement cette plénitude et cet englobement, pour revenir à des choses un peu plus sérieuses.
- Game of thrones : là encore suscitant notre curiosité: « toujours à la recherche d'univers "imaginaires" autonomes, pleins, enveloppants (trop de réel, ça épuise; je fuis pas, je cherche une arme dans ma fuite » « Jerzy, tu as vu? Erwan? les autres? je trouve ça très fort, et moins puant que je ne l'avais cru après quelques épisodes de la première saison ».
Oui, j’ai vu, merci pour la suggestion. Mais j'ai bien eu tort, dois-je comprendre alors, d’y prendre du plaisir, comme toi, mais plus que de raison... pour une série aussi raciste.
Mais distinguons, tout de même, c’est d’une autre trempe que ce Lost, qu’on diffusait sur tf1: « y a tous les défauts HBO, mais je trouve que c'est sur bien des points supérieur à tolkien, c'est beaucoup plus proche de Shakespeare, d'ailleurs que de Tolkien ».
Faut pas bouder son plaisir, et comme je dis toujours, y a pas de honte à partager.
- Breaking bad, sur lequel là aussi tu attiras mon attention : « as-tu vu, essayé Breaking Bad? sinon, je suis certain que tu ne peux qu'adorer »
J’ai bien aimé, oui. lol.
Mais j’en viens presque à me demander, en ce point de perdition de tous mes repères de caniche un peu trop chaton, si je ne pouvais qu’adorer parce que c’était raciste! Car dès lors que je te faisais remarquer que si Lost était raciste, il fallait considérer que TWD, GOT et BB l’étaient encore plus, tu t’es empressé de dire, enfin, tardivement - mettant fin à ce suspense proprement insoutenable :
« - Breaking Bad, c'est le fantasme classe moyenne du gars qui voudrait devenir dealer, et se décomplexer, comme ils disent à droite...et comme il est blanc, prix nobel, et qu'il aime sa famille, il relève toute la négativité; blanchi(ss)ement du crime, et de son profit; la complexité psychologique, morale, des séries, des blockbuster, cela ne consiste jamais à dire les méchants ne sont pas si méchants que ça mais toujours : "quand nous les bons faisons des choses horribles nous ne sommes pas méchants en fait, mais très profonds, et pas manichéens pour un sous » « -Toutes les séries que je connais mettent en scène ce désir : se décomplexer... »
Alors, pour terminer sur un gag savoureux (on a le droit d’en rire - ou pas; en tout cas moi, ça me fait rire), je m’autorise quand-même à sérieusement m’inquiéter sur ma vraie nature profonde, quand je mets ce portrait du gars, fantasme de décomplexion de la classe moyenne, en regard de :
« je crois que tu aurais parfaitement incarné le personnage; il a un côté jerzy, je trouve »
Décomplexé à ce point là?
- « Totafait ! », répond Baldanders.
Ce cher Baldanders, qui chaque fois que j’ai tenté dans feu la shout de lui parler de Rancière (copicol là, en spoiler, la dernière "synthèse": https://spectresducinema.1fr1.net/t1514-de-la-distanciation-et-de-l-identification-dans-les-films-d-horreur), m'a répondu, systématiquement, bloqué sur la touche rewind, que c’était un énorme tissu de conneries, qui le faisait bien marrer: un machin de petit bourgeois jouisseur égoïste qui se donne à bon compte des raisons de refuser des hiérarchies dans le sensible, etc, etc.
C’est clair qu’on peut discuter, du moment qu’on prend pas les gens pour des cons. Surtout quand on s’amène en disant : "quel type formidable, ce jerzy, oui breaker, j’ai en soupé, des bien dégueulasses, mais trêve de tout ça".
Comme il dit, il a « fait l'effort de passer sur mes âneries, ce n'est pas pour que je lui les resserve à la première occasion ».
Pourquoi donc ? Au contraire, je trouvais que l’occasion s’y prêtait parfaitement, estimant que j’avais fait assez d’effort, en ce qui me concerne, pour endurer les siennes.
Et je me suis trouvé bien gentil, moi, pas pervers pour un sou, à supporter sa scie musicale répétitive, pour la 5000è fois, alors qu’il est venu juste pour la causette, parce qu’il a du temps à perdre pour ça et que c’est pas donné à tout le monde - il importe de le mentionner et de le rappeler : combien de fois, mais combien de fois, j'ai dû me fader son refrain monothématique: les petits bourgeois, pur intellect, gniagniagnia, moi, homme de chair et de sang, contrairement à toi, pure abstraction, gnignigni, je parle de ce que vis, charnellement, toi, qui vis pas, qu’as pas de chair, pur intellect, je cherchais des hommes, je suis venu avec mon cœur, mon corps, ma sensibilité, ma sensualité, et je suis tombé sur des machines, machines à tuer, raisonneurs, faiseurs d'abstraction, tout ce qui te manque, tout ce que j’aurais pu t’apprendre, ah si tu savais, mais non, tu sauras pas, tu n’a pas vu l’homme en moi, et gniagniagnigni.
C’est pourquoi j’ai estimé pertinent, parfaitement dans le sujet, et de bon aloi, de la lui resservir, sa métaphore baldandersienne inusable, sans me lasser. L'éternel jeu de langage, qui consiste à décrire sa position, dans le jeu de langage, comme extérieure au jeu: vous, dans le virtuel, abstraits, et moi, réel, avec un corps. Le Classique le plus plébiscité de la cyber-formolite. Pendant que vous tapez sur votre clavier, y a des gens qui n'ont pas ce loisir, et qui ne peuvent pas se payer un ordinateur. Pendant que vous parlez, y a des gens qui se taisent. Etc etc.
Et tout mon commentaire, plus haut: oui, c'est bien tout ça qu'il dit, tout le temps, le fond insistant de sa chansonnette si divertissante. ça vole pas plus haut, désolé, ce n'est que ça: une longue cure, interminable, donc ratée, ou réussie, sur les? Attention, a ouane, a twou, a trille - ouane two trie: "petits bourjwââââs". Je céderai sur rien: les pauvres, pour baldanders, c'est le prétexte généreux, la justification seconde de son motif mélodique premier, de préoccupation haineuse ou ruminante, à tort ou à raison je m'en fiche j'ai pas à en porter le chapeau et à souffrir son assommante rengaine: "petiîîîît, bourjwâââ, ton moulin va trop vîteu, peutîîît, bourjwââ, ton moulin va trop fort".
Et non, je ne le vois pas du tout en finkielkrautien, quoique, il nous a tenu, des propos, dans ses grandes heures inspirées, qui n'étaient pas piqués des hannetons. Genre: je suis désolé, mais y a quand-même des choses qu'y faut dire, sans se voiler la face, etc etc, une bienpensance de gauche, à force d'angélisme, etc. Et je n'oublie pas, certainement pas (parce que ma mémoire est dans mon corps - comme tout le monde), la sinistre curée à laquelle il se livra, en duo avec Bubon, sur mon texte sur l'article de tetsuo - trop bonne occasion pour démontrer que j'étais un sale type, sophiste imposteur, confirmé, reconfirmé, et re-prouvé cqfd, une fois de plus: où avec une mauvaise foi très décomplexée, puisqu'il aime surenchérir sur ce terme sartrien heureux, le concernant, il a cherché à m'abattre à la kalachnikov parce que je déformais malhonnêtement les propos du pauvre tetsuo, qui ne disait pas du tout, mais alors pas du tout, ce que moi, sophiste immonde, malhonnête, dégueulasse, méprisable, je lui faisais dire. Archives sur demande. Alors oui, j'avais dit bienvenue. Je savais pas qu'il continuait dans sa monomanie obsessionnelle, mais j'avais bien saisi, d'emblée, le signal d'alarme, une sorte de lapsus non-refoulé, si je puis dire, pas censuré du tout: tout ce qu'il a souffert de dégueulasseries de ma part, ce pauvre homme.
Et sinon, encore: où a-t-il lu, cet écorché vif et j'en suis un autre, comme tout le monde, que je déclarais moi-même que le débat sur ceci ou cela, c'était de la "branlette"? Le voilà donc revenu, avec son TOC qu'il a en commun avec bubu de cabinet: le pistage psycho-rigide au "terme-à-terme". Mais c'est lui, l'auguste, pas moi, qui n'a cessé ici de psalmodier que tous ces débats étaient de la branlette, "on est tous d'accord pour dire que..." (traduction de la prosopopée baldanslderièrrienne: "Je suis d'accord avec moi-même pour dire que vous êtes tous en train de vous "branler"): je n'ai fait que reprendre sa formule, pour ironiser dessus. Ce type a une faculté littéralement prodigieuse, liée à son esprit de sérieux qui frise la constipation cérébrale, comme bubon l'auto-chatouille, à ne pas voir qu'on reprend simplement ses propres termes pour tourner sa rhétorique en dérision. Ce type ne voit littéralement pas qu'il pratique en permanence tout ce qu'il dénonce chez les autres: on a un ton méprisant et irrespectueux envers lui, qui est si cordial, chaleureux, à l'écoute; on est un concentré hallucinant de malhonnêteté et de mauvaise foi, lui qui est tellement honnête et de bonne foi; on est rempli d'une haine de soi pathologique, lui qui semble tellement être en harmonie avec lui-même; "ah, ça te gêne que je parle de petit-bourgeois? Peut-être parce que t'en es un, non?"; "Ah ça te gêne, hein, qu'on parle des pauvres, des exclus, qui n'ont pas accès au net pour se branler dans des discussions virtuelles! Ouaih, c'est ptêt parce que ça t'arrange bien, quelque part, d'occulter cette vérité, c'est ptêt que t'es un branleur toi-même, va savoir! Et ptêt même que tu le refoules" "Dis, toi, je n'ai pas patiemment supporté toutes tes âneries là-bas (j'en ai même fait un topic) pour que tu me les resserves ici, si tu ne me respectes pas alors que je n'ai aucun respect pour toutes les conneries que tu racontes en permanence, attention, je vais m'en aller, je ne blague pas!" etc, etc, etc, etc.
(Pour la prochaine livrée, sur demande, je lui poste un copicol de cette conversation édifiante en shout, en direct-live différé des archives de la Mère Docu et du Père Pétuel, sur les êtres de chair et de sang versus les désincarnés, un classique des familles, un qui déride, même les constipés.)
Même rengaine, pile poil, automatique : tel qu’en lui même l’éternité le fige dans le formol, oh oui, et de la haine de soi (du petit bourgeois qu’il est), et surtout la haine de moi, qui contrairement à lui, ne suis pas un petit bourgeois, mais un grand bourgeois, de souche aristocratique même (c’est généalogiquement « prouvé »). Et, contrairement à lui, je ne cultive guère la haine de soi, car je me trouve authentiquement formidable, et on loue unanimement mon narcissisme pathologique, y compris lui-même.
ça m’a été encore scientifiquement prouvé tout à l’heure encore, en bas de chez moi, par deux types qui se tapaient dessus au jouant au keuf et à la caillera. Dès qu’ils m’ont vu, sur le pas de ma porte, dans mon habit de lumière, irradiant de toute ma puissance érotique pyramidale et pharaonique, ils se sont précipité sur moi pour me rouler des patins du feu de l’enfer, oubliant leurs querelles stériles et tellement désincarnées...
Là-dessus, je pars en vacances. Tout en bas de mon immeuble: dans la cave. Parce que l'air y est plus frais. Et c'est bon pour mon teint. Paraît que trop bronzer, ça ridule prématurément.
Dernière édition par - - - le Jeu 1 Aoû 2013 - 9:24, édité 5 fois
Invité- Invité
Re: Lost (2004- 2010)
- - - a écrit:combien de fois, mais combien de fois, j'ai dû me fader son refrain monothématique: les petits bourgeois, pur intellect, gniagniagnia, moi, homme de chair et de sang, contrairement à toi, pure abstraction, gnignigni, je parle de ce que vis, charnellement, toi, qui vis pas, qu’as pas de chair, pur intellect, je cherchais des hommes, je suis venu avec mon cœur, mon corps, ma sensibilité, ma sensualité, et je suis tombé sur des machines, machines à tuer, raisonneurs, faiseurs d'abstraction, tout ce qui te manque, tout ce que j’aurais pu t’apprendre, ah si tu savais, mais non, tu sauras pas, tu n’a pas vu l’homme en moi, et gniagniagnigni.
Délirant tissu de conneries. Jamais dit des trucs pareils, jamais opposé "le petit-bourgeois" défini comme "pur intellect" à "des hommes de chair" etc. Me suis jamais placé dans la seconde catégorie : au contraire, me suis toujours considéré comme un intellectuel petit-bourgeois : pourrais-tu être davantage dans le faux ?
C'est ce syndrome de répétition des mêmes conneries qui me fait t'accuser d'être une machine. Bah oui, regarde-toi un peu.
Baldanders- Messages : 351
Re: Lost (2004- 2010)
ça t'arrange, hein, la disparition de sa shout. Tu m'en as fait trois pages, sur ce couplet. Archives sur demande.
Allez bye, le délirant.
Allez bye, le délirant.
Invité- Invité
Re: Lost (2004- 2010)
- - - a écrit:ça t'arrange, hein, la disparition de sa shout. Tu m'en as fait trois pages, sur ce couplet. Archives sur demande.
Allez bye, le délirant.
Sors-les, histoire que soit prouvé (une fois de plus) le détournement systématique et infantile que tu fais de mes propos.
Je le répète au sourd et à l'aveugle : je me considère moi-même - d'ailleurs sans complexe ni sentiment de culpabilité particulier - comme un intellectuel petit-bourgeois. C'est ce que je suis, je ne m'en cache pas, ni ne le cache à quiconque. Ainsi, comment pourrais-je reprocher à qui que ce soit d'en être un ? Tu seras bien en peine de répondre à ça, c'est pourquoi tu le refouleras, comme Claës a refoulé la moitié des choses que je lui ai précisées... Je commence à vous connaître.
Et ce que je te reproche, à toi et pas à un autre, pas au "petit-bourgeois" ou à "l'intellectuel" en général donc mais bien à ta pomme, c'est de pousser l'intellectualisme à l'excès, au point de te rendre incapable d'entendre ce qu'on te dit, tellement tu prends au sérieux ce que tu te construis dans ta petite tête de cloche, et qui n'a pourtant généralement qu'un rapport lointain avec ce que tu lis.
Et tiens, si tu veux qu'on rigole, sors donc aussi ta toute première interprétation du texte de Sartre sur M-P, celle qui était complètement à côté de la plaque et que tu as effacée en t'excusant deux jours plus tard.
Voilà qui aurait normalement dû rabaisser un peu tes prétentions - ce qui n'a pas eu lieu, étrangement (?) : au contraire, tu lis de plus en plus mal tout en te montrant de plus en plus arrogant.
Mais ne compte plus sur moi pour t'expliquer en quoi tu lis mal : démerde-toi, mon grand. Et quand t'auras compris, tu reviendras t'excuser : ça te fera du bien.
Et dire, et dire que j'avais juré à Breaker de ne pas rentrer dans ces jeux masos. Qu'est-ce qui m'y a poussé, après à peine trois jours de présence sur ce forum ?
Comme toujours : une attaque déloyale de Jerzy, suivie d'un vilain tacle de Balthazar Claës, rien d'autre. Car moi je n'avais rien demandé à personne, et j'avais juste entamé un petit dialogue franc et direct, et en tout cas respectueux, avec certains.
Mais eux bien sûr, je veux dire Balthazar et Jerzy, sont blancs comme neige, ils s'en tiennent toujours et très strictement au "concept" n'est-ce pas, ne mettent bien évidemment (où vais-je chercher ça ?) aucun affect dans la partie, et s'ils traitent leur interlocuteur avec un mépris aussi sensible que visible, eh bien il n'a qu'à pas mal le prendre, l'interlocuteur, qu'on le traite plus ou moins explicitement de crétin. Puisqu'on lui dit que c'est pas perso...
Tout ça pour dire qu'au lieu de faire mon Jerzy en répétant tous les deux jours que je me casse pour revenir tel Batman jeter des petits pièges dans la soirée, je disparais, comme promis. Bravo, Jerzy : tu sais si bien souhaiter la bienvenue que tu donnes envie de fuir à toutes jambes dès notre premier échange (enfin, si on peut appeler ça un échange : parlons plutôt de guet-apens). Adios.
Dernière édition par Baldanders le Jeu 1 Aoû 2013 - 10:59, édité 1 fois
Baldanders- Messages : 351
Re: Lost (2004- 2010)
balthazar claes a écrit:
Mais moi, je l'ai vue la série Lost, jusqu'au 20e épisode de la saison 2. C'est une série avec une touche de survivalisme familialiste, à la Walking Dead, avec pas mal d'intrigues sentimentales et pas mal de trucs classiques. Mais son truc particulier c'est de jouer avec l'absurdité et la féérie : les cliffhangers et coups de théâtre pleuvent avec une régularité mécanique, repoussant toujours davantage les frontières du crédible. Très régulièrement ça n'a plus aucun sens, les fils ne se rejoignent plus, mais l'histoire continue imperturbablement à empiler les révélations et les événements incroyables. Tel héros s'enlève à mains nues une balle qu'on lui a tiré dans l'épaule, parfois se balade dans la jungle dans la terreur qu'un ours polaire l'attaque, parfois se balade dans la même jungle sans la moindre appréhension. Un mélange de sérieux imperturbable et de n'importe quoi scénaristique assumé ; une farce grotesque mais traitée avec constance et rigueur, ne basculant jamais dans le second degré. C'est assez difficile à qualifier, mais ça se tient sans doute pas loin du Prisonnier et de Twin Peaks, tout en étant très différent pour autant que je sache. On n'est pas loin d'une espèce de démontage de l'effet de fiction, de mise en évidence des mécanismes de la suspension d'incrédulité, quelque chose comme ça. Mais pas d'une manière "moderniste", distanciée ; plutôt selon un mode extrêmement classique de la fiction. C'est réflexif et cérébral, si on veut ; mais il n'y a jamais grand-chose à comprendre, à analyser : les fils de l'intrigue ne se touchent plus du tout, il y a une béance, mais celle-ci est en plein milieu de l'intrigue, non voilée. Le bateau devrait couler mais flotte encore, et difficile de dire pourquoi. Une expérience de ce type ne serait sans doute pas possible sur une durée brève : l'insistance, la persistance de l'intrigue après qu'elle ait sombré dans le non-sens a besoin de temps pour se donner à voir.
C'est pas vraiment le sujet aux sens 1) pas besoin d'avoir vu la série pour savoir ce qu'il y a dedans, enfin c'est pas inintéressant non plus de l'apprendre comme ça et 2) les deux premiers posts de Baudouin étaient pour dire : qu'est-ce-que ça me fait d'avoir vu cette série. Et ça c'était passionnant et un peu nouveau chez lui.
Invité- Invité
Re: Lost (2004- 2010)
ah oué, quel vilain, vilain tacle je t'ai fait là... c'est apparemment la phrase sur la grand-mère qui a la vue qui baisse, que tu as jugé bon d'interpréter comme preuve de mépris direct et aggravé pour ton vécu personnel, comme insulte envers toi-même et tes voisins qui se battent sous tes yeux. Du moins, je ne vois rien d'autre qui pourrait justifier ton immédiat et élégant retour : "ton mépris de mon expérience, tu peux te le fourrer où je pense".
Les jeunes qui se battent ne regardent pas la série, ma grand-mère bigleuse ne regarde pas la série. Parodie, humour. Comment te dire ? je n'ai rien contre ta grand-mère, rien contre tes voisins, rien contre ton vécu personnel. Simplement, quand tu notes :
je réponds que cet énoncé est hors-sujet et moralisateur. A cette minute, au Libéria, une terrible guerre civile... Pendant ce temps, en Corée du Nord, un dictateur sanguinaire... Mais, le lendemain matin, en Afghanistan, Lost ne fut pas diffusé. De là que je sois, bien évidemment, dégueulasse, proprement dégueulasse, assassin pervers du dialogue, de la confiance en la parole donnée, salopard superlatif, ignoble vérole. C'est très proportionné tout ça.
"La vue de ma grand-mère baisse, elle peut plus voir la télé, et vous, vous discutez tranquillement de vos divertissements frivoles, bouh." ---> comprendre : mon pauvre vieux, ton expérience, je la trouve pathétique et grotesque, je m'assois dessus ; et si c'était toi-même qui te battais dans ta rue, ce serait pareil, ça me ferait doucement ricaner. Un autre jour j'aurais laissé couler, mais là il y a une occase de t'insulter en meute, peut-être même de t'humilier, alors j'y vais à fond, hein.
Il aurait fallu répondre, en effet : "Comme c'est vrai, et merci pour ce témoignage à chaud, en direct du front. Effectivement, je croyais avant cela que l'ensemble de l'humanité regardait Lost ; je comprends à présent que seul le public visé est concerné, et que les pauvres sont indubitablement trop pauvres pour goûter à ce genre de spectacle".
Me semble avoir exprimé poliment que parler des "geeks" qui regardent Lost, c'est un peu comme parler des dauphins qui sont à Aqualand, des pommes qu'on trouve sous le pommier, du camembert de Normandie... Là encore, preuve d'infini mépris haineux pour la profondeur de cette analyse, son éclat, ses implications ramifiées à perte de vue.
Tes énoncés appellent mon ricanement, ma parodie, apparemment. C'est sans doute très con de ma part, mais je ne vois rien d'autre à faire que de leur tendre ce miroir déformant : appelle ça ma bassesse, ma mauvaiseté, mon trollage si tu veux, mais je n'arrive pas à répondre autrement. Il est bien certain que ça nuit à la qualité des échanges. Moi je m'en prends à tes énoncés et je les raille, et toi tu me traites de lâche, de salaud, de débile, de pervers.
Mais rassure-toi : tu n'es pas réellement insulté & humilié, et après un grand verre d'eau, je suis sûr qu'il ne t'en restera aucune séquelle.
Les jeunes qui se battent ne regardent pas la série, ma grand-mère bigleuse ne regarde pas la série. Parodie, humour. Comment te dire ? je n'ai rien contre ta grand-mère, rien contre tes voisins, rien contre ton vécu personnel. Simplement, quand tu notes :
Les jeunes qui se battent depuis plusieurs nuits en bas de chez moi ne sont jamais chez eux en train de regarder la télé ou le net. Qui sont-ils ? Des Noirs et des Maghrébins, fils de prolétaires, qui préfèrent parler d'islam, de foot ou de course-poursuite avec les flics que de la dernière saison de Game of Thrones.
Tout le verbiage qui s'attache en ce moment aux produits culturels, des clips aux séries télé, n'est en rien une affaire de pauvres.
je réponds que cet énoncé est hors-sujet et moralisateur. A cette minute, au Libéria, une terrible guerre civile... Pendant ce temps, en Corée du Nord, un dictateur sanguinaire... Mais, le lendemain matin, en Afghanistan, Lost ne fut pas diffusé. De là que je sois, bien évidemment, dégueulasse, proprement dégueulasse, assassin pervers du dialogue, de la confiance en la parole donnée, salopard superlatif, ignoble vérole. C'est très proportionné tout ça.
"La vue de ma grand-mère baisse, elle peut plus voir la télé, et vous, vous discutez tranquillement de vos divertissements frivoles, bouh." ---> comprendre : mon pauvre vieux, ton expérience, je la trouve pathétique et grotesque, je m'assois dessus ; et si c'était toi-même qui te battais dans ta rue, ce serait pareil, ça me ferait doucement ricaner. Un autre jour j'aurais laissé couler, mais là il y a une occase de t'insulter en meute, peut-être même de t'humilier, alors j'y vais à fond, hein.
Il aurait fallu répondre, en effet : "Comme c'est vrai, et merci pour ce témoignage à chaud, en direct du front. Effectivement, je croyais avant cela que l'ensemble de l'humanité regardait Lost ; je comprends à présent que seul le public visé est concerné, et que les pauvres sont indubitablement trop pauvres pour goûter à ce genre de spectacle".
Me semble avoir exprimé poliment que parler des "geeks" qui regardent Lost, c'est un peu comme parler des dauphins qui sont à Aqualand, des pommes qu'on trouve sous le pommier, du camembert de Normandie... Là encore, preuve d'infini mépris haineux pour la profondeur de cette analyse, son éclat, ses implications ramifiées à perte de vue.
Tes énoncés appellent mon ricanement, ma parodie, apparemment. C'est sans doute très con de ma part, mais je ne vois rien d'autre à faire que de leur tendre ce miroir déformant : appelle ça ma bassesse, ma mauvaiseté, mon trollage si tu veux, mais je n'arrive pas à répondre autrement. Il est bien certain que ça nuit à la qualité des échanges. Moi je m'en prends à tes énoncés et je les raille, et toi tu me traites de lâche, de salaud, de débile, de pervers.
Mais rassure-toi : tu n'es pas réellement insulté & humilié, et après un grand verre d'eau, je suis sûr qu'il ne t'en restera aucune séquelle.
Dernière édition par balthazar claes le Jeu 1 Aoû 2013 - 12:05, édité 1 fois
balthazar claes- Messages : 1009
Re: Lost (2004- 2010)
you talkin' to me ?
tu te souviens comme Travis regardait la télé et comme il amène sa wasp dans cet infâme cinéma. exemplarité des rapports de classes, aubaine pour le cinéma, migraine pour le réel.
tu te souviens comme Travis regardait la télé et comme il amène sa wasp dans cet infâme cinéma. exemplarité des rapports de classes, aubaine pour le cinéma, migraine pour le réel.
Dernière édition par slimfast le Jeu 1 Aoû 2013 - 14:01, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Lost (2004- 2010)
balthazar claes a écrit:Simplement, quand tu notes :Les jeunes qui se battent depuis plusieurs nuits en bas de chez moi ne sont jamais chez eux en train de regarder la télé ou le net. Qui sont-ils ? Des Noirs et des Maghrébins, fils de prolétaires, qui préfèrent parler d'islam, de foot ou de course-poursuite avec les flics que de la dernière saison de Game of Thrones.
Tout le verbiage qui s'attache en ce moment aux produits culturels, des clips aux séries télé, n'est en rien une affaire de pauvres.
je réponds que cet énoncé est hors-sujet et moralisateur. A cette minute, au Libéria, une terrible guerre civile... Pendant ce temps, en Corée du Nord, un dictateur sanguinaire... Mais, le lendemain matin, en Afghanistan, Lost ne fut pas diffusé.
Je vais te répéter, une fois pour toutes, ce que je t'ai déjà dit et que tu refuses catégoriquement d'entendre : je ne disais pas ça pour nourrir je ne sais quelle culpabilité de classe, ni je ne sais quelle culpabilité tout court, ni pour interrompre le cours d'un débat par une sentence définitive censée intimider l'ensemble des participants, ni pour prétendre avoir la clé définitive et la seule susceptible d'ouvrir la boîte à secrets des séries.
Pourquoi est-ce que relater un fait brut opposant nettement deux classes sociales devrait nécessairement avoir pour but de "juger" qui que ce soit, ou de faire la morale ? D'où est-ce que tu sors une telle lecture biaisée de mes propos ?
C'est là que vous vous rejoignez, Jerzy-la-Ricane et toi : chez vous, l'interprétation précède trop souvent la lecture. Et c'est pas comme ça, càd en fermant à double tour le propos de votre interlocuteur, que vous aiderez qui que ce soit à préciser son point de vue.
Il est bien certain que ça nuit à la qualité des échanges.
Exact, et c'est un euphémisme.
Voilà, c'était pour mettre un point final à un malentendu : je n'y reviendrai pas. Si tu ne comprends pas ce que je viens de te réexpliquer, on n'y arrivera jamais. Et c'est dommage, mais tant pis.
Dernière édition par Baldanders le Jeu 1 Aoû 2013 - 15:27, édité 1 fois
Baldanders- Messages : 351
Re: Lost (2004- 2010)
Baldanders, cher Baldanders,
je poste une flatule qui te montre que je suis comme toi, exactement, pareil, un être fait de chair de sang, affecté et affectable, et toi tu me lis - car tu sais bien lire - prétendant te répondre par les seuls concepts, sur le seul plan des idées, prétendant neutraliser l'émotif pour mieux m'attaquer à ta personne vivante singulière. C'est forumidable, cette fixation sur l'intellectualité malhonnête. Je t'ai tendu un traquenard, moi le pervers paradigmatique, comme c'est surprenant de ma part. En te souhaitant fourbement la bienvenue pour mieux te prendre à la gorge. C'est forumidable, cette mansuétude envers soi-même de l'homme bon comme du pain blanc, qui était venu plein d'amour, miracle des mains nues. Répondant à cette bienvenue, tu as aussitôt invoqué les dégueulasseries dont tu fut la victime manipulée. Et breaker t'avait bien mis en garde, contre ce que tu savais déjà: à savoir que je suis un pervers dégueulasse. Repars confirmé, dès lors, baldanders, dans ta propre bonté et dans ma propre méchanceté. C'est infalsifiable.
A propos de preuve, je tiens à ta disposition, sur demande, une autre formulation, détaillée, examen du texte à l'appui, de la démonstration que ta lecture du texte de sartre sur mp est une vaste blague, un tissu d'inepties, un pur jeu rhétorique au secours de tes fantasmes. Démonstration version 5bis, que je n'avais pas postée, estimant qu'on pouvait en rester là, puisque tu ne revenais plus sans cesse sur une partie de l'anecdote: à savoir que je m'étais excusé, parce que je n'avais pas compris, tout d'abord, le ressort virtuose de ton tour de magie admirable.
Depuis, tu répètes, t'auto-persuadant par la méthode coué, que je m'étais excusé parce que tu avais bel et bien raison. Mais non, baldanders, tu n'as rien prouvé. Non seulement tu n'as rien prouvé, par ta "lecture rigoureuse des rapports impliqués par la structure des phrases", mais j'ai retracé la genèse de ta démo, comment tu en as subrepticement changé les prémisses, puis constamment réajustée, en fonction d'une hypothèse d'inconscient que tu as étendue de plus en plus massivement, jusqu'à lui donner une portée tellement vague et générale qu'elle n'avait plus aucun lien avec ton hypothèse de travail: l'examen rigoureux, sans présupposition externe au texte, des rapports impliqués par la seule structure des phrases.
Si ça t'amuse, à mon retour de vacances, je te la poste. Enfin, si t'es toujours là. Y a aucune raison que tu t'en ailles, tu trouveras partout sur ta route des pervers dans mon genre. A moins que tu t'enfermes à double tour dans un chalet en haute montagne. Même là, tu pourrais tomber sur une chèvre perverse.
je poste une flatule qui te montre que je suis comme toi, exactement, pareil, un être fait de chair de sang, affecté et affectable, et toi tu me lis - car tu sais bien lire - prétendant te répondre par les seuls concepts, sur le seul plan des idées, prétendant neutraliser l'émotif pour mieux m'attaquer à ta personne vivante singulière. C'est forumidable, cette fixation sur l'intellectualité malhonnête. Je t'ai tendu un traquenard, moi le pervers paradigmatique, comme c'est surprenant de ma part. En te souhaitant fourbement la bienvenue pour mieux te prendre à la gorge. C'est forumidable, cette mansuétude envers soi-même de l'homme bon comme du pain blanc, qui était venu plein d'amour, miracle des mains nues. Répondant à cette bienvenue, tu as aussitôt invoqué les dégueulasseries dont tu fut la victime manipulée. Et breaker t'avait bien mis en garde, contre ce que tu savais déjà: à savoir que je suis un pervers dégueulasse. Repars confirmé, dès lors, baldanders, dans ta propre bonté et dans ma propre méchanceté. C'est infalsifiable.
A propos de preuve, je tiens à ta disposition, sur demande, une autre formulation, détaillée, examen du texte à l'appui, de la démonstration que ta lecture du texte de sartre sur mp est une vaste blague, un tissu d'inepties, un pur jeu rhétorique au secours de tes fantasmes. Démonstration version 5bis, que je n'avais pas postée, estimant qu'on pouvait en rester là, puisque tu ne revenais plus sans cesse sur une partie de l'anecdote: à savoir que je m'étais excusé, parce que je n'avais pas compris, tout d'abord, le ressort virtuose de ton tour de magie admirable.
Depuis, tu répètes, t'auto-persuadant par la méthode coué, que je m'étais excusé parce que tu avais bel et bien raison. Mais non, baldanders, tu n'as rien prouvé. Non seulement tu n'as rien prouvé, par ta "lecture rigoureuse des rapports impliqués par la structure des phrases", mais j'ai retracé la genèse de ta démo, comment tu en as subrepticement changé les prémisses, puis constamment réajustée, en fonction d'une hypothèse d'inconscient que tu as étendue de plus en plus massivement, jusqu'à lui donner une portée tellement vague et générale qu'elle n'avait plus aucun lien avec ton hypothèse de travail: l'examen rigoureux, sans présupposition externe au texte, des rapports impliqués par la seule structure des phrases.
Si ça t'amuse, à mon retour de vacances, je te la poste. Enfin, si t'es toujours là. Y a aucune raison que tu t'en ailles, tu trouveras partout sur ta route des pervers dans mon genre. A moins que tu t'enfermes à double tour dans un chalet en haute montagne. Même là, tu pourrais tomber sur une chèvre perverse.
Invité- Invité
Re: Lost (2004- 2010)
Les discussions sur les séries prennent parfois ici des tournants étonnants (l'un met LOST au sommet, l'autre Game of Thrones, on trouve la saison 3 de The Walking Dead décevante là oû la plupart s'entendent pour dire que c'est là que la série devient ce qu'elle était censé devenir et je les soutient), j'imagine que c'est dû à une relative jeunesse dans le domaine.
Mais beaucoup de tensions pour savoir si on se trouve en bonne compagnie en regardant ça (plus probablement l'inquiétude tient à savoir en quelle compagnie admettre regarder et aimer ça). Ca se déguise souvent sous la critique de la forme "cette chose ne fait pas ce que d'autres choses font", au moins ce n'est pas complètement malhonnête, l'inanité du mouvement ne déguise pas trop, ça a son côté burlesque. Mais ça fait soupirer quand ça se prend au sérieux, en outre que ça prend presque toujours les mêmes habits (selon le milieu s'entend, ici la chose ne fait pas (assez) la critique de l'ordre en place).
Du coup la discussion en reste à se demander si vraiment on peut discuter de cette série ici, ça ressemble à du trolling au bout du compte.
Ceci étant dit, ce n'est pas la série qui m'inspirerait le plus, c plutôt celle qui m'a accroché le plus. Sinon :
La saison 4 est l'apogée de la série, l'ensemble repose sur une structure narrative que je n'avais jamais rencontré, et c'est pourtant parfaitement maîtrisé. On y trouve aussi l'un e des meilleures histoires filmée de voyage dans le temps : l'épisode The Constant, qui est aussi de loin l'épisode préféré des afficionados (bref en droit je suis un spectateur moyen de LOST).
Les épisodes sont pour la plupart focalisés sur un protagoniste ou dans la cas des coréens, sur un couple : les épisodes "coréens" sont à fuir à toute jambe, ou plutôt on saute les parties flashbacks sur les tourtereaux à l'idylle dégoulinante de mielleuse romance pseudo-exotique, ça colle cette saloperie : j'imagine que les producteurs ont imposés une romance au long cours pour budgeter, tant la différence de qualité est abyssale, j'imagine les scénaristes aller à reculons vers la page blanche du scénar fleur bleu, se battre pour ne pas avoir à les écrire..
Et pour la plus grande critique que je ferais à la série, elle concerne la dernière saison, mais je ne spoilerais pas, sans compter que vu le fonctionnement de la bête (accumulation de mystères), on se doute bien au bout d'un moment qu'ils ne s'en sortiront pas. Mais c'est très rare une série au long cours qui finit élégamment, ça fait presque partie du contrat quand on se lance après ce genre de visionnage.
Là on parle de LOST c made in USA, mais quand on dérive dans une discussion sur les séries actuelles faudrait voir à ne pas trop focaliser, je n'ai pas été autant captivé par Les revenants que par les publics français et anglais, mais il y a du progrès, sinon les chefs-d’œuvre ces dernières temps se trouvent un peu partout, Portugal (Mystères de Lisbonne), Nouvelle-Zélande (Top of the Lake), Suède et Danemark (déjà cités ici). Et Satantango si on considère le nombre de parties (3), ça fait une mini-série, si on considère la durée, ça fait une saison de 8 épisodes (par contre pour trouver les cliffhangers je suis pas très con-vaincu .
Mais beaucoup de tensions pour savoir si on se trouve en bonne compagnie en regardant ça (plus probablement l'inquiétude tient à savoir en quelle compagnie admettre regarder et aimer ça). Ca se déguise souvent sous la critique de la forme "cette chose ne fait pas ce que d'autres choses font", au moins ce n'est pas complètement malhonnête, l'inanité du mouvement ne déguise pas trop, ça a son côté burlesque. Mais ça fait soupirer quand ça se prend au sérieux, en outre que ça prend presque toujours les mêmes habits (selon le milieu s'entend, ici la chose ne fait pas (assez) la critique de l'ordre en place).
Du coup la discussion en reste à se demander si vraiment on peut discuter de cette série ici, ça ressemble à du trolling au bout du compte.
Ceci étant dit, ce n'est pas la série qui m'inspirerait le plus, c plutôt celle qui m'a accroché le plus. Sinon :
La saison 4 est l'apogée de la série, l'ensemble repose sur une structure narrative que je n'avais jamais rencontré, et c'est pourtant parfaitement maîtrisé. On y trouve aussi l'un e des meilleures histoires filmée de voyage dans le temps : l'épisode The Constant, qui est aussi de loin l'épisode préféré des afficionados (bref en droit je suis un spectateur moyen de LOST).
Les épisodes sont pour la plupart focalisés sur un protagoniste ou dans la cas des coréens, sur un couple : les épisodes "coréens" sont à fuir à toute jambe, ou plutôt on saute les parties flashbacks sur les tourtereaux à l'idylle dégoulinante de mielleuse romance pseudo-exotique, ça colle cette saloperie : j'imagine que les producteurs ont imposés une romance au long cours pour budgeter, tant la différence de qualité est abyssale, j'imagine les scénaristes aller à reculons vers la page blanche du scénar fleur bleu, se battre pour ne pas avoir à les écrire..
Et pour la plus grande critique que je ferais à la série, elle concerne la dernière saison, mais je ne spoilerais pas, sans compter que vu le fonctionnement de la bête (accumulation de mystères), on se doute bien au bout d'un moment qu'ils ne s'en sortiront pas. Mais c'est très rare une série au long cours qui finit élégamment, ça fait presque partie du contrat quand on se lance après ce genre de visionnage.
Là on parle de LOST c made in USA, mais quand on dérive dans une discussion sur les séries actuelles faudrait voir à ne pas trop focaliser, je n'ai pas été autant captivé par Les revenants que par les publics français et anglais, mais il y a du progrès, sinon les chefs-d’œuvre ces dernières temps se trouvent un peu partout, Portugal (Mystères de Lisbonne), Nouvelle-Zélande (Top of the Lake), Suède et Danemark (déjà cités ici). Et Satantango si on considère le nombre de parties (3), ça fait une mini-série, si on considère la durée, ça fait une saison de 8 épisodes (par contre pour trouver les cliffhangers je suis pas très con-vaincu .
Eluent- Messages : 43
Re: Lost (2004- 2010)
Salut Eluent.
Juste ceci, c'est moi qui ai parlé plus haut de la saison 3 de TWD: je trouve comme toi que c'est la saison la plus forte, je parlais juste des derniers épisodes, qui m'ont déçu par rapport à ce qui précédait la longue césure. Et je m'interrogeais: est-ce à cause de la césure, du fait que je n'étais plus "dans le bain"? Ou est-ce qu'ils étaient moins bons, bâclés?
C'est une question qui allait dans le sens de ce que dit Borges, qui m'a peut-être répondu... à propos de Lost: la série serait quelque chose qu'il faut consommer vite et fort, en immersion, comme un alcool (dans mon cas, les trois saisons à la suite, quasiment sans coupure), sinon ça ne tient plus. On a déjà en partie oublié, ça ne se laisse pas une marque importante dans le temps. Est-ce le genre "série" qui veut ça?
C'est là-dessus qu'on débat...
Juste ceci, c'est moi qui ai parlé plus haut de la saison 3 de TWD: je trouve comme toi que c'est la saison la plus forte, je parlais juste des derniers épisodes, qui m'ont déçu par rapport à ce qui précédait la longue césure. Et je m'interrogeais: est-ce à cause de la césure, du fait que je n'étais plus "dans le bain"? Ou est-ce qu'ils étaient moins bons, bâclés?
C'est une question qui allait dans le sens de ce que dit Borges, qui m'a peut-être répondu... à propos de Lost: la série serait quelque chose qu'il faut consommer vite et fort, en immersion, comme un alcool (dans mon cas, les trois saisons à la suite, quasiment sans coupure), sinon ça ne tient plus. On a déjà en partie oublié, ça ne se laisse pas une marque importante dans le temps. Est-ce le genre "série" qui veut ça?
C'est là-dessus qu'on débat...
Invité- Invité
Re: Lost (2004- 2010)
Toutafi, quelques déceptions sur la fin de la S03, mais possibles uniquement car partie sur les chapeaux de roue.- - - a écrit:Juste ceci, c'est moi qui ai parlé plus haut de la saison 3 de TWD: je trouve comme toi que c'est la saison la plus forte, je parlais juste des derniers épisodes, qui m'ont déçu par rapport à ce qui précédait la longue césure. Et je m'interrogeais: est-ce à cause de la césure, du fait que je n'étais plus "dans le bain"? Ou est-ce qu'ils étaient moins bons, bâclés?
C'est une question qui allait dans le sens de ce que dit Borges, qui m'a peut-être répondu... à propos de Lost: la série serait quelque chose qu'il faut consommer vite et fort, en immersion, comme un alcool (dans mon cas, les trois saisons à la suite, quasiment sans coupure), sinon ça ne tient plus. On a déjà en partie oublié, ça ne se laisse pas une marque importante dans le temps. Est-ce le genre "série" qui veut ça?
C'est là-dessus qu'on débat...
On consomme de plus en plus les séries en marathon, en ingurgitant une saison voir l'intégrale d'une série déjà terminée, je recommande cette ivresse pour ma part, je suis accro à ce mode de consommation. (Par contre je ne pense pas que cela vaille pour les séries comiques, la capacité à rire s'estompe rapidement, peut-être une limitation du système nerveux.. ça a marché pour moi sur des ovnis géniaux comme Curb your enthusiasm ou Louie mais ça reste exceptionnel je crois.)
Sur la fugacité du format sérialisé, pas d'accord, Le prisonnier vu gamin en mode hebdomadaire m'a marqué à tout jamais, idem pour La quatrième dimension ou Heimat et j'imagine que Breaking Bad, The Wire et Lost resteront avec moi. Pas la peine de se compliquer la vie sur une telle question à mon avis, restera ce qui méritera pour toi de rester (ce que tu préfères, les meilleures, celles qui t'apportent), comme pour tout format de présentation de narration tout simplement(je me souviens encore de cette compteuse professionnelle qui nous comptais si bien l'histoire de etc), désolé si je rase façon Ockham.
Eluent- Messages : 43
Re: Lost (2004- 2010)
Alors l'espoir, l’enthousiasme s'emparent de moi à nouveau. Restera ce qui restera, par toutatis.
Note, on peu étendre le bidule au phénomène des jeux vidéos. Alors là, je suis plus intarissable encore. Expériences de jeu, non seulement mémorables, marquantes, mais encore, non-épuisées après les avoir finis. Je laisse une année ou deux, et je les recommence, non parce que j'ai oublié, mais parce que j'ai envie de me replonger dans les mondes, le gameplay. Pour citer mes préférés: Ico, Resident evil, de 1 à 4, Silent Hill 1 à 3, les splinter-cell, metal gear solid (sur ps1), Tomb raider anniversary, Ratchet & Clank 1 à 3 (sur ps2), Parasite Eve, quelque fps, comme Black, Killzone... oui, rien que de la console old gen. Le prix de la ps3 va encore baisser... Et hop, je la chope.
Tu pratiques les jeux?
Je dois aller domir (lol), mais on en recause. Bonne fin de journée
Note, on peu étendre le bidule au phénomène des jeux vidéos. Alors là, je suis plus intarissable encore. Expériences de jeu, non seulement mémorables, marquantes, mais encore, non-épuisées après les avoir finis. Je laisse une année ou deux, et je les recommence, non parce que j'ai oublié, mais parce que j'ai envie de me replonger dans les mondes, le gameplay. Pour citer mes préférés: Ico, Resident evil, de 1 à 4, Silent Hill 1 à 3, les splinter-cell, metal gear solid (sur ps1), Tomb raider anniversary, Ratchet & Clank 1 à 3 (sur ps2), Parasite Eve, quelque fps, comme Black, Killzone... oui, rien que de la console old gen. Le prix de la ps3 va encore baisser... Et hop, je la chope.
Tu pratiques les jeux?
Je dois aller domir (lol), mais on en recause. Bonne fin de journée
Invité- Invité
Re: Lost (2004- 2010)
- - - a écrit:
A propos de preuve, je tiens à ta disposition, sur demande, une autre formulation, détaillée, examen du texte à l'appui, de la démonstration que ta lecture du texte de sartre sur mp est une vaste blague, un tissu d'inepties, un pur jeu rhétorique au secours de tes fantasmes. Démonstration version 5bis, que je n'avais pas postée, estimant qu'on pouvait en rester là, puisque tu ne revenais plus sans cesse sur une partie de l'anecdote: à savoir que je m'étais excusé, parce que je n'avais pas compris, tout d'abord, le ressort virtuose de ton tour de magie admirable.
Depuis, tu répètes, t'auto-persuadant par la méthode coué, que je m'étais excusé parce que tu avais bel et bien raison. Mais non, baldanders, tu n'as rien prouvé. Non seulement tu n'as rien prouvé, par ta "lecture rigoureuse des rapports impliqués par la structure des phrases", mais j'ai retracé la genèse de ta démo, comment tu en as subrepticement changé les prémisses, puis constamment réajustée, en fonction d'une hypothèse d'inconscient que tu as étendue de plus en plus massivement, jusqu'à lui donner une portée tellement vague et générale qu'elle n'avait plus aucun lien avec ton hypothèse de travail: l'examen rigoureux, sans présupposition externe au texte, des rapports impliqués par la seule structure des phrases.
Si ça t'amuse, à mon retour de vacances, je te la poste.
non je suis sûr que ça n'amuse ni lui, ni toi, ni nous.
débranche pendant tes vacances et reviens parler cinéma ou séries.
Invité- Invité
Re: Lost (2004- 2010)
- - - a écrit:Note, on peu étendre le bidule au phénomène des jeux vidéos. Alors là, je suis plus intarissable encore. Expériences de jeu, non seulement mémorables, marquantes, mais encore, non-épuisées après les avoir finis. Je laisse une année ou deux, et je les recommence, non parce que j'ai oublié, mais parce que j'ai envie de me replonger dans les mondes, le gameplay. Pour citer mes préférés: Ico, Resident evil, de 1 à 4, Silent Hill 1 à 3, les splinter-cell, metal gear solid (sur ps1), Tomb raider anniversary, Ratchet & Clank 1 à 3 (sur ps2), Parasite Eve, quelque fps, comme Black, Killzone... oui, rien que de la console old gen. Le prix de la ps3 va encore baisser... Et hop, je la chope.
Tu pratiques les jeux?
J'ai pratiqué beaucoup puis ça a finit par tourner en rond. Il y de cela peu j'ai essayé de voir ce qui dans l'intervalle d'une vingtaine d'années pourrait valoir le coup (apparemment ta culture jeux se situe plutôt dans cet intervalle, pas d'intersection, j'avais joué au premier Tomb Raider toutefois, ok), n'en sont sortis appréciés que Bioshock I & Infinite, Fallout 3 (j'ai presque honte des heures passées à faire la razzia sur tous les objets trouvés à revendre et optimiser le rapport prix / poids, sont très forts chez Bethesda mais leurs jeux te transforme en comptable avide, tant d'heures à faire des comptes d'apothicaires..) mais surtout l'amour pour Portal. Portal II restera un grand moment : une épopée jouissive et délirante, un chef d'oeuvre artistique et ludique, le genre de jeu que même les gens qui n'aiment pas les jeu vidéos aiment, c'est le jeu auquel je retourne, me donne du temps pour retrouver la magie, espérant avoir oublier un peu (pour résumer t'y joue ou bien je te porte volontaire pour seppuku).
Ah j'allais oublier The Walking Dead version jeu vidéo semi-interactif a été une sacrée expérience.
Sinon que reste-t-il de mes jeux vidéos de jeunesse ?
Le premier moment c'est le plus grand, tout gamin, Pong prêté par une amie de ma mère, on n'a qu'une télé noir et blanc et il n'y a qu'un jeu mais ça ne fait rien. La tristesse quand l'amie revient chercher le trésor !
Puis bien plus tard Populous, probablement le premier jeu de stratégie temps réel ce que beaucoup oublient, Kick-Off, Kult, sacrée ambiance SF dans ce jeu, Captain Blood et le langage universel qui te permet d'essayer d'apprendre le language des ET. La série Phantasy Star sur Megadrive, c'était ma période RPG jap'. Les heures passées à batailler contre mon frère sur SFII : la partie se décidait pour un pixel, un demi dixième de secondes de trop. Doom, qui m'impliquait tellement que j'avais des frissons de peur à entendre le rugissement d'un monstre derrière moi, premier jeu de combat en 3D (pseudo en fait), sacré révolution à l'époque. Les premières parties en réseau local sur le port COM (pas d'ethernet à l'époque) dont la vitesse se compte en bauds sur Doom I et Warcraft I.
Voilà les noms, les expériences qui sont restées.
Eluent- Messages : 43
Re: Lost (2004- 2010)
Doom... J'oubliais de le citer. Combien de temps j'ai passé sur Doom. Et Final Doom. A la fin, je maitrisais le mode ultra-difficile, parce que je connaissais au micro-pixel tous les déplacements des ennemis, quand et à quelle vitesse ils surgissaient, envoyaient leur boule de feu, sa trajectoire, son rythme, etc.
Jeu extraordinaire, une ambiance (dark-sf cyber-punk), sonore avant tout, une fréquence à la Eno, mélangée au son des monte-charge (proches, lointains). On est vraiment en enfer. Climat de solitude, sans rédemption; monde lunaire autant que de métal, désert volcanique irrespirable, où on remonte sans cesse son rocher, comme Sisyphe, sauf qu'ici le rocher est un levier, ce fameux levier rouge et vert, qu'on cherche anxieusement à chaque niveau pour en sortir, et tomber dans un autre niveau... tout aussi pire. lol
Dans un registre différent (ultra-lenteur érigée au rang des beaux-arts; et énigmes nécessitant - sans soluce - une maitrise en physique), j'ai adoré me plonger dans les mondes de Myst:
Jeu extraordinaire, une ambiance (dark-sf cyber-punk), sonore avant tout, une fréquence à la Eno, mélangée au son des monte-charge (proches, lointains). On est vraiment en enfer. Climat de solitude, sans rédemption; monde lunaire autant que de métal, désert volcanique irrespirable, où on remonte sans cesse son rocher, comme Sisyphe, sauf qu'ici le rocher est un levier, ce fameux levier rouge et vert, qu'on cherche anxieusement à chaque niveau pour en sortir, et tomber dans un autre niveau... tout aussi pire. lol
Dans un registre différent (ultra-lenteur érigée au rang des beaux-arts; et énigmes nécessitant - sans soluce - une maitrise en physique), j'ai adoré me plonger dans les mondes de Myst:
Invité- Invité
Re: Lost (2004- 2010)
J'avais joué à Myst, je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas fini, probablement car je ne savais pas si j'étais coincé car la version que j'avais était piratée ou à cause mes limitations, sans compter que le genre énigme/puzzle graphique ne m'a jamais beaucoup plus, Portal reste un cas très particulier.- - - a écrit:Dans un registre différent (ultra-lenteur érigée au rang des beaux-arts; et énigmes nécessitant - sans soluce - une maitrise en physique), j'ai adoré me plonger dans les mondes de Myst:
Sinon l'extrait vidéo tu l'as choisis à dessein ? Ca donne une source d'inspiration à l'un des composants essentiels du dernier jeu intéressant sorti (à ma connaissance) soit Bioshock Infinite (le mouvement suspendu à des rails aériens), le rendu est très proche.
Eluent- Messages : 43
Re: Lost (2004- 2010)
Curieux ce changement di'entité et pas pratique. Et quid de mon mp en attente depuis le mois de mars??
Sibelius- Messages : 102
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