Birth (Jonathan Glazer - 2004)
Birth (Jonathan Glazer - 2004)
Vu dans la foulée, parce que quand-même ma curiosité était piquée.
[spoilers possibles]
Là aussi, y a du bon et du moins bon. L'idée est très belle, troublante, il y avait vraiment de la matière à en faire un chef d’œuvre. C'est Vertigo qui est ici convoqué. Mais quelque chose dans la machinerie ne fonctionne pas, là non plus. En tout cas pour moi. ça tient aussi à toute une série de mignardises formelles qui font douter de la sincérité du propos: une "fausse" froideur toute en plans léchés et calculés qui voudrait communiquer en creux une émotion indicible, mais c'est le mot "bidon" me vient à l'esprit.
Un exemple: il y a un long gros-plan séquence sur le visage de Nicole Kidman lors d'un concert, censé indiquer tout le bouleversement qui a lieu en elle. C'est raté sur toute la ligne tant c'est hyper-calculé au millimètre. C'est à la fois de la fausse intériorité et une fausse audace formelle. Kidman regarde droit devant elle, rigide comme si elle portait une minerve, et avec des yeux fixes de merlan frit qui se mouillent sous l'effet d'un oignon invisible. Puis à un moment - où on se dit que ça va nécessairement se produire tant l'effet de cette séquence est lourdement signifiant - ses prunelles se déplacent subrepticement sur la gauche, une fraction de seconde: pour communiquer au spectateur qu'en effet, elle est toute chamboulée à l'intérieur, et a peur qu'on s'en rende compte. Ou cherche à fuir cette révélation dans une lutte psychique interne, le mvt des pupilles faisant office de révélateur de l'inconscient, enfin un effet-cliché de ce type. J'aime pas du tout ce genre de "performance" d'acteur déterminée par une mise en scène trop sûre de ses effets. ça me fait toujours l'effet d'une manipe pavlovienne stimulus-réponse. Kidman est d'ailleurs coutumière de ce type de prestation, dont elle use et abuse, au point que j'ai progressivement fini par me demander, les années passant, si c'était une si bonne actrice que ça.
Maintenant, attention, malgré ces réserves, le film vaut la peine d'être vu. Il se passe quelque chose. Je le trouve même plus réussi que Under the skin. Avec ce même défaut d'un traitement qui se voudrait "subliminal" ou "minimaliste" mais qui paradoxalement en dit/fait trop. Qui fait de faux mystères pour n'exprimer au total que des banalités attendues. Dans le cas de Birth, une histoire de deuil impossible trop artificielle et concertée pour être vraiment honnête et sensible. C'est pas que l'affect suscité ici renverrait à quelque chose de trop banal pour nous émouvoir, bien sûr. C'est plutôt qu'envelopper cet affect dans tout un faux-mystère-à-twist le réduit à n'être qu'une banalité, un pousse au train narratif...
Invité- Invité
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