All is lost (J.C. Chandor)
3 participants
All is lost (J.C. Chandor)
Viens de rattraper "All is lost" (avec Redford). Une autre histoire de main qui doit pas lâcher prise.
C’est la même histoire que Gravity, mais avec un homme, et filmée à altitude zéro cette fois: au ras des flots. C’est la même tagline: "Don’t let go/ Never give up". Y a aussi des scènes de rotation-désorientation, vues de la cabine prise dans des tempêtes tout ce qu’il y a de terrible.
Comme film d’aventures, c’est assez chouette: on apprend comment faire des nœuds, ou comment se procurer de l’eau douce à partir d’eau salée; ça peut toujours servir. (C’est Coppola qui disait, dans les bonus du Parrain, qu’il fallait toujours caser quelque chose d’utile dans un film: au cas où le film serait mauvais, il resterait quelque chose à sauver; et c’est pour ça qu’il a filmé une scène où on apprend à faire la sauce pour les spaghetti.)
====SPOILERS====
Le problème de ce film, c’est la fin. Sur imdb, il y a une discussion de quelques pages sur le thème: alors, il meurt ou il meurt pas ? Pour certains, Redford est sauvé: au moment où il lâche prise, une lumière apparaît, quelqu’un lui tend la main et il est sorti d’affaire. Pour d’autres, cette lumière est métaphorique: il meurt et la lumière qu’il voit, c’est celle qui apparaît quand c’est la fin (et le début du paradis). Malin, le réalisateur dit dans ses entretiens qu’il a précisément voulu cette ambiguïté. En matière d’ambiguïté, on a fait mieux : dans les deux cas, en fait, il est sauvé; et vu que le titre c’est All is lost et que la chanson du générique de fin s’intitule "Amen", chacun appréciera combien, en effet, c’est ambigu.
Le film passe 1h30 à nous montrer les prodiges d’invention, de ruse technique, d'habileté dont sont capables les humains, et à nous convaincre de leur indéfectible courage. Mais au bout du compte, rien de tout ça ne les sauve: le moment où Redford est sauvé, c’est précisément quand il abandonne tout courage, qu’il désespère de sa capacité à survivre, c’est quand il se laisse aller au fond de l’abîme qu’une divine lumière vient l’en tirer.
Je regrette pas d’avoir vu quand même. C’est beaucoup mieux que son précédent film que j’avais détesté, Margin Call (où il nous montrait que non, les requins de la finance sont pas si pourris, c’est "plus complexe", comme disent les éditoriaux des Echos)
C’est la même histoire que Gravity, mais avec un homme, et filmée à altitude zéro cette fois: au ras des flots. C’est la même tagline: "Don’t let go/ Never give up". Y a aussi des scènes de rotation-désorientation, vues de la cabine prise dans des tempêtes tout ce qu’il y a de terrible.
Comme film d’aventures, c’est assez chouette: on apprend comment faire des nœuds, ou comment se procurer de l’eau douce à partir d’eau salée; ça peut toujours servir. (C’est Coppola qui disait, dans les bonus du Parrain, qu’il fallait toujours caser quelque chose d’utile dans un film: au cas où le film serait mauvais, il resterait quelque chose à sauver; et c’est pour ça qu’il a filmé une scène où on apprend à faire la sauce pour les spaghetti.)
====SPOILERS====
Le problème de ce film, c’est la fin. Sur imdb, il y a une discussion de quelques pages sur le thème: alors, il meurt ou il meurt pas ? Pour certains, Redford est sauvé: au moment où il lâche prise, une lumière apparaît, quelqu’un lui tend la main et il est sorti d’affaire. Pour d’autres, cette lumière est métaphorique: il meurt et la lumière qu’il voit, c’est celle qui apparaît quand c’est la fin (et le début du paradis). Malin, le réalisateur dit dans ses entretiens qu’il a précisément voulu cette ambiguïté. En matière d’ambiguïté, on a fait mieux : dans les deux cas, en fait, il est sauvé; et vu que le titre c’est All is lost et que la chanson du générique de fin s’intitule "Amen", chacun appréciera combien, en effet, c’est ambigu.
Le film passe 1h30 à nous montrer les prodiges d’invention, de ruse technique, d'habileté dont sont capables les humains, et à nous convaincre de leur indéfectible courage. Mais au bout du compte, rien de tout ça ne les sauve: le moment où Redford est sauvé, c’est précisément quand il abandonne tout courage, qu’il désespère de sa capacité à survivre, c’est quand il se laisse aller au fond de l’abîme qu’une divine lumière vient l’en tirer.
Je regrette pas d’avoir vu quand même. C’est beaucoup mieux que son précédent film que j’avais détesté, Margin Call (où il nous montrait que non, les requins de la finance sont pas si pourris, c’est "plus complexe", comme disent les éditoriaux des Echos)
Eyquem- Messages : 3126
Re: All is lost (J.C. Chandor)
Eyquem a écrit:Comme film d’aventures, c’est assez chouette
Exact. On ne s'ennuie pas, ou bien quand on s'ennuie, ça a du sens : quand il n'y a pas de tempête, il ne se passe rien au milieu de l'océan. Une image très forte, c'est cet immense paquebot aveugle que Redford impuissant voit passer à quelques mètres de son radeau gonflable. La fin est bidon, mais quel était l'enjeu de toute façon ?
Baldanders- Messages : 351
Re: All is lost (J.C. Chandor)
Oui c'est rondement mené comme on dit pour un film d'aventures. D'une certaine manière c'est même plus réussi que Gravity dans la mesure où le mixage est moins agressif et tonitruant (je me souviens pas d'une musique assourdissante dans all is lost).
Bon la fin est d'autant plus nulle que l'incipit en flash forward essaye de nous faire croire que all is lost justement.
Baldanders j'ai l'impression que l'enjeu de ce film c'est d'esquisser une biographie de Redford. Le petit bateau Sundance qui doit survivre parmis les gros bateaux Hollywood. Biskind raconte dans un de ses bouquins comment Redford se présente comme le messie du cinéma indépendant américain, qu'il est au dessus de tout, qu'il flotte comme un démiurge sur les projets.
Sundance était à deux doigts de couler à plusieurs reprises, mais non, un homme providentiel a sauvé tous ces films.
Bon la fin est d'autant plus nulle que l'incipit en flash forward essaye de nous faire croire que all is lost justement.
Baldanders j'ai l'impression que l'enjeu de ce film c'est d'esquisser une biographie de Redford. Le petit bateau Sundance qui doit survivre parmis les gros bateaux Hollywood. Biskind raconte dans un de ses bouquins comment Redford se présente comme le messie du cinéma indépendant américain, qu'il est au dessus de tout, qu'il flotte comme un démiurge sur les projets.
Sundance était à deux doigts de couler à plusieurs reprises, mais non, un homme providentiel a sauvé tous ces films.
DB- Messages : 1528
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum