Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
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Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Il est rare de voir dans un film de Bresson autant de sentiments se peindre sur le visage du héros. Bresson dit c'est parce qu'elle est jeune, 14 ans dans le film, 18 en réalité, innocente et qu'il suffit de capter ses émotions.
Elle est comme un animal traqué qui mourra de ses blessures comme Balthazar qui l'a précédée de quelques mois.
Mais si dans Pickpocket on ne voit rien, par exemple des champs de courses, ici c'es une succession de gros plans et surtout de plans larges, avec cette même préoccupation dans tous les Bresson de saturer le son par le passage ici des camions sur la route du village.
La nature, les animaux, la vie d'un village se retrouvent dans Mouchette, qui n'a pas de nom d'ailleurs et qui vivra deux aventures, sous deux formes atroces : le viol et le suicide.
La première séquence celle du braconnier, observé par le garde chasse, où les perdreaux sont pris au collet et qui baigne dans une atmosphère de cruauté annonce le viol dans le hangar plutôt encombré où elle tente de lui échapper.
Il est ivre, il fait une crise d'épilepsie, elle le prend en tendresse, elle lui essuie les coins de le bouche comme, à son petit frère nourrisson dont elle s'occupe après la maladie de sa mère et la démission de son père. Il lui raconte des histoires de meurtres dans la forêt, de cyclone. Elle écarquille les yeux, il l'éblouit, il en profite.
La seconde scène de chasse vers la fin, où Mouchette assiste à l'agonie des petits lapins, l'horrifie et débouchera sur son suicide. Elle s'y prendra à plusieurs reprises avant de rouler jusqu'à la rivière et disparaître dans l'eau claire qui fait pendant à la boue de la forêt et la terre qu'elle jette sur les filles de sa classe. Tout au long du film elle se révolte jusqu'à ce qu'elle soit dans l'impossibilité de le faire. En contrpoint s'élève le magnificat, un chant de louange et de confiance important pour le sens profond qu'on peut donner au film.
Rares en tous cas sont les films de Bresson où le héros, l'héroïne ici sont aussi vivants et font montre d'une palette de sentiments aussi larges. Rares aussi sont ses films qui ont une telle intensité dramatique crescendo.
Elle est comme un animal traqué qui mourra de ses blessures comme Balthazar qui l'a précédée de quelques mois.
Mais si dans Pickpocket on ne voit rien, par exemple des champs de courses, ici c'es une succession de gros plans et surtout de plans larges, avec cette même préoccupation dans tous les Bresson de saturer le son par le passage ici des camions sur la route du village.
La nature, les animaux, la vie d'un village se retrouvent dans Mouchette, qui n'a pas de nom d'ailleurs et qui vivra deux aventures, sous deux formes atroces : le viol et le suicide.
La première séquence celle du braconnier, observé par le garde chasse, où les perdreaux sont pris au collet et qui baigne dans une atmosphère de cruauté annonce le viol dans le hangar plutôt encombré où elle tente de lui échapper.
Il est ivre, il fait une crise d'épilepsie, elle le prend en tendresse, elle lui essuie les coins de le bouche comme, à son petit frère nourrisson dont elle s'occupe après la maladie de sa mère et la démission de son père. Il lui raconte des histoires de meurtres dans la forêt, de cyclone. Elle écarquille les yeux, il l'éblouit, il en profite.
La seconde scène de chasse vers la fin, où Mouchette assiste à l'agonie des petits lapins, l'horrifie et débouchera sur son suicide. Elle s'y prendra à plusieurs reprises avant de rouler jusqu'à la rivière et disparaître dans l'eau claire qui fait pendant à la boue de la forêt et la terre qu'elle jette sur les filles de sa classe. Tout au long du film elle se révolte jusqu'à ce qu'elle soit dans l'impossibilité de le faire. En contrpoint s'élève le magnificat, un chant de louange et de confiance important pour le sens profond qu'on peut donner au film.
Rares en tous cas sont les films de Bresson où le héros, l'héroïne ici sont aussi vivants et font montre d'une palette de sentiments aussi larges. Rares aussi sont ses films qui ont une telle intensité dramatique crescendo.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
un classique de chez classique, le port de la drogue, de fuller, on peut broder mais quand on a vu en 4° vitesse d'aldrich ça parait petit.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
1974, Partie de campagne, de depardon
le film est précédé d'un carton qui annonce que valéry giscard d'estaing est à l'initiative de sa production.
puis, titre du film et nom du réalisateur et un plan de vge marchant dans une forêt. commentaire : "le 16 avril 1974, à chamallières, valéry giscard d'estaing dit : je suis candidat à la présidence de la république."
plus de commentaire pendant 85 mn et puis, sur le dernier plan : "le XX mai 1974, valéry giscard d'estaing est officiellement proclamé président de la république."
entre les deux, donc la campagne : les meetings, les déplacements, les meetings, les déplacements, les meetings, les déplacements... quelques moments de conseils de guerre entre les deux tours et l'attente de vge le jour du second tour.
et puis c'est tout.
et c'est largement suffisant pour constater qu'il n'est jamais question de politique pendant cette campagne. giscard le dit lui-même à un moment : sa stratégie, c'est de ne pas trop attaquer la gauche pour ne pas trop paraître à droite. le slogan de ses supporters, c'est : giscard à la barre ! et le tout du programme, c'est : paix et sécurité.
on est vraiment dans l'après-68, toute toute fin de période, et ce qu'il ne faut pas faire, c'est de la politique, pour ne pas réveiller les démons du clivage, du dissensus, etc...
alors si on ne fait pas de politique, il ne reste évidemment qu'une chose : le show-biz. et c'est un portrait de vge on tour que fait depardon. quel showman d'ailleurs. faut pas s'y tromper. simple, populaire, calme, rassurant. et surtout, qui est juste là pour donner du plaisir à tout le monde, pour ne décevoir personne, pour maintenir l'unité du peuple français. il est très fort. il donne à ses électeurs rien d'autre que ce qu'ils veulent. dans une voiture avec quelques militants : on ne parle pas d'économie, de société, de moeurs, de géo-stratégie, mais de comment c'est dur de coller des affiches qui vont être recouvertes trop rapidement, et s'il ne serait pas plus efficace de se passer des affiches puisque de toute façon il y a la télé, la radio - le showbiz, en somme.
une autre séquence : le meeting est précédé par des chanteurs plus ou moins ringards, plutôt plus que moins, dont aznavour chantant avec beaucoup de transports visibles, mais sur la bande-son on entend que le public qui scande "card-gis-card-gis-card-gis" - puis vge arrive et sous les cris du public on distingue encore la voix d'aznavour. malin depardon.
après, je pense qu'il y a aussi un enjeu formel très fort pour l'époque, dans cette absence de commentaire sur une enfilade d'images quasi banales. là je connais trop peu le documentaire pour m'avancer plus. mais si quelqu'un a des billes, ça m'intéresse assez.
le film est précédé d'un carton qui annonce que valéry giscard d'estaing est à l'initiative de sa production.
puis, titre du film et nom du réalisateur et un plan de vge marchant dans une forêt. commentaire : "le 16 avril 1974, à chamallières, valéry giscard d'estaing dit : je suis candidat à la présidence de la république."
plus de commentaire pendant 85 mn et puis, sur le dernier plan : "le XX mai 1974, valéry giscard d'estaing est officiellement proclamé président de la république."
entre les deux, donc la campagne : les meetings, les déplacements, les meetings, les déplacements, les meetings, les déplacements... quelques moments de conseils de guerre entre les deux tours et l'attente de vge le jour du second tour.
et puis c'est tout.
et c'est largement suffisant pour constater qu'il n'est jamais question de politique pendant cette campagne. giscard le dit lui-même à un moment : sa stratégie, c'est de ne pas trop attaquer la gauche pour ne pas trop paraître à droite. le slogan de ses supporters, c'est : giscard à la barre ! et le tout du programme, c'est : paix et sécurité.
on est vraiment dans l'après-68, toute toute fin de période, et ce qu'il ne faut pas faire, c'est de la politique, pour ne pas réveiller les démons du clivage, du dissensus, etc...
alors si on ne fait pas de politique, il ne reste évidemment qu'une chose : le show-biz. et c'est un portrait de vge on tour que fait depardon. quel showman d'ailleurs. faut pas s'y tromper. simple, populaire, calme, rassurant. et surtout, qui est juste là pour donner du plaisir à tout le monde, pour ne décevoir personne, pour maintenir l'unité du peuple français. il est très fort. il donne à ses électeurs rien d'autre que ce qu'ils veulent. dans une voiture avec quelques militants : on ne parle pas d'économie, de société, de moeurs, de géo-stratégie, mais de comment c'est dur de coller des affiches qui vont être recouvertes trop rapidement, et s'il ne serait pas plus efficace de se passer des affiches puisque de toute façon il y a la télé, la radio - le showbiz, en somme.
une autre séquence : le meeting est précédé par des chanteurs plus ou moins ringards, plutôt plus que moins, dont aznavour chantant avec beaucoup de transports visibles, mais sur la bande-son on entend que le public qui scande "card-gis-card-gis-card-gis" - puis vge arrive et sous les cris du public on distingue encore la voix d'aznavour. malin depardon.
après, je pense qu'il y a aussi un enjeu formel très fort pour l'époque, dans cette absence de commentaire sur une enfilade d'images quasi banales. là je connais trop peu le documentaire pour m'avancer plus. mais si quelqu'un a des billes, ça m'intéresse assez.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
y'a quand même le dénouement, le résultat de l'élection ; il est seul dans son bureau qui donne sur le jardin des tuileries ; il est fébrile ? il appelle le ministère de l'intérieur ? Pas du tout il regarde une série américaine à la télé pour passer le temps.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Réjouis-toi, slim: faut absolument que je cause de la série American horror story, dont j'ai maté les deux saisons en deux nuits marathon tip-top.
Beaucoup de choses à dire, mais j'ai comme un coup de mou. Je vais me reposer un peu en débutant peut-être une autre série...
Beaucoup de choses à dire, mais j'ai comme un coup de mou. Je vais me reposer un peu en débutant peut-être une autre série...
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Baudouin II de Barvaux a écrit:Réjouis-toi, slim: faut absolument que je cause de la série American horror story, dont j'ai maté les deux saisons en deux nuits marathon tip-top.
Salut Jerzy,
je voulais t'écrire quelques lignes dessus lorsque j'ai appris que tu allais tenter AHS...dépasser ce pilot débile,etc.
(j'avais parié avec ma compagne que tu allais détester,lol)
(J'ai très hâte de te lire à ce sujet. Grace à tes textes, et ceux de Borges, j'ai continué Walking Dead; quelle saison trois...)
careful- Messages : 690
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Stéphane Pichelin a écrit:1974, Partie de campagne, de depardon
le film est précédé d'un carton qui annonce que valéry giscard d'estaing est à l'initiative de sa production.
puis, titre du film et nom du réalisateur et un plan de vge marchant dans une forêt. commentaire : "le 16 avril 1974, à chamallières, valéry giscard d'estaing dit : je suis candidat à la présidence de la république."
plus de commentaire pendant 85 mn et puis, sur le dernier plan : "le XX mai 1974, valéry giscard d'estaing est officiellement proclamé président de la république."
entre les deux, donc la campagne : les meetings, les déplacements, les meetings, les déplacements, les meetings, les déplacements... quelques moments de conseils de guerre entre les deux tours et l'attente de vge le jour du second tour.
et puis c'est tout.
et c'est largement suffisant pour constater qu'il n'est jamais question de politique pendant cette campagne. giscard le dit lui-même à un moment : sa stratégie, c'est de ne pas trop attaquer la gauche pour ne pas trop paraître à droite. le slogan de ses supporters, c'est : giscard à la barre ! et le tout du programme, c'est : paix et sécurité.
on est vraiment dans l'après-68, toute toute fin de période, et ce qu'il ne faut pas faire, c'est de la politique, pour ne pas réveiller les démons du clivage, du dissensus, etc...
alors si on ne fait pas de politique, il ne reste évidemment qu'une chose : le show-biz. et c'est un portrait de vge on tour que fait depardon. quel showman d'ailleurs. faut pas s'y tromper. simple, populaire, calme, rassurant. et surtout, qui est juste là pour donner du plaisir à tout le monde, pour ne décevoir personne, pour maintenir l'unité du peuple français. il est très fort. il donne à ses électeurs rien d'autre que ce qu'ils veulent. dans une voiture avec quelques militants : on ne parle pas d'économie, de société, de moeurs, de géo-stratégie, mais de comment c'est dur de coller des affiches qui vont être recouvertes trop rapidement, et s'il ne serait pas plus efficace de se passer des affiches puisque de toute façon il y a la télé, la radio - le showbiz, en somme.
une autre séquence : le meeting est précédé par des chanteurs plus ou moins ringards, plutôt plus que moins, dont aznavour chantant avec beaucoup de transports visibles, mais sur la bande-son on entend que le public qui scande "card-gis-card-gis-card-gis" - puis vge arrive et sous les cris du public on distingue encore la voix d'aznavour. malin depardon.
après, je pense qu'il y a aussi un enjeu formel très fort pour l'époque, dans cette absence de commentaire sur une enfilade d'images quasi banales. là je connais trop peu le documentaire pour m'avancer plus. mais si quelqu'un a des billes, ça m'intéresse assez.
Le Pays de Cocagne d'Etaix, un peu de la même époque, etdont le dispositif du Depardon a l'aitr assez proche, c'est exactement l'inverse: la vacuité du présentateur et du public d'une sorte d'Interville (et de télé crochet) estival ont la même forme qu'un discours politique fort, d'un clivage idéologique (le débat genre vacances au camping ou en location est un discours ou une classe sociale essaye de se démarquer d'une autre, il permet en la détournant la franchise raciste). La publicité convainc le public d'un manque, d'une censure de la parole collective, sur lequel se fonde et se perpétue la mise en scène populiste du vide. A son tour le public ne dit rien, mais se croit compris des organisateurs du spectacle qu'il ne fait que regarder. Et ce film insiste aussi sur les autocollants, les estrades, les mises en scènes d'arrivée de caravane motorisée dans des petites villes soudain flattées dans leur importance, qui sont là pour transformer cette illusion collective en souvenir personnel.
La limite du film d'Etaix c'est qu'il n'a en fait pas de point de vue sur le dispositif idéologique qu'il monte (la démagogie est pour lui la pure transparence d'un comportement, même pas un mensonge, ), mais par contre uen vision précise sur le peuple (au sein duquel la sagesse et la prudence politique sont providentielles de la même manière que le sentiment que la démagogie politique veut créer). Il est l'inverse de son discours. Il continue à faire de la sociologie un recours pour la critique de ce qu'il montre, ignorant alors que le peuple qu'il montre est déjà le résultat d'un typage sociologique (par exemple les jeunes du film représentent "la jeunesse" comme on le disait dans la presse des années 1970).
Dernière édition par Tony le Mort le Sam 9 Fév 2013 - 20:21, édité 3 fois
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Salut Careful.
Oui, j'ai failli détester, lol.
[légers spoilers]
Y a bcp de choses ratées, qui ne marchent pas, mais cet échec même est intéressant. Pour qui cherche de "l'horreur", il repassera, l'intérêt est ailleurs. On est, à l'inverse du classicisme narratif de TWD, face à une sorte de vaste "déconstruction", comme on dit dans les écoles d'art américaines, un commentaire sur les valeurs et obsessions de l'Amérique... Je trouve ça très intelligent, très voire trop "réflexif"... L'Histoire de l'Amérique en tant qu'horreur, donc. L'idée que cette histoire, concrète, par une sorte de renversement, serait une sorte de déclinaison seconde des mythologies, des fictions qui, elles, seraient premières, génératives (le catholicisme, dans la seconde saison). Un peu une idée voisine de "cabin in the woods", mais plus subtile je dirais...
Faut s'accrocher, ne pas en effet se laisser décourager par les premiers épisodes des 2 saisons (ce sont deux histoires indépendantes, mais reliées par tout un jeu subliminal), qui ont tout pour dégoûter tant ils sont nuls. Faut un certain temps pour que le truc se mette en place. Après, quelque chose se déploie, qui est une manière, une sorte de travail sur les codes et figures de l'imaginaire, les mythologies contemporaines, à portée politique (du moins une tentative, et c'est assez courageux mine de rien).
Une sorte de choral antique, qui joue sur la réminiscence, le "trans-subjectif"; ici on peut parler de "retour du refoulé". Mais je m'arrête, faut que j'ordonne un peu mes pensées...
Bcp de choses à en dire, donc, en bien ET en mal, comme pour TWD.
Oui, j'ai failli détester, lol.
[légers spoilers]
Y a bcp de choses ratées, qui ne marchent pas, mais cet échec même est intéressant. Pour qui cherche de "l'horreur", il repassera, l'intérêt est ailleurs. On est, à l'inverse du classicisme narratif de TWD, face à une sorte de vaste "déconstruction", comme on dit dans les écoles d'art américaines, un commentaire sur les valeurs et obsessions de l'Amérique... Je trouve ça très intelligent, très voire trop "réflexif"... L'Histoire de l'Amérique en tant qu'horreur, donc. L'idée que cette histoire, concrète, par une sorte de renversement, serait une sorte de déclinaison seconde des mythologies, des fictions qui, elles, seraient premières, génératives (le catholicisme, dans la seconde saison). Un peu une idée voisine de "cabin in the woods", mais plus subtile je dirais...
Faut s'accrocher, ne pas en effet se laisser décourager par les premiers épisodes des 2 saisons (ce sont deux histoires indépendantes, mais reliées par tout un jeu subliminal), qui ont tout pour dégoûter tant ils sont nuls. Faut un certain temps pour que le truc se mette en place. Après, quelque chose se déploie, qui est une manière, une sorte de travail sur les codes et figures de l'imaginaire, les mythologies contemporaines, à portée politique (du moins une tentative, et c'est assez courageux mine de rien).
Une sorte de choral antique, qui joue sur la réminiscence, le "trans-subjectif"; ici on peut parler de "retour du refoulé". Mais je m'arrête, faut que j'ordonne un peu mes pensées...
Bcp de choses à en dire, donc, en bien ET en mal, comme pour TWD.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
La séries, et ces documentaires: l'effet de Barthes sur le cinéma populaire: transformer la critique du fascisme en savoir, au départ pour la commencer, à la fin pour la diluer quand la déconstruction devient elle-même un motif.
La série se situe à un extrémité quand ce savoir est déjà là, achevé (trop limité pour se contredire), le documentaire anti-populiste lui-même populiste à la Etaix à l'autre, quand ce savoir n'était pas encore là (le savoir est paradoxalement à la position du spectateur du film dans le documentaire, alors que la série représente ce savoir dans les personnages)
La série se situe à un extrémité quand ce savoir est déjà là, achevé (trop limité pour se contredire), le documentaire anti-populiste lui-même populiste à la Etaix à l'autre, quand ce savoir n'était pas encore là (le savoir est paradoxalement à la position du spectateur du film dans le documentaire, alors que la série représente ce savoir dans les personnages)
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Ah whouais... Faut que j'y réflechisse... En essayant de comprendre, déjà, ce que tu veux dire...
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
un ado fait du stop pour, au nord de la Bulgarie assister à l'enterrement d'un copain suicidé. Chemin faisant Avé, une fugueuse vient faire du stop avec lui et s'incruste. Une relation s'ébauche entre eux assez âpre et sans superflu.
Mais le plus intéressant est ailleurs. En même temps que lui, on s'aperçoit qu'elle ment. Le garçon s'en offusque puis se laisse séduire par son mensonge. Elle ment absolument pour tout. Il comprend, il la laisse faire, non sans un peu de résistance, avant de succomber et mentir à son tour.
Elle prend en main toutes les situations qui se présentent avec sa faculté de mentir au pied levé. Mais à la fois les rencontres glauques qu'ils font en auto-stop, ou dans la famille du copain du stoppeur ou elle prend alors la personnalité de la petite amie qu'il avait, ressortent du mensonge pieux.
Plus généralement c'est la société Bulgare qui est filmée à travers tous les protagonistes du film comme une société qui s'égare dans le mensonge et les faux-semblants et où les rapports humains semblent-t'ils sont restés comme ils étaient d'une pauvreté et d'un corsetage abyssaux.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
slimfast a écrit:The Outlaw, Le Banni sorti en 43 et qui est à la démesure de Hoxard Hugues, un film sans rythme où il ne se passe rien, où trois légende de l'ouest vont se jalouser comme des enfants, Doc Holliday se détourne de son vieux copain Pat Garret, l'autre veut le récupérer mais Doc fait cause commune avec Billy the Kid, avec qui il partage tout, son tabac, son cheval Red et sa femme Rio (un nom de mec ) le cheval est mieux traité que la femme, Jane Russel imposée par Hughes, dont la légende dit qu'il lui avait confectionné un soutien-gorge selon la technique du parachute et qui donne l'impression qu'elle n'en porte pas, on voit ça, c'est hallucinant comme les dialogues complètement surréalistes et l'amitié non dénuée d'une penchant homo qui lie le vieux doc au jeune Billy. Vraiment un ovni dans le ciel des westrens qui ne ressemble à rien. Le ton est toujours, ce qui s'appelle toujours ironique.
il y a dans ce film une scène qui dépeint le tempérament assez perturbé de Hugues. Doc, Billy the Kid et Pat Garret sont réunis. Doc et Billy se chamaillent comme toujours sous le regard de Pat (la loi). Le duel s'annonce et quand il agrippent leurs armes Billy renonce. Doc ne comprend pas il veut donner une leçon à Billy devant lui debout impassible. Il lui tire dans une oreille et fait un trou dans le lobe. L'autre ne bronche pas il fait pareille à l'autre oreille sans réaction de Billy. Billy ne bronche pas : ni douleur, ni colère, rien. C'est évidemment une scène de résilience qui a à voir avec la capacité que Hugues a du déployer devant la loi, le code Hays pour faire ce film qui outrepassait largement ce qui lui était permis avec son actrice Jane Russel.
Mais, le point d'orgue de la scène réside dans le demi-sommeil, la demi-absence de Billy ou il se tient. Hugues a mis ici pour son propre compte autobiographique ce mélange d'audace et de repli sur soi qui l'a caractérisé sa vie durant.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
la fin de l'histoire est que leur mauvaise cohabitation ne prenant jamais fin - ils se partagent le cheval et la fille sans cesser de se chamailler - Pat Garret, le sherif finit par vouloir leur peau, à le rouler comme ils le font dans la farine. Doc et Billy s'enfuient mais, ruse de sioux Pat a fait remplir leurs gourdes de sable au lieu d'eau. Assoiffés dans le désert Pat a tôt fait de les rattraper et envoyer le vieux Doc ad patres. Billy fait amende honorable, les deux enterrent Doc et Billy prend la tangente : il a le cheval et la fille ; le cheval est bien dressé, la fille est une pute au sang indien, mais bon, mieux vaut ça qu'être mort.
Hugues prend des libertés avec la vérité historique car les trois personnages ont existé et Pat Garret a tué en duel Billy à la fin. Au lieu de cela il a fait de Billy un personnage assez efféminé qui ne laisse pas d'avoir avec Doc des relations étranges qui rendent le film davantage curieux. Pour les amateurs de westerns hors normes c'est à voir.
C'est Hawks qui en avait commencé le tournage mais lassé par les excentricités de Hugues, le producteur, il laisse tomber. Au pied du mur Hugues s'essaie dont à la mise en scène. Le budget initial sera multiplié par 10 compte tenu de ses exigences, des multiples prises etc. Le film est en butte à la censure (Jane Russel). Hugues s'en servira pour retarder la sortie du film et lui faire une réputation sulfureuse grâce à quoi, les re-sorties aidant le film rentrera dans ses frais.
Hugues prend des libertés avec la vérité historique car les trois personnages ont existé et Pat Garret a tué en duel Billy à la fin. Au lieu de cela il a fait de Billy un personnage assez efféminé qui ne laisse pas d'avoir avec Doc des relations étranges qui rendent le film davantage curieux. Pour les amateurs de westerns hors normes c'est à voir.
C'est Hawks qui en avait commencé le tournage mais lassé par les excentricités de Hugues, le producteur, il laisse tomber. Au pied du mur Hugues s'essaie dont à la mise en scène. Le budget initial sera multiplié par 10 compte tenu de ses exigences, des multiples prises etc. Le film est en butte à la censure (Jane Russel). Hugues s'en servira pour retarder la sortie du film et lui faire une réputation sulfureuse grâce à quoi, les re-sorties aidant le film rentrera dans ses frais.
Dernière édition par slimfast le Sam 16 Fév 2013 - 15:17, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Tu honoreras ta mère et ta mère de Brigitte Roüan
un film choral et familiale de plus dans l'épuisette du cinéma français, Agnès Godard aux images, solaires.
Une mère en "végétation" de désir, incestueux, et sa lignée mâle, dégingandée et rive gauche, prennent leurs quartiers dans une petite portion de Grèce.
Tout à leur désir de revivifier le monde perdu de l'antique, à redonner aux grecs d'aujourd'hui, en plus des clichés _toujours prompts à accepter un pot de vin, faut comprendre Charles … _moins les mots de la tragédie, qu'un mic mac de références d'où émergent le phallus de dionysos lors d'une humble procession de carton pâte.
De fait, la Grèce, c'est pas si important, celle d'aujourd'hui moins que celle d'hier.
La mère en craque bien pour un pêcheur vendant ses grosses prises sur le bord de la méditerranée, mais on sait pas trop qui est ce type, s'il est sympa ou pas, s'il a quelque chose à dire. En fait on s'en fout un peu.
A un moment Gaspard Ulliel descend des nuages sur un des chariots doré d'aujourd'hui, et les quelques bougies qui flageolaient sur ce petit théâtre bourgeois de la mansuétude s'en trouvent souffler par une implosion soudaine de futilité. Il agit un peu comme un révélateur cet … acteur, il lève le voile sur la confusion à l’œuvre, provoque la gêne chez ses confrères et consœurs ; assez formidable.
Le coup de ramener Aldo Maccione d'entre les morts dans son film précédent, "Travaux, on sait quand ça commence..." , était mieux senti.
un film choral et familiale de plus dans l'épuisette du cinéma français, Agnès Godard aux images, solaires.
Une mère en "végétation" de désir, incestueux, et sa lignée mâle, dégingandée et rive gauche, prennent leurs quartiers dans une petite portion de Grèce.
Tout à leur désir de revivifier le monde perdu de l'antique, à redonner aux grecs d'aujourd'hui, en plus des clichés _toujours prompts à accepter un pot de vin, faut comprendre Charles … _moins les mots de la tragédie, qu'un mic mac de références d'où émergent le phallus de dionysos lors d'une humble procession de carton pâte.
De fait, la Grèce, c'est pas si important, celle d'aujourd'hui moins que celle d'hier.
La mère en craque bien pour un pêcheur vendant ses grosses prises sur le bord de la méditerranée, mais on sait pas trop qui est ce type, s'il est sympa ou pas, s'il a quelque chose à dire. En fait on s'en fout un peu.
A un moment Gaspard Ulliel descend des nuages sur un des chariots doré d'aujourd'hui, et les quelques bougies qui flageolaient sur ce petit théâtre bourgeois de la mansuétude s'en trouvent souffler par une implosion soudaine de futilité. Il agit un peu comme un révélateur cet … acteur, il lève le voile sur la confusion à l’œuvre, provoque la gêne chez ses confrères et consœurs ; assez formidable.
Le coup de ramener Aldo Maccione d'entre les morts dans son film précédent, "Travaux, on sait quand ça commence..." , était mieux senti.
Dernière édition par erwan le Ven 15 Fév 2013 - 20:19, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
erwan a écrit:Brigitte Roüan
Post coitum animal triste
J'ai repensé à ce film en voyant le génial "La Reine des pomme" récemment, avec un personnage stylisé mais au fond assez réaliste comme figure féminine.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
on oublie un peu, on méprise un peu trop à tort cette superproduction d'Ettore Scola. Un film sur la fuite du Roi et de la Reine à Varennes, qui seront cueillis par le peuple et que nous ne verrons même pas. Les nouvelles vont vite. On les suit à distance dans une voiture à cheval, surtout Restif de la Bretonne et Casonova vieillissant, aigri. La rencontre de ces deux libertins est assez savoureuse.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Les classiques ont toujours à nous dire du présent.
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Dr. Apfelgluck a écrit:
careful- Messages : 690
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Mangeclous a écrit:Les classiques ont toujours à nous dire du présent.
belle ironie
Invité- Invité
Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
careful a écrit:Dr. Apfelgluck a écrit:
joli
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Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Un condamné à mort s'est échappé c'est très nettement l'histoire de ce condamné à mort qui reçoit dans sa cellule un autre prisonnier qui pourrait être son fils, qui a le choix de l'éliminer ou de l'emmener dans son évasion, au vrai il n'a pas ce choix, il l'emmène, et il vont descendre cachés, la nuit, sinon du ciel du moins de tout en haut de leur prison jusqu'au plus beau moment du fil, quand il posent le pied par terre, libre, hors de la prison. Ce trajet du ciel à la terre est somptueux.
Le film est une négation du hasard, dans la volonté psychologique de Fontaine, le protagoniste, comme l'art de Bresson porte en lui sa négation esthétique.
Le film est une négation du hasard, dans la volonté psychologique de Fontaine, le protagoniste, comme l'art de Bresson porte en lui sa négation esthétique.
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Kingpin
Hélas pour moi, ce n'est plus au roi de Chaplin auquel je pense en premier quand que je lis "New York", mais à celui d'Abel Ferrara. La même année sortait "Les affranchis" et deux ans plus tard "Reservoir Dogs".
Formellement Ferrara domine de très haut Scorsese et Tarantino, il y a du Nicholas Ray dans ces noirs charbonneux. Et tout le film est comme un opéra, abstrait et lyrique, vraisemblable mais pas réaliste.
Formellement Ferrara domine de très haut Scorsese et Tarantino, il y a du Nicholas Ray dans ces noirs charbonneux. Et tout le film est comme un opéra, abstrait et lyrique, vraisemblable mais pas réaliste.
Dernière édition par Mangeclous le Mer 20 Fév 2013 - 21:38, édité 1 fois
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Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
Engelbard en décembre 68, fait coopérer deux machines distantes de son oN-Lyne System.
L'utopie ça réduit à la cuisson. C'est pourquoi il en faut énormément au départ.
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Re: Vu (lu, entendu) où l'on parle de tout sauf de films
slimfast a écrit:L'utopie ça réduit à la cuisson. C'est pourquoi il en faut énormément au départ.
Oui, par exemple, l'énergie nucléaire. Il faut déchainer les enfers atomiques dans des usines-sarcophages et créer des monceaux de déchets ingérables... pour faire chauffer de l'eau et tourner une dynamo.
Une centrale nucléaire c'est ça, une bouilloire électrique à la con avec un ventilateur au dessus. Et ces gens se prennent pour des grands savants quand sont juste des hamsters en cage.
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