L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
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L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
Lors du dernier plan, Victor, qui a fui la maison du docteur Itard pour essayer de retrouver sa vie dans la nature et qui est revenu au bout de quelques temps, monte les escaliers accompagné par Madame Guérin. Le docteur, d'en bas, lui dit son bonheur de le revoir, lui dit qu'il est chez lui, que c'est sa maison, et que dès le lendemain ils reprendraient tous deux les exercices. Victor lance alors un regard noir et concentré au docteur, un regard sur lequel le film se clôt, un regard indéchiffrable et incroyablement long.
Le film est magnifique. Je ne suis pas une grande fan de Truffaut, mais je n'avais vu, avant de voir L'Enfant sauvage, aucun film de sa "trilogie" sur l'enfance, et je me dis maintenant qu'avant d'avoir vu ces films on ne peut pas se faire vraiment une idée de Truffaut, si du moins Les 400 coups et L'Argent de poche sont à la hauteur de L'Enfant sauvage.
Un enfant, qui vit dans la forêt comme un sauvage, est un jour débusqué par une paysanne. Après une sorte de battue, il est ramené au village. Un abbé le prend sous sa protection, puis l'emmène à Paris où on le réclame. Il est accueilli par deux docteurs de l'institut pour les enfants sourds et aveugle. Le plus âgé conclut rapidement à un retard mental de naissance, et veut le faire interner. Le plus jeune, le docteur Itard joué par Truffaut, pense qu'il n'est pas idiot et qu'il a simplement reçu aucune éducation, qu'il peut par l'apprentissage acquérir ce qui lui fait défaut, et qu'il est intelligent.
Il reçoit l'autorisation de l'accueillir chez lui où sa gouvernante, Mme Guérin, pourra s'en occuper et où il pourra faire des observations sur la capacité d'apprentissage du gamin. L'enfant est en effet très intelligent, il apprend à se comporter comme tout un chacun, apprend même pratiquement à écrire, en tout cas à reconnaître des mots. Mais le langage semble impossible. Le film se clôt alors que l'apprentissage semble devoir être le lot de Victor à vie.
La suite est sur youtube.
Le co-scénariste de Truffaut, Jean Gruault, a été assistant de Rossellini et a écrit Mon oncle d'Amérique notamment pour Resnais. On sent très fort les manières de ces deux réalisateurs dans le film de Truffaut. Une sorte de pédagogisme un peu froid comme dans la période des fiction télé historiques de Rossellini, compensé pourtant chez Truffaut par des scènes immensément émouvantes (lorsque Mme Guérin accueille Victor chez elle par exemple, lorsque Victor lui marque son affection). Mais aussi un jeu, une légèreté, une manière déliée dans la mise en scène qui rendent très bien la jeunesse et la "pureté" de Victor. La lumière (le chef op' est le chef op' des Moissons du ciel, Néstor Almendros ; Malick, paraît-il, a voulu travailler avec lui après avoir vu L'Enfant sauvage. Le truc amusant, ou pas, c'est que la méthode pédagogique Freinet a été introduite en Espagne, avant le franquisme, par le père de Almendros. Quand on voit les méthodes aujourd'hui ahurissantes du docteur Itard…)
Le film est magnifique. Je ne suis pas une grande fan de Truffaut, mais je n'avais vu, avant de voir L'Enfant sauvage, aucun film de sa "trilogie" sur l'enfance, et je me dis maintenant qu'avant d'avoir vu ces films on ne peut pas se faire vraiment une idée de Truffaut, si du moins Les 400 coups et L'Argent de poche sont à la hauteur de L'Enfant sauvage.
Un enfant, qui vit dans la forêt comme un sauvage, est un jour débusqué par une paysanne. Après une sorte de battue, il est ramené au village. Un abbé le prend sous sa protection, puis l'emmène à Paris où on le réclame. Il est accueilli par deux docteurs de l'institut pour les enfants sourds et aveugle. Le plus âgé conclut rapidement à un retard mental de naissance, et veut le faire interner. Le plus jeune, le docteur Itard joué par Truffaut, pense qu'il n'est pas idiot et qu'il a simplement reçu aucune éducation, qu'il peut par l'apprentissage acquérir ce qui lui fait défaut, et qu'il est intelligent.
Il reçoit l'autorisation de l'accueillir chez lui où sa gouvernante, Mme Guérin, pourra s'en occuper et où il pourra faire des observations sur la capacité d'apprentissage du gamin. L'enfant est en effet très intelligent, il apprend à se comporter comme tout un chacun, apprend même pratiquement à écrire, en tout cas à reconnaître des mots. Mais le langage semble impossible. Le film se clôt alors que l'apprentissage semble devoir être le lot de Victor à vie.
La suite est sur youtube.
Le co-scénariste de Truffaut, Jean Gruault, a été assistant de Rossellini et a écrit Mon oncle d'Amérique notamment pour Resnais. On sent très fort les manières de ces deux réalisateurs dans le film de Truffaut. Une sorte de pédagogisme un peu froid comme dans la période des fiction télé historiques de Rossellini, compensé pourtant chez Truffaut par des scènes immensément émouvantes (lorsque Mme Guérin accueille Victor chez elle par exemple, lorsque Victor lui marque son affection). Mais aussi un jeu, une légèreté, une manière déliée dans la mise en scène qui rendent très bien la jeunesse et la "pureté" de Victor. La lumière (le chef op' est le chef op' des Moissons du ciel, Néstor Almendros ; Malick, paraît-il, a voulu travailler avec lui après avoir vu L'Enfant sauvage. Le truc amusant, ou pas, c'est que la méthode pédagogique Freinet a été introduite en Espagne, avant le franquisme, par le père de Almendros. Quand on voit les méthodes aujourd'hui ahurissantes du docteur Itard…)
adeline- Messages : 3000
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
Ah truffaut, qu'est-ce que les cahiers ont pu nous soualer avec lui. Mais tu as raison adeline, les films sur l'enfance sont peut-être les moins mauvais. Ce qui me gènes aujourd'hui le plus dans son cinéma : le jeu de ses acteurs sonne souvent faux ( alors que cette fausseté scie très bien aux acteurs de chez rohmer qui jouent le jeu d'une certaine bourgeoisie parisienne de la fin du 20em siècle), une science du montage quelque peu abrupt (des coupes bruptales mais surement pas voulut comme tel, truffaut c'est pas godard de ce côté la), un sens restreint de la mise en scène ( il y des idées chez truffaut, beaucoup d'idées formelles mais justement il y en a trop, ca part dans tous les sens, on est loin de rohmer et de chabrol). Je vais regarder ton lien youtube, ca fait très longtemps que j'ai pas vu un de ces films. Truffaut etait plein de contradictions, c'est surement ce qui fait la force de son cinéma ( son foisonnement) et sa grande faiblesse ( son absence d'idée directrice)
glj- Messages : 518
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
Hello there.
En écho:
http://mainoptique.blogspot.be/2010/01/miracle-worker-penn-1961-lenfant.html
En écho:
http://mainoptique.blogspot.be/2010/01/miracle-worker-penn-1961-lenfant.html
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
c'est toute l'histoire des débuts du cinéma : comment domestiquer un animal de foire ...
Truffaut était cultivé, il lisait, se documentait, et débattait ... il savait que la doctrine qui sous tend l'éducation d'Itard, celle de Condillac était fausse, que Victor n'était pas un enfant arriéré, que le sauvage ne pouvait pas avoir le QI d'un enfant plus jeune, ou que la nature de Victor, de l'homme, n'était ce qui resterait de lui socialisé si on défalquait ce qu'il aurait fallu lui enseigner !!! Ces âneries expliquent son échec - et le succès de madame Guérin qui lui fait faire un tas de choses.
Dans l'opposition entre nature et culture les quinze premières minutes sont terribles ... et le reste tout autant.
Au delà de ces questions pédagogiques, ce qui taraude Truffaut c'est le très fort tropisme d'intégration qui l'anime. Truffaut est quelqu'un qui ne peut pas supporter la marge. Il communique ici toute la puissance de ses émotions.
une fois encore merci, Adeline.
en marge :
Philippe Pinel serait, à son corps défendant, à l'origine d'une des plus célèbres coquilles typographiques. Corrigeant l'épreuve d'un de ses livres, il notait en marge d'une citation « Il faut guillemeter tous les alinéas » à l'intention du typographe. Hélas, à la composition, cela devint la phrase :« Il faut guillotiner tous les aliénés ». Cette malencontreuse correction est d'autant plus cruelle que cet homme est l'un des pionniers de l'humanisation des établissements psychiatriques.
Les scènes avec Pinel sont les scènes du film que je préfère pour leur aspect documentaire et à la fois la fébrilité du personnage joué par Truffaut.
Par ailleurs Rossellini raconte : "La dernière fois que j'ai vu Truffaut, je lui ai dit que ma fille avait été opérée. Et il s'est senti mal. C'est une chose qui m'a bouleversé et attendri énormément. Et puis il m'a dit : "Tu sais, tu es quelqu'un de la famille". En Italie il n'y a jamais eu pour moi cette chaleur des rapports.
Truffaut était cultivé, il lisait, se documentait, et débattait ... il savait que la doctrine qui sous tend l'éducation d'Itard, celle de Condillac était fausse, que Victor n'était pas un enfant arriéré, que le sauvage ne pouvait pas avoir le QI d'un enfant plus jeune, ou que la nature de Victor, de l'homme, n'était ce qui resterait de lui socialisé si on défalquait ce qu'il aurait fallu lui enseigner !!! Ces âneries expliquent son échec - et le succès de madame Guérin qui lui fait faire un tas de choses.
Dans l'opposition entre nature et culture les quinze premières minutes sont terribles ... et le reste tout autant.
Au delà de ces questions pédagogiques, ce qui taraude Truffaut c'est le très fort tropisme d'intégration qui l'anime. Truffaut est quelqu'un qui ne peut pas supporter la marge. Il communique ici toute la puissance de ses émotions.
une fois encore merci, Adeline.
en marge :
Philippe Pinel serait, à son corps défendant, à l'origine d'une des plus célèbres coquilles typographiques. Corrigeant l'épreuve d'un de ses livres, il notait en marge d'une citation « Il faut guillemeter tous les alinéas » à l'intention du typographe. Hélas, à la composition, cela devint la phrase :« Il faut guillotiner tous les aliénés ». Cette malencontreuse correction est d'autant plus cruelle que cet homme est l'un des pionniers de l'humanisation des établissements psychiatriques.
Les scènes avec Pinel sont les scènes du film que je préfère pour leur aspect documentaire et à la fois la fébrilité du personnage joué par Truffaut.
Par ailleurs Rossellini raconte : "La dernière fois que j'ai vu Truffaut, je lui ai dit que ma fille avait été opérée. Et il s'est senti mal. C'est une chose qui m'a bouleversé et attendri énormément. Et puis il m'a dit : "Tu sais, tu es quelqu'un de la famille". En Italie il n'y a jamais eu pour moi cette chaleur des rapports.
Dernière édition par slimfast le Ven 16 Nov 2012 - 22:20, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
Dans ce vieux texte, je suggère que ce qui intéresse plutôt Truffaut dans ce (beau) film, ce n'est pas tant le cas de "l'enfant sauvage de l'Aveyron", que "l'enfant sauvage" Truffaut lui-même (enfant abandonné, sans père, rejeté par sa mère: celui des 400 coups), ici à nouveau une sorte d'autobiographie, mais plus latérale, secrète. Truffaut a souvent insisté, on le sait, sur le fait que sans sa rencontre avec le cinéma, comme "tuteur" et vecteur de "langage" (incarné aussi par des pères de substitution que furent pour lui un Bazin, un Deligny * - qui travailla avec des enfants "à problèmes": "délinquants" mais aussi "autistes", et qui figure au générique des 400 coups), il serait devenu un "délinquant". Son amour du langage, des mots, des livres, renverrait aussi à ce manque ou cette blessure fondamentale.
( * http://1895.revues.org/281 )
Une forme curieuse d'aphasie jointe à une forme de surdité réapparaissent souvent dans ses films, jusque dans son propre jeu (ou non-jeu) d'acteur: sa voix bizarre, comme atone, a-rythmique, comme le vestige sonore d'une aphasie première (il n'a pas du tout cette voix là dans ses interviews). Dans rencontres du troisième type, Lacombe est sourd, aussi. Dans la nuit américaine, il porte constamment une oreillette, qui fait également penser à un appareil pour sourds.
Dans La chambre verte (même équipe: Gruault, Almendros, etc), il projette sur un écran des images de la grande-guerre qu'il montre à un enfant aphasique (à qui il est censé apprendre à parler également).
On ne le voit pas dans ces extraits. Que je replace en passant, surtout pour la musique (déchirante) de Maurice Jaubert (zéro de conduite, l'atalante...), des partitions restées lettres mortes, mais exhumées par Truffaut et utilisées pour ce film. Il déclara même avoir fait ce film pour elles. ça fait pleinement sens, dans la mesure où il est sujet de deuil impossible, refus de l'oubli, de disparus dont la trace mémorielle est enclose dans une sorte de mausolée, crypte...
(je trouve glj fort injuste et expéditif envers le cinéma de Truffaut, qui a plusieurs facettes ou visages secrets, et une réelle unité. FT le secret perdu, d'Anne Gillain (déjà cité, jadis, par slimfast), bon livre pour y être davantage sensible. Et Godard, on le sait également, aimait le cinéma de Trufffaut bien plus que ne le laisse à penser la fameuse correspondance. Ils se sont influencé réciproquement et les liens, l'inter-texte comme on dit, entre leurs cinémas, est plus complexe que ça... Mais ça a été déjà débattu...)
( * http://1895.revues.org/281 )
Une forme curieuse d'aphasie jointe à une forme de surdité réapparaissent souvent dans ses films, jusque dans son propre jeu (ou non-jeu) d'acteur: sa voix bizarre, comme atone, a-rythmique, comme le vestige sonore d'une aphasie première (il n'a pas du tout cette voix là dans ses interviews). Dans rencontres du troisième type, Lacombe est sourd, aussi. Dans la nuit américaine, il porte constamment une oreillette, qui fait également penser à un appareil pour sourds.
Dans La chambre verte (même équipe: Gruault, Almendros, etc), il projette sur un écran des images de la grande-guerre qu'il montre à un enfant aphasique (à qui il est censé apprendre à parler également).
On ne le voit pas dans ces extraits. Que je replace en passant, surtout pour la musique (déchirante) de Maurice Jaubert (zéro de conduite, l'atalante...), des partitions restées lettres mortes, mais exhumées par Truffaut et utilisées pour ce film. Il déclara même avoir fait ce film pour elles. ça fait pleinement sens, dans la mesure où il est sujet de deuil impossible, refus de l'oubli, de disparus dont la trace mémorielle est enclose dans une sorte de mausolée, crypte...
- Spoiler:
(je trouve glj fort injuste et expéditif envers le cinéma de Truffaut, qui a plusieurs facettes ou visages secrets, et une réelle unité. FT le secret perdu, d'Anne Gillain (déjà cité, jadis, par slimfast), bon livre pour y être davantage sensible. Et Godard, on le sait également, aimait le cinéma de Trufffaut bien plus que ne le laisse à penser la fameuse correspondance. Ils se sont influencé réciproquement et les liens, l'inter-texte comme on dit, entre leurs cinémas, est plus complexe que ça... Mais ça a été déjà débattu...)
Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Sam 17 Nov 2012 - 0:23, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
Oui, quand on ne peut pas exister ni dans la pratique ni dans la théorie, on existe comme révisionniste, et c'est ce qui commence à me dégouter de la cinéphilie et des cinéphiles.
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
Merci pour tout ça Jerzy !
(Il y a beaucoup de documents et de textes autour de Fernand Deligny sur le site de Dérives : http://www.derives.tv/spip.php?page=recherche&lang=fr&recherche=Deligny)
(Il y a beaucoup de documents et de textes autour de Fernand Deligny sur le site de Dérives : http://www.derives.tv/spip.php?page=recherche&lang=fr&recherche=Deligny)
adeline- Messages : 3000
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
Je crois que tony parle de moi jerzy.
Je suis pas revisionniste, j'ai jamais trop apprécié truffaut donc je vois pas pourquoi je le defendrais aujourd'hui. Quand je vois desplechin qui se reconnait comme un heritier de son cinéma je ne peux m'empecher de penser qu'ils ont des parcours assez similaires : de bons debuts ( les 400 coups et la sentinelle, c'est du très bon ) et puis un glissement progressif vers une economie cinematographique (le cinéma de qualité chez truffaut sur la fin et le cinéma du milieu pour desplechin) qui les coupe de leurs tourments et questionnement profonds. J'ai beaucoup de mal aussi avec la série des doisnel que je considère tous comme ratés et agacant ( sauf les 400 coups comme je l'ai deja dit ). C'est l'hybridation de son cinéma, son côté malin qui me gène comme chez desplechin d'ailleurs.
Je dois reconnaitre ( comme chez l'auteur d' ester kahn) que certains films peuvent être complètement ratés mais avoir une ou deux scènes superbes ( c'est le lot des cineastes hybrides comme lui, hybrides voir schizo).
Il y a des films comme la sirène du missipi que j'aime malgré tout leur défaut, grace a leur souffle lyrique, la presence de belmondo ( jamais aussi bon que chez les gars de la nouvelle vague ) et la liberté qui s'y dégage.
Je suis pas revisionniste, j'ai jamais trop apprécié truffaut donc je vois pas pourquoi je le defendrais aujourd'hui. Quand je vois desplechin qui se reconnait comme un heritier de son cinéma je ne peux m'empecher de penser qu'ils ont des parcours assez similaires : de bons debuts ( les 400 coups et la sentinelle, c'est du très bon ) et puis un glissement progressif vers une economie cinematographique (le cinéma de qualité chez truffaut sur la fin et le cinéma du milieu pour desplechin) qui les coupe de leurs tourments et questionnement profonds. J'ai beaucoup de mal aussi avec la série des doisnel que je considère tous comme ratés et agacant ( sauf les 400 coups comme je l'ai deja dit ). C'est l'hybridation de son cinéma, son côté malin qui me gène comme chez desplechin d'ailleurs.
Je dois reconnaitre ( comme chez l'auteur d' ester kahn) que certains films peuvent être complètement ratés mais avoir une ou deux scènes superbes ( c'est le lot des cineastes hybrides comme lui, hybrides voir schizo).
Il y a des films comme la sirène du missipi que j'aime malgré tout leur défaut, grace a leur souffle lyrique, la presence de belmondo ( jamais aussi bon que chez les gars de la nouvelle vague ) et la liberté qui s'y dégage.
glj- Messages : 518
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
Salut glj.
Oui, y a des films ratés, certainement, mais même dans ces films ratés, il se passe quelque chose d'intéressant (selon moi).
Je te rejoins un peu pour la fin de sa filmo: Le dernier métro, un peu "cinéma de qualité". Mais c'est oublier que suit juste après La femme d'à côté, qui est un film tendu, sec, sombre, sur la passion, assez impressionnant, un de ses plus tourmentés.
Vivement dimanche, le dernier, je le trouve raté, et pourtant, lui aussi est insolite...
Je ne vois franchement pas le rapport avec le cinéma de Desplechin (que je supporte pas, déjà, pour le redire). C'est pas du tout la même tonalité ni les mêmes préoccupations. Je ne vois pas vraiment d'héritiers au cinéma de Truffaut parmi les cinéastes français d'aujourd'hui, comme je n'en vois pas au cinéma de Godard. Ce sont des œuvres et des manières destinées, dans leurs différences, à rester solitaires, orphelines.
J'aime bien la saga Doinel (qui n'en est pas une: deux films et un court-métrage. On ne peut pas dire que les 400 coups en fasse partie. Quant à L'amour en fuite, voir plus bas).
Baisers volés compte pour moi parmi ses plus grandes réussites. On a le droit d'être agacé, bien sûr. Dans ce cas, c'est qu'on est agacé par la manière de Truffaut: à ça il serait vain de s'opposer, bien entendu.
L'amour en fuite est clairement raté. Le matériau est fait de 90% d'extraits des deux films "Doinel" plus le court. De l'aveu même de Truffaut, il n'aurait pas dû le faire.
Je ne te rejoins pas non plus sur cette idée d'un foisonnement, joint à une hybridité, encore moins schizo: y a pas plus monomaniaque et monothématique que le cinéma de Truffaut. Dans chacun de ses films, le perso principal est un monomaniaque, habité donc par une unique idée fixe, de l'ordre de l'amour, ou la passion pour un objet impossible et/ou perdu. Dans le registre "léger" ou "sombre", il y a une tonalité commune qui fait instantanément reconnaître un "Truffaut". Tu parles de "souffle lyrique" concernant la SDM: ça me semble vraiment peu approprié. Truffaut est un cinéaste plutôt sec, d'une mélancolie sèche, comprimée, "cendrée" même si parfois il y a de la lumière ;et pas du tout "lyrique" - ce qui ne veut pas dire sans intensité affective, au contraire. Et pas du "souffle", non plus, plutôt de la "suffocation", de la "brisure", y compris formellement. Ce serait intéressant de mettre les partitions musicales de ses films (Duhamel, Delerue, etc) en rapport avec la tonalité des films.
Il faudrait analyser un peu dans le détail, mais j'ai pas le temps.
Parmi mes préférés: la peau douce, une belle fille comme moi, les deux anglaises et le continent, les 400 coups.
J'aime bcp également L'enfant sauvage, l'argent de poche, la chambre verte, la mariée était en noir, la sirène du Mississipi, Fahrenheit 451, L'histoire d'Adèle H., l'homme qui aimait les femmes, ...
(Curieux: je ne supporte pas Jules et Jim, qu'on cite régulièrement comme un sommet de Truffaut. Tout m'y gonfle: en particulier Moreau, sa voix, ses chansonnettes... La nuit américaine, j'aime pas du tout, mais j'adore le score de Delerue).
Peu ou presque pas de déchets, en fait. Alors qu'un Chabrol, scuzi... en matière de déchets, de foisonnement ou plutôt prolixité, qui est plutôt selon moi une disparité, absence de tonalité, et chez qui on peut mettre au panier sans remords une bonne moitié de sa filmo, qui a d'ailleurs très mal vieilli, pour me répéter.
Dans mon expérience. Et j'ai vu tous les Chabrol, comme j'ai vu tous les Truffaut, et l'intégralité de la filmo de la plupart de réalisateurs français qui comptent - ou qui comptent moins, et même pas du tout. Tsé bien que chuis un spécialiste encyclopédique du cinéma français (à partir des 60s. Pas du tout 30s, 40s et début 50s: aucune affinité) . Et pourtant, c'est pas mon cinéma préféré. Donc je compare pas des objets isolés, mais des filmos sur la durée. ça n'en reste pas moins mon avis, et affaire de sensibilité, contestables donc, cela va sans dire.
Dans la fllmo des films scénarisés par Gruault et photographiés par Almendros, bcp de Truffaut, bien sûr.
Jean Gruault:
Nestor Almendros:
Oui, y a des films ratés, certainement, mais même dans ces films ratés, il se passe quelque chose d'intéressant (selon moi).
Je te rejoins un peu pour la fin de sa filmo: Le dernier métro, un peu "cinéma de qualité". Mais c'est oublier que suit juste après La femme d'à côté, qui est un film tendu, sec, sombre, sur la passion, assez impressionnant, un de ses plus tourmentés.
Vivement dimanche, le dernier, je le trouve raté, et pourtant, lui aussi est insolite...
Je ne vois franchement pas le rapport avec le cinéma de Desplechin (que je supporte pas, déjà, pour le redire). C'est pas du tout la même tonalité ni les mêmes préoccupations. Je ne vois pas vraiment d'héritiers au cinéma de Truffaut parmi les cinéastes français d'aujourd'hui, comme je n'en vois pas au cinéma de Godard. Ce sont des œuvres et des manières destinées, dans leurs différences, à rester solitaires, orphelines.
J'aime bien la saga Doinel (qui n'en est pas une: deux films et un court-métrage. On ne peut pas dire que les 400 coups en fasse partie. Quant à L'amour en fuite, voir plus bas).
Baisers volés compte pour moi parmi ses plus grandes réussites. On a le droit d'être agacé, bien sûr. Dans ce cas, c'est qu'on est agacé par la manière de Truffaut: à ça il serait vain de s'opposer, bien entendu.
L'amour en fuite est clairement raté. Le matériau est fait de 90% d'extraits des deux films "Doinel" plus le court. De l'aveu même de Truffaut, il n'aurait pas dû le faire.
Je ne te rejoins pas non plus sur cette idée d'un foisonnement, joint à une hybridité, encore moins schizo: y a pas plus monomaniaque et monothématique que le cinéma de Truffaut. Dans chacun de ses films, le perso principal est un monomaniaque, habité donc par une unique idée fixe, de l'ordre de l'amour, ou la passion pour un objet impossible et/ou perdu. Dans le registre "léger" ou "sombre", il y a une tonalité commune qui fait instantanément reconnaître un "Truffaut". Tu parles de "souffle lyrique" concernant la SDM: ça me semble vraiment peu approprié. Truffaut est un cinéaste plutôt sec, d'une mélancolie sèche, comprimée, "cendrée" même si parfois il y a de la lumière ;et pas du tout "lyrique" - ce qui ne veut pas dire sans intensité affective, au contraire. Et pas du "souffle", non plus, plutôt de la "suffocation", de la "brisure", y compris formellement. Ce serait intéressant de mettre les partitions musicales de ses films (Duhamel, Delerue, etc) en rapport avec la tonalité des films.
Il faudrait analyser un peu dans le détail, mais j'ai pas le temps.
Parmi mes préférés: la peau douce, une belle fille comme moi, les deux anglaises et le continent, les 400 coups.
J'aime bcp également L'enfant sauvage, l'argent de poche, la chambre verte, la mariée était en noir, la sirène du Mississipi, Fahrenheit 451, L'histoire d'Adèle H., l'homme qui aimait les femmes, ...
(Curieux: je ne supporte pas Jules et Jim, qu'on cite régulièrement comme un sommet de Truffaut. Tout m'y gonfle: en particulier Moreau, sa voix, ses chansonnettes... La nuit américaine, j'aime pas du tout, mais j'adore le score de Delerue).
Peu ou presque pas de déchets, en fait. Alors qu'un Chabrol, scuzi... en matière de déchets, de foisonnement ou plutôt prolixité, qui est plutôt selon moi une disparité, absence de tonalité, et chez qui on peut mettre au panier sans remords une bonne moitié de sa filmo, qui a d'ailleurs très mal vieilli, pour me répéter.
Dans mon expérience. Et j'ai vu tous les Chabrol, comme j'ai vu tous les Truffaut, et l'intégralité de la filmo de la plupart de réalisateurs français qui comptent - ou qui comptent moins, et même pas du tout. Tsé bien que chuis un spécialiste encyclopédique du cinéma français (à partir des 60s. Pas du tout 30s, 40s et début 50s: aucune affinité) . Et pourtant, c'est pas mon cinéma préféré. Donc je compare pas des objets isolés, mais des filmos sur la durée. ça n'en reste pas moins mon avis, et affaire de sensibilité, contestables donc, cela va sans dire.
Dans la fllmo des films scénarisés par Gruault et photographiés par Almendros, bcp de Truffaut, bien sûr.
Jean Gruault:
- Spoiler:
1958 : Paris nous appartient de Jacques Rivette
1961 : Vanina Vanini de Roberto Rossellini
1962 : Jules et Jim de François Truffaut
1963 : Les Carabiniers de Jean-Luc Godard
1965 : La redevance du fantôme de Robert Enrico d'après Henry James
1969 : L'Enfant sauvage de François Truffaut
1971 : Les Deux Anglaises et le Continent de François Truffaut
1975 : L'Histoire d'Adèle H. de François Truffaut
1978 : La Chambre verte de François Truffaut
1979 : Les Sœurs Brontë de André Téchiné
1980 : Mon oncle d'Amérique d'Alain Resnais
1983 : Les Années 80 de Chantal Akerman
1983 : La vie est un roman d'Alain Resnais
1984 : L'Amour à mort d'Alain Resnais
1985 : Mystère Alexina de René Féret
1986 : Golden Eighties de Chantal Akerman
1989 : Australia de Jean-Jacques Andrien
1995 : Belle Époque de Gavin Millar
Nestor Almendros:
- Spoiler:
1964 : Paris vu par...
1967 : La Collectionneuse d'Éric Rohmer
1967 : The Wild Racers
1969 : More de Barbet Schroeder
1969 : Ma nuit chez Maud d'Éric Rohmer
1969 : L'Enfant sauvage de François Truffaut
1969 : Le Genou de Claire d'Éric Rohmer
1970 : Domicile conjugal de François Truffaut
1971 : La Vallée de Barbet Schroeder
1971 : Les Deux Anglaises et le Continent de François Truffaut
1972 : L'Amour l'après-midi d'Éric Rohmer
1973 : Poil de carotte de Henri Graziani
1973 : L'Oiseau rare de Jean-Claude Brialy
1973 : Femmes au soleil
1973 : Charlot, le gentleman vagabond
1974 : La Gueule ouverte de Maurice Pialat
1974 : Général Idi Amin Dada : Autoportrait de Barbet Schroeder
1974 : Cockfighter
1974 : Mes petites amoureuses de Jean Eustache
1975 : L'Histoire d'Adèle H. de François Truffaut
1975 : Maîtresse de Barbet Schroeder
1976 : La Marquise d'O... d'Éric Rohmer
1976 : Des journées entières dans les arbres de Marguerite Duras
1976 : Cambio de sexo
1976 : Les Moissons du ciel (Days of Heaven) de Terrence Malick
1977 : L'homme qui aimait les femmes de François Truffaut
1977 : La Vie devant soi de Moshé Mizrahi
1977 : En route vers le sud de Jack Nicholson
1977 : Le Centre Georges-Pompidou
1977 : La Chambre verte de François Truffaut
1978 : Koko, le gorille qui parle de Barbet Schroeder
1978 : Perceval le Gallois d'Éric Rohmer
1978 : L'Amour en fuite de François Truffaut
1978 : Kramer contre Kramer de Robert Benton
1980 : Le Lagon bleu (The Blue Lagoon) de Randal Kleiser
1980 : Le Dernier Métro de François Truffaut
1982 : Le Choix de Sophie (Sophie's Choice) d'Alan J. Pakula
1983 : Pauline à la plage d'Éric Rohmer
1983 : Vivement dimanche ! de François Truffaut
1987 : Nadine de Robert Benton
Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Sam 17 Nov 2012 - 18:18, édité 4 fois
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
pour les films nous en aimons tous pas nécessairement les mêmes ; Truffaut, Godard et Chabrol sont pour moi la seule génération de cinéaste dont la vie et l'oeuvre ont été imbriquées, avec par ricochet Renoir et Rossellini, la famille ...
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
C'est clair que nous n'aimons pas tous nécessairement les mêmes!
Tu m'étonnes, là. Et ce serait dommage (pour nos agapes festives, donc)
Tu m'étonnes, là. Et ce serait dommage (pour nos agapes festives, donc)
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
c'est une évidence, on peut aussi être influencés ... et toi cette famille tu l'a vue dans la nouvelle vague ?
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
J'ai pas vu une famille, à proprement parler. J'évoquerais ça en termes de tonalité, "d'épocalité"...
Et c'est vrai: je suis resté très marqué par, attaché à, un certain type de cinéma, fin 60s début 70s, français, allemand, anglais, américain, italien...
Et c'est vrai: je suis resté très marqué par, attaché à, un certain type de cinéma, fin 60s début 70s, français, allemand, anglais, américain, italien...
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
pareil pour moi, tu vois on n'est pas étrangers, mais les cahiers ont beaucoup compté pour moi : je peux dire que c'est à leur lecture que je me suis formé mon goût.
ps en tout cas l'Enfant sauvage est un thème fédérateur qui ne peut laisser personne indifférent, sans pourtant faire des concessions.
Assayas dans Présences dit que "l'oeuvre de Truffaut se caractérise par son rapport à la littérature. Et non pas au romanesque comme c'est souvent le cas chez les cinéastes (Jerzy le disait plus haut). Il a été le premier à organiser son indépendance d'auteur de cinéma, grâce à sa société, Les Films du Carrosse, qui servit de modèle à toutes les compagnies qui allaient proliférer ensuite, et qu'on imagine elle même inspirée de celle d'Hitchcock. Au sein de cette structure vouée à lui permettre de construire son oeuvre à son idée et à son rythme, à l'égard des contraintes et des commandes, FT a crée les conditions d'une liberté inédite au cinéma et seulement comparable à celle de l'écrivain devant sa feuille de papier". p177
ps en tout cas l'Enfant sauvage est un thème fédérateur qui ne peut laisser personne indifférent, sans pourtant faire des concessions.
Assayas dans Présences dit que "l'oeuvre de Truffaut se caractérise par son rapport à la littérature. Et non pas au romanesque comme c'est souvent le cas chez les cinéastes (Jerzy le disait plus haut). Il a été le premier à organiser son indépendance d'auteur de cinéma, grâce à sa société, Les Films du Carrosse, qui servit de modèle à toutes les compagnies qui allaient proliférer ensuite, et qu'on imagine elle même inspirée de celle d'Hitchcock. Au sein de cette structure vouée à lui permettre de construire son oeuvre à son idée et à son rythme, à l'égard des contraintes et des commandes, FT a crée les conditions d'une liberté inédite au cinéma et seulement comparable à celle de l'écrivain devant sa feuille de papier". p177
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
Petit détail, en repassant, concernant la relation particulière que Truffaut noua avec la musique de Maurice Jaubert.
Je n'étais plus très sûr, mais wikipedia me le confirme, il fit de Jaubert un compositeur posthume pour d'autres films, chaque fois sur des partitions inédites.
1978 La Chambre verte (François Truffaut, collaboration musicale : François Porcile)
1975 L'Histoire d'Adèle H. (François Truffaut, collaboration musicale : François Porcile)
1976 L'Argent de poche (François Truffaut, collaboration musicale : François Porcile)
1977 L'Homme qui aimait les femmes (François Truffaut, collaboration musicale : François Porcile)
Je n'étais plus très sûr, mais wikipedia me le confirme, il fit de Jaubert un compositeur posthume pour d'autres films, chaque fois sur des partitions inédites.
1978 La Chambre verte (François Truffaut, collaboration musicale : François Porcile)
1975 L'Histoire d'Adèle H. (François Truffaut, collaboration musicale : François Porcile)
1976 L'Argent de poche (François Truffaut, collaboration musicale : François Porcile)
1977 L'Homme qui aimait les femmes (François Truffaut, collaboration musicale : François Porcile)
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
Pour repondre rapidement jerzy ( désolé ) : lorsque je parlais d'hybridite, je ne visais que la forme : car on voit bien d'un film à l'autre ( et c'est d'ailleurs ici qu'il rejoint desplechin, excuse moi d'insister ) que truffaut veut tout essayer et tente à peu près tout. C'est ici qu'il me gène et l'on peut voir sa participation comme comédien au film de spielberg comme un signe de ce trop plein d'appetit cinématographique, qui embrasse trop et du coup perd ses bases. Il manque un père en matière de cinéma à truffaut : a trop vouloir aimer son support, on a eu le droit a la nuit américaine. Certes truffaut a fait moins de nanar que Chabrol mais pour moi ce dernier a fait plus de grand film : la femne infidèle, que la bête meurt, juste avant la nuit, le boucher, inspecteur lavardin, les fantomes du chapelier, la cérémonie, l'enfer ( j'ai entendu parler je crois ici de film kitche alors que j'ai rarement vu un film francais avoir un tel discourt sur et grace à l'image), merci pour le chocolat, l 'ivresse du pouvoir, l'oeil du malin). Ce qui me frappe chez chabrol, c'est que plus il s'est éloigné de la nouvelle vague plus je l'ai aimé.
Je te l'accorde (sic), peau douce et la femme infidèle sont des films intéressants avec une vraie ambiance et un vrai parti pris autant sur la forme que sur le fond. Mais bon un truc comme farhenheit, c'est juste pas possible, le côté production hybride (encore) fout le film complètement en l'air. Jules et jim comme tu l'as dit ca passe pas non plus, un ramassis de cliché. La mariée etait en noir, vu il y a longtemps et son côté hitch revisité par un frenchi, ca passe pas, trop zybride fois 3.
Pour ce qui est du lyrisme de la sirène du Mississippi, sur le fond, c'est-à-dire le montage tu as raison mais le lyrisme du film vient de la partition musical comme tu semble le suggérer toi même. Et côté musique il y a en effet une passerelle comme tu le soulignes avec le cinema de godard.
Je te l'accorde (sic), peau douce et la femme infidèle sont des films intéressants avec une vraie ambiance et un vrai parti pris autant sur la forme que sur le fond. Mais bon un truc comme farhenheit, c'est juste pas possible, le côté production hybride (encore) fout le film complètement en l'air. Jules et jim comme tu l'as dit ca passe pas non plus, un ramassis de cliché. La mariée etait en noir, vu il y a longtemps et son côté hitch revisité par un frenchi, ca passe pas, trop zybride fois 3.
Pour ce qui est du lyrisme de la sirène du Mississippi, sur le fond, c'est-à-dire le montage tu as raison mais le lyrisme du film vient de la partition musical comme tu semble le suggérer toi même. Et côté musique il y a en effet une passerelle comme tu le soulignes avec le cinema de godard.
glj- Messages : 518
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
Je sais pas, j'appelle pas trop "lyrique" la musique de ce film, ni la plupart des autres (petit florilège à côté, donc).
Lyrique, ça suggère pour moi chantant, transport, épanchement, exaltation... Et surtout quand on parle de "souffle lyrique", en cinéma, on se rapporte à une dimension romantique-épique, de fresques , quelque chose de l'ordre de l'ex-time plus que de l'intime, du secret.
Les musiques de Delerue, Duhamel, la force de leur émotion n'est pas de l'ordre du lyrisme, ou d'un "souffle lyrique": elles sont diatoniques, ambigues. La tonalité affective qu'elles dégagent sont d'une forme de recueillement, de mélancolie. Non pas flux continu, mais une respiration plus douloureuse, quelque chose d'âcre, comme une brûlure. Pas forcément tragique, mais pas tellement allègre non plus, entre apaisement et anxiété: ambigu, donc. (Un peu moins pour La nuit américaine, allégresse vivaldienne, mais même là, les harmoniques sont traitées avec ambiguïté).
Que ce soit chez Godard ou Truffaut, c'est pas un souffle lyrique qui les habite.
Mais celles pour Godard, que ce soit de Delerue ou Duhamel, sont très différentes de celles pour Truffaut: chez Godard, y a davantage de "souffle lyrique-tragique", si on veut. Contrairement à toi, je trouve le cinéma de Godard plus "lyrique", y compris son usage de la musique, mixé aux voix.
Chez Truffaut, on a quelque chose qui est tantôt plus mélancolique-apaisé (Les deux anglaises), tantôt plus sec et saccadé, rythmiquement a-symétrique ("stravinskien" chez Duhamel), et plus diatonique/ambigu. Là, on s'écarte bien plus du lyrisme des partitions pour les Godard, et aussi de son romantisme trans-subjectif. Maintenant, y a bien sûr ce qu'on pourrait qualifier d'inter-texte musical entre Godard et Truffaut, notamment parce que les musiques de leurs films respectifs portent des affects de perte, de deuil, de brisures... Qui nous éloignent d'un "souffle lyrique".
Pour le reste, je partage pas ton idée sur l'hybridation. Je vois vraiment pas ça chez Truffaut. Je comprends même pas ce que tu veux dire, en fait.
Je comprends pas, déjà, comment tu peux qualifier "d'hybride" (formel), "embrassant trop et se dispersant", la filmo de Truffaut, dont chaque film porte une signature stylistique maniaquement soignée, pesée, pensée, trop pensée diront ses détracteurs, ruminée, organisant un réseau de correspondances serré avec tous ses autres, fait d'inter-textes, de continuité thématique, de jeux de renvois, etc. Et, cerise sur le gâteau, lui opposer comme anti-thèse Chabrol, dont la filmo correspond pour le coup très exactement à ce que tu reproches à Truffaut.
Dans le fond comme dans la forme, la filmo de Chabrol est bien tout cela: un patchwork, une bigarrure de pleins de styles, de genres, d'esthétiques, se succédant dans la plus parfaite confusion, et exécutées avec un dilettantisme je m'en foutiste, et assez "plan-plan".
Le résultat, pour moi, c'est qu'il y eut de temps en temps un bon film, une bonne cuvée annuelle, un "bon Chabrol" comme on parlait de bon cru, jamais surprenant du reste... Mais des "grand films", c'est une autre paire de manches (voir spoiler).
En passant:
Tu parles de Fahrenheit comme "production hybride" aboutissant à un résultat "pas possible" (et comme si une "prod hybride" c'était une tare. Moi, ça me gêne pas, les prods. hybrides). Mais La Décade prodigieuse", par ex, en termes de "prod hybride", c'est encore plus "pas possible": dans le même barnum prestigieux, piccoli, orson welles, marlène jobert, guido alberti, anthony perkins, etc, tout ce monde se marchant mollement sur les arpions dans une sorte de jeu de chaises somnolent, à la sauce "Sigmund Freud" d'auberge gastronomique, chacun jouant son propre film, et aucun celui de Chabrol, pour un résultat qui fit s'esclaffer Gotlib lui-même - qui rendit hommage à Chabrol dans deux planches mémorables de la rubrique à brac. A côté de cette décade, le Fahrenheit de Truffaut serait presque plus janséniste qu'un Bresson.
Alors côté Hitch revisité par un frenchi, Chabrol semble y échapper, et mieux que Truffaut.
Je trouve pas: je trouve le côté "imitation de Hitchock" bien plus saillant chez Chabrol, tournant à vide, et pour une richesse thématique moindre (toujours le même genre de dilemme, qui sembla le passionner: conjugal, extra-conjugal? rhzz).
Chez Truffaut, y a toujours un jeu réflexif de va-et-vient, un sous-texte, un "hors-champ" dans le champ, disons donc un champ plus "large" (y compris littéraire), qui nous emmène ailleurs, et plus loin.
Lyrique, ça suggère pour moi chantant, transport, épanchement, exaltation... Et surtout quand on parle de "souffle lyrique", en cinéma, on se rapporte à une dimension romantique-épique, de fresques , quelque chose de l'ordre de l'ex-time plus que de l'intime, du secret.
Les musiques de Delerue, Duhamel, la force de leur émotion n'est pas de l'ordre du lyrisme, ou d'un "souffle lyrique": elles sont diatoniques, ambigues. La tonalité affective qu'elles dégagent sont d'une forme de recueillement, de mélancolie. Non pas flux continu, mais une respiration plus douloureuse, quelque chose d'âcre, comme une brûlure. Pas forcément tragique, mais pas tellement allègre non plus, entre apaisement et anxiété: ambigu, donc. (Un peu moins pour La nuit américaine, allégresse vivaldienne, mais même là, les harmoniques sont traitées avec ambiguïté).
Que ce soit chez Godard ou Truffaut, c'est pas un souffle lyrique qui les habite.
Mais celles pour Godard, que ce soit de Delerue ou Duhamel, sont très différentes de celles pour Truffaut: chez Godard, y a davantage de "souffle lyrique-tragique", si on veut. Contrairement à toi, je trouve le cinéma de Godard plus "lyrique", y compris son usage de la musique, mixé aux voix.
Chez Truffaut, on a quelque chose qui est tantôt plus mélancolique-apaisé (Les deux anglaises), tantôt plus sec et saccadé, rythmiquement a-symétrique ("stravinskien" chez Duhamel), et plus diatonique/ambigu. Là, on s'écarte bien plus du lyrisme des partitions pour les Godard, et aussi de son romantisme trans-subjectif. Maintenant, y a bien sûr ce qu'on pourrait qualifier d'inter-texte musical entre Godard et Truffaut, notamment parce que les musiques de leurs films respectifs portent des affects de perte, de deuil, de brisures... Qui nous éloignent d'un "souffle lyrique".
Pour le reste, je partage pas ton idée sur l'hybridation. Je vois vraiment pas ça chez Truffaut. Je comprends même pas ce que tu veux dire, en fait.
Je comprends pas, déjà, comment tu peux qualifier "d'hybride" (formel), "embrassant trop et se dispersant", la filmo de Truffaut, dont chaque film porte une signature stylistique maniaquement soignée, pesée, pensée, trop pensée diront ses détracteurs, ruminée, organisant un réseau de correspondances serré avec tous ses autres, fait d'inter-textes, de continuité thématique, de jeux de renvois, etc. Et, cerise sur le gâteau, lui opposer comme anti-thèse Chabrol, dont la filmo correspond pour le coup très exactement à ce que tu reproches à Truffaut.
Dans le fond comme dans la forme, la filmo de Chabrol est bien tout cela: un patchwork, une bigarrure de pleins de styles, de genres, d'esthétiques, se succédant dans la plus parfaite confusion, et exécutées avec un dilettantisme je m'en foutiste, et assez "plan-plan".
Le résultat, pour moi, c'est qu'il y eut de temps en temps un bon film, une bonne cuvée annuelle, un "bon Chabrol" comme on parlait de bon cru, jamais surprenant du reste... Mais des "grand films", c'est une autre paire de manches (voir spoiler).
En passant:
C'est marrant que tu ne relèves pas les participations de Chabrol comme comédien à... une quarantaine de films (voir fiche wikipédia).On peut voir sa participation comme comédien au film de spielberg comme un signe de ce trop plein d'appetit cinématographique, qui embrasse trop et du coup perd ses bases.
Tu parles de Fahrenheit comme "production hybride" aboutissant à un résultat "pas possible" (et comme si une "prod hybride" c'était une tare. Moi, ça me gêne pas, les prods. hybrides). Mais La Décade prodigieuse", par ex, en termes de "prod hybride", c'est encore plus "pas possible": dans le même barnum prestigieux, piccoli, orson welles, marlène jobert, guido alberti, anthony perkins, etc, tout ce monde se marchant mollement sur les arpions dans une sorte de jeu de chaises somnolent, à la sauce "Sigmund Freud" d'auberge gastronomique, chacun jouant son propre film, et aucun celui de Chabrol, pour un résultat qui fit s'esclaffer Gotlib lui-même - qui rendit hommage à Chabrol dans deux planches mémorables de la rubrique à brac. A côté de cette décade, le Fahrenheit de Truffaut serait presque plus janséniste qu'un Bresson.
Alors côté Hitch revisité par un frenchi, Chabrol semble y échapper, et mieux que Truffaut.
Je trouve pas: je trouve le côté "imitation de Hitchock" bien plus saillant chez Chabrol, tournant à vide, et pour une richesse thématique moindre (toujours le même genre de dilemme, qui sembla le passionner: conjugal, extra-conjugal? rhzz).
Chez Truffaut, y a toujours un jeu réflexif de va-et-vient, un sous-texte, un "hors-champ" dans le champ, disons donc un champ plus "large" (y compris littéraire), qui nous emmène ailleurs, et plus loin.
- Spoiler:
- (Addendum facultatif, parce qu'ennuyeux, téléphoné, sans surprise, hors-sujet, et ne souhaitant pas le détourner - pour ne pas attrister Adeline (il ne faut pas abuser du "hors-sujet", elle a raison): donc glj, si tu souhaites répliquer, je te propose d'ouvrir un nouveau topic, "Truffaut/Chabrol"-genre. On peut aussi techniquement déplacer cette partie de post dans ce nouveau topic.)
Causons un peu Chabrol. Sans grande passion, en ce qui me concerne...
Parlons "ramassis de clichés", puisque tu m'y invites: L'enfer, qui n'est pas kitsch, mais un concentré de clichetons formels sur la jalousie. Toute cette mise en scène d'hallucinations subjectives, on a vu ça 300.000 fois, et pour une substance psychologique réduite ici à des lieux éculés de roman-photo.
Je comprends que tu trouves ça formidable, quand je me souviens de ce que tu racontais à propos de l'Anguille de Imamura. Ce sont à peu près les mêmes procédés, d'une lourdeur mais d'une lourdeur, dont Imamura a au moins la délicatesse de ne pas abuser plus des cinq premières minutes (après, il nous raconte une fable "foisonnnante"). Chabrol, couillu, nous en larde un long-métrage, de ses plans halluciné-qu'on-sait-pas-si-c'est-vrai-ou-si-c'est-dans-la-tête-du-malheureux".
Le Imamura, donc, tu trouvais ça "foisonnant", par contre, et dans le bon sens. Y a le mauvais "foisonnement" et le "bon foisonnement", comme la bonne "hybridité" et la mauvaise "hybridité". Imamura mélangeait tous les genres, de la farce de guignol à l'allégorie métaphysique, avec un bonheur pas possible. Et dans le même film, en plus.
Le nombre de kitscheries imbitables chez Chabrol, passons, on y passerait la nuit: Marie-Chantal, Landru, Le tigre, etc, etc. Bien sûr, c'était du "second degré", pour qui en douterait (enfin, pas Landru. ça se prétendait sérieux, Landru. Non?). Mais même au troisième degré, plus personne peut regarder ça, sauf à titre de curiosité sociologique. Pour voir comment on portait des robes psychédeliques-moches, ou comment on confectionnait de faux-crânes de chauve en plasticine louée à la Samaritaine.
Mais quand-même. Citons un film réputé un "Grand Chabrol":
Que la bête meure:
Allez. Un sacré ramassis de poncifs sur la bourgeoisie de province: l'écrivain raffiné (Duchaussoy), opposé à un propriétaire terrien, vulgaire et suintant (Yanne), beauf paradigmatique et accessoirement chauffard assassin de son fils. Comme de juste, cet homme élégant et ganté (et qui roule dans une belle décapotable blanche à capote si je me souviens bien), apporte dans cette famille, sous la coupe de ce patriarche gueulard et vulgos-du peuple-parvenu, à la mère et au fils qui s'étiolent, brimés par cette brute pré-hominiennne épuisante et velue, les délices du raffinement de la culture, les nourritures spirituelles auxquelles elles aspirent tant. ça se termine sur un choral de Bach...
C'est la lutte des classes selon Chabrol (du moins à cette époque. Après il se piquera un peu de "marxisme"... De toute façon, Chabrol, idéologiquement, ce fut une girouette de compétition, qui bouffait à toutes les gamelles. D'aucuns ont appelé ça un "scepticisme sans concessions", ou une "lucidité acerbe"): y a des hommes élégants en décapotable, qui causent bien, qui aiment la grande culture, et des grosse brutes gueulardes qui écrasent leur progéniture, et piétinent la leur, femme et enfant épris d'élégance et de haute culture.
A la fin, la bête meure, c'est dit dans l'évangile.
D'un surfait, mais d'un surfait... J'ai jamais compris qu'on cite toujours ce film comme un "grand film". Et d'une substance émotionnelle rikiki (sauf la pulsion de vengeance, et la victoire du Pur sur le Souillé, ça, ça marche toujours).
Ici, bon, on a un divertissement cathartique des familles sous Léon Zitrone, du genre "le vieux fusil"...
L'Ivresse du pouvoir: soyons sérieux, allons, encore un bouquet de poncifs sous formol, et ça dépasse pas le niveau d'une dramatique télé de Josée Dayan. Comme discours sur le pouvoir, la corruption, tout le tintouin, c'est du niveau de Yves Boisset quand il est pas inspiré.
Et tous ces derniers Chabrol que révère une petite coterie de snobs: c'est d'une nullité, mais d'une nullité... insondable.
Bien synthétisé par "la fille coupée en deux". Chabrol, qui visiblement sucre les fraises, radote, ressert sa vieille sauce toute pleine de grumeaux et de moisissures. Toujours à enfoncer le même clou depuis 25 ans, comme s'il avait été congelé avec Hibernatus.
Et toujours cette même vision strictement limitée à un biotope de cartes postales, un morne jeu de massacre téléphoné, laborieux, un vieux cinéma gâtique de grand-papa pantouflard; une vision anachronique "télédramesque" de la petite bourgeoisie de province, toujours les mêmes turpitudes téléphonées de notables, rhzzz; de gros poncifs sur la télévision, absolument à la ramasse, dignes d'un Dossiers de l'écran 20 ans plus tôt; des dialogues d'une bêtise à tomber par terre, une intrigue cousue de fils blancs directement avec les orteils, une prestation d'acteurs tous plus à côté de la plaque les uns que les autres. Magimel en culotte carrelée bouffante, dans une imitation de Roland Magdane version Fassbinder. Les mots sont impuissants... Berléand: 3000 plans sur ses avant-bras blanc-dinde et tout flasques, au réveil... La purge.
Que reste-t-il de Chabrol.
Pour moi quelques bons films, qui sortent un peu la tête hors de ce marécage où se sont embourbées croûtes sur croûtes...
Les premiers. Qui ont sacrément vieilli.
Le boucher, un peu...
Mais c'est peu ou prou l'annonce thématique de Que la bête meure. Un quasimodo de l'étal s'éprend d'une beauté bourgeoise sublimée, qui représente tout un monde de délicatesse et de distinction hors de sa portée. Elle refusera ses avances, bien mal lui en prendra, car en la bête sommeille un sombre assassin torturé.
Dans Que la bête meure, la même déclinaison de rustaud ne se donnera même plus la peine de nourrir de beaux sentiments torturés: ayant accédé aux richesses foncières, il écrasera d'un mépris vengeur les membres de cette bourgeoisie raffinée qu'il tient sous sa coupe par son pognon, et c'est un raffiné de leur classe qui viendra terrasser la bête.
La Femme infidèle, un peu... Quoique, avec le recul, c'est tellement bateau aussi, ce traitement (la musique atonale qui fait "plongée dans une zone trouble de l'inconscient"), le rapport entre le mari bourgeois et sa femme bourgeoise, leur complicité secrète... C'est du niveau des futurs drames d'intérieur se jouant dans les jardinets de l'arrière banlieue "petite-bourgeoise" des Derrick.
Les Noces rouges, un peu... Plus ou moins même topo. Le "bourgeois français de province à l'ère pompidolienne", avec ses turpitudes cachées. Tout un monde de perversité qui flanque les chocottes et donne à méditer sur la noirceur de l'âme humaine, ouida.
Une partie de plaisir? Ce "psychodrame en interne" avec son compère Gégauff: pitié, non.
Juste avant la nuit. Oui. Parce que Bouquet formidable. Sinon, le message sur la culpabilité sans rédemption, c'est un chouia lourdement insistant: à la 15è personne à qui il confesse son meurtre et qui s'en fout, on a compris, quand-même.
Alice ou la dernière fugue, tentative courageuse de semi-fantastique, bien kitsch là-encore... Se démarque un peu du lot (ne serait-ce que parce qu'on sort un peu, pour une fois, de l'éternelle thématique répétitive), mais faisant pâle figure à côté du Black Moon de Malle.
Betty, bien.
Violette Nozière, pas mal, mais j'ai tout oublié. Les fantômes du chapelier, bien. Les Lavardin, bons téléfilms (because Poiret épatant). La cérémonie, très bien... Quelques autres encore. Mais parler de Grands films, c'est exagéré à mon sens.
Pour moi, y a pas photo: la filmo de Truffaut est de loin plus dense, plus riche, plus unitaire, que le bric-à-brac chabrolien où il faut sans cesse jouer à saute-monton pour passer entre les nanars, les trucs qui ont mal vieilli, les trucs purement anecdotiques, les adaptations foirées (pauvre Patricia Highsmith), les hybrides téléfilms/métrages académiques-prestigieux (façon Madame Bovary. Pauvre Flaubert)
Aucun Chabrol, même bon, n'a pour moi la force des meilleurs Truffaut. Que ce soit dans l'écriture, dans la forme, incroyablement plus accomplies, ou que ce soit dans les thématiques, dans l'affect qui s'en dégage, incomparablement plus marquants.
Et donc oui, pour moi, Truffaut a signé de grands films, Chabrol aucun.
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
il faut reconnaître à Chabrol le fait de n'avoir cherché à se rendre sympathique, Truffaut si ...
Je suis d'accord avec Jerzy et je donne quasiment tout Chabrol - sauf peut-être La Cérémonie pour Nous ne vieillirons pas ensemble de Pialat, ou Les 400 coups de Truffaut.
Je suis d'accord avec Jerzy et je donne quasiment tout Chabrol - sauf peut-être La Cérémonie pour Nous ne vieillirons pas ensemble de Pialat, ou Les 400 coups de Truffaut.
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
pas du tout d'accord sur la forme des films chabrolien qui s'ils empruntent beaucoup à hitch et à lang il est vrai, ont justement de par le fait une vrai unité ( je ne parle pas evidements des blagues comme la decade ). Bon après sur le fait que ce soit intéressant ou pas c'est une autre histoire, tu penses que non, moi ca m'interesse de mon côté.
Pour ce qui est de ll'hybridation formelle chez Truffaut, je trouve en fait que chaque film a un style différent et aborde un genre cinématographique différent, elle est là l'hybridation, chaque film demant l'autre stylistiquement. Bien sur Truffaut a des thematiques personnelles mais pour ce qui est des genres et de la forme pour les adapter, on dirait que celui-ci prend un malain plaisir à brouiller les pistes d'un film à l'autre pour eviter qu'on le saisisse. C'est une fuite en avant semi-inconsciente et un des traits de caractère predominant de son cinéma. Pour ce qui est de la musique certes la melancolie est là mais le lyrisme aussi, truffaut en parle dans une interview qu'il faudrait que je retrouve à propos de la chambre verte !
Pour ce qui est de ll'hybridation formelle chez Truffaut, je trouve en fait que chaque film a un style différent et aborde un genre cinématographique différent, elle est là l'hybridation, chaque film demant l'autre stylistiquement. Bien sur Truffaut a des thematiques personnelles mais pour ce qui est des genres et de la forme pour les adapter, on dirait que celui-ci prend un malain plaisir à brouiller les pistes d'un film à l'autre pour eviter qu'on le saisisse. C'est une fuite en avant semi-inconsciente et un des traits de caractère predominant de son cinéma. Pour ce qui est de la musique certes la melancolie est là mais le lyrisme aussi, truffaut en parle dans une interview qu'il faudrait que je retrouve à propos de la chambre verte !
Dernière édition par glj le Dim 18 Nov 2012 - 8:54, édité 1 fois
glj- Messages : 518
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
Je ne suis pas un grand spécialiste de Truffaut; de lui, j'ai vu assez peu de films; mais si quelques chose se dégage de ce que j'ai vu et senti, c'est comme on dit un affect de deuil (une mélancolie, comme dit Jerzy, qui se marque, comme il dit encore, dans la voix de Truffaut, voix atone, sans tonalité; c'est une voix qui ne chante pas, qui ne peut pas chanter, sans lyrisme donc, mais en désir de lyrisme, d'expansion, d'expression, d'espace, d'ouverture ).
Son cinéma, ou ses personnages, vivent une perte, et sont travaillés par cette perte; c'est dans "l'enfant sauvage" (vu enfant, et qui m'a énormément marqué) que cela se sent le plus évidemment, le plus tragiquement, et je dirai même le plus mythiquement; de manière originaire.
L'enfant sauvage, c'est d'abord un enfant abandonné, qu'on a voulu tuer, pour on ne sait quelle raison, et cette absence de raison, cette coupure de l'origine, du pourquoi, est sans doute l'élément le plus fort, le plus déchirant du film, ou plutôt le fait que l'on soit coupé, comme les personnages, comme l'enfant, de cette raison, de cette origine (On pense bien entendu à Oedipe, lui aussi abandonné à la mort, mais dans le film, y a aucun travail sur le souvenir, le refoulé, la mémoire; on est dans un espace théorique, si on veut, une épistémè ou quelque chose de tel que la psychanalyse n'est pas possible; la question en retour n'est jamais posée par l'éducateur)
La dimension d'un inconscient, d'un refoulement, d'un oubli originaire n'est jamais abordé par l'éducateur, tout entier tourné vers le futur, la culture, la formation, et les formes de la civilité.
La question du gosse, du film, inconsciente, est : "pourquoi, je n'ai pas été voulu, désiré, par mes parents, par Dieu, par qui vous voulez". Le gosse (et nous avec lui, car il s'agit pas d'une banale histoire personnelle) ne peut que se sentir un accident, un survivant, une vie injustifiée (le cinéma de truffaut, c'est un peu une volonté de répondre par la création à cette absence de fondement, de créateur; devenir le fils de ses oeuvres, se recréer par l'oeuvre; humanisme tragique, car on ne peut pas suppléer aussi simplement le manque originaire ).
Truffaut cherche le père dit-on; oui, et non; car le père ne peut rien là où manque la nature (la mère, si on veut). Le dernier plan si je me souviens c 'est un regard de défi de Victor à son éducateur, qui ne lui promet rien de plus que de travailler encore, la formation, de s'éloigner toujours plus de la nature, de la nier.
Truffaut est très proche de Malick. On comprend beaucoup mieux "le nouveau monde" (et certaines choses de TOL) quand on le met en relation avec "l'enfant sauvage" : bien des plans semblent des citations.
True-faux : la vérité (la nature, la mère, la femme) et perdue, ne reste que le faux (la culture, le cinéma, le père); seul le faux peut nous rendre cette nature (le grand absent du film, de l'enfant sauvage, c'est bien entendu Rousseau; son impensé)
True-faut : faut le vérité.
"la forêt, la bonne forêt originaire, puis soudain les cataclysmes (...) enfants dépendus de leur mère, mère dépendu de l'arbre... " : fin de l'unité originaire dont nous sommes le souvenir.
(l'écorce et le noyau, 338)
Son cinéma, ou ses personnages, vivent une perte, et sont travaillés par cette perte; c'est dans "l'enfant sauvage" (vu enfant, et qui m'a énormément marqué) que cela se sent le plus évidemment, le plus tragiquement, et je dirai même le plus mythiquement; de manière originaire.
L'enfant sauvage, c'est d'abord un enfant abandonné, qu'on a voulu tuer, pour on ne sait quelle raison, et cette absence de raison, cette coupure de l'origine, du pourquoi, est sans doute l'élément le plus fort, le plus déchirant du film, ou plutôt le fait que l'on soit coupé, comme les personnages, comme l'enfant, de cette raison, de cette origine (On pense bien entendu à Oedipe, lui aussi abandonné à la mort, mais dans le film, y a aucun travail sur le souvenir, le refoulé, la mémoire; on est dans un espace théorique, si on veut, une épistémè ou quelque chose de tel que la psychanalyse n'est pas possible; la question en retour n'est jamais posée par l'éducateur)
La dimension d'un inconscient, d'un refoulement, d'un oubli originaire n'est jamais abordé par l'éducateur, tout entier tourné vers le futur, la culture, la formation, et les formes de la civilité.
La question du gosse, du film, inconsciente, est : "pourquoi, je n'ai pas été voulu, désiré, par mes parents, par Dieu, par qui vous voulez". Le gosse (et nous avec lui, car il s'agit pas d'une banale histoire personnelle) ne peut que se sentir un accident, un survivant, une vie injustifiée (le cinéma de truffaut, c'est un peu une volonté de répondre par la création à cette absence de fondement, de créateur; devenir le fils de ses oeuvres, se recréer par l'oeuvre; humanisme tragique, car on ne peut pas suppléer aussi simplement le manque originaire ).
Truffaut cherche le père dit-on; oui, et non; car le père ne peut rien là où manque la nature (la mère, si on veut). Le dernier plan si je me souviens c 'est un regard de défi de Victor à son éducateur, qui ne lui promet rien de plus que de travailler encore, la formation, de s'éloigner toujours plus de la nature, de la nier.
Truffaut est très proche de Malick. On comprend beaucoup mieux "le nouveau monde" (et certaines choses de TOL) quand on le met en relation avec "l'enfant sauvage" : bien des plans semblent des citations.
True-faux : la vérité (la nature, la mère, la femme) et perdue, ne reste que le faux (la culture, le cinéma, le père); seul le faux peut nous rendre cette nature (le grand absent du film, de l'enfant sauvage, c'est bien entendu Rousseau; son impensé)
True-faut : faut le vérité.
"la forêt, la bonne forêt originaire, puis soudain les cataclysmes (...) enfants dépendus de leur mère, mère dépendu de l'arbre... " : fin de l'unité originaire dont nous sommes le souvenir.
(l'écorce et le noyau, 338)
Borges- Messages : 6044
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
Victor n'est pas très différent des paysans du début qui bougonnent et maugréent, c'est le film des mots et des choses. c'est aussi le film des premières fois, pour Victor tout est une première fois : voir apparaître son visage sous le débarbouillage est très émouvant. C'est déjà commencer à le faire passer - comme les paysans - de l'état de nature à l'enveloppement par la culture. ce qui est beau dans ce film est que jamais au fond Truffaut/Itard ne prend position. Sa voix neutre le souligne. Almendros, toujours à propos de cette idée de film des premières fois, dit qu'il s'agit d'un hommage à l'image des films muets ( Victor l'est ).
L'association de l'eau à Victor qui trouve sa première expression tranquille, sans parti pris dans ce plan du début qui découpe Pinel et Itard de part et d'autre du montant central de la fenêtre dans deux carreaux ruisselant de pluie tandis qu'à l'extérieur Victor assis près du bassin jouit visiblement de la pluie, et le champ/contrechanp qui s'ensuit est pour moi symbolique de l'économie du film où les membranes de verre, vitre ou glaces tiennent un rôle non négligeable.
Dans Hitchcock/Truffaut à propos du Faux coupable Truffaut dit comment s'être inspirée de cette esthétique à l'opposé du documentaire par un travail de stylisation des personnages.
L'association de l'eau à Victor qui trouve sa première expression tranquille, sans parti pris dans ce plan du début qui découpe Pinel et Itard de part et d'autre du montant central de la fenêtre dans deux carreaux ruisselant de pluie tandis qu'à l'extérieur Victor assis près du bassin jouit visiblement de la pluie, et le champ/contrechanp qui s'ensuit est pour moi symbolique de l'économie du film où les membranes de verre, vitre ou glaces tiennent un rôle non négligeable.
Dans Hitchcock/Truffaut à propos du Faux coupable Truffaut dit comment s'être inspirée de cette esthétique à l'opposé du documentaire par un travail de stylisation des personnages.
Invité- Invité
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
salut borges,
oui c'est par là que je voulais aller lorsque je disais qu'il y avait une fuite en avant inconsciente chez true-faux...
le cinéma de truffaut, c'est un peu une volonté de répondre par la création à cette absence de fondement, de créateur; devenir le fils de ses oeuvres, se recréer par l'oeuvre;
oui c'est par là que je voulais aller lorsque je disais qu'il y avait une fuite en avant inconsciente chez true-faux...
glj- Messages : 518
Re: L'enfant sauvage (François Truffaut - 1970)
quant à moi je pense qu'il s'agit d'une erreur d'interprétation, d'un lieu commun qu'on pourrait tout aussi bien attribuer à Godard ou tartempion. Il en avait bien de pères déjà avec Bazin et Hitchcock.
Invité- Invité
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