Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

Habemus Papam ... en passant

+2
Borges
Largo
6 participants

Page 6 sur 10 Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10  Suivant

Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Eyquem Dim 2 Oct 2011 - 0:52

Stéphane Pichelin a écrit:Borges, je continue à penser que tu fais un contre-sens, mais rudement intéressant.
tout le cinéma de NM se situe dans l’espace de la conscience malheureuse , dans l’expérience de l’écart entre l’être et l’idéal
non, pas tout.

En attendant, quand le psy demande si le favori à 3 contre 1 n'est pas déçu de n'avoir pas été élu, un cardinal intervient et dit :
- Nous ne sommes jamais déçus.
- Quelle chance !

Le film cite longuement deux scènes de La Mouette qui tournent autour de ça, d'une déception fondamentale, du sentiment de la vie non-vécue, contrariée dans ses aspirations.
L'une des deux, c'est la scène 1, acte I, les tout premiers mots de la pièce :
MEDVEDENKO : Pourquoi êtes-vous toujours en noir ?
MACHA : Je porte le deuil de ma vie. Je suis malheureuse.
MEDVEDENKO : Pourquoi ? Je ne vous comprends pas. Vous avez une bonne santé, votre père sans être riche, est un homme aisé. Ma vie est bien plus dure que la vôtre. Je ne touche que 23 roubles par mois, sans parler de ce qu'on me retient pour la retraite, et pourtant, je ne porte pas le deuil.
MACHA : Il ne s'agit pas d'argent. On peut être pauvre et heureux.
C'est la scène qui se joue à la fin, au moment où le pape est retrouvé dans le théâtre.


Dans la scène de l'escalier, avec l'acteur fou, c'est le monologue d'un type qui se plaint d'avoir fait toute sa vie le contraire de ce qu'il voulait. Ca m'énerve, je ne retrouve pas le passage précis.











Eyquem
Eyquem

Messages : 3126

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Invité Dim 2 Oct 2011 - 5:40

ce plan séquence du fou est plûtot drôle, quoique complètement bouchée, sans horizon, un complet enfermement ( mais pourquoi ce fou et ce pape ? ) justement car sans aucun temps mort il enchaîne tous les rôles comme un démiurge. il sait comme les autres comédiens où cela va le mener et chacun semble lui faire la fête vers le samu.
nous, ne savions pas : moretti s'amuse, ironise, sur l'homme qui veut échapper à sa condition ( dont parlait borges ).

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Largo Dim 2 Oct 2011 - 11:14

Eyquem a écrit:
Dans la scène de l'escalier, avec l'acteur fou, c'est le monologue d'un type qui se plaint d'avoir fait toute sa vie le contraire de ce qu'il voulait. Ca m'énerve, je ne retrouve pas le passage précis.


Je crois que tu penses à ça :


acte IV :

« Moi, j'ai un sujet de nouvelle à donner à Kostia. Cela devra s'appeler « L'homme qui a voulu ». Dans ma jeunesse, j'ai voulu devenir littérateur et je ne le suis pas devenu ; j'ai voulu être éloquent, et je parle d'une façon répugnante (...), j'ai voulu me marier et je ne me suis pas marié ; j'ai voulu toujours vivre en ville et puis je finis ma vie à la campagne, et voilà tout. »

(j'avais cité en p1)
Largo
Largo

Messages : 3181

http://www.raphaelclairefond.com/

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Eyquem Dim 2 Oct 2011 - 13:53

ah, merci Largo. Very Happy

Je suis en train de lire la pièce. Ca éclaire le film, je trouve, et ça va dans le sens de ce que disait Borges.

C'est une pièce hantée par le ratage, par la peur du jugement des autres, par la mort c'est-à-dire, le moment de l'addition, le moment où les autres vont faire les comptes et tracer sous votre nom un trait avec une formule dans quoi tout votre destin se résumera : 'Il aura été ceci, cela".

La mère, actrice, ne supporte pas qu'on parle d'une autre actrice, a peur de vieillir ; le jeune écrivain croyait révolutionner la littérature et il a peur de n'avoir écrit que des clichés ; l'écrivain à succès, Trigorine, se dit à chaque livre qu'il est nul, que ce sera jamais aussi bien que ceux de Tolstoï :

TRIGORINE : Ainsi, jusqu'à la fin de mes jours, tout ce que je ferai sera gentil et plein de talent, mais sans plus. Après ma mort, en passant devant ma tombe, mes amis diront : "Ci-gît Trigorine. C'était un bon écrivain mais il écrivait moins bien que Tourgueniev" (acte II)
On pourrait mettre ses mots dans le bouche du pape : "Je serai peut-être un bon pape, mais ce sera jamais aussi bien que je le désire, que je l'ambitionne, ce sera même pas aussi bien que Jean Paul II peut-être"- si on suit la piste proposée par le psy, selon laquelle le pape fait preuve, tout à la fois, d'une humilité exemplaire et d'un orgueil démesuré ; s'il refuse d'être pape, c'est parce qu'il n'a pas la certitude qu'il sera le meilleur pape.

(il y a ainsi une sorte de partage des tâches entre le psy et le pape, ou un effet de miroir, comme le suggère la scène d'analyse où ils sont face à face, le pape de l'Eglise, et le pape de la psychanalyse. Ce sont tous les deux les meilleurs, le psy parce qu'on le dit, le pape parce qu'il a été élu. Ils veulent être les meilleurs et comme tels, ils sont vaniteux, parce qu'ils s'estiment dignes de l'idéal le plus haut, et humbles parce qu'ils peuvent ne pas être à la hauteur de cet idéal ; mais au psy il revient d'exprimer l'orgueil, la vanité ; et au pape d'exprimer l'humilité, jusqu'au désir de disparaître.)

Lors de la première scène avec la femme du psy, celle-ci lui demande si sa solitude lui a pesé. Il répond quelque chose comme : "Je ne sais pas. C'est ma vie. C'est arrivé, c'est tout."
Et c'est seulement lors de la deuxième rencontre qu'il dit : "Vous aviez raison, j'ai toujours été mal". Et il évoque ses déceptions, sa déprime de ne plus y arriver, sa peur au moment du bilan ("J'ai fait le bien parfois") et que ce bilan soit jugé insuffisant.

C'est comme s'il avait été déjà mort jusque là et qu'il redevenait vivant. D'abord, il dit "C'est ma vie" comme si elle était finie, qu'elle lui était indifférente, qu'il était déjà dans l'au-delà, là où il n'y a plus ni attente, ni déception, ni jugement ("nous ne sommes jamais déçus" disent les cardinaux).
Et c'est ensuite qu'il revient à la vie, c'est-à-dire à la frustration, à l'angoisse : "ai-je bien vécu ? le bien que j'ai fait a-t-il été suffisant ? Est-ce qu'il n'y avait rien de plus à faire, à espérer, à attendre, en ce monde-ci, que ce que j'ai fait, espéré, attendu ?"

La scène avec le réceptionniste à l'hôtel peut avoir ce sens. Il dit au pape : "le pape est mort" et en un sens, c'est vrai : le pape est mort, et l'homme est vivant devant lui.


La séquence d'ouverture prend aussi un autre sens : le film commence par la mort, et il raconte un retour à la vie, comme retour aux désirs et aux déceptions.


La scène que tu rappelles dit ça : pour la compréhension, Sorine est un vieux conseiller d'Etat, Dorn est médecin :
SORINE : Je vais proposer à Kostia un sujet de nouvelle : "L'homme qui voulait". Dans ma jeunesse, je voulais devenir écrivain, et je ne le suis pas devenu ; je voulais être éloquent, et j'ai toujours parlé très mal (il s'imite) "Et voilà tout... et ainsi de suite... comment dire..." Il m'arrivait de suer sang et eau avant de pondre une conclusion. Je voulais me marier et je ne me suis pas marié. Je voulais toujours habiter la ville et je finis mes jours à la campagne. Et voilà tout.
DORN : Je voulais devenir conseiller d'Etat, et je le suis devenu.
SORINE (en riant) Ca je ne l'ai pas cherché. C'est arrivé tout seul.
DORN : Se plaindre de la vie à 62 ans ! Avouez que ce n'est pas généreux !
SORINE : Que vous êtes entêté ! Comprenez donc, je voudrais vivre.
DORN : C'est de la légèreté d'esprit. D'après les lois de la nature, toute vie doit avoir une fin.
SORINE : Raisonnement d'homme blasé. Vous êtes rassasié, alors la vie vous laisse indifférent, tout vous est égal. Pourtant, vous aussi, vous aurez peur de mourir.
DORN : La crainte de la mort est une crainte animale. Il faut la surmonter. N'ont une peur consciente de la mort que ceux qui croient à la vie éternelle et que leurs péchés terrorisent. Mais vous premièrement vous ne croyez pas, et deuxièmement quels péchés avez-vous commis ? Vous avez servi dans la magistrature pendant 25 ans, voilà tout.
SORINE (en riant) Pendant 28 ans...

Eyquem
Eyquem

Messages : 3126

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Eyquem Dim 2 Oct 2011 - 14:54

Borges a écrit:

vers quoi, vers qui se tourner ? à entendre dans le sens de la détresse ; c'est un peu la question, je crois ; il y a quelque chose du personnage de BK dans le film "Film" de Beckett chez ce pape, je trouve, mais de manière déchirée, c'est pas un mec qui fuit le percipi, de manière absolue ; il le cherche et le fuit en même temps ; il veut monter sur scène, jouer, ce qu'on lui refuse, et refuse d'apparaître sur une autre scène ; au fond, s'il avait pas fallu se montrer, se rendre visible, aller au balcon, parler, saluer la foule, devenir le spectacle de tant de spectateurs, il aurait peut-être accepté d'être pape... il fuit, veut disparaître, devenir spectateur, en un sens, mais on le suit, poursuit, pour en faire un spectacle ; la scène dans le théâtre, c'est bien ça...


vers quoi, vers qui se tourner, c'est la question du pape... et des tournesols (de malick, de VG)
C'est une autre synthèse disjonctive : être acteur et spectateur, en même temps.
La scène finale, au théâtre, reproduit la scène du conclave au début : Melville est présent, il regarde, passif, et on le jette en pleine lumière, contre son gré.

On ne peut pas être un simple spectateur en ce monde, en cette vie.

Stéphane, tu avais raison : on voit effectivement Melville dès les premiers plans du film, mais il est toujours derrière, au second rang, on ne le voit pas ; simple figurant, dirait-on ; ou même simple spectateur de l'élection (il ne fait pas partie des favoris).


vers quoi, vers qui se tourner, c'est la question du pape... et des tournesols
C'est la question du pape, mais c'est aussi une question de cinéma : de champ/contrechamp.
Les synthèses disjontives dont vous parliez se déclinent ainsi en une série de champs/contrechamps paradoxaux, impossibles : comment être acteur et spectateur, vu et voyant, dans le champ et le contrechamp ?
Le contrechamp du balcon vide par exemple, c'est le moment où Melville erre sur la place et se tourne vers le balcon au milieu des autres fidèles.


Ce champ/contrechamp impossible à tenir (voir la place depuis le balcon, en tant que pape ; voir le balcon depuis la place, en tant qu'homme), est-ce que ce n'est pas figurer, le plus littéralement possible, le sens de exister ?
- si "exister", c'est sortir, être au monde
- sortir de cette quasi-mort que représente le Vatican où rien ne déçoit jamais, rien n'arrive jamais, où les cardinaux attendent, indifférents, de quitter ce monde qui n'est pas vraiment leur monde, qui est pour eux un monde faux, illusoire
- si exister c'est ne pas pouvoir être seulement un sujet-spectateur, qui regarde, considère, qui se tient isolé, séparé des choses, mais être chaque fois jeté au milieu des choses, sans repos, et sans pouvoir jamais coïncider avec soi-même.

Ce passage de Sartre, qui peut éclairer des images du film :
Être, c'est s'éclater dans le monde, c'est partir d'un néant de monde, et de conscience pour soudain s'éclater conscience-dans-le-monde. Que la conscience essaie de se reprendre; de coïncider enfin avec elle-même, tout au chaud, volets clos, elle s'anéantit.
J'ai pensé ici à l'ombre du pape, que le garde suisse projette sur les rideaux.
Puisque finalement tout est dehors, tout, jusqu'à nous-mêmes : dehors, dans le monde parmi les autres. Ce n'est pas dans je ne sais quelle retraite que nous nous découvrirons : c'est sur la route, dans la ville, au milieu de la foule, chose parmi les choses, homme parmi les hommes.
Ici, c'est presque une description du pape parmi la foule romaine.

Le point qui change tout, c'est la différence de ton, de tonalité : chez Sartre, on sent l'élan, l'enthousiasme, d'avoir à être ; chez Moretti, c'est la fatigue d'avoir encore à être en vie, à exister ; c'est l'existence comme fardeau.

Eyquem
Eyquem

Messages : 3126

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Eyquem Dim 2 Oct 2011 - 17:06

La séquence d'ouverture prend aussi un autre sens : le film commence par la mort, et il raconte un retour à la vie, comme retour aux désirs et aux déceptions.
Suivant cette idée, on pourra dire aussi que la sortie du pape, et l'intrusion du psy, c'est ce qui va ranimer les cardinaux, en faire des hommes vivants.

La tâche du psy, c'est de faire sortir les cardinaux de leur chambre. Ils sont comme morts, isolés les uns des autres, à faire des réussites, des puzzles, à s'abrutir à coups de somnifères et d'anxyolitiques.
(il y a quelque chose d'ironique ici : on imagine qu'un cardinal se détache du monde, des désirs et des déceptions de cette vie, parce qu'il a connu que l'homme était misérable, et que son seul monde, le vrai monde auquel il appartient, n'est pas celui-ci, mais le monde divin, qui l'attend après la mort.
Mais le film suggère que les vérités de la religion n'ont pas assez de force par elles-mêmes pour endormir l'homme dans le cardinal, et le tenir résolument et uniquement tourné vers Dieu : il y faut l'adjonction d'une pharmacie redoutable, de quoi assommer un cheval, et c'est seulement appuyé sur cette béquille chimique qu'un cardinal pourra dire dévotement : "Nous ne sommes jamais déçus, nous avons renoncé aux vanités de ce monde, nous ne connaissons plus de désir ni de déception en ce monde-ci, par soumission à Dieu". En vérité, je vous le dis, c'est un polythéisme du tranquillisant. Lexomil et Xanax sont leurs vrais dieux !)

La cruauté avec laquelle le psy traite les vieux cardinaux a quelque chose de vivifiant : il s'agit de les faire sortir de leur retraite, de leur isolement, de les faire revenir au monde, en les vexant par exemple, en leur inoculant le goût du jeu, de la victoire sportive : bref, réintroduire du désir et de la déception.
Si le sport est bien "une passion de l'égalité" (comme dit l'extrait cité par Borges), alors le tournoi de volley a pour fonction de refonder l'égalité qui régne parmi eux : de telle sorte que ce ne soit plus une égalité établie sur le renoncement au monde, mais une égalité conquise en embrassant ce monde-ci.


Bref, un anti-Pascal : il ne faut pas se tenir en repos dans sa chambre ; le divertissement, c'est ce qui fait que les hommes sont hommes.
Eyquem
Eyquem

Messages : 3126

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Borges Dim 2 Oct 2011 - 19:09

hello eyquem;

" le meilleur pape." c'est la formule, "le premier et le dernier" qui dit quel serait le meilleur pape : jésus, le fils de dieu traité comme le dernier des hommes....l'impossible qui réduit à l'impuissance Melville; mais c'est aussi l'idéal communiste... nécessairement trahi, puisqu'il y a un parti, des cadres...puisqu'on se détache nécessairement du "peuple", pour le diriger (je ne veux pas diriger, dit melville) : le modèle de la communauté idéale, c'est l'enfant et sa mère, ou le jeux, avant la compétition;au départ du 100 mètres, nous sommes tous égaux, à la fin... la démocratie a pris fin; la compétition recrée entre les joueurs de l'inégalité, en fixant les rangs...(dans palombella, la compétition est liée au père; il y a une scène où le personnage joué par NM, enfant, est au bord de la piscine; il ne veut pas plonger dans le grand bain : il regarde un gosse dans l'eau, que son père pousse à aller plus vite; dégoûté, il pense à sa mère, "c'est pas elle qui se conduirait comme ce père"...

(on peut penser au dernier malick; le père-la mère; jésus en ce sens en dieu avait un drôle de père, un père qui lui demandait de n'être pas tout ce qu'il pouvait être...de ne pas battre les autres, mais de se laisser battre... )

-oui, mais il faut aussi noter que les cardinaux redeviennent des enfants; c'est évangélique.

Stéphane, tu avais raison : on voit effectivement Melville dès les premiers plans du film, mais il est toujours derrière, au second rang, on ne le voit pas ; simple figurant, dirait-on ; ou même simple spectateur de l'élection (il ne fait pas partie des favoris).

-oui, c'est un figurant; ce qui est intéressant, c'est que la scène de l'élection est tournée comme une scène de classe, comme un examen...les cardinaux ont l'air d'élèves, d'étudiants qui planchent sur un sujet ou l'autre, c'est pas marrant; melville est là, avec eux; c'est un figurant, ou un mauvais élève, un type qui au fond n'a pas à briller en classe, ni rien (90 contre 1); il n'existe pas... dans la classe; sans ambition; on n'attend rien de lui; tout son bonheur est là; et on va lui jouer un sale tour, on va l'envoyer au tableau résoudre un problème auquel il connaît rien...l'élection est un sacrifice; le pape est un bouc émissaire; là, j'en ai déjà parlé; jésus est sacrifié... y a un texte de baudrillard qui plaint un peu les politiques; au départ c'est génial, ça semble génial, d'être élu, mais ils finissent toujours plus ou moins par se charger (être chargé) de toute la saleté du monde, des affaires...(comme les fameux rois sacrés; en grèce il y avait deux formes de pharmakon, celui du bas, celui du haut)


-tous les contrechamps du pape disent une chose, je préfère regarder qu'être vu...(regarder la télé, sur la place, au théâtre...)


-pas trop d'accord avec les rapprochements avec sartre






Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Borges Dim 2 Oct 2011 - 19:13

Bref, un anti-Pascal : il ne faut pas se tenir en repos dans sa chambre ; le divertissement, c'est ce qui fait que les hommes sont hommes.

n'oublions pas que pascal dit aussi la nécessité du divertissement...et que NM, n'est pas si loin que ça de lui; il doit y avoir divertissement et divertissement, jouer au ballon, regarder la télé du caïman

Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Invité Dim 2 Oct 2011 - 19:23

"-tous les contrechamps du pape disent une chose, je préfère regarder qu'être vu...(regarder la télé, sur la place, au théâtre...)"


pas si simple Borgés, car quand la psychanalyste lui demande à quoi il occupe ses jours il répond : " je suis acteur ", un acteur poursuivi par le metteur en scène de son absence ( le secrétaire général du Vatican ), qui lui même
délègue à son otage, le vrai metteur en scène le soin d'occuper le reste de la troupe.

combien de niveaux ? je ne parviens pas à analyser cela.

en tout cas le début est anti naturaliste au possible, puis c'est une cavale policière, quasiment, puis du documentaire etc

là encore combien de niveaux ?

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Borges Dim 2 Oct 2011 - 19:40

-hello slimfast;

- oui, tout à fait d'accord; j'avais dit, plus haut, cette étrange contradiction : il ne veut pas jouer, tenir le rôle de pape, du pape, être vu comme pape, mais désire être sur la scène théâtrale, comme acteur... on le veut comme pape, enfin ceux qui peuvent en décider, et on ne le veut pas là où il désire être et ne pas être... car, tout se joue là...

-"je suis acteur", dit-il, mais après il dit avoir été acteur dans son désir, il a désiré être acteur, il n'a jamais joué, au mieux il a donné la réplique à sa soeur...(je peux donner la réplique... dit-il au metteur en scène, pour remplacer l'"acteur fou", qui a mangé trop de texte de T, de la mouette... là il faudrait tout de même dire quelque chose de la place du théâtre dans le cinéma de NM, depuis son premier film... )

-oui, le rôle du secrétaire du vatican est très important...

-si on examine le film du point de vue des genres, et des styles, il y a un côté film d'action, d'espionnage, assez évident...et drôle, le type super surveillé qui s'échappe, dans des circonstances très "clichées", se fait passer pour un autre...


Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Borges Dim 2 Oct 2011 - 19:43

En russe, le mot « tchaïka » (la mouette) contient le verbe « tchaïat’ », espérer vaguement. La mouette, c’est l’illusion, la déception, l’essor, la désillusion, le fait d’être tourné vers le futur et d’attendre l’irréel, ou de regarder vers le passé et d’attendre que ce passé découvre un espoir d’y voir une réconciliation possible.

vers où se tourner?

dans les entretiens, à propos de l'avenir politique de l'italien, NM dit "j'ai eu trop d'illusions, comme tous les gens de gauche, je ne veux plus être déçu..."
Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Invité Dim 2 Oct 2011 - 20:00

où se tourner est une bonne question : je ne me rappelle pas si au début on voit ou non Melville en amorce au balcon face à la foule avant sa "défaillance" ( en tout cas ce plan aurait pu exister
a la fin, c'est sur on le voit depuis la place et les fidèles médusés sur le départ, le dégout, offrir son dos a la foule et il n'y a pas d'ironie anti catho.

entre les deux , quoi ? la caméra est descendue dans la rue. il y a aussi des niveaux au sens strict, le haut, le bas.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Borges Dim 2 Oct 2011 - 20:03

comme on en parle dans le topic "l'apollonide", il faudrtait examiner le rapport au dehors, à la rue, comme valeur démocratique, dans les deux films...
le vatican, c'est aussi du passé, dans le présent...
Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Invité Dim 2 Oct 2011 - 20:17

tu es sans doute dans le vrai et c'est sans doute la raison pour laquelle la dernière scène m'a bouleversé. ça n'est pas un pape qui s"en va mais le dernier pape, c'est ainsi que je le perçois.
d'autant que la foule à la fin n'a pas plus d'épaisseur que celle des cardinaux du début.

alors qui s'en va derrière cette silhouette ? un vieil acteur, un pape, vers la mort.

la superposition des images, le monde qui vacille, qui s'ouvre qui change, je n'y vois évidemment rien de nostalgique mais une grande puissance emotionnelle.

moretti finit toujours par me toucher par la beauté des sentiments.

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Eyquem Dim 2 Oct 2011 - 20:29

slimfast a écrit:
quand la psychanalyste lui demande à quoi il occupe ses jours il répond : " je suis acteur ", un acteur poursuivi par le metteur en scène de son absence ( le secrétaire général du Vatican ), qui lui même
délègue à son otage, le vrai metteur en scène le soin d'occuper le reste de la troupe.
Borges a écrit:- oui, tout à fait d'accord; j'avais dit, plus haut, cette étrange contradiction : il ne veut pas jouer, tenir le rôle de pape, du pape, être vu comme pape, mais désire être sur la scène théâtrale, comme acteur... on le veut comme pape, enfin ceux qui peuvent en décider, et on ne le veut pas là où il désire être et ne pas être... car, tout se joue là...

-"je suis acteur", dit-il, mais après il dit avoir été acteur dans son désir, il a désiré être acteur, il n'a jamais joué, au mieux il a donné la réplique à sa soeur...(je peux donner la réplique... dit-il au metteur en scène, pour remplacer l'"acteur fou", qui a mangé trop de texte de T, de la mouette... là il faudrait tout de même dire quelque chose de la place du théâtre dans le cinéma de NM, depuis son premier film... )
Il se pose la même question à la troupe et au Vatican. Comment faire en l'absence de l'acteur, interné ? Comment faire sans le pape ?
Effectivement, comme tu le dis Slimfast, la situation crée alors une symétrie évidente entre le metteur en scène de la troupe (qui propose de donner la réplique) et le porte-parole (qui invente des paroles du pape, pour rassurer les cardinaux et faire croire que le pape est encore là).


L'acteur fou, on a le sentiment que c'est une version déchaînée de Piccoli : il est acteur mais il ne supporte pas qu'on lui donne la réplique (cf la scène dans l'escalier où il engueule Piccoli) ; il veut jouer tous les rôles ; il veut trop en faire ; être le texte, tous les personnages, la pièce à lui tout seul.
C'est peut-être ce que deviendrait Piccoli s'il acceptait d'être pape.


Eyquem
Eyquem

Messages : 3126

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Eyquem Dim 2 Oct 2011 - 21:22

Borges a écrit:
comme on en parle dans le topic "l'apollonide", il faudrtait examiner le rapport au dehors, à la rue, comme valeur démocratique, dans les deux films...
le vatican, c'est aussi du passé, dans le présent...
Bonello : "L'univers clos m'intéresse. Dès qu'il y a un monde clos, ça peut devenir un monde de fiction, c'est un monde pour le cinéma."
(entretien avec Laure Adler ; c'est elle qui cite Lévinas dont parlait Flavien ; elle se présente comme "philosophe, historienne, féministe", tout en trouvant le film passionnant, somptueux, et chaste ; son bouquin sur les maisons closes, c'est le premier qu'ait lu Bonello sur le sujet, dit-il)


Moretti : "Comme ce serait beau, un film qui ne serait fait que de façades de maisons". ("Journal intime")


MORETTI: "Anche quando vado nelle altre città, l'unica cosa che mi piace fare è guardare le case. Che bello sarebbe un film fatto solo di case, panoramiche su case. Garbatella, 1927. Villaggio Olimpico, 1960. Tufello, 1960. Vigne Nuove, 1987. Monteverde, 1939."
Eyquem
Eyquem

Messages : 3126

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Borges Lun 3 Oct 2011 - 7:49

Laure Adler, elle s'y connaît en prostitution...
Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Invité Lun 3 Oct 2011 - 15:21

l'acteur fou me semble plus proche du psychanalyste du film

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Invité Mar 4 Oct 2011 - 11:57

Borges a écrit:
depuis les débuts, son cinéma cherche le sens, des énoncés, de la vie, de la famille, en moraliste, satiriste... c’est-à-dire, essentiellement à travers une opposition de l’être au devoir-être ; ce qui est n’est pas ce qui devrait être ; il y a un écart, entre la vie et la vie vraie, absente ; entre ce que nous vivons et ce que nous devrions vivre si nous vivions vraiment, ou plutôt si nous vivions bien, pensions bien, parlions bien...
ça ne me parait pas tout à fait juste.
dans La Mouette, il y a une réplique de Treplev : "il faut montrer le monde non tel qu'il est, ni tel qu'il devrait être, mais tel qu'il apparait dans les rêves."
je l'ai déjà mentionnée, non ?
en fait, elle n'est pas dans le film. et je crois que ce n'est pas par hasard mais parce qu'aucune des alternatives qu'elle propose ne correspond au projet de Nanni. surtout pas la vie telle qu'elle devrait être. l' baigneur qui gifle la journaliste n'est pas plus Moretti que la journaliste elle-même. pas moins non plus. elle lui est un miroir et c'est lui qu'il gifle en même temps, les discours que lui-même peut tenir, qui font partie de son champ de discours. ce qui l'intéresse à filmer, c'est ce qui se passe entre ce discours et sa réaction et les autres discours du film. la vie est sa doublure, ce qui arrive dans les interstices, et qui n'est pas plus et pas moins la vie que ce qui se donne explicitement. pas une autre vie mais une vie autre et totale. la vie superposée qui n'est pas possible ni au sein du Vatican, ni à la télé, ni dans aucun organe de pouvoir qui demande la réduction de tous les homonymes et de toutes les ambiguïtés des discours.
le problème n'est pas celui d'une vraie vie qui serait absente contre une fausse vie que nous vivons. il n'y a pas de "contre", ni de vrai ni de faux.
dans ce sens, on peut dire que NM est moraliste.


Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Invité Mar 4 Oct 2011 - 12:00

Eyquem a écrit:
Ce passage de Sartre, qui peut éclairer des images du film :
Être, c'est s'éclater dans le monde, c'est partir d'un néant de monde, et de conscience pour soudain s'éclater conscience-dans-le-monde. Que la conscience essaie de se reprendre; de coïncider enfin avec elle-même, tout au chaud, volets clos, elle s'anéantit.
J'ai pensé ici à l'ombre du pape, que le garde suisse projette sur les rideaux.
Puisque finalement tout est dehors, tout, jusqu'à nous-mêmes : dehors, dans le monde parmi les autres. Ce n'est pas dans je ne sais quelle retraite que nous nous découvrirons : c'est sur la route, dans la ville, au milieu de la foule, chose parmi les choses, homme parmi les hommes.
Ici, c'est presque une description du pape parmi la foule romaine.

Le point qui change tout, c'est la différence de ton, de tonalité : chez Sartre, on sent l'élan, l'enthousiasme, d'avoir à être ; chez Moretti, c'est la fatigue d'avoir encore à être en vie, à exister ; c'est l'existence comme fardeau.
l'un a ri devant le film. l'autre a été ému. le troisième a pleuré. un autre encore a été stupéfié et catatonique. est-ce qu'on trouve une telle puissance d'affects dans les fictions de Sartre ? comment dire que Sartre est l'enthousiasme et NM la fatigue ? je ne comprends pas.


Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Invité Mar 4 Oct 2011 - 12:01

Moretti : "Comme ce serait beau, un film qui ne serait fait que de façades de maisons". ("Journal intime")
c'est ce qu'est ce pape : une façade. ne pas le lire selon un intérieur.


Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Invité Mar 4 Oct 2011 - 12:02

ou bien si, le lire aussi comme ça. sens et contre-sens : arpentage.


Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Borges Mar 4 Oct 2011 - 18:19

«Entre l’idée et la réalité, entre le mouvement et l’acte, l’ombre s’épaissit...»
(la messe est finie)

"Vous n'irez pas en enfer. L'enfer est désert"
(un cardinal au psy)

(j'avais pas pensé à cette réplique, pour mon approche du film depuis le "jugement dernier")


un penseur qui serait très important pour penser le sujet (au deux sens du mot) du film depuis une autre idée de l'élection, celle qui fait de tout homme un prophète, à qui il est impossible de fuir sa responsabilité pour l'autre : levinas...

"
Le sujet de la responsabilité (...) signifie l'impossibilité de se dérober et de se faire remplacer, dans laquelle se noue la récurrence même du je. Unicité de l' élu et du requis qui n'est pas électeur, passivité ne se convertissant pas en spontanéité. Unicité non assumée , non sub-sumée , traumatique; élection dans la persécution.

Elu sans assumer l'élection !"

(Etre qu'être... )

de cette fuite impossible, levinas donne souvent comme exemple biblique, un type dont j'avais parlé dès le début de ce topic : Jonas...

"
L'impossibilité d'échapper à Dieu, l' aventure de Jonas, gît au fond de moi comme soi, comme passivité absolue . "


en ce sens, le pape, c'est chacun de nous, celui qui n'a jamais rien demandé à personne, et qui se retrouve chargé de l'humanité :

"
L e soi dans l' être, c' est exactement le « ne pas pouvoir se dérober » à une assignation qui ne vise aucune généralité . L'ipséité est par conséquent un privilège ou une élection injustifiable qui m'élit moi et non p as le M o i . Je unique et élu . Election par sujétion ."

Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Borges Mar 4 Oct 2011 - 18:24

Stéphane Pichelin a écrit:
Moretti : "Comme ce serait beau, un film qui ne serait fait que de façades de maisons". ("Journal intime")
c'est ce qu'est ce pape : une façade. ne pas le lire selon un intérieur.


il serait amusant de lire le film à partir de cette idée de façade, dans le sens que lui donne E goffman...comparer avec le BB;


Borges
Borges

Messages : 6044

Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Invité Mar 4 Oct 2011 - 18:42

le théâtre, un leitmotiv dans le cinéma de Moretti.
Mais en a t-il mis en scène réellement ?

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Habemus Papam ... en passant - Page 6 Empty Re: Habemus Papam ... en passant

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Page 6 sur 10 Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10  Suivant

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum