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Road to nowhere : les films de Monte Hellman

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Road to nowhere : les films de Monte Hellman  - Page 2 Empty Re: Road to nowhere : les films de Monte Hellman

Message par Largo Ven 15 Avr 2011 - 12:54

Hello Stéphane,

Je t'avais pas répondu, mais j'avais simplement lancé quelques pistes comme ça donc, oui, le film est plus complexe que ce que j'en dis et oui il est saturé de références.

La critique de Mathieu Macheret :
http://www.critikat.com/Road-to-Nowhere.html
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Message par Invité Ven 15 Avr 2011 - 16:43

et en même temps, il y a toujours le risque de se faire bluffer par une complexité vide de sens, comme dans Mulholland Drive. mais je ne crois pas que ce soit ici le cas.
je retourne voir ça en début de semaine, Inch'Allah, et j'en dirai plus ensuite.

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Message par Invité Ven 15 Avr 2011 - 17:15

vide de sens ? il y a quand même la démonstration qu'Hollywood est une machine plus à broyer qu'à rêver ....

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Road to nowhere : les films de Monte Hellman  - Page 2 Empty Re: Road to nowhere : les films de Monte Hellman

Message par Invité Sam 16 Avr 2011 - 15:19

vide de sens - c'est encore une impression personnelle et subjective que je sais peu partagée. Wink

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Road to nowhere : les films de Monte Hellman  - Page 2 Empty Re: Road to nowhere : les films de Monte Hellman

Message par Invité Sam 16 Avr 2011 - 17:21

il est en fait assez facile de la partager si l'on suit le constat de ceux qui pensent qu'il suffit de se laisser emporter par l'imaginaire de Lynch.
perso son imaginaire ne me touche que moyennement mais ce qu'il veut dire ici par la voie singulière de son imaginaire me concerne, comme constat "historique" sur Hollywood.

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Message par Borges Lun 18 Avr 2011 - 9:35

Erwan a écrit:un cauchemar, juste un cauchemar; c'était nul, j'ai suffoqué de honte, je l'ai retiré lol Wink

t'es pas sérieux; tes textes sont toujours (au moins) bien, uniques Wink
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Message par Borges Mar 5 Juil 2011 - 18:27

I was sitting on the opposite side of Monte Hellman's desk, and there was a treatment for Two- Lane Blacktop on his desk, written by an AFI student named Terrence Malick.

(Mike Medavoy, Josh Young, You're only as good as your next one)

dans la bio de la vie sauvage de Warren Oates, on dit que malick a aidé son pote wurlitzer a réécrire le scénario du film...c'est aussi un pote à lui qui a réécrit certaines parties du cockfighter (avec Monte Hellman)... comme le monde est finalement assez petit...


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Road to nowhere : les films de Monte Hellman  - Page 2 Empty Re: Road to nowhere : les films de Monte Hellman

Message par Invité Mer 7 Déc 2011 - 13:43

Borges a écrit:

revu; sur grand écran et tout. C'est pas que ça change tout. Ca change rien, en fait, essentiellement, mais ça fait sa différence, à quelques moments, bien précis, que je détaillerai pas. Pas envie, ni le temps. Rien ne m'en empêche pourtant... oui, c'est vrai; disons le début, alors, oui, le début par exemple. Je ne l'avais pas en tête, en le revoyant, je me souviens pas d'à quoi il avait ressemblé la première fois que j'ai vu le film, mais je suis sûr de ne l'avoir pas vu de la sorte en dvd...


l'ai-je revu, ou vu?




On sait que le film n'a pas eu de succès; c'est contenu dans sa définition, c'est un de ses prédicats essentiels; quand on en parle, on dit qu'il n'a pas eu de succès; on dit aussi que c'est un film culte, un film maudit; mais rien de maudit dans son échec. Hellman donne des raisons; les salauds ne l'ont pas soutenu.



Comparé à easy rider, TLB n' a rien de glamour; c'est pas un film pop, qui flatte la jeunesse rebelle, et la contreculture; il serait plutôt proche de zappa, de ce point de vue; en un sens. Si zappa avait été moins potache et plus travaillé par le vide et le négatif, par la mort; il l'était bien entendu, mais à la manière d'un bouffon plutôt que de Hamlet;

TLB, c'est pas un film sur la vitesse, sur la liberté découverte sur la route, c'est un film sur la mort. "Tu n'iras jamais assez vite" dit JT, je crois à GTO.


Tu n'iras jamais assez vite pour échapper à la mort; c'est ce qu'il faut comprendre; et en tentant d'aller plus vite qu'elle tu te diriges vers elle. Comme dans ce conte des 1001 nuits, où le personnage se précipite vers l'endroit où la mort l'attend en pensant la fuir.


On dit toujours "échapper à la mort", comme si elle nous poursuivait, mais toute course est une course à la mort, c'est pourquoi les sages, qui l'ont acceptée, ne bougent pas. On n'imagine ni bouddha, ni Jésus courant...rien ne sert de courir, on part toujours à point; et tous les malheurs des hommes viennent de ce qu'ils ne peuvent pas se tenir tranquillement seuls dans leur chambre; beckett ou pascal?

Il leur faut une balle ou l'autre après quoi courir... nécessairement.






Two-lane blacktop, dit Hellman, n’est pas un film politique, mais plutôt sociologique et philosophique. Les héros ne se droguent pas, ils ne sont pas violents, ils ne se foutent pas en l’air à la fin du film. Ils n'affirment rien, ne font aucune proposition, morale, politique... Ils ne sont simplement pas intéressés ; en ce sens, ils sont plus proches de Bartleby que de l'absurde attribué à Beckett. Le côté Beckett, si on le cherche dans le film, plus profondément, se trouve du côté de GTO, qui ne cesse de (se) raconter des histoires.

Mais que faire d'autres, avant de mourir?

Ce que tous nous ferons, comme le dit l'un des mecs que GTO prend en stop...


le mécanicien et le driver ne se racontent aucune histoire; que signifie cette différence?


Quand GTO veut en raconter une à JT, je crois : ce dernier lui dit simplement : "c'est pas mon problème"






«Je serai quand même bientôt tout à fait mort enfin. Peut-être le mois prochain. Ce serait alors le mois d’avril ou de mai. Car l’année est peu avancée, mille petits indices me le disent. Il se peut que je me trompe et que je dépasse la Saint-Jean et même le Quatorze Juillet, fête de la liberté. Que dis-je, je suis capable d’aller jusqu’à la Transfiguration, tel que je me connais, ou l’Assomption. Mais je ne crois pas, je ne crois pas me tromper en disant que ces réjouissance auront lieu sans moi cette année. J’ai ce sentiment, je l’ai en moi depuis quelques jours, et je lui fais confiance. Mais en quoi diffère-t-il de ceux qui m’abusent depuis que j’existe ? Non, c’est là un genre de question qui ne prend plus, avec moi je n’ai plus besoin de pittoresque. Je mourrais aujourd’hui même, si je voulais, rien qu’en poussant un peu, si je pouvais vouloir, si je pouvais pousser. Mais autant me laisser mourir, sans brusquer les choses. Il doit y avoir quelque chose de changé. Je ne veux plus peser sur la balance, ni d’un côté ni de l’autre. Je serai neutre et inerte. Cela me sera facile. Il importe seulement de faire attention aux sursauts. Du reste je sursaute moins depuis que je suis ici. J’ai évidemment encore des mouvements d’impatience de temps en temps. C’est d’eux que je dois me défendre à présent, pendant quinze jours trois semaines. Sans rien exagérer bien sûr, en pleurant et en riant tranquillement, sans m’exalter. Oui, je vais enfin être naturel, je souffrirai davantage, puis moins, je ne serai plus froid ni chaud, je serai tiède, je mourrai tiède, sans enthousiasme. Je ne me regarderai pas mourir, ça fausserait tout. Me suis-je regardé vivre ? Me suis-je jamais plaint ? Alors pourquoi me réjouir, à présent. Je suis content, c’est forcé, mais pas au point de battre des mains. J’ai toujours été content, sachant que je serai remboursé. Il est là maintenant mon vieux débiteur. Est-ce une raison pour lui faire fête ? Je ne répondrai plus aux questions. J’essaierai aussi de ne plus m’en poser. On va pouvoir m’enterrer, on ne me verra plus à la surface. D’ici là, je vais me raconter des histoires, si je peux. Ce ne sera pas le même genre d’histoires qu’autrefois, c’est tout. Ce seront des histoires ni belles ni vilaines, calmes, il n’y aura plus en elle ni laideur ni beauté ni fièvre, elles seront presque sans vie, comme l’artiste. Qu’est-ce que j’ai dit là ? Ca ne fait rien. Je m’en promets beaucoup de satisfaction, une certaine satisfaction. Je suis satisfait, voilà, je suis fait, on me rembourse, je n’ai plus besoin de rien. Laissez-moi dire tout d’abord que je ne pardonne à personne. Je souhaite à tous une vie atroce et ensuite les flammes et la glace des enfers et dans les exécrables générations à venir une mémoire honorée. Assez pour ce soir.»


(Beckett)




les enfers, l'enfer : hell, hellman, au fond, c'est ce pseudo qui nous donne une entrée dans le film : TLB, c'est un film sur l'enfer, un film sur des damnés; l'errance, comme damnation, comme malédiction;


revenir sur la vitesse : qu'est-ce qu'être pris dans la vitesse, comme un damné;











Where we goin'? I've never been east.
I met a gyspie girl and took her on the track
Mechanic don't walk
The driver don't talk
20 bucks between them just to keep them alive

Drivin'
Drivin'
Drivin'
Blacktop rollin'

Where we goin', goin' to Amarillo
A zero to a sixty, in a 7.5
A model and a bagel steels California
A glass of a beer, a shot of a rye

Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Blacktop rollin'

Come on baby, I ain't crazy
Come on baby, pick me up, pick me up!
Come on baby, do me baby
Come on baby, hook it up, hook it up!

Come on!
Come on!
Come on!
Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Blacktop rollin'

Where ya goin', an airport road
A clean machine, a real home girl
Barracuda, '68
Nothing there, she can wait

Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Blacktop rollin'

Come on baby, I ain't crazy
Come on baby, pick me up, pick me up!
Come on baby, do me baby
Come on baby, hook it up, hook it up!

Come on!
Come on!
Come on!
Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Come on!
Drivin'
Blacktop rollin'

Road to nowhere : les films de Monte Hellman  - Page 2 Images?q=tbn:ANd9GcQPVk9njP8rqXB380cYi6kL45L-zz2gxLABUB2hSi0-gNt146-iKQ

il a cette beauté très années 1970, ou alors, c'est la beauté des photos;



Road to nowhere : les films de Monte Hellman  - Page 2 Images?q=tbn:ANd9GcRnOeJPFrx6BdYJqkQXiL5EDBISiRQQEWBlkT_cd3AvneiqJlVi

j'aime le visage de WO;



fameux, tout ça, Borges... J'ignorais l'existence de ce topic..
y revenir, bientôt..

question aux modérateurs du forum: Est-ce que vous pouvez changer le mode de consultation des messages, au niveau de l'historique des profils? C'est très dur de retrouver certaines choses avec les paramètres que vous avez choisis, qui ne permettent pas de suivre la chronologie des messages d'un profil... Possible de changer ça?

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Message par Invité Mer 7 Déc 2011 - 14:31

Borges a écrit:


les enfers, l'enfer : hell, hellman, au fond, c'est ce pseudo qui nous donne une entrée dans le film : TLB, c'est un film sur l'enfer, un film sur des damnés; l'errance, comme damnation, comme malédiction;


revenir sur la vitesse : qu'est-ce qu'être pris dans la vitesse, comme un damné;

"hellman", commenté par Hellman lui-même, en allemand ça veut dire : "brillant" Smile

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Message par Invité Mer 7 Déc 2011 - 17:03

Comparé à easy rider, TLB n' a rien de glamour; c'est pas un film pop, qui flatte la jeunesse rebelle, et la contreculture
TLB, c'est pas un film sur la vitesse, sur la liberté découverte sur la route, c'est un film sur la mort. "Tu n'iras jamais assez vite" dit JT, je crois à GTO.
Tu n'iras jamais assez vite pour échapper à la mort; c'est ce qu'il faut comprendre; et en tentant d'aller plus vite qu'elle tu te diriges vers elle. Comme dans ce conte des 1001 nuits, où le personnage se précipite vers l'endroit où la mort l'attend en pensant la fuir.
On dit toujours "échapper à la mort", comme si elle nous poursuivait, mais toute course est une course à la mort, c'est pourquoi les sages, qui l'ont acceptée, ne bougent pas. On n'imagine ni bouddha, ni Jésus courant...
et tous les malheurs des hommes viennent de ce qu'ils ne peuvent pas se tenir tranquillement seuls dans leur chambre

cette question d'un film sur la mort avait été posée par Burdeau à Hellman, notamment concernant la séquence de fin. Hellman a cette fameuse réponse: "ces satisfactions sont permanentes", qui est peut-être plus proche dans son idée de Hellman-brillant ou lumineux(image que tu as postée de GTO) que de Hellman-enfer, pour revenir sur ce qu'inscrit le nom du cinéaste...

Spoiler:

revenir sur la vitesse : qu'est-ce qu'être pris dans la vitesse, comme un damné
l'expérience du film correspond bien à mon expérience du milieu parachutiste, qui relève de la même hyper-sensation dans mon idée, au niveau des techniques de pliage, de conditionnement du parachute, de répétitions inlassables de gestes et de minuties pour être pris dans la vitesse, de façon sidérante, comme un damné, sans aucun doute...
Les vieux chibanis du para ont toujours dit qu'on se trouvait dans les conditions d'un suicide à chaque saut, même si là-aussi on parlera davantage des satisfactions permanentes de la pratique du parachutisme... Le blue sky...
mais comme le dit le vieil indien de Little big man il me semble,
blue sky-black death.

bon, je suis loin d'avoir exploré tout ce topic...


Borges a écrit:
Road to nowhere : les films de Monte Hellman  - Page 2 Hppp_0806_02_zbehind_the_camera_two_lane_blacktop

quelqu'un sait-il quelque chose du bouquin de burdeau?
superbe photo, toujours intéressé par ce bouquin, Borges?

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Message par adeline Mer 7 Déc 2011 - 17:30

Breaker, je vais voir ce que je peux faire pour la recherche pas "profil". Déjà, en cherchant par message et non par sujet tu as une organisation chronologique (plus laborieuse parce qu'il y a bien plus de messages que de sujets), si ça peut t'aider…

adeline

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Message par Invité Mer 7 Déc 2011 - 18:35

adeline a écrit:Breaker, je vais voir ce que je peux faire pour la recherche pas "profil". Déjà, en cherchant par message et non par sujet tu as une organisation chronologique (plus laborieuse parce qu'il y a bien plus de messages que de sujets), si ça peut t'aider…

merci, en fait l'accès à ses propres messages est très restreinte, impossible de remonter la chronologie de ses posts dans le profil pour retrouver plus facilement un propos... C'est un paramètre assez simple à modifier je pense, que vous avez modifié puisque cette fonction de l'historique des posts n'était pas celle-ci auparavant... Smile

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Message par py Mer 7 Déc 2011 - 22:23

hello breaker,
J'ai peu publié il est vrai, mais de mon côté je remonte facilement tous mes posts.
qu'est-ce qui ne va pas selon toi avec l'historique de ses propres messages?
py
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Message par Invité Mer 7 Déc 2011 - 23:57

salut py, il n'y a aucun problème en effet!, vraiment désolé... J'ai manqué d'attention, c'est résolu.

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Message par Invité Jeu 8 Déc 2011 - 12:15

Comparé à easy rider, TLB n' a rien de glamour; c'est pas un film pop, qui flatte la jeunesse rebelle, et la contreculture
les deux mecs sont traités de freaks par GTO... en un sens les personnages du film sont des "freaky bugs", des espèces d'anomalies du système...
Je rapprochais les personnages de Macadam à deux voies(j'aime bien aussi le titre français) de ceux de Pylone de Faulkner, qui en disait ça:
Pour moi, c'était un phénomène fantastique et bizarre sur la scène actuelle de notre civilisation, à un moment donné... C'étaient des éphémères, des phénomènes sur une scène contemporaine. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas vraiment place pour eux dans cette civilisation, dans cette économie, et cependant ils étaient là, à ce moment-là, et tout le monde savait qu'il ne durerait pas longtemps, et ce fut le cas. Cette époque des petits avions fous qui se lançaient à travers tout le pays, ces gens qui ne demandaient que juste assez d'argent pour vivre et gagner la ville suivante pour voler de nouveau: il y avait là quelque chose de frénétique et presque d'immoral. Ils étaient hors de portée de Dieu, non pas seulement de la respectabilité, de l'amour, mais de Dieu même. Ils avaient échappé à l'obligation d'accepter un passé et un avenir, ils étaient... ils n'avaient pas de passé. Ils étaient aussi éphémères que le papillon né du matin même.

Dans l'adaptation sirkienne du roman de Faulkner, Robert Stack impacte au moment où il n'est plus vraiment pris dans la vitesse, il impacte au moment où il cède, accepte la romance, la famille, la routine de l'être humain...

le mécanicien et le driver ne se racontent aucune histoire; que signifie cette différence?

Quand GTO veut en raconter une à JT, je crois : ce dernier lui dit simplement : "c'est pas mon problème"
c'est une lecture en intensité dirait Deleuze, c'est une manière amoureuse, et la fille n'y trouve pas sa place, elle essaye les deux garçons, elle s'ennuie, eux-aussi, il n'y a que la bagnole qui compte et il y a peu de rencontres possibles, pas d'alignements, de ralliements. Il y a des lignes de fuite actives qui s'opposent à la culture, Macadam à deux voies est une école de schizophrénie. La seule histoire de Macadam à deux voies, c'est cet espace social et politique fait des boyaux de la bagnole, "c'est pas mon problème" signifie le désir révolutionnaire de cette schize. On peut vraiment partager le film entre des moments où les flux se conjuguent et ceux qui ne sont plus machinés, hors désir.

TLB, c'est un film sur la mort. "Tu n'iras jamais assez vite" dit JT, je crois à GTO.
Tu n'iras jamais assez vite pour échapper à la mort; c'est ce qu'il faut comprendre; et en tentant d'aller plus vite qu'elle tu te diriges vers elle. Comme dans ce conte des 1001 nuits, où le personnage se précipite vers l'endroit où la mort l'attend en pensant la fuir.
on peut aller haut, interpréter Macadam à deux voies comme un film sur la mort, mais on passe à côté de l'essentiel, la schize en question qui est avant tout le terre-à-terre de ce rapport d'intensité avec la bagnole dont la dernière séquence est un paroxysme, la satisfaction permanente, moyeu de cette schize sans doute. Je n'ai jamais croisé autant de schizos que dans le milieu parachutiste, et cette séquence de fin de Macadam à deux voies est certainement ce que j'ai vu de plus évident sur ce que tu ressens à 4500 mètres avant de passer la porte... Entendons-nous bien, the great object of life is sensation, écrit Byron. Smile


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Message par Invité Jeu 8 Déc 2011 - 17:40

En plus de Beckett, Monte Hellman cite le mythe de "Sisyphe" comme influence décisive ; tous ses films raconteraient la malédiction de Sisyphe ; des êtres damnés pris dans le retour du même ; un enfer. Un de ses films a pour titre "Back Door To Hell", ou quelque chose dans le genre.
bon, a priori le reste du topic est très dirigé vers le Burdeau. Smile
Le mouvement de passage ne conduit à rien, il est le passage du rien au rien ; passage du rien...
Une fascination sans violence, sans intensité.
Le film n’affirme rien, en dehors de cette distance neutre, la distance du neutre ; une distance impersonnelle, informe, sans limites, indéfinie, qui règne partout.
Personne ne parle, personne n’écoute, rien n’est dit.
TLB : un monde sans monde, sans temps, sans autrui ; le monde de la distance neutre de l’indifférence.
beaucoup moins inspiré là, tu vois plus grand-chose avec cette idée de distance impersonnelle, informe, le monde de la distance neutre de l'indifférence, monde sans monde...

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Message par Borges Ven 9 Déc 2011 - 9:06

hello breaker, curieux, parce que c'est dans cette lecture, très inspirée par blanchot bien entendu, que j'ai pensé saisir quelque chose du film

et je continue à croire, mais faut revoir le film, que la formule "distance impersonnelle" est très juste, nomme vraiment quelque chose dans le film, du film;

"distance", dans les deux sens du mot, en tant que ce qui joint et sépare, en même temps : la distance des êtres, des choses, de soi à soi, mais aussi la distance des espaces, dans l'espace.Dans le film, la distance qui sépare et lie les lieux, les joint, est impersonnelle, neutre... elle n'est pas investie de valeurs, d'affects; la distance est neutre, impersonnelle; étant neutre, impersonnelle, elle n'a jamais de fin; y a rien à joindre, personne à rejoindre, aucun lieu où peut se terminer, s'achever le mouvement de la dérive, de l'errance; y a pas de fin, pas de projet...

On n'est pas dans le rêve de joindre une terre plus ou moins idéale, rien du grand rêve du western, avec ses chariots partant vers les vertes vallées... c'est le film du neutre...


le terme "monde", vient plus ou moins du souvenir d'un passage de heidegger, le monde, c'est ce qui détermine les distances et les proximités...


tout cela dérive de la remarque de Monte Hellman : "ils ne sont pas intéressés"...


peut-être aurais-je un jour le courage de poster les brouillons que j'ai encore sur ce film...
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Message par Invité Ven 9 Déc 2011 - 10:30

salut Borges
oui, pour moi c'est difficile de te rejoindre là-dessus partant de cette définition du film comme école de schizophrénie sur-investie en affects, et donc la distance ne peut jamais être neutre... Hellman très présent aux projections de son film paraît-il, dit que le film est très drôle ; et les scènes de comédie viennent toujours de ces moments qui ne sont plus machinés, comme je le disais plus haut, hors désir...

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Message par Borges Ven 9 Déc 2011 - 13:23

hello, oui, c'est un sérieux différend : Wink

mais je pense qu'il peut se relever, être dépassé, si on fait communiquer deleuze et blanchot; le neutre, c'est un concept de blanchot, qu'il ne faut pas attendre en son sens ordinaire; c'est aussi un concept de deleuze, dans logique du sens, par exemple;

sans vouloir réduire ce que tu dis à sa valeur moyenne, j'ai le sentiment que tu lis les deux personnages comme étant essentiellement à la recherche de sensations fortes, d'expériences dangereuses, d'expériences limites, à la limite de la mort...pour moi, ils sont déjà morts, ou alors pour dire ça de manière neutre, ni vivants ni morts, morts et vivants...


ta référence à sirk et faulkner, ton rapprochement de "TLB" et de "la ronde de l'aube" (film superbe)

Fassbinder (les films libèrent la tête), écrit sur le film, curieusement, pour nous, et notre discussion, effet du hasard : "la ronde de l'aube nous montre un peu comme la strada, mais pas de manière si affreusement prétentieuse, une profession en voie d'extinction"


"la strada" est doublement essentiel pour le film, elle est à l'origine de la chanson de KK, "Me and Bobby McGee", mais aussi un des films déterminants pour le" brillant" et infernal hellman;

"
je continue ma citation de fassbinder :"la caméra dans ce film est sans cesse en mouvement,elle fait comme les gens dont il s'agit, comme s'il se passait effectivement quelque chose. Mais en fait, tout est à ce point fini qu'ils pourraient tous de coucher et se faire enterrer...Douglas aborde ces êtres morts..."

curieux, ça rejoint mon idée des personnages de TLB déjà morts, en fait...

l'autre grande question : c'est la nécessité pour les hommes de se faire des illusions, de se ranconter des histoires donc..."avec des illusions dans la tête, la solitude est plus supportable."







Dernière édition par Borges le Ven 9 Déc 2011 - 17:27, édité 1 fois
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Message par Invité Ven 9 Déc 2011 - 15:20

Borges a écrit:mon idée des personnages de TLB déjà morts, en fait...

j'ai le sentiment que tu lis les deux personnages, comme étant essentiellement à la recherche de sensations fortes, d'expériences dangereuses
oui quand j'écris "moyeu de la schize" en parlant de la séquence de fin c'est pour jouer avec un vocabulaire de bagnole et c'est certainement une erreur... Smile
Les personnages de Hellman sont sur une ligne d'intensité bien particulière, qui les rend très peu ajustables au monde mais pour autant ils ne sont pas sans monde... Qu'est-ce que ça veut dire "c'est pas mon problème"? ; peut-être : viens pas foutre ta glu névrotique dans ma machine. Les satisfactions sont permanentes, de l'acte le plus petit à la plus grande vitesse. Donc pourquoi ils seraient morts, en fait, dans cette philosophie dite du désir?
C'est peut-être valable pour les personnages de La ronde de l'aube, et encore pas sûr... "Ils sont morts, tous les anciens pilotes, morts le 11 novembre 1918", écrit Faulkner dans la nouvelle Tous les pilotes morts. "Morts, cela veut dire qu'ils ont pris du ventre et sont devenus des hommes d'affaires, des bureaucrates, des pères de famille s'entassant le soir dans les trains de banlieue. Ceux de Pylone constituent une exception. Ils ont trouvé le moyen de rester maigres, de vivre dangereusement, comme au temps de la guerre. A vrai dire, ils crèvent de faim, et tout ce qu'ils ont trouvé, c'est de risquer leur vie, d'une kermesse à l'autre(The lusty men de Nicholas Ray), sur des zincs qui tombent en morceaux, dans des courses dérisoires ou des acrobaties. Réduits à l'état de saltimbanques, ils ont perdu tout sens de ce qui fait en général la dignité humaine."
Donc, la mort plutôt de notre côté, gens de forums. lol

edit:
breaker a écrit:moyeu de la schize

ça me paraît mieux tout de même que "monde sans monde", jusque-là. Il y a toujours un choc qui alimente tout le reste, mais pour autant, ce n'est pas la recherche de la sensation forte, c'est beaucoup plus large que ça(école de schizophrénie).

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Road to nowhere : les films de Monte Hellman  - Page 2 Empty Re: Road to nowhere : les films de Monte Hellman

Message par Invité Sam 10 Déc 2011 - 12:09

une référence littéraire autour du film de Hellman, parce que le Sisyphe de Camus ça m'emballe pas tellement.

La faim, de Knut Hamsun, un des romans préférés d'Henry Miller. Aucune histoire, aucune intrigue écrit Gide dans une préface. Ou bien ça serait une histoire d'obscénité, avec les troubles intellectuels et les déformations morales qu'entraîne une inanition prolongée.
Spoiler:
aussi une note d'introduction au livre, ça dit:
il s'agit d'un jeune Norvégien famélique qui erre dans les rues de Kristiania(Oslo), à la poursuite de ses fantasmes et ardent à traquer la vie inconsciente de son âme, extases paniques et délires soigneusement entretenus... Ce qui lui importe, c'est de se trouver en posture de consigner les hallucinations, les vertiges, les aberrations qui lui viennent de cette situation, privilégiée à ses yeux. Et le voilà qui déambule dans les rues de la capitale avec l'intense pouvoir de transfiguration que connaît son regard...

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Message par balthazar claes Sam 10 Déc 2011 - 13:38

HM préférait Mystères.

balthazar claes

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Message par Invité Sam 10 Déc 2011 - 15:22

j'ai entendu ça dans Les Entretiens de Paris il me semble bien, c'était en effet Mystères, et non pas La faim.

L'une des principales caractéristiques de ce roman(Mystères), écrit Miller, est le dédain, le mépris, la véritable aversion de Nagel pour la bourgeoisie... "Et si, à en croire les psychologues, il faut considérer Nagel comme un masochiste, le magnifique masochiste que voilà! Qui ne préférerait être ce masochiste-ci plutôt qu'un psychologue en renom?"

Est-ce que les personnages de Macadam à deux voies agissent par mépris de la bourgeoise, on n'en sait rien, on peut supposer n'importe quoi... Peut-être qu'il y a un motif de cet ordre-là, qui me paraît assez lointain quand même. Il y a une scène où le mécanicien ou le chauffeur je ne sais plus assiste à une dispute conjugale dans un bar, ça l'amuse sans être un regard de mépris, ça existe à peine pour lui.

Nagel dans le roman Mystères: "Il n'avait pas l'intention de se laisser déranger. Il était dans un état mystérieux, empli de bien-être psychique ; chaque nerf en lui était en éveil, son sang chantait et il était en communion totale avec la nature tout entière : le soleil, les montagnes et tout le reste autour de lui ; son propre moi lui répondait à travers les arbres, les arbustes et les feuilles. Son âme, tel un orgue, résonnait en un crescendo, et jamais il n'oublierait la façon dont cette douce musique coulait dans ses veines."
On est déjà plus proche des personnages de Macadam à deux voies avec cette description("ces satisfactions sont permanentes"), en remplaçant ici la nature par la bagnole ; "des états d'âme de carburateurs" comme le dit une critique désastreuse sur le film. C'est une archive d'époque de la revue Cinéma 72, le film est comparé à un très mauvais Easy Rider(grosse connerie comme l'a déjà dit Borges):

Road to nowhere : les films de Monte Hellman  - Page 2 Img382

La revue Ecran à la même date ne sollicite pas beaucoup plus le film, mais l'écho n'est pas négatif:

Road to nowhere : les films de Monte Hellman  - Page 2 Img383

Paul Vecchiali en a fait une critique dans la Revue Image et Son Saison 73, je n'ai pas l'archive pour l'instant...

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Message par Invité Dim 11 Déc 2011 - 10:58

breaker a écrit:Il y a une scène où le mécanicien ou le chauffeur je ne sais plus assiste à une dispute conjugale dans un bar, ça l'amuse sans être un regard de mépris, ça existe à peine pour lui.
j'aime beaucoup toute cette séquence, son inertie... On a jamais vu au cinéma si peu de tension sexuelle entre le garçon et la fille, le film est drôle comme dit Hellman.



breaker a écrit:Qu'est-ce que ça veut dire "c'est pas mon problème"? ; peut-être : viens pas foutre ta glu névrotique dans ma machine... Macadam à deux voies est une école de schizophrénie.



Borges a écrit:
revenir sur la vitesse : qu'est-ce qu'être pris dans la vitesse, comme un damné;
Road to nowhere : les films de Monte Hellman  - Page 2 TLB

y revenir... Smile

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Message par Invité Dim 11 Déc 2011 - 13:03

pour continuer cet agencement autour de TLB : "Le ciel est à vous" de Jean Grémillon(1944), histoire d’un couple qui se déchire puis renouvelle son désir de vie commune par la passion de l’aviation. La mentalité bourgeoise autour d’eux les regarde comme des marginaux, ou des irresponsables. Grémillon montre l’héroïsme de cette passion, mais aussi des facettes plus sombres. Les enfants du couple notamment sont montrés comme des orphelins, sacrifiés à la passion de leurs parents.

Un extrait ici sur Dailymotion, le moment clé du film : L’épouse veut une vie rangée et conteste la passion de l’aviation de son mari… Il lui promet de ne plus voler…



Road to nowhere : les films de Monte Hellman  - Page 2 Le%20ciel%20est%20%C3%A0%20vous

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