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DES hommes et DES dieux (X. Beauvois)

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Message par Borges Mer 22 Sep 2010 - 17:38

Van Stratten a écrit:Oui, Eyquem, à te lire, il me semble que je comprends mieux l'expression "une mort en propre". C'est donc la leur.
Mais alors quid du héros ? Il me semble dès lors que le film qui renvoie Des hommes et des dieux à ses limites (indéniables, quoique nous les cherchions) ce serait Les sept samouraïs. Qu'en pensez-vous ?

Hello VS; -Les sept samouraïs ça n'échappe pas du tout à cette mort propre; le samouraï se définissant même par le courage devant la mort, la mort volontaire; c'est son éthique; il n'est rien sans la résolution d'exister librement face au néant; il existe dans la décision résolue de mourir; comme dit Blanchot de l'écrivain, il n'existe dans l'espace de la mort; et il ne peut rien accomplir de grand sans cela; non, si on pense à des films qui montrent la mort quelconque, la mort du on, on l'on meurt sans « je », c'est plutôt "les contes de la lune vague" (un des rares films à montrer la guerre, et l'idéal héroïque, sans la moindre complaisance, comme une nullité; on retrouve ça aussi dans "le héros sacrilège", dont parle ailleurs Eyquem; toutes les scènes qui semblent conduire à un affrontement spectaculaire ne conduisent qu'à une terrible déception; il ne se passe rien; comme si mizo nous disait "si vous voulez voir la guerre, les samouraïs, dans la grandeur épique de leur gestes, allez voir ailleurs"; c'est pas mon truc; je connais pas un film qui fasse ça; même parmi les plus grands " la ligne rouge"; " ) la fameuse scène tant admirée par Daney, de l'assassinat de Miyagi;

Et comme rares sont les films où l'on ne meurt pas, peu ou prou, nombreuses étaient les occasions de craindre et de trembler. Certains cinéastes, en effet, n'étaient pas des imposteurs. C'est ainsi que, toujours en 1959, la mort de Miyagi dans Les Contes de la lune vague me cloua, déchiré, sur un siège du studio Bertrand. Car Mizoguchi avait filmé la mort comme une fatalité vague dont on voyait bien qu'elle pouvait et ne pouvait pas ne pas se produire. On se souvient de la scène : dans la campagne japonaise, des voyageurs sont attaqués par des bandits affamés et l'un de ceux-ci transperce Miyagi d'un coup de lance. Mais il le fait presque par inadvertance, en titubant, mû par un reste de violence ou par un réflexe idiot. Cet événement pose si peu pour la caméra que celle-ci est à deux doigts de «passer à côté» et je suis persuadé que tout spectateur des Contes de la lune vague est alors effleuré par la même idée folle et quasi superstitieuse : si le mouvement de la caméra n'avait pas été aussi lent, l'événement se serait produit «hors champ» ou – qui sait? - ne se serait pas produit du tout.

La faute à la caméra? En dissociant celle-ci des gesticulations des acteurs, Mizoguchi procédait exactement à l'inverse de Kapo. Au lieu du coup d'oeil enjoliveur de plus, un regard qui «fait semblant de ne rien voir», qui préférerait n'avoir rien vu et qui, de ce fait, montre l'événement en train de se produire comme événement, c'est-à-dire inéluctablement et de biais. Un événement absurde et nul, absurde comme tout fait divers qui tourne mal et nul comme la guerre, calamité que Mizoguchi n'aima jamais. Un événement qui ne nous concerne pas assez pour qu'on ne passe pas son chemin, honteux. Car je gage qu'à cet instant précis, tout spectateur des Contes... sait absolument ce qu'il en est de l'absurdité de la guerre. Qu'importe que le spectateur soit occidental, le film japonais et la guerre médiévale : il suffit de passer de l'acte de montrer du doigt à l'art de désigner du regard pour que ce savoir, aussi furtif qu'universel, le seul dont le cinéma soit capable, nous soit donné.


(daney, le travelling de kapo )

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Message par Borges Mer 22 Sep 2010 - 17:53

Stéphane Pichelin a écrit:Qu'est-ce qu'il aura servi ce Christ de Mantegna. Franchement, est-ce que les ayants-droits touchent des royalties ?

Borges a écrit:
ils meurent en chrétiens, de la seule manière dont un chrétien puisse mourir; la mort les fait chrétien; ou encore, ils deviennent chrétien par cette mort; qui bien entendu répète celle du christ, qui ne fut pas héroïque, mais "abjecte"

Je retourne la question. Devenir chrétien, mourir en chrétien, c'est devenir et mourir comme le Christ. Est-ce que la réponse des moines de XB à l'imminence de la mort est équivalente à celle du Christ ? Je ne crois pas. Car le Christ redoute la mort : il crie de désespoir sur la Croix ("Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" - c'est quelque chose de la part d'un "fondateur de religion"). Et puis il y a la scène au Jardin des Oliviers, où il prie pour ne pas être sacrifié et conclue par "ce que Tu voudras". C'est-à-dire qu'il n'accepte pas sa mort mais la décision de Dieu. Et qu'en plus il connait cette décision car il est Dieu et Homme. Mais l'important, c'est qu'il ne décide pas comme les moines décident, il ne passe jamais dans ce courage inhumain. Et c'est cette inhumanité qui fait que la mort des moines est la mort héroïque, infilmable sans risquer de dévoiler soit leur inhumanité, soit l'inanité de leur posture de courage précédente. C'est bien parce qu'ils choisissent chacun pour son propre compte et personnellement que leur mort n'est pas chrétienne (bizarrement, un contenu "chrétien" de la mort des Croates m'apparaitrait plus défendable) et n'a rien à voir avec une motion de foi, qu'elle soit laïque ou religieuse. Ils ne sont fidèles à rien, ils sont juste enfermés sur eux-mêmes.


Hello S :


-On a tout de même des scènes d'angoisse, de peur devant la mort, de prière solitaire pour ne pas céder, ne pas perdre la foi, ne pas abandonner dieu, et n'être pas abandonné par lui; jusqu'à la décision résolue, ce moment où la peur de la mort devient légèreté (la (s)cène du « lac des cygnes » et son étrange joie, un peu maniaque, mais on peut aussi la comprendre, positivement, depuis, l'instant de ma mort de blanchot, qui raconte comment il a échappé à la mort, « miraculeusement », alors qu'il allait être fusillé par des nazis; son sentiment d'alors : ce sentiment de légèreté. Il était peut-être tout à coup invincible. Mort-immortel. Eut-être l'extase. Plutôt le sentiment de compassion pour l'humanité souffrante, le bonheur de n'être ni immortel ni éternel. La différence avec Jésus c'est plutôt la communauté, la mort en commun; la mort ici n'est pas un événement irréductiblement solitaire; ils meurent en groupe; dans un texte de ses années nazies, Heidegger pour illustrer son idée de communauté authentique parle de celle que crée chez les soldats au front le partage de la mort; affrontant la mort en commun, ils dépassent leurs individualités; ils sont un; une communauté; c'est l'un des dangers de ce film; cette glorification de la mort assumée en commun; communauté dans la mort; Macé qui n'en rate pas une parle du service : de la mort en service; on y reviendra


dans sa lettre-testament, le père christian, se voit plutôt à la place des larrons que de celle du christ; encore un échec du film a lui rester fidèle; en fait les vrais films catholiques ne filment pas la grandeur, mais la faiblesse, l'échec (je pense à Bresson; mouchette, le curée de campagne; le mal n'est dehors, en l'autre, mais en soi); je pense aussi à Flannery O'connor; l'écrivain américain sudiste catholique (je vous conseille, si vous n'avez pas lu);





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Message par Borges Mer 22 Sep 2010 - 18:16

Évidemment VS : la foi; mais c'est à toi de développer, le sujet; Wink

qu'est-ce que la foi?
si la foi peut tenir dans l'espace de la question ontologique; dans une image; on avait beaucoup parlé de ça, à une époque, sur le forum des Cahiers : le cinéma et la foi (deleuze etc; le cinéma doit nous redonner la foi en ce monde-ci); en quoi ce film nous donne foi; quelle est la foi des moines? moi, ce qui m'intéresse c'est la tentative du père christian (cf sa lettre) de précisément dépasser ce que tu appelles l'horizon judéo-chrétien, ou plutôt de comprendre cette tradition comme le font les musulmans, comme judéo-chrétienne-musulmane, comme une tradition abrahamique (ce fut aussi un des sujets du dernier derrida; cf la scène de la circoncision dans le film; on sait que les chrétiens lui opposent "celle du coeur"); le cinéma est-il une affaire de foi? peut-on avoir foi dans des images? etc; c'est le grand débat, la question; ici, je ne peux que conseiller le texte de rené girard sur la passion de Gibson, où il lie le cinéma, son essence, à l'idée même de la passion; le cinéma serait née de la nécessité de rendre la passion du christ;


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Message par Borges Mer 22 Sep 2010 - 18:23

SP : tu dis "nouveau testament", c'est vrai, c'est surtout cela, mais il y aussi bien entendu un dialogue avec l'ancien, dès le titre ( psaume 82 ); une des traductions ( que je choisis à cause du "quelconque"; "prince quelconque"; le psaume aborde nos problèmes; la mort comme ce qui égalise, ou ce qui distingue? Quiconque meurt, meurt à douleur?)

Je connais que pauvres et riches,
Sages et fous, prêtres et lais,
Nobles, vilains, larges et chiches,
Petits et grands, et beaux et laids,
Dames à rebrasser collets,
De quelconque condition,
Portant atours et bourrelets,
Mort saisit sans exception.

Et meure Pâris ou Hélène,
Quiconque meurt, meurt à douleur
)







le psaume :

1 Psaume d'Asaph. Dieu se tient dans l'assemblée de Dieu; Il juge au milieu des dieux.

2 Jusques à quand jugerez-vous avec iniquité, Et aurez-vous égard à la personne des méchants? Pause.

3 Rendez justice au faible et à l'orphelin, Faites droit au malheureux et au pauvre,

4 Sauvez le misérable et l'indigent, Délivrez-les de la main des méchants.

5 Ils n'ont ni savoir ni intelligence, Ils marchent dans les ténèbres; Tous les fondements de la terre sont ébranlés.

6 J'avais dit: Vous êtes des dieux, Vous êtes tous des fils du Très-Haut.

7 Cependant vous mourrez comme des hommes, Vous tomberez comme un prince quelconque.

8 Lève-toi, ô Dieu, juge la terre! Car toutes les nations t'appartiennent.




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Message par Borges Mer 22 Sep 2010 - 18:30

Eyquem a écrit:
Borges a écrit:les seuls morts (ou tués) à l'image, ce sont les croates égorgés
Il ne faut pas oublier la scène à la morgue, où Wilson prie pour le chef torturé et assassiné - plans pour lesquels Beauvois dit s'être inspiré du "Christ" de Mantegna :

DES hommes et DES dieux (X. Beauvois) - Page 2 Mantegna_Christ_mort-622b5-e2955



oui, j'avais pas oublié; j'avais trouvé ce plan très audacieux, l'un des plus audacieux du film, précisément par cette allusion picturale; le lien d'Alli Fayattia et de christian me semble absolument déterminant;d'où la première image de ce topic;

ce plan-tableau, il me semble que l'on peut le regarder depuis ce passage de la lettre-testament :

Mais ceux-là doivent savoir que sera enfin libérée ma plus lancinante curiosité. Voici que je pourrai, s’il plaît à Dieu, plonger mon regard dans celui du Père pour contempler avec Lui Ses enfants de l’Islam tels qu’il les voit, tout illuminés de la gloire du Christ, fruits de Sa Passion, investis par le Don de l’Esprit dont la joie secrète sera toujours d’établir la communion et de rétablir la ressemblance, en jouant avec les différences.



le film comme le personnage de wilson semble plus proches des "terroristes" que de l'armée, au fond; la thèse de XB, on sait, est que les moines auraient plutôt été victimes d'une bavure de l'armée algérienne (filmée plusieurs fois comme des soldats allemands-nazis)



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Message par Invité Jeu 23 Sep 2010 - 10:44

Borges a écrit:
-On a tout de même des scènes d'angoisse, de peur devant la mort, de prière solitaire pour ne pas céder, ne pas perdre la foi, ne pas abandonner dieu, et n'être pas abandonné par lui; jusqu'à la décision résolue, ce moment où la peur de la mort devient légèreté (la (s)cène du « lac des cygnes » et son étrange joie, un peu maniaque
[...]

dans sa lettre-testament, le père christian, se voit plutôt à la place des larrons que de celle du christ; encore un échec du film a lui rester fidèle; en fait les vrais films catholiques ne filment pas la grandeur, mais la faiblesse, l'échec (je pense à Bresson; mouchette, le curée de campagne; le mal n'est dehors, en l'autre, mais en soi); je pense aussi à Flannery O'connor; l'écrivain américain sudiste catholique (je vous conseille, si vous n'avez pas lu);[/justify]

Salut Borges,

oui, on a bien sûr ces scènes de doute, de prière, etc., mais au final, dans la séquence autour de la table où chacun donne sa décision, et aussi dans la scène où le jeune moine pleure sur l'épaule de Christian, il me semble que l'enjeu est dans la responsabilité personnelle - ils annoncent tous leur décision de rester d'un point de vue personnel, de la même façon que certains annonçaient leur peur et leur volonté de partir précédemment. Ils trouvent leur courage en leur fond, ce courage leur est propre.
Dans la Règle de Saint benoît, à laquelle tous les trappistes sont liés, il y a deux articles qui parlent du propre et de la propriété. L'un défend au moins toute propriété : le moine ne doit rien avoir en propre. Le suivant ordonne que le moine reçoive tout ce dont il a besoin. Ne rien avoir en propre, c'est évidemment au niveau matériel l'absence de possession personnelle. Mais c'est aussi au niveau spirituel la pauvreté en esprit des Béatitudes. Ce n'est pas seulement que le moine ne doit pas posséder ses vêtements, son habitat, etc., mais il ne doit pas non plus posséder de courage, de générosité, de piété, de foi, d'amour ou d'espérance. Le moine est l'athlète grec décrit par Paul : tout nu, il court vers la victoire. Mais ce dont il a besoin doit lui être donné : les biens matériels par la communauté et les biens spirituels, idéalement par Dieu, ou sinon par la communauté également. Celui qui veut devenir chrétien ne cherche pas les vertus - elles sont une notion romaine introduite dans le christianisme par Augustin et diversement combattues ensuite - il ne cherche que son abolition et son envahissement par les qualités divines. Pas un courage propre mais le courage du Christ, pas de lâcheté propre mais la lâcheté du Christ - et courage et lâcheté sont équivalentes en elles-mêmes, seule compte leur origine.
C'est cette dimension là (transposable sur un plan politique : le révolutionnaire dépossédé de lui-même au profit de la cause : "ta vie appartient au Parti" m'a dit un jour une vieille militante - mais le Parti est déjà un territoire), cette dimension qui manque dans le film et qui fait que XB identifie les moines au Christ alors que le Christian non-fictionnel se comparait aux larrons.

PS : pourquoi j'ai de la pub sur mon écran ?

PPS : il y a un problème avec le terme "judéo-christianisme". Même si le christianisme est une fille juive, le judéo-christianisme désigne un courant spécifique proto-chrétien, autour de l'Eglise de Jérusalem, opposé à l'helleno-christianisme qui a triomphé avec Paul. A la limite, je comprendrais qu'on appelle judéo-chrétienne la part du mouvement réformé qui s'accroche au 10 Commandements comme à une bouée de sauvetage (puritanisme et consort) mais le terme me semble impropre à désigner le catholicisme, l'orthodoxie et le meilleur du luthéranisme.

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Message par Borges Jeu 23 Sep 2010 - 10:46

continuons, à chercher ce que nous tentons de dire; avec Blanchot;

que vise, au fond, la mort héroïque : échapper à la mort, c'est mourir pour ne pas mourir; décider de quand, où; comment; la mort alors est changée en gloire, installation dans l'éternité de la mémoire lumineuse; la mort devient une naissance, passage au destin; monument; c'est ainsi que procède le film de XB, il transforme la mort en gloire; le cinéma accomplit ici le travail de la mort, celle qui idéalise; les moines se font héros, être de gloire; ils baignent dans la lumière calme du cinéma; on dit le film sobre, on parle de sa belle image; cette belle image, cette sobriété, n'est rien d'autre que l'idéologie de la mort maîtrisée; de la mort fuie; et le spectateur peut la regarder sans trop d'effroi, échapper à sa propre mortalité, à son être-pour-la mort; d'une pierre deux coups; la mort est mise en scène, et en même temps relevée (les deux régimes de l'image, cf Blanchot; quand il film un cadavre, cette image originaire, XB doit passer par la peinture; ce n'est plus un cadavre, c'est déjà une oeuvre d'art; ennoblissement, et en même mensonge; tricherie; audace théologique, et ruse de la représentation ); on donne des héros à une époque dit-on sans valeur spirituelle, sans intériorité, sans idéale, matérialiste, et on tient la mort à distance dans la beauté de l'image, du lieu, des travaux et des jours, qui passent; chaque acte, dans ce monastère, est situé au-delà de lui-même, est comme auréolé d'un sens qui le dépasse, qui l'arrache à sa simple présence; loin de l'immanence, on est dans la transcendance la plus clichée; macé, qui n'en manque pas une, nous parle du traitement pictural des moines, de leur transformation en icônes, il utilise le mot dans son sens sacré, religieux, mais , il faut bien plutôt l'entendre dans son sens médiatique, et people, dans son sens star; la question alors est : comment des moines peuvent-ils devenir des icônes, en ce sens-là, comme l'icône elle-même était devenue star; n'oublions pas que jésus lui-même a fini par devenir un star, dans les années hippies; jésus christ super star; des moines super icônes; de qui sont-ce donc les icônes? Pour qui? Pour les croyants, les chrétiens, l'Occident, la croix, heureux de se voir dans l'image idéalisée de leur foi, comme peuple de l'amour, civilisation de la tolérance, de l'ouverture; ? C'est le grand partage on le sait; on imagine combien redecker doit adorer ce film, et bush, et tous les extrémistes; nous sommes le bien, l'amour, la compassion, pensent-ils; n'oublions pas que sarkozy en 2007, je crois, était allé sur les lieux, dans le monastère, lire la lettre-testament; c'est un grand amateur de lettre, de récupération de la lettre, à défaut de l'esprit; on le sait; c'est la structure même de la lettre d'être comme on dit détournée, volée, de ne pas arriver nécessairement à son destinataire essentiel, qui n'existe pas, même là où il est visé dans une intention authentique; la lettre est toujours récupérable; certaine plus que d'autres; bien entendu; ainsi, film de l'impuissance de l'amour, de la compassion, de la pauvreté, peut entrer dans le jeu du pouvoir, de la richesse; l'horizon de réception décide de tout, ce qu'on appelle le contexte; aux analyses de contenus, de forme, de forme-contenu, il faut toujours lier des analyses pragmatiques, celles des effets, des conséquences, des forces de signification, institutionnelles, ou pas; quand on écrit sans pouvoir dit Blanchot, on n'écrit pour personne, on n'écrit pas, ou plus précisément, ce n'est pas un « je », un « moi », qui écrit, c'est une voix neutre, on est dans le neutre; dans le on; une fois de plus; là où l'on ne meurt pas, ou meurt un je-propre, approprié à son essence pure, alors le pouvoir est nécessairement en jeu, se joue nécessairement du pouvoir; le film dans sa critique du pouvoir est un film de pouvoir, un film du pouvoir, au-delà de sa vérité, de la grandeur de son personnage central; c'est alors que se pose la question qu'est-ce qui revient avec ces moines, dans ce film, dans ces images, qui semblent si détachées du monde, qui se veulent dans l'éternité, presque tournée du point de vue de dieu; car, c'est bien de cela qu'il peut s'agit parfois; nous voyons ces moines depuis une pure vision d'amour; nous les voyons avec les yeux de l'amour; donc, depuis dieu; dans leur pure dépouillement, ils ne sont qu'âme, chants et prière; nulle passion ne les déchire, nulle tentation, nulle pesanteur; ici, il faudrait parler à la fois de Nietzsche et lacan; et du ressentiment, de la violence qu'un tel idéal peut contenir; mais c'est pas le lieu; redisons juste : Il n'y a pas de mort pour le héros, les héros, uniquement « la pompe et la cérémonie »; là, ou ici, il faut relire le texte de Blanchot consacré au héros chez Corneille, et au livre de SD; la mort héroïque ne dure jamais; le héros n'agonise pas, il ne meurt pas des suites d'une longue maladie (pensons ici aux films de Van der Keuken, ou encore à celui de W sur Nicholas ray);
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Message par Borges Jeu 23 Sep 2010 - 10:58

Stéphane Pichelin a écrit:

Salut Borges,

oui, on a bien sûr ces scènes de doute, de prière, etc., mais au final, dans la séquence autour de la table où chacun donne sa décision, et aussi dans la scène où le jeune moine pleure sur l'épaule de Christian, il me semble que l'enjeu est dans la responsabilité personnelle - ils annoncent tous leur décision de rester d'un point de vue personnel, de la même façon que certains annonçaient leur peur et leur volonté de partir précédemment. Ils trouvent leur courage en leur fond, ce courage leur est propre.
Dans la Règle de Saint benoît, à laquelle tous les trappistes sont liés, il y a deux articles qui parlent du propre et de la propriété. L'un défend au moins toute propriété : le moine ne doit rien avoir en propre. Le suivant ordonne que le moine reçoive tout ce dont il a besoin. Ne rien avoir en propre, c'est évidemment au niveau matériel l'absence de possession personnelle. Mais c'est aussi au niveau spirituel la pauvreté en esprit des Béatitudes. Ce n'est pas seulement que le moine ne doit pas posséder ses vêtements, son habitat, etc., mais il ne doit pas non plus posséder de courage, de générosité, de piété, de foi, d'amour ou d'espérance. Le moine est l'athlète grec décrit par Paul : tout nu, il court vers la victoire. Mais ce dont il a besoin doit lui être donné : les biens matériels par la communauté et les biens spirituels, idéalement par Dieu, ou sinon par la communauté également. Celui qui veut devenir chrétien ne cherche pas les vertus - elles sont une notion romaine introduite dans le christianisme par Augustin et diversement combattues ensuite - il ne cherche que son abolition et son envahissement par les qualités divines. Pas un courage propre mais le courage du Christ, pas de lâcheté propre mais la lâcheté du Christ - et courage et lâcheté sont équivalentes en elles-mêmes, seule compte leur origine.
C'est cette dimension là (transposable sur un plan politique : le révolutionnaire dépossédé de lui-même au profit de la cause : "ta vie appartient au Parti" m'a dit un jour une vieille militante - mais le Parti est déjà un territoire), cette dimension qui manque dans le film et qui fait que XB identifie les moines au Christ alors que le Christian non-fictionnel se comparait aux larrons.

PS : pourquoi j'ai de la pub sur mon écran ?

PPS : il y a un problème avec le terme "judéo-christianisme". Même si le christianisme est une fille juive, le judéo-christianisme désigne un courant spécifique proto-chrétien, autour de l'Eglise de Jérusalem, opposé à l'helleno-christianisme qui a triomphé avec Paul. A la limite, je comprendrais qu'on appelle judéo-chrétienne la part du mouvement réformé qui s'accroche au 10 Commandements comme à une bouée de sauvetage (puritanisme et consort) mais le terme me semble impropre à désigner le catholicisme, l'orthodoxie et le meilleur du luthéranisme.

hello, SP; nous sommes d'accord; c'est bien que tu rappelles cette liaison du propre à la propriété (Derrida, le fait aussi; il fait résonner, propre, proche, propreté, propriété... dans sa déconstruction du "propre") les choses sont très complexes, en un sens, le dépouillement vise tout de même aussi à atteindre le plus propre (l'essence), une fois dépouillé de l'accidentel; il faudrait comparer ça avec, ce dépouillement noble, tout de même, avec les processus de dépouillement des personnages de Beckett, et du style...il y aurait ainsi bien des modes, des styles du dépouillement dans l'art, et dans l'éthique existentielle (la sobriété des nouvelles de Carver, celle de Hemingway, ou de beckett, correspondent à des modes d'existences, à des politiques littéraires très différentes; on voit ainsi pourquoi j'avais commencé par parler de hemingway et de carver; très sobrement;


-il faudrait ici lire le commentaire que fait saint augustin du psaume-titre du film;

-moi ce vers quoi le film m'incite à me tourner, c'est vers le christiano-soufisme; la place de jésus dans la pensée musulmane; c'est une des audaces du film, mais XB ne pas pas assez loin, manque de courage; la représentation du film, hésite sur la place à donner à l'islam, une fois c'est le soufisme, une autre, c'est la violence du premier testament;

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Message par Invité Ven 24 Sep 2010 - 14:39

on est dans la transcendance la plus clichée; macé, qui n'en manque pas une, nous parle du traitement pictural des moines, de leur transformation en icônes, il utilise le mot dans son sens sacré, religieux, mais , il faut bien plutôt l'entendre dans son sens médiatique, et people, dans son sens star; la question alors est : comment des moines peuvent-ils devenir des icônes, en ce sens-là, comme l'icône elle-même était devenue star;

On avait un peu parlé de ça lorsque le film était à Cannes. Les acteurs stars-moines, moines-acteurs stars, le discours répété à satiété par Beauvois et ses acteurs de leur identification totale aux moines... Beauvois, dans les Cahiers, parle de Gabin, de sa "gueule" qui l'a marqué dans certains films, pour ce film il voulait lui-aussi faire des miracles : il "avait envie de multiplier Gabin par neuf moines."

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Message par Invité Ven 24 Sep 2010 - 15:12

Merci JM, photo magnifiquement meurtrière !

Van Stratten a écrit:
Mais alors quid du héros ? Il me semble dès lors que le film qui renvoie Des hommes et des dieux à ses limites (indéniables, quoique nous les cherchions) ce serait Les sept samouraïs. Qu'en pensez-vous ?

Salut VS,
oui, je trouve que c'est une idée tentante. Chez Kurosawa, je crois qu'il y a une tension entre une fascination pour l'éthique samouraï héroïque et une volonté de "déshéroïser" les personnages. Si le bushido est représenté par les deux premiers combats (du futur chef contre le kidnappeur d'enfant et le duel du sabreur d'excellence), comment ne pas noter que les quatre morts suivantes sont le fait d'armes à feu et non d'armes blanches - et pour trois d'entre eux, le tueur est invisible, toute l'éthique du duel et de la mort regardée en face est ainsi effacée et ses morts héroïques portent malgré tout quelque chose de grotesque. Le seul qui fait face à sa mort, c'est Kikuchyo, mais justement, c'est un paysan et non un samouraï et on peut penser qu'il possède moins sa mort qu'il ne se dépossède de sa vie pour le village.

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Message par Borges Sam 25 Sep 2010 - 9:10

mais les samouraïs et les moines se sacrifient, dans les deux cas, selon ce qu'ils croient être; les moines restent pour protéger le village, leur brebis, (par leur seule présence), comme les samouraïs protègent les paysans; les uns se font tuer, les autres tuent et se font tuer; une fois de plus l'essentiel se joue dans la résolution décidée pour la mort (heidegger), différente, mais identique dans sa structure; les uns décident de mourir en moines chrétiens, les autres en samouraïs...





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Message par Borges Sam 25 Sep 2010 - 12:59

par rapport au film de Beauvois, et à cette fille qui demande au moine s'il a déjà été amoureux, peut-on imaginer qu'une femme arabe, de la paysannerie probablement, puisse demander cela à un moine français, n'est-ce pas plutôt plaquer quelque chose du cinéma d'auteur français le plus caricatural, (mal dit mais compréhensible), une sorte de naturalisme dévoyé, une ligne scénaristique qui n'a rien à faire dans le film, rien à voir avec le sujet supposé du film, imagine-t-on justement Rossellini bivouaquer de telle sorte,

l'idiot pas même utile de zohiloff; revenir sur cette connerie; quand?
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Message par Invité Mar 28 Sep 2010 - 15:23

Une des figures récurrentes chez Akira Kurosawa, c'est le regard à la fois fasciné et critique sur le statut samouraï. Un bon exemple (qui n'est pas son meilleur film, loin s'en faut) est le Sanjuro postérieur de quelques années des 7 Samouraïs et qui fait suite à Yojimbo, que je n'ai hélas pas vu. Dans Sanjuro, il y a cette fameuse scène finale, avec le jet de sang premier du genre. La séquence réunit trois types de samouraïs. Il y a d'une part les jeunes, qui sont d'un bout à l'autre naïf et incapable d'assumer quelque rôle politique que ce soit. Il y a ensuite le personnage joué par Nakadaï, qui est celui qui demande, ou plutôt le duel pour le repos de son esprit ; c'est lui qui représente ici l'esprit du bushido, l'être prêt à la mort, faisant passer son honneur, son éthique de statut, devant sa propre vie ; mais ce personnage est justement une grande crapule, qui a conscience de l'être et le revendique. Il y a enfin Sanjuro, qui ne porte aucun des signes du samouraïs et pourtant reste le plus proche de l'esprit ; et pourtant, il n'accepte qu'à contre-coeur le duel avec l'autre et souligne son inutilité, l'inutilité de cette posture du samouraï qui ne conduit qu'à la mort et s'est révélée pendant tout le film inapte à emporter la décision dans le conflit politique. Car toutes les tentatives de Sanjuro débouchent sur un échec. Et s'il parvient finalement à délivrer le Gouverneur kidnappé, ce n'est ni par son intelligence, ni par sa maitrise martiale, mais simplement parce qu'il a suivi les conseils de la femme du Gouverneur et de sa fille (lancer des chrysanthèmes dans le ruisseau plutôt que mettre le feu à la maison). Et ces deux femmes sont bien évidemment à l'inverse de l'éthique samouraï et leur proposition est avant tout sensuelle (les chrysanthèmes sont tellement plus jolis) et tournée vers Eros plutôt que vers Thanatos (tout du long, elles sont les tenantes d'un érotisme que les jeunes samouraïs sont incapables de supporter).
Sanjuro est à la jonction des deux aspects : le meurtrier des samouraïs et l'érotique-politique des deux femmes et du Gouverneur. Or Sanjuro est joué par Mifune, qui joue aussi Kikuchiyo dans les 7 Samouraïs. Kikuchiyo, le samouraï-paysan, qui fait la jonction entre les deux groupes et ouvre ainsi la communauté des samouraïs à son autre paysan. Kikuchiyo qui rappelle aux samouraïs réunis la responsabilité qu'ils portent collectivement dans l'état de dégradation physique et morale des paysans - et cette dégradation est justement ce qui sépare les samouraïs des paysans. C'est pour ces raisons, je pense, que le film s'achève par le constat de la victoire des paysans et de la défaite des paysans : non parce que 4 samouraïs sur 7 sont morts, mais parce que leur mort n'a pas pu atteindre à la pureté rêvée d'une mort de samouraï, d'une mort propre. C'est là ce qui me semble différencier radicalement les 7 Samouraïs du XB, malgré l'héroïsation très poussée des personnages de AK (pour cette question précise, parce qu'il y a aussi pas mal d'autres différences Laughing )

Il y a aussi un autre film que je mettrai en regard avec Des dieux et des hommes, c'est 7 (!) Women, de John Ford. Mais peut-être une autre fois...

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Message par Borges Mar 28 Sep 2010 - 16:08

hello SP : ce que tu dis rejoint un peu le fameux passage de deleuze (avec le rapprochement avec Dostoïevski) :

Les personnages de Kurosawa, ils sont pris dans des situations impossibles. Ah oui, mais attention, il y a un problème plus urgent, il faut que je sache quel est ce problème ? Peut-être que “Vivre“ est l’un des films de Kurosawa qui va le plus loin dans ce sens, mais tous les films de Kurosawa vont dans ce sens. Les Sept samouraïs, cela me frappe beaucoup moi, parce que tout l’espace de Kurosawa en dépend. C’est forcé que se soit une espèce d’espace ovale et qui est battu par la pluie, enfin peu importe, cela nous prendrait trop de temps, que là aussi, l’on tomberait sur …, la limite de tout qui est aussi un espace temps. Mais dans les Sept samouraïs, vous comprenez, ils sont pris dans la situation d’urgence, ils ont accepté de défendre le village, et d’un bout à l’autre, ils sont travaillés par une question plus profonde. Il y a une question plus profonde à travers tout ca. Et elle sera dite à la fin par le chef des samouraïs, quand ils s’en vont “ qu’est-ce qu’un samouraï ?“ Qu’est-ce qu’un samouraï, non pas en général, mais qu’est-ce qu’un samouraï à cette époque là. A savoir quelqu’un qui n’est plus bon à rien. Les seigneurs n’en n’ont plus besoin, et les paysans vont bientôt savoir se défendre tout seul. Et pendant tout le film, malgré l’urgence de la situation, les samouraïs sont hantés par cette question qui est digne de L’idiot, qui est une question d’idiot : nous autres samouraïs, qu’est-ce que nous sommes ?

on peut alors dire que XB ne se pose pas cette question de l'être du moine; comme dirait heidegger, il croit savoir ce qu'est un moine, la question de l'être ne se pose pas pour lui; kurosawa interroge l'être des samouraïs (héroïsme, être-pour-la mort, relation à l'autre (femme, paysan) au moment même où ils semblent sans raison d'être, à leur crépuscule (c"est comme dans certains western); en ce sens, comme en bien d'autres, le film de XB est idéologique, il travaille dans l'idéalisation; il sait à quoi servent, peuvent servir les moines, dans une époque, où ils ne servent à rien, ou à pas grand chose, ou à pas grand monde; restez disent les villageois aux moines, pour nous protéger, nous sommes des oiseaux vous êtres les arbres où nous sommes posés; sur fond historique (colonisation etc) cela résonne étrangement

rothko raconte : "lorsque je suis allé en europe et que j'ai vu les maîtres anciens, j'étais intéressé par la crédibilité de la scène dramatique. Si le christ sur la croix avait ouvert les yeux, aurait-il cru aux spectateurs?"

c'est la question, je crois que l'on peut poser à ce film;
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Message par Borges Mar 28 Sep 2010 - 21:10

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on s'était beaucoup moqué du bleu des na'vis, le blanc de ces moines est presque ridicule, sur cette image ; on a envie d'éclater de rire, devant cette pose ; cette prétention, cette complaisance narcissique ; quoi d'autre? je ne sais pas ; on a un peu honte pour eux ;

sarkozy va voir le pape;
le pape a-t-il déjà vu le film?

A libération séguret ou quelque chose comme ça, compare ce truc à dryer, pasolini, bergman, pialat, (mon dieu quel rapport cette pub, ce visuel narcissique peut-il avoir avec la violence de la foi de ces mecs, avec leur refus de toute complaisance, glorification, ou hagiographie; même la passion de gibson est plus proche de la foi que cette nullité, faite pour réconforter les âmes tièdes; ); comme il le faut il parle de jansénisme; c'est curieux, comme si c'était le seul courant cinématographique inventé par le christianisme; on a honte aussi pour ces critiques; toujours les mêmes adjectifs; ça doit éviter de réfléchir; la langue parlé, la langue parlante, disait mmponty, celle qui vous force à penser, celle qui vous évite de penser; ou de voir;


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Message par Invité Mer 29 Sep 2010 - 0:49

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Christs (berlinois) - hiver 2010

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Message par Eyquem Mer 29 Sep 2010 - 12:09

Borges a écrit:comme il le faut il parle de jansénisme
D'autant que le jansénisme, si on suit P. Bénichou, avait pour but de faire subir une cure d'amaigrissement à l'idéal héroïque, ce qui ne colle pas avec ce qui se dit dans ce topic.

Jacques Esprit, dès la préface de son livre [Fausseté des vertus humaines], se vante de dissuader les hommes "de se croire des héros et des demi-dieux". Et de fait, tout va être mis en oeuvre pour montrer dans l'homme l'être le plus éloigné de cette invincibilité, de cette fidélité consciente à soi, qui sont la marque des héros et des demi-dieux tels que l'aristocratie les imaginait et tels qu'ils apparaissent chez un Corneille. Vu avec des yeux nouveaux, l'homme devient la plus faible, la plus inconstante, la plus infidèle des créatures. Il était un moi au-dessus des choses, et il devient comme une chose parmi les autres ; une nature brute et non plus une volonté ou une raison. Volonté et raison le faisaient maître de lui, dépositaire d'un pouvoir unique au sein de l'univers, le soustrayaient au torrent des choses : le voilà tout entier le jouet de puissances naturelles qui prennent sur lui, le traversent, lui ôtent l'être.
(Paul Bénichou)
C'est dans le chapitre consacré au jansénisme, dans les "Morales du grand siècle", et qui s'intitule justement "La démolition du héros".

Un film janséniste ne ferait pas dire à Lonsdale : "Laissez passer l'homme libre".
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Message par Invité Mer 29 Sep 2010 - 16:14

Borges a écrit:

on peut alors dire que XB ne se pose pas cette question de l'être du moine; comme dirait heidegger, il croit savoir ce qu'est un moine, la question de l'être ne se pose pas pour lui; kurosawa interroge l'être des samouraïs (héroïsme, être-pour-la mort, relation à l'autre (femme, paysan) au moment même où ils semblent sans raison d'être, à leur crépuscule (c"est comme dans certains western); en ce sens, comme en bien d'autres, le film de XB est idéologique, il travaille dans l'idéalisation; il sait à quoi servent, peuvent servir les moines, dans une époque, où ils ne servent à rien, ou à pas grand chose, ou à pas grand monde; restez disent les villageois aux moines, pour nous protéger, nous sommes des oiseaux vous êtres les arbres où nous sommes posés; sur fond historique (colonisation etc) cela résonne étrangement

rothko raconte : "lorsque je suis allé en europe et que j'ai vu les maîtres anciens, j'étais intéressé par la crédibilité de la scène dramatique. Si le christ sur la croix avait ouvert les yeux, aurait-il cru aux spectateurs?"

c'est la question, je crois que l'on peut poser à ce film;

Oui, Borges, c'est dans ce sens là que je l'entends, avec quand même une nuance : je ne crois pas que des types qui dévouent leurs vies à l'opposé de la valeur marchande soient inutile à notre époque ; seulement, comme tu le dis, XB n'a aucune idée de ce que peut être un moine.

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Message par Invité Mer 29 Sep 2010 - 16:18

Autant que je le sache, la doctrine janséniste reposait pour une bonne part sur la prédestination, non ? Et si oui, quel rapport avec un film qui parait vouloir mettre l'accent sur le choix ?

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Message par Eyquem Mer 29 Sep 2010 - 17:17

Près de 1,3 million de spectateurs en dix-neuf jours !
...
Mais avec 468 000 entrées pour sa première semaine d'exploitation, il s'est installé en tête du box-office, faisant mieux que Salt, ou Inception.
...
Les exploitants de salles ajoutent que ce film attire un public catholique, qui va peu au cinéma. "Il y a énormément de religieux, de bonnes soeurs et des gens qui portent la croix, confirme une responsable de la salle du Panthéon, à Paris. Le public est âgé. Beaucoup de retraités et peu de jeunes. Aussi, la dernière séance de 22 heures a été avancée d'une heure."
...
Bretagne et Alsace, deux terres catholiques, sont les régions qui ont le plus vu le film. Stéphane Célérier reconnaît avoir "beaucoup ciblé la communauté catholique" pour la promotion : le film a été montré à la presse "catho", des accords ont été passés avec les éditions Bayard, des acteurs ont participé à des débats avec des religieux, "des avant-premières ont eu lieu pour des représentants de l'Eglise".
...
De son côté, l'Eglise a incité ses fidèles à aller voir le film. La Conférence des évêques de France a salué "un chef-d'oeuvre de paix"


http://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/09/28/des-hommes-et-des-dieux-quel-succes_1417054_3476.html

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Message par adeline Jeu 30 Sep 2010 - 21:16

C'est étrange comme tout le monde semble avoir du mal, pour ce film, à faire la différence entre la vie et la morale, ou je ne sais trop comment dire, de ces moines, et le film lui-même. Je repense à la scène du repas sur Le Lac des cygnes. Je m'en souviens comme d'une scène boursouflée, assez éloignée de l'idéal de vie des trappistes. C'est un film très lyrique peut-être ?

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Message par Borges Ven 1 Oct 2010 - 8:31

entendu sur LCI, christophe barbier, le connard de l'express, faire une petite sociologie du succès du film (il ne l'a pas encore vu, mais il va le faire; la sociologie-publicité inspire beaucoup de monde; tout le monde s'étonne; les uns disent que c'est un miracle, bien entendu, qui échappe aux sciences empiriques, ); c'était ce matin, dans une émission où il distribue des cartons rouges et des verts; deux rouges, un à fillon (parce qu'il se décide pas, fait toujours les choses à moitié, le contraire d'un moine de XB en somme), l'autre, j'ai déjà oublié, et puis le vert, pour des hommes et des dieux;

-la morale du sacrifice; les moines sont des gens prêts à mourir pour leurs idées; dans un monde qui ne croit plus en rien... blabla...

(là, on rejoint macé; l'indépendant; et bien entendu tout un pan du sarkozisme; voyez ses conneries sur les soldats morts en afghanistan; il est important de voir comment l'idéal de "zéro mort" peu à peu a été remplacé au cinéma et en politique par celui de "mourir pour"; independencia, le site catholique, avait aussi défendu un film où de braves occidentaux mourraient pour sauver des arabes, le truc avec les démineurs en irak; )


-la spiritualité, la transcendance, bien entendu, dans un monde qui ne croit plus en rien blablabla

-le conflit du christianisme avec l'islam (le film pour lui, mais il ne l'a pas vu, ne cause pas de la guerre civile algérienne, mais du conflit du christianisme et de l'islam...; )

-l'esthétisme, de la lenteur, dans un monde où tout va trop vite (ça devrait lui donner des idées, pour ralentir son débit; je ne sais pas si vous l'avez déjà entendu parler)


il finit en disant (c'est sa grande idée) que ce film parle avant tout de "nous les français"; de la france; on s'en serait douté; ou presque;


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Message par Borges Dim 3 Oct 2010 - 14:18



parler d'un film, c'est "jouer sur l'univers entier qui peut être associé à un film";

(dixit rancière à propos de deleuze)

j'avais oublié : sur la même chaine (LCI) le même jour, ferry et son pote julliard

(ils sont supposés ne pas être d'accord, s'affronter; en fait ils s'entendent sur tout, sauf sarkozy; sarkozy, le nom d'un différend marrant; un peu comme le fut le pen (ou sa fille; marine, c'est très joli; je trouve; certains la trouvent plus présentable que son père; je sais pas pourquoi; sans doute parce que c'est une femme... ) on est contre lui, mais on fait la promotion de ses idées.

Rancière le dit avec humour : pour lutter contre les idées de le pen, on s'est mis à lutter contre les immigrés; c'est un peu comme si pour lutter contre les idées antisémites de hitler, on l'avait aidé à les assassiner; c'est un peu ce qu'on a fait, tout de même; plus de juif, plus d'antisémite; c'est une solution finale; et en un sens, c'est pas faux, si comme on le dit "le front national" n'existe qu'à cause des problèmes de l'immigration (ils sont responsables de tout, même de ça), une fois ce problème résolu (plus d'immigrés), il n'y aura plus de front national; );


donc sur LCI, les deux types ont parlé de "la société de la peur"; les français ont peur, peur de tout, du climat, d'entreprendre... de machin, de truc. Deleuze et badiou ont le sait ont lié ça, à la tyrannie, aux prêtres : "faites peur, et vous esclavez les gens".

Bon c'est pas évidemment l'explication de ferry; il ne cherche pas à dénoncer les politiques terroristes du gouvernement. En généalogiste kantien pour qui la paix perpétuelle n'est pas un vraie fin, il a fait l'historique, les origines de cette peur, ou plutôt de la transformation du jugement sur la peur (avant c'était pas bien d'avoir peur, maintenant, oui ) : les pacifistes allemands dans les années 1980, les écologistes, et bien entendu la démocratie individualiste (dans les sociétés non démocratiques évidemment on n'a pas peur, ou du moins jamais pour soi seul; c'étaient des peurs collectives; comme au MA)

le slogan qui résume cette transformation de la peur en affect positif , c'est : "plutôt rouge que mort" (bon on pourrait dire que c'est pas si neuf, et que l'histoire même de l'humanité selon hegel commence avec le choix de la vie-servile, plutôt que la mort, mais bon...)

pq je parle de ça?

peut-être parce que les moines ont choisi la mort plutôt que la peur; bon, on ne sait pas quelle est l'alternative, le style de vie refusé par eux; l'islamisme, l'armée algérienne, la violence, le pouvoir, ou plus simplement, revenir en france? car, il aurait suffit qu'ils rentrent en france.... alors leur problème aurait été, et c'est ce que dit le film : plutôt la mort que revenir en france, vivre comme un français?

je sais pas, mais c'est marrant






bon, je sais pas pourquoi je parle de ça; je m'en tape ;



Après l’affaire des tombes musulmanes profanées à strasbourg (la semaine dernière je crois), je suis tombé sur un commentaire qui racontait en gros que c’était bien triste mais qu’il fallait se souvenir des moines Tibhirine ; ça m’a bien entendu rappelé cette histoire de spectres vengeurs de dhlawrence ; alors ces moines sont-ils revenus pour qu’on les venge, ou juste pour flatter une image de soi idéalisé : nous sommes si bons, si aimant ; dans l’esprit du type qui a demandé que l’on se souvienne bien entendu, il ne s’agit pas de se souvenir de l’esprit d’amour et de sacrifice, mais de venger, d’une certaine manière ; souvenons-nous ; donc vengeons-les ; ne pleurnichons pas sur quelques tombes musulmanes profanées ;

Je relis rancière, le texte sur la mort de emma bovary : « la mise à mort d’emma bovary » ; le sous-titre de l’article, c’est « littérature, démocratie et médecine » ; cela pourrait convenir d’une certaine manière au film de beauvois : « cinéma, démocratie (chrétienne) et médecine » ; le titre de l’article de rancière a bien entendu a quelque chose de curieux ; on sait tous qu’emma s’est suicidée ; elle s’est mise à mort, s’il faut parler de mise à mort ;

« pourquoi fallait-il tuer emma bovary » ? demande pourtant rancière ; on peut demander dans le même ton, mais la question aura naturellement un sens plus facilement accessible : « pourquoi fallait-il tuer les moines de tibhirine ? » ; tout dépend de qui on vise, de qui on croit les auteurs de cet assassinat ; dans la presse, c’est un constante sur le mode du déni ; qui a tué les moines, c’est pas ça intéresse XB ; bien entendu c’est pas vrai ; ou si c'est vrai pour lui, ça ne l'est pas pour les "médias-politiques"; l'horizon moyen de réception du film ; il faudrait bien de la force pour échapper à cette question, il faudrait comme dirait nietzsche échapper à l’instinct de vengeance, ne plus être chrétien en un sens, ou plus largement encore ne plus être homme ; car l'homme pour nietzsche, c'est ça : une bête animé par l'instinct de vengeance ; le ressentiment à l'égard de la vie ; son cri perpétuel : "c'est de ta faute, si je suis pas heureux"; avec le bouddhisme dans le rôle de la vengeance suprême, "c'est la faute de la vie, si nous ne sommes pas heureux ; supprimons la vie et à défaut d'être heureux, nous ne serons plus vivants";

bon, comme on le sait les films de XB sont essentiellement tournés vers la mort ; ils pourraient tous portés ce titre : "N'oublie pas que tu vas mourir"



memento mori


DES hommes et DES dieux (X. Beauvois) - Page 2 300px-StillLifeWithASkull

vanité des vanités

d'où vient qu'on doive mourir?
du péché?

le film marche ici sur les traces de la mort de jésus ; et on sait ce qu’il en fut de cette mort ; bon, les moines ne sont pas des fils de dieux ; mais ils sont mort comme jésus, et il faut bien des juifs à punir pour ce déicide ; cet assassinat de l’amour, de l’abandon à l’autre ; ils ne sont pas mort en un sens pour racheter les péchés des hommes, les sauver, mais pour indiquer qui sont pécheurs, qui sont les assassins ; c’est pas omar qui les a tués, mais son frère, ses frères...
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Message par Borges Dim 3 Oct 2010 - 14:45

Alors quoi, qui de cette mise à mort des moines de T ?

Qui les a tués ?
(dans la fiction, dans la réalité)

D’abord qui a tué emma bovary ?

Dans la fiction : on le sait, elle s’est suicidée ; et après elle écrit ce mot, « la formule consacrée » dit rancière : « qu’on n'accuse personne »
Pourquoi s’est-elle suicidée ? ses dettes, ses aventures, et plus profondément, à cause de l’écart entre ses rêves, ses idéaux et la vie médiocre qu’elle menait.

Dans le testament de christian de chergé, qui bien entendu ne s’est pas suicidé (même si ; au fond pourquoi dit-on toujours « attentat suicide » alors que leurs auteurs se pensent plutôt martyres)


Je ne saurais souhaiter une telle mort. Il me paraît important de le professer. Je ne vois pas, en effet, comment je pourrais me réjouir que ce peuple que j'aime soit indistinctement accusé de mon meurtre. C'est trop cher payé ce qu'on appellera, peut-être, la "grâce du martyre" que de la devoir à un Algérien, quel qu'il soit, surtout s'il dit agir en fidélité à ce qu'il croit être l'Islam. Je sais le mépris dont on a pu entourer les Algériens pris globalement. Je sais aussi les caricatures de l'Islam qu'encourage un certain idéalisme. Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes.


-donc on ne doit pas les accuser indistinctement ; bien des passages de la lettre bien entendu auraient pu être prononcé par sarkozy, ou bush...

il ne faut pas accuser une caricature de l'islam d'avoir tué une idéalisation du christianisme ; deux modes de représentation ; la caricature d'un coté, l'idéalisation de l'autre ; l'idéalisation tuée par la caricature ; la caricature est donc la coupable ; mais avant d'avoir tué les moines, elle a d'abord tué l'islam même ; ce sont les musulmans mêmes qui se sont caricaturés, qui ont caricaturé leur religion ;

il y a ce passage très mystérieux :
Je sais aussi les caricatures de l'Islam qu'encourage un certain idéalisme. Il est trop facile de se donner bonne conscience en identifiant cette voie religieuse avec les intégrismes de ses extrémistes."

de quel idéalisme parle-t-il ?
celui des moines, des occidentaux... ?
celui des "islamistes"


(là encore, il faudrait rappeler les critiques de nietzsche à l'idéalisme, nihilisme, et volonté de mort au fond)


(notons que C de chergé, désigne ici les islamistes (comme ses probables futurs assassins) ; alors qu'il semblerait plutôt que c'est l'armée ; une caricature de l'armée?)






si cette question peut se poser en dialogue, avec flaubert, c'est que le cinéma de XB est bovaryste, comme on dit ; pensons au petit lieutenant ; mais aussi parce que emma bovary était à sa manière très religieuse, mystique ;

comme je disais en commençant cette discussion, c'est le cinéma qui a tué le petit lieutenant; comment?






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Message par Borges Dim 3 Oct 2010 - 15:25

Et toi aussi, l'ami de la dernière minute, qui n'aura pas su ce que tu faisais. Oui, pour toi aussi je le veux ce MERCI, et cet "A-DIEU" en-visagé de toi. Et qu'il nous soit donné de nous retrouver, larrons heureux, en paradis, s'il plaît à Dieu, notre Père à tous deux. AMEN !
Insha 'Allah !

ce passage, comme d'autres, est tout simplement hallucinant, bouleversant, au-delà du monde, de l'être ; qui est cet ami de la dernière minute (à qui il faut pardonner, parce qu'il ne sait pas ce qu'il fait : mais comment peut-il jouer sur le "merci", le double du sens du mot "merci", que nous ne pouvons pas ne pas lire) ?

ici, il faudrait un derrida pour lire ce texte, cette lettre-testament ; mais sur l'a-dieu, il y a son texte sur levinas ;




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