De Dieu, des dieux, du cinéma
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De Dieu, des dieux, du cinéma
Borges a écrit:slimfast a écrit:il est paru en janvier 2001 et on le trouve toujours ... les cahiers ont fait paraître pas mal de bouquins sur le cinéma asiatique.
à une époque, pas si lointaine, on aurait dit que le cinéma se réduisait au cinéma "asiatique"; l'époque où jmfrodon tentait de dériver la puissance de ce cinéma de la culture asiatique, par essence cinématographique;théorie en lutte avec sa version chrétienne : le cinéma est nécessairement chrétien, art de l'incarnation, qu'on trouve par exemple chez R Girard, dans son texte sur la passion de M Gibson. Grand film selon lui, d'autant plus grand que le cinéma a des origines chrétiennes (et non pas égyptiennes)
Dernière édition par Borges le Dim 9 Juin 2013 - 13:25, édité 1 fois
Borges- Messages : 6044
Re: De Dieu, des dieux, du cinéma
slimfast a écrit:Borges a écrit:slimfast a écrit:il est paru en janvier 2001 et on le trouve toujours ... les cahiers ont fait paraître pas mal de bouquins sur le cinéma asiatique.
à une époque, pas si lointaine, on aurait dit que le cinéma se réduisait au cinéma "asiatique"; l'époque où jmfrodon tentait de dériver la puissance de ce cinéma de la culture asiatique, par essence cinématographique;théorie en lutte avec sa version chrétienne : le cinéma est nécessairement chrétien, art de l'incarnation, qu'on trouve par exemple chez R Girard, dans son texte sur la passion de M Gibson. Grand film selon lui, d'autant plus grand que le cinéma a des origines chrétiennes (et non pas égyptiennes)
Selon Philippe Muray (Exorcismes spirituels), le cinéma est le seul art qui n'a pas eu à s'émanciper du religieux. Les autres arts ont du au cours des siècles, se détacher du sacré afin de devenir arts et seulement arts. Le cinéma lui, est indemne de cette épreuve, parce que dernier à apparaître dans l'histoire des formes, il n'a pas eu non plus à se débattre avec l'histoire des religions, ni à conquérir son autonomie. Il l'avait déjà, né sans bénédiction divine, à l'époque déjà du retrait des dieux : né après la bataille entre l'ici-bas et l'au-delà, il ne sait pas même littéralement que dieu a éxisté.
ps : Tesson a aussi beaucoup fait pour la découverte de cinéastes asiatiques, coréens tout particulièrement.
bonne finale
Dernière édition par Borges le Dim 9 Juin 2013 - 13:24, édité 1 fois
Borges- Messages : 6044
Re: De Dieu, des dieux, du cinéma
Borges a écrit:slimfast a écrit:
Selon Philippe Muray (Exorcismes spirituels), le cinéma est le seul art qui n'a pas eu à s'émanciper du religieux. Les autres arts ont du au cours des siècles, se détacher du sacré afin de devenir arts et seulement arts. Le cinéma lui, est indemne de cette épreuve, parce que dernier à apparaître dans l'histoire des formes, il n'a pas eu non plus à se débattre avec l'histoire des religions, ni à conquérir son autonomie. Il l'avait déjà, né sans bénédiction divine, à l'époque déjà du retrait des dieux : né après la bataille entre l'ici-bas et l'au-delà, il ne sait pas même littéralement que dieu a éxisté.
Oui, on peut dire ça (c'est ce que rancière appelle le régime esthétique de l'art ) mais cela me semble un peu trop facile : le pays du cinéma, les usa, c'est tout de même pas le pays de la mort de dieu, et de plus, on ne peut pas oublier tout un cinéma religieux, affirmé ou pas... bresson, Tarko, godard, malick... n'oublions pas que le christianisme commence avec la mort de dieu, et sa résurrection...
Borges- Messages : 6044
Re: De Dieu, des dieux, du cinéma
sur ce thème il y a le beau livre de Jean Louis Schefer, Cinématographies. J'en reprend quelques lignes :"la répétition tardive, parodique, emphatique par laquelle le cinéma a refait la scène du Golgotha ressemble pour nous aux innombrables films sur le débarquement, l'avancée des troupes allemandes, ou sur la guerre du Vietnam : c'est une répétition du trauma, d'autant plus incompréhensible qu'il se répète, de plus en plus, comme un motif décoratif. Ce Golgotha répété, agrémenté de passions mineures, c'est à dire de psychologies et de situations de romans modernes, est même l'exemple dont une civilisation ne comprend plus ses enjeux symboliques".
on peut même se poser la question : le visionneur d'écrans, d'écrans petits, tenus dans la main est il le même que celui celui qui via la psychanalyse et le structuralisme avait dessiné chez le spectateur de la salle, peu ou prou, un "dédoublement imaginaire de la personnalité" ?
on peut même se poser la question : le visionneur d'écrans, d'écrans petits, tenus dans la main est il le même que celui celui qui via la psychanalyse et le structuralisme avait dessiné chez le spectateur de la salle, peu ou prou, un "dédoublement imaginaire de la personnalité" ?
Invité- Invité
Re: De Dieu, des dieux, du cinéma
Borges a écrit: on ne peut pas oublier tout un cinéma religieux, affirmé ou pas... bresson, Tarko, godard, malick... n'oublions pas que le christianisme commence avec la mort de dieu, et sa résurrection...
Je rajouterai bien King Hu à cette liste de réalisateurs.
Re: De Dieu, des dieux, du cinéma
wootsuibrick a écrit:Borges a écrit: on ne peut pas oublier tout un cinéma religieux, affirmé ou pas... bresson, Tarko, godard, malick... n'oublions pas que le christianisme commence avec la mort de dieu, et sa résurrection...
Je rajouterai bien King Hu à cette liste de réalisateurs.
L'international Film Guide britannique en 1978 le proclame l'un des 5 meilleurs réalisateurs du monde ( sur "mon" encyclopédie ).
Invité- Invité
Re: De Dieu, des dieux, du cinéma
Daney disait que le critique de cinéma était un prêtre raté faisant du Cinéma une nouvelle valeur du Bien, une nouvelle éthique. Que c'était le seul art qui partait du Bas pour aller vers le Haut, le message direct. Contrairement à la peinture qui montre des images du Haut (les piétas, les crucifixions etc...) pour le Bas et qui demande une initiation beaucoup trop longue à son goût.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: De Dieu, des dieux, du cinéma
salut Dr., sûr il faudrait des curés à la critique et des critiques à la messe !!!
Invité- Invité
Re: De Dieu, des dieux, du cinéma
Dr. Apfelgluck a écrit:Daney disait que le critique de cinéma était un prêtre raté faisant du Cinéma une nouvelle valeur du Bien, une nouvelle éthique. Que c'était le seul art qui partait du Bas pour aller vers le Haut, le message direct. Contrairement à la peinture qui montre des images du Haut (les piétas, les crucifixions etc...) pour le Bas et qui demande une initiation beaucoup trop longue à son goût.
hi Dr.:
Je vois pas trop pourquoi le critique de cinéma serait un prêtre raté (daney n'avait pas bonne opinion de lui-même, il aurait voulu être proust, et pas prêtre).
Et on pourrait aussi bien dire, par goût de la formule, que le prêtre est un critique de cinéma arrivé trop tôt dans l'histoire de la lumière ou lire le passage de jean, dans les évangiles : "la lumière a brillé dans les ténèbres", comme une annonce de la salle de cinéma
Borges- Messages : 6044
Re: De Dieu, des dieux, du cinéma
Borges a écrit:
Je vois pas trop pourquoi le critique de cinéma serait un prêtre raté (daney n'avait pas bonne opinion de lui-même, il aurait voulu être proust, et pas prêtre).
Godard lui avait répondu qu'il était plus un avocat qu'un prêtre.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: De Dieu, des dieux, du cinéma
oui, mais on est toujours dans le domaine du crime et du châtiment
Borges- Messages : 6044
Re: De Dieu, des dieux, du cinéma
C'est un motif qui ne remonte pas à Daney, intéressant de noter qu'avant la guerre, la critique en parlait avec moins d'emphase, plus d'humour et de précision. Fondane comparait la salle de cinéma avec la cathédrale Saint Etienne de Vienne: immense, immédiatement accessible par une rue anodine, mais sans parvis, sans recul qui dégage un point de vue total, dans ce morcellement la bâtiment se révèle à la fois sacré et artificiel (même si Fondane ne développe pas trop cela, mais on s'aperçoit que le discours de Benjamin sur l'aura de l'image photo était en fait partagé).
Dans les années 80, la référence à une nouvelle esthétique du cinéma (artificielle et sacrée) était déjà la référence à un discours passé et sans filiation (Rancière le remarque bien quand il parle de Jean Epstein, hélas pour le présenter comme naïf et loin de la rigueur du réel)
Dans les années 80, la référence à une nouvelle esthétique du cinéma (artificielle et sacrée) était déjà la référence à un discours passé et sans filiation (Rancière le remarque bien quand il parle de Jean Epstein, hélas pour le présenter comme naïf et loin de la rigueur du réel)
Dernière édition par Tony le Mort le Mar 11 Juin 2013 - 15:17, édité 4 fois
Invité- Invité
Re: De Dieu, des dieux, du cinéma
J'ai discuté récemment avec une infographiste (et archéologue de formation), loin de Daney, Bazin et Godard, qui remarquait que dans l'argentique, une trace complète de la lumière est conservée par l'émulsion (qui permet de travailler sur les ultraviolets et les infrarouges de la scène réelle), tandis que le numérique échantillonne un signal qui se limite à l'oeil humain (sauf pour du matériel scientifique, qui est plus puissant que l'argentique). Il y a un an, un photographe, Abdoulaye Barry, m'avait que ce qu'il regrettait avec le numérique était l’affaiblissement du rôle de l'obturateur* (il citait une phrase de Klein, où la fermeture de l'obturateur correspond à un laps de temps où l'âme d'une personne photographiée est volée puis rendue. C'est à la fois chrétien et faustéen). Mais pour eux deux, ce qui lie l'image au sacré ou à la situation naturelle est un reste ou un excès par rapport à l'image visible, pas ce qui est visé directement, et est impliqué par la technique de capture. Pas vraiment la même chose qui Bazin ou Daney qui font, d'après ce qui en est dit ici, du sacré l'enjeu d'une idéologie, qui l'articulent non à un excès mais à un manque posé par l'histoire elle-même (le cinéma n'avait pas d'autre choix que d'être un mouvement sans réciproque du sacré vers le profane du fait de sa position ultime dans l'histoire).
* Même si je crois que les reflex numériques ont un obturateur (je ne sais pas ce qu'il en est des caméras)
* Même si je crois que les reflex numériques ont un obturateur (je ne sais pas ce qu'il en est des caméras)
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