Quoi donc, qui donc... du dernier Resnais?

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Message par Invité Sam 12 Déc 2009 - 14:27

Borges a écrit:
Tout commence par un achat, un achat de souliers, pas n’importe lesquels, évidemment ; ou plutôt tout commence par des plans de pieds, des tas de pieds, des tas de souliers, cela pourrait presque être un plan de Hitch ; dans quel film ? peut-être dans l’inconnu du nord express ; où ce sont les souliers qui produisent l’intrigue ; ici, ce sera pas les souliers, même s’ils sont au début, mais un portefeuille ;

donc, les souliers, ..

des souliers, c'est qui qui utilise encore ce mot aujourd'hui : "souliers" ?

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Message par Borges Sam 12 Déc 2009 - 14:47

Bonne question, merci de la poser. Moi, je l'utilise encore aujourd'hui, en ce moment même; c'est un mot que j'aime bien, "souliers", parce que dans "souliers", j'entends un peu sol (cf la vérité en peinture (grande explication entre derrida-heidegger-schapiro- d'autres autour des souliers, mais de qui, à qui donc? de, à... van gogh, de/à une femme, de/à un homme, de/à un homme de la campagne, de/à une femme de la campagne, de/à un gars de la ville... est-ce bien une paire....? des tas de questions... )
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Message par DB Sam 12 Déc 2009 - 15:01

Borges a écrit:Je suis pas loin de penser la même chose

Normal. A moins que... Norman Bates ?
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Message par Borges Sam 12 Déc 2009 - 16:33

David_Boring a écrit:
Borges a écrit:Je suis pas loin de penser la même chose

Normal. A moins que... Norman Bates ?

Hello DB;
je comprends pas : pourquoi "normal"?
et je saisis pas non plus l'allusion à Norman Bates?
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Message par Eyquem Sam 12 Déc 2009 - 17:46

hello Borges,
Borges a écrit:Je suis pas loin de penser la même chose, mais tout de même "inland" est meilleur.

T'as leur liste?
1 HF d'AR
2 V de MB
3 IB de QT
4 GT de CE
5 SJFB de MdO
6 T de FFC
7 HL de KB
8 Le RdE d'AG
9 TS de KK
10 H de BD

(c'est pour râler contre la manie des abréviations sur ce forum tongue )

Spoiler:

Il n'y a qu'un critique (une, en fait : E. Lequeret) qui cite le TT je crois dans son top personnel. Rolling Eyes
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Message par Borges Sam 12 Déc 2009 - 19:24

le tokyo sonata...
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Message par Invité Sam 12 Déc 2009 - 19:35

Il devait pas y avoir un film de Kitano cet automne ?

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Message par Le_comte Sam 12 Déc 2009 - 19:50

Borges a écrit:le tokyo sonata...

As-tu aimé ce film ?

JM a écrit:Il devait pas y avoir un film de Kitano cet automne ?

Si, Achille et la tortue je crois. Je vais mettre prochainement Glory to the filmaker en VOSTFR sur IR. Mais, je ne sais pas pourquoi, la trilogie de Kitano (qui comprend donc également Takeshi's) est très peu visible (si ce n'est en Rapid Share, au nombre de fichiers très élevés, ce qui n'est pas l'idéal pour un belge lol.). Ce qui est bien dommage. Avez-vous une explication de cet oubli ?

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Message par Borges Sam 12 Déc 2009 - 19:52

Oui, j'ai aimé; beaucoup; il est dans mon top.

pas toi?
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Message par Borges Sam 12 Déc 2009 - 19:53

mais ne débordons pas, les bestof, c'est pas ici :

Wink
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Message par Le_comte Sam 12 Déc 2009 - 19:58

Non, pas du tout, trop d'akininisme aux ascendances inarrituiennes pour moi. Je ferai bientôt mon top, ainsi que mon flop, mais j'ai manqué beaucoup de films importants, car ils ne bénéficient pas d'une bonne sortie par chez moi (ça change très peu depuis que je vais sur Bruxelles chaque jour, la prog y est quasi la même, puisqu'il s'agit du même distributeur)

edit : ok, plus de débordement

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Message par Borges Sam 12 Déc 2009 - 20:03

Le_comte a écrit:

edit : ok, plus de débordement

sauf d'affection, pour le dernier Resnais.

Wink
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Message par Eyquem Sam 12 Déc 2009 - 23:23

Borges a écrit:Dès le titre, les deleuziens peuvent penser des choses ; dès le titre, j’aurais pu m’accrocher à la piste de l’herbe ; et dire le film est deleuzien ; Deleuze aimait l’herbe ; c’est de notoriété publique ; il l’opposait aux arbres, aux racines, à la France
Oui, le penseur de l'herbe, c'est Whitman - c'est sans doute chez lui que Deleuze en trouve l'idée.

Je vous propose cette petite pause poétique. Car on est toujours plus léger, plus heureux, plein d'allant, après avoir lu une page de Whitman.
Allons !, comme il écrivait, en français dans le texte.

A child said, What is the grass? fetching it to me with full
hands;
How could I answer the child?. . . .I do not know what it
is any more than he.
I guess it must be the flag of my disposition, out of hopeful
green stuff woven.

Or I guess it is the handkerchief of the Lord,
A scented gift and remembrancer designedly dropped,
Bearing the owner's name someway in the corners, that we
may see and remark, and say Whose?

Or I guess the grass is itself a child. . . .the produced babe
of the vegetation.

Or I guess it is a uniform hieroglyphic,
And it means, Sprouting alike in broad zones and narrow
zones,
Growing among black folks as among white,
Kanuck, Tuckahoe, Congressman, Cuff, I give them the
same, I receive them the same.

And now it seems to me the beautiful uncut hair of graves.

Tenderly will I use you curling grass,
It may be you transpire from the breasts of young men,
It may be if I had known them I would have loved them;
It may be you are from old people and from women, and
from offspring taken soon out of their mother's laps,
And here you are the mother's laps.

This grass is very dark to be from the white heads of old
mothers,
Darker than the colorless beards of old men,
Dark to come from under the faint red roofs of mouths.

O I perceive after all so many uttering tongues!
And I perceive they do not come from the roofs of mouths
for nothing.

I wish I could translate the hints about the dead young men
and women,
And the hints about old men and mothers, and the offspring
taken soon out of their laps.

What do you think has become of the young and old men?
What do you think has become of the women and
children?

They are alive and well somewhere;
The smallest sprouts show there is really no death,
And if ever there was it led forward life, and does not wait
at the end to arrest it,
And ceased the moment life appeared.

All goes onward and outward. . . .and nothing collapses,
And to die is different from what any one supposed, and
luckier.

Un enfant m'a dit : "Qu'est-ce que l'herbe ?", en m'en apportant à pleines mains ;
Quelle réponse donner à l'enfant ? Je ne sais pas plus que lui ce que c'est.

Je suppose que c'est le drapeau de mon humeur, taillé dans le tissu vert de l'espérance.

Ou bien je suppose que c'est le mouchoir du Seigneur,
Cadeau parfumé, souvenir qu'il a exprès laissé tomber,
Et qui porte en quelque sorte nom du propriétaire dans un coin, afin que nous puissions le voir et le remarquer et dire : "A qui est-il ?"

Ou bien je suppose que l'herbe est elle-même un enfant, un bambin de la végétation.
Ou bien je suppose que c'est un hiéroglyphe universel,
Et qu'il signifie : je pousse également dans les zones larges et dans les zones étroites,
Je grandis parmi les noirs comme parmi les blancs,
Canadien, Virginien, membre du Congrès, Moricaud, je les traite de même, je les reçois de même.

Et maintenant l'herbe me semble la belle chevelure non-coupée des tombes.

Je vais te traiter avec tendresse, herbe brisée,
Peut-être suintes-tu de la poitrine de jeunes hommes,
Peut-être les aurais-je aimés si je les avais connus,
Peut-être proviens-tu de vieilles gens ou d'enfants arrachés trop tôt au sein de leur mère,
Et voici que tu es le sein des mères.
Cette herbe est bien foncée pour provenir de la tête blanchie des vieilles mamans,
Elle est plus foncée que la barbe décolorée des vieillards,
Bien foncée pour sortir de derrière le palais rouge pâle des bouches.

Oh ! je m'aperçois que ce sont après tout autant de langues qui parlent,
Et je m'aperçois que ce n'est pas pour rien qu'elles sortent du palais des bouches.

Je voudrais pouvoir traduire ce qu'elles suggèrent à propos des jeunes hommes morts et des jeunes femmes mortes,
Et ce qu'elles suggèrent à propos des vieillards et des mères, et des enfants trop tôt arrachés à leur sein.

Que croyez-vous qu'il soit advenu des jeunes hommes et des vieillards ?
Et que croyez-vous qu'il soit advenu des femmes et des enfants ?
Ils sont vivants et bien portants quelque part,
La plus petite pousse montre que la mort n'existe pas vraiment,
Et si elle a jamais existé, elle a entraîné la vie plus avant, elle n'attend pas au bout pour l'arrêter,
Elle a cessé au moment même où la vie est apparue.

Tout progresse et se développe, rien ne disparaît,
Et mourir est différent de ce que quiconque a supposé, et plus heureux
.


Dernière édition par Eyquem le Sam 12 Déc 2009 - 23:50, édité 2 fois
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Message par Eyquem Sam 12 Déc 2009 - 23:41

Dans le film, on voit quelques livres (en dehors de l'annuaire), je ne sais pas si vous les avez remarqués.

De l'un, on ne voit pas le titre, mais on identifie facilement la peinture en couverture : "Et in Arcadia ego" de Poussin. (Du latin que les spécialistes traduisent soit par "Même en Arcadie, moi, la Mort, j'existe", soit par "Moi aussi, j'ai vécu en Arcadie", et c'est alors le mort qui parle.)

L'autre livre, c'est l'épouse qui le lit, étendue sur son lit : "Exit ghost" de Roth, en anglais - et j'imagine que c'est moins une référence à Roth qu'au théâtre.


C'est juste des pistes.
J'ai aimé le film. J'étais tout le temps surpris, je ne savais jamais quelle direction ça allait prendre - et c'est un plaisir, quand même, d'être surpris au cinéma.


(Le film que Palet va voir au cinéma, c'est "The bridges at Toko-Ri" de Mark Robson.
http://www.imdb.com/title/tt0046806/
Mais dans l'entretien des Cahiers, Resnais explique qu'il ne l'a jamais vu. Ca vient du bouquin de Gailly.)
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Message par Invité Dim 13 Déc 2009 - 10:49

http://www.lefigaro.fr/cinema/2009/11/04/03002-20091104ARTFIG00476-alain-resnais-nous-sommes-tous-des-herbes-folles-.php

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Message par Eyquem Dim 13 Déc 2009 - 12:02

JM a écrit:
Eyquem a écrit:Pour le fun, les 10 meilleurs films de l'année 1959 selon Resnais (l'année d'Hiroshima, il y a un demi-siècle):



Les contes de la lune vague
Salut Eyquem,

Un film un peu plus important que ce qu'on a à se mettre sous l'oeil actuellement.

Il est question d'herbes folles dans ce film, un peu comme dans "Touch of Zen" de King Hu. Tu évoquais Whitman ailleurs, mais pourquoi ne pas en faire aussi - et peut-être avant tout car on sait combien les transcendantalistes états-uniens étaient imprégnés de pensées orientales ? - une affaire asiatique ?

"And now it seems to me the beautiful uncut hair of graves."

La représentation classique de la maison hantée imaginaire, c'est un lieu délabré entouré de friches, d'herbes sauvages, broussailleuses qui poussent comme autour d'une tombe. Il en est ainsi du château en ruines du film de Mizoguchi dans lequel le potier va vendre ses ouvrages (avec ou sans plus-value ?) à la propriétaire, spectre des lieux, comme de la maison censée être hantée de "Touch of Zen".

Et chez Mankiewicz ?

Tout ça pour éviter de parler du film de Resnais, naturellement.
Je ne saurais pas quoi te répondre.

De toute façon, je ne suis pas sûr que Whitman soit une bonne référence, ici. Il ne parle pas de la même herbe que Resnais je pense. Parce qu'il y a herbe et herbe. Herbes folles ou pas folles.
Le camerado Walt doit penser à l'herbe de la Prairie. Resnais pense aux "mauvaises herbes" qui poussent entre les pavés.

Et même chez Resnais, il y a plusieurs herbes :
- celle du générique, qui pousse dans une fissure du bitume
- la pelouse de la villa
- celle de la piste d'aviation
- celle qu'on voit à plusieurs reprises, entre les plans
- et, si l'on en croit l'affiche de Blutch (je n'avais pas reconnu qu'elle était de lui), l'herbe qui pousse dans la tête des gens


Je ne sais pas du tout quoi dire de ce film.
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Message par Borges Dim 13 Déc 2009 - 12:07

De l'un, on ne voit pas le titre, mais on identifie facilement la peinture en couverture : "Et in Arcadia ego" de Poussin. (Du latin que les spécialistes traduisent soit par "Même en Arcadie, moi, la Mort, j'existe", soit par "Moi aussi, j'ai vécu en Arcadie", et c'est alors le mort qui parle.)

Y a le livre de Louis Marin, que je lis en ce moment, enfin depuis un temps déjà (sans réussir à trop accrocher) : "détruire la peinture"
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Message par Borges Dim 13 Déc 2009 - 12:55

Je pense pas que whitman (ici) soit vraiment la référence, pour resnais, deuleuze, quand il s'agit d'herbe; deleuze a dit après resnais que le problème de resnais c'était le cerveau (la mémoire, le temps, la mort...) : dans "mille plateaux" on lit " Baucoup de gens ont un arbre planté dans la tête, mais le cerveau lui-même est une herbe beaucoup plus qu'un arbre".
(MP, D/G, p. 24)

cela dit Deleuze et Guattari renvoient à Whitman p. 29 du livre...
dans ces pages ils mettent aussi en relation la pensée américaine de l’herbe (underground naturellement, Ouest plutôt que l'Est) et l’Asie,

Ils citent Henry miller,

« la chine est la mauvaise herbe dans le carré de choux de l’humanité (…) De toutes les existences imaginaires que nous prêtons aux plantes, aux bêtes, aux étoiles, c’est peut-être la mauvaise herbe qui mène la vie la plus sage. Il est vrai que l’herbe ne produit ni fleurs, ni porte-avion, ni Sermons sur la Montagne (…) mais en fin de compte c’est toujours l’herbe qui a le dernier mot. En fin de compte tout retourne à l’état de chine. (…) Pas d’autres issues que l’herbe (…) l’herbe n’existe qu’entre les grands espaces non cultivés. Elle comble les vides. Elle pousse entre, et parmi les choses. La fleur est belle, le chou est utile, le pavot rend fou. Mais l’herbe est débordement, c’est une leçon de morale.


Puis demandent : « de quelle chine parle miller, de l’ancienne, de l’actuelle, d’une imaginaire, ou bien d’une autre encore qui ferait partie d’une carte mouvante…


on aura remarqué le mot "débordement"
mais aussi chou, pour qui pense à Haneke


Y a aussi cette phrase amusante, pour qui a vu le film : « Patti smith chante la bible du dentiste américain : ne cherchez pas de racine, suivez le canal. »
(30)

Mon idée avec la première scène, achat, vol, besoin, désir, fantasme, c’est plutôt d’arriver au marx de l’antioedipe, :

« Nous avons beau dire : on n'est pas des herbes, il y a longtemps qu'on a perdu la synthèses chlorophyllienne, il faut bien qu'on mange ... Le désir devient alors cette peur abjecte de manquer. Mais justement, cette phrase, ce ne sont pas les pauvres ou les dépossédés qui la prononcent. Eux, au contraire, ils savent qu'ils sont proches de l'herbe, et que le désir a « besoin » de peu de choses, non pas ces choses qu'on leur laisse, mais ces choses mêmes dont on ne cesse de les déposséder, et qui ne constituaient pas un manque au coeur du sujet, mais plutôt l'objectivité de l'homme, l'être objectif de l'homme pour qui désirer c'est produire, produire en réalité. Le réel n'est pas impossible, dans le réel au contraire tout est possible, tout devient possible. »

(D/G, l'antioedipe,35 )
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Message par Borges Dim 13 Déc 2009 - 13:09

les transcendantalistes états-uniens étaient imprégnés de pensées orientales ?

Ils avaient surtout la tête pleine de clichés.
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Message par Eyquem Dim 13 Déc 2009 - 13:25

Quoi donc, qui donc... du dernier Resnais? - Page 2 Les-herbes-folles-d-alain-resnais

Si on ne connaît pas le film, ce portefeuille, à première vue, ne ressemble-t-il pas à un petit livre rouge ?
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Message par Borges Dim 13 Déc 2009 - 13:56

Eyquem a écrit:

L'autre livre, c'est l'épouse qui le lit, étendue sur son lit : "Exit ghost" de Roth, en anglais - et j'imagine que c'est moins une référence à Roth qu'au théâtre.

référence plus précisément à Shakespeare, à trois de ses pièces on l'on retrouve cet énoncé, cette indication scénique.
Hamlet
Macbeth
Jules César


le cinéma de Resnais, bien entendu est un cinéma du fantôme, des fantômes...

y aurait bien des choses à penser à partir de ce titre, bien entendu



(merci pour les titres; le roth j'avais vu, mais pas Poussin)
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Message par Eyquem Dim 13 Déc 2009 - 14:24

On s'amuse avec les références cachées/montrées. Mais il y en a une qui est bien mise en évidence. C'est la citation de Flaubert : "N'importe, nous nous serons bien aimés".

Ca vient de "L'éducation sentimentale", l'avant-dernier chapitre, qui est un vrai crève-coeur (dans la limite de ce que Flaubert s'autorise, c'est-à-dire avec tout un tas de noeuds dans la gorge, de refus hautain de céder au mélo - on est effondré quand on lit ça la première fois, quand on se dit que c'est possible de manquer sa vie à ce point, comme Frédéric Moreau).

Au cas où ce chef d'oeuvre vous serait pas vraiment familier, sachez que c'est le moment où Frédéric Moreau revoit Mme Arnoux, qu'il a attendue toute sa vie, en se faisant des idées et en manquant toujours le moment opportun.

Les jeunes héros du début ont vieilli.
Frédéric Moreau s'est comme retiré du monde, où il n'a rencontré que la déception de tous ses rêves. Vous connaisez le refrain :
Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, etc
On frappe à la porte :
- Mme Arnoux !
- Frédéric !
Elle lui explique qu'elle vit à présent en Bretagne, modestement. Elle rembourse des dettes.
Ils revoient le moment où ils se sont aperçus pour la dernière fois. Elle avait peur de lui, dit-elle.
Pourquoi revenir aujourd'hui ?
Elle ne revient pas les mains vides, figurez-vous : elle apporte un cadeau. Devinez quoi : un petit portefeuille grenat couvert de palmes d'or.

Puis les deux vieux amoureux parcourent la ville, comme s'ils marchaient "sur un lit de feuilles mortes", en se souvenant des vieux jours.
Elle s’étonnait de sa mémoire. Cependant, elle lui dit :
— Quelquefois, vos paroles me reviennent comme un écho lointain, comme le son d’une cloche apporté par le vent ; et il me semble que vous êtes là, quand je lis des passages d’amour dans les livres.
— Tout ce qu’on y blâme d’exagéré, vous me l’avez fait ressentir, dit Frédéric. Je comprends Werther, que ne dégoûtent pas les tartines de Charlotte.
— Pauvre cher ami !

Elle soupira ; et, après un long silence :
— N’importe, nous nous serons bien aimés.
— Sans nous appartenir, pourtant !
— Cela vaut peut-être mieux, reprit-elle.
— Non ! non ! Quel bonheur nous aurions eu !
— Oh ! je le crois, avec un amour comme le vôtre !
Et il devait être bien fort pour durer après une séparation si longue !
Quand ils rentrent, Mme Arnoux retire son chapeau.
La lampe, posée sur une console, éclaira ses cheveux blancs. Ce fut comme un heurt en pleine poitrine.
Mais Frédéric sent remonter en lui le vieux désir.
Leurs mains se serrèrent ; la pointe de sa bottine s’avançait un peu sous sa robe, et il lui dit, presque défaillant :
— La vue de votre pied me trouble.
Il ne se passera rien. La peur d'obtenir maintenant ce qu'il a si longtemps attendu, d'en être dégoûté plus tard, pétrifie Frédéric, qui préfère tourner le dos et s'allumer une cigarette.
Tant de pudeur émerveille Mme Arnoux.
— Comme vous êtes délicat ! Il n’y a que vous ! Il n’y a que vous !
Finalement, Mme Arnoux lui dit adieu : elle coupe une mèche de ses cheveux blancs, qu'elle lui offre, comme une relique.
— Gardez-les ! adieu !
Quand elle fut sortie, Frédéric ouvrit sa fenêtre, Mme Arnoux, sur le trottoir, fit signe d’avancer à un fiacre qui passait. Elle monta dedans. La voiture disparut.
Et ce fut tout.
Et ce fut tout.
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Message par Borges Dim 13 Déc 2009 - 16:06

un vrai crève-coeur,

t'es sérieux?
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Message par DB Dim 13 Déc 2009 - 17:40

Tu vois Eyquiem, j'ai beau trouvé ça magnifique (et l'éducation sentimentale ça a même été source d'inspiration chez moi - jdis ça sans prétention, c'est la stricte vérité) et j'y ai beaucoup pensé à ce roman ; et bien, depuis que j'ai lu, découvert le Rouge et le noir, la tête entre les mains, ça ne me fait plus du tout la même chose. Un peu comme rencontrer Rouki après avoir vécu avec Sandrine, rien à voir.

Pardon pour cet écart.
DB
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Message par Invité Mar 15 Déc 2009 - 12:50

On se demande un peu comment Le Figaro a pu aimé puisque, bien entendu, c'est la racine qui est actuellement dans toutes les bouches à l'UMP, et pas vraiment l'herbe..

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