Michael Jackson in This is it

Personne n'a vu ce film, même pas Borges ?

C'était intéressant, il y a certainement des choses à en dire.

C'est pas en gros "comment faire pour mener au cinéma un making of qu'on aurait sorti sur le dvd du concert" ?

Sans mauvais esprti hein.

C'est tout à fait ça, une logique commerciale d'exploitation redoutable.

On en rajoute dans les hommages et les contenus exclusifs pour faire tourner la machine à sous, évidemment. C'est comme la presse people qui sort chaque semaine de nouvelles photos "inédites" de ses derniers instants : sa chambre, sa dernière brosse à dent, sa dernière piquouze...

C'est assez triste, mais on en attendait pas moins de la part de tous les vautours qui planaient au-dessus de son corps décharné depuis des années, lol.

Dans le doc, on échappe pas non plus aux hommages, les yeux humides des danseurs choisis entre mille par MJ. Sa petite armée d'heureux élus...

Mais sinon le personnage me fascine. Je commence à comprendre à quel point la naïveté absolue de ses messages ("God bless you", "I love you" et "Save the planet" sont ses trois leitmotivs) lui a aussi permis de transcender les frontières nationales, sociales etc.

Fascinante aussi est la mécanique rythmique implacable de ses tubes. Il y a un clip où les danseurs sont reproduits virtuellement à l'infini, grimés en soldats, comme une immense armée romaine numérique. Et c'est vraiment ça, dans cette quête maniaque d'un rythme parfait, on retrouve quelque chose de l'ordre de la recherche scientifico-militaire : toujours plus de précision, de puissance et d'efficacité.

Au final ses chorégraphies et ses trémolos sont tellement placés, tellement précis et maîtrisés qu'on en finit par se demander si MJ n'était pas un drone ou quelque chose de ce genre, lol.

Ainsi, on découvre dans ce doc plusieurs clips (Thriller en 3D etc) retournés à grand renfort d'images de synthèse et on ne peut pas s'empêcher de se demander si MJ n'a pas fini par se fondre définitivement dans cet univers de pixels et de calculs.

Etrange créature de cire qui avait, avant de mourir, déjà commencé à quitter son enveloppe corporelle...

Pour le séminaire "études en pop culture"; il faudra naturellement étudier ce texte :

1,2,3,4
This is it, Here I stand
I’m the light of the world
I feel grand
And this love, I can feel
And I know, Yes for sure
It is real

And it feels as though I’ve seen your face a thousand
times
And you said you really know me, yourself
And I know that you have got addicted with you eyes
But you say you’re gonna leave it for yourself

Oh
I never heard a single word about you
Falling in love wasn’t my plan
I never thought that I would be your lover
Come on please just understand

This is it
Like I said
I’m a light of your world
run away
we can feel
This is real
Every time I’m in love yeah I feel

And I feel as though I’ve known you since a thousand
years
And you tell me that you’ve seen my face before
And you said to me that you don’t want me hanging
around
many times wanna do it here before
Oh yeah
I never heard a single word about you
Falling in love wasn’t my plan
I never thought that I would be your lover
Come on please just understand
This is it
I can feel
I’m the light of the world
This is real
feel my song
we can say
And I tell you feel that way

And it feels as though I’ve known you for a thousand
years
And you said you saw my face yourself
And you said want to go with you all the while
And I know that it’s really for myself
Oh yeah
I never heard a single word about you
Falling in love wasn’t my plan
I never thought that I would be your lover
Come on please dear understand

I never heard a single word about you
Falling in love wasn’t my plan
I never thought that I would be your lover
Come on dear please understand
Oh yeah

I never heard a single word about you
Falling in love wasn’t my plan

Falling in love wasn’t my plan
tout est là, dans ce passage où la pop musique rejoint, ou se joint à la pensée la plus exigeante de l'amour, celle qui le pense depuis le générique, et les processus de vérité; tomber amoureux, cela ne se programme pas, c'est pas un plan, de carrière, ni une vocation; on ne peut pas programmer de tomber amoureux, comme dit Badiou : dans "tomber amoureux" ( le mot "tomber" note la désorganisation de la marche des choses).

(C'est dans l'éthique)

Pour le dire plus simplement :

katarina 11/11/09,07:43
seen the movie and cry...words are just not enough...MJ IS THE GREATEST... LOVE YA ...LOVE YA... LOVE YA .... LOVE YA ... MICHAEL... YOU MAKE MY LIFE BETTER.

http://www.elyrics.net/read/m/michael-jackson-lyrics/this-is-it-lyrics.html

Oui, c'est tout à fait ça.

MJ serait une sorte de Joconde christique du XXème siècle, lol.

A propos du titre, on trouve sur Independencia (qui est décidément de toutes les discussions) une critique d'une nouvelle venue, Camille Brunel, elle s'appelle. Elle conclue son texte en estimant que le doc ramène MJ a son statut de simple humain :

"Et c'est bien de Jackson himself, non plus du Jackson-produit, que ces répétitions auront gardé la trace. Non pas It, mais Him, This Is Him."

Mais est-ce qu'il suffit de voir Jésus en cuisine, en train de préparer son pain et son vin, pour lui faire perdre toute son aura ?

Largo a écrit:Oui, c'est tout à fait ça.

MJ serait une sorte de Joconde christique du XXème siècle, lol.

A propos du titre, on trouve sur Independencia (qui est décidément de toutes les discussions) une critique d'une nouvelle venue, Camille Brunel, elle s'appelle. Elle conclue son texte en estimant que le doc ramène MJ a son statut de simple humain :

"Et c'est bien de Jackson himself, non plus du Jackson-produit, que ces répétitions auront gardé la trace. Non pas It, mais Him, This Is Him."

Mais est-ce qu'il suffit de voir Jésus en cuisine, en train de préparer son pain et son vin, pour lui faire perdre toute son aura ?

Mais tu vois bien que cette fille se goure, car c'est pas le "Him", c'est bien le IT, qui est ici donné à voir.

IT, pas him


aux niaiseries de cette Camille, on préfèrera le post de katarina :

katarina 11/11/09,07:43
seen the movie and cry...words are just not enough...MJ IS THE GREATEST... LOVE YA ...LOVE YA... LOVE YA .... LOVE YA ... MICHAEL... YOU MAKE MY LIFE BETTER.

Elle a vu, et elle a pleuré; les mots ne suffisent pas, ils sont remplacés par les larmes, par les pleurs, nous laissant penser que la destination de l'oeil n'est pas la vision, la perception, le savoir-critique, et pensant, mais comme dit Derrida, c'est de pleurer; comme pleure AK dans "vivre sa vie". Les critiques ne pleurent jamais; ils pensent que c'est pour les filles; et quand les filles se font critiques, elles oublient qu'elles sont avant tout des filles, des êtres qui doivent nous apprendre la destination de l'oeil : pleurer d'amour, quand l'amour rend votre vie meilleur.

This is it


Il faudrait ici, je crois tenter de penser ce titre depuis le destin des images de Rancière, où il analyse deux expositions-installations l'une s'appelait "Voici", l'autre "Voilà".

Mais tu vois bien que cette fille se goure, car c'est pas le "Him", c'est bien le IT, qui est ici donné à voir.

Oui, oui ; ma question n'en était pas vraiment une.

Ainsi, on découvre dans ce doc plusieurs clips (Thriller en 3D etc) retournés à grand renfort d'images de synthèse et on ne peut pas s'empêcher de se demander si MJ n'a pas fini par se fondre définitivement dans cet univers de pixels et de calculs.

On parle souvent d'icônes à propos de certaines super stars, avant on disait plutôt des idoles; il serait amusant de voir comment on est passé d'un terme à l'autre; le terme idole n'oublions condamnait un certain usage des images, un faux rapport au divin; en changeant de terme, qu'est-ce qui a changé? On se souvient du fameux de Godard, "l'image viendra au temps de la résurrection"; c'est un peu ce que nous avons, ici; le film est comme une résurrection, qui nous donnerait enfin Jackson, en tant que ce It... Prenez ceci est mon corps, ceci est ma voix... voilà ce que je peux dire, maintenant...

Comme dit Godard dans "Morceaux de conversations..", les "icônes", c'est aussi aujourd'hui le nom que portent les petites images sur nos bureaux d'ordinateurs.

Borges a écrit:

katarina 11/11/09,07:43
seen the movie and cry...words are just not enough...MJ IS THE GREATEST... LOVE YA ...LOVE YA... LOVE YA .... LOVE YA ... MICHAEL... YOU MAKE MY LIFE BETTER.

Elle a vu, et elle a pleuré; les mots ne suffisent pas, ils sont remplacés par les larmes, par les pleurs, nous laissant penser que la destination de l'oeil n'est pas la vision, la perception, le savoir-critique, et pensant, mais comme dit Derrida, c'est de pleurer; comme pleure AK dans "vivre sa vie". Les critiques ne pleurent jamais; ils pensent que c'est pour les filles; et quand les filles se font critiques, elles oublient qu'elles sont avant tout des filles, des êtres qui doivent nous apprendre la destination de l'oeil : pleurer d'amour, quand l'amour rend votre vie meilleur.

Je trouve qu'il faudrait toujours associer cette séquence de Vivre sa vie, avec la fin de Alphaville. On aurait comme ça en même temps le caractère essentiel des mots (le "je .. vous .. aime") et comme tu dis le fait que "les mots ne suffisent pas"..