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Michael Kohlhaas

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Message par Invité Ven 11 Oct 2013 - 23:30

Cela aurait pu être formellement un grand film, n'était la musique trop insistante et emphatique qui tranche avec la sécheresse de la mise en scène, qui prémache la réception du spectateur et surligne les moments pathétiques au tambour et à l'arquebuse et au grillon qui crisse à 120 db. Le récit est étonnamment linéaire comparé aux autres films de Des Pallières
Cela fait beaucoup penser aux films "médiévaux" de Bergman (comme "la Source"), un peu à "Promenades avec l'Amour avec la Mort" de Houston, à certains Bresson aussi (plus l'Argent que Lancelot d'ailleurs, malgré le fond) et on se demande un peu ce que Des Pallière rajoute par rapport à tous ces films  (ce formalisme moderne qui stylisait le monde médiéval pou r se prouver qu'il était encore nouveau), s'il n'y pas chez lui le désir d'utiliser la modernité comme une référence.
Mais il y a au milieu du film deux scènes assez fortes, celle où Koolhaas rencontre un pasteur qui ressemble à Luther ou Calvin qui refuse de l'absoudre mais le conseille politiquement, et celle de la prison où il énonce en Allemand "je sais que je serai pas brûlé je ne serais pas torturé" et la belle idée de faire de la peur de la mort de Koolhaas le ressort paradoxal de sa vengeance (et la limite de son message politique: il est juste, mais dans la mesure où d'autre sont prêt à mourir pour lui) qui donnent un contenu et un certain poids au film.
Le film fait signe vers le présent, d'une manière peut-être discutable: j'ai l'impression qu'il remplace ce qui chez Bresson est l'idée d'une innocence perdue ou souillée par une sorte de dialectique entre le manque et le fanatisme (dont il filme certes la limite) qui est dans la nostalgie de cette innocence qu'elle rend impossible. Koolhaas court en même temps derrière son droit et de conscience de classe dont il fait le deuil, la nostalgie qu'il avait pour sa sécurité de marchant prospère mais intègre. Le film énonce au milieu assez clairement ses enjeux philosophiques et moraux: dans la scène avec la rencontre avec le pasteur Koolhas explique ce qui le pousse vers un athéisme ppeu sur de lui, le pasteur qui lui pose la bonne question: même comme athée, sur le seul plan politique il devrait être capable de comprendre qu'il  agis en séparant l'idée de justice et celle de salut, et penser à la sécurité et à l'avenir de ses hommes. AMsi après cet échange il s'épuise dans une sorte de spectacle dont les enjeux ont été déjà énoncés: comment Koolhaas fuit avec sa fille (qui joue très bien d'ailleurs), est repris, et en partie pardonné par le pouvoir qui doit le châtier.  L'idée que l'on est plus dans le monde des années 68: à la critique de la solitude et de l'auto-suffisance du spectacle travestissant le réel, on n'oppose pas le réel, mais l'autonomie du spectacle à côté du réel, son parallélisme avec une sorte de fatalisme politique qui ne relève pas de lui, il en devient presque consolant.
Le film m'a fait penser au rôle que jouait le récit de Jonas dans "Adieu" et le Joueur de Flûte de Hamelin dans Disneyland: impression que Des  Pallière s'intéresse aux mythes et aux contes traditionnels, non pour leur valeur métahphorique mais uniquement mais pour ce qui fait signe non pas vers le passé, vers leur origine mais en les prenant comme des expression littérales de la modernité (ces mythes sont filmée comme des inventions, des images du présent neuf), c'est un peu l'inverse de l'aprpoche des Hommes et des Dieux de Beauvois (filmer 1994 et les mystères historiques sur la mort des moines de Thibérine comme une légende chrétienne des Croisades) mais finalement peut-être la même chose politiquement, l'idée que même pour le contemporain, la transcendance représente plus une instance capable d'énoncer une leçon sur le cours historique et politique du monde qu'un manque . Dans ce film, dans la scène du Pasteur; le manque et l'absence de justification "externe" des actes de Koolhaas est justement ce qui lui est enseigné et ce qu'il est incapable d'éprouver; c'est un existentialisme inversé par le pragmatisme politique dont le religieux est lui-même capable. On a l'impression que la seule chose qui intéresse Des Pallière dans le fait que le pouvoir tue Koolhaas tout en reconnaissant son bon droit, c'est la distance qui le sépare de l'innocence biblique d'un personnage comme Job, qui meurt en ayant tout retrouvé parce qu'il acceptait le soty: le progressisme de Des Pallière redide dans une conviction mystique, dure tant que cet écarte est perçu comme infranchissable à travers toutes les époques.

Sinon dans le cinéma moderniste-chrétien  qui transforme les problèmes politiques en paradoxes métaphysiques, mais en plus vieux , j'ai vu aussi "les Codes" de Wojeck Has (1966), avec une BO de Penderecki, intéressant aussi, vais essayer d'en parler

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Message par Borges Sam 12 Oct 2013 - 8:52

Hi, vu le film, y a un moment déjà ; déçu, bien entendu, même sans le rapporter au bouquin de Kleist, d'une évidence assez hallucinante ; pas trouvé la mise en scène particulièrement sèche, mais plutôt lourde, expressive ; grosse influence du film de Refn avec le Viking... Les références de Des Pallières, c'est moins les auteurs que tu cites que Kurosawa (Les 7 Samourais), Tarkovski (Andreï Roublev), et un troisième film historique, dont je ne me souviens plus... Il aurait voulu faire un western, avec le jeune Clint Eastwood comme acteur principal (il cause de tout ça dans l'édition "Mille et une nuits" du récit de Kleist ; à lire bien entendu ; on se demande un peu comment le mec qui admire ce récit a pu avoir le courage de le transformer aussi bêtement)…

- Je ne vois pas ce qui te fais parler d'athéisme ; je ne me souviens pas qu'il en soit question dans le film…


Pour sentir tout ce qui sépare le film du génie du bouquin, suffit d'en lire l'ouverture :
Michael Kohlhaas a écrit:
Sur les bords de l'Havel, vivait, vers le milieu du seizième siècle, un marchand de chevaux, nommé Michael Kohlhaas, fils d'un maître d'école. Ce fut un des hommes les plus intègres et en même temps l'un des plus redoutables de son époque.
Jusqu'à sa trentième année, cet homme extraordinaire aurait pu passer pour le modèle du bon citoyen. Il possédait un bien dans un village qui porte encore aujourd'hui son nom, et y vivait paisiblement du produit de son métier, élevant pieusement les enfants que sa femme lui donnait, et les instruisant dans l'amour du travail et de la probité. […] En un mot, le monde aurait béni sa mémoire sans les circonstances qui l'amenèrent à pousser à l'excès une seule vertu, le sentiment de la justice, et en firent un brigand et un meurtrier."
En lisant, je me dis que c'est  Michael Landon-Charles Ingalls qui aurait été parfait pour le rôle.

(Faut être ringard pour penser à Clint Eastwood, un western oui, peut-être, mais qui serait hanté par "La Petite Maison dans la prairie"...)

Michael Kohlhaas La-petite-Maison-dans-la-prairie-Laura-Ingalls-revient-mais-au-cinema_portrait_w532





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Message par Invité Sam 12 Oct 2013 - 18:34

Salut,

Je n'ai pas lu le livre mais je crois que des Pallières fait de Kohlhaas un athée, justement pour s'éloigner de lui ensuite.
Au moment où il forme son armée, Kohlhaas dit "Dieu a indiqué qu'il faut pardonner à nos ennemis: je prie solennellement Dieu de ne jamais me pardonner", ce que j'ai interprété comme le fait que la perte de foi lui donne la force d’agir (même s'il s'agît peut-être d'une révolte contre Dieu plutôt que de l’athéisme, pas tout à fait la même chose en effet).
-au moment où il est en prison il dit à son fils (curé) "seuls les Juifs et les gens comme nous ne s'agenouillent pas pendant les vêpres", je ne pense pas qu'il fasse allusion à son protestantisme, mais à quelque chose d'encore plus radical. Il demande également à son fils "et toi comment tu me juges?" lorsqu'il lui dît que la plupart des gens de son village  le soutiennent (et que cela semble être le cas de son fils également), j'ai l'impression qui lui demande de parler là en tant que prêtre
-le personnage joué par Sergi Lopez (qui résume la voix de tous ses doldats)  explique quand-même clairement qu'il rejoint Kolhaas parce qu'"un homme seul avec son épée contre les puissants c'est quelque chose" puis il embraye directement sur Dieu et le fait que lui a à la fois trop souffert et trop pêché pour y croire et être sauvé, mais que Kohlhaas représente encore un espoir pour lui.
-mais surtout il y a le moment où intervient « Luther » : il sermonne Kohlhaas lorsque celui-ci punit un pillard de sa troupe, et embraye sur le propre sermon de Kohlhaas fait à ses hommes (« nous ne prenons jamais, nous achetons tous »), à mon avis de Pallières endosse ce que dit ce personnage et souligne  à Kohlhaas que comme athée, il aura toujours besoin de faire preuve d'une pédagogie qui est montrée comme une limite pour expliquer l’idée qu’il se fait de la justice, mais que s’il était croyant, il n’aurait pas besoin d’une telle « pédagogie ». Ensuite le film se recentre sur la foi et les doutes de Kohlhaas, en les décrivant de manière plus individuelle, tandis  que jusqu’à ce moment il en montrait plutôt l’ « impact politique » (mauvais mots mais bon...).

Sinon l’atmosphère film m’a beaucoup rappelé la Source, mais évidemment le Bergman est beaucoup plus complexe et maîtrisé (il y a une confrontation un peu programmatique entre sorcellerie et christianisme, mais le personnage de la vierge violée est émouvant, indique que les deux ordres religieux se font, contre elle, une idée finalement assez proche de l’innocence, aussi métaphorique et prescriptive dans les deux cas), le film de des Pallières montre plutôt une sorte de complémentarité problématique entre religion et pouvoir : finalement Kohlhaas a les problèmes d’un chef de parti du XXIème siècle, lorsqu’il dit « j’ai des principes » on croirait entendre Bayrou parlant avec la tête de Max von Sydow , lorsque la reine vient c'est clairement la chance ratée d'une alliance politique au centre que filme des Pallières

Sinon c’est vrai que le film est peut-être plus kitsch que sec, et il transforme de manière peut-être trop ostentatoire un manque de moyen en signe d’afféterie esthétique. C’est la même nappe de brouillard au début et à la fin du film, l’armée passe dans toutes les directions devant la même barre de rocher pour laisser croire à de grandes distances, le montage très découpé et les vues exclusivement en gros plan de la scène de l'attaque du château qui souligne qu'il n'y a en faut que 5-6 personnes en tout, il met en évidence les passages où les chevaux sont nerveux pour indiquer « fait en une prise ») – même si la scène de l‘accouchement est assez belle.  Pour être méchant le film m’a fait penser au sketch des Inconnus où les soldats tournent hors-champs lors de la prise d’arme. Je suis sûr que « la Source » ou même « Astrée et Céladon » n’ont pas coûté des milliards , mais il n’y avait pas chez eux cette coquetterie d’exhiber sa propre économie de moyen comme un signe de contrôle.

Par contre il faut reconnaître le mérite qu’il de donne envie de lire l’œuvre de Kleist. C’est un peu comme le film de Pierre Leon tiré d’un court passage de l’Idiot, il avait été très mal reçu sur le forum des Cahiers à l’époque où beaucoup d’ici y étaient, mais donnait envie de lire le livre, le décalage entre le roman et le film n’est pas forcément un problème.

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Message par Invité Sam 12 Oct 2013 - 21:37

Tony le Mort a écrit:Salut,

Je n'ai pas lu le livre mais je crois que des Pallières fait de Kohlhaas un athée, justement pour s'éloigner de lui ensuite.
Au moment où il forme son armée, Kohlhaas dit "Dieu a indiqué qu'il faut pardonner à nos ennemis: je prie solennellement Dieu de ne jamais me pardonner", ce que j'ai interprété comme le fait que la perte de foi lui donne la force d’agir (même s'il s'agît peut-être d'une révolte contre Dieu plutôt que de l’athéisme, pas tout à fait la même chose en effet)
Pas tout à fait la même chose, tu m'étonnes.
Plus simplement encore: quand on est athée, ce qu'on appelle athée, on perd pas la foi et on prie pas "dieu", par définition.
C'te marrade.

Un "athée" (ambiguïté du concept, maintes fois relevée ici), ce n'est pas un croyant déçu, ou par dénégation. La "révolte contre dieu" étant un argument archi-classique de "croyants" prosélytes (surtout les obsédés de la "preuve"), qui présente le théisme comme premier et l'a-théisme (alpha privatif exprimant la privation de dieu) comme sa dérivée.


Dernière édition par Bidibule le Sam 12 Oct 2013 - 21:53, édité 1 fois

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Message par Invité Sam 12 Oct 2013 - 21:48

Je suis moins au fait que toi sur l'approche philosophique de l'athéisme (je crois que le premier travail de Kojève était sur cela) mais ton "par définition" ça revient à dire que les opinions ou options sont définies alors dans le ventre de la maman et complètement réfiées, quelque soit le choix il y a toujours un chemin et un temps pour y parvenir et la cohérence n'en est pas toujours comprise sur le coup.

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Message par Invité Sam 12 Oct 2013 - 22:04

L'athéisme de Kojève n'est pas débarrassé de théologie, et surtout dans son primo essai sur l'Athéisme.
Vaste prob, qui ne se règlera pas en deux coups de cuillère à pot.

Je pense plutôt à une philosophie qui se considère comme absolument matérialiste (il faudrait préférer ici "immanentiste"), refusant toute forme de transcendance. On en avait vaguement causé ici à propos de Deleuze, et dans une mini-discussion à rebonds sur le "cas Artaud".
Mon "par définition" ne suggère en rien que "les options sont définies alors dans le ventre de la maman, réifiées etc".
Je ne comprends pas comment tu parviens à cette inférence grotesque.
"Par définition" concerne le concept d'athéisme. Personne ici ne postule que les concepts d'athéisme, de théisme, d'incroyance ou de croyance sont des phénomènes spontanés. Tous sont, en tant que concepts, une élaboration. L'élaboration d'une définition, précisément.

Et l'immanentisme d'un Deleuze, par ex., différent bien sûr du "matéralisme historique" d'un Kojève ou d'un Sartre (eux-mêmes résolument opposés au "matérialisme dialectique" d'un Engels) se définit comme un constructivisme, on l'a assez souligné.

Puisqu'on en est ici réduits à de la philo à deux balles pour lycéens, le fœtus dans le ventre de sa mère n'est pas concerné par une problématique de définition de concepts, que ce soit d'athéisme ou de théisme.
Par contre, les cathos fondamentalistes t'expliqueront que si, bien entendu.




spoiling:


Dernière édition par Bidibule le Dim 13 Oct 2013 - 19:20, édité 1 fois

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Message par Borges Dim 13 Oct 2013 - 8:44

Tony le Mort a écrit:Salut,
Au moment où il forme son armée, Kohlhaas dit "Dieu a indiqué qu'il faut pardonner à nos ennemis: je prie solennellement Dieu de ne jamais me pardonner", ce que j'ai interprété comme le fait que la perte de foi lui donne la force d’agir (même s'il s'agît peut-être d'une révolte contre Dieu plutôt que de l’athéisme, pas tout à fait la même chose en effet).
Hi,

- c'est pas exactement ce que dit MK; tu coupes la phrase et lui faire dire le contraire de ce qu'elle dit; dans le livre, sur son lit de mort, la femme de K. lui lit un passage de la bible : "pardonne à tes ennemis, fais du bien à ceux qui te haïssent", et lui "pensa" : "Puisse Dieu ne jamais me pardonner de la même manière que je pardonne au baron"; c'est un peu la même formule dans le film...

- Dans la discussion avec la figure de Luther, c'est par des arguments essentiellement religieux qu'il est convaincu d'abandonner la lutte... c'est lors de cette discussion, je crois, qu'il dit "Dieu non plus ne pardonne pas à tous ses ennemis"...

- Son action dans son esprit s'inscrit aussi dans un horizon biblique, il se pense, se voit en ange exterminateur (c'est ainsi aussi qu'il est filmé); le troisième film référence de A des P., dont je ne me souvenais pas, plus haut, c'est le film de Herzog : "A. ou la colère de dieu."


Dans le dernier Refn, il est aussi question de dieu et du pardon...
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Message par Borges Dim 13 Oct 2013 - 9:04

Tony le Mort a écrit:

Sinon c’est vrai que le film est peut-être plus kitsch que sec, et il transforme de manière peut-être trop ostentatoire un manque de moyen en signe d’afféterie esthétique. C’est la même nappe de brouillard au début et à la fin du film, l’armée passe dans toutes les directions devant la même barre de rocher pour laisser croire à de grandes distances, le montage très découpé et les vues exclusivement en gros plan de la scène de l'attaque du château qui souligne qu'il n'y a en faut que 5-6 personnes en tout, il met en évidence les passages où les chevaux sont nerveux pour indiquer « fait en une prise ») – même si la scène de l‘accouchement est assez belle (...) 

Par contre il faut reconnaître le mérite qu’il de donne envie de lire l’œuvre de Kleist.
d'accord avec toi,
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Message par Borges Dim 27 Avr 2014 - 9:17

Tony le Mort a écrit:J'ai récemment lu la Marquise d'O.., les Fiancés de Saint Domingue et commencé Michael Kohlhaas.
Dans le début de Koolhaas le roman, on comprend (mieux que dans le film finalement) ce qui a pu intéresser des Pallière dans cette histoire , faire un lien avec ses films précédent: dans le roman la scène du péage est encore plus cinégénique que dans le film (il ya clairement vraiment une caméra qui suit les aller-retour, compelxes, mais rapides, de Kohlhaas entre le chemin, la barrière et la résidence de l'intendant), elle est clairement un exemple de création de frontière, et l ya chez Kleist l'idée que la frontière est un artifice dans ce qui est déjà de l'artifice (mettons la raison bourgeoise, le mélange de piété et d'hédonisme de Kohlhaas). D'un certain côté, Disneyland c'est aussi un peu la même chose, de l'artifice commercial dans ce qui est déjà l'artifice culturel (un imaginaire enfantin transmis sous une orme à la fois construite et radiionnelleà, une borne dans ce qui est déjà borné. Dans la métaphore de Jonas il ya aussi cette idée d'être enfermé dans quelque chose qui transporte, à la fois sépare et unifie les territoires. On sens dans les nouvelles de Kleist une oscillation entre l'idée que le monde est un seul territoire, et l'affirmation d'un nationalisme culturel, et la lucidité sur l'idée que cette tension ne doit pas être résolue, représente un point de vue pour l'écriture mais aussi la limite de ce dont il peut rendre compte.

La Marquise d'O... est une nouvelle hallucinante, on a l'impression qu'elle contient, décrypte et épuise déjà les système signifiant-signifié de la philosophie, de la critique et de la psychologie du XXème siècle.
C'est l'histoire d'une femme qui pendant une guerre napoléonienne, a été violée par un noble qui se proposait iniitalement de la sauver et voulait empêcher la plèbe des soldats de faire de même, elle tombe enceinte épouse son sauveur-agresseur sous la pression de celui-ci -qui apparaît fou, mais se vante de son conformisme pour convaincre la société de son honnêteté- et de sa famille pour réparer son honneur, elle le rejette, mais le contraint à la séduire après la répération pour retrouver une vie normale.
Il y a un point en commun entre la Marquise d'O... et Kohlhaas: ils endossent l'injustice qui leur sont faite poru la surmonter. Kleist lie leur paccours à une critique d'un système plus général (pour Kohlhaas, d'après le film des Pallière: le pouvoir et l'exploitation comme raison autonome, pour la Marquise, la famille) mais le fait que cette signification sociale, cette valeur sociable soit tenables, repose l'injustice qui leur soit faite individuellement soit finalement réparée, que leur histoire individuelle s'équilibbe et s'achève dans la reconnaissance de leur raisons.
Les Fiancés de Saint Domingue (nouvelle située pendant la révolution haïtienne, (qui a été visiblement un évènement très suivi dans l'Allemagne romantique) -l'histoire d'un suisse allemand, militaire français en rupture, qui tue par vengeance, à la suite d'un malentendu, une métisse, fille d'un rebelle qui l'utilsie comme leurre sexuel pour attirer les blancs, qui lui a sauvé la vie justement en l'immobilisant dans sa geôle) est plus proche d'un roman d'aventure classique, plus théâtral, mais finalement, la dialectique de la reconnaissance de la revendication et de la neutralisation du destin est toujorus là, déplacéen non pas autour d'un seul sujet, mais autour de la colonie libérée en tant que collectivité elle-même, ce qui n'est pas complètement juste, mais très intéressant. Il y aussi, comme chez la Marquise d'O..., une situation d'emboîtement d'un combat sourd de libération dans un contexte plus général d'aliénation, la forme de la critique interne menée par la partie étant le fond de la violence exercée dans la collectivité.
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Message par Invité Mar 6 Mai 2014 - 15:20

http://www.gncr.fr/films-soutenus/michael-kohlhaas

des Pallière " Par ailleurs, la nouvelle de Kleist comportait une intrigue secondaire de nature  fantastique, incompatible avec le matérialisme décidé de mon film. "

Malheureusement, il mécomprend que cette intrigue fantastique ("l'histoire de la capsule": la femme de Kohlhaas, assassinée par Kalheim et von Tronka, se réincarne en Tzigane et qui prédit à l'électeur de Saxe la date et la cause de sa chute, tout en faisant de cette prédiction un secret enfermé dans une capsule livrée à Kohlhaas, qu'il emporte avec dans la mort sans la livrer à l'électeur de Saxe qui veut la récupérer à tut prix) est aussi le coeur de la précision de l'intrigue politique de la nouvelle.

Le fantastique n'intéresse pas Kleist, mais ce qui l'intéresse, c'est plutôt que des puissants puissent croire au fantastique, que cette croyance soit à la fois le signe que leur pouvoir est fondé sur un arbitraire et sa limite. Il y a aussi cette articulation du pouvoir et de la crédulité envers le surnaturel dans la Marquise d'O: tout le monde pense que le prince russe revenu épouser la femme qu'ila violé est un fantôme, son entêtement et de son indolence le rendent spectral, mais ce qui est terrifiant et difficle à croire, c'est au contraire qu'il n'a tout simplement jamais été mort.
Je trouve cela génial chez Kleist: l'intersection entre le surnaturel et l'analyse la plus factuelle et la plus psychologisante, la plus rationnelle possible du pouvoir -voire de la police (l'arrestation de Kohlhaas est émouvante dans la nouvelle: elle décrit une forme de domination plus moderne que celle de l'époque du livre).
J'ai l'impression que Kleist fait la transition entre le romantisme et Kafka (le Chateau et le Procès doivent beaucoup à Kohlhaas, la différence c'est que l'absurbe chez Kleist n'est qu'un attribut de la psychologie du pouvoir, ne caractérise pas le sujet dans le pouvoir) mais aussi Hegel, voire Marx, toute la fin de Kohlhaas ne concerne pas vraiment Kohlhass, mais la psychologie et les intérets des nobles des cours de Brandebourg et de Saxe, après que leurs relations diplomatiques et leur rivalité. Le pouvoir est finement décrit comme survivance d'une instituion médiévale placée au dessus d'une société déjà devenu bourgeoise (Kohlhaas qui détient la prophétie sur la fin de l'électeur de Bradebourg, ne croît pas lui-même au surnaturel, son référent c'est Luther, au contraire de son prince qui se fait tirer les cartes, qui par sa naïveté, ne prend pas conscience du ridicule de son action politique: voulir sauver ce que l'on a déjà condamné).
Le fantastique et la crédultié des puissant délimitent l'écart entre un pouvoir effectif et un état qui n'existe pas encore. L'état est à la fois l'objet de la prophétie, et ce que cette prophétie est incapable de changer réellement, car sa signification est donnée avant son achèvement réel.

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