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Inglorious Basterds

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Message par Chocobox Dim 23 Aoû 2009 - 19:27

Les éléments qui tournent autour du langage dans le film sont intéressants, ou plutôt, ils boostent l'intérêt des situations (car la mise en scène est plutôt banale). Mais à part ça ... ? C'est drôle parfois, mais surtout longuet. Quand au traitement de l'histoire tarantinesque je suis très gêné mais j'aurais du mal à dire exactement pourquoi. Je vais lire le texte de Debord quand j'aurais le temps.

Bisoux à Careful

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Message par Invité Lun 24 Aoû 2009 - 2:28

Careful a écrit:
Donc c'est ça le top 20 de Tarantino ?!!

à part Boogie nights, vu aucun des films de cette liste(qui m’attire pas tellement!)… Tarantino, on lui doit certainement la disponibilité des films de la Shaw Brothers, notamment la trilogie de la 36ème chambre de Shaolin qui représente l’un des sommets ; peu de chances que Scorsese ait ramené un de ces films-là dans ses sermons de passion du cinéma.

Inglorious Basterds - Page 2 Shaw
Inglorious Basterds - Page 2 Shaw%201
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Message par Invité Lun 24 Aoû 2009 - 3:58

Hitler’s Madman, film de Douglas Sirk(1942), en vo sous-titres français. Fichier de 700Mo
Inglorious Basterds - Page 2 HM1
http://rapidshare.com/files/270446976/Hitler_madman.part1.rar.html
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http://rapidshare.com/files/270767628/Hitler_madman.part8.rar.html

Inglorious Basterds - Page 2 HM37
John Carradine excellent dans le rôle de Heydrich, l’image de l’officier nazi dans Inglorious Basterds(Christoph Waltz)…
Brad Pitt également, semble avoir pris de l’officier anglais, en forçant un peu sur les mâchoires, profil mieux adapté au film de Tarantino. Smile

Inglorious Basterds - Page 2 HM38
Inglorious Basterds - Page 2 HM39
Inglorious Basterds - Page 2 HM40
Inglorious Basterds - Page 2 HM41
Inglorious Basterds - Page 2 HM42
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Message par wootsuibrick Lun 24 Aoû 2009 - 5:43

M'en vais y jeter un oeil...
merci pour les liens, Breaker.
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Message par Invité Lun 24 Aoû 2009 - 6:47

breaker a écrit:Tarantino, on lui doit certainement la disponibilité des films de la Shaw Brothers, notamment la trilogie de la 36ème chambre de Shaolin qui représente l’un des sommets ; peu de chances que Scorsese ait ramené un de ces films-là dans ses sermons de passion du cinéma.

Hello,

bof, pour le coup c'est plutôt les frères W. avec "Matrix" qui ont introduit le wu xiao pin à Hollywood, ont invité Yuen Woo Ping pour les combats et les cascades, et ce avant "Kill Bill", après il y a eu "Tigre et dragon", etc etc..ce qui a provoqué un engouement nouveau pour la Shaw et tout. Je crois qu'en France la distribution massive des films de la Shaw par Wild Side et surtout HK en VHS dès le milieu des années 90 (disons Ganz, Dionnet mais avant il y avait eu l'équipe des Cahiers dans les années 80) a commencé bien avant Kill Bill, m'enfin je peux me tromper, et peut-être que c'est dû à Tarantino qui est allé les chercher, je sais pas, j'avais plutôt entendu dire que c'était lié à des histoires de catalogues qui s'étaient soudain ouverts suite à tes problèmes financiers de la boîte...

Franchement je vois pas pourquoi Scorsese négligerait ces films, il est un peu comme Tavernier, avec tout le respect que je lui dois, c'est une sorte de cinéphile historien plan-plan du cinéma qui bouffe un peu tout ce qu'on peut trouver sur une pellicule.. peut-être qu'il n'a pas vu de film de kung-fu dans les cinémas de quartier de sa jeunesse, cela reste à prouver..il fait en tout cas un remake d'Infernal Affairs quand Tarantino fait un remake inavoué d'un film de Ringo Lam.. y a-t-il un devenir Tavernier ou Scorsese chez Tarantino ?

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Message par Largo Lun 24 Aoû 2009 - 9:38

Ici, une critique bien construite du film, que je ne peux qu'approuver sur certains points (la relation entre Shosanna et son petit ami est magnifiquement ratée)...

Et sinon les amateurs des bandes originales du monsieur pourront retrouver la dernière ici
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Message par Largo Lun 24 Aoû 2009 - 10:36

Ah oui, j'ai lu l'entretien avec Tavernier et j'avoue qu'il m'a laissé perplexe. Là, pour le coup, on assiste vraiment à un empilement de noms et de références qui me sont totalement étrangères, avec en plus, le ton de Tavernier qui raconte ses faits d'armes comme un papi devant la cheminée...

Je préfère encore ses entretiens aux Cahiers, lol.
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Message par Eyquem Lun 24 Aoû 2009 - 11:20

salut
JM a écrit:bof, pour le coup c'est plutôt les frères W. avec "Matrix" qui ont introduit le wu xiao pin à Hollywood, ont invité Yuen Woo Ping pour les combats et les cascades, et ce avant "Kill Bill", après il y a eu "Tigre et dragon", etc etc..ce qui a provoqué un engouement nouveau pour la Shaw et tout. Je crois qu'en France la distribution massive des films de la Shaw par Wild Side et surtout HK en VHS dès le milieu des années 90 (disons Ganz, Dionnet mais avant il y avait eu l'équipe des Cahiers dans les années 80) a commencé bien avant Kill Bill, m'enfin je peux me tromper, et peut-être que c'est dû à Tarantino qui est allé les chercher, je sais pas, j'avais plutôt entendu dire que c'était lié à des histoires de catalogues qui s'étaient soudain ouverts suite à tes problèmes financiers de la boîte...
oui, c'est juste. Mais il faut ajouter que les cinéastes de Hong Kong ont fait eux-mêmes le déplacement à Hollywood dès les années 90 : John Woo réalise "Hard Target" en 93, Tsui Hark "Double team" en 96, Kirk Wong "The big hit" en 98.
Je me souviens du battage autour de "Face/Off" : ça date de 97.
Bref, tout ça, c'est encore avant "Matrix" ou "Kill Bill".
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Message par lorinlouis Lun 24 Aoû 2009 - 11:43

Il y a quelque chose d’intéressant chez QT, quelque chose qui relève de l’articulation cinématographique entre le verbe et l’action, le flot de paroles et de dialogues qui sourde une explosion de violences et de forces jusque-là contenues. En même temps, il n’y pas vraiment de surprise : la parole annonce la tempête à venir en même temps qu’elle informe qu’au final, cette dernière l’excède, la dépasse de manière essentielle. Que ce soit après une discussion bilingue et courtoise autour d’un verre de lait ou d’un bavardage devant un plat de nachos grande et un verre de daïkiri virgin, on entend déjà siffler les balles ou se disloquer les membres fermes d’une flopée de jolies filles. Ici, Inglourious Basterds ne manque pas à la règle ; chaque instant d’acmé est précédé par de longues palabres et d’amples discussions.

C’est d’ailleurs plaisant de retrouver cette marque toujours à l’œuvre chez QT. Mais à elle seule, elle ne peut faire valoir la qualité du film. Pour ma part, j’ai été frappé par la puérilité du film. On est moins dans le cool que dans un conte pour cinéphiles frustrés. Le final, foutraque à souhait, apparaît comme la décharge d’un ressentiment, un fantasme à l’œuvre, celui de voir enfin un film agir, tuer, terroriser, prendre sa revanche. Il y a un certain constat d’échec derrière cette ultime image d’un cinéma en flamme, l’amer aveu de l’inanité du support filmique contre le rêve de voir le film aussi efficace qu’une bombe incendiaire, aussi redoutable que les balles d’un fusil-mitrailleur. Pas besoin de dynamite quand on a de la pellicule : encore faut-il y croire, se donner les moyens d’y croire. Cette idée de condenser en une salle de quatre-cents places l’intégralité de l’histoire du IIIe Reich et de ses figures, pointe de la pyramide nazie en tête, pour la convertir en une arme mortelle est séduisante si elle n’était au final la démonstration de l’innocuité du film lui-même. IB est peut-être finalement le plus politique des films de QT, celui où il projette le cinéma comme une arme. Mais toujours dans ses propres limites, jamais au-delà.

Personnellement, pas d’accroche avec le jeu des acteurs, qui a toujours été (enfin, plus ou moins…) ce qui me plaisait chez QT. Pitt, mâchoires en avant et torse bombé, ressemble plus à une vaine caricature du personnage qu’il aurait dû interpréter ; Elie Roth, insignifiant, y compris au ralenti sur une partition de Morricone et Mélanie Laurent aussi lourde qu’un Apfelstrudel mit Ingwer-Sahne… Le plus cool de la bande, le plus proche de l’univers de Tarantino, c’est Waltz et son rôle de SS élégant et loquace, personnage très léonien. Til Schweiger, en Waffen-SS massacreur de Kommandatur est aussi tout à fait approprié à l’univers du réal. Wink

Je crois qu’il y a certainement beaucoup de choses à en dire…

Quoi qu'il en soit, et comme toujours, merci pour les liens, Breaker. L'entretien est issu de quelle revue ?
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Message par Invité Lun 24 Aoû 2009 - 15:12

Eyquem a écrit:salut
JM a écrit:bof, pour le coup c'est plutôt les frères W. avec "Matrix" qui ont introduit le wu xiao pin à Hollywood, ont invité Yuen Woo Ping pour les combats et les cascades, et ce avant "Kill Bill", après il y a eu "Tigre et dragon", etc etc..ce qui a provoqué un engouement nouveau pour la Shaw et tout. Je crois qu'en France la distribution massive des films de la Shaw par Wild Side et surtout HK en VHS dès le milieu des années 90 (disons Ganz, Dionnet mais avant il y avait eu l'équipe des Cahiers dans les années 80) a commencé bien avant Kill Bill, m'enfin je peux me tromper, et peut-être que c'est dû à Tarantino qui est allé les chercher, je sais pas, j'avais plutôt entendu dire que c'était lié à des histoires de catalogues qui s'étaient soudain ouverts suite à tes problèmes financiers de la boîte...
oui, c'est juste. Mais il faut ajouter que les cinéastes de Hong Kong ont fait eux-mêmes le déplacement à Hollywood dès les années 90 : John Woo réalise "Hard Target" en 93, Tsui Hark "Double team" en 96, Kirk Wong "The big hit" en 98.
Je me souviens du battage autour de "Face/Off" : ça date de 97.
Bref, tout ça, c'est encore avant "Matrix" ou "Kill Bill".

exact, Eyquem, exact, on peut même dire que le départ de Woo au moins est prémédité lorsqu'il tourne "A toute épreuve" à HK..

lOlO, il me semble justement qu'il y avait quelque chose à faire de ce côté-là avec le cinéma, contre Hitler..

peut-être suis-je sous l'influence de ce que je lis actuellement mais n'y a-t-il pas quelque chose qui se joue entre un pouvoir quasi hypnotique d'Hitler sur le peuple allemand et le cinéma, n'y aurait-il pas là une possibilité pour le cinéma de retourner cette hypnose contre Hitler plutôt que d'en faire d'une manière un peu ridicule et puérile un bélier qui défonce tout ? Peut-être que Tarantino passe à côté de quelque chose ?

Je me suis demandé après "Morceaux de conversation avec JLG" pourquoi Godard collectionnait tous ces trucs sur Hitler, en fait je pense qu'il s'intéresse à ce personnage comme personnage hypnotique, donc qui a un pouvoir lié au cinéma...ça demanderai bien sûr beaucoup d'approfondissements tout ça, je suis pas sûr que Godard ne ai déjà parlé dans un film ou à côté, peut-être que c'est n'importe quoi aussi, en ce cas merci de m'interrompre le plus poliment possible ! Wink

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Message par Borges Lun 24 Aoû 2009 - 17:02

Tarantino n’ignore rien de ces lieux communs sur le cinéma, l’hypnose, et Hitler ; ça n’a rien de neuf ; tout le monde sait que Kracauer faisait de Mabuse, le maître de l’hypnose, une allégorie, et une prémonition de Hitler ; c’est aussi un des thèmes des histoires du cinéma Godard ; pour qui veut aller un peu loin, et arrêter de raconter des sornettes, on peut voir dans le film de Tarantino un renversement du thème général des histoires du cinéma (Hollywood et Hitler ont tué le cinéma). Tarantino prend ça littéralement, et non pas au niveau du sens (refus de la métaphore diraient les amateurs de Kafka et de D/G), du contenu, de l’organisation... problèmes qu'il n'ignore pas (voir les nombreuses discussions autour de la lutte entre l’industrie du cinéma nazie, et Hollywood ( naturellement aux mains des Juifs, pour la propagande nazie).

Pour ceux qui veulent aller plus loin, on conseillera :

Possessed: hypnotic crimes, corporate fiction, and the invention of cinema (Stefan Andriopoulos, Peter Jansen)


Parler d’Hitler hypnotisant les allemands, c’est tomber dans le piège du pauvre peuple allemand, de l’Europe entière, hypnotisé, trompé, par la puissance du verbe, et de l’image, la puissance charismatique d’un homme d’exception; mais non, diraient Deleuze-Guattari, ils ont voulu le fascisme, le nazisme, parce qu’ils voulaient le pouvoir, et en matière de distribution du pouvoir le nazisme était très fort ; c’est là que Tarantino a raison, le nazisme, c’est rien de mystérieux, d’hypnotique, de métaphysique, c’est « bête », et banal, c’est juste donner aux gens le droit de s’amuser comme ils veulent, fracasser les crânes, scalper...brûler... Quand on dit que des juifs massacrent des nazis dans le dernier Tarantino, on se trompe : ce sont des nazis qui massacrent des nazis ; un juif nazi, c'est pas du fer en bois, ça n'a rien de contradictoire : être juif (ou musulman, ou hindou, ou bouddhiste, ou je sais pas quoi...apache...) ne vous garde pas de vous transformer en Golem. Faut-il rappeler qu’il y avait des juifs dans l’armée allemande, hitlérienne et tout ; et oui, le monde est moins simple qu’on l’imagine.

Hitler's Jewish soldiers: the untold story of Nazi racial laws and men of ...‎ - Bryan Mark Rigg

(et ça n'a pas été écrit par un gauchiste, loin de là.)


Un peu de Foucault (hors contexte, et tout ; mais y en a pas besoin)

« Il y a là, je crois, un phénomène important du nazisme. C'est-à-dire sa pénétration profonde à l'intérieur des masses et le fait qu'une partie du pouvoir a été effectivement déléguée à une certaine frange des masses. C'est là où le mot «dictature» est à la fois vrai en général et relativement faux. Quand on songe au pouvoir que pouvait détenir sous un régime nazi un individu à partir du moment où il était simplement S.S. ou inscrit au parti! On pouvait effectivement tuer son voisin, s'approprier sa femme, sa maison! C'est là où Lacombe Lucien est intéressant, parce que c'est un côté qu'il montre bien. Le fait est que, contrairement à ce qu'on entend d'habitude par dictature, c'est-à-dire le pouvoir d'un seul, on peut dire que, dans un régime comme celui-là, on donnait la partie la plus détestable, mais en un sens la plus enivrante, du pouvoir à un nombre considérable de gens. Le S.S. était celui auquel on avait donné le pouvoir de tuer, de violer... »

(Dits et Ecrits II)
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Message par Largo Mer 26 Aoû 2009 - 12:04

Et re v'la ce bon vieux travelling de Kapo :

De l'ordure
Il faut se souvenir du théorème de Kapo. La morale est une affaire de travelling - ou le travelling une affaire de morale, peu importe. Le cinéma n'est rien d'autre que cela : de la morale incorporée. Il faut s'en souvenir parce que le théorème de Kapo reste éternel, et que cette éternité peut se manifester d'une infinité de manières. Ainsi dans Inglorious Basterds, de Quentin Tarantino, prend-il la forme subtile d'une inversion. Dans Kapo, la cochonnerie résidait dans une rectification de cadre sur un prisonnier mourant au milieu des barbelés. En revanche, dans Inglorious Basterds, elle prend la forme d'une rectification de narration qui voit Hitler se faire buter dans un cinéma de Paris. En soi, l'idée n'est pas mauvaise. Mais qu'elle s'exprime dans la forme d'une baston vengeresse où se manifeste un désir frustré de puissance (car Hitler n'est pas mort à Paris en 1944), telle est sa dimension ordurière. On ne rectifie pas l'histoire pour la beauté de cette rectification, mais pour manifester un pouvoir, une force, que l'on n'a pas. En ce sens, Inglorious Basterds est un grand film pour frustrés - et donc pour êtres faibles. Tarantino, on le savait depuis longtemps, est un démocrate, voire un socialiste. On ignorait que ce socialisme était un national-socialisme : c'est désormais clair. Buter Adolf Hitler comme n chien, s'acharner sur son cadavre, est le fantasme de tous ceux qui, au fond d'eux-mêmes, rêvent à un Reich millénaire tel que celui qu'Hitler n'a pas pu réaliser (et qu'il était coupable de n'avoir pas réalisé). Revanche du faible contre le faible, du frustré contre le frustré, et du ressentiment contre le ressentiment. Ordure pure et intégrale - dans laquelle, comme de juste, se reconnaissent tous les spectateurs. Il suffit de les entendre rire : c'est le rire de ceux qui attendent aussi le Reich millénaire - celui des ploucs.
Laurent de Sutter

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Message par Borges Mer 26 Aoû 2009 - 12:35

Cette histoire, ce théorème, de Kapo est devenue une vraie ânerie dans la cervelle de plouc qui n'y connaissent rien, n'y comprennent rien.

Il y a plus à penser dans la scène du cinéma que dans des millions de films; il y a "Roméo et Juliette" (je ne songe pas à la stupide histoire d'amour du critique des Inrock), "la mort au travail", "Jeanne d'arc"... sans parler de Godard...
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Message par adeline Mer 26 Aoû 2009 - 12:41

Hello Largo,

est-ce que je me trompe, ou la manière dont tu introduis ce texte montre que tu le trouves idiot?

Je n'ai pas encore écrit sur IB, parce que le film ne me donne pas trop envie d'écrire. Sans doute le texte que tu quotes n'est pas très fin.

Mais j'ai été choquée par IB, et par sa fin. Rien dans le film ne m'a permis de penser autre chose de cette "revanche" du cinéma sur le nazisme sinon qu'elle est proprement stupide. Le plan où les spectateurs du film, essayant de se sauver de l'incendie en escaladant les fauteuils alors qu'ils sont pris au piège, sont canardés par les kalachnikov des potes de Pitt que cela fait bien rire, je le trouve dégueulasse. Toute cette fin, je la trouve dégueulasse d'ailleurs. Ce retournement complet de tout, l'idée qu'il faut être barbare pour se battre contre des barbares, et que ça ferait bien rire ah ah ah, ça m'a exaspérée et choquée.
Pourtant, les autres fois, dans Tarantino je n'avais pas été choquée par la violence. Ici, non seulement je trouve le film paresseux et mauvais, mais en plus extraordinairement puant.

Voilà, c'est dit !

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Message par adeline Mer 26 Aoû 2009 - 12:42

Lol Borges, là, on se contredit bien !

Mais quand même, même s'il y a beaucoup de choses à penser, de choses à agencer, parce que cela fourmille de références, il n'en reste pas moins que j'ai été choquée !

Wink

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Message par Invité Mer 26 Aoû 2009 - 13:11

Le débat sur Hitler autour de ce film est une profonde niaiserie, pour reprendre des mots plus haut, mais je ne suis pas surpris qu’il y ait une poire pour sortir l’histoire du travelling de Kapo. Il n’y a rien de dégueulasse dans ce film… ou alors quand les Marx Brothers affrontent les espions nazis, tu trouves ça insoutenable?!
Pour répondre à Lorin, l’entretien avec Tarantino vient de la dernière édition du bouquin de Tavernier, Amis américains.

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Message par Largo Mer 26 Aoû 2009 - 14:32

Adeline,

Effectivement, le travelling de Kapo c'est un peu la vieille martingale qu'on sort trop souvent comme une béquille bien confortable.

Je sais pas si vous avez remarqué mais les scènes les plus violentes, les plus susceptibles de "choquer" (la batte de baseball, le canardage dans le cinéma etc.) ne sont jamais filmés de manière complaisante, "peckinpienne".

C'est plutôt la souffrance des héroïnes sur lesquelles il insiste beaucoup. Le doigt dans la blessure de Kruger en gros plan, la mort de Shosanna au ralenti... Dans la lignée de Kill Bill et Death Proof. On sent que Tarantino prend autant de plaisir à faire souffrir ses égéries qu'à filmer leur sensualité, comme un enfant qui habille sa poupée avec soin pour mieux la casser en mille morceaux ensuite. Il n'y a qu'à voir la scène de mise à mort de Diane Kruger.

Après comme le soulignait Lolo, il y a une forme de simplisme, de puérilité dans le cinéma de Tarantino qui saute aux yeux dans IB. La comparaison avec Tim Burton n'est pas bête. Tout deux commmencent à prendre le risque de n'être plus que la caricature d'eux-mêmes. Sauf que Burton à pris pas mal d'avance ! Et autant Burton est un cinéaste-enfant, autant on pourrait dire de Tarantino qu'il est un cinéaste adolescent, un ado qui joue au ptit soldat dans une chambre tapissée de posters en discutant de hamburgers. Et c'est vrai que ce conte trash avec ce postulat "Et si on faisait comme si les juifs massacraient les nazis" peut passer pour simpliste et la croyance en la toute-puissance du cinéma naïve.

Moi ce qui m'étonne à chaque fois, c'est que de ces éléments de départ aussi juvéniles, aussi simples, on en ressorte toujours des agencements aussi riches. Ce traitement de la langue si intelligent et si novateur qui a été souligné ici et là, par exemple.
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Message par Borges Mer 26 Aoû 2009 - 15:14

Indéniablement, avec ce film et dans sa vie de tous les jours, Tarantino approche d’une certaine maturité. Il pense sérieusement à se marier, avoir des gosses, fonder une famille. Devenir père, c’est pas neuf ce désir chez lui, mais c’est plus adulte à présent. Il évoque même sa retraite. Le cinéma c’est un truc de jeune, ça ne lui dit rien de faire des films de vieux. Vers le soixantaine, il se fera homme de lettres ( man of letters) ; il fera de la critique, et il écrira des romans ; vous pouvez pas faire à la fois du cinéma, et écrire des romans, pas avec la même passion en tous les cas ; précise-t-il. Voilà des propos raisonnables, qui, je n’en doute pas, feront fermer leur gueule à tous les crétins qui ne cessent de raconter que Tarantino restera un ado attardé toute sa vie, ou plus méchamment encore, un attardé, sans rien dans la cervelle que le bordel d'une vidéothèque imaginaire de millions de films, où Godard couche avec Ilsa la louve SS, de quoi donner raison à Héraclite (d’ Ephèse), qui par amour du paradoxe et des jeux de mots (incompréhensibles en dehors du grec présocratique) égalait la beauté insurpassable du cosmos à un tas d’ordure.
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Message par adeline Mer 26 Aoû 2009 - 15:17

Chais pas Breaker, franchement, chais pas. C'est comme ça que je l'ai pris, j'ai trouvé ça mauvais et mauvais tu vois ? Pas bon et pas bon, moralement, et pas moralement. Je ne sais pas si ça a à avoir avec le travelling de kapo, dont je ne peux pas parler, parce que je n'ai pas vu le film, et qu'à moitié lu l'article de Rivette.

C'est juste que Tarantino a des prétentions historiques dans ce film, et qu'il est incapable d'en avoir, je pense. On peut penser des choses à partir du film, évidemment, il est loin d'être bête, Tarantino je veux dire. Mais il y a de la bêtise quand même, et un côté qui choque, cette histoire de la réapropriation de la violence, je ne suis pas d'accord, et je trouve ça barbare.

Largo, c'est complaisant Peckinpah tu trouves ?

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Message par Invité Mer 26 Aoû 2009 - 15:21

La "complaisance" des ralentis de Peckinpah, c'est un peu la vieille martingale qu'on sort trop souvent pour...

Bon bon, je --->

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Message par adeline Mer 26 Aoû 2009 - 15:29

Bah ouais, je me disais aussi que c'est trop facile, et je crois pas que ce soit réellement important chez P.

Parce que sinon, je trouve Tarentino bien plus complaisant en fait...

adeline

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Message par Borges Mer 26 Aoû 2009 - 15:30

Ce traitement de la langue si intelligent et si novateur qui a été souligné ici et là, par exemple.

Je pense au contraire que Tarantino ne s'est pas montré très brillant ici; c'est un mec de son temps, il peut pas faire parler des personnages d'une autre époque, et d'un autre espace.

Tarantino ne sait pas comment parlaient les nazis, ni comment on cause en allemand, en italien, ou en français.

C'est l'un des thèmes du film.




On pensera ici à Faulkner bossant avec Hawks sur les pharaons.

Comment parle un pharaon ? C’était la question de Hawks, et Faulkner, qui avait accepté de bosser sur le film comme scénariste, tout en s’en tapant, il avait besoin d’argent, comme toujours, n’en savait pas plus que lui. Après des mois de travail, pas trop acharné, j’imagine, le grand sudiste, arrive avec une page digne de Jack Torrance : «Les travaux de la pyramide durent depuis quinze ans. Le pharaon se rend sur les lieux et il appelle un contremaître. Le pharaon : "Alors, comment ça marche, le boulot ?"». C’est la seule contribution de Faulkner au film, et on imagine que le passage n’a pas été filmé, mais comme il était pote avec Hawks, et qu’il l’aidait à boire son whisky, il sera payé et figurera au générique.
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Message par Chocobox Mer 26 Aoû 2009 - 16:05

http://bestoff.over-blog.com/article-5530261.html

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Message par ^x^ Mer 26 Aoû 2009 - 16:22

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Message par Borges Mer 26 Aoû 2009 - 16:26

Avec Inglourious Basterds, Tarantino, pour la première fois, pense le cinéma, à l’un des moments essentiels de son histoire, celui où, selon Godard, il meurt, vaincu, par la parole, les scénarios, les nazis, Hollywood, et surtout, parce qu’il manque à sa destination, à son essence : rendre présent le présent dans sa présence. Le cinéma aura échoué, pour toujours, de n’avoir pas filmé la destruction des Juifs. Les histoires de Godard constituent une tentative de rédemption, il s’agit de raconter, avec le cinéma, une histoire que le cinéma n’a jamais racontée, de montrer par la puissance du montage ce qui n’a pas été montré.

Comment sauver le cinéma de son oubli essentiel ? C'était alors la question de Godard. L’influence de Heidegger est essentielle, comme celle de Adorno; si Adorno a pu dire, « plus de poésie possible après Auschwitz « (une grosse connerie), avant de changer d’avis à la lecture de Celan, Godard dit « plus cinéma parce que le cinéma n’a pas filmé Auschwitz ». Mais comment aurait-il pu le filmer, se demandent quelques naïfs ? Question sans intérêt ; en kantien absolu, on répondra, il le devait, donc il le pouvait.

Que fait Tarantino ? Bien des choses, on le verra, si on en a envie, d’abord, le plus évidemment, il renverse la thèse de Godard, comme il renverse un tas d’autres ; non les Nazis n’ont pas tué le cinéma ; non, il ne s’agit pas de filmer la shoah pour sauver le cinéma; pas question non plus de faire plaisir à Lanzmann : aucune raison de rivaliser avec les millions de fictions qui traitent banalement d’un thème que Tarantino sait banal, sans avoir lu Arendt.

Tout cela a déjà été filmé, tout le monde est fatigué de voir des Juifs, être torturés, massacrés, gazés. Sans avoir lu Rancière, Tarantino est conscient que nous sommes à un tournant ; le cinéma, critique, ou seulement cinématographique, ne sera possible que si l’on sort des quelques stéréotypes qui dominent nos perceptions et les configurations du monde et de l’histoire. Comme le dit Rancière, « le nouvel art critique », et le cinéma de Tarantino est un cinéma critique, pour critique, « doit bousculer (terme très en vogue) les stéréotypes et changer la distribution des rôles » ; comme l’avait fait, par exemple Leone, la référence absolue de Tarantino, en ne donnant pas à Henry Fonda le rôle du gars sympa, mais un rôle de méchant aux yeux bleus qui tue les gosses, ce qui change naturellement l’image de l’Américain, et de l’Amérique ; en sortant de la salle, les gens se disent, mais ils sont pas si gentils que ça les Américains . Que font-ils aux Vietnam ? Eveil de la conscience politique, à travers le western, de manière allusive, et indirect ; on n’agit pas dans le réel, mais sur l’image qui construit le réel et grammatise les consciences, nous faisant voir dans tout américain un ami du bien. Leone fait de la politique en luttant contre la politique hollywoodienne, le régime politique de ses images, qui associe le visage américain au bien, à la loi, à la justice.

Ce n’est pas pour rien que le film de Tarantino commence par une citation de « Once upon a time ; il s’agit pas d’installer le film en dehors des lois de l’histoire, d’éviter de se voir reprocher un manque de connaissances historiques, il s’agit surtout de nous montrer, derrière un nazi buveur de lait ( le lait était alors une aliment extrêmement rare ; en Allemagne, beaucoup de gens avaient pris leur carte du parti juste pour avoir droit à une bonne bouteille de lait) Henry Fonda ; les nazis ne sont pas ceux que l’on croit ; ce n’est pas non plus pour rien que les Juifs sont égalés aux Indiens par Tarantino, aux Apaches de surcroit. Le nazisme n’est pas une réalité historique située à un moment déterminé de l’histoire, le nazisme est partout ; le massacre des Indiens c’étaient les nazis ; les Américains aussi sont des nazis ; Tarantino ne renverse pas seulement la relation entre Juifs et Nazis, il redonne aussi sa dimension politique, et de résistance, au violence indienne ; comme nous sommes loin de Ford, et de la merde humaniste des « Cheyennes », dont le dernier plan nous montre nos deux héros blonds reconduire une enfant indienne à ses terres, comme on libère, dans les fictions animalières, un jeune animal et le rend à sa vie sauvage.
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