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Message par Invité Jeu 3 Sep 2009 - 12:00

adeline a écrit:Salut tous,

je ne comprends pas bien pourquoi tu rappelles l'étymologie d'assassin JM ici ? Pourquoi y as-tu pensé ?

Salut,

C'est dans la continuité de ce qui est dit par Flavien, je crois.. le film aurait pu s'appeler "les assassins sont parmi nous".. un peu d'étymologie ne fait jamais de mal. Cela te pose-t-il un problème ?

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Message par adeline Jeu 3 Sep 2009 - 12:13

Lol non non, c'est juste que je ne comprenais pas l'idée du rapport. En allemand, le titre c'est "M - eine Stadt sucht einen Mörder" et le premier titre auquel Flavien fait référence était "Mörder unter uns". En anglais, c'est je crois soit "M" soit "Murderer among us".
Que l'étymologie du mot assassin en français ait une influence sur Tarantino car le premier titre de "M le maudit" traduit en français conviendrait à IB ne me semblait juste pas vouloir dire grand grand chose...
C'était juste ça, rien de bien grave...

adeline

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Message par Invité Jeu 3 Sep 2009 - 13:20

Tarantino est sans doute plus "proche" dans ses derniers films des tueurs professionnels du Japon médiéval type samouraïs, ninjas et autre bourreaux que de la secte musulmane des hachachin..

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Message par Borges Jeu 3 Sep 2009 - 13:39

Oui, il faut rappeler les étymologies ; c’est très intéressant, l’évolution du sens ; mais faut aussi rappeler que les étymologies ne naissent pas dans les choux, et que les mots ne donnent pas des mots comme les pommiers donnent des pommes ; il y a des histoires, des hommes, des rapports de pouvoirs, des institutions… Rappelons aussi les nombreuses critiques faites par Derrida à Heidegger et à ses tentatives de trouver le sens vrai, originaire en remontant à la racine, aux racines.

Toute culture est originairement coloniale. Ne comptons pas seulement sur l'étymologie pour le rappeler. Toute culture s'institue par l'imposition unilatérale de quelque « politique » de la langue. La maîtrise, on le sait, commence par le pouvoir de nommer, d'imposer et de légitimer les appellations.

(Derrida, le monolinguisme de l’autre)

Tarantino, comme je l’ai souvent dit est très conscient de cette relation entre la maîtrise et la nomination, l’appellation ; on se souvient de la scène de nomination dans « Reservoir dogs » ; Joe exerce ce que Nietzsche appelait le pouvoir du Maître, le pouvoir de donner des noms aux choses.


Mr. Brown: [after Joe assigns names] Yeah, yeah, but "Mr. Brown"? That's little too close to "Mr. Shit".

Mr. Pink: Yeah, "Mr. Pink" sounds like "Mr. Pussy". Tell you what, let me be Mr. Purple. That sounds good to me. I'm Mr. Purple.

Joe: You're *not* Mr. Purple. Somebody from another job's Mr. Purple. You're Mr. Pink!

Comme nous faisons dialoguer Godard, et sa musique, et la musique de Tarantino ; rappelons à ceux qui croient savoir quelque chose, que dans les camps nazis, le juif du juif, s’appelait musulman, pas seulement pour les juifs, mais aussi pour les gitans, les communistes, les homos ….là aussi il y avait des différences dans le degré de puissance, dans la capacité à persévérer dans l’être ; dans les camps, c’est pas la pensée de Levinas qui triomphait, mais celle du survival ; le nazisme ; moi, d’abord, le Même au-dessus de l’autre ; rares étaient ceux qui s’arrachaient le pain de la bouche (comme dirait Levinas) pour nourrir un autre. Moment de pure miracle, de l'autrement qu'être (là je donne quelques précisions à mes critiques). Moment où le désir d’immortalité l’emporte sur le désir de survivre, à tout prix. Je renvoie aux « récits de la Kolyma » de Chalamov ; et aux analyses que fait Badiou de ce livre.



"Dans notre musique", Godard montre deux images de « Juif » des camps :

-L’une d’un prisonnier juif rendu fou : “ Juif,”

- L’autre prise à la fin des camps de la mort : "Musulman.”

Deux juifs, deux victimes du nazisme, deux noms.

Without discussing them, this apposition does however advert to the perverse irony that the lowliest Jews in the Lagers of Auschwitz-Birkenau, Dachau, Bergen-Belsen and in all the camps, were called “ Muselmänner”—the German for Muslims. Beyond help as a result of malnutrition, other ravages and despair, these emaciated souls—be they gypsies, Jews, communists, homosexuals or other “moral criminals” (those Lyotard would call “the jews”)—became derisively called Muselmänner, muslims, and were usually destined for a swift demise. Where eminent survivors such as Primo Levi have eloquently aired this nominative perversity for what it was—another interpellation of extreme otherness, of subalternity, a nomination of “the submerged, the complete witnesses, the ones whose disposition would have a general significance"—Godard, questioned on the subject, attributes this pejorative solely to the Germans, thereby aligning the Nazi and the Jew, leaving the real subaltern for his cause here, the pitiful Muselmann, to those Levi called “the crematoria ravens,” the Sonderkommandos who tended the ovens and other funereal tasks. Levi chronicles the horrible lengths to which the fittest in the camps went to distance themselves from the Muselmänner, to ensure a complete lack of reflexivity, of identification.

http://www.artmargins.com/index.php?option=com_content&view=article&id=128%3Athe-truth-is-two-faced-godard-at-the-margins-of-bad-faith&Itemid=133

Dans le jargon d’Auschwitz, on appelait « musulman » le détenu arrivé à un tel état de dénuement que sa volonté en était complètement annulée. Personne ne semblait avoir pitié de lui, ni les bourreaux, ni les autres prisonniers. Les uns comme les autres lui reprochaient sa perte de dignité. « Telle est l’aporie propre à Auschwitz : un lieu où il est indécent de rester décent, où ceux qui ont cru conserver leur dignité et leur respect de soi n’éprouvent que honte devant ceux qui les ont sur-le-champ perdus », nous dit Giorgio Agamben . C’est par cette perte de dignité que le « musulman » sort de l’humanité. « Avant même d’être le camp de la mort, Auschwitz est le théâtre d’une expérimentation toujours impensée, dans laquelle, au-delà de la vie et de la mort, le juif se transforme en musulman, l’homme en non-homme ». Le « musulman » reste une figure gênante, honteuse et fondamentalement impensée. Sauf pour Primo Levi qui le place au centre de son témoignage. S’il témoigne, ce n’est pas pour lui-même, qui n’a rien à dire, mais à la place de celui qui ne peut pas le faire, notamment pour le « musulman », le non-homme, celui qui, mort ou vivant, n’est jamais revenu. Après Primo Levi, dire ce qui s’est passé vraiment dans les camps revient à écouter celui qui, habité par la peur et l’horreur, a perdu la parole. C’est sa réinscription dans le langage qui sauve cet impensé de l’indicible et rend pensable Auschwitz. C’est à chaque fois une épreuve, mais il y n’y a pas le choix, poursuit Giorgio Agamben, si l’on veut comprendre comment l’homme, survivant au non-homme, ne cesse de survivre à lui-même.

http://www.travail-social.com/spip.php?article129
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Message par Borges Jeu 3 Sep 2009 - 14:01

Leurtillois a écrit:
Le hachich est un extrait de la fleur de chanvre (Cannabis indica), que l'on fait cuire avec du beurre, des pistaches, des amandes et du miel, de manière à former une espèce de confiture assez ressemblante à la pâte d'abricot, et d'un goût qui n'est pas désagréable. - C'était du hachich que faisait manger le Vieux de la montagne aux exécuteurs des meurtres qu'il commandait, et c'est de là que vient le mot assassin, - hachachin (mangeur de hachich).

Théophile Gautier, Le Hachich

D'où, peut-être, le goût de Tarantino pour les assassins, les assassinats...


Tu veux dire que son goût pour les assassins (que j'ignorais) vient de son goût pour Théophile Gautier, de son goût pour le hachich... les drogues en général...?


Rappelons que cette étymologie (idéologique, politique, et tout ce qu'on veut) n'est pas très scientifique. la nouvelle étymologie n'est plus liée à la drogue mais au fanatisme religieux musulman, un bon musulman est nécessairement un bon assassin :


Assassin



Dans le Dictionnaire étymologique de la langue française (P.U.F. 6e édition, 1975), il est indiqué que assassin, attesté en français pour la première fois en 1560, a été emprunté à l’italien assassino et que ce mot italien est la transcription de l’arabe hachichiya, dérivé de hachich, "herbe" et par extension "cannabis". Le sens premier en serait "buveur de hachisch" : en fait "fumeur de hachisch", parce que, en arabe, le verbe boire est utilisé pour dire fumer et que l’on "boit une cigarette". Un bref développement sur la secte dont les membres assassinaient tous ceux qui n’étaient pas dans la ligne de l’islam suit l’exposé étymologique. "On attribuait leur férocité à l’influence du hachisch qu’ils buvaient", écrivent les auteurs de ce dictionnaire.

Cette explication, assez plaisante à dire vrai, a été inventée en 1809 par un orientaliste friand d’anecdotes pittoresques, nommé Silvestre de Sacy, mais qui ignorait tout des lois qui régissent l’évolution des langues. Ainsi, dans le Trésor de la Langue française, volume 3, publié en 1974, à la rubrique "étymologie et histoire" de l’entrée assassin, il est dit que le pluriel *hachichiyyin n’est pas attesté en arabe. Il existe un singulier hachichiya, mais pas de pluriel qui aurait pu donner la terminaison italienne en - ino. La transformation du ch arabe en un s en italien n’est pas non plus expliquée. Si cette étymologie avait été la bonne, le mot français obtenu aurait été hachichi. Pour ce qui est de l’étymologie reçue partout, les auteurs du Dictionnaire Historique de la langue française (Le Robert, 1992) expriment des doutes. "Très critiquée par certains orientalistes, cette origine pourrait céder la place au substantif ‘asas "patrouille" et ‘asaas "gardien" (pluriel ‘asaasin)" (l’apostrophe devant asas transcrit la consonne arabe aïn). Il existe en arabe un verbe ‘as, qui signifie "faire le guet", et dont est dérivé le nom ‘asass "gardien", "surveillant", "veilleur de nuit". Les auteurs de ce dictionnaire ajoutent : "quoi qu’il en soit, c’est bien comme "fumeurs de haschich" que la secte a été connue en Occident" (mais à partir de 1809 seulement). En arabe, il existe aussi une autre racine, AS, dont est dérivé le nom assas, pluriel, oussouss, qui signifie "fondement". L’adjectif qui en est dérivé est assassi, qui signifie "fondamental". En arabe, loi organique se dit qanoun assassiya. Le sens de assassin, comme "gardien des fondements", montre que les assassiyin qui éliminaient du dar el islam mécréants et infidèles, surtout les chrétiens, n'agissaient pas ainsi parce qu'ils auraient été sous l’emprise de la drogue, mais parce que ces tueurs se considéraient comme les gardiens du dogme islamique et comme de vrais musulmans.






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Message par wootsuibrick Jeu 3 Sep 2009 - 14:29

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Message par ^x^ Jeu 3 Sep 2009 - 14:38

parce que, en arabe, le verbe boire est utilisé pour dire fumer et que l’on "boit une cigarette". Un bref développement sur la secte dont les membres assassinaient tous ceux qui n’étaient pas dans la ligne de l’islam suit l’exposé étymologique. "On attribuait leur férocité à l’influence du hachisch qu’ils buvaient", écrivent les auteurs de ce dictionnaire.

N'importe quoi. Foutaise de merde. Laughing

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Message par wootsuibrick Jeu 3 Sep 2009 - 14:42

merci pour les précisions carth.

jamais su lire l'arabe sans les voyelles...
en même temps j'ai pas été très assidu à la madrass...
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Message par Leurtillois Jeu 3 Sep 2009 - 14:55

Borges a écrit:Tu veux dire que son goût pour les assassins (que j'ignorais) vient de son goût pour Théophile Gautier, de son goût pour le hachich... les drogues en général...?

Je crois que Tarantino aime bien la drogue, en général, je ne sais pas lesquelles ; puis il y a souvent des assassins dans ses films... C'est tout, rien de sérieux !

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Message par Leurtillois Jeu 3 Sep 2009 - 15:00

(Assassins dans les films de QT : des gens qui tuent ; évidemment que l'étymologie que propose Gautier est plus anecdotique qu'autre chose)

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Message par dupeu Jeu 3 Sep 2009 - 17:45

a careful: il existe effectivement un mot pour dire fumer qui est dakhen ,celui que tu as mentionne dans ton post mais dans la langue courante on utilise aussi le mot echrab(boire) pour dire fumer/boire une cigarette. renseigne toi mieux la prochaine fois que tu veux contredire borges, la chose n'est pas si aisee
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aucune reference a citer, si ce n'est que l'arabe est ma langue natale

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Message par ^x^ Jeu 3 Sep 2009 - 18:07

B.U.L.L.S.H.I.T.

En mp, svp
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Message par Borges Jeu 3 Sep 2009 - 20:42

dupeu a écrit:a careful: il existe effectivement un mot pour dire fumer qui est dakhen ,celui que tu as mentionne dans ton post mais dans la langue courante on utilise aussi le mot echrab(boire) pour dire fumer/boire une cigarette. renseigne toi mieux la prochaine fois que tu veux contredire borges, la chose n'est pas si aisee
Wink
aucune reference a citer, si ce n'est que l'arabe est ma langue natale

Mon but n'était pas de donner l'étymologie exacte, mais juste de donner à penser aux contextes qui peuvent déterminer un sens, l'histoire d'un sens, et les étymologies, qui sont produites...
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Message par Eyquem Jeu 3 Sep 2009 - 21:37

Allez, pour redescendre en douceur, je propose qu'on fasse tourner l'article de Serge Bozon.

Vous l'avez lu ?


Pas de blague : je sais qu'il y en a qui lisent les Cahiers en cachette ici.
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Message par adeline Ven 4 Sep 2009 - 11:10

Hello Eyquem,

de quel article parles-tu ? C'est dans le dernier numéro des Cahiers ? Tu l'as lu ? Tu le recopies (dans un nouveau topic peut-être) ?




PS : bienvenue à M... et dupeu ! cheers

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Message par Largo Ven 4 Sep 2009 - 12:01

Yep,

Bozon signe la critique d'IB dans les Cahiers, il y a aussi Tesson qui, après avoir allègrement critiqué la rédaction semble avoir été convaincu par Delorme & Tessé. Il a écrit sur le dernier Oliveira (qui fait la couv' !) et sur le dernier film de l'indien qui avait fait Devdas... Tout ça est assez surprenant. Si personne l'a fait avant je mettrai la critique de Bozon dès que j'ai un moment.
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Message par DB Ven 4 Sep 2009 - 17:58

Salut Dupeu.... Quelle entrée en matière pour ce premier message sur le forum des Spectres.... Avec une belle connaissance de certains participants et de la langue arabe.... Quel sens de l'à-propos....

Bienvenue à M également.

ET quelle discussion.
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Message par Borges Lun 7 Sep 2009 - 19:51

Lu l'article de Serge Bozon; exemplaire du mec qui n'a rien à dire; du vide sur du vide. On se demande pourquoi lui; parce qu'il a fait un film de guerre, aussi lyrique et artiste qu'une chanson d'Indochine?
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Message par Invité Mar 8 Sep 2009 - 19:11

Borges a écrit:
Ce n’est pas pour rien que le film de Tarantino commence par une citation de « Once upon a time ; il s’agit pas d’installer le film en dehors des lois de l’histoire, d’éviter de se voir reprocher un manque de connaissances historiques, il s’agit surtout de nous montrer, derrière un nazi buveur de lait ( le lait était alors une aliment extrêmement rare ; en Allemagne, beaucoup de gens avaient pris leur carte du parti juste pour avoir droit à une bonne bouteille de lait) Henry Fonda ; les nazis ne sont pas ceux que l’on croit ; ce n’est pas non plus pour rien que les Juifs sont égalés aux Indiens par Tarantino, aux Apaches de surcroit. Le nazisme n’est pas une réalité historique située à un moment déterminé de l’histoire, le nazisme est partout ; le massacre des Indiens c’étaient les nazis ; les Américains aussi sont des nazis ; Tarantino ne renverse pas seulement la relation entre Juifs et Nazis, il redonne aussi sa dimension politique, et de résistance, au violence indienne ; comme nous sommes loin de Ford, et de la merde humaniste des « Cheyennes », dont le dernier plan nous montre nos deux héros blonds reconduire une enfant indienne à ses terres, comme on libère, dans les fictions animalières, un jeune animal et le rend à sa vie sauvage.[/justify]

Hello,

merci Borges de reprendre l'étude des nazis dans les films récents, là où je l'avais laissé, Wink

Je souffle un peu sur les braises de la discussion...

Que faire de ce plan de la fille qui s'enfuit à la fin de la première séquence qui semble repris de la fin de "The Searchers" justement ? Est-ce encore une sorte de retournement (ce même retournement que Spike Lee opérait aussi dans son dernier film d'une façon bien différente, dans quelques scènes où il suggérait que les nazis contre lesquels se battaient les soldats noirs étaient aussi aux USA parmi la population raciste qui les refoulaient d'un bar), je vois pas du tout où ça mène de remplacer le Wayne de Ford par une jeune juive qui s'échappe ici. Je comprends pas du tout cette lecture des maintes évocations des indiens dans le film. Pourquoi ne pas affirmer que les indiens sont aussi des nazis pendant qu'on y est ?

En fait Tarantino fait complètement éclater le référent "nazi" avec son film, même les histoires d'uniformes, de reconnaissance par ceux-ci, c'est de la connerie, c'est bon juste pour ces balourds de basterds, je suis d'accord avec toi : tous nazis donc aucun nazi. Seule compte la brutalité sanguinaire, mais là non plus il ne s'agit pas de savoir qui l'est ou qui ne l'est pas, car tout le monde ou presque l'est de toute façon. Il s'agit donc de refuser les "catégories" pour offrir plus ou moins ainsi une sorte d'"universel". Un peu comme chez Lee finalement même si l'"universel" en question n'est point comparable..


Quantité de tics navrants qui se répètent maintenant de films en films et qui révèlent que Tarantino est vraiment l'ombre de lui-même sur ce film...

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Message par Borges Mar 8 Sep 2009 - 21:14

Hello JM ; merci d’essayer de réanimer cette discussion ; j’avais pensé que le texte de Bozon le ferait, mais c’est tellement nul qu’on ne peut même pas le discuter, même si j’essaye encore d’y trouver un point d’appui ; cette histoire d’indiens m’intéresse vraiment.

Dans le film de Tarantino, on retrouve les minorités victimes de la civilisation occidentale, l’indien, le juif, le noir (le projectionniste, colonialisme français ; avant de commander ses bâtards Aldo Raine luttait contre le KKK.) la femme (comme sorcière brûlée, torturée, par exemple).



Pourquoi le cinéma dit populaire est-il si porté sur la vengeance ?
Je pense aux textes de Foucault sur la justice populaire (difficilement lisibles)


M. Foucault: Il y a en effet deux façons d'effacer la ligne de partage entre la plèbe non prolétarisée et le prolétariat. L'une est de s'adresser à cette plèbe prolétarisée et de lui inculquer un certain nombre de valeurs, de principes, de normes qui sont qu'elle accepte telles quelles les valeurs qui sont finalement les valeurs bourgeoises, qui sont aussi, dans beaucoup de cas, les valeurs que la bourgeoisie a inculquées au prolétariat. Grâce à quoi la plèbe se trouvera désarmée puisqu'elle aura perdu sa spécificité en face du prolétariat et qu'elle cessera d'être dangereuse comme ferment, foyer d'émeutes, de sédition possible, pour la bourgeoisie.

Il y a une autre manière de dépasser le partage, c'est de dire au prolétariat et à la plèbe en même temps: le système des valeurs qu'on vous inculque, qu'est-ce que c'est? sinon précisément un système de pouvoir, un instrument de pouvoir entre les mains de la bourgeoisie. Quand on vous explique que c'est mal de voler, on vous donne de la propriété privée une certaine définition, on lui accorde la valeur que la bourgeoisie lui accorde. Quand on vous apprend à ne pas aimer la violence, à être pour la paix, à ne pas vouloir la vengeance, à préférer la justice à la lutte, on vous apprend quoi? On vous apprend à préférer à la lutte sociale la justice bourgeoise. On vous apprend qu'il vaut mieux un juge qu'une vengeance. Voilà un travail qu'ont fait, et bien fait, les intellectuels, les instituteurs, et c'est ce travail-là que continuent maintenant, sur leur registre, les travailleurs sociaux.


-Ce que je voudrais faire comprendre, c'est au fond ceci: en effet, lorsque les gens sont attaqués, lorsqu'on vient leur prendre leur argent ou lorsqu'on vient buter un membre de leur famille, il est absolument évident qu'ils demandent quelque chose, que Nietzsche appellerait la vengeance. Mais ce qui n'est pas admis, et ce qui reste pour les gens comme une abstraction difficile à supporter, c'est que ce besoin de vengeance a en quelque sorte été confisqué par une forme de pouvoir politique, et que tout le système pénal est maintenant greffé sur une forme générale de contrôle politique qui pèse sur l'ensemble de la société. Ce besoin de réponse, ce besoin de vengeance, ce besoin de lutte contre celui qui vous a attaqué a été ainsi transféré à une institution sociale et à une forme politique générale dans laquelle les gens ne se reconnaissent pas.


(Foucault, DetE II)

Je crois que le cinéma de Tarantino est tellement habité par le cinéma, sa mémoire, petite ou grande, qu'il n'est jamais totalement mauvais, même quand il est mauvais, et ce film est mauvais.
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Message par Borges Mar 8 Sep 2009 - 21:20

Vu un film que j'aimerais agencer à ce Tarantino : "Tobrouk commando vers l'enfer."; c'est de Arthur Hiller, avec Rock Hudson.


Un commando est envoyé à Tobrouk pour détruire les réserves d'essence des troupes allemandes. Des juifs d'origine allemande se font passer pour des soldats du Reich, tandis que les soldats anglais jouent les prisonniers.
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Message par Invité Mar 8 Sep 2009 - 22:04

Il ne fait aucun doute que le film de QT est particulièrement mauvais.

Borges a écrit:
Dans le film de Tarantino, on retrouve les minorités victimes de la civilisation occidentale, l’indien, le juif, le noir (le projectionniste, colonialisme français ; avant de commander ses bâtards Aldo Raine luttait contre le KKK.) la femme (comme sorcière brûlée, torturée, par exemple).

Il y a là justement une sorte de complicité barbare entre toutes ces "minorités".

Le texte de Foucault est intéressant (quoique offrant d'office un drôle de visage haineux aux "victimes"), même si on ne voit pas trop où il peut aller avec ça (un peu comme le film de QT d'ailleurs) sinon vers quelque chose de sauvage donc terrible (selon lui). Etonnant qu'il semble placer au même niveau le délit fait à l'individu par un autre individu et le délit fait à l'individu perpétré par l'Etat lui-même, ou tout autre type d'"entreprise", considérant déjà la justice comme une forme de délit de l'Etat commis sur la victime. Que fait Foucault de la loi du Talion ? En a-t-il fait un sujet d'études ?

Toujours à propos du passage que je citais avant, j'ai l'impression que tu sous-entends que Leone non plus n'était pas très fidèle à l'histoire d'autant que tu ne mets pas de guillemets au mot histoire qui auraient joués en faveur d'une éventuelle référence à "l'histoire écrite par les vainqueurs". C'est peut-être vrai mais je croyais que le cinéaste italien, lui, se documentait beaucoup avant de tourner ses films à teneur historique, qu'il ne s'agissait pas seulement pour lui de s'amuser à transformer pour le fun les cow-boys des légendes de l'Ouest en bouseux.

Rien que la première séquence du film de QT serait à étudier précisément (peut-être elle seule suffirait pour détailler l'idée que je me fait du geste cinématographique de QT, ce que gomme de ses ainés ce "post-modernisme"-là ?), commencer avec du Leone et finir avec du Ford, faire comme si Leone n'avait pas vu les films de Ford, cette façon de s'absenter, de déserter ouvertement toute position morale. En quelque sorte le cinéma de Leone (cinéaste d'après-guerre), à la limite car encore mélancolique et cynique, annonce tout ça...

Tous ces noms d'animaux dans le film ont déjà été évoqués dans la discussion ? L'aigle, l'ours, les rats..

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Message par Eyquem Mer 9 Sep 2009 - 8:19

'jour JM, Borges,

Apparemment, le film a relancé un débat ancien sur la pratique du scalp.

A été notamment rappelée la thèse selon laquelle ce seraient les colons qui le pratiquèrent les premiers - tout au moins, qui en généralisèrent la pratique et en firent une arme de guerre.

A l'appui de cette thèse, notamment, des références à l'histoire antique (on scalpait déjà autour de la Méditerranée en ce temps-là) et à certains décrets, comme celui-ci, que je lis dans mon volume d'Howard Zinn, "Une histoire populaire des Etats Unis" :

Vingt ans avant la déclaration d'Indépendance, un décret voté par la cour générale du Massachussets et daté du 3 novembre 1755 qualifiait les Indiens penobscots de "rebelles, ennemis et traîtres" et offrait, "pour chaque scalp d'Indien mâle rapporté, quarante livres. Pour chaque scalp de femme ou d'enfant mâle de moins de douze ans qui seront tués, vingt livres"
(p.89)


Thèse connue de Tarantino, qui évoque aussi ses origines cherokee :

TARANTINO : They [the Apache indians] never did straight-up fights. It wasn’t about, you know, getting killed in the line of fire. It was all ambush, ambush, ambush, and you ambush somebody, and then you take the scalps, and you — even though scalping wasn’t created by the American Indians. It was created by the white man against Indians, and they just took it and claimed it.

...

GROSS: You are part Cherokee. Did you identify with the Indians when you watched Westerns?
TARANTINO: Oh yeah, no, completely. I always did. Yeah, I was always — I remember, like, saying — watching some cowboy-and-Indian movie with my mother, and I go, so, if we were back then, we’d be the Indians, right? She goes, yup, that’s who we’d be. We wouldn’t be those guys in the covered wagons. We’d be the Indians.


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Message par Invité Mer 9 Sep 2009 - 10:57

Je ne savais même pas que QT avait des origines indiennes!

Cette histoire de scalps et d'Indiens dans le film serait une sorte de fausse piste, un faux devenir-indien ? Tout ça paraît un peu brouillon, faut-il renoncer à s'intéresser au film avec précision, à un sens global, local ?

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Inglorious Basterds - Page 6 Empty Re: Inglorious Basterds

Message par Borges Mer 9 Sep 2009 - 13:09

Hello, les animaux que vous êtes...

Pour les rats, il faut rappeler que le terme intervient dans Kill Bill, et surtout un nombre assez extraordinaire de fois dans "Reservoir dogs".... (où le chien tient un rôle important).... Reservoir dogs c'est l'histoire d'un vol de pierre précieuse venues d'Israël, et le seul mec qui s'en tire, et avec les pierres, a été comparé à un juif dès le début du film pour sa radinerie, il refuse de tipper la serveuse :

EDDIE
I don't even know a fucking Jew who'd have the balls to say that. Let me just get this straight. You don't ever tip, huh?


Tout Reservoir dogs, après l'attaque foirée, tourne autour d'une seule question : qui est le rat?
Borges
Borges

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