Into the Abyss (Herzog - 2011)
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Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
c'est bien la réplique la plus con qui se soit faite entendre depuis longtemps. C'est pour gauler les naïfs !!!!
Invité- Invité
Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
Pas vu ce film et aucune envie particulière de le voir.
JM disait:
Oui, Herzog a fait des films impressionnants et/ou admirables, de fiction, de 1968 à 1982 essentiellement. Ce fut sa grande période, ce qui suivra après ne m'a guère convaincu, si bien que je tends à penser que son grand Œuvre est désormais clos. On ne peut pas être et avoir été, selon la formule. J'ai l'impression, certes discutable, que dans le cas de Herzog (et tant de cinéastes qui furent grands dans les 70s), on ne peut avoir déjà fait et faire encore, hélas.
Je précise fictions, parce que ses "documentaires", chez moi non plus, ça passe pas. Je m'en expliquais il y a une semaine dans la shoutbox en face. Que ce soient "documentaires, "pseudo-documentaires" sous forme de "canulars", c'est allé en s'aggravant. J'avais été impressionné par Grizzly Man, à l'époque, parce que naïf, j'avais cru que ça évoquait, fut-ce sur un mode de la "réélaboration", un événement réel. En y repensant, c'était vraiment abusé, comme dispositif.
Passe encore quand Herzog filme les espaces (la Soufrière, une grotte, etc), même si dans ces cas, sa présence voire son omniprésence, en "off" et/ou dans le champ, sont déjà assez rebutantes. Herzog semble croire, en effet, que son "point de vue" revendiqué, et le commentaire subjectif, comme genre à part entière, qui autorise ce point de vue, est intéressant. Or, faut bien le dire, et en ce qui me concerne, il l'est très peu, et souvent pas du tout. Qu'a-t-il à dire, au fond, de si important, précieux, nécessaire, qui mérite d'être entendu? Je me pose franchement ces questions, car trois fois sur quatre, j'ai envie de couper le son. Sa "vision du monde", ses "opinions personnelles", assénées en permanence, sous la forme d'un "journal intime" ou "carnet de route", c'est le plus souvent un mélange de "philosophie de grand bazar" et de considérations de bistrot. Herzog semble visiblement croire qu'il a des choses à dire, sur des tas de sujets, que son apport discursif personnel apporte une touche singulière qui le met à part de la norme standardisée du docu "tv". Hélas, c'est pas vraiment le cas.
Mais là où ça s'aggrave pour de bon, c'est quand il s'arroge la fonction et le pouvoir de l'intervieweur, qui plus est sur des sujets, encore "extrêmes" (puisque c'est assez sa marque de fabrique), mais "sociaux": là, ça devient franchement insupportable. Il fait à ce point les questions et les réponses, impose autoritairement ses vues, ses jugements, ses "analyses", que les interviewés ne servent à rien, ou presque. Il pourrait tout aussi bien leur dire, 9 fois sur 10: "taisez-vous, c'est moi qui parle".
Y a pas un accueil de la parole, du témoignage de l'autre: c'est toujours une sorte de montage, même quand ça se présente en "temps réel", d'une parole qui ne s'exprime que dans le cadre très déterminé de la "pensée" de Herzog qui, toujours, impose ses démonstrations et ses conclusions. On a vraiment l'impression que Herzog croit que son "point de vue", sa "vision du monde", donc, sont à ce point intéressants et pertinents qu'ils doivent imprégner chaque cm de sa pellicule. Herzog y campe constamment dans une position de surplomb, de maitrise, de pouvoir, de tous ces sujets-événements qu'il survole avec l'aplomb du gars qui a un avis passionnant, édifiant, et décisif sur tout. Alors qu'en fait, y radote pas mal, un peu comme un "vieux con". Je me demande même s'il ne sucre pas un peu les fraises, depuis une bonne décennie...
Alors que ces "documentaires" semblent se vouer à rendre la sensation d'un événement (sous les formes les plus diverses) dont la démesure excède le sentiment et/ou jugement subjectifs (un peu l'expérience du "sublime" au sens de Kant), c'est tout le contraire d'une expérience de l'événement qui nous est proposée. C'est la mise en scène, distribuée, calibrée, contrôlée, intervention et temps de parole des intervenants compris, des "opinions" de Herzog sur ces événements, avec des imgs à la Haroun Tazieff, plus un peu de testostérone.
Y compris voire surtout lorsque leur parole est fragile, ou fragilisée, parce qu'émise en état ou situation de crise, de tension, de désespoir, de drame. Situations et états que Herzog exploite, met en scène, instrumentalise, souvent provoque lui-même, sans vergogne, en maître de cérémonie, à la fois voyeur et exégète des psychodrames qui se jouent sous sa caméra et son micro. Et le plus souvent, ça lui donne l'occasion de livrer ses états d'âme, ses sentiments personnels, ses jugements de valeur, bref son éclairage si précieux et si important sur l'événement qui a lieu. Ce qui parachève la dimension d'obscénité de son dispositif, car le spectateur n'a d'autre alternative que se faire le voyeur et confident consentants d'un spectacle aussi complaisamment orchestré.
On peut sans crainte parler de manipulation d'affects pour un sensationnalisme choc. Le résultat donne à penser: on ne voit pas trop en quoi, finalement, au bout du compte, le produit livré se distingue des pseudo-reportages sensationnalistes et tendancieux proposés par les chaines de télé, Tf1, par exemple. On parle d'images d'une "rare puissance évocatrice", sans doute. J'y vois pour ma part une sorte de mix lourdingue et indigeste entre Ushuaya, Complément d'enquête, Faites-entrer l'accusé, Strip-Tease et ça se discute… Mieux, ces produits du câble américain, où on traque des délinquants, un échappé de prison, un violeur, à pied, à cheval, en voiture, ou depuis un hélicoptère.
C'est un peu les aventures de Tintin version burnée: Tintin en Amérique, Tintin au Congo, Tintin chez les skieurs, Tintin fait de la spéléologie, Tintin dans les couloirs de la mort, Tintin visite des terres dévastées par un tremblement de terre, Tintin visite des terres brûlées par un incendie, etc etc etc.
JM disait:
Herzog a déjà fait des films impressionnants et/ou admirables.
Oui, Herzog a fait des films impressionnants et/ou admirables, de fiction, de 1968 à 1982 essentiellement. Ce fut sa grande période, ce qui suivra après ne m'a guère convaincu, si bien que je tends à penser que son grand Œuvre est désormais clos. On ne peut pas être et avoir été, selon la formule. J'ai l'impression, certes discutable, que dans le cas de Herzog (et tant de cinéastes qui furent grands dans les 70s), on ne peut avoir déjà fait et faire encore, hélas.
Je précise fictions, parce que ses "documentaires", chez moi non plus, ça passe pas. Je m'en expliquais il y a une semaine dans la shoutbox en face. Que ce soient "documentaires, "pseudo-documentaires" sous forme de "canulars", c'est allé en s'aggravant. J'avais été impressionné par Grizzly Man, à l'époque, parce que naïf, j'avais cru que ça évoquait, fut-ce sur un mode de la "réélaboration", un événement réel. En y repensant, c'était vraiment abusé, comme dispositif.
Passe encore quand Herzog filme les espaces (la Soufrière, une grotte, etc), même si dans ces cas, sa présence voire son omniprésence, en "off" et/ou dans le champ, sont déjà assez rebutantes. Herzog semble croire, en effet, que son "point de vue" revendiqué, et le commentaire subjectif, comme genre à part entière, qui autorise ce point de vue, est intéressant. Or, faut bien le dire, et en ce qui me concerne, il l'est très peu, et souvent pas du tout. Qu'a-t-il à dire, au fond, de si important, précieux, nécessaire, qui mérite d'être entendu? Je me pose franchement ces questions, car trois fois sur quatre, j'ai envie de couper le son. Sa "vision du monde", ses "opinions personnelles", assénées en permanence, sous la forme d'un "journal intime" ou "carnet de route", c'est le plus souvent un mélange de "philosophie de grand bazar" et de considérations de bistrot. Herzog semble visiblement croire qu'il a des choses à dire, sur des tas de sujets, que son apport discursif personnel apporte une touche singulière qui le met à part de la norme standardisée du docu "tv". Hélas, c'est pas vraiment le cas.
Mais là où ça s'aggrave pour de bon, c'est quand il s'arroge la fonction et le pouvoir de l'intervieweur, qui plus est sur des sujets, encore "extrêmes" (puisque c'est assez sa marque de fabrique), mais "sociaux": là, ça devient franchement insupportable. Il fait à ce point les questions et les réponses, impose autoritairement ses vues, ses jugements, ses "analyses", que les interviewés ne servent à rien, ou presque. Il pourrait tout aussi bien leur dire, 9 fois sur 10: "taisez-vous, c'est moi qui parle".
Y a pas un accueil de la parole, du témoignage de l'autre: c'est toujours une sorte de montage, même quand ça se présente en "temps réel", d'une parole qui ne s'exprime que dans le cadre très déterminé de la "pensée" de Herzog qui, toujours, impose ses démonstrations et ses conclusions. On a vraiment l'impression que Herzog croit que son "point de vue", sa "vision du monde", donc, sont à ce point intéressants et pertinents qu'ils doivent imprégner chaque cm de sa pellicule. Herzog y campe constamment dans une position de surplomb, de maitrise, de pouvoir, de tous ces sujets-événements qu'il survole avec l'aplomb du gars qui a un avis passionnant, édifiant, et décisif sur tout. Alors qu'en fait, y radote pas mal, un peu comme un "vieux con". Je me demande même s'il ne sucre pas un peu les fraises, depuis une bonne décennie...
Alors que ces "documentaires" semblent se vouer à rendre la sensation d'un événement (sous les formes les plus diverses) dont la démesure excède le sentiment et/ou jugement subjectifs (un peu l'expérience du "sublime" au sens de Kant), c'est tout le contraire d'une expérience de l'événement qui nous est proposée. C'est la mise en scène, distribuée, calibrée, contrôlée, intervention et temps de parole des intervenants compris, des "opinions" de Herzog sur ces événements, avec des imgs à la Haroun Tazieff, plus un peu de testostérone.
Y compris voire surtout lorsque leur parole est fragile, ou fragilisée, parce qu'émise en état ou situation de crise, de tension, de désespoir, de drame. Situations et états que Herzog exploite, met en scène, instrumentalise, souvent provoque lui-même, sans vergogne, en maître de cérémonie, à la fois voyeur et exégète des psychodrames qui se jouent sous sa caméra et son micro. Et le plus souvent, ça lui donne l'occasion de livrer ses états d'âme, ses sentiments personnels, ses jugements de valeur, bref son éclairage si précieux et si important sur l'événement qui a lieu. Ce qui parachève la dimension d'obscénité de son dispositif, car le spectateur n'a d'autre alternative que se faire le voyeur et confident consentants d'un spectacle aussi complaisamment orchestré.
On peut sans crainte parler de manipulation d'affects pour un sensationnalisme choc. Le résultat donne à penser: on ne voit pas trop en quoi, finalement, au bout du compte, le produit livré se distingue des pseudo-reportages sensationnalistes et tendancieux proposés par les chaines de télé, Tf1, par exemple. On parle d'images d'une "rare puissance évocatrice", sans doute. J'y vois pour ma part une sorte de mix lourdingue et indigeste entre Ushuaya, Complément d'enquête, Faites-entrer l'accusé, Strip-Tease et ça se discute… Mieux, ces produits du câble américain, où on traque des délinquants, un échappé de prison, un violeur, à pied, à cheval, en voiture, ou depuis un hélicoptère.
C'est un peu les aventures de Tintin version burnée: Tintin en Amérique, Tintin au Congo, Tintin chez les skieurs, Tintin fait de la spéléologie, Tintin dans les couloirs de la mort, Tintin visite des terres dévastées par un tremblement de terre, Tintin visite des terres brûlées par un incendie, etc etc etc.
Invité- Invité
Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
Le gros souci que j'ai avec Herzog et en particulier avec Into the abyss c'est que je trouve ça très laid, formellement parlant.
Ne prendre que les 10 premières minutes de Into the abyss c'est très crade quand même. On pouviat croire à un moment donné que ça servait le propos mais j'aurai plutôt tendance à croire/dire que c'est plus une attitude je-m'en-foustiste.
Je l'ai vu y'a un moyen ça ne me pas vraiment parlé, je n'ai aucun souvenir du prêtre non plus. C'est fou.
Le seul vrai souvenir du film que j'ai c'est un entretien avec un gardien de prison, et puis j'avais pensé oh j'aimerai que le film soit sur ce mec là.
Le seul moment où j'ai ri c'était le début "I'm making a film because you are an human being" ce qui pour un incipit a l'avantage de placer les choses, je filme des gens, des personnes dans un contexte donné mais je mets ma place et mon jugement au dessus de tout ça (et je parle des 5 premières minutes).
enfin, il parait que le film s'est tourné et monté très vite, a peine une dizaine d'heures de rushes et deux semaines pour tout assembler. J'ai pas trop de peine à y croire quand on voit le résultat final.
Sinon, Herzog est allé filmer d'autres condamnés à mort et aurait décidé d'en faire une série, ça donnera un joli combo Tintin dans les couloirs de la mort et toujours en Amérique.
Ne prendre que les 10 premières minutes de Into the abyss c'est très crade quand même. On pouviat croire à un moment donné que ça servait le propos mais j'aurai plutôt tendance à croire/dire que c'est plus une attitude je-m'en-foustiste.
Je l'ai vu y'a un moyen ça ne me pas vraiment parlé, je n'ai aucun souvenir du prêtre non plus. C'est fou.
Le seul vrai souvenir du film que j'ai c'est un entretien avec un gardien de prison, et puis j'avais pensé oh j'aimerai que le film soit sur ce mec là.
Le seul moment où j'ai ri c'était le début "I'm making a film because you are an human being" ce qui pour un incipit a l'avantage de placer les choses, je filme des gens, des personnes dans un contexte donné mais je mets ma place et mon jugement au dessus de tout ça (et je parle des 5 premières minutes).
enfin, il parait que le film s'est tourné et monté très vite, a peine une dizaine d'heures de rushes et deux semaines pour tout assembler. J'ai pas trop de peine à y croire quand on voit le résultat final.
Sinon, Herzog est allé filmer d'autres condamnés à mort et aurait décidé d'en faire une série, ça donnera un joli combo Tintin dans les couloirs de la mort et toujours en Amérique.
DB- Messages : 1528
Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
Jerzy a écrit :
Y a pas un accueil de la parole, du témoignage de l'autre
pince moi : c'est toi qui dit ça ? Bouffon !
Invité- Invité
Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
Dis, chameau qui ne voit pas sa bosse, fétichiste de l'image mais pas de la belle image: pince moi aussi.
Tu accueilles la parole, le témoignage de l'autre, dans tes topics "images en vrac" qui ne s'adressent jamais à personne d'autre que toi-même?
Tu vas peut-être me dire: c'est pour apprendre aux constipés à mieux voir la beauté.
Tu accueilles la parole, le témoignage de l'autre, dans tes topics "images en vrac" qui ne s'adressent jamais à personne d'autre que toi-même?
Tu vas peut-être me dire: c'est pour apprendre aux constipés à mieux voir la beauté.
DB a écrit:à l'attention de py
Invité- Invité
Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
hello caupin,Baudouin II de Barvaux a écrit:Pas vu ce film et aucune envie particulière de le voir...
excellente critique, et sans les yeux en plus.
déjà dit il me semble et je sais que tu t'en tapes, mais je te suis redevable de la découverte d'Herzog, et à vrai dire ça a vachement pesé dans ma décision de ne pas te tuer. J'aurais bien aimé que tu vois La soufrière, Little Dieter needs to fly, Les ailes de l'espoir, ceux-là appartiennent à la marche "héroïque" (tu diras mieux les choses) d'Herzog tel qu'il a pu le raconter dans son journal de marche pour rejoindre Lotte Eisner.
Invité- Invité
Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
breaker a écrit:hello caupin,Baudouin II de Barvaux a écrit:Pas vu ce film et aucune envie particulière de le voir...
excellente critique, et sans les yeux en plus.
l'habitude breaker, l'habitude ! il faut supporter tout ce qu'il écrit si on peut parler d'écriture à propos de ses salmigondis.
Invité- Invité
Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
Et voilà, encore un topic qui part en vrille. Il était bien parti pourtant. Si seulement on pouvait réussir à ce que de temps en temps un topic se déroule normalement, sans que les vieilles querelles reprennent le dessus.
adeline- Messages : 3000
Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
adeline a écrit:Et voilà, encore un topic qui part en vrille. Il était bien parti pourtant. Si seulement on pouvait réussir à ce que de temps en temps un topic se déroule normalement, sans que les vieilles querelles reprennent le dessus.
c'est pas les vieilles querelles c'est des querelles qui se renouvellent.
si tu regardes bien, toi ou Borges postez vous êtes lu par votre notoriété, breaber, Jerzy plus encore par leur capacité à mettre de façon quasi systématique des coups de pieds dans la fourmilière. Quand on ne veux pas être dérangé par le "bruit" de la communication, ne pas communiquer autrement qu'en écrivant un article, faire une conférence, mettre de la distance avec l'autre. Comme à la télé le présentateur n'a pas de contradiction, jamais.
Moi aussi je succombe, je m'en veut à mort de ne pas être un forumeur plus adulte.
Invité- Invité
Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
slimfast a écrit:adeline a écrit:Et voilà, encore un topic qui part en vrille. Il était bien parti pourtant. Si seulement on pouvait réussir à ce que de temps en temps un topic se déroule normalement, sans que les vieilles querelles reprennent le dessus.
c'est pas les vieilles querelles c'est des querelles qui se renouvellent.
si tu regardes bien, toi ou Borges postez vous êtes lu par votre notoriété, breaber, Jerzy plus encore par leur capacité à mettre de façon quasi systématique des coups de pieds dans la fourmilière. Quand on ne veux pas être dérangé par le "bruit" de la communication, ne pas communiquer autrement qu'en écrivant un article, faire une conférence, mettre de la distance avec l'autre. comme à la télé le présentateur n'a pas de contradiction, jamais.
Je ne mets pas des coups de pieds dans la fourmilière, j'introduis une contradiction, justement. Et en effet, je rejoins slimfast sur cette idée qu'en toute communication, y a du "bruit", de l'interférence, de l'altération, de la pollution, des impuretés. Pour moi, c'est pas tant des querelles que la manifestation de l'impureté de toute émission, discursive ou para-discursive. C'est le fil d'une discussion habitée par l'hétérogénéité des points de vue, des perceptions de ce qui se dit.
Le sens circule aussi, et se nourrit, de ces interruptions, interférences, mécompréhensions, pinaillages sur le sens du discours des uns et des autres. On ne partage pas tout une même "rationalité" de la communication selon Habermas, fondée sur un protocole de compréhension claire et distincte, transparente et réciproque, éliminant le "bruit", l'opacité, le non-sens et les différends (qui sont plus profonds que des "litiges", lesquels reposent sur le postulat d'un sens commun partagé, comme disait Lyotard).
Un forum ne peut pas être une succession harmonieuse de débats "objectifs" ne quittant jamais le sillon, ne doit pas être lisse et harmonieux comme un parquet ciré de musée. Ou alors c'est plus un forum; a-t-on peur d'offrir aux "visiteurs" une vitrine barbouillée, nuisant à la réputation de sérieux de la maison...? (ça me dérange pas vraiment en soi, les topics images de slimfast, c'est juste que j'y mets de "l'autre" dans le "même", je court-circuite leur caractère monologique et circulaire).
Invité- Invité
Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
perso, y'avait rien de mauvais dans mon post, Jerzy me paraît avoir très bien vu Abyss sans le voir, c'est le tour de force. Aussi, je tiens à souligner toute la bienveillance de mon post, si vous savez pas lire :adeline a écrit:Et voilà, encore un topic qui part en vrille. Il était bien parti pourtant. Si seulement on pouvait réussir à ce que de temps en temps un topic se déroule normalement, sans que les vieilles querelles reprennent le dessus.
(@ Jerzy) Aussi pour les documentaires cités, je les tiens à ta disposition si ça te dit.breaker a écrit:"excellente critique" ... "je te suis redevable de la découverte d'Herzog" ... "ma décision de ne pas te tuer"
je crois que tu te trompes lourdement quand t'écris ça, parce que là tu kickes toute la filmo(comme avec Rouch, mais tu disais t'être ravisé) :
mais sinon le reste, c'est bien.Baudouin II de Barvaux a écrit:C'est un peu les aventures de Tintin version burnée: Tintin en Amérique, Tintin au Congo, Tintin chez les skieurs, Tintin fait de la spéléologie, Tintin dans les couloirs de la mort, Tintin visite des terres dévastées par un tremblement de terre, Tintin visite des terres brûlées par un incendie, etc etc etc.
breaker a écrit:"excellente critique"
Invité- Invité
Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
Oui, désolée, vous avez raison, c'était l'effervescence de bruit, de contradiction, de surgissement de l'autre dans le même du forum qui m'a fait mal interpréter certains trucs
Et sinon je suis d'accord aussi avec tout ce que dit Jerzy de Herzog. Into the Abyss correspond exactement à sa description de l'intervieweur surplombant. Et pour ajouter encore du grain à moudre à la différence que je fais entre sa position à l'égard des gens qu'il interviewe dans Encounters at the End of the World et Into the Abyss : dans EatEotW, il pose des questions à un gars qui s'est échappé d'Europe de l'Est avant la chute du mur, vraisemblablement l'évocation est douloureuse pour le mec. Herzog, tout en empathie, lui accorde le droit de ne rien dire "C'est difficile ? Vous pouvez ne pas en parler, si c'est trop dur". Et il passe au sujet intéressant du truc, le fait que le mec trimballe partout avec lui un sac tout fait tout prêt, au cas où soudainement l'envie le prendrait de sauter dans le premier train venu. Et le mec ouvre le sac et montre son contenu.
Dans ItA, je n'ai pas l'impression qu'Herzog laisse jamais la possibilité à celui qu'il interviewe de taire ce qui serait une trop grande douleur. Au contraire. Les personnages de EatEofW, il s'en sent assez proche pour ne pas les brusquer au-delà de la manière dont ils acceptent eux de se mettre en scène. Il est leur semblable, c'est pour ça qu'il les filme. Dans ItA, les personnages sont l'autre incompréhensible pour Herzog, et rien ne sera trop racoleur, voyeur, pour faire comprendre à quel point il est loin d'eux.
Et sinon je suis d'accord aussi avec tout ce que dit Jerzy de Herzog. Into the Abyss correspond exactement à sa description de l'intervieweur surplombant. Et pour ajouter encore du grain à moudre à la différence que je fais entre sa position à l'égard des gens qu'il interviewe dans Encounters at the End of the World et Into the Abyss : dans EatEotW, il pose des questions à un gars qui s'est échappé d'Europe de l'Est avant la chute du mur, vraisemblablement l'évocation est douloureuse pour le mec. Herzog, tout en empathie, lui accorde le droit de ne rien dire "C'est difficile ? Vous pouvez ne pas en parler, si c'est trop dur". Et il passe au sujet intéressant du truc, le fait que le mec trimballe partout avec lui un sac tout fait tout prêt, au cas où soudainement l'envie le prendrait de sauter dans le premier train venu. Et le mec ouvre le sac et montre son contenu.
Dans ItA, je n'ai pas l'impression qu'Herzog laisse jamais la possibilité à celui qu'il interviewe de taire ce qui serait une trop grande douleur. Au contraire. Les personnages de EatEofW, il s'en sent assez proche pour ne pas les brusquer au-delà de la manière dont ils acceptent eux de se mettre en scène. Il est leur semblable, c'est pour ça qu'il les filme. Dans ItA, les personnages sont l'autre incompréhensible pour Herzog, et rien ne sera trop racoleur, voyeur, pour faire comprendre à quel point il est loin d'eux.
Dernière édition par adeline le Mer 14 Nov 2012 - 19:24, édité 1 fois
adeline- Messages : 3000
Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
ne te sens pas désolée Adeline te première idée était la bonne, le forum est sorti de ses rails qu'il réintègre maintenant.
Et puis tant mis je me lance quitte à essuyer des quolibets, je trouve ta manière de dire les choses très avisée et toujours audible, jamais intrusive, agressive.
Franchement j'envie cette capacité que tu as de trouver les bons mots.
Et puis tant mis je me lance quitte à essuyer des quolibets, je trouve ta manière de dire les choses très avisée et toujours audible, jamais intrusive, agressive.
Franchement j'envie cette capacité que tu as de trouver les bons mots.
Invité- Invité
Re: Into the Abyss (Herzog - 2011)
Un des prochains épisodes de la série "On Death Row" - dont Into the abyss est tiré - portera vraisemblablement sur l'histoire du plus jeune condamné à mort du Texas qui a assassiné un bébé de quatorze mois pour un exorcisme : "je suis fasciné par l'idée de savoir qui est le diable, répond Herzog aux Cahiers, je veux discuter du diable avec quelqu'un du couloir de la mort."
Avec ça, il est bien possible que la Rogue School qu'Herzog considère comme une école de style guérilla devienne un réseau d'ahuris qui va pourvoir pleinement aux besoins de la "crime-tv".
Rancière parlait justement du fait divers criminel dans la publication récente de l'entretien avec Zabunyan(La méthode de l'égalité) :
Avec ça, il est bien possible que la Rogue School qu'Herzog considère comme une école de style guérilla devienne un réseau d'ahuris qui va pourvoir pleinement aux besoins de la "crime-tv".
Rancière parlait justement du fait divers criminel dans la publication récente de l'entretien avec Zabunyan(La méthode de l'égalité) :
Le fait divers est toujours interprété comme une maladie de la civilisation mais cette dernière peut être la promotion des enfants du peuple, ou simplement le mal qui veille toujours derrière l'ordre normal des choses. Le fait divers va ainsi devenir l'instrument d'une pathologisation. On voit bien qu'actuellement ce sont essentiellement des crimes sexuels et notamment des histoires de pédophiles qui font l'essentiel du fait divers... Le criminel est devenu massivement un malade. Cela veut dire que la vie quelconque n'a plus beaucoup d'espace d'invention. Depuis l'époque de Maupassant, tous les docteurs, psychiatres, psychanalystes, éducateurs, se sont abattus dessus. Dès que la vie quelconque bouge, dès qu'elle n'est plus quelconque, elle est par avance interprétée, médicalisée... Nous sommes dans des univers où la désobéissance prend la forme de la déviance, la dérive individuelle, le terrorisme, la criminalité... Le fait que ce soit ce qui apparaît toujours au premier plan est comme le signe d'une disparition de la subversion populaire derrière la simple maladie inguérissable de la civilisation.
Invité- Invité
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