des photos, des stars : uniquement.
+10
DB
balthazar claes
wootsuibrick
gertrud04
Largo
careful
Eyquem
py
Dr. Apfelgluck
Borges
14 participants
Page 1 sur 20
Page 1 sur 20 • 1, 2, 3 ... 10 ... 20
des photos, des stars : uniquement.
Dernière édition par Borges le Mar 6 Sep 2011 - 14:29, édité 1 fois
Borges- Messages : 6044
Re: des photos, des stars : uniquement.
Dernière édition par Borges le Mar 6 Sep 2011 - 14:30, édité 1 fois
Borges- Messages : 6044
Re: des photos, des stars : uniquement.
pas mal Dr. Apfelgluck, mais il sera difficile de faire mieux que :
qui reconnaît ces géants?
qui reconnaît ces géants?
Borges- Messages : 6044
Re: des photos, des stars : uniquement.
« L’année 1961. Plutôt l’automne ou le début de l’hiver. Samuel Beckett est assis. Il y a dix ans qu’il est roi -un peu moins ou un peu plus de dix ans: huit ans pour la première de Godot, onze ans pour la publication massive de grands romans par Jérôme Lindon. Rien n’existe en France pour lui faire pièce ou lui disputer ce trône sur quoi il est assis. Le roi, on le sait, a deux corps: un corps éternel, dynastique, que le texte intronise et sacre, et qu’on appelle arbitrairement Shakespeare, Joyce, Beckett, ou Bruno, Dante, Vico, Joyce, Beckett, mais qui est le même corps immortel vêtu de défroques provisoires; et il a un autre corps mortel, fonctionnel, relatif, la défroque, qui va à la charogne, qui s’appelle et s’appelle seulement Dante et porte un petit bonnet sur un nez camus, seulement Joyce et alors il a des bagues et l’œil myope, ahuri, seulement Shakespeare et c’est un bon gros rentier à fraise élisabéthaine. Ou il s’appelle seulement et carcéralement Samuel Beckett et dans la prison de ce nom il est assis en automne 1961 devant l’objectif de Lutfi Özkök, Turc, photographe – photographe esthétisant, qui a disposé derrière son modèle habillé de sombre un drap sombre pour donner au portrait qu’il va en faire un air de Titien ou de Champaigne, un grand air classique. Ce Turc a pour manie, ou métier, de photographier des écrivains, c’est-à -dire, par grand artifice, ruse et technique, de tirer le portrait des deux corps du roi, l’apparition simultanée du corps de l’Auteur et de son incarnation ponctuelle, le Verbe vivant et le saccus merdae. Sur la même image.
Tout cela Beckett le sait, parce que c’est l’enfance de l’art - et parce qu’il est roi. Il sait aussi qu’avec lui, pour lui, cette opération magique est plus facile que pour Dante ou Joyce, car à la différence de Dante ou Joyce il est beau: beau comme un roi, l’œil de glace, l’illusion du feu sous la glace, la lèvre rigoureuse et parfaite, le noli me tangere qu’il porte de naissance; et comble de luxe, beau avec des stigmates, la maigreur céleste, les rides taillées au tesson de Job, les grandes oreilles de chair, le look roi Lear. Il sait que pour lui c’est trop facile, comme si le gros rentier élisabéthain avait eu la tête du roi Lear ; et qu’on ne peut guère prendre la photo du saccus merdae nommé Samuel Beckett sans qu’apparaisse dans le même moment le portrait du roi, la littérature en personne, avec, bien visibles autour de l’œil de glace et des grandes oreilles, le bonnet de Dante, la fraise élisabéthaine et, dans un coin, visible ou pas le tesson de Job.
De cela, de ce hasard biologique ou de cette justice immanente, est-ce qu’il se réjouit, Samuel Beckett, ce jour d’automne 1961 ? Est-ce qu’il en tire vanité, dégoût, ou une extraordinaire envie de rire ? Je ne le sais pas, mais je suis sûr qu’il l’accepte. Il dit: Je suis le texte, pourquoi ne serais-je pas l’icône ? Je suis Beckett, pourquoi n’en aurais-je pas l’apparence ? J’ai tué ma langue et ma mère, je suis né le jour de la Crucifixion, j’ai les traits mélangés de saint François et de Gary Cooper, le monde est un théâtre, les choses rient, Dieu ou le rien exulte, jouons tout cela dans les formes. Continuons. Il tend la main, il prend et allume un boyard blanc, gros module, il se le met au coin des lèvres, comme Bogart, comme Guevara, comme un métallo. Son œil de glace prend le photographe, le rejette. Noli me tangere. Les signes débordent. Le photographe déclenche. Les deux corps du roi apparaissent. »
Tout cela Beckett le sait, parce que c’est l’enfance de l’art - et parce qu’il est roi. Il sait aussi qu’avec lui, pour lui, cette opération magique est plus facile que pour Dante ou Joyce, car à la différence de Dante ou Joyce il est beau: beau comme un roi, l’œil de glace, l’illusion du feu sous la glace, la lèvre rigoureuse et parfaite, le noli me tangere qu’il porte de naissance; et comble de luxe, beau avec des stigmates, la maigreur céleste, les rides taillées au tesson de Job, les grandes oreilles de chair, le look roi Lear. Il sait que pour lui c’est trop facile, comme si le gros rentier élisabéthain avait eu la tête du roi Lear ; et qu’on ne peut guère prendre la photo du saccus merdae nommé Samuel Beckett sans qu’apparaisse dans le même moment le portrait du roi, la littérature en personne, avec, bien visibles autour de l’œil de glace et des grandes oreilles, le bonnet de Dante, la fraise élisabéthaine et, dans un coin, visible ou pas le tesson de Job.
De cela, de ce hasard biologique ou de cette justice immanente, est-ce qu’il se réjouit, Samuel Beckett, ce jour d’automne 1961 ? Est-ce qu’il en tire vanité, dégoût, ou une extraordinaire envie de rire ? Je ne le sais pas, mais je suis sûr qu’il l’accepte. Il dit: Je suis le texte, pourquoi ne serais-je pas l’icône ? Je suis Beckett, pourquoi n’en aurais-je pas l’apparence ? J’ai tué ma langue et ma mère, je suis né le jour de la Crucifixion, j’ai les traits mélangés de saint François et de Gary Cooper, le monde est un théâtre, les choses rient, Dieu ou le rien exulte, jouons tout cela dans les formes. Continuons. Il tend la main, il prend et allume un boyard blanc, gros module, il se le met au coin des lèvres, comme Bogart, comme Guevara, comme un métallo. Son œil de glace prend le photographe, le rejette. Noli me tangere. Les signes débordent. Le photographe déclenche. Les deux corps du roi apparaissent. »
Pierre Michon, Corps du roi
Eyquem- Messages : 3126
Re: des photos, des stars : uniquement.
Borges a écrit:
Willie Dixon, Big Joe Williams et Memphis Slim bien sûr.
Ma favorite de Leadbelly :
careful- Messages : 690
Re: des photos, des stars : uniquement.
Vic...
(avec les Smiths en ce moment, j'ai la banane)
(pardon mais, c'est que j'ai découvert La Dolce Vita, et j'ai trouvé ses charmes généreux vraiment très sous-exploités )
Juan Carlos Onetti, écrivain urugayen méconnu dont Schroeter a adapté un livre (Nuit de Chien). J'ai lu Le Camion, qui est un des romans les plus déprimants que je connaisse. On le compare aux existentialistes, Sartre et Camus mais Meursault à côté de son héros, c'est un marrant...
Re: des photos, des stars : uniquement.
(Aïe. j'ai vu ce "nuit de chien" de Schroeter, qui jouit d'une certaine "réputation". Je ne sais pas comment j'ai tenu jusqu'à la fin. Nanar absolument consternant et d'une confusion extrême quant à son hypothétique contenu. ça louche du côté de Patrice Chéreau tentant de faire de la sf crépusculaire avec une touche de Kafka pasolinisé, mais tout est ridicule. Un truc m'a surpris, cependant: on constate que Pascal Greggory, quand il enlève son costume trois pièces, est incroyablement bodybuildé. Savais pas qu'il prenait à ce point soin de sa personne, mais ça fait pas du tout raccord avec son personnage.
Bon, c'est pas grave hein, je veux pas casser l'ambiance. Je vais chercher moi aussi de belles images:)
Bon, c'est pas grave hein, je veux pas casser l'ambiance. Je vais chercher moi aussi de belles images:)
Invité- Invité
Re: des photos, des stars : uniquement.
Oy Jerzy,Jerzy P a écrit:
Merde, j'ai un doute.Dans quelle saison on "voit" Thomas Pynchon ? J'ai l'impression que c'était l'une des meilleurs.
careful- Messages : 690
Re: des photos, des stars : uniquement.
Cette photo traîne sur mon bureau...
(Les frères Lumière)
...et celles-ci dans mon ordi.
(C. Walken)
(Les frères Lumière)
...et celles-ci dans mon ordi.
(C. Walken)
gertrud04- Messages : 241
Re: des photos, des stars : uniquement.
http://www.wildside.fr/films/fiche,smash-his-camera,2220
Invité- Invité
Re: des photos, des stars : uniquement.
nous sommes en 68; si j'avais pas lu la légende, je ne l'aurais pas reconnu; mais est-ce vraiment lui? Je parle pas de sollers, que je reconnais, déjà assez con; de qui alors?
Dernière édition par Borges le Dim 11 Sep 2011 - 17:58, édité 2 fois
Borges- Messages : 6044
Re: des photos, des stars : uniquement.
GD
(mais j'ai triché; et je ne le reconnais pas non plus. Je vois Rancière...)
(mais j'ai triché; et je ne le reconnais pas non plus. Je vois Rancière...)
Dernière édition par Jerzy P le Dim 11 Sep 2011 - 18:02, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: des photos, des stars : uniquement.
Jerzy P a écrit:GD
(mais j'ai triché)
en cherchant des images de "où est la maison de mon ami?"; je suis tombé sur ceci
page 6; tu reconnais?
Borges- Messages : 6044
Re: des photos, des stars : uniquement.
Jerzy P a écrit:Euh... C'est dur, la p. 6 change tout le temps
chez moi, très visible, première à gauche, page 6, depuis plusieurs jours : la photo de ton blog...
Borges- Messages : 6044
Re: des photos, des stars : uniquement.
(1972. Il ne peut pas avoir autant changé en 4 ans, non? )
Invité- Invité
Page 1 sur 20 • 1, 2, 3 ... 10 ... 20
Sujets similaires
» des photos, des stars en slip : uniquement.
» Maps to the stars (Cronenberg)
» Photos de groupes
» D'image le monde (de quelques stars médiatiques planétaires, et de leur reflet)
» Qui meurt et qui vit dans les photos? Norma Jeane Mortenson avait alors 12 ans.
» Maps to the stars (Cronenberg)
» Photos de groupes
» D'image le monde (de quelques stars médiatiques planétaires, et de leur reflet)
» Qui meurt et qui vit dans les photos? Norma Jeane Mortenson avait alors 12 ans.
Page 1 sur 20
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum