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Le temps et l'espace dans les séries

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Message par Invité Sam 12 Fév 2011 - 14:28

moi non plus je décroche déjà au milieu du second épisode.
J'ai seulement regardé la premiere saison des Soprano. j'attends la 2°.
c'est ludique et casté au poil.

pas encore lu le texte de Borges supra.

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Message par Invité Sam 12 Fév 2011 - 17:01

slimfast a écrit:
S. Pichelin a écrit :

perso, j'écris sur ordinateur et à la main. pas toi ?


je ne vois pas ce que tu veux dire, le rapport entre écrire et les médias pour saisir et projeter les images ?

l'idée qu'une technologie en chasse une autre... on écrit toujours à la main et on utilise aussi un ordinateur. on utilise un micro_onde pour réchauffer mais on cuit toujours le pain au four, parfois électrique, parfois à bois (c'est meilleur). une technologie n'en chasse pas une autre. l'existence et la persistance d'une technologie ne dépend pas de sa nouveauté mais de son usage social. quelle technologie pour quelle société ? si une technologie en chassait une autre, les patrons ne seraient pas du tout pressés de délocaliser dans des pays à basse technologie. l'important, c'est ce qui leur est utile. Deleuze et Guattari ont très bien dit ça : la machine technique est inséparable de la machine sociale.

pour le cinéma et les séries - ou la télévision au sens large, parce que tout ça n'est pas nouveau : je ne crois pas que les séries remplacent le cinéma. si elles devaient remplacer quelque chose, ce serait les romans de consommation courante, type Gary ou Cartland. et ils ne les remplacent pas non plus puisque ce secteur de l'édition se porte très bien. alors quoi ? la série ou le roman de grande consommation correspondent à des usages privatifs, au chaud chez soi et loin de la foule. dans le même ordre d'idée, il y a pas mal de monde qui passe de longues soirées à jouer au scrabble sur internet. ainsi, pas de voisins à visiter, pas de mauvaises odeurs, bien chez soi sous la couette loin du monde. et tout ça rejoint assez ce que dit Borges, je crois : ce gus à l'écran, c'est moi, et chez moi n'est que moi. la série comme symptome social (sarkoziste, évidemment).
et si je n'en vois plus, vous en faîtes pas, j'en ai vues...

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Message par Invité Sam 12 Fév 2011 - 18:23

non je ne crois pas, on parle de temps dans les séries on peut tout aussi parler de temps dans les technologies : ce sont des moments qui s'effilochent souvent mais qui ne s'étirent jamais selon moi à l'infini.

dans les séries ce que je vois, ce sont des approches en creux de corps sociaux dont L'aventure intérieure de Joe Dante pourrait être une matrice complètement décomplexée et affranchie de le tyrannie de la mise en scène des générations de cinéastes antérieurs culpabilisés peut être par la technique su son qui trahissait l'âge d'or du cinéma.


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Message par Rotor Sam 12 Fév 2011 - 23:09

En réalité quand on dit que le cinéma actuel s'invente dans les séries, c'est surtout un effet d'annonce. Une manière de rehausser un art qui jusqu'à très récemment n'intéressait personne.
Personnellement, je détestais les séries, je les trouvais mal filmées, mal jouées, et hormis le plaisir de l'adolescence retrouvée, je n'y voyais rien d'important. Mais ça a changé et je suis obligé de l'admettre. C'est maintenant une forme tout à fait mûre.

Adeline, tu cites The Wire, c'est un cas d'école justement, mais ça reste très à part. Comme une avancée, un travail sur la grande forme de fiction.
Il faut bien comprendre pourtant que les séries sont pensées par des groupes de scénaristes, et que ce sont des shows, des émissions écrites à plusieurs. D'ailleurs, dans les séries, le metteur en scène n'a pas d'importance.
Il suffit de regarder Twin Peaks ("La Joconde" des séries) pour comprendre que les épisodes filmés par Lynch ne sont absolument pas meilleurs.

Bref, je ne suis pas un fan des séries en général, pour être très franc, mais j'ai vécu grâce à certaines quelques révélations qui n'ont rien à envier au cinéma. Et j'aime bien cet art de cadet qui défie les grands aînés car il a parfois la fraîcheur de s'inventer, au lieu de vivre un héritage.
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Message par Borges Dim 13 Fév 2011 - 12:48

C’est pas seulement une nécessité de durée qui imposerait aux séries de varier, de complexifier les personnages, de leur donner une temporalité à fortes variations, c’est une vision du monde.

Le héros n’est plus un "immortel", quelqu’un qui nous indiquerait la voie de la surhumanité ; nous sommes dans des mondes où il n’y a pas d’idées, de vérités, comme dirait Badiou, mais seulement des corps, et des langages ; on ne cesse de causer dans les séries, et le corps est toujours plus ou moins souffrant : drogué, malade, violenté, refait esthétiquement...

Règne du réductionnisme ; c’est aussi un truc qu’on retrouve dans les biopics, qui, comme les nouvelles séries, privatisent l’exception, c’est-à-dire l’annulent. Partout travaille l’idéologie de l’humain, trop humain : pour démolir un homme politique, plus nécessaire de s’attaquer à ses idées, suffit de dire qu’il adore son chien, qu’il aime le luxe, et les cigares, bref, de laisser entendre que les idées, finalement c’est de la supercherie, des illusions, des moyens, plutôt que des fins. Che, c’est une vie privée pas si « communiste » que ça.


Il s’agit de rabaisser l’exception, bonne ou mauvaise ; le sujet obscur ou de vérité, Hitler ou Jésus, c’est la même chose, des êtres terriblement humains. Je ne sais pas ce que va donner le prochain biopic de Lincoln, mais on peut parier que ça n’obéira pas au régime de l’idéalisation fordienne ; Lincoln ne sera ni un nouveau Jésus, ni un nouveau Moïse. Il y aura moins de rêve américain, et plus de complexité ; on nous dévoilera certainement ses mauvais côtés, la terrible complexité d’un personnage historique, sombre, maniaco-dépressif, très ambivalent sur la question de l’esclavage.

Comme dit Badiou : « si vous faites la biographie d’un génie, vous allez montrer qu’il était avare, qu’il avait une vision politique détestable, qu’il traitait mal les femmes, qu’il avait des rapports aux autres dégoûtants ; il est mort lamentablement et d’ailleurs il est né pareil, etc. Ultimement, quelqu’un qui lit la bio de Beckett, il veut savoir les femmes qu’il a aimées, les problèmes avec ses parents… On va tout savoir, sauf pourquoi on a écrit une biographie, qu’il était un écrivain de génie »

L’esprit des séries, c’est l’égalité dans "la fêlure", et non pas la capacité égalitaire et exceptionnelle de surhumanité. Voyez le devenir de Dirty Harry, le super flic finit lamentablement cancéreux, vieux, seul, con…

Je ne sais pas si ces séries traitent leur spectateurs en valet, satisfont notre ressentiment devant la grandeur, l’admirable, mais il est évident qu’il n’ y a plus de grand homme pour HBO, et les autres séries épochales.

En terme nietzschéen on peut dire que les séries fonctionnent sur le mode de la politique de la proximité, du proche. Ils refusent le lointain ; il n’y a pas de lointain, pas de héros, pas de monstres, pas de mal, pas de bien, mais des êtres humains, comme nous, en mieux, en pire, mais terriblement humain ; avant, un flic dans une série, c’était essentiellement un flic, une fonction, une essence, il n’avait pas de vie à côté ; que savons-nous de Starsky et Hutch, de leurs opinions, de leurs difficultés existentielles ? Rien. C’est des flics, ils font leur boulot et puis basta ; les choses sont très différentes, maintenant, les flics, comme les criminels, mènent des vies ordinaires, ontiques, pourries.

Prenez le fameux McNulty, c’est le flic très ordinaire, comme on en a vu des centaines au cinéma, depuis Dirty Harry, Martin Riggs, John McClane, un pur kantien dont l’unique impératif catégorique est l’affaire, il n’écoute pas ses supérieurs mais le logos de l’affaire. Il a une vie de famille de divorcé, la garde, la pension ; il se tape des filles, par dizaines, des bières plus encore. Rien de neuf, tout cela appartient au registre de la virilité. Le truc neuf, c’est qu’il vomit et finit par rencontrer sa finitude, lors de sa relation avec D'Agostino, qui nous montre que les degrés de puissances sont toujours relatifs à des espaces, à des territoires ; comme dirait Deleuze, ou Proust ; Charlus brille dans le monde des Guermantes ; il y est un dieu créateur, mais une fois qu’il s’aventure hors de ce monde, par exemple chez les Verdurin, il n’est plus rien, un vrai roi Lear, sans couronne, sans pouvoir ; c’est un peu ce qui arrive à McNulty, dans la troisième saison ; le plus malin des flics, c’est ce qu’il s’imagine être, découvre qu'il n'est pas grand chose dans la hiérarchie "sociale": s’il peut impressionner n’importe quelle fille au lit, même une super diplômée, une fois que la relation quitte cette zone de maîtrise purement sexuelle, de baise, il n’est plus rien.

Au restaurant, il découvre son existence sociale objective, il est incapable d’avoir une conversation qui puisse intéresser la consultante politique ; ça le ravage narcissiquement.

On n'imagine pas Dirty Harry, ou ses avatars, perdre ainsi contenance, se dire, ah, je ne plais pas aux filles pour mon QI, mais à cause de mon magnum.

La série joue énormément sur ces déplacements, qui découvrent aux personnages leur propre finitude. La mort de Stringer Bell, Omar dans sa cellule, tentant pitoyablement de se défendre contre deux mecs qu'il croit venus l'assassiner.


Quitter son territoire, c'est toujours risquer la mort ; on perd sa capacité à maîtriser les signes, les situations... Les rois de la rue sont des cancres à l'école, Stringer Bell se fait rouler comme un amateur quand il s'aventure dans le monde des affaires et de la politique...

Comment changer d'habitus, de territoire, d'agencements... sans en mourir, c'est la question...


etc.




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Message par Invité Dim 13 Fév 2011 - 13:22

c'est accorder à l'identification des pouvoirs hors normes et en tout cas qui me me sont totalement étrangers : ce ne sont pas des images justes, mais juste des images !

j'aime les crimes crapuleux de Tony Soprano surtout quand ils me sont présentés sans ménagement dans leur force brutale et très loin de moi d'en faire mon semblable pas plus que je ne me reconnais dans un tableau cubiste.

il y a des extériorités des altérités dont aucun discours ne peux venir à bout.

pourquoi la parole logorrhéique dans les séries : c'est comme pour toi Borges, elle tient lieu de mise en scène.

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Message par Borges Dim 13 Fév 2011 - 19:49

Stéphane Pichelin a écrit: la série ou le roman de grande consommation correspondent à des usages privatifs, au chaud chez soi et loin de la foule. dans le même ordre d'idée, il y a pas mal de monde qui passe de longues soirées à jouer au scrabble sur internet. ainsi, pas de voisins à visiter, pas de mauvaises odeurs, bien chez soi sous la couette loin du monde. et tout ça rejoint assez ce que dit Borges, je crois : ce gus à l'écran, c'est moi, et chez moi n'est que moi. la série comme symptome social (sarkoziste, évidemment).
et si je n'en vois plus, vous en faîtes pas, j'en ai vues...


le chez-soi suppose un soi, et inversement ; le soi, et le chez-soi du spectateur de la petite maison, n'est pas celui de Deadwood... autre idée de la famille, du groupe...

Je crois qu'il faut déterminer la famille selon la série ; l'idée de la famille construite par Columbo, c'est pas celle des nouvelles séries ; c'est pas des spectacles familiaux, hors du monde, de ses bruits et de ses fureurs ; HBO c'est l'idée de l'écart, ce qui vous change de la télé ; c'est la télé post-télé, comme on dit parfois ; nous serions dans une "post television era";

les séries HBO fonctionnent sur l'idée de la transgression ; violence, des situations, des langages... nudité, sexe... ce qu'on dit aux spectateurs c'est, "vous ne regardez pas la télé", cette vieille télé, soumise à des tas d'impératifs, moraux, politiques, etc., vous êtes ailleurs, c'est autre chose ; ici on dit "fuck", etc., à chaque phrase... terrible transgression, bien entendu...

sarkozy en est encore à l'âge du cinéma, contrairement à Obama, qui, si je ne me trompe pas, a déclaré que Omar (The Wire) était son personnage favori ; on peut trouver ça étonnant, Omar étant un voyou, mais il n'y a là aucune audace. En fait, Omar a une morale, qui est la morale de la série : on ne tue pas les citoyens, souvent définis par le fait qu'ils paient des taxes ; un citoyen, c'est un mec qui paye des impôts, un contribuable ; un abonné de HBO. Dans la série, y a une hiérarchie de la valeur des vies ; il y a celles qui valent tout, et puis celles qui ne valent rien : au plus bas, bien entendu, y a les vies des "voyous", (qui peuvent s'entretuer ; variation d'une logique très raciste...) au sommet la vie des flic, des politiques... entre les deux, y a le bon citoyen...

les malheurs d'Omar commencent quand on lui fait endosser la mort d'un citizen ; là la police ne blague plus... la vie des témoins est aussi essentielle ; c'est la mort accidentelle de l'un d'eux qui vaut si je me trompe pas son élection à Carcetti...





à continuer







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Message par careful Dim 13 Fév 2011 - 20:19

ps: assez passionnant tout ce que je lis là. Vraiment. A continuer oui.



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Message par Invité Dim 13 Fév 2011 - 20:32

Borges a écrit :
sarkozy en est encore à l'âge du cinéma, contrairement à Obama, qui, si je ne me trompe pas, a déclaré que Omar, the wire, était son personnage favori

cette remarque est énigmatique.

je ne saisis pas non plus l'imprécation sous-entendue chez Stéphane contre son intérieur ( comme on disait ).

car après tout le forum aussi est une expression du chez soi.

il y aurait donc selon vous deux, moralistes en diable, le bon et le mauvais chez soi ?

je m'interroge toujours sur l'opposition entretenue entre le moi et l'entregent. bien sûr sont ici abolies les différences entre films et séries.

mais ressurgissent les liens entre pouvoir et psychanalyse, ce qu'illustrent parfaitement les sopranos.

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Message par careful Dim 13 Fév 2011 - 20:48

Lors d'une conférence de presse donnée lundi 24 janvier 2011, Nicolas Sarkozy s'est livré sur ses préférences en matière de petit écran.

Questionné par les journalistes au sujet de ses séries préférées, le Président de la République a rétorqué : "Ne me lancez pas sur ce sujet, je suis intarissable".

En tête, "A la maison Blanche" (The West Wing, HBO), qui relate la vie quotidienne d'un Président démocrate des États-Unis et de son équipe. Suivi de "Dexter".Vient enfin "Six feet under" (HBO), et 24H Chrono.

Me souviens d'une nuit en 2002, face à ...Laurent Boyer et cette TV, C.Bruni citant Six Feet Under pr diverses raisons.
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Message par Borges Lun 14 Fév 2011 - 11:01

je ne dis pas qu'il y a un "bon" et un "mauvais", chez-soi, même si il y a bien un bon et un mauvais chez-soi, une bonne et une mauvaise manière d'être et de se sentir chez-soi, l'un ouvert, l'autre fermé, au dehors, à qui vient, à ce qui vient ou ne vient pas...

je dis juste que l'idée de la famille, de l'être-avec, du soi, et du chez-soi... n'est pas la même dans les séries HBO qui font le buzz, et HBO comme dit l'autre, c'est du "buzz" aussi, et dans "la petite maison dans la prairie", par exemple;


c'est pas seulement une question de sociologie du téléspectateurs, mais de télévision, et des relations de la télé et du cinéma, donc du chez-soi, et du dehors;

que veut dire "post television era"?


cut

on parle ailleurs de JC Rousseau, il dit à propos de la télé, c'est dans la revue Dérives, entretiens avec david yon : " Voir un film pour moi, ça reste le voir en salle. il me semble qu'il subsiste des différences essentielles entre voir un film en salle ou sur l'écran d'un téléviseur. En salle on voit le film projeté, on tourne le dos à la source lumineuse. Tandis que regarder la télévision, ce n'est jamais que regarder une ampoule. Regarder la télévision c'est regarder la source lumineuse. C'est ce qu'il ne faut pas faire. C'est en quelque sorte ce qui n'est pas permis.

On regarde ce qu'elle éclaire, mais on n'a pas l'impudence de fixer la lumière. C'est la faute originelle du téléspectateurs.

Et puis pour voir la projection, l'obscurité est nécessaire. Il faut faire le noir... Comme si l'image projetée exigeait l'effacement du monde."



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Message par Borges Lun 14 Fév 2011 - 11:04

karim a écrit:
Lors d'une conférence de presse donnée lundi 24 janvier 2011, Nicolas Sarkozy s'est livré sur ses préférences en matière de petit écran.

Questionné par les journalistes au sujet de ses séries préférées, le Président de la République a rétorqué : "Ne me lancez pas sur ce sujet, je suis intarissable".

En tête, "A la maison Blanche" (The West Wing, HBO), qui relate la vie quotidienne d'un Président démocrate des États-Unis et de son équipe. Suivi de "Dexter".Vient enfin "Six feet under" (HBO), et 24H Chrono.

je pensais qu'il ne voyait que du Hitch, du vertov, du dreyer,... bergman, du lynch, du X B...


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Message par careful Lun 14 Fév 2011 - 11:09

Borges a écrit:

je pensais qu'il ne voyait que du Hitch, du vertov, du dreyer,... bergman, du lynch, du X B...[/justify]



En effet, mais je crois que chacun l' entendait justement de cette façon; en résonance avec son name dropping filmé je ne sais où l'année dernière, rédigé par ses conseillers com


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Message par Invité Lun 14 Fév 2011 - 12:48

La petite maison dans la prairie : très mauvaise série tirée d'une suite autobiographique pas inintéressante dans le genre de la littérature enfantine.
je me promenais un jour rue de Cluny quand j'ai croisé un groupe de noir dont le plus baraqué expliquait aux autres qu'il avait rêvé qu'il était Laura Ingalls. Laughing

la série reposait sur l'idée de l'humain dans la communauté. soit un événement menaçant de produire une rupture dans la communauté : les frasques de Nelly Oleson, la maladie de Mary Ingalls - problèmes toujours personnalisés. question : comment la famille, unité sociale de base, permet d'éviter cette rupture et assure la continuité communautaire ? et ça, ça me parait typique d'une période (les années 60/70) où le tissu social réel commence à craquer mais d'une façon encore peu perceptible pour le plus grand nombre. alors on personnalise le problème, on familialise la solution et on résout illusoirement la crise par un fantasme de maîtrise. Dallas et Dinasty fonctionnent un peu autrement mais sur le même principe, et aussi les séries policières de l'époque : Columbo, Starsky & Hutch, où la famille est maintenue, même si elle est plus lointaine ou remplacée par un cercle de "cousinage" (l'increvable Huggy-les-bons-tuyaux), et où le eprsonnage garde comme seule épaisseur sa fonction de pérennisation de la communauté grâce à la maîtrise individuelle. et il me semble important qyue ce ne soit pas uniquement un modèle idéologique proposé aux spectateurs pour qu'ils y conforment leur conduite, mais aussi l'expression d'une dynamique socio-politique, du fantasme de la collaboration de classes.

en ce sens le héros fonctionnel était-il autre chose qu'une version magnifiée de l'être social du spectateur ? et le personnage dysfonctionnel contemporain n'est-il pas dans un rapport similaire, étant donnée l'inéluctabilité prétendue de la crise (prétention à visée politico-économique sans mystère) ? en accueillant la série dans son salon, je crois que le spectateur n'accueille rien d'autre que son rapport à la société mais pris dans le miroir déformant d'une individualisation et d'une désocialisation - être social spécifié à l'individu au moment où tout s'organise pour que nous trouvions notre personnification dans la somme de nos tares et des processus victimaires que nous subissons.

dans tout ça, je ne prétends pas dévaloriser les séries au profit du cinéma. il se peut bien qu'il y ait plus d'invention formelle sur le petit écran, ce serait même assez logique. mais je pense qu'il ne faut pas en chercher la raison du côté des technologies employées mais sur le plan des pratiques sociales.

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Message par Invité Lun 14 Fév 2011 - 12:49

il y a eu aussi des films en projection frontale ( syberberg ).

on sent bien comme vous défendez la salle, le mécanisme de projection .. mais l'image vient toujours d'un faisceau, d'une colonne.

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Message par Borges Lun 14 Fév 2011 - 13:08

Le temps et l'espace dans les séries - Page 2 Images?q=tbn:ANd9GcTAvehTPk-WmTmUAtf2XglnJzp8RsWTAnXHuNBy-Cb_cpFbll0SDQLe temps et l'espace dans les séries - Page 2 Images?q=tbn:ANd9GcRpiVtSTNQCLGB6jgV_TTH5i0X62x23Y32ce1jiOz6-j5ZVOghf

Les comparer, c'est voir les différences, et les sentir...entre les anciennes séries, et les nouvelles...

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Message par Borges Lun 14 Fév 2011 - 13:10

slimfast a écrit:

on sent bien comme vous défendez la salle, le mécanisme de projection .. mais l'image vient toujours d'un faisceau, d'une colonne.


ah, mais je ne défends pas la position de Rousseau, au contraire; je la trouve théologique, à déconstruire; que dit-il, sinon on ne regarde pas dieu (somma luce) en face?
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Message par Invité Lun 14 Fév 2011 - 18:11

de tout cela faisait son sujet Godard dans Scénario de passion ( voir l'invisible - le scénario - étant la formule clé ) puis dans Puissance de la porole une dialectique nouvelle vague, puis Eustache, Pialat ..

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Message par adeline Lun 14 Fév 2011 - 18:29

Ce que raconte Rousseau, c'est une version comme tu dis théologisée de "The Fordham Experiment". Qui dit que lorsqu'on regarde la réflexion de la source lumineuse (le cinéma), le cerveau est bien plus actif que lorsqu'on regarde directement la source lumineuse (la télé), qui rend les gens apathiques.

Il y a plein de choses qu'il faudrait qu'on définisse plus. Quelles sont les séries "épochales" dont parle Borges, par exemple ? De quand daterait le moment où la doxa verrait plus de cinéma dans les séries que dans les productions hollywodiennes (parce qu'à mon avis, il y a quand même plus de cinéma chez mille réalisateurs contemporains que dans les séries). On parle donc de la grande forme fictionnelle produite par une industrie complètement intégrée.

Donc, à partir de quand ? Quelle est la première série qui comporterait "plus de cinéma" ? Les Sopranos ? Evidemment, on parle surtout de la patte HBO. Mais est-ce que ce qui fait le "buzz" c'est aussi Desperate Housewives, The West Wing, Nip and Tuck, Lost, 24 heures... ?

Par exemple, ce que je disais sur la manière de rendre sympathique le méchant, et le mode de scénarios habituel d'HBO, n'a rien à voir avec The West Wing, qui est une série pleine de "bons" sentiments, sans retournement, sans transgressions. Même si c'est vrai que le "President of the United States" n'a pas grand-chose à voir avec le Lincoln de Ford. Il vient après Clinton et Monica, et on le voit dans son lit, raconter n'importe quoi lorsqu'il est drogués par ses médicaments, etc. En ce sens, elle s'inscrit dans ce que tu dis Borges.

En fait, l'idée serait qu'on voit "plus de cinéma" dans les séries, car elles seraient devenu, plus que le cinéma, les réceptacles des idées, des "mythes" (je ne sais pas si c'est le bon terme) de la période post-..., post-quoi d'ailleurs ? Qu'est-ce que tu voulais dire Borges, par "post television era"? Bref, l'Amérique se construirait et se raconterait plus dans les séries, que dans le cinéma actuellement ?

adeline

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Message par Invité Lun 14 Fév 2011 - 19:32

Adeline a écrit :
Bref, l'Amérique se construirait et se raconterait plus dans les série

je suis d'accord avec tout le reste sauf cette conclusion : le cinéma ne raconte personne, le cinéma pour le coup n'est pas un territoire mais une carte où il plante son drapeau.

l'équation redondante cinéma = une fiction sur une fiction me paraît sans horizon.

je préfère penser à la fonction du cinéma, organique, économique, esthétique etc...

voire interroger encore le concept de cinéphilie.

pourquoi le cinéma français me donnerait il une identité ? à un américain ? un égyptien ? c'est la thèse qu'en gros tu défends après ce débat suspect sur l'identité nationale.

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Message par Invité Mar 15 Fév 2011 - 9:06

adeline a écrit:
De quand daterait le moment où la doxa verrait plus de cinéma dans les séries que dans les productions hollywodiennes (parce qu'à mon avis, il y a quand même plus de cinéma chez mille réalisateurs contemporains que dans les séries). On parle donc de la grande forme fictionnelle produite par une industrie complètement intégrée.

pour rebondir sur cette toute partie de ce que dit Adeline, il est peut-être utile de préciser et de répéter sans relâche qu'on parle ici de productions occidentales : ciné occidentales, séries US essentiellement. mais je ne suis pas sûr - enseignez-moi, ô connaisseurs des séries - qu'il y ait plus d'inventivité dans n'importe quelle série thaïlandaise ou US que dans l'Oncle Boonmee de AW. qu'il y ait une seule série iranienne ou US qui fasse la pige à Kiarostami. pour ne citer que ces deux-là.

petite précision aussi : il ne s'agit pas de défendre un système de projection mais de se demander pourquoi on passe d'un système à un autre. et il n'y a là, de ma part en tous cas, ni morale, ni moralisme. pas de bon ou de mauvais chez-soi mais un chez-soi ouvert qui correspond à mes investissements personnels ou de classe conscients, et un chez-soi fermé qui n'y correspond pas. c'est une praxis, pas une morale.

maintenant, je me tais et je continue à vous lire.

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Message par Invité Mar 15 Fév 2011 - 9:50

je relis la fable cinématographique de Rancière et j'aimerais lire l'Epstein, jeune auteur à ce qui parait de 24 ans, années 20.

Stéphane, la mutation absolue du spectateur en téléspectateur n'est pas pour aujourd'hui : as tu vu un corps construit - qui ne pourrait qu'être confidentiel - d'analyse des séries ?

( je crois qu'Epstein disait dans son premier livre, Bonjour le cinéma : une cigare qui fume sur la rigole d'un cendrier et c'est déjà le drame ... ).

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Message par Leurtillois Mar 15 Fév 2011 - 11:39

Salut slimfast,

le texte d'Epstein, "Bonjour cinéma", est disponible en pdf sur le site des Spectres Wink

http://www.spectresducinema.org/?p=616

Leurtillois

Messages : 131

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Message par Invité Mer 16 Fév 2011 - 9:22

Merci Leurtillois

Wink

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Message par Invité Mer 16 Fév 2011 - 9:31

beuh ... " fichier impossible à trouver " ?

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