Metropolis, 2010
3 participants
Metropolis, 2010
Hello,
Qui a vu la nouvelle version du film passée sur Arte l'autre soir en même temps que la bande son en direct de Berlin ? Bien sûr, on entend toujours un concert de louanges pour ce film, que c'est un film toujours d'actualité, surtout on revient longuement sur le travail de restauration qui permet toujours de passer à côté du film en lui-même, etc, ne faudrait-il pas tenter d'aller y voir d'un peu plus près ?
Cette nouvelle version est peut-être l'occasion de revoir, discuter voir contester (avec Lang) ce "grand classique du cinéma muet"...
Qui a vu la nouvelle version du film passée sur Arte l'autre soir en même temps que la bande son en direct de Berlin ? Bien sûr, on entend toujours un concert de louanges pour ce film, que c'est un film toujours d'actualité, surtout on revient longuement sur le travail de restauration qui permet toujours de passer à côté du film en lui-même, etc, ne faudrait-il pas tenter d'aller y voir d'un peu plus près ?
Cette nouvelle version est peut-être l'occasion de revoir, discuter voir contester (avec Lang) ce "grand classique du cinéma muet"...
Fritz Lang: But after I finished the film I personally didn't much care for it, though I loved it while I was making it. When I looked at it after it was completed I said to myself, you can't change thesocial climate of a country with a message like "The heart must be the go-between of the head (capital) and the hands (labour)." I was convinced that you cannot solve social problems by such a message. Many years later, in the Fifites, an industrialist wrote in The Washington Post that he had seen the film and that he very much agreed with that statement about the heart as the go-between. But that didn't change my mind about the picture.
Invité- Invité
Re: Metropolis, 2010
Lang fut désespérer aprés que les studios américains ( la warner je crois ) eurent acheté le film, charcutant le montage initial. Aprés même si cette dernière version ( compléter par une copie venant de buenos aire, la seule restant qui montre le montage original ) est la plus à même de nous faire voir "metropolis" tel qu'il fut voulut par Lang, il y a des choses à dire sur le film par rapport aux autres Lang,, beaucoup d'entre eux lui sont supérieur. Ce qui est sur, c'est que Metropolis est le premier film d'anticipation ayant une ambition certaine, un film de science fiction pour adulte, le 2001 de son époque.
glj- Messages : 518
Re: Metropolis, 2010
Pas revu cette nouvelle version mais sur le site d'Arte, ils ont mis en ligne un reportage sur cette version inédite (les bobines de Buenos Aires, etc).
Rien de passionnant, mais l'extrait d'un entretien avec Lang, en 1971, à lire avec la citation de JM :
En général, quand on critique les premiers Lang (ce qui a déjà été fait), on finit par tomber très vite sur Thea Von Harbou.
Le reportage est là :
http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC=3057410,scheduleId=3027666.html
L'extrait que je cite commence vers 39'30.
(juste après, à 41'00, il y a un clip de Madonna, "Express yourself", réalisé par David Fincher en 89, et qui reprend, du Lang, le décor monumental de la machine souterraine, et même la maxime : "Sans le coeur, etc")
Rien de passionnant, mais l'extrait d'un entretien avec Lang, en 1971, à lire avec la citation de JM :
Lang, c'est un filou, et ce qu'il dit sur lui, il faut le lire deux fois : avec des lunettes, pas juste un monocle.Quand j'ai terminé Metropolis, je n'ai pas du tout aimé le résultat. Certaines choses étaient traitées de façon trop simpliste. Par exemple, cette idée-force du film, écrite par Mme Von Harbou, ma femme à l'époque, selon laquelle le médiateur entre la main et le cerveau, le capital et l'ouvrier, était le coeur. On ne résout pas ainsi un problème social.
Or il se produit une chose remarquable. J'aime beaucoup la jeunesse actuelle. Je suis à 100% pour la jeunesse d'aujourd'hui. Bien sûr, je parle de la jeunesse aux Etats-Unis, où je vis. Quand vous demandez aux jeunes ce qu'ils pensent d'une société régie par l'ordinateur, de ce qui lui manque - car ils sont confrontés à cette société -, ils répondent tous : "le coeur". Et je me dis que finalement, Thea avait peut-être raison.
En général, quand on critique les premiers Lang (ce qui a déjà été fait), on finit par tomber très vite sur Thea Von Harbou.
Le reportage est là :
http://plus7.arte.tv/fr/1697660,CmC=3057410,scheduleId=3027666.html
L'extrait que je cite commence vers 39'30.
(juste après, à 41'00, il y a un clip de Madonna, "Express yourself", réalisé par David Fincher en 89, et qui reprend, du Lang, le décor monumental de la machine souterraine, et même la maxime : "Sans le coeur, etc")
Dernière édition par Eyquem le Mer 17 Fév 2010 - 11:28, édité 1 fois
Eyquem- Messages : 3126
Re: Metropolis, 2010
(c'est hors-sujet, mais dans "Le Voyage et la danse - figures de ville et vues de films", Kracauer raconte ses déambulations dans les studios UFA, un jour de 1926, au moment où Lang tourne "Metropolis" sur un plateau, et Murnau "Faust" sur un autre. C'est un texte superbe.
Quand il décrit le capharnaüm d'objets de tous styles, de toutes époques, qu'il trouve dans les studios - dragon des Niebelungen, cerisier japonais, miniature de cathédrale fabriquée pour paraître en ruine, ménagerie, façades d'immeubles "par devant pleines de significations, par derrière pur néant"-, j'ai eu l'impression de voir un des derniers plans de "Citizen Kane", le mouvement de grue qui découvre la collection de Kane. C'est un truc auquel je n'avais pas pensé jusque là : que Xanadu, c'était une sorte de grand studio et que Welles, à ce moment-là, c'est comme s'il dévoilait tout le hors-cadre, le studio RKO lui-même (un peu comme dans une des scènes à l'Opéra, il va chercher les machinistes tout en haut des cintres))
Quand il décrit le capharnaüm d'objets de tous styles, de toutes époques, qu'il trouve dans les studios - dragon des Niebelungen, cerisier japonais, miniature de cathédrale fabriquée pour paraître en ruine, ménagerie, façades d'immeubles "par devant pleines de significations, par derrière pur néant"-, j'ai eu l'impression de voir un des derniers plans de "Citizen Kane", le mouvement de grue qui découvre la collection de Kane. C'est un truc auquel je n'avais pas pensé jusque là : que Xanadu, c'était une sorte de grand studio et que Welles, à ce moment-là, c'est comme s'il dévoilait tout le hors-cadre, le studio RKO lui-même (un peu comme dans une des scènes à l'Opéra, il va chercher les machinistes tout en haut des cintres))
Eyquem- Messages : 3126
Re: Metropolis, 2010
Ce reportage, effectivement sans grand intérêt, est passé sur arte juste après le film. On peut voir dans le reportage une photo de la visite d'Eisenstein sur le plateau de tournage du film. La description de Kracauer paraît faire ressembler le studio de cinéma à un véritable cabinet de curiosités!
Le personnage le plus intéressant du film de mon point de vue est quand même, quoi qu'en pense "la jeunesse", la femme-robot. C'est elle qui est capable de semer le désordre dans les deux couches de la société de Metropolis. Ce robot sans coeur et sans aucun intérêt dans son objectif qui est de détruire Metropolis, renvoie, libère, génialement et brutalement les uns et les autres à leurs penchants (les ouvriers à la révolte, les bourgeois à la luxure). C'est une magnifique figure de l'anarchie qui sauve le film.
Dans la nouvelle version, on pense comprendre que le savant qui en est le créateur agit par jalousie vis à vis du patron de Metropolis qui était son rival amoureux pour la femme disparue de celui-ci. Ce robot est finalement beaucoup plus intéressant que la femme à qui il vole son apparence, cette figure religieuse, de prêtresse à l'humanisme mielleux et foncièrement douteux idéologiquement, et manipulateur. Faut rajouter ce point intéressant qui est que c'est seule une machine qui est en mesure d'appeler au sabotage des machines.
C'est non seulement cette histoire de coeur, médiateur entre les mains et les cerveaux, qui ne tient pas debout (qui peut cacher aussi bien le paternalisme que la pseudo "régulation" du capitalisme exhortée aujourd'hui pour maintenir le système en place), mais le partage mains-cerveaux qui est douteux à la base et qui n'est jamais remis en question dans le film, au contraire même, la masse des ouvriers de bout en bout profondément stupide et malléable à merci est à la fin ramenée à sa place par le chef d'atelier qui roule pour le patron et qui prêche pour le travail contre la destruction de leurs machines de travail.
Le personnage le plus intéressant du film de mon point de vue est quand même, quoi qu'en pense "la jeunesse", la femme-robot. C'est elle qui est capable de semer le désordre dans les deux couches de la société de Metropolis. Ce robot sans coeur et sans aucun intérêt dans son objectif qui est de détruire Metropolis, renvoie, libère, génialement et brutalement les uns et les autres à leurs penchants (les ouvriers à la révolte, les bourgeois à la luxure). C'est une magnifique figure de l'anarchie qui sauve le film.
Dans la nouvelle version, on pense comprendre que le savant qui en est le créateur agit par jalousie vis à vis du patron de Metropolis qui était son rival amoureux pour la femme disparue de celui-ci. Ce robot est finalement beaucoup plus intéressant que la femme à qui il vole son apparence, cette figure religieuse, de prêtresse à l'humanisme mielleux et foncièrement douteux idéologiquement, et manipulateur. Faut rajouter ce point intéressant qui est que c'est seule une machine qui est en mesure d'appeler au sabotage des machines.
C'est non seulement cette histoire de coeur, médiateur entre les mains et les cerveaux, qui ne tient pas debout (qui peut cacher aussi bien le paternalisme que la pseudo "régulation" du capitalisme exhortée aujourd'hui pour maintenir le système en place), mais le partage mains-cerveaux qui est douteux à la base et qui n'est jamais remis en question dans le film, au contraire même, la masse des ouvriers de bout en bout profondément stupide et malléable à merci est à la fin ramenée à sa place par le chef d'atelier qui roule pour le patron et qui prêche pour le travail contre la destruction de leurs machines de travail.
Invité- Invité
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