The ghost-writer - Roman Polanski 2010
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balthazar claes
Le_comte
6 participants
The ghost-writer - Roman Polanski 2010
Un texte sur le dernier Polanski, peut-être pas convaincant dans les arguments (trop élogieux ?). J'ai essayé de dire ce que j'ai ressenti, mais je ne sais pas, je ne suis pas sûr que ce soit bon. Je poste celui sur Eastwood cette après-midi.
The ghost-writer
Il n’y a plus inconsistant que la carrière de Roman Polanski. Considéré comme un surdoué à ses débuts, il connaît ensuite une riche période américaine avant de sombrer, à l’aune des années 80, dans des films plutôt complaisants et inégaux. Récemment, il n’a pas plus convaincu : gros sabots, facilités, banalités, et ce malgré une palme d’or et un statut d’artiste sans cesse renouvelé. Son dernier film, The ghost-writer, est une réussite, et sans nul doute le Polanski le plus intéressant de ces dernières années. De par sa complexité et sa fidélité à toute une série de principes qui ont toujours régit l’œuvre du cinéaste depuis ses débuts.
On peut d’abord se dire que The ghost-writer accumule maladroitement les pépins. Les acteurs, quoi qu’on dise, ne semblent pas à l’aise dans leurs baskets. On pense au pauvre Ewan Mcgregor, affecté au registre qu’il doit absolument éviter : celui du dadais plongé dans une situation qui le dépasse. Ensuite, il est difficile de passer outre les faiblesses du récit. Chaque renversement de l’histoire apparaît simpliste et téléphoné, d’une étonnante paresse. Par exemple, lorsque Mcgregor découvre les photos de son employeur ou lorsqu’il emprunte la voiture de son prédécesseur qui le mène directement chez l’étrange Paul Emmett… De manière générale, c’est tout le film qui s’enferme dans une mollesse et une platitude qui virent souvent au grotesque et à l’invraisemblance.
Et si, dans cette banalité, résidait toute la beauté du dernier film de Polanski ? Paradoxalement, ce qui apparaît d’abord comme une faiblesse en vient à délivrer des instants de vérité uniques. La monotonie, incohérente et plate, devient fantastique et sensorielle. Le quotidien s’ouvre sur une autre dimension, plus profonde et plus ambigüe, celle du mystère de la présence et de l’incertitude de l’histoire en train de se faire. Avec The ghost-writer, il va encore plus loin que Rosemary’s baby. Il pénètre plus profondément dans le tissu complexe du monde en travaillant sur la multiplicité des temporalités et des régimes d’action : temps personnels et temps historiques, actions individuelles et actions collectives.
Le cinéma de Polanski a toujours été obsédé par ces différentes idées, et il n’a jamais fonctionné autrement. La monotonie de ses films contient toujours en elle une matrice fantastique et mystique qui éclot petit à petit. Les signes d’incohérences sont autant d’instants diachroniques qui nouent les temps, les actions, les affects et les discours. Dans The ghost-writer, les traces de diachronie sont très belles : il y a des gestes et des attitudes si maladroites qu’on se demande si ce ne sont pas des « erreurs » ; il y a aussi ces moments d’évasion et d’ouverture à d’autres flux de vie ; mais surtout, c’est à l’intérieur même du plan, et par la rigueur du cadre, que toute l’étrangeté du « monde en train de se faire » s’imprime dans toute son ambigüité. On pense bien sûr aux grandes vitres de la villa donnant sur la plage ou aux atmosphères sombres et mélancoliques des paysages.
Polanski n’est pas un Auteur. Un film, pour lui, n’est pas l’occasion d’exprimer un point de vue surplombant ou un univers coquet. Au contraire, chaque nouvelle entreprise est un sacrifice, et même plus : un don pour une Idée, pour un corpus d’affects, pour une série de sensations qui semblent tomber à pic pour refléter l’état du monde. Le cinéma selon Polanski est une affaire de dépassement des cadres et des limites fixées. Il rêve d’emmener l’image à la limite de la représentation, là où elle côtoie au plus près le monde et les êtres. Dans The ghost writer, il semble parfois trouver un autre langage pour exprimer la complexité des nouages (temps, actions, affects…). Il réussit à incarner l’incertitude au cœur même des plans. Réussir une telle prouesse, inventer un autre langage, est donc d’abord le fruit d’un sacrifice, d’une dévotion totale à une Idée, loin des schémas auteuristes et surplombants.
Ainsi, The Ghost writer est bien plus qu’un film mou et facile. Il devient presque l’accomplissement d’une œuvre qui n’a cessé de traquer, dans un sacrifice absolu, des instants bruts émergeant de terrains inexplorés. Il y a un langage-Polanski, composé de gammes précises et de rythmes diachroniques, qui sont le fruit d’une étude minutieuse de l’état du monde. Ici, l’Idée porte la véracité du monde : qu’est-ce que le « vrai » dans le bal des apparences ? Comment le monde contemporain se constitue-t-il « affectivement » ? Polanski, avec The Ghost writer, formule ces questions en tentant d’y répondre tant bien que mal : par l’étrangeté, qui est ce sentiment que tout dérape, et qui dit que rien de solide ne peut se construire ici bas, que tout change, et que le vrai, en fin de compte, est à trouver dans ces différents écarts diachroniques où s’entrevoient les restes d’une humanité à la recherche d’un second souffle.
Il n’y a plus inconsistant que la carrière de Roman Polanski. Considéré comme un surdoué à ses débuts, il connaît ensuite une riche période américaine avant de sombrer, à l’aune des années 80, dans des films plutôt complaisants et inégaux. Récemment, il n’a pas plus convaincu : gros sabots, facilités, banalités, et ce malgré une palme d’or et un statut d’artiste sans cesse renouvelé. Son dernier film, The ghost-writer, est une réussite, et sans nul doute le Polanski le plus intéressant de ces dernières années. De par sa complexité et sa fidélité à toute une série de principes qui ont toujours régit l’œuvre du cinéaste depuis ses débuts.
On peut d’abord se dire que The ghost-writer accumule maladroitement les pépins. Les acteurs, quoi qu’on dise, ne semblent pas à l’aise dans leurs baskets. On pense au pauvre Ewan Mcgregor, affecté au registre qu’il doit absolument éviter : celui du dadais plongé dans une situation qui le dépasse. Ensuite, il est difficile de passer outre les faiblesses du récit. Chaque renversement de l’histoire apparaît simpliste et téléphoné, d’une étonnante paresse. Par exemple, lorsque Mcgregor découvre les photos de son employeur ou lorsqu’il emprunte la voiture de son prédécesseur qui le mène directement chez l’étrange Paul Emmett… De manière générale, c’est tout le film qui s’enferme dans une mollesse et une platitude qui virent souvent au grotesque et à l’invraisemblance.
Et si, dans cette banalité, résidait toute la beauté du dernier film de Polanski ? Paradoxalement, ce qui apparaît d’abord comme une faiblesse en vient à délivrer des instants de vérité uniques. La monotonie, incohérente et plate, devient fantastique et sensorielle. Le quotidien s’ouvre sur une autre dimension, plus profonde et plus ambigüe, celle du mystère de la présence et de l’incertitude de l’histoire en train de se faire. Avec The ghost-writer, il va encore plus loin que Rosemary’s baby. Il pénètre plus profondément dans le tissu complexe du monde en travaillant sur la multiplicité des temporalités et des régimes d’action : temps personnels et temps historiques, actions individuelles et actions collectives.
Le cinéma de Polanski a toujours été obsédé par ces différentes idées, et il n’a jamais fonctionné autrement. La monotonie de ses films contient toujours en elle une matrice fantastique et mystique qui éclot petit à petit. Les signes d’incohérences sont autant d’instants diachroniques qui nouent les temps, les actions, les affects et les discours. Dans The ghost-writer, les traces de diachronie sont très belles : il y a des gestes et des attitudes si maladroites qu’on se demande si ce ne sont pas des « erreurs » ; il y a aussi ces moments d’évasion et d’ouverture à d’autres flux de vie ; mais surtout, c’est à l’intérieur même du plan, et par la rigueur du cadre, que toute l’étrangeté du « monde en train de se faire » s’imprime dans toute son ambigüité. On pense bien sûr aux grandes vitres de la villa donnant sur la plage ou aux atmosphères sombres et mélancoliques des paysages.
Polanski n’est pas un Auteur. Un film, pour lui, n’est pas l’occasion d’exprimer un point de vue surplombant ou un univers coquet. Au contraire, chaque nouvelle entreprise est un sacrifice, et même plus : un don pour une Idée, pour un corpus d’affects, pour une série de sensations qui semblent tomber à pic pour refléter l’état du monde. Le cinéma selon Polanski est une affaire de dépassement des cadres et des limites fixées. Il rêve d’emmener l’image à la limite de la représentation, là où elle côtoie au plus près le monde et les êtres. Dans The ghost writer, il semble parfois trouver un autre langage pour exprimer la complexité des nouages (temps, actions, affects…). Il réussit à incarner l’incertitude au cœur même des plans. Réussir une telle prouesse, inventer un autre langage, est donc d’abord le fruit d’un sacrifice, d’une dévotion totale à une Idée, loin des schémas auteuristes et surplombants.
Ainsi, The Ghost writer est bien plus qu’un film mou et facile. Il devient presque l’accomplissement d’une œuvre qui n’a cessé de traquer, dans un sacrifice absolu, des instants bruts émergeant de terrains inexplorés. Il y a un langage-Polanski, composé de gammes précises et de rythmes diachroniques, qui sont le fruit d’une étude minutieuse de l’état du monde. Ici, l’Idée porte la véracité du monde : qu’est-ce que le « vrai » dans le bal des apparences ? Comment le monde contemporain se constitue-t-il « affectivement » ? Polanski, avec The Ghost writer, formule ces questions en tentant d’y répondre tant bien que mal : par l’étrangeté, qui est ce sentiment que tout dérape, et qui dit que rien de solide ne peut se construire ici bas, que tout change, et que le vrai, en fin de compte, est à trouver dans ces différents écarts diachroniques où s’entrevoient les restes d’une humanité à la recherche d’un second souffle.
Le_comte- Messages : 336
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
Je n'aime pas trop Polanski, ne serait-ce que par la place qu'il occupe dans le champ idéologique. Suite à son affaire sordide, il s'est retrouvé défendu par tous les permanents du spectacle : "Chapeau l'artiste, chapeau l'ami" lui rend hommage l'infâme BHL. Pas très bon signe.
Il paraît qu'il est quand même calé question fantômes. Garrel a dit quelque chose comme : "moi j'ai aperçu de loin le diable, Polanski lui l'a regardé en face".
Finalement c'est quoi Polanski, un des pionniers historiques de la tendance qui a fait du gore et de l'horrifique des sujets mainstream ?
Je ne suis pas certain que nos spectres soient les mêmes que les siens...
Il paraît qu'il est quand même calé question fantômes. Garrel a dit quelque chose comme : "moi j'ai aperçu de loin le diable, Polanski lui l'a regardé en face".
Finalement c'est quoi Polanski, un des pionniers historiques de la tendance qui a fait du gore et de l'horrifique des sujets mainstream ?
Je ne suis pas certain que nos spectres soient les mêmes que les siens...
balthazar claes- Messages : 1009
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
Oui, je ne crois que vous l'aimez beaucoup, mais j'ai quand même proposé ce texte, on ne sait jamais.
En effet, ce ne sont pas les mêmes spectres. Lui, c'est littéralement les fantômes, les questions mystiques etc. The ghost-writer est aussi, inévitablement, un film mystique (ça se voit dans mon texte lol).
Donc voilà, je serais plutôt d'accord avec toi BC, sauf que ce film m'a intrigué, par delà l'homme et les problèmes que l'on connait aujourd'hui qui, pour ma part, n'interfère pas dans mon jugement. Et pas question non plus, dans cet optique, de tirer le chapeau à l'artiste contre ses problèmes. Ce n'est pas le but de ce texte. Mais je peux tout à fait comprendre que ca ne colle pas aux goûts des spectres.
En effet, ce ne sont pas les mêmes spectres. Lui, c'est littéralement les fantômes, les questions mystiques etc. The ghost-writer est aussi, inévitablement, un film mystique (ça se voit dans mon texte lol).
Donc voilà, je serais plutôt d'accord avec toi BC, sauf que ce film m'a intrigué, par delà l'homme et les problèmes que l'on connait aujourd'hui qui, pour ma part, n'interfère pas dans mon jugement. Et pas question non plus, dans cet optique, de tirer le chapeau à l'artiste contre ses problèmes. Ce n'est pas le but de ce texte. Mais je peux tout à fait comprendre que ca ne colle pas aux goûts des spectres.
Le_comte- Messages : 336
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
Hello Lecomte,
J'ai lu.
En vrac, je me demandais : c’est quoi des « instants de vérité uniques » ? Pourquoi parles-tu d'une "Idée" platonicienne ?
Ca ce serait plutôt la problématique à laquelle s'intéresse Polanski, non ?
Ca me paraît très abstrait ce passage.
En ce qui concerne la « diachronie », un ou deux exemples seraient également les bienvenus
Je crois qu'en fait le plus dur (ça vaut pour moi aussi) c'est de parler simplement des films, partir de scènes précises, du scénario, de la mise en scène. Partir de ce qu'on voit, concrètement à l'écran. Borges est assez bon dans cet exercice.
Sinon pour ma part, je me suis arrêté à ton premier paragraphe : jamais pu m’intéresser à cette intrigue si laborieuse. J’ai surtout été amusé par la composition de Brosnan, toujours à l’aise dans ce genre de rôles et par les quelques scénettes burlesques. Celle du jardinier qui ramasse en vain les feuilles mortes dans sa brouette, par exemple, est particulièrement réussie, c'est du cinéma muet ! D’autant plus qu’elle fait écho aux recherches de McGregor. Tout deux s’épuisent à réunir des feuilles que le vent ne manquera pas de disperser, tôt ou tard !
J'ai lu.
En vrac, je me demandais : c’est quoi des « instants de vérité uniques » ? Pourquoi parles-tu d'une "Idée" platonicienne ?
qu’est-ce que le « vrai » dans le bal des apparences ? Comment le monde contemporain se constitue-t-il « affectivement » ?
Ca ce serait plutôt la problématique à laquelle s'intéresse Polanski, non ?
Il pénètre plus profondément dans le tissu complexe du monde en travaillant sur la multiplicité des temporalités et des régimes d’action : temps personnels et temps historiques, actions individuelles et actions collectives.
Ca me paraît très abstrait ce passage.
En ce qui concerne la « diachronie », un ou deux exemples seraient également les bienvenus
Je crois qu'en fait le plus dur (ça vaut pour moi aussi) c'est de parler simplement des films, partir de scènes précises, du scénario, de la mise en scène. Partir de ce qu'on voit, concrètement à l'écran. Borges est assez bon dans cet exercice.
Sinon pour ma part, je me suis arrêté à ton premier paragraphe : jamais pu m’intéresser à cette intrigue si laborieuse. J’ai surtout été amusé par la composition de Brosnan, toujours à l’aise dans ce genre de rôles et par les quelques scénettes burlesques. Celle du jardinier qui ramasse en vain les feuilles mortes dans sa brouette, par exemple, est particulièrement réussie, c'est du cinéma muet ! D’autant plus qu’elle fait écho aux recherches de McGregor. Tout deux s’épuisent à réunir des feuilles que le vent ne manquera pas de disperser, tôt ou tard !
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
salut,
Le texte de Le_comte se situe, apparemment volontairement, hors de l'"actualité" du cinéaste qui nous a tous occupé (je n'irai pas jusqu'à dire "préoccupé") il y a quelques temps (même si finalement il en a été assez peu question par ici, je crois que seul Borges avait essayé de lancer quelque chose sur le forum)..
Je n'ai pas vu son, ses, derniers films. Ni ses premiers d'ailleurs. Juste deux ou trois..
Le texte de Le_comte se situe, apparemment volontairement, hors de l'"actualité" du cinéaste qui nous a tous occupé (je n'irai pas jusqu'à dire "préoccupé") il y a quelques temps (même si finalement il en a été assez peu question par ici, je crois que seul Borges avait essayé de lancer quelque chose sur le forum)..
Je n'ai pas vu son, ses, derniers films. Ni ses premiers d'ailleurs. Juste deux ou trois..
Dernière édition par JM le Mar 4 Mai 2010 - 9:34, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
UN "ghostwriter" c'est un "nègre" : différence colossale de connotation. Dans un cas c'est une écriture sans corps, dans l'autre une écriture sans nom ; c'est de ne pas avoir de nom qui assimile la position à celle de l'esclave, je suppose. Une toute autre manière d'envisager cette profession.
Je crois me souvenir qu'Alexandre Dumas était un employeur de nègres fameux. Il déléguait à d'autre le remplissage de ses trames, à la manière des peintres de la Renaissance. Ce qui est autre chose qu'une célébrité qui fait écrire son autobiographie par quelqu'un.
Au début en voyant l'affiche j'ai cru que c'était une adaptation de Roth. Chez lui, il s'agit plutôt de dire que tous les écrivains sont des écrivains-fantômes, laissant passer dans leur voix la voix de toutes sortes de pères.
Je crois me souvenir qu'Alexandre Dumas était un employeur de nègres fameux. Il déléguait à d'autre le remplissage de ses trames, à la manière des peintres de la Renaissance. Ce qui est autre chose qu'une célébrité qui fait écrire son autobiographie par quelqu'un.
Au début en voyant l'affiche j'ai cru que c'était une adaptation de Roth. Chez lui, il s'agit plutôt de dire que tous les écrivains sont des écrivains-fantômes, laissant passer dans leur voix la voix de toutes sortes de pères.
balthazar claes- Messages : 1009
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
-Salut Largo
Oui, mon vocabulaire est assez "mystique", comme le film en fin de compte, ce n'est pas fameux fameux...
Evidemment, il faut partir des films. Le problème, c'est que j'ai oublié tous ces moments de "diachronie", ce sont toute une série détails furtifs, des "ratés", ... J'ai simplement écrit à partir de l'impression, de l'expérience dans laquelle nous plonge Polanski. Je me suis donc limité à une "expérience spectatorielle", que j'ai tenté de relier à une vision de l'état du monde.
Ce n'est pas convaincant, mais le film est assez faible à coté de cela.
-Oui, mon texte peut même laisser place à celui de BC.
Oui, mon vocabulaire est assez "mystique", comme le film en fin de compte, ce n'est pas fameux fameux...
Evidemment, il faut partir des films. Le problème, c'est que j'ai oublié tous ces moments de "diachronie", ce sont toute une série détails furtifs, des "ratés", ... J'ai simplement écrit à partir de l'impression, de l'expérience dans laquelle nous plonge Polanski. Je me suis donc limité à une "expérience spectatorielle", que j'ai tenté de relier à une vision de l'état du monde.
Ce n'est pas convaincant, mais le film est assez faible à coté de cela.
-Oui, mon texte peut même laisser place à celui de BC.
Le_comte- Messages : 336
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
JM a écrit:
Le texte de Le_comte se situe, apparemment volontairement, hors de l'"actualité" du cinéaste qui nous a tous occupé (je n'irai pas jusqu'à dire "préoccupé") il y a quelques temps (même si finalement il en a été assez peu question par ici, je crois que seul Borges avait essayé de lancer quelque chose sur le forum).. peut-être pourrait-on envisager qu'un autre texte écrit par exemple par toi BC (qui évoque ça), sous la forme d'une notule, accompagne le texte de Le_comte sur le blog ?
Je ne sais pas s'il faut à tout prix qu'on en parle... La question de Borges c'était "Pourquoi Finkielkraut défend-il Polanski?" J'aimerais autant qu'on n'ait pas l'air de défendre Polanski. La vieille question de différencier l'homme et l'oeuvre... Et après ça, juger la morale, et juger Finkielkraut... C'est assez miné tout ça.
balthazar claes- Messages : 1009
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
balthazar claes a écrit:
Je ne sais pas s'il faut à tout prix qu'on en parle... La question de Borges c'était "Pourquoi Finkielkraut défend-il Polanski?" J'aimerais autant qu'on n'ait pas l'air de défendre Polanski. La vieille question de différencier l'homme et l'oeuvre... Et après ça, juger la morale, et juger Finkielkraut... C'est assez miné tout ça.
Oui, il faudrait le préciser si un texte débouche de la discussion. Pas question de le défendre, ni d'entrer dans le jeu du "on défend l'artiste" et blabla. Pour ma part, j'ai écrit sur le film pcq je l'ai aimé, et je me moque complètement de cette affaire et de ses diverses réappropriations. A préciser, donc, si jamais.
Le_comte- Messages : 336
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
J'attends, si jamais je mettrai mon texte sur le forum, et ça sera bien comme ça.
Le_comte- Messages : 336
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
Le_comte a écrit:Pas question de le défendre, ni d'entrer dans le jeu du "on défend l'artiste" et blabla. Pour ma part, j'ai écrit sur le film pcq je l'ai aimé, et je me moque complètement de cette affaire et de ses diverses réappropriations. A préciser, donc, si jamais.
oui, j'ai reçu ton texte dans ce sens. Il n'y a pas le baratin habituel sur Polanski le "martyr" qu'il faut sauver des griffes des méchants, qu'on a pu lire ailleurs, même si ta défense du film semble partir d'un aspect "négatif" qui jouerait finalement en faveur du film, comme une défense malgré tout..
Dernière édition par JM le Mar 4 Mai 2010 - 9:49, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
hello Le Comte,
Je ne sais pas si tu connais Polanski, vu que tu ne cites aucun autre film de lui. Je ne connais pas bien non plus, mais, comme ça, j'aurais plutôt tendance à creuser la thème du double, comme le titre nous y invite. Cette histoire, après tout, est assez proche de celle du Locataire : l'histoire d'un type qui rejoue, scène après scène, un drame déjà joué par son double, et qui n'a l'avantage, sur son prédécesseur, que de savoir que ça va mal finir - et qui pourtant ira jusqu'au bout.
Par ailleurs, j'imagine que tout le film a été fait pour le dernier plan et que c'est de lui qu'il faut partir.
Quel sens donnes-tu au mot diachronie ?Les signes d’incohérences sont autant d’instants diachroniques qui nouent les temps, les actions, les affects et les discours. Dans The ghost-writer, les traces de diachronie sont très belles : il y a des gestes et des attitudes si maladroites qu’on se demande si ce ne sont pas des « erreurs »
Je ne sais pas si tu connais Polanski, vu que tu ne cites aucun autre film de lui. Je ne connais pas bien non plus, mais, comme ça, j'aurais plutôt tendance à creuser la thème du double, comme le titre nous y invite. Cette histoire, après tout, est assez proche de celle du Locataire : l'histoire d'un type qui rejoue, scène après scène, un drame déjà joué par son double, et qui n'a l'avantage, sur son prédécesseur, que de savoir que ça va mal finir - et qui pourtant ira jusqu'au bout.
Par ailleurs, j'imagine que tout le film a été fait pour le dernier plan et que c'est de lui qu'il faut partir.
Eyquem- Messages : 3126
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
JM a écrit: l'"actualité" du cinéaste qui nous a tous occupé (je n'irai pas jusqu'à dire "préoccupé") il y a quelques temps
eh, c'est pas fini ! lol
(ce post est un grossier prétexte pour remonter le texte de Le_comte passé, tel un fantôme, sur le forum)
Invité- Invité
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
Bon évidemment, pourquoi n'ai-je pas posté ce message plus tôt ? Tout simplement parce que je n'avais pas encore pris le temps de lire le texte de Le Comte. Que dire ? Que je suis tout à fait d'accord : le film le plus précieux de Polanski depuis (très) longtemps. Qui plus est, un film d'artisan, ou maladroit si tu veux, mais non, maladroit je ne crois pas tant que ça. Disons bricolé. Et bricolé, au cinéma de nos jours, ça devient très rare (en tout cas dans ce mode de cinéma "sur-produit", mais même par ailleurs : qui aime encore les imbuvables spots branchés et autres pubs interminables de Wong K-w ou de Tsaï M-l ? Je referme la parenthèse...)
Mais je me souviens avoir beaucoup aimé, pour évoquer les films récents, un film nettement plus franchement maladroit (et à citer ce titre je vais me faire huer, mais je persiste et signe) : La neuvième porte était passionnant (je me souviens d'ailleurs d'un texte de Douchet très discret dans une chronique dvd des Cahiers).
À plus tard.
18 03 2010
Ghost Writer – Les chausse-trapes de la transparence
Polanski. Je ne veux pas trop m’avancer, mais j’ai beaucoup aimé ce film, et, signe notable, ce, dès le premier plan. Polanski reste travaillé par, et continue à travailler, le plan. Le plan est son repère, encore et toujours : encore une fois revivre la même aventure de la durée : du mouvement, beaucoup d’allées et venues, d’entrées et de sorties du cadre, et une voiture reste là au beau milieu du champ, deux vigiles s’agitent autour, ils s’agitent beaucoup, puis de moins en moins, et alors ils inspectent le 4×4. Bien sûr le spectateur a compris, mais quel plaisir de comprendre une mise en scène comme celle-là ! Et tout ça en un plan ! (1)
C’est un plan, de nouveau, qui clôt le film. Un vrai plan de cinéma, mais qui m’a laissé sur ma faim. Comme une fin sans fin. Film non clos. Digne de Polanski : il aime ce genre de fin en queue de poisson, en tête à queue, mais sans queue ni tête, toute d’ironie narquoise, mi-figue mi-raisin, mi-cynique, mi-naïve. Expliquons-nous : le héros est renversé hors-champ par une voiture, que l’on vient de voir un instant avant, durant le même plan (j’en veux croire C. sur parole, car je n’ai pas moi-même remarqué ça durant la projection), voiture que l’on vient de voir accélérer de façon notable avant de quitter le champ par le bord-cadre droit.
Ce n’est pas cynique, non, au contraire : je vois dans cette fin la modestie d’un très habile cinéaste, qui entend se défier précisément de cette habileté. Polanski est le contraire du cinéaste « à qui l’on ne la fait pas », Polanski ne recule pas devant l’improbable, et se fiche du vraisemblable.
Revu le film, et ses premiers plans. Quatre plans, pas moins, pour que cette machination nous happe, et nous laisse bientôt tout effaré. La première fois ce personnage m’a paru un peu trop imprudent, immature peut-être. En réalité, il aime l’argent, il est pragmatique, voire cynique, voyeur, baiseur, profiteur et lâche. Ce qui le distingue de Roger Thornhill ? Je ne saurais dire. Rien à première vue. Il écrit certes, mais il n’est ni plus ni moins qu’un publicitaire : d’ailleurs, de son propre aveu, il est là pour « vendre du rêve ». Du reste, il lance cette phrase au culot : il sait jouer le jeu du commerce. Il est anglais, mais il a très largement intégré la philosophie américaine. C’est évidemment une piste pour trouver la morale du film. Mais on y reviendra. Ce qui le distingue de Roger Thornhill ? En soi rien, donc, mais en fait : tout, et en premier lieu, le monde dans lequel il cherche à tirer son épingle du jeu. Le monde a changé. La CIA est comme la seule et unique agence d’espionnage de ce monde, et elle ne cherche qu’une chose : servir ses propres intérêts, jouir sans partage de sa puissance. Donc pas de microfilm ici, pas de statuette, peu de théâtre d’ailleurs : le monde n’est plus un théâtre dans lequel il faut savoir déjouer, ou maîtriser, la mise en scène (je pense à la scène de la vente aux enchères analysée par Douchet dans N by NW). L’écrivain-fantôme ne prend jamais les commandes : il n’agit jamais, il est agi. C’est par hasard qu’il tombe sur un dossier confidentiel, collé sur le fond d’un tiroir de penderie, c’est le GPS de la voiture de son prédécesseur qui le mène vers le maître du jeu, professeur émérite de géopolitique, et membre officieux de la CIA. À la fin du film, alors qu’il avait tout à fait laissé tomber son simulacre d’enquête, c’est la secrétaire du ministre qui le remet involontairement sur la piste de l’énigme. Enfin lorsqu’il découvre le pot aux roses, notre héros n’a qu’une hâte : livrer immédiatement son information à l’ennemi, en d’autres termes : se défaire aussitôt du pouvoir qu’il venait d’acquérir. Un véritable idiot. Cette idiotie le rend très attachant. Du premier au dernier plan, le personnage est mené en bateau, ou en voiture, fouillé, humilié, enfermé, insulté, démasqué, etc.
Transparence. L’information semble circuler sans entrave dans le film, en particulier dans cette scène singulière où les personnages sont filmés par une caméra de télévision à partir d’un hélicoptère, dont les images sont immédiatement visibles sur l’écran de télévision du salon. Plus que la télévision, c’est peut-être la baie vitrée, l’objet crucial de cette mise en scène. Tout le monde semble comme obligé de se soumettre dans le film au pouvoir de la transparence. Il faut toujours aller se faire voir, faire face au visible. Cette scène se clôt par le départ de toute l’équipe du ministre vers une autre scène, mais dans le même temps tout le monde reste en permanence visible sur l’écran de télévision. Auparavant, lorsque le ministre a un échange violent au téléphone, nous assistons à toute sa conversation, ainsi qu’à sa crise de nerfs, à travers la baie vitrée. Si tout est transparent, si l’information circule en temps réel et sans entraves, disponible partout à tout moment, alors la mise en scène n’a plus de raison d’être.
Mais la transparence est une illusion, idéologie toute puissante certes, mais illusion, poudre aux yeux d’un individu moderne totalement, et définitivement berné, dupe d’un monde dont tout lui échappe. Ainsi, ceux qui possèdent bien réellement le pouvoir, sont justement ceux qui semblent, dans ce jeu de la transparence, n’en avoir aucun. Ceux-là mêmes qui semblent les plus submergés, les plus complètement dépassés par l’information : Ruth, la femme du ministre, femme de l’ombre, présence souvent hors-champ, qui peu à peu fait mine de s’effacer pour laisser la place à une autre. En réalité c’est elle sans doute qui planifie, ou tout du moins décide, la mort de son mari : pour des motifs personnels ou politiques ? Nous ne le saurons pas. Sans doute les deux à la fois.
Mais qu’y a-t-il de nouveau là-dedans, finalement ? Qu’y a-t-il qui soit autre chose que les éléments habituels de la bonne vieille fiction paranoïaque à l’américaine ? Franchement, là, je doute. Je n’en sais même fichtrement rien. Le film est très plaisant, honnête, modeste, formellement très simple et dans le même temps très intelligent. Et puis quoi ?
Derrière l’illusion de transparence, une fois levé le voile, ne trouve-t-on pas, de nouveau, comme au premier jour, les bonnes vieilles recettes de la mise en scène. Tout le monde du reste vante la mise en scène irréprochable de Polanski : ce serait donc ça, irréprochable, mais vaine ?
Reste ce personnage insondable de femme, véritable maître du jeu, mais pratiquement jamais désigné comme tel (sinon lors de sa toute première apparition, romantique en diable, silhouette sombre recouverte d’une ample capeline, un peu trop large pour elle, présage inquiétant, mais largement exagéré, imagerie dix-neuviémiste dont Polanski est coutumier, et qui n’est pas ce qu’on préfère chez lui) : lors de la dernière scène, la seule véritablement théâtrale du point de vue de la mise en scène, elle semble bouleversée par la nouvelle qu’elle reçoit qu’elle est démasquée. Pourtant du point de vue de la seule vraisemblance, si elle est bien réellement ce que le héros vient de découvrir, elle n’a jamais agi que par sang-froid, et il est tout à fait inconcevable qu’elle se trouble pour si peu. Ce serait donc la nouveauté du film : le pouvoir n’est plus l’exclusive du mâle, mais passé entre les mains, et dans la tête de la femme, il devient redoutable, non seulement inévitable, mais insoupçonnable, invisible, tout à fait indécelable. Alors même que nous apprenons officiellement, et par un incroyable travelling, à la fois cérémonieux, et - cela c'est nouveau - gratuit (mais qu'est-ce qui se passe alors, le sait-on vraiment ?), qui souligne le parcours suivi par l’information, sous la forme d’un simple billet, en tout cas pour mieux désigner son poids, alors même que nous acquerrons la certitude du pouvoir immense de cette femme, nous en doutons encore, car elle adopte toutes les marques de la souffrance et de la faiblesse de son sexe. Ça c’est nouveau. Et cela relativise en fin de compte bien réellement les pouvoirs jadis tout puissants dévolus à la mise en scène. Mise en scène désormais indéchiffrable, incompréhensible. Mise en scène mâle dépassée par une pure image féminine (donc un pur mystère). Les vieilles règles du jeu sont obsolètes : la perversité de la transparence est bien autrement redoutable. Dans le règne de la transparence, plus rien n’est jamais sûr. Ne subsiste que le doute. Une autre paranoïa, bien plus inquiétante, parce que fondée. Dans la transparence, il n’y a plus de signe à déchiffrer, plus de code à maîtriser, plus de règle à connaître : on est toujours floué, toujours volé, et même lorsque l’on croit saisir une information, elle nous échappe parce que l’on ne sait plus quoi en faire. Invention d’un personnage de cinéma, donc.
Derrière l’illusion de la transparence : il y a du pouvoir, mais un pouvoir bête et méchant, tout puissant, sans aucune limite. La mise en scène est dépassée. Alors le cinéma aussi ?
(1) Je revois le film, et je m’aperçois de l’erreur. Les plans sont plus nombreux, et l’axe de la caméra varie, puisque lorsque la voiture se retrouve seule au milieu du champ elle est filmée de derrière, donc de l’intérieur du bateau, alors que dans les deux premiers plans elle était filmée du quai. Au moins trois plans donc pour arriver à ce plan où la voiture est seule au milieu du champ. Mais la vigueur de la mise en scène polanskienne n’en est que plus évidente d’arriver à nous prendre ainsi par la main dès les trois premiers plans du film, en nous donnant tout de suite les clefs d’un nouvel espace (-temps) filmique.
Bon, à relire en diagonale ces notes, il est évident qu'on n'en a pas fini avec ce film, comme avec tant d'autres... à bon entendeur.
Mais je me souviens avoir beaucoup aimé, pour évoquer les films récents, un film nettement plus franchement maladroit (et à citer ce titre je vais me faire huer, mais je persiste et signe) : La neuvième porte était passionnant (je me souviens d'ailleurs d'un texte de Douchet très discret dans une chronique dvd des Cahiers).
À plus tard.
18 03 2010
Ghost Writer – Les chausse-trapes de la transparence
Polanski. Je ne veux pas trop m’avancer, mais j’ai beaucoup aimé ce film, et, signe notable, ce, dès le premier plan. Polanski reste travaillé par, et continue à travailler, le plan. Le plan est son repère, encore et toujours : encore une fois revivre la même aventure de la durée : du mouvement, beaucoup d’allées et venues, d’entrées et de sorties du cadre, et une voiture reste là au beau milieu du champ, deux vigiles s’agitent autour, ils s’agitent beaucoup, puis de moins en moins, et alors ils inspectent le 4×4. Bien sûr le spectateur a compris, mais quel plaisir de comprendre une mise en scène comme celle-là ! Et tout ça en un plan ! (1)
C’est un plan, de nouveau, qui clôt le film. Un vrai plan de cinéma, mais qui m’a laissé sur ma faim. Comme une fin sans fin. Film non clos. Digne de Polanski : il aime ce genre de fin en queue de poisson, en tête à queue, mais sans queue ni tête, toute d’ironie narquoise, mi-figue mi-raisin, mi-cynique, mi-naïve. Expliquons-nous : le héros est renversé hors-champ par une voiture, que l’on vient de voir un instant avant, durant le même plan (j’en veux croire C. sur parole, car je n’ai pas moi-même remarqué ça durant la projection), voiture que l’on vient de voir accélérer de façon notable avant de quitter le champ par le bord-cadre droit.
Ce n’est pas cynique, non, au contraire : je vois dans cette fin la modestie d’un très habile cinéaste, qui entend se défier précisément de cette habileté. Polanski est le contraire du cinéaste « à qui l’on ne la fait pas », Polanski ne recule pas devant l’improbable, et se fiche du vraisemblable.
Revu le film, et ses premiers plans. Quatre plans, pas moins, pour que cette machination nous happe, et nous laisse bientôt tout effaré. La première fois ce personnage m’a paru un peu trop imprudent, immature peut-être. En réalité, il aime l’argent, il est pragmatique, voire cynique, voyeur, baiseur, profiteur et lâche. Ce qui le distingue de Roger Thornhill ? Je ne saurais dire. Rien à première vue. Il écrit certes, mais il n’est ni plus ni moins qu’un publicitaire : d’ailleurs, de son propre aveu, il est là pour « vendre du rêve ». Du reste, il lance cette phrase au culot : il sait jouer le jeu du commerce. Il est anglais, mais il a très largement intégré la philosophie américaine. C’est évidemment une piste pour trouver la morale du film. Mais on y reviendra. Ce qui le distingue de Roger Thornhill ? En soi rien, donc, mais en fait : tout, et en premier lieu, le monde dans lequel il cherche à tirer son épingle du jeu. Le monde a changé. La CIA est comme la seule et unique agence d’espionnage de ce monde, et elle ne cherche qu’une chose : servir ses propres intérêts, jouir sans partage de sa puissance. Donc pas de microfilm ici, pas de statuette, peu de théâtre d’ailleurs : le monde n’est plus un théâtre dans lequel il faut savoir déjouer, ou maîtriser, la mise en scène (je pense à la scène de la vente aux enchères analysée par Douchet dans N by NW). L’écrivain-fantôme ne prend jamais les commandes : il n’agit jamais, il est agi. C’est par hasard qu’il tombe sur un dossier confidentiel, collé sur le fond d’un tiroir de penderie, c’est le GPS de la voiture de son prédécesseur qui le mène vers le maître du jeu, professeur émérite de géopolitique, et membre officieux de la CIA. À la fin du film, alors qu’il avait tout à fait laissé tomber son simulacre d’enquête, c’est la secrétaire du ministre qui le remet involontairement sur la piste de l’énigme. Enfin lorsqu’il découvre le pot aux roses, notre héros n’a qu’une hâte : livrer immédiatement son information à l’ennemi, en d’autres termes : se défaire aussitôt du pouvoir qu’il venait d’acquérir. Un véritable idiot. Cette idiotie le rend très attachant. Du premier au dernier plan, le personnage est mené en bateau, ou en voiture, fouillé, humilié, enfermé, insulté, démasqué, etc.
Transparence. L’information semble circuler sans entrave dans le film, en particulier dans cette scène singulière où les personnages sont filmés par une caméra de télévision à partir d’un hélicoptère, dont les images sont immédiatement visibles sur l’écran de télévision du salon. Plus que la télévision, c’est peut-être la baie vitrée, l’objet crucial de cette mise en scène. Tout le monde semble comme obligé de se soumettre dans le film au pouvoir de la transparence. Il faut toujours aller se faire voir, faire face au visible. Cette scène se clôt par le départ de toute l’équipe du ministre vers une autre scène, mais dans le même temps tout le monde reste en permanence visible sur l’écran de télévision. Auparavant, lorsque le ministre a un échange violent au téléphone, nous assistons à toute sa conversation, ainsi qu’à sa crise de nerfs, à travers la baie vitrée. Si tout est transparent, si l’information circule en temps réel et sans entraves, disponible partout à tout moment, alors la mise en scène n’a plus de raison d’être.
Mais la transparence est une illusion, idéologie toute puissante certes, mais illusion, poudre aux yeux d’un individu moderne totalement, et définitivement berné, dupe d’un monde dont tout lui échappe. Ainsi, ceux qui possèdent bien réellement le pouvoir, sont justement ceux qui semblent, dans ce jeu de la transparence, n’en avoir aucun. Ceux-là mêmes qui semblent les plus submergés, les plus complètement dépassés par l’information : Ruth, la femme du ministre, femme de l’ombre, présence souvent hors-champ, qui peu à peu fait mine de s’effacer pour laisser la place à une autre. En réalité c’est elle sans doute qui planifie, ou tout du moins décide, la mort de son mari : pour des motifs personnels ou politiques ? Nous ne le saurons pas. Sans doute les deux à la fois.
Mais qu’y a-t-il de nouveau là-dedans, finalement ? Qu’y a-t-il qui soit autre chose que les éléments habituels de la bonne vieille fiction paranoïaque à l’américaine ? Franchement, là, je doute. Je n’en sais même fichtrement rien. Le film est très plaisant, honnête, modeste, formellement très simple et dans le même temps très intelligent. Et puis quoi ?
Derrière l’illusion de transparence, une fois levé le voile, ne trouve-t-on pas, de nouveau, comme au premier jour, les bonnes vieilles recettes de la mise en scène. Tout le monde du reste vante la mise en scène irréprochable de Polanski : ce serait donc ça, irréprochable, mais vaine ?
Reste ce personnage insondable de femme, véritable maître du jeu, mais pratiquement jamais désigné comme tel (sinon lors de sa toute première apparition, romantique en diable, silhouette sombre recouverte d’une ample capeline, un peu trop large pour elle, présage inquiétant, mais largement exagéré, imagerie dix-neuviémiste dont Polanski est coutumier, et qui n’est pas ce qu’on préfère chez lui) : lors de la dernière scène, la seule véritablement théâtrale du point de vue de la mise en scène, elle semble bouleversée par la nouvelle qu’elle reçoit qu’elle est démasquée. Pourtant du point de vue de la seule vraisemblance, si elle est bien réellement ce que le héros vient de découvrir, elle n’a jamais agi que par sang-froid, et il est tout à fait inconcevable qu’elle se trouble pour si peu. Ce serait donc la nouveauté du film : le pouvoir n’est plus l’exclusive du mâle, mais passé entre les mains, et dans la tête de la femme, il devient redoutable, non seulement inévitable, mais insoupçonnable, invisible, tout à fait indécelable. Alors même que nous apprenons officiellement, et par un incroyable travelling, à la fois cérémonieux, et - cela c'est nouveau - gratuit (mais qu'est-ce qui se passe alors, le sait-on vraiment ?), qui souligne le parcours suivi par l’information, sous la forme d’un simple billet, en tout cas pour mieux désigner son poids, alors même que nous acquerrons la certitude du pouvoir immense de cette femme, nous en doutons encore, car elle adopte toutes les marques de la souffrance et de la faiblesse de son sexe. Ça c’est nouveau. Et cela relativise en fin de compte bien réellement les pouvoirs jadis tout puissants dévolus à la mise en scène. Mise en scène désormais indéchiffrable, incompréhensible. Mise en scène mâle dépassée par une pure image féminine (donc un pur mystère). Les vieilles règles du jeu sont obsolètes : la perversité de la transparence est bien autrement redoutable. Dans le règne de la transparence, plus rien n’est jamais sûr. Ne subsiste que le doute. Une autre paranoïa, bien plus inquiétante, parce que fondée. Dans la transparence, il n’y a plus de signe à déchiffrer, plus de code à maîtriser, plus de règle à connaître : on est toujours floué, toujours volé, et même lorsque l’on croit saisir une information, elle nous échappe parce que l’on ne sait plus quoi en faire. Invention d’un personnage de cinéma, donc.
Derrière l’illusion de la transparence : il y a du pouvoir, mais un pouvoir bête et méchant, tout puissant, sans aucune limite. La mise en scène est dépassée. Alors le cinéma aussi ?
(1) Je revois le film, et je m’aperçois de l’erreur. Les plans sont plus nombreux, et l’axe de la caméra varie, puisque lorsque la voiture se retrouve seule au milieu du champ elle est filmée de derrière, donc de l’intérieur du bateau, alors que dans les deux premiers plans elle était filmée du quai. Au moins trois plans donc pour arriver à ce plan où la voiture est seule au milieu du champ. Mais la vigueur de la mise en scène polanskienne n’en est que plus évidente d’arriver à nous prendre ainsi par la main dès les trois premiers plans du film, en nous donnant tout de suite les clefs d’un nouvel espace (-temps) filmique.
Bon, à relire en diagonale ces notes, il est évident qu'on n'en a pas fini avec ce film, comme avec tant d'autres... à bon entendeur.
Van Stratten- Messages : 165
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
Pas de politique à table, chez les Morain :
http://www.lecinemaestpolitique.fr/the-ghost-writer-2010-polanski-et-la-critique-francaise/#_ftn15
D’une manière assez symptomatique, Serge Kaganski et Jean-Baptiste Morain des Inrockuptibles résument ainsi leur propos : « On a beaucoup glosé autour des résonances troublantes entre The Ghost Writer et la situation judiciaire de son auteur. Mais au-delà de ces échos bien réels, il y a d’abord et avant tout un film, magnifique »[11]. On peut voir ici à l’œuvre une double opération (que l’on retrouvera chez d’autres critiques français) consistant à (1) refuser de considérer sérieusement le film de Polanski d’un point de vue politique (comme en témoigne l’usage péjoratif du verbe « gloser », et le fait que l’analyse en reste à l’allusion vague à des « résonances troublantes »), pour (2) se concentrer sur l’œuvre d’art d’un point de vue purement esthétique, ce qui s’accompagnera systématiquement d’une insistance sur le « génie » du « créateur » dans une perspective typiquement auteuriste.
Ainsi, de la même manière que les Inrocks qui nous expliquent que The Ghost Writer est « d’abord et avant tout un film magnifique », Louis Guichard de Télérama nous assure que « The Ghost Writer n’est pas un film politique » mais « plutôt une spéculation romanesque »[12] (nous voilà rassuré-e-s, nous qui soupçonnions tous les films d’être politiques…).
Il est amusant de voir comment ces critiques tentent ainsi de protéger le film de l’irruption de la politique, qui semble jouer ici le rôle de trouble-fête. C’est que la chose est loin d’être aisée. Car s’il est facile de minimiser les « résonances troublantes » entre l’histoire racontée par le film et les démêlés de Polanski avec la justice en arguant que le tournage du film est antérieur à l’arrestation du réalisateur, il faut en même temps arriver à composer avec les allusions directes du film à la politique de Tony Blair. On sent ainsi les critiques dans une position assez inconfortable : à la fois obligés de faire droit à une approche politique du film (tellement celle-ci s’impose), tout en la refusant/caricaturant en dernier lieu puisqu’elle menace entre autres de jouer contre le statut d’exceptionnalité de Polanski l’« artiste » (qui est forcément « au-dessus de tout ça »).
L’article des Cahiers du Cinéma écrit par Jean-Sébastien Chauvin (encore un homme…[13]) me semble assez intéressant dans sa manière de gérer cette irruption un peu trop gênante de la politique dans le domaine sacré de l’art[14]. Dès le début, il refuse la lecture politique en préférant se réfugier dans les hauteurs de l’abstraction, où l’on est effectivement beaucoup plus à l’abri de cette sale réalité qui revient si souvent au galop. Je cite : « Impossible de ne pas songer à Tony Blair et à ses liens troubles avec l’Amérique. Mais le film est bien plus malin qu’une simple entreprise de dénonciation ou d’un savant démontage de la politique anglo-saxonne. Il livre un précis de décomposition de l’Humain, presque uniquement régi par la guerre ». Un « précis de décomposition de l’Humain » (notez l’usage de la majuscule…), voilà qui est tout à coup beaucoup moins concret, et donc beaucoup plus réconfortant que cette satanée politique. Non, Polanski est « bien plus malin » que ça. Et je serais prêt à parier que, dans l’esprit du critique, lui et ses coreligionnaires qui sont les seuls à avoir vu dans le film un « précis de décomposition de l’Humain » se trouvent eux aussi « bien plus malins » que les pauvres hères qui y voient de la politique (au sens concret du terme et sans majuscule…).
Si The Ghost Writer n’est « pas un film politique », c’est avant tout parce qu’il est le « chef d’œuvre » d’un « génie ». Le but de ce genre de discours est non seulement de soustraire le film aux vicissitudes du réel pour en faire une œuvre d’art à la beauté intemporelle. Mais aussi de réaffirmer l’appartenance de Polanski à la race exceptionnelle des véritables artistes, des créateurs, des « Auteurs ». On retrouve ainsi sans surprise chez beaucoup de critiques la mobilisation de tous les ingrédients idéologiques constituant ce qu’on appelle la « politique des auteurs », qui veut qu’un véritable auteur se distingue de la masse des vulgaires techniciens en ce qu’il possède une « vision personnelle du monde, repérable dans la conjonction d’une thématique propre et d’un style reconnaissable ».
http://www.lecinemaestpolitique.fr/the-ghost-writer-2010-polanski-et-la-critique-francaise/#_ftn15
balthazar claes- Messages : 1009
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
"Si The Ghost Writer n’est « pas un film politique », c’est avant tout parce qu’il est le « chef d’œuvre » d’un « génie ». Le but de ce genre de discours est non seulement de soustraire le film aux vicissitudes du réel pour en faire une œuvre d’art à la beauté intemporelle. Mais aussi de réaffirmer l’appartenance de Polanski à la race exceptionnelle des véritables artistes, des créateurs, des « Auteurs ». On retrouve ainsi sans surprise chez beaucoup de critiques la mobilisation de tous les ingrédients idéologiques constituant ce qu’on appelle la « politique des auteurs », qui veut qu’un véritable auteur se distingue de la masse des vulgaires techniciens en ce qu’il possède une « vision personnelle du monde, repérable dans la conjonction d’une thématique propre et d’un style reconnaissable »."
là il en fait des tonnes et à la fois il recycle des idées banalisées depuis des lustres.
les deux s'annulent : au fond veut-il tant que ça défendre Polanski ? La syntaxe de Morain peut faire douter de son projet.
là il en fait des tonnes et à la fois il recycle des idées banalisées depuis des lustres.
les deux s'annulent : au fond veut-il tant que ça défendre Polanski ? La syntaxe de Morain peut faire douter de son projet.
Invité- Invité
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
En parlant de "politique" et de Polanski, ce dernier semble avoir remis à plus tard son projet de film sur l'affaire Dreyfus car il tourne actuellement une nouvelle adaptation d'une pièce de théâtre (Venus In Furs de David Ives) avec Seigner.
La fourrure, les manteaux, les cols cela revient d'ailleurs régulièrement dans ses films et courts-métrages.
La fourrure, les manteaux, les cols cela revient d'ailleurs régulièrement dans ses films et courts-métrages.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
c'est une bonne remarque, on le voit lui même souvent sur les tournages avec des cols relevés.
Dans la premières images par rapport aux bustes dégagés a l'arrière plan, sont visage semble sortir du manteau comme il pourrait s'extirper d'un corps qui n'est pas le sien, ou même de pas de corps du tout, comme un visage de mannequin de cire.
Comme ça à brûle-pourpoint je pense à Cronenberg, avec ces corps et ces parties de corps comme dans la limousine où le corps de l'acteur est exposé plein-champ.
Polanski est quelqu'un qui expose aussi abruptement ses images.
Dans la premières images par rapport aux bustes dégagés a l'arrière plan, sont visage semble sortir du manteau comme il pourrait s'extirper d'un corps qui n'est pas le sien, ou même de pas de corps du tout, comme un visage de mannequin de cire.
Comme ça à brûle-pourpoint je pense à Cronenberg, avec ces corps et ces parties de corps comme dans la limousine où le corps de l'acteur est exposé plein-champ.
Polanski est quelqu'un qui expose aussi abruptement ses images.
Invité- Invité
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
slimfast a écrit:c'est une bonne remarque, on le voit lui même souvent sur les tournages avec des cols relevés.
Dans la premières images par rapport aux bustes dégagés a l'arrière plan, sont visage semble sortir du manteau comme il pourrait s'extirper d'un corps qui n'est pas le sien, ou même de pas de corps du tout, comme un visage de mannequin de cire.
Comme ça à brûle-pourpoint je pense à Cronenberg, avec ces corps et ces parties de corps comme dans la limousine où le corps de l'acteur est exposé plein-champ.
Polanski est quelqu'un qui expose aussi abruptement ses images.
Les manteaux d'Adjiani et de Polanski dans "Le Locataire" pourrait être un peu leur bandelettes (comme celles de la Momie). Il y a la scène célèbre dans laquelle Polanski est assis dans le parc. On dirait qu'il se fait littéralement aspiré par son manteau austère.
J'ai lu que, dans l'Ancien Testament, le manteau à une place importante. Il est le symbole de l'essence et de la puissance intérieur.
Les Hébreux, au sortir de l'Egypte, n'ayant pas eu le temps de cuire du pain, emportèrent de la farine dans leurs manteaux. Saül, voulant arrèter Samuel qui se retirait de lui, le prit par le manteau et le rompit (1Sa 15 :27).
http://456-bible.123-bible.com/calmet/M/manteau.htm
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
Le renversement au cœur de cette idéologie « anti-politiquement correct » est au passage assez scandaleux, puisqu’il fait du féminisme (et toutes les autres « idéologies politiquement correctes ») une sorte de dictature de la pensée qui obligerait les gens à tenir des discours allant contre leur « vraie nature ». La mystification à l’œuvre ici consiste à faire passer le féminisme pour un ensemble d’injonctions normatives restreignant la liberté des individus, alors que le féminisme ne cesse justement de combattre de telles injonctions.
Si l’on fait le bilan entre personnages masculins et féminins, on s’aperçoit donc que la donne n’est pas du tout la même des deux côtés. Les hommes apparaissent au final clairement supérieurs aux femmes en ce qu’ils s’aveuglent beaucoup moins qu’elles sur leur véritable nature humaine, et parce qu’ils ont plus généralement le monopole de la vérité et de la lucidité. Au contraire, les femmes sont celles qui se fourvoient le plus sur elles-mêmes. Incarnation de tout ce que le film critique, elles subissent une série d’humiliations successives qui n’a aucun équivalent chez les personnages masculins.
Ce cynisme est à lier à l’idéologie « anti-politiquement correct » toujours bien en vogue aujourd’hui, et que le film réactive avec complaisance. Polanski s’en réclame d’ailleurs explicitement lorsqu’il dit que Carnage est une « satire des valeurs bourgeoises conventionnelles, du politiquement correct et de l’hypocrisie des politesses mondaines avec ses sourires factices » [5].
Cette idéologie vient en fait de la droite néoconservatrice états-unienne qui déforma le sens premier de l’expression « à tel point qu’aujourd’hui, le politiquement correct n’est plus utilisé que comme une référence négative, renvoyant à une dictature de la pensée. Les croyances propagées par les anti-politiquement correct peuvent se résumer à l’idée que les minorités ont le pouvoir aujourd’hui, qu’elles menacent la cohésion républicaine voire l’unité des luttes. Pire, le groupe dominant, celui des hommes-blancs-bourgeois-hétérosexuels, connaîtrait un diktat de la part des groupes minorisés »[6]. Par cette expression, les dominants tentent donc de balayer d’un revers de main toutes les remises en cause de leur domination, afin de pouvoir continuer à en jouir tranquillement. La fonction politique de cette idéologie est évidente : empêcher de réfléchir aux questions d’oppressions, de privilèges, d’éducation, de domination (physique ou symbolique), etc.
Pour le critique de Libération, Polanski ne fait ici que se défendre contre les « puritains » qui ne cessent de le « persécuter » depuis toujours : « Grande proie des puritains de toute éternité, [Polanski] adapte le texte de [Reza], avec son aide, sous ce titre simplifié : Carnage. On retrouve, à quelques coupes et changements près, canevas et répliques de la pièce. Elle se déroulait à Paris. Polanski la déplace à Brooklyn, où il ne peut tourner : ça lui permet de régler ses comptes avec le politiquement correct qui sévit là-bas – cet hybride d’idéologie et de frustration. Pendant une heure vingt, le cinéaste s’amuse des mentalités qui l’ont persécuté. »
http://www.lecinemaestpolitique.fr/carnage-2011-petit-traite-de-cynisme-et-de-misogynie/
balthazar claes- Messages : 1009
Re: The ghost-writer - Roman Polanski 2010
je trouve que sur cette photo on a le vrai visage de Polanski : un mec indéchiffrable qui a du passer par des horreurs, aguerri et fragile, impénétrable mais lourd de secret et peut être de mauvaise conscience, mais fragile et pas toujours au top dans sa création. un mec qui sera passé à côté de quelque chose, séduisant trop petit pour l'image qu'il a voulu se fabriquer, un mec qui aura eu sinon de vrais succès (quand même) en tout cas beaucoup de succès d'estime.
Sa trajectoire : un pays de l'est, la fuite, l'Europe, la transition, les Etats-Unis, la fuite, la Suisse, la France, bonne mère. Il doit pas trop savoir d'où il est.
Pendant ce temps Godard se la coule douce sur les rives du Lac Léman. Tiens je me demande s'il a déjà payé des impôts en France ?
Invité- Invité
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