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Gone Girl (un film proustien ou presque )

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Message par Borges Mar 11 Nov 2014 - 11:49

Le nom de Proust est prononcé deux fois dans le film, les deux fois dans un contexte de critique du snobisme. La critique du snobisme est l'une des thématiques, l'un des sujets majeurs de la Recherche, et les deux occurrences du nom de Proust dans le film pourraient correspondre à deux de ses moments, celui où Amy est prisonnière, captive de son amoureux malade, et celui de sa disparition. Deux titres de la Recherche, bien entendu : "La Prisonnière", et "La fugitive" (Albertine disparue). Mais ce qui lie Proust et Gone Girl, c'est plus essentiellement, les signes et leur déchiffrement. Fincher comme Proust est un auteur de la lecture des apparences, du déchiffrement des signes et des codes.


Plus à venir, peut-être, faut pas aller trop vite, surtout quand on n'a plus rien écrit sur le cinéma depuis plusieurs mois Wink

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Message par wootsuibrick Mar 11 Nov 2014 - 12:11

bonjour,
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Message par Borges Mar 11 Nov 2014 - 15:49

Salut Woot; comment va? Content de te revoir Wink
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Message par glj Dim 16 Nov 2014 - 18:58

Salut, borges !

Qu'as tu fais tout ce temps ? Tu t'es couchés tôt ?
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Message par Borges Lun 17 Nov 2014 - 15:23

glj a écrit:Salut, borges !

Qu'as tu fais tout ce temps ? Tu t'es couchés tôt ?

Hi, glj;

J'ai pas perdu mon temps, et je me suis couché plutôt de bonne heure, quand je pouvais et sans mérite. Cela fait des années que je ne suis plus insomniaque Wink
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Message par Borges Lun 17 Nov 2014 - 15:42

On s'en va, on revient et notre ami indépendant Camille B. est toujours aussi incapable de saisir le sujet d'un film; son truc sur "gone girl", c'est vraiment con. Balourdnatique, que je salue, c'est un peu mieux, je dis bien un peu (mais la question de la maternité, le lacanisme et tout ça, c'est vraiment n'importe quoi, comme l'allusion à Macbeth/Marybeth...(le film contient des références littéraires tellement plus évidentes, Dante, jane austen, proust...n'oublions pas que nos deux héros ont des prétentions à l'écriture; ils se rêvent et se disent écrivains. )

J'avais parlé plus haut de Proust, on peut y revenir avec la question de Godard : les formes chez Fincher pensent-elles?


"What are you thinking? How are you feeling? Who are you? What have we done to each other? What will we do?"

Gone Girl (un film proustien ou presque )  6a0d6e0c0af160d4_gone-girl-library


Jean-Luc Godard : "Mon premier article à "Arts", c'est "du côté de chez Manet". C'était lié à Proust, à l'histoire de Proust et d'Albertine.
Dans cet article, je faisais une liaison entre Manet et Preminger, par rapport à la modernité du cinéma.
Manet est resté. C'est vrai que, pour moi, c'est l'invention du cinéma : les personnages de Manet pensent à quelque chose. Alors que l'on ne peut pas dire cela des personnages de Matisse.
A mon avis, Manet a l'air de dire non pas :
"A quoi penses-tu ?",
mais :
"Je sais à quoi tu penses."
Il suffit de mettre cette phrase sur Berthe Morisot, et cela a l'air évident.

Manet introduit une forme qui pense.
Il y a une pensée qui forme, parce qu'il y a une forme qui pense.
C'est la forme qui pense.

Pareil pour Hitchcock
C'est la forme qui pense, au cinéma.
J'ai toujours aimé cette peinture où des formes pensent."

(Entretien avec Alain Bergala, Une boucle bouclée, 1997)
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Message par Borges Dim 30 Nov 2014 - 19:14


C'est pas la grande foule dans le coin. On ne se précipite pas vers ce topic pour discuter "Gone Girl" et le cinéma de Fincher. Faut que je discute et me dispute tout seul, une fois de plus ; pourtant Fincher dans son style est l'un des rares cinéastes américains à donner de quoi penser à ceux qui attendent du cinéma qu'il leur donne des choses à penser. Depuis son Alien, le trois ou le cube, une nullité artiste clip prétentieuse, où l'on devine la littérature russe, Brecht, Shakespeare et des trucs dans le genre,  le mec a fait de super progrès, se faisant petit à petit un ton, et un style unique. On ne s'attendait pas à ce qu'il atteigne ce niveau, à ce qu'il nous donne des films aussi singuliers, un cinéma aussi intéressant. Le mot qui me vient là, pour le désigner, le qualifier, je sais pas si c'est le bon, ou plutôt je sais qu'il n'est pas bon, c'est  "insistance" : un cinéma sans insistance, ou sans accentuation. Des films dont on a bien du mal à saisir le sujet, les intentions, la volonté. Impossible de pointer, de cerner le centre autour de quoi gravite sa mise en scène. Un cinéma décentré ? Oui, cela pourrait être le terme. Revoyez Zodiac, si vous voulez sentir la chose, et essayez d'en dire, d'en désigner le point central, vous n'y arriverez pas. Fincher ne met rien en valeur, n'accentue rien, à ses meilleurs moments. Les personnages n'existent presque pas, sans contours, sans relief, sans intériorité, ils mènent des projets qui ne riment à rien, ne mènent à rien. Qu'est-ce qui conduit le dessinateur de Zodiac à se charger de son enquête ? Folie, lubie, obsession, jeu de boy scout attardé ? Si je voulais hisser très haut ce cinéma, plus haut qu'il ne le mérite, sans doute, si je voulais exagérer ses mérites, sa force pensante, je dirai qu'il y a quelque chose chez Fincher de très blanchotien. Je cite un passage pour faire résonner ce rapprochement : "S’il y a rapport entre écriture et passivité, c’est que l’une et l’autre supposent l’effacement, l’exténuation du sujet : supposent un changement de temps : supposent qu’entre être et ne pas être quelque chose qui ne s’accomplit pas arrive cependant comme étant depuis toujours déjà survenu — le désœuvrement du neutre, la rupture silencieuse du fragmentaire."

Passivité, désœuvrement : je saisis ces mots de la manière la plus immédiate, la plus simple, au niveau de l'action et de ceux qui en sont les porteurs, les personnages.

Les personnages de Fincher n'agissent pas, ce ne sont pas des acteurs (le choix de Ben Affleck, dans "Gone Girl" est magnifique; il l'utilise de la même manière que Malick dans "To the Wonder"). La situation est trop grande pour eux. Mais ce dépassement n'a rien de grandiose, aucune sortie sublime vers le tragique, pas même dans "Seven", un film un peu trop signifiant, où Fincher est encore prisonnier de catégories clichés esthétique, morale et religieuse, le bien, le mal, et tout le cinéma de ces lieux communs. Dans "Zodiac", il purifie son thème  pour atteindre à quelque chose qu'on ne peut même plus qualifier de banalité du mal. Y a pas de mal, pas non plus à proprement parler de banalité. Pour que celle-ci fasse sens, il faudrait qu'elle s'oppose à une forme ou l'autre d'authenticité, d'existence vraie. Je dis pas que cette dimension est absente des films de Fincher, elle est là, et de manière très massive ; suffit de voir "Fight Club", "The Game", "Gone Girl", "Seven"… ; mais on ne lui échappe pas vraiment dans l'action : le tueur de Zodiac ne devient pas une figure satanique en échappant à sa vie médiocre, à ses boulots de merde, à sa caravane pourrie ; les détectives n'atteignent pas à la vérité de l'action ou de la vie en menant leur enquête, qui semble plus les mener qu'ils ne la mènent. Rien de grandiose dans les sorties hors du réel, du quotidien, du boulot. Dans "Fight Club", les combats ne changent rien à la vie, les mecs sont encore plus cons ; le génie de "Social Network" n'atteint à aucune grandeur; de quoi est-il le créateur ?  On n'est pas dans Scorsese. À quel désir ces personnages obéissent-ils ? On ne sait pas très bien, ce qui est sûr c'est qu'ils semblent des marionnettes, plus joués que joueur (The Game, Social Network, Gone Girl, Seven...).

Cette dépossession de la vérité et de l'authenticité héroïque est surtout visible dans "Zodiac" (un chef-d'œuvre), où les trois "détectives", le journaliste, le flic et le dessinateur, n'ont strictement rien à voir avec les héros à quoi, à qui, la mise en scène de Fincher les confronte : Dirty Harry, les journaliste des "Hommes du président".  

"Le moi est exclu de la maîtrise et de son statut de sujet en première personne, destitué, désitué… sans pouvoir" (Blanchot) ; ce n'est pas pour rien que les personnages de "Gone Girl" sont sans boulot, que leur temps est un temps sans activité, sans œuvre, au deux sens du mot. Ils se disent écrivains, ils se veulent écrivains, mais ils n'écrivent rien. Ils ne font rien au fond, une fois qu'ils ont perdu leur boulot ; ils se défont. Fin de l'enchantement, des illusions de l'amour et de la création. Y a du Flaubert dans cette histoire, of course.

(La littérature et l'écriture occupent une place essentielle chez Fincher. On y lit pas mal, on cite des bouquins, on fréquente les bibliothèques, on écrit. Zodiac, c'est aussi l'histoire d'un mec qui écrit un bouquin, sans que cette activité, si souvent mise en scène dans le cinéma US sous la forme du manque d'inspiration, de la panne, ne soit montrée. Le dessinateur n'écrit jamais, jamais il ne tape à la machine, jamais on ne le voit rédiger des notes. On craint qu'il ne devienne un Jack Torrance, les allusions à Kubrick sont évidentes, pas la peine de faire un dessin.

Notons que c'est en fréquentant les bibliothèques que les gars de "Zodiac" et de "Seven" résolvent leur problème. "Seven", qui réécrit une nouvelle de Borges ; à vous de trouver laquelle.

Je reviendrai sur cette importance du livre, de la lecture, plus tard, si ça me dit...)

Fincher est un cinéaste du travail, de son absence, de sa crise… "Gone Girl" est un film sur l'absence de travail. Les premières images nous montrent une petite ville dévastée, on verra ensuite les marges, l'exclusion... Désœuvré, le prof d'écriture, qui n'écrit rien, le mec sans vrai boulot, joue. On pense à "Shining", évidemment et encore une fois. On n'en finira jamais de penser à ce film, tant il habite le cinéma. Fincher rejoue le proverbe de "Shining" : Nick n'écrit pas, il joue trop, mais ce n'est pas la joie pour autant ; car, il y a jouer et jouer, le jeu n'est pas toujours l'expression de la liberté esthétique de l'homme, l'homme devenant enfant. Le jeu de Nick n'affirme aucune liberté, n'exprime aucune sortie hors du sérieux de la vie, de l'aliénation de l'existence, de la banalité, c'est un jeu désœuvré ; le jeu du désœuvrement. Qui joue ainsi s'entend toujours dire : tu ferais mieux de bosser, d'étudier. Les désœuvrés n'ont pas le droit de jouer ; le seul jeu qui vaille, qui soit justifié est le jeu qui suit le travail, qui le récompense, en repose ; c'est le jeu de l'homme libre, de l'homme de loisir… Le jeu du désœuvré est bien plus dangereux pour la société finalement que la chasse à l'homme : "The Most Dangerous Game"; de ce point de vue, les chasses du comte Zaroff expriment l'idée même du jeu légitime, sa norme, sa morale. L'aristocrate, c'est le joueur souverain ; le mec qui peut jouer, à tous les jeux, au-delà du bien et du mal. Pour l'aristocrate, la vie est un jeu, dangereux pour l'autre. Le gars sans emploi, moins qu'esclave, ne peut jouer à rien.



"Gone Girl", donc. Comment traduire, ce "gone" et ce "girl" ?

Dans "Fight Club", on trouve cette réplique : "I'm already so fucking gone that all you see is an after-image." (Marla)
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Message par Eyquem Lun 1 Déc 2014 - 21:16

'soir Borges,
Borges a écrit:"Seven", qui réécrit une nouvelle de Borges ; à vous de trouver laquelle
Je dirai "La mort et la boussole" (si je me souviens bien du film, pas revu depuis des années)

Pas vu "Gone girl".
pourtant Fincher dans son style est l'un des rares cinéastes américains à donner de quoi penser à ceux qui attendent du cinéma qu'il leur donne des choses à penser
Je suis surpris que tu dises tant de bien de Fincher. Je croyais que tu n'avais pas du tout aimé "Social network"?
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Message par wootsuibrick Mar 2 Déc 2014 - 4:14

Eyquem a écrit:'Je suis surpris que tu dises tant de bien de Fincher. Je croyais que tu n'avais pas du tout aimé "Social network"?
Borges en plus de me sembler souvent ventriloque est multiples manières de se saisir d'un film, que faut-il comprendre quand d'un texte à l'autre s'écrit "matrix chef-d'oeuvre" ou "matrix niaiserie"? Le plus dur est de discerner le ventriloque du multiple. Puis... ce qui s'exprime par la ventriloquie est-il moins vrai que ce qui s'exprime directement par la bouche?
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Message par Eyquem Mar 2 Déc 2014 - 12:54

Salut Woot',
Je voulais savoir si c'était "Gone girl" qui avait amené Borges à revoir ses précédents films.
Je me souviens pas qu'il ait dit "chef d'oeuvre/ niaiserie" d'un même film - si c'est un chef d'oeuvre, ça ne peut pas être une niaiserie, et réciproquement.
Borges dit rarement que tel film est un chef d'oeuvre, et là, il le dit de "Zodiac". Donc, je suis intrigué. Wink
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Message par Borges Mer 3 Déc 2014 - 14:25

Hi, Woot, hi Eyquem;

-C'est bien la nouvelle de Borges à laquelle je pensais; rien à voir dans le ton et le style, les idées, le dénouement, bien entendu, avec le Fincher.

-Pour Fincher; j'avais été très critique avec SN, c'est vrai, mais je lui avais aussi consacré pas mal de temps. C'est le signe qu'il donnait  à penser, pour qui veut penser. Je l'avais vu trois fois à sa sortie,  c'était mon premier Fincher, en dehors de son Alien, qui est nul de prétention, mais avec une touche théâtrale très intéressante, et presque une réinvention de Ripley...On trouvait là déjà, maintenant que j'y pense, l'étrange décentrement du héros, de l'action, ce mélange d'activité et de passivité...

-Dernièrement, j'ai revu tous les Fincher, à cause de Gone Girl, je me disais que j'allais écrire quelque chose, de long; je me dis toujours ce genre de choses, j'accumule les brouillons, les notes, les avis... mais finalement, je finis par me fatiguer...c'était pareil avec Scorsese, j'avais tout revu après Le loup de wall street...

-De les avoir tous vus ou revus (Zodiac, je dois l'avoir vu dans les 5 fois), me fait dire qu' il y a quelque chose dans ce cinéma; des trucs que j'aime bien, les livres, la lecture, le jeu des apparences, le double...et ce décentrement...

-Zodiac un chef d'oeuvre, oui, je crois; comme SN (sans rien changer à ce que j'en pensais); mais je crois parler plus de l'idée qu'esquisse ce cinéma que ce qu'il fait vraiment. On devrait distinguer les deux, quand on est sympa; et après tout ce qui importe ce n'est pas ce que l'on pense d'un film, s'il n'est pas trop puant, c'est ce qu'il nous fait penser; comme disait Heidegger, le plus grand don d'une pensée, c'est l'impensé qu'elle nous donne à penser; on peut le dire aussi des cinéastes, pas trop grands...

-En lisant les articles de Manny Farber, on se demande souvent : est-ce qu'il aime ou pas? Est-ce qu'il trouve ce film nul ou absolu.  Il faudrait écrire à plusieurs voix, selon plusieurs perspectives sur les films, et finalement ne plus écrire sur les films, le cinéma, qu'il ne soit plus un objet, mais un "sujet" (c'est pas le mot, opposition trop simpliste); il faut redoubler les films par le texte, et créer un nouvel être, virtuel, une fiction; c'est pas la première fois que j'évoque cette idée. Après tout, comme disait je sais plus qui, le film existe, on ne peut rien lui ajouter; la seule tâche,  c'est de produire quelque chose d'autre avec et à partir de lui. Tenter des combinaisons, et voir celles qui gagnent le large. Expérimenter.

Un exemple :

Je lisais en début de journée un passage au hasard de l'esthétique de Hegel, où il cause de la distinction dans le drame classique, tragédie, du choeur, du monologue et du dialogue.

Peut-on retrouver quelque chose de semblable dans le cinéma? Oui, à l'évidence, il y a du monologue et du dialogue, mais le choeur? J'ai cherché, et très vite,  je me suis dit, dans "la prisonnière du désert", il y a un choeur, mais pas dans "gone girl"; le choeur a disparu.

Le monologue, c'est pas nécessairement une affaire de voix (pensée, écriture, lecture…) cela peut être tous les plans où le personnage est seul, un monologue visuel, silencieux, tous "les moments où l'âme se replie sur elle-même et s'abstrait des événements extérieurs". On pense à Ozu, pour la forme simple, et pour une forme plus "complexe", dédoublée : chez Fincher  on a des monologues dans l'action même, le personnage (zodiac, le début de Benjamin B, le personnage de MF, dans seven...) agit tout en étant extérieur à l'action, à la situation....(on va retomber sur Deleuze et Bresson; les automates spirituels; et ce serait normal; les héros de Fincher sont souvent des marionnettes… )

-Je disais donc, pas de Chœur dans "Gone Girl", mais bien dans "la prisonnière du désert", dans ford, et dans le cinéma classique, en général; le chœur, ce sont les pensées, les sentiments généraux, l'opinion commune; le commun, la vérité, la sagesse, qui réconcilie les individualités en conflit, qui ne voient les choses que de leur point de vue. La mesure contre la démesure, qui va conduire les héros à la catastrophe.

Ethan est le héros de la démesure, mais son opposant, parce que c'est un Indien n'est pas montré, visible : Scar;  le chœur, c'est le peuple, les braves gens qui veulent raisonner Ethan…

Le peuple n'est pas nécessairement représenté, présent à l'image,  bien entendu...

Dans "Gone Girl", le peuple comme chœur, norme, a disparu…

suite, après; pas simple d'improviser en direct…Wink

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Message par Invité Mer 3 Déc 2014 - 21:42

Borges a écrit:c'était mon premier Fincher, en dehors de son Alien ...

T'avais pas vu the game ? Je crois me souvenir qu'on en avait parlé. Ou alors je t'en avais parlé, pour en dire bcp de bien. Je crois avoir parlé aussi de Fight club, pour en dire bcp de mal. Very Happy

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Message par Borges Jeu 4 Déc 2014 - 9:14

syndic des dockers a écrit:
Borges a écrit:c'était mon premier Fincher, en dehors de son Alien ...

T'avais pas vu the game ? Je crois me souvenir qu'on en avait parlé. Ou alors je t'en avais parlé, pour en dire bcp de bien. Je crois avoir parlé aussi de Fight club, pour en dire bcp de mal. Very Happy

Non, j'avais pas vu alors  et je me souviens que tu en disais le plus grand bien, et que tu avais détesté "fight club", qui n'est pas si mauvais que ça finalement, si on ne le prend pas très au sérieux (c'est une comédie); en le revoyant, j'ai été très sensible au dialogue que construit le film avec le cinéma de Scorsese, avec trois films au moins de Scorsese : taxi driver, After Hours, et The King of Comedy (la relation entre les deux personnages, c'est un peu celle de JL et RDN...); au début du film, si je me souviens bien, quelqu'un donne une liste de noms, parmi ces noms, y a "Travis" et "Rupert"...
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Message par Borges Jeu 4 Déc 2014 - 19:00

J'opposais donc "Gone Girl" à "La prisonnière du désert", disant que dans l'un, il y  avait un choeur (morale du commun, communauté morale, mesure contre la démesure de la volonté individuelle), alors que dans l'autre, l'autre étant "gone girl", le choeur avait disparu; c'est même l'un des sujets du film, l'éclatement de la bonne petite communauté : aucun lien entre nos deux héros et leurs voisins, la relation à l'événement est médiatisée totalement par les médias, la télé... L'événement n'existe que dans la forme de sa mise en scène médiatique, il est un signe, un objet, une matière, livré à la violence de l'image et aux pseudos savoirs médiatiques (les médias ont ici un statut très différent de celui  qu'ils avaient dans Zodiac; Fincher préfère évidemment la presse (l'écrit) à la télé (lieu de la mise en scène du vraisemblable  plutôt que de la recherche de la vérité).

La télé, c'est pas de la représentation, c'est la violence du vraisemblable (conformité à l'image d'un devoir-être).

Très intéressant serait d'"étudier", à la manière d'un foucault, les liens du savoirs (psy), du droit, de la police, qui est avant tout "série",  de la télé, qui est police, dans ce film...

Le seul lien dans "gone girl", qui ne soit pas médiatisé c'est la relation du frère et de la soeur (la relation sans conflit disait Hegel, reconnaissance sans médiation, sans lutte; le frère et la soeur s'entendent immédiatement, cf Glas de derrida)

Y a un très bon moment dans le film : quand le frère demande à la soeur, "tu es avec moi?", elle répond : "j'étais déjà avec toi avant que nous ne venions au monde".  Ils sont jumeaux.

"NICK
Go, please. I need my voice of reason. I need to know you’re with me.

She leans against his shoulder.
GO
I was with you before we were even born."



Go pas Gone

Voice of reason? The Claim of Reason?


Voix de la raison (voice of reason) : ce serait le choeur? Je sais pas, Go, la soeur, occupe la même place que la mère dans "Benjamin B".

mais voice of reason, c'est aussi : " The annoying know-it-all person on a show that won't shut up about being right. Usally the smartest person of the show, that is always right and is the ballance so the show won't look senseless... "



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Message par Invité Mer 17 Déc 2014 - 20:26

Spoiler:

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Message par Borges Jeu 18 Déc 2014 - 11:16

Hi;
Pas sûr que tu vas aimer; c'est pas bon du tout, d'ailleurs; ça ne prend d'intérêt (pour "la pensée") que parmi les autres Fincher.

Wink
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Message par Invité Jeu 18 Déc 2014 - 12:29

Salut Borges.

Je suis sensible à ces relations que tu traces entre les Fincher.

J'ai vu le film cette nuit. Ben... Pour le dire vite: ouaih, j'ai bien aimé. C'est pas... c'est plus riche par le prisme de ton éclairage, sans nul doute, parce que là, à brûle-pourpoint, je dirais, sans développer plus (car je vais me coucher, lol) que j'ai trouvé que c'était un peu gros (dans l'humour), capillotracté (comme "histoire d'amour" car je l'ai ressenti ainsi), et parfois lourd (stéréotypies, les médias, tout ça...).

J'ai mieux saisi, aussi, une sorte d'unité de préoccupations "finchériennes". C'est intéressant. J'aimerais revoir Zodiac (vu y a longtemps dans des conditions exécrables).

On en reparle...  Very Happy

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Message par Borges Jeu 18 Déc 2014 - 13:02

syndic des dockers a écrit:

On en reparle...  Very Happy

Oui, après la sieste Wink
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