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Le Secret (P. Laugier - 2012)

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Le Secret (P. Laugier - 2012) Empty Re: Le Secret (P. Laugier - 2012)

Message par Invité Ven 7 Sep 2012 - 17:24

Le secret, titre français du dernier long métrage de Laugier tourné aux USA ; je n'ai vu que le début du précédent, Martyrs ; j'avais trop anticipé la suite et j'avais flippé grave.
On pourrait dénombrer tous les défauts de ce film ci, comment le tournage semble avoir raté l'émotion, rogné les ambitions techniques au profit d'une purulence de plans, de mouvements externes ; comment le scénario aurait gagné à plus de retenue, de simplicité, à ne pas vouloir faire genre mais à suivre l'idée nue, qui n'est pas détestable, qui est plutôt belle.
Après une scène d'exposition ratée, on assiste au vrai début du film, un train qui passe sur les rails devant une rue déserte, des habitations désolées.
Il passe et à ce moment on se souvient de Stars in my Crown, l'un des plus beau Tourneur : l'arrivée du pasteur joué par Joel Mc Crea tandis que le train quitte la ville, la voix off de l'adulte qui raconte cette histoire du temps où il était enfant.
Dans le film de Laugier, il y a une fillette muette ; peut être une évocation d'out of the past, qui, ça semble paradoxal, appose sa voix à ce film là, celle qui raconte. C'est une idée touchante en fait.
Elle dessine également dans un cahier, comme si elle avait conçu elle même cette histoire, jusque dans les lourdeurs, les facilités.
Le Secret (P. Laugier - 2012) Normal_Jodelle-Tall-Man-screencapsBJ_007Le Secret (P. Laugier - 2012) Simch
Mais on pourrait protester de cet accolement indu, qu'un français aille à Hollywood et on lui décernerait la griffe d'un des plus grands metteurs en scène hollywoodiens, un autre français (et américain, il avait la double nationalité), mais je ne crois pas me tromper, c'est par cette filiation que Laugier semble vouloir construire son imaginaire américain.
De plus le cinéma de Tourneur porte en lui une vision de l'enfance assez mystérieuse, livrée à la violence physique, morale, du monde des adultes.
Le secret raconte l'histoire d'un bled en récession, en mort lente, dont les enfants disparaissent sans laisser de trace. Ce n'est pas Twin Peaks mais c’est à proximité de Seattle. Un bled de péquenauds du Nord qui sirote leur bière en contemplant les mauvaises herbes craqueler l'asphalte de la route.
Le titre américain, c'est the tall man, une figure, une silhouette qui comble l'absence d'explication à la disparition des enfants.
De manière plus simple, the tall man, le grand homme se distingue du petit homme, de l'enfant, par la taille. C'est avec l'adulte, en l'adulte, que l'enfant disparaît en somme ; c'est ce qu'en creux le film raconte, et comment la société américaine réagit face à ce simple constat lol.
Enfin j'ai pas tellement envie de raconter le film non plus ; il est pas terrible bien sûr, mais on peut avoir de l'affection pour l'origine, la cible, et ne pas être séduit, ce coup-ci, par le geste de l'archer, la course du trait.

edit: ce n'est pas un film hollywoodien en fait lol, il a été produit à la manière de Silent hill de Ganz, capitaux français et canadiens principalement.


Dernière édition par erwan le Dim 9 Sep 2012 - 19:01, édité 1 fois

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Le Secret (P. Laugier - 2012) Empty Re: Le Secret (P. Laugier - 2012)

Message par DB Mer 12 Sep 2012 - 14:21

erwan a écrit:Le secret, titre français du dernier long métrage de Laugier tourné aux USA ; je n'ai vu que le début du précédent, Martyrs ; j'avais trop anticipé la suite et j'avais flippé grave.
On pourrait dénombrer tous les défauts de ce film ci, comment le tournage semble avoir raté l'émotion, rogné les ambitions techniques au profit d'une purulence de plans, de mouvements externes ; comment le scénario aurait gagné à plus de retenue, de simplicité, à ne pas vouloir faire genre mais à suivre l'idée nue, qui n'est pas détestable, qui est plutôt belle.
Après une scène d'exposition ratée, on assiste au vrai début du film, un train qui passe sur les rails devant une rue déserte, des habitations désolées.
Il passe et à ce moment on se souvient de Stars in my Crown, l'un des plus beau Tourneur : l'arrivée du pasteur joué par Joel Mc Crea tandis que le train quitte la ville, la voix off de l'adulte qui raconte cette histoire du temps où il était enfant.
Dans le film de Laugier, il y a une fillette muette ; peut être une évocation d'out of the past, qui, ça semble paradoxal, appose sa voix à ce film là, celle qui raconte. C'est une idée touchante en fait.
Elle dessine également dans un cahier, comme si elle avait conçu elle même cette histoire, jusque dans les lourdeurs, les facilités.
Le Secret (P. Laugier - 2012) Normal_Jodelle-Tall-Man-screencapsBJ_007Le Secret (P. Laugier - 2012) Simch
Mais on pourrait protester de cet accolement indu, qu'un français aille à Hollywood et on lui décernerait la griffe d'un des plus grands metteurs en scène hollywoodiens, un autre français (et américain, il avait la double nationalité), mais je ne crois pas me tromper, c'est par cette filiation que Laugier semble vouloir construire son imaginaire américain.
De plus le cinéma de Tourneur porte en lui une vision de l'enfance assez mystérieuse, livrée à la violence physique, morale, du monde des adultes.
Le secret raconte l'histoire d'un bled en récession, en mort lente, dont les enfants disparaissent sans laisser de trace. Ce n'est pas Twin Peaks mais c’est à proximité de Seattle. Un bled de péquenauds du Nord qui sirote leur bière en contemplant les mauvaises herbes craqueler l'asphalte de la route.
Le titre américain, c'est the tall man, une figure, une silhouette qui comble l'absence d'explication à la disparition des enfants.
De manière plus simple, the tall man, le grand homme se distingue du petit homme, de l'enfant, par la taille. C'est avec l'adulte, en l'adulte, que l'enfant disparaît en somme ; c'est ce qu'en creux le film raconte, et comment la société américaine réagit face à ce simple constat lol.
Enfin j'ai pas tellement envie de raconter le film non plus ; il est pas terrible bien sûr, mais on peut avoir de l'affection pour l'origine, la cible, et ne pas être séduit, ce coup-ci, par le geste de l'archer, la course du trait.

edit: ce n'est pas un film hollywoodien en fait lol, il a été produit à la manière de Silent hill de Ganz, capitaux français et canadiens principalement.

Salut erwan,

Belle idée tout de même, la muette qui raconte le film oui.

Mais je suis tout à fait d'accord avec toi et c'est dit de façon très belle, le geste de l'archer ne vaut pas du tout la cible.

Ce que tu dis sur le début, l'exposition ratée ne me semble pas être le vrai problème de THe Tall Man. Il y un gros défaut d'écriture : quatres débuts en un, une sorte de prégénérique/flash forward puis un collage/exposition en voix off un peu lourdingue puis une scène rapide et assez violente, sèche et finalement le générique avec une musique atroce. Et là encore un peu d'exposition. Il y a vraisemblablement quelque chose qui manque, qui coince.

En revanche, il y a tout de même (ce sera mon obsession de la journée) une attention au point de vue qui est très intéressante. Tout ce que l'on voit est le résultat d'un point de vue dont on ne dispose pas entièrement. Il y a toujours un élément de ce point de vue qui sera mis en porte à faux et redéfinira la façon dont nous recevons le film (je suis volontairement flou et vague pour ne pas trop raconter le récit).

A un moment donné, je me suis mis à rêver ce qu'aurait pu donner un tel récit, un tel scénario entres les mains de Lynch justement. La mise en scène est souvent décevante mais ces tunnels, cette maison et cet hôpital abandonné auraient pu être de vrais décors, de vrais espaces à filmer. J'aurais aimé sentir que j'aurais pu me perdre dans ces tunnels et pas qu'une réplique d'un personne m'oblige à le comprendre.

Le visage de la fille avec ses lèvres toutes blanches qu'on dirait au bord l'évanouissement pendant tout le film est une bonne idée.
DB
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Message par Invité Mer 12 Sep 2012 - 17:53

salut DB,
tu as raison de mettre en lumière la manière dont le point de vue est organisé. A un moment j'étais absolument perdu; une sensation assez délicieuse et rare, j'essayais de me cramponner à des choses que je croyais savoir alors même qu'elles s'évanouissaient devant mes yeux. Malgré les problèmes d'écritures que tu pointes, il aura réussi à placer le spectateur que je suis, mais sans doute suis je trop naïf, impliqué, projeté, dans un état d'ébahissement plutôt honteux lol; et de manière assez pernicieuse, pose la question: "qui doit-on croire?" entre une veuve aisée, vision rassurante de la middle class ou classe supérieure américaine et une femme dans le dénuement, dans la marge sociale, dans le dégoût physique de soi et des autres.
J'aime bien aussi les relations autour la famille de la jeune fille muette; ces tensions sexuelles et ces désirs qui affleurent à la violence, à l'ébriété, sont montrées dans toutes leurs ambiguïtés, à côtés de l'amour filiale, de la solitude. Je pense surtout à la dernière partie, qui amène la conclusion (qui est plutôt pas mal filmée, quand on la compare au reste du film).

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Message par DB Jeu 13 Sep 2012 - 6:23

erwan a écrit:salut DB,
tu as raison de mettre en lumière la manière dont le point de vue est organisé. A un moment j'étais absolument perdu; une sensation assez délicieuse et rare, j'essayais de me cramponner à des choses que je croyais savoir alors même qu'elles s'évanouissaient devant mes yeux. Malgré les problèmes d'écritures que tu pointes, il aura réussi à placer le spectateur que je suis, mais sans doute suis je trop naïf, impliqué, projeté, dans un état d'ébahissement plutôt honteux lol; et de manière assez pernicieuse, pose la question: "qui doit-on croire?" entre une veuve aisée, vision rassurante de la middle class ou classe supérieure américaine et une femme dans le dénuement, dans la marge sociale, dans le dégoût physique de soi et des autres.
J'aime bien aussi les relations autour la famille de la jeune fille muette; ces tensions sexuelles et ces désirs qui affleurent à la violence, à l'ébriété, sont montrées dans toutes leurs ambiguïtés, à côtés de l'amour filiale, de la solitude. Je pense surtout à la dernière partie, qui amène la conclusion (qui est plutôt pas mal filmée, quand on la compare au reste du film).

oui je suis assez d'accord avec toi, je me suis senti perdu à plusieurs reprises, un peu comme je m'étais fais avoir à la fin du village. Sauf que là c'est plutôt à la façon course de fond, il tient ce truc sur toute la durée du film et c'est assez rare. Pas de pirouette mal assurée ou pire mal assumée (façon dark knight rises/nolan).

La question du point-de-vue est assez centrale dans le film parce que c'est toujours elle qui nous mène en avant dans le film (et une fois le film vu en entier, en arrière, pour réinterpréter). Généralement dans les films, tout ce qui est signe, fait signe m'intéresse, ça me motive. Là, ici, la bonne idée c'est de faire en sorte qu'il manque toujours un élément circonstanciel au signe pour qu'il nous soit réellement lisible. Je suis assez d'accord avec toi, la première fois la méfiance est de mise contre la femme marginale, hostile et visiblement tourmentée (sinon complétement folle) et la confiance est acquise pour la wasp au grand coeur. De même, on peut adhérer au discours final lors de l'interrogatoire en prison et donner raison au projet mais le film s'en fait l'économie et retourne le problème. C'est plutôt malin, place le spectateur au sein du secret, avec lui et le laisser se dépatouiller avec.

Mais il y a quand même pas mal de lourdeurs, les travellings et/ou panoramiques qui s'attardent sur des photographies ; une capuche que l'on enlève soigneusement au bon moment ; un cadre trop en évidence....
DB
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