Le locataire (Polanski) : la vie des momies
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Le locataire (Polanski) : la vie des momies
Je suis tombé par hasard sur le remix de Fenêtre sur cour parce que je viens de revoir "Le locataire", qui se présente ouvertement comme une variation sur les films d'Hitchcock.
On pourrait s'amuser à relever comment les motifs glissent d’un film à l'autre, avec ces distorsions, ces « effets de loupe » chers à Polanski, qui tirent vers la bouffonnerie.
On pense aussi à un « Vertigo » mutant, où Trelkovsky jouerait à lui seul tous les rôles : Scottie, Madeleine et Judy.
Certes, c'est pas aussi glamour, je vous l'accorde. Lol
L’ouverture du « Locataire » est une reprise évidente de celle de Fenêtre sur cour. Mais c’est intéressant de voir ce que Polanski en fait, comment dès le début il travaille à "inquiéter" les frontières, les limites sur lesquelles se fonde la maîtrise d’Hitchcock.
Au début de Rear Window, la caméra est à l’intérieur de l’appartement de Jeff (Stewart) et regarde les rideaux se lever sur le petit théâtre de la cour d'immeuble. Tout le suspense s’appuiera sur cette limite nette, qui délimite d'emblée un dedans et un dehors, une salle et une scène, et tirera ses effets les plus spectaculaires de son franchissement.
Polanski semble procéder de même au début du Locataire, mais il commence à l’extérieur de l’appartement – un extérieur fermé, une cour sans soleil, cernée de toutes parts par des murs gris, des fenêtres fermées. Les rideaux blancs rappellent immanquablement ceux de Fenêtre sur cour, ceux d’un théâtre – la scène finale tirera des effets vraiment terrifiants de cette théâtralisation. Mais là où les fenêtres d’Hitchcock s’ouvraient sur des scènes de vie quotidienne découpées comme autant de vignettes, celles du Locataire restent aveugles, opaques, seulement troublées de silhouettes immobiles, d’ombres changeantes, regardant dans le vide. Au panoramique hitchockien, pour lequel tout s’ouvre et se dévoile, s’étale et devient visible, Polanski substitue une investigation inquiète des surfaces, scrutant ce que, dans leurs miroitements, elles révèlent d’un dehors absolument autre, qui met en péril toute idée d'une cour fermée sur elle-même, d'un dedans intact de toute intrusion.
Les premiers plans de Fenêtre sur cour mettent en place un univers structuré, clos (c’est comme s’il n’y avait rien en dehors de cette cour) et maîtrisable parce que le dehors est là devant, sous vos yeux, de l’autre côté de la fenêtre, de l’autre côté de la cour, maintenu à distance. Alors que l’ouverture du Locataire ferme une cour intérieure sur son propre dehors, sur ce dehors qui ne se laisse justement pas enfermé dehors mais s’immisce à l’intérieur, rentre dans votre dos par les fenêtres opaques, par les murs aveugles – si bien que quand Polanski entre dans cette cour par la porte de l’immeuble, c’est tout comme s’il déboulait de cet ailleurs qui ne se trouve nulle part dehors, mais qui est là, depuis toujours, à l’intérieur.
On comprend l’affolement de Trelkovsky – et le pauvre, il n’en viendra jamais à bout, il colmatera jamais les fuites ; ça va fuir de partout, dans tous les sens, aussi longtemps qu’il vivra de sa vie de momie, de sa vie interminable.
On pourrait aussi partir sur une autre piste, par exemple mettre en rapport les premiers mots et les derniers mots du film.
La première réplique, c’est : « Tais-toi ! »
La dernière, c’est le cri interminable de la momie.
« Silence : ça hurle » : ce serait un bon raccourci du film.
On pourrait s'amuser à relever comment les motifs glissent d’un film à l'autre, avec ces distorsions, ces « effets de loupe » chers à Polanski, qui tirent vers la bouffonnerie.
On pense aussi à un « Vertigo » mutant, où Trelkovsky jouerait à lui seul tous les rôles : Scottie, Madeleine et Judy.
Certes, c'est pas aussi glamour, je vous l'accorde. Lol
L’ouverture du « Locataire » est une reprise évidente de celle de Fenêtre sur cour. Mais c’est intéressant de voir ce que Polanski en fait, comment dès le début il travaille à "inquiéter" les frontières, les limites sur lesquelles se fonde la maîtrise d’Hitchcock.
Au début de Rear Window, la caméra est à l’intérieur de l’appartement de Jeff (Stewart) et regarde les rideaux se lever sur le petit théâtre de la cour d'immeuble. Tout le suspense s’appuiera sur cette limite nette, qui délimite d'emblée un dedans et un dehors, une salle et une scène, et tirera ses effets les plus spectaculaires de son franchissement.
Polanski semble procéder de même au début du Locataire, mais il commence à l’extérieur de l’appartement – un extérieur fermé, une cour sans soleil, cernée de toutes parts par des murs gris, des fenêtres fermées. Les rideaux blancs rappellent immanquablement ceux de Fenêtre sur cour, ceux d’un théâtre – la scène finale tirera des effets vraiment terrifiants de cette théâtralisation. Mais là où les fenêtres d’Hitchcock s’ouvraient sur des scènes de vie quotidienne découpées comme autant de vignettes, celles du Locataire restent aveugles, opaques, seulement troublées de silhouettes immobiles, d’ombres changeantes, regardant dans le vide. Au panoramique hitchockien, pour lequel tout s’ouvre et se dévoile, s’étale et devient visible, Polanski substitue une investigation inquiète des surfaces, scrutant ce que, dans leurs miroitements, elles révèlent d’un dehors absolument autre, qui met en péril toute idée d'une cour fermée sur elle-même, d'un dedans intact de toute intrusion.
Les premiers plans de Fenêtre sur cour mettent en place un univers structuré, clos (c’est comme s’il n’y avait rien en dehors de cette cour) et maîtrisable parce que le dehors est là devant, sous vos yeux, de l’autre côté de la fenêtre, de l’autre côté de la cour, maintenu à distance. Alors que l’ouverture du Locataire ferme une cour intérieure sur son propre dehors, sur ce dehors qui ne se laisse justement pas enfermé dehors mais s’immisce à l’intérieur, rentre dans votre dos par les fenêtres opaques, par les murs aveugles – si bien que quand Polanski entre dans cette cour par la porte de l’immeuble, c’est tout comme s’il déboulait de cet ailleurs qui ne se trouve nulle part dehors, mais qui est là, depuis toujours, à l’intérieur.
On comprend l’affolement de Trelkovsky – et le pauvre, il n’en viendra jamais à bout, il colmatera jamais les fuites ; ça va fuir de partout, dans tous les sens, aussi longtemps qu’il vivra de sa vie de momie, de sa vie interminable.
On pourrait aussi partir sur une autre piste, par exemple mettre en rapport les premiers mots et les derniers mots du film.
La première réplique, c’est : « Tais-toi ! »
La dernière, c’est le cri interminable de la momie.
« Silence : ça hurle » : ce serait un bon raccourci du film.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
Très intéressant, Eyquem.
Un autre point commun entre certaines Hitchock et "Le Locataire", c'est que l'on y boit beaucoup. Polanski suggère d'ailleurs, à quelques reprises, que Trelkovsky serait en fait alcoolique. Tout ne serait en fait qu'hallucinations et delirium tremens, j'aime bien cette idée. Il faut aussi mettre en parallèle l'appartement de Trelkovsky et ceux qu'ils visitent (le grand appartement bourgeois et cela de Adjiani, petit mais très décoré. C'est d'ailleurs dans ce dernier qu'il perd totalement les pédales.)
Un autre point commun entre certaines Hitchock et "Le Locataire", c'est que l'on y boit beaucoup. Polanski suggère d'ailleurs, à quelques reprises, que Trelkovsky serait en fait alcoolique. Tout ne serait en fait qu'hallucinations et delirium tremens, j'aime bien cette idée. Il faut aussi mettre en parallèle l'appartement de Trelkovsky et ceux qu'ils visitent (le grand appartement bourgeois et cela de Adjiani, petit mais très décoré. C'est d'ailleurs dans ce dernier qu'il perd totalement les pédales.)
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
salut Dr A.,
"White man's burden, Lloyd ; white man's burden."
Trelkovsky est ivre, un soir chez Stella (Adjani) ; l'hypothèse d'un delirium tremens, c'est le médecin qui la fait, après l'accident de Trelkovsky, qui semble s'être jeté sous une voiture.
Mais je pense pas que l'alcoolisme joue un rôle déterminant ; le film raconte plutôt l'histoire d'un type qui veut boire un café et à qui on répond "Je vous l'apporte tout de suite", tout en lui servant un chocolat, qu'il ose pas refuser du coup. lol
Un autre point commun entre certaines Hitchock et "Le Locataire", c'est que l'on y boit beaucoup. Polanski suggère d'ailleurs, à quelques reprises, que Trelkovsky serait en fait alcoolique. Tout ne serait en fait qu'hallucinations et delirium tremens, j'aime bien cette idée.
"White man's burden, Lloyd ; white man's burden."
Trelkovsky est ivre, un soir chez Stella (Adjani) ; l'hypothèse d'un delirium tremens, c'est le médecin qui la fait, après l'accident de Trelkovsky, qui semble s'être jeté sous une voiture.
Mais je pense pas que l'alcoolisme joue un rôle déterminant ; le film raconte plutôt l'histoire d'un type qui veut boire un café et à qui on répond "Je vous l'apporte tout de suite", tout en lui servant un chocolat, qu'il ose pas refuser du coup. lol
Eyquem- Messages : 3126
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
Dans son livre de mémoires, Polanski raconte son retour à Paris et sa rencontre avec un de ses anciens amis producteur lors de la pré-production du "Locataire".
Toujours cet attachement de Polanski pour les appartements, les lieux clos. Il les associent toujours à ses personnage, comme une espèce de représentations externes de ces derniers (ou capital culturel, comme dirait l'autre. Montres moi où tu habites, je te dirais qui tu es).
Une des exceptions, dans sa filmographie, reste "Chinatown". L'intérieur de la maison des Mulray n'est quasiment jamais montré, tout s'articule autour du jardin ; en extérieur. C'est également en extérieur que Huston reçoit Nicholson lors de leur première rencontre. Et d'ailleurs, quand Nicholson/Gittes veut entrer dans un nouvel endroit, on finit toujours par lui barrer le passage. On veut toujours tout cacher dans les maisons (la fille de l'inceste, la vieillesse...) Quand Dunaway avouera finalement la vérité, ce sera dans un salon remplit de malles, d'affaires et de fouillis. Un intérieur, des affaires intimes dévoilés, et la vérité surgit.
(Roman par Polanski, page 407)J'avais espéré que Jean-Pierre Rassam pourrait coproduire "Le Locataire", mais un seul regard me suffit pour renoncer à cette idée. La drogue avait réduit son poids de moitié et son vaste appartement - situé lui aussi dans le quartier des Champs-Elysées - était devenu un infect taudis habité par un étrange assortiment de ses copains drogués, dont l'un était médecin et fit par la suite une overdose [...]
Toujours cet attachement de Polanski pour les appartements, les lieux clos. Il les associent toujours à ses personnage, comme une espèce de représentations externes de ces derniers (ou capital culturel, comme dirait l'autre. Montres moi où tu habites, je te dirais qui tu es).
Une des exceptions, dans sa filmographie, reste "Chinatown". L'intérieur de la maison des Mulray n'est quasiment jamais montré, tout s'articule autour du jardin ; en extérieur. C'est également en extérieur que Huston reçoit Nicholson lors de leur première rencontre. Et d'ailleurs, quand Nicholson/Gittes veut entrer dans un nouvel endroit, on finit toujours par lui barrer le passage. On veut toujours tout cacher dans les maisons (la fille de l'inceste, la vieillesse...) Quand Dunaway avouera finalement la vérité, ce sera dans un salon remplit de malles, d'affaires et de fouillis. Un intérieur, des affaires intimes dévoilés, et la vérité surgit.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
En fait, c'est au moment où Trelkovsky est complètement ivre, hors de lui-même, chez Stella, qu'il tient son discours le plus sensé, en tout cas celui où il cerne le plus clairement quel est le problème, ce qu'implique ce problème de "location", d'être locataire :Dr Apfelgluck a écrit:Polanski suggère d'ailleurs, à quelques reprises, que Trelkovsky serait en fait alcoolique. Tout ne serait en fait qu'hallucinations et delirium tremens
Où passe la limite entre le moi et le corps, entre le dedans et le dehors, entre ce dehors qui n'est pas moi et ce dedans qui serait moi, rien que moi et rien qu'à moi, dont je serais l'unique propriétaire ? C'est effectivement tout le problème.“Tell me… At what precise moment does an individual stop being who he thinks he is? Cut off my arm. I say, “Me and my arm.” You cut off my other arm. I say, “Me and my two arms.” You…take out… take out my stomach, my kidneys, assuming that were possible… And I say, “Me and my intestines.” Follow me? And now, if you cut off my head… would I say, “Me and my head” or “Me and my body”?
What right has my head to call itself me? What right? ”
La métaphore courante, c'est celle de l’emboîtement : le moi est dans le corps comme dans une boîte. Le moi serait dans le corps comme un occupant dans son appartement et il regarde ce qui se passe au dehors comme un propriétaire installé chez lui regarde par la fenêtre ce qui se passe de l’autre côté.
Mais Polanski, il veut pas regarder ce qui se passe au dehors de la boîte : il veut regarder ce qui se passe dedans. Ou même, il veut savoir : où est cette fameuse boîte, ce boîtier interne à partir de quoi on puisse définir ce qui est le moi et ce qui n’est pas lui, ce qui est dedans et ce qui est dehors ? Est-ce que le corps est cette boîte ? le corps tout entier ou seulement une partie ? Et si c’est seulement une partie, est-ce la tête ? Est-ce que la tête est cette boîte ultime, celle au-delà de laquelle on ne peut plus aller, celle qu’on ne peut plus ouvrir ?
C’est un renversement de l’histoire de Fenêtre sur cour : non plus un « propriétaire » qui regarde, qui décrypte ce qui se passe au dehors, de l’autre côté de la fenêtre, mais un locataire qui se demande où est son chez-lui, qui est lui-même l’objet de tous les regards, qui est à lui-même le hiéroglyphe à déchiffrer.
La conclusion, c’est que le locataire, par définition, il n’est nulle part chez lui, il est en tout lieu comme son locataire provisoire en instance d'être mis dehors ; il n’est lui-même nulle part, ni dans son appartement, ni dans son corps, ni dans une partie de son corps. Son moi n’est dans aucune boîte : il est lui-même une boîte vide, le vide qui fait qu’il y a une boîte.
Ou bien, pour reprendre la dernière image du film, c’est une momie : si vous ouvrez son tombeau, vous la trouverez peut-être dedans. Mais si vous démaillotez la momie, dessous, vous ne trouverez rien : elle n’était rien d’autre que cette enveloppe, ce bandage que vous lui avez ôté.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
Merci Eyquem, c'est une belle approche, stimulante.
Qui me permet en outre de méditer sur un élément crucial dont, aussi incroyable que ça paraisse, je ne m'étais pas tellement préoccupé à l'époque.
Tout ça incite à penser qu'à la manière de Torrance dans Shining, qui a toujours été le gardien de l'hôtel, Trelkovsky a toujours été le locataire de cet immeuble.
Je l'avais certes "intuitionné" dans le plan final (la bouche qui crie), mais comme j'avais perçu cette fin comme relevant essentiellement d'une figure de style, une façon formelle et artificielle de "boucler la boucle", je n'y avais pas accordé bcp d'importance. Même, j'étais un peu déçu, par cette fin. Je me souviens avoir pensé: "mouais, un peu facile, ça...".
Déjà suffisamment inquiété comme ça par la seule idée du locataire s'identifiant à la locataire précédente, je ne m'étais pas ouvert à cette possibilité, encore plus terrifiante, vertigineuse, que T. ne fait que reparcourir la boucle close d'un temps déjà vécu, le sien. Il y avait pourtant bien des indices, mais je les avais tous plus ou moins négligés. ***
Qu'il soit lui-même depuis toujours cette boîte vide, le ruban entourant la momie, le hiéroglyphe à déchiffrer, soit encore la momie enfermée depuis toujours dans l'immeuble qui est son tombeau, etc: belle idée donc, affolante, qui fait "tilt" maintenant, des années après. Et ça me donne très envie de revoir le film.
C'était peut-être aussi dans le roman (le titre le suggère: "le locataire chimérique") mais je ne m'en souviens plus, je l'ai lu il y a bien trop longtemps...
***
- Qu'observent les habitants, figés, dans les toilettes?
Les toilettes, ce sont un peu comme des "oubliettes": on ne s'attarde pas trop, on y va déposer son caca et lui faire ses adieux en tirant la chasse. Dans cet immeuble, on semble pourtant bcp s'y attarder. C'est même un lieu privilégié de méditation. Une sorte de cimetière où les locataires se rendent pour se recueillir, ou prier: devant une stèle. Se souvenir, qui plus est, de quelque chose de très ancien, immémorial même, de l'ordre de quelque chose qui a été oublié, un secret dont les traces demeurent inscrites sur une crypte hiéroglyphique apparemment indécryptable.
On se souvient aussi de la locataire (avec sa fille estropiée) qui quitte l'immeuble en déposant, en guise d'adieu, son caca sur tous les paillassons du palier, sauf celui de T., parce que, lui dit-elle, c'est le seul "gentil". Une marque d'attention fort anxiogène pour T., puisqu'elle le désigne comme l'emmerdeur-coupable. Il s'empresse donc de prélever un peu de caca des autres paillassons pour en déposer sur le sien. Avec comme ramassette une carte postale. Faisant mes captures, je ne prends pas le temps de revoir le film. Eyquem, est-ce que cette carte postale n'était dans les affaires personnelles de Simone Choule, l'ancienne locataire de l'appartement?
L'apparition/dévoilement de Simone Choule. Séquence extraordinaire, que j'avais trouvée parmi les plus angoissantes:
J'avais loué récemment le dvd, et quand j'ai constaté qu'il était incopiable, j'étais tellement déçu que je l'ai rendu sans l'avoir visionné...
Ne connaissant que la version en français (l'originale, je suppose), une chose m'intrigue: ils la proposent aussi? Et les voix en anglais, c'est réussi?
Qui me permet en outre de méditer sur un élément crucial dont, aussi incroyable que ça paraisse, je ne m'étais pas tellement préoccupé à l'époque.
Tout ça incite à penser qu'à la manière de Torrance dans Shining, qui a toujours été le gardien de l'hôtel, Trelkovsky a toujours été le locataire de cet immeuble.
Je l'avais certes "intuitionné" dans le plan final (la bouche qui crie), mais comme j'avais perçu cette fin comme relevant essentiellement d'une figure de style, une façon formelle et artificielle de "boucler la boucle", je n'y avais pas accordé bcp d'importance. Même, j'étais un peu déçu, par cette fin. Je me souviens avoir pensé: "mouais, un peu facile, ça...".
Déjà suffisamment inquiété comme ça par la seule idée du locataire s'identifiant à la locataire précédente, je ne m'étais pas ouvert à cette possibilité, encore plus terrifiante, vertigineuse, que T. ne fait que reparcourir la boucle close d'un temps déjà vécu, le sien. Il y avait pourtant bien des indices, mais je les avais tous plus ou moins négligés. ***
Qu'il soit lui-même depuis toujours cette boîte vide, le ruban entourant la momie, le hiéroglyphe à déchiffrer, soit encore la momie enfermée depuis toujours dans l'immeuble qui est son tombeau, etc: belle idée donc, affolante, qui fait "tilt" maintenant, des années après. Et ça me donne très envie de revoir le film.
C'était peut-être aussi dans le roman (le titre le suggère: "le locataire chimérique") mais je ne m'en souviens plus, je l'ai lu il y a bien trop longtemps...
***
- Qu'observent les habitants, figés, dans les toilettes?
- Spoiler:
Les toilettes, ce sont un peu comme des "oubliettes": on ne s'attarde pas trop, on y va déposer son caca et lui faire ses adieux en tirant la chasse. Dans cet immeuble, on semble pourtant bcp s'y attarder. C'est même un lieu privilégié de méditation. Une sorte de cimetière où les locataires se rendent pour se recueillir, ou prier: devant une stèle. Se souvenir, qui plus est, de quelque chose de très ancien, immémorial même, de l'ordre de quelque chose qui a été oublié, un secret dont les traces demeurent inscrites sur une crypte hiéroglyphique apparemment indécryptable.
On se souvient aussi de la locataire (avec sa fille estropiée) qui quitte l'immeuble en déposant, en guise d'adieu, son caca sur tous les paillassons du palier, sauf celui de T., parce que, lui dit-elle, c'est le seul "gentil". Une marque d'attention fort anxiogène pour T., puisqu'elle le désigne comme l'emmerdeur-coupable. Il s'empresse donc de prélever un peu de caca des autres paillassons pour en déposer sur le sien. Avec comme ramassette une carte postale. Faisant mes captures, je ne prends pas le temps de revoir le film. Eyquem, est-ce que cette carte postale n'était dans les affaires personnelles de Simone Choule, l'ancienne locataire de l'appartement?
- Spoiler:
L'apparition/dévoilement de Simone Choule. Séquence extraordinaire, que j'avais trouvée parmi les plus angoissantes:
- Spoiler:
J'avais loué récemment le dvd, et quand j'ai constaté qu'il était incopiable, j'étais tellement déçu que je l'ai rendu sans l'avoir visionné...
Ne connaissant que la version en français (l'originale, je suppose), une chose m'intrigue: ils la proposent aussi? Et les voix en anglais, c'est réussi?
Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Dim 26 Aoû 2012 - 1:15, édité 6 fois
Invité- Invité
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
'soir B22B,
En fait, le film a été tourné en anglais, pour tous les rôles principaux ; même Adjani parle anglais. Par contre, les personnages secondaires (Balasko, Jugnot, Piéplu, etc) ont dû tourner en français et sont doublés dans la version en anglais ; mais à ce moment-là, je faisais plus trop gaffe, j'étais trop pris par le film.
Bref, il y a pas vraiment de version "originale" : y a du doublage dans les deux versions. Un problème à la Trelkovsky en somme, lol.
J'avais vu le film il y a bien longtemps et ce qui m'avait marqué, c'est que Trelkovsky se jette deux fois par la fenêtre, à la fin.
En le revoyant, je me suis dit qu'il fallait forcément mettre ça en rapport avec l'histoire de Vertigo (Madelene tombant deux fois du clocher), c'est-à-dire avec le mythe d'Orphée, et d'Eurydice deux fois perdue. Mais je me sens pas d'improviser là-dessus à c'te heure.
L'édition DVD est super sommaire : moi aussi je ne connaissais que la vf-vue-à-la-télé, et puis au bout de quelques minutes, j'ai bien vu que ça collait pas avec le mouvement des lèvres des acteurs.J'avais loué récemment le dvd, et quand j'ai constaté qu'il était incopiable, j'étais tellement déçu que je l'ai rendu sans l'avoir visionné...
Ne connaissant que la version en français (l'originale, je suppose), une chose m'intrigue: ils la proposent aussi? Et les voix en anglais, c'est réussi?
En fait, le film a été tourné en anglais, pour tous les rôles principaux ; même Adjani parle anglais. Par contre, les personnages secondaires (Balasko, Jugnot, Piéplu, etc) ont dû tourner en français et sont doublés dans la version en anglais ; mais à ce moment-là, je faisais plus trop gaffe, j'étais trop pris par le film.
Bref, il y a pas vraiment de version "originale" : y a du doublage dans les deux versions. Un problème à la Trelkovsky en somme, lol.
A ce titre, je pense que le film peut se voir comme un chaînon entre Vertigo et Shining.Déjà suffisamment inquiété comme ça par la seule idée du locataire s'identifiant à la locataire précédente, je ne m'étais pas ouvert à cette possibilité, encore plus terrifiante, vertigineuse, que T. ne fait que reparcourir la boucle close d'un temps déjà vécu, le sien.
Qu'il soit lui-même depuis toujours cette boîte vide, le ruban entourant la momie, le hiéroglyphe à déchiffrer, soit encore la momie enfermée depuis toujours dans l'immeuble qui est son tombeau, etc
J'avais vu le film il y a bien longtemps et ce qui m'avait marqué, c'est que Trelkovsky se jette deux fois par la fenêtre, à la fin.
En le revoyant, je me suis dit qu'il fallait forcément mettre ça en rapport avec l'histoire de Vertigo (Madelene tombant deux fois du clocher), c'est-à-dire avec le mythe d'Orphée, et d'Eurydice deux fois perdue. Mais je me sens pas d'improviser là-dessus à c'te heure.
Eyquem- Messages : 3126
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
La double tentative m'avait beaucoup impressionné, mais je n'en avais pas pensé a en faire un motif provenant du cinéma ou une citation.
Ce qui m'avait frappé dans le Locataire, c'est le fait que le plus faible n'arrive pas à mourir, un thème qui revient souvent chez Polanski.
Ce qui m'avait frappé dans le Locataire, c'est le fait que le plus faible n'arrive pas à mourir, un thème qui revient souvent chez Polanski.
Invité- Invité
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
Je développe un peu en rééditant, avec des captures. Et je te pose supra une question, Eyquem, au sujet de la provenance de la carte postale figurant la momie.
Invité- Invité
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
oh non, c'est bien pire : si tu te souviens, T reçoit la visite d'un soupirant de Simone Choule, et T est obligé de lui annoncer sa mort. Le soupirant éclate en sanglots, et dit que c'est trop bête, il allait enfin lui déclarer ses sentiments, il lui avait même envoyé une carte du musée de Louvre.Eyquem, est-ce que cette carte postale n'était dans les affaires personnelles de Simone Choule, l'ancienne locataire de l'appartement?
C'est cette carte postale que T reçoit :
- les cartes arrivent toujours "trop tard", et pas au bon destinataire
- et T trouve rien de mieux que d'utiliser cette carte d'amour pour ramasser de la merde. lol !
Eyquem- Messages : 3126
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
Eyquem a écrit:
J'avais vu le film il y a bien longtemps et ce qui m'avait marqué, c'est que Trelkovsky se jette deux fois par la fenêtre, à la fin.
En le revoyant, je me suis dit qu'il fallait forcément mettre ça en rapport avec l'histoire de Vertigo (Madelene tombant deux fois du clocher), c'est-à-dire avec le mythe d'Orphée, et d'Eurydice deux fois perdue. Mais je me sens pas d'improviser là-dessus à c'te heure.
Putain, deux fois, et moi qui comme un con me demandais pourquoi!
Cool, tout ça.
Je vais méditer là-dessus dans la pièce nocturne (fort heureusement privative) de mon appart, destinée à la fois à s'oublier et à se recueillir.
Invité- Invité
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
La carte ne vient donc pas de l'appart, mais il est plein d'objets égyptiens : un buste en plâtre, un cadre (qu'il décide de retirer d'ailleurs), des livres dans un tiroir.est-ce que cette carte postale n'était dans les affaires personnelles de Simone Choule, l'ancienne locataire de l'appartement?
Quand Trelkovsky se retrouve parmi les amis de Simone Choule, on lui rend "Le roman de la momie", qui lui appartenait.
On ne sait pas exactement en quoi consistent le boulot de Trelkovsky et encore moins celui de Simone Choule, mais ce qui est intéressant, c'est de voir que les deux personnages sont liés au milieu de l'art et de ses copies.
Dans les quelques scènes où T est au bureau, il travaille dans une pièce décorée d'affiches d'expos (Millet, Nadar...) : il a l'air de faire un boulot d'archiviste, un boulot administratif, en lien avec des musées (on ne sait pas s'il répertorie des oeuvres, des copies ou des affiches).
Or, tout ce qu'on apprend sur Simone Choule est en rapport avec l'art et les musées : non seulement "son" appart' est plein de reproductions, mais elle donnait ses rendez-vous galants à la galerie égyptienne du Louvre (si on en croit son soupirant). Et quand Trelkovsky se retrouve chez les amis de Stelle et Simone Choule, on voit avec insistance deux copies, recadrées, de "L'enlèvement des Sabines" de Poussin.
(on se souvient du rôle des tableaux, des copies, du musée dans Vertigo...)
Dernière chose, sur le sujet : on voit au moins à 5 reprises cette affiche quand T se promène dans les rues de Paris :
"La peinture lure"
Qu'est-ce que ça pourrait bien vouloir dire ?
Mais me reviennent des réminiscences de mes cours d'anglais :
lolLURE
nom
(=attraction) attrait
Keep him away from the lure of other women = Ne le laissez pas succomber au charme des autres femmes.
(for fish) appât
→ He caught a 6lb rainbow trout using a white lure.
verbe :
(=entice) (with bad intentions) attirer par la ruse, persuader par la ruse
to lure sb into sth [+trap, dangerous place] attirer qn dans qch
→ They were being lured into a trap
→ He had lured her into his room.
He lured her to his home. Il l'a attirée chez lui.
(=attract)
[+customers] attirer
to lure sb into [+shop, restaurant] attirer qn dans
→ They use low prices to lure customers into their superstores.
plans to lure viewers to the new channel un plan pour attirer les téléspectateurs vers la nouvelle chaîne
Tout est dit !
Image de rapt (cf "L'enlèvement des Sabines") et image qui rapte.
C'est juste des pistes (pour l'équipe de jour...)
Eyquem- Messages : 3126
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
Sur le blog "décadrage" plusieurs idées intéressantes, sous un angle psychanalytique peut-être réducteur, mais dont plusieurs éléments seraient éventuellement exploitables.
http://decadrage.com/2012/03/le-locataire/
J'aime assez ce développement-ci, qui exprime quelque chose de la sensation produite par l'apparition/dévoilement de la momie "Choule" (voir les captures supra):
http://decadrage.com/2012/03/le-locataire/
J'aime assez ce développement-ci, qui exprime quelque chose de la sensation produite par l'apparition/dévoilement de la momie "Choule" (voir les captures supra):
[...De Simone, la morte, nous ne savons qu’une chose : elle n’aimait pas les hommes. Ce désir négativement formulé mène nécessairement à s’interroger sur le désir de celui qui se voit comme son double (contraint et forcé par l’extérieur, certes, de son point de vue, mais on sait à quoi s’en tenir sur le point de vue du parano, parfaitement exact dès lors qu’on l’inverse) : Trelkovski aime-t-il les femmes ? Le fait est qu’il semble être d’une rare passivité en la matière. Stella, qui prendra l’entière initiative de la séduction, sera confrontée au moment de passer à l’acte à un long monologue de son partenaire sur le corps morcelé : s’il perdait un bras, resterait-il lui-même ? Et s’il perdait ses deux bras ? Et s’il perdait sa tête, (effectivement !), disparaîtrait-il alors totalement ? Un tel questionnement, forcément, ça calme l’envie de batifoler, aussi la séduction n’aboutira-t-elle pas. Parallèlement à l’effet d’absurdité produit par ces questions, s’exprime ainsi une incapacité à symboliser, à se saisir lui-même comme une chair, comme une entité psychique liée au corps certes, mais irréductible à celui-ci. La psyché tient par le désir, et une scène en particulier nous montre que le désir, pour Trelkovski, est insupportablement lié à une culpabilité qui le menace de désintégration. Pendant les funérailles de Simone, Polanski restitue les hallucinations dont le locataire est victime, fusillé du regard par un Jésus crucifié qui lui hurle sa vindicte vengeresse : « Tu pueras comme une charogne lubrique, tu seras dévoré par les vers, etc etc… » Si ce brave Trelkovski semble inapte à accepter le désir sans une affolante culpabilité, il semble tout aussi incapable d’accomplir les plus primaires fonctions biologiques. Les fameuses toilettes, centrales dans l’organisation spatiale et narrative du film, ne lui servent bizarrement à aucun moment, comme si rien, jamais, ne sortait de son corps. La seule fois où nous le voyons s’y rendre, c’est à seule fin de vérifier que quelqu’un s’y trouve pour ensuite halluciner sa propre image qui l’observe immobile depuis la chambre qu’il vient de quitter. A-t-il vraiment un corps ? Dès lors qu’il se voit partout, doué du don d’ubiquité, il n’est nulle part, et on peut douter à ce titre qu’il soit lui-même certain d’être de chair et de sang. Il est une silhouette, un reflet désincarné, chez qui l’absence de désir constitue une garantie de survie.
Trelkovski est donc une énigme : déraciné, sans traits particuliers, c’est au sens propre du terme un homme sans histoires et sans histoire. Or, le film se réfère de façon récurrente à l’Egypte ancienne, au moins autant qu’aux reflets dans le miroir, et d’ailleurs souvent de façon concomittente. Devons-nous croire Polanski, qui explique ces références de la façon la plus anodine qui soit, en évoquant la passion de Gérard Brach, son co-scénariste, pour l’égyptologie ? May be, may be. Admettons aussi qu’un artiste éprouve une aversion certaine envers toute velléité interprétative de son œuvre, forcément réductrice. Il n’est en tout cas pas anodin de présenter un cas de folie en se référant aux hiéroglyphes égyptiens, sachant que Freud considéra très tôt les symptômes hystériques de ses patientes comme des pictogrammes, allant même jusqu’à comparer l’hystérie à l’écriture égyptienne. Les rêves, les symptômes, comme les hiéroglyphes, expriment un sens caché qu’il convient de mettre à jour. Le lien entre archéologie, écriture égyptienne et prémices de la psychanalyse, formulé par Freud lui-même, se retrouve dans le film, lorsque Trelkovski hallucine Simone emmaillotée dans des bandelettes, qui peu à peu découvre sa tête jusqu’à ressembler aux hystériques incantatoires de la fin du 19ème siècle, photographiées à la Salpêtrière. De toutes les silhouettes qui hantent les toilettes de l’immeuble, elle est la seule à bouger, la seule que l’on voie de près, séductrice et provocante. Cette vision sera d’ailleurs suivie du travestissement de Trelkovski, premier signe extérieur de sa folie.
Ce travestissement, pourtant, n’est pas réductible à un trouble de l’identité sexuelle. Il comporte une dimension ludique (lorsque Trelkovski mime un dialogue féminin sur les chaussures qu’il vient d’acheter) et une tentative de reprise en main pour le personnage : ses voisins prétendent le transformer en femme, eh bien soit, il va les devancer ! Ce déguisement a donc aussi valeur de défi, défi qui s’apparente à la transgression carnavalesque et à la tradition théâtrale : l’inquiétante fillette jouée par Eva Ionesco sera déguisée en bouffon du roi, les voisins-persécuteurs deviendront le temps d’une scène des spectateurs enthousiastes, la cour de l’immeuble une salle de théâtre à l’italienne, et Trelkovski, la star attendue par son public. Une star très perfectionniste, puisqu’elle devra s’y reprendre à deux fois avant de réussir son numéro de saut de l’ange….
Invité- Invité
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
Presque synchros... Je fouillais dans les catacombes du net pendant que tu investiguais sur le roman de la momie et les peintures-lures.
On va dormir là-dessus.
ça me fait penser à Dupont et Dupond dans Le temple du soleil, cherchant Tintin en Égypte à l'aide de leur pendule (p. 57).
On va dormir là-dessus.
ça me fait penser à Dupont et Dupond dans Le temple du soleil, cherchant Tintin en Égypte à l'aide de leur pendule (p. 57).
Invité- Invité
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
BB a écrit:Presque synchros... Je fouillais dans les catacombes du net pendant que tu investiguais sur le roman de la momie et les peintures-lures.
On va dormir là-dessus.
ça me fait penser à Dupont et Dupond dans Le temple du soleil, cherchant Tintin en Égypte à l'aide de leur pendule (p. 57).
Debout soldat, sonnez clairons ; le rossignol chante et une nouvelle aube nous est née !
Merci pour l'article, je connaissais pas ce site :
Quand Trelkovsky est chez les amis de Stella, il se fait draguer par le propriétaire du lieu (qui explique que l'appart' est à son "frère", parti en voyage pour un an, mais on a des raisons d'en douter, vu le regard qu'il pose sur T.)décadrage a écrit:De Simone, la morte, nous ne savons qu’une chose : elle n’aimait pas les hommes. Ce désir négativement formulé mène nécessairement à s’interroger sur le désir de celui qui se voit comme son double (contraint et forcé par l’extérieur, certes, de son point de vue, mais on sait à quoi s’en tenir sur le point de vue du parano, parfaitement exact dès lors qu’on l’inverse) : Trelkovski aime-t-il les femmes ? Le fait est qu’il semble être d’une rare passivité en la matière.
Le tableau de Poussin est aussi un contrepoint ironique à cette "passivité" du personnage que souligne l'article : T. est incapable d'enlever celle qu'il désire, alors même qu'elle lui fait des avances explicites.
C'est comme si Trelkovsky était un mauvais Champollion, comme s'il ne savait pas décoder les signes, ou pire, inversait leur sens de lecture : sa folie grandissant, il retourne tous les signes de sollicitude, de bienveillance, en signes d'agression. (cf la scène de l'accident de voiture, à la fin, avec les deux braves vieux, auxquels il superpose les visages des odieux M. Zy et Mme Dioz) (A ce titre, la scène où Stella le recueille chez elle, prend soin de lui, alors qu'il est au fond du trou, devient vraiment tragique quand il se met à démolir tout son appartement, parce qu'il déchiffre cette bienveillance comme le signe même qu'elle participe au complot.)
Dernière édition par Eyquem le Dim 26 Aoû 2012 - 12:28, édité 2 fois
Eyquem- Messages : 3126
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
Sur le site, Decadrage, ils ont choisi une image qui m'en rappelle d'autres :
cf les images postées par Borges :de Nosferatu à 2001 et Shining
C'est vrai que Trelkovsky a aussi quelque chose d'un vampire (mais alors, ce serait un vampire qui perd ses dents, lol)
Yeah, Nosferatu : walk like an Egyptian !
cf les images postées par Borges :de Nosferatu à 2001 et Shining
C'est vrai que Trelkovsky a aussi quelque chose d'un vampire (mais alors, ce serait un vampire qui perd ses dents, lol)
- Spoiler:
Yeah, Nosferatu : walk like an Egyptian !
Eyquem- Messages : 3126
Re: Le locataire (Polanski) : la vie des momies
Il y a des renvois au "Locataire" dans ce récent court-métrage publicitaire de Polanski (produit par Prada, sans commentaires).
Dès les premières secondes, nous sommes bien chez Polanski : un appartement bien meublé, un calme détruit par l'intrusion d'un personnage externe etc...
Les motifs et symboles de l'Egypte antique reviennent un peu partout (d'ailleurs, dans "Carnage" Foster avait des livres sur le Nil dans une étagère). Quand Kingsley est devant le miroir avec le manteau, j'ai tout de suite pensé à la "transformation" de Polanski en Choule.
Le rôle de l'écriture : Kingsley prend sa plus belle plume pour ses notes ou sa correspondance, par contre pour sa patiente ce n'est qu'un vulgaire stylo qu'il s'amuse à faire grandement résonner. L'écriture, les signes, Champollion tout cela ?
Bonham Carter a également un peu des air d'Adjian ici.
Dr. Apfelgluck- Messages : 469
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