Kapo, la maison cinéma, l'éthique et le monde.
Kapo, la maison cinéma, l'éthique et le monde.
Je parcours en ce moment le dernier volume paru de "la maison cinéma et le monde" (Daney); je l'ouvre au hasard, et je tombe bien entendu sur un passage où il est question du fameux texte de Rivette sur le travelling imaginaire de Kapo.
“Voyez cependant, dans Kapo, le plan où Riva se suicide, en se jetant sur les barbelés électrifiés ; l’homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling-avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d’inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n’a droit qu’au plus profond mépris”
(Rivette, “De l’abjection”, Cahiers, n°120, juin 1961).
“Au nombre des films que je n’ai jamais vus (...) il y a l’obscur Kapo. Film sur les camps de concentration, tourné en 1960 par l’Italien de gauche Gillo Pontecorvo, Kapo ne fit pas date dans l’histoire du cinéma. Suis-je le seul, ne l’ayant jamais vu, à ne l’avoir jamais oublié ? Car je n’ai pas vu Kapo et en même temps je l’ai vu. Je l’ai vu parce que quelqu’un – avec des mots – me l’a montré.”
(Serge Daney, “Le travelling de Kapo”, Trafic, n°4, automne 1992)
"Rivette écrit dans les Cahiers un texte fondateur pour moi où il explique, à propos de Kapo de Pontecorvo (film sur les camps), que l'on est en droit de dire d'un cinéaste qui fait un léger travelling de recadrage sur le visage d'une déportée mourante afin qu'il se loge plus joliment dans un bord cadre : "Cet homme est digne du plus profond mépris".
(Serge Daney, la maison cinéma et le monde, 3., p.11)
cette invention, cette main, ce visage, toute cette description, d'où ça vient? Qu'est-ce que le texte de Rivette a bien pu montrer à Daney, et qu'il n'y a pas dans le film ?
“Voyez cependant, dans Kapo, le plan où Riva se suicide, en se jetant sur les barbelés électrifiés ; l’homme qui décide, à ce moment, de faire un travelling-avant pour recadrer le cadavre en contre-plongée, en prenant soin d’inscrire exactement la main levée dans un angle de son cadrage final, cet homme n’a droit qu’au plus profond mépris”
(Rivette, “De l’abjection”, Cahiers, n°120, juin 1961).
“Au nombre des films que je n’ai jamais vus (...) il y a l’obscur Kapo. Film sur les camps de concentration, tourné en 1960 par l’Italien de gauche Gillo Pontecorvo, Kapo ne fit pas date dans l’histoire du cinéma. Suis-je le seul, ne l’ayant jamais vu, à ne l’avoir jamais oublié ? Car je n’ai pas vu Kapo et en même temps je l’ai vu. Je l’ai vu parce que quelqu’un – avec des mots – me l’a montré.”
(Serge Daney, “Le travelling de Kapo”, Trafic, n°4, automne 1992)
"Rivette écrit dans les Cahiers un texte fondateur pour moi où il explique, à propos de Kapo de Pontecorvo (film sur les camps), que l'on est en droit de dire d'un cinéaste qui fait un léger travelling de recadrage sur le visage d'une déportée mourante afin qu'il se loge plus joliment dans un bord cadre : "Cet homme est digne du plus profond mépris".
(Serge Daney, la maison cinéma et le monde, 3., p.11)
cette invention, cette main, ce visage, toute cette description, d'où ça vient? Qu'est-ce que le texte de Rivette a bien pu montrer à Daney, et qu'il n'y a pas dans le film ?
Borges- Messages : 6044
Re: Kapo, la maison cinéma, l'éthique et le monde.
La suite est plus intéressante : "C'est un sentiment très fort qu'un jeune, peut-être, n'aurait plus aujourd'hui. Pourquoi? Parce que justement Rivette parlait de représentation. Il se "représentait" à la place de la caméra, bougeant par rapport au cadavre pour mieux le voir, et il se désolidarisait de ce mouvement-là parce que, dans la réalité, il se voyait pas le faire. "
(Daney, même livre, même page)
c'est bien vu, mais imaginons que ça s'est passé comme ça dans la tête de Rivette; que fait la caméra? Elle s'approche, parce qu'elle ne sait pas, elle veut voir, et elle s'arrête, avant même d'être arrivée, parce qu'elle sait qu'il y a rien à faire; Comme on le ferait tous; elle s'approche, elle voit et reste interdite; travelling interdit, en un tout autre sens, alors.
(Daney, même livre, même page)
c'est bien vu, mais imaginons que ça s'est passé comme ça dans la tête de Rivette; que fait la caméra? Elle s'approche, parce qu'elle ne sait pas, elle veut voir, et elle s'arrête, avant même d'être arrivée, parce qu'elle sait qu'il y a rien à faire; Comme on le ferait tous; elle s'approche, elle voit et reste interdite; travelling interdit, en un tout autre sens, alors.
Borges- Messages : 6044
Re: Kapo, la maison cinéma, l'éthique et le monde.
je préfererais, vu l'atmosphère, Kopa, l'éthique et le monde.
Invité- Invité
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