Au-delà des Mondes, des Spectres
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Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
wootsuibrick a écrit:Je me suis pas identifié à cette ligne, tout en aimant trainer et écrire ici, comme j'ai aimé trainer et écrire sur le forum des cahiers. Sans doute n'aurais-je pas dû... et me contenter du forum plutôt que de monter dans la partie privé. Je devrais peut-être me désinscrire histoire d'être cohérent...Baudouin II de Barvaux a écrit:
Très simplement, de deux choses l'une:
- ou Woot et SP n'ont JAMAIS rien compris à la ligne directrice, singulière, caractérisant les Spectres depuis leur création. Ligne éditoriale, aussi bien du forum que de la revue, et ils sont en effet aussi naïfs qu'aveugles. Ou ils feignent de ne l'avoir jamais comprise.
D'un côté un courier des lecteurs qui se comporte comme le Présidium du PC slovaque en 1969 ("heu...moi-même je ne connais pas exactement quelle est la ligne, mais comme vous n'avez jamais été dedans, inutile de perdre mon temps à vous l'expliquer, c'est juste qu'il serait bien que vous en soyiez exclus, enfin c'est mon avis hein..."), de l'autres des attaqués qui n'assument rien et qui prétendent qu'il est nomal que l'on s'adresse à eux d'une telle façon.
C'est Pierre Léon qui disait que le malheur avec la politique des auteurs c'était pas la politique, mais les politiciens.
Ahum.
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Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
Tony le Mort a écrit:wootsuibrick a écrit:Je me suis pas identifié à cette ligne, tout en aimant trainer et écrire ici, comme j'ai aimé trainer et écrire sur le forum des cahiers. Sans doute n'aurais-je pas dû... et me contenter du forum plutôt que de monter dans la partie privé. Je devrais peut-être me désinscrire histoire d'être cohérent...Baudouin II de Barvaux a écrit:
Très simplement, de deux choses l'une:
- ou Woot et SP n'ont JAMAIS rien compris à la ligne directrice, singulière, caractérisant les Spectres depuis leur création. Ligne éditoriale, aussi bien du forum que de la revue, et ils sont en effet aussi naïfs qu'aveugles. Ou ils feignent de ne l'avoir jamais comprise.
D'un côté un courier des lecteurs qui se comporte comme le Présidium du PC slovaque en 1969 ("heu...moi-même je ne connais pas exactement quelle est la ligne, mais comme vous n'avez jamais été dedans, inutile de perdre mon temps à vous l'expliquer, c'est juste qu'il serait bien que vous en soyiez exclus, enfin c'est mon avis hein..."), de l'autres des attaqués qui n'assument rien et qui prétendent qu'il est nomal que l'on s'adresse à eux d'une telle façon.
C'est Pierre Léon qui disait que le malheur avec la politique des auteurs c'était pas la politique, mais les politiciens.
Ahum.
Sauf que j'ai perdu mon temps à l'expliquer, dans le détail, en long et en large, en ajoutant qu'il n'est nullement question de l'exclure, étant donné qu'il revendique que son truc n'a rien à voir avec l'aut'truc. A l'inverse "sa" propre "ligne", il ne semble pas bien la connaitre exactement, mais c'est son prob. Et pour son peu de participation au forum, qui consiste essentiellement à s'en servir comme vitrine publicitaire pour son truc, personne ne songe à le lui interdire, même si la commission culturelle répressive et identitaire estime pouvoir s'autoriser à la commenter, ce qui est quand-même la moindre des choses.
Merci Tony, donc, pour ta synthèse utile, remarquable & objective. Et marrante, faut le dire. Je soufflerai un mot à la cellule Information & propagande, pour te nommer au poste de préposé au greffe des procès verbaux.
Sur ce, nous allons tous nous reposer. Garde bien la boutique.
BB, commissaire politique en partance pour le club-med.
Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Mer 17 Avr 2013 - 21:59, édité 1 fois
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Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
Baudouin II de Barvaux a écrit:
Sauf que j'ai perdu mon temps...
Comme le disait Sam Karmann: certes...
Invité- Invité
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
... Et obviously.
(ma valise est quasiment bouclée, là, le temps de remettre la main sur ma crème à bronzer... Bonne nuit, Karamaat)
(ma valise est quasiment bouclée, là, le temps de remettre la main sur ma crème à bronzer... Bonne nuit, Karamaat)
Invité- Invité
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
A l'intention de DB qui souhaite ardemment "interroger les envies et sensibilités" (mais je doute qu'elles soient en mesure de répondre - y'a pas, faut en passer par les personnes), j'ai fait un petit digest de ce qui dans ce topic a pu ressembler à l'articulation d'un argument, qui est entièrement le fait de Jerzy (désolé pour le caviardage) et moi-même, le tout soigneusement expurgé de quoi que ce soit qui pourrait tendre à risquer de créer des déchirements internes ou externes. Le tout forme une suite de mots, à valeur prescriptive certes assez molle, mais qui est semble-t-il le sujet du débat.
Pourquoi personne ne semble pouvoir lire ces mots sur l'écran, ça me dépasse. Peut-être que cette esquisse de projet commun est-elle encore trop cousue de mots creux et de voeux pieux. "Rejetons le partage entre une Critique active et un consommateur passif" : qui souhaiterait le contraire ?, comme disait Keaton à Chaplin. Et qu'est-ce que ça pourrait bien impliquer, d'abord ? A mon sens, ça impliquerait pour commencer de renoncer largement à l'ambition de publier, à échéances fixes ou aléatoires, une bien belle revue de cinéma. Non mais c'est vrai, d'abord, pour commencer, le niveau n'a jamais réellement été là. Borges est super fortiche, et Jerzy épatant ; à eux deux ils pourraient facile en faire une, oui, mais ça ne serait toujours pas les Spectres. Je veux dire, et j'ai déjà dit ça avant, que le projet de publier une revue devrait dépendre de ce qui surgit du forum. Il faudrait envisager de publier ce qui se passe sur le forum, et seulement s'il se passe quelque chose sur le forum. C'est dans ce sens-là que ça devrait aller et pas dans l'autre sens. C'est la première implication de la volonté d'appliquer un refus de la division de la parole. Si on renonce à une organisation de ce genre, alors oui on fait comme Mad Movies ou je ne sais qui, on a une team de rédacteurs, les Experts, et à côté un courrier des lecteurs. Et là, non seulement on affiche une ambition politique égale à zéro, mais de plus on n'a même pas le niveau. Notre revue doit être celle qui a publié les plus belles croûtes textuelles depuis l'invention de la Critique, à commencer par les miennes. Et une fois rendus là, en effet il devient d'une nécessité palpable d'accepter le moindre article qui tomberait de la poche de Frodon, histoire de tenter de sauver les meubles et de garder une apparence de crédibilité. Tout ça parce qu'on met la charrue avant les boeufs ; parce qu'on fait une erreur essentielle sur ce que nous sommes.
D'autre part, ce qui surgit des forums c'est toujours plus ou moins la guerre. N'est-ce pas, bande de vieux briscards ? A chaque fois qu'une chose un peu amusante ou originale a été dite, qu'on a retrouvé un peu de tension dans la lecteure et l'écriture, c'était dans le cadre d'affrontements d'une sauvagerie variable. C'est ce qui rend d'autant plus ridicules les postures de vierges effarouchées qu'on a pu voir ici. Ben oui, la critique, la vraie, celle qui a des enjeux, est une matière extrêmement volatile, la critique c'est polémique. Et une bonne polémique n'arrive jamais par hasard, est au contraire toujours située précisément sur la ligne de fracture politique, là où il y a du différend, là où ça se passe. Il n'a jamais ici été question d'autre chose. Je remarque par ailleurs que depuis que la rédaction s'est lancée dans un exposé fédérateur sur l'oeuvre fédératrice de Malick, nous semblons nous diriger à grands pas vers notre disparition totale. Les spectres surgissent sur les champs de bataille, là où il y a du différend, seulement quand ça en vaut la peine ; ils ne sont pas là pour débiter du culturel à échéances programmées, ni pour voler au secours du succès, ni pour expliquer au public reconnaissant ce qu'ils convient d'apprécier ou non dans la production cinématographique semestrielle.
Evidemment, c'est un programme d'une précarité épouvantable, un anti-programme. Mais d'un autre côté, si certains veulent, peuvent et savent comment devenir des critiques rémunérés, il leur apparaît de plus en plus nettement que ça ne peut pas être ici. Ce qui ne leur interdit nullement par ailleurs de passer, et de participer. "N'importe qui" : oui ; ça veut dire que si Frodon himself venait poster ici, il ne serait pas banni, lui ; il devrait effectivement, je l'espère en tout cas, subir un certain nombre de vexations et de lazzis, mais ça ne lui ferait pas mal, je suis même convaincu que ça lui ferait du bien, et qu'il ne s'en porterait que mieux au bout de l'exercice. "N'importe qui" : oui bien sûr, mais où ? ici, et pas dans les salons feutrés, et très privés, de l'édition, même la plus indépendante. La seule chose ayant réellement un rapport avec "les Spectres" et présentant un tant soit peu d'intérêt, c'est dans ce topic qu'on la trouve, sur la période récente. Le reste relève d'un malentendu fondamental, visant à nous faire passer pour l'avant-garde de la critique alors qu'à aucun moment n'a été développée ici la moindre ligne cohérente en matière d'esthétique ou de quoi que ce soit d'autre.
Pourquoi personne ne semble pouvoir lire ces mots sur l'écran, ça me dépasse. Peut-être que cette esquisse de projet commun est-elle encore trop cousue de mots creux et de voeux pieux. "Rejetons le partage entre une Critique active et un consommateur passif" : qui souhaiterait le contraire ?, comme disait Keaton à Chaplin. Et qu'est-ce que ça pourrait bien impliquer, d'abord ? A mon sens, ça impliquerait pour commencer de renoncer largement à l'ambition de publier, à échéances fixes ou aléatoires, une bien belle revue de cinéma. Non mais c'est vrai, d'abord, pour commencer, le niveau n'a jamais réellement été là. Borges est super fortiche, et Jerzy épatant ; à eux deux ils pourraient facile en faire une, oui, mais ça ne serait toujours pas les Spectres. Je veux dire, et j'ai déjà dit ça avant, que le projet de publier une revue devrait dépendre de ce qui surgit du forum. Il faudrait envisager de publier ce qui se passe sur le forum, et seulement s'il se passe quelque chose sur le forum. C'est dans ce sens-là que ça devrait aller et pas dans l'autre sens. C'est la première implication de la volonté d'appliquer un refus de la division de la parole. Si on renonce à une organisation de ce genre, alors oui on fait comme Mad Movies ou je ne sais qui, on a une team de rédacteurs, les Experts, et à côté un courrier des lecteurs. Et là, non seulement on affiche une ambition politique égale à zéro, mais de plus on n'a même pas le niveau. Notre revue doit être celle qui a publié les plus belles croûtes textuelles depuis l'invention de la Critique, à commencer par les miennes. Et une fois rendus là, en effet il devient d'une nécessité palpable d'accepter le moindre article qui tomberait de la poche de Frodon, histoire de tenter de sauver les meubles et de garder une apparence de crédibilité. Tout ça parce qu'on met la charrue avant les boeufs ; parce qu'on fait une erreur essentielle sur ce que nous sommes.
D'autre part, ce qui surgit des forums c'est toujours plus ou moins la guerre. N'est-ce pas, bande de vieux briscards ? A chaque fois qu'une chose un peu amusante ou originale a été dite, qu'on a retrouvé un peu de tension dans la lecteure et l'écriture, c'était dans le cadre d'affrontements d'une sauvagerie variable. C'est ce qui rend d'autant plus ridicules les postures de vierges effarouchées qu'on a pu voir ici. Ben oui, la critique, la vraie, celle qui a des enjeux, est une matière extrêmement volatile, la critique c'est polémique. Et une bonne polémique n'arrive jamais par hasard, est au contraire toujours située précisément sur la ligne de fracture politique, là où il y a du différend, là où ça se passe. Il n'a jamais ici été question d'autre chose. Je remarque par ailleurs que depuis que la rédaction s'est lancée dans un exposé fédérateur sur l'oeuvre fédératrice de Malick, nous semblons nous diriger à grands pas vers notre disparition totale. Les spectres surgissent sur les champs de bataille, là où il y a du différend, seulement quand ça en vaut la peine ; ils ne sont pas là pour débiter du culturel à échéances programmées, ni pour voler au secours du succès, ni pour expliquer au public reconnaissant ce qu'ils convient d'apprécier ou non dans la production cinématographique semestrielle.
Evidemment, c'est un programme d'une précarité épouvantable, un anti-programme. Mais d'un autre côté, si certains veulent, peuvent et savent comment devenir des critiques rémunérés, il leur apparaît de plus en plus nettement que ça ne peut pas être ici. Ce qui ne leur interdit nullement par ailleurs de passer, et de participer. "N'importe qui" : oui ; ça veut dire que si Frodon himself venait poster ici, il ne serait pas banni, lui ; il devrait effectivement, je l'espère en tout cas, subir un certain nombre de vexations et de lazzis, mais ça ne lui ferait pas mal, je suis même convaincu que ça lui ferait du bien, et qu'il ne s'en porterait que mieux au bout de l'exercice. "N'importe qui" : oui bien sûr, mais où ? ici, et pas dans les salons feutrés, et très privés, de l'édition, même la plus indépendante. La seule chose ayant réellement un rapport avec "les Spectres" et présentant un tant soit peu d'intérêt, c'est dans ce topic qu'on la trouve, sur la période récente. Le reste relève d'un malentendu fondamental, visant à nous faire passer pour l'avant-garde de la critique alors qu'à aucun moment n'a été développée ici la moindre ligne cohérente en matière d'esthétique ou de quoi que ce soit d'autre.
Ce que "l'hypothèse-spectres" - on n'ose plus parler de projet - contenait et impliquait. Mais il a toujours été clair pour tout le monde que cette hypothèse-spectres, aussi floue fût-elle, c'était l'indépendance, la voix de la rumeur forumique, faire entendre d'autres voix que les voix autorisées... Depuis l'époque du forum des Cahiers, cette hypothèse-spectres était celle d'une écriture différente, d'une expérience collective, qui passait par un certain nombre de refus. Il était clair qu'on refusait de faire comme si on savait, comme si on était Burdeau ou Frodon, un professionnel de la profession toujours prêt à dégainer sa critique et à débiter ses avis autorisés. On était sensé vouloir faire autre chose, on ne savait même pas encore quoi, c'était une position de principe... ne serait-ce que celle de s'offrir le luxe du dilettantisme. Il ne s'agissait pas de ressentiment envers les élites triomphantes, comme ce méchant Frodon a osé nous en a accuser récemment, mais tout le contraire, plutôt une affaire d'humilité.
*
Ah oui, comment essayait-on de théoriser tout ça, déjà ? Les anonymes et pseudonymes, Versus les Noms connus de la Critique. Les palettes de critiques indignés qu'on a dû se taper, horrifiés qu'ils étaient de voir circuler cette parole impure, non cadrée... exigeant qu'on donne les noms, et les adresses avec, le fichage de tous les forumeurs. Mais peut-être que ça ne mène nulle part d'essayer de revendiquer le camp des voix anonymes.
*
Tout simplement parce que le différend est fondamental. Le discours d'un JMF, lui ou un autre, consiste à servir la soupe consensuelle du "fédérons tous ensemble nos efforts pour bâtir un monde meilleur où chacun tient naturellement sa place, vous dans le rôle du consommateur passif manquant de repères, et moi dans le rôle de l'éducateur qui les lui donne" - selon un "partage du sensible" sur lequel, bien sûr, y a bcp à dire.
*
"Le problème je crois n'est pas le partage critiques officiels, critiques non officiels, pseudonymes, et grands noms, c'est d'un manichéisme un peu concon... c'est le ton des textes."
Grave erreur, au contraire tout est là... du moins dans ce qui fait la singularité des spectres, fondés sur l'idée même d'échange forumique, et de refus du partage entre paroles autorisées et parole impure. Fondés précisément sur la constatation que, quelle que soit la qualité des discours qui pouvaient circuler sur le forum des cahiers du cinéma, les rédacteurs de la revue n'y mettaient pas les pieds. Borges s'amusait à les interpeller, mais en aucun cas ils n'auraient pu condescendre à risquer leur statut, à mettre en jeu leur position, à venir répondre en personne. Ce qui est bien humain ma foi ; mais c'est tout de même l'expérience, concrète et fondamentale, sur quoi reposait toute l'idée des spectres.
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Car ce que les spectres faisaient depuis le début c'était bien cela : c'était bien, comme dit JM, pour Borges et pour "le nombre incalculable de fois où lui s'est mouillé, a répondu de nos textes, remarques, positions à tous, plus ou moins pertinents, ici ou là, face à des interlocuteurs parfois nettement moins cons que Frodon" qu'une communauté tendait à se faire jour. Pour la peine prise à parler avec n'importe qui, plutôt qu'à ses interlocuteurs réservés, ceux qui en savent autant que soi, ceux dont la voix a la même portée. Il ne s'agissait aucunement des cahiers, combien de fois faudra-t-il le dire, mais de ce que l'expérience qui avait eu lieu avec eux nous apprenait.
*
Si les Spectres, en tant que collectif, œuvrant au sein de leur revue et sur le forum, ça a, avait, a toujours un sens, surtout de plus en plus fantômatique, c'est dans une base de refus et de volonté communs.
Refus d'une division, d'une distribution sociale, politique et idéologique œuvrant au cœur du "champ esthétique", mise en scène par les acteurs d'un savoir-discours "organique" de "spécialistes", entre eux-mêmes et la "masse" anonyme des consommateurs non-critiques, ignares, passifs, attendant des premiers les repères, les lumières, directions pour penser-voir-sentir-apprécier. Et désir, volonté, de déplacer ces partages, divisions, distributions.
Cette division n'a rien à voir avec la division entre la "critique indépendante" et la "critique institutionnelle".
Ce partage du champ esthétique entre les Savants et les Ignares, les Actifs et les Passifs, les Légitimes et les Illégitimes, ceux qui instruisent et ceux qu'on instruit, on l'a assez souligné, depuis les analyses de Rancière, a pour fonction première et essentielle de réifier, dupliquer, perpétuer la division sociale et politique entre dominés et dominants, sous couvert de la réduire: il y a ceux qui possèdent le Savoir critique qui libère - de l'aliénation, de l'obscurantisme, du consumérisme, etc- et ceux qui sans ces derniers ne pourraient s'en libérer. C'est du maintien même de cette distribution, de cette division, que les Acteurs auto-institués d'un Savoir "émancipateur" tirent leur légitimité, la justification, la validation de leurs prérogatives et de leurs privilèges organiques. C'est sur la mise en scène de la pérennité de cette division même que les ordres de "spécialistes" tirent la justification de leurs "compétences", la garantie de leur "sérieux" et de leur "profession".
On le sait encore, le maintien de ce clivage repose aussi essentiellement sur la mise en scène - dans le discours véhiculé par les instances médiatiques inquiètes du discrédit planant sur leur légitimité et soucieuses de conserver leur unicité organique - , d'une menace lancinante représentée par le net, la dispersion ou la dissolution des compétences par la masse obscure et inculte, vengeresse, pleine de ressentiment-jalousie haineux- de tous les anonymes sans nom s'autorisant à parler-discourir-critiquer-penser sans l'autorisation des instances habilitées pour le faire.
Cette base - non négociable - de refus du partage institué, et de désirs de le déplacer, qui a fait l'existence d'un "agencement collectif d'énonciation" comme les Spectres, a toujours été de nature fondamentalement politique.
Le "projet" Spectres, "l'hypothèse" Spectres - leur ambition - n'a donc jamais été de proposer par sa revue un "produit" axiologiquement neutre", offrant les garanties de respectabilité de "toute revue sérieuse digne de ce nom" (pour reprendre une expression de Pichelin, il y a peu) participant à cette grande fiction vertueuse, unanimiste, consensuelle, purement fabriquée par le discours idéologique superstructurel des ayant-droit médiatiques dominants: une saine émulation constructive, entrepreneuriale et fédératrice, où tous les ptits gars et ptites gates du monde, se tenant par la main et regardant ensemble dans la même direction - comme disait Saint-Exupery - apportent leur petite pierre, chacun selon son domaine de "capacité" et de "spécialité" équitablement réparties et ordonnées; au-delà des logiques de groupes, au-delà des distinctions de classes, au-delà des fâcheux et corporatistes clivages "identitaires" qui dressent les cloisons et des ghettos entre tous les hommes et femmes de bonne volonté; empêchant tout ce petit brave monde de voir plus haut, plus beau, se retrousser les manches, tous unis vers Cythère dans l'espoir beau d'édifier le meilleur des mondes possibles, un "refuge", une "maison d'amour et de mots".
*
Je me disais que parler de parole autorisée/impure n'est pas assez clair, car ce dont il est question, c'est de parole exposée ou protégée. Une parole protégée, c'est une parole émise d'un lieu qui ne souffre pas la discussion. Par exemple quand un texte se publie dans les cahiers [ou Traffic, non seulement les lecteurs, a priori braves moutons étudiants ou apparentés, ne moufteront mot, prendront le texte pour fait acquis ; mais la concurrence fera de même, chaque journal ayant son créneau réservé. Chaque journaliste en titre annône dans son créneau, s'adressant tantôt au puriste, tantôt au bleu. La parole est ainsi bien tenue, et ne souffre aucune contradiction. Personne ne débat. La parole vise un public et le trouve ; le public sera content d'en avoir pour son argent, rien n'aura été dit. Bonne opération économique, zéro contradiction.
A l'inverse Borges nous montrait l'exemple d'une parole qui se jetait dans la mêlée, ne voyait nul déshonneur à parler avec n'importe qui. C'est aussi l'opération de Jerzy, et sa spécialité : vaillamment répondre aux cas désespérés, aux absurdes touristes, au troll obstiné, à celui qui n'a rien à dire. Parole exposée donc. Si on n'est pas capable de convaincre le premier venu de sa démarche, de sa conviction, de sa consistance, alors c'est qu'on est dans la parole protégée, la parole à statut. On peigne la girafe, on frime, on rend des services, on n'a rien à dire à personne,on parle dans le vide.
Ce dont il est question c'est juste d'assumer ce qu'on raconte, en commençant par le vérifier dans le bain de la contradiction forumique. C'était l'idée, excellente et terriblement simple : on en sait toujours plus que quelqu'un et moins qu'un autre, on a toujours raison d'affirmer haut et fort ses âneries personnelles, pour peu qu'on soit disposé à écouter les objections et à se nourrir de l'opposition, à bravement changer d'avis. Mais pour ça, personne n'a le cran, personne n'a trouvé le ton. Chacun dit la sienne, bien close et obstinée, et puis ça s'enfonce dans les archives, on oublie à quel point on a été bête et on persiste dans son idiome. L'idée était simple, c'était que chacun et tous se fassent la leçon. Mais les egos sont des saletés bien trop vivaces, et on se retrouve avec une poignée de soliloqueurs arrogants, faisant étalage de leurs savoirs inutilisables, incapables d'écouter la moindre réponse qu'on leur fait. Chacun compte ses mots, et se glorifie du moindre mot émis.
La question quand on dit quelque chose, c'est de savoir à qui on s'adresse. L'idée ici était de créer un espace de bonne foi et de bonne volonté, où n'importe qui pouvait entrer, un espace généreux où s'échangeait gratuitement la parole critique, où on s'adressait à celui qui n'est encore pas là, où en son nom on accumulait les connaissances. Or c'est en train de devenir un bide, et les plus astucieux d'entre nous s'efforcent de quitter le navire d'une manière pas trop voyante. L'idée semble avoir été oubliée en route. Il n'est plus question que de followers facebook, de rapports avec la confrérie journalistique et d'image de marque. Le voilà le problème.
balthazar claes- Messages : 1009
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
Heureux de voir qu'on commence à se comprendre, BC.
Ton idée de restructuration des spectres est d'une belle radicalité.
Ton rejet du fait que ça puisse être une revue me turlupine plus,
je ne vois aucun problème à ce que des textes jugés intéressants puissent prétendre à une publication papier. Je pense juste que la procédure qui mène à la publication papier doit-être la même que celle qui fait passer des textes de l'espace du forum au site internet. Et surtout... la partie privé doit être une partie où l'on organise, et le site internet se doit d'effacer sa partie où sont donnés les noms de la rédaction...
Mais il me semble que l'une des idées les plus intéressantes, et qui me semble aussi celle qui est la plus difficile à appliquer, est celle de l'anonymat des textes. ça me semblerait un bel écran de fumée, vu que derrière les plumes, il y a toujours l'unité de la conscience de l'auteur et des auteurs. La signature resterait alors le style et les idées du texte, mais des idées qui sont celles d'un auteur.
Le plus drôle et le plus efficace, serait en fait qu'il n y ait plus de nom, de pseudonyme dans le processus même d'écriture sur le forum, nous serions tous des anonymes qui éviteraient le plus possible de décliner leur identité. Nous serions tous des invités, libérés de l'aura autour de nos noms qu'aura crée notre réputation, si nous sommes borges, jerzy, adeline, l'équipe de base, à l'origine des spectres. Bien entendu, malgré ça, nous nous sommes beaucoup fréquentés, et il serait facile de reconnaitre Jerzy, borges, DB, Adeline etc, derrière les plumes des invités.
Puis un problème se pose toujours, l'organisation du passage de l'espace du forum à l'espace du site et de la revue. Qui s'en charge? Ceux qui s'en charge sont-ils ceux qui restent dans la partie privé, organisationnelle du site?
Ton idée de restructuration des spectres est d'une belle radicalité.
Ton rejet du fait que ça puisse être une revue me turlupine plus,
je ne vois aucun problème à ce que des textes jugés intéressants puissent prétendre à une publication papier. Je pense juste que la procédure qui mène à la publication papier doit-être la même que celle qui fait passer des textes de l'espace du forum au site internet. Et surtout... la partie privé doit être une partie où l'on organise, et le site internet se doit d'effacer sa partie où sont donnés les noms de la rédaction...
Mais il me semble que l'une des idées les plus intéressantes, et qui me semble aussi celle qui est la plus difficile à appliquer, est celle de l'anonymat des textes. ça me semblerait un bel écran de fumée, vu que derrière les plumes, il y a toujours l'unité de la conscience de l'auteur et des auteurs. La signature resterait alors le style et les idées du texte, mais des idées qui sont celles d'un auteur.
Le plus drôle et le plus efficace, serait en fait qu'il n y ait plus de nom, de pseudonyme dans le processus même d'écriture sur le forum, nous serions tous des anonymes qui éviteraient le plus possible de décliner leur identité. Nous serions tous des invités, libérés de l'aura autour de nos noms qu'aura crée notre réputation, si nous sommes borges, jerzy, adeline, l'équipe de base, à l'origine des spectres. Bien entendu, malgré ça, nous nous sommes beaucoup fréquentés, et il serait facile de reconnaitre Jerzy, borges, DB, Adeline etc, derrière les plumes des invités.
Puis un problème se pose toujours, l'organisation du passage de l'espace du forum à l'espace du site et de la revue. Qui s'en charge? Ceux qui s'en charge sont-ils ceux qui restent dans la partie privé, organisationnelle du site?
Dernière édition par wootsuibrick le Jeu 18 Avr 2013 - 6:58, édité 3 fois
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
balthazar claes a écrit:
Ce que "l'hypothèse-spectres" - on n'ose plus parler de projet - contenait et impliquait. Mais il a toujours été clair pour tout le monde que cette hypothèse-spectres, aussi floue fût-elle, c'était l'indépendance, la voix de la rumeur forumique, faire entendre d'autres voix que les voix autorisées... Depuis l'époque du forum des Cahiers, cette hypothèse-spectres était celle d'une écriture différente, d'une expérience collective, qui passait par un certain nombre de refus. Il était clair qu'on refusait de faire comme si on savait, comme si on était Burdeau ou Frodon, un professionnel de la profession toujours prêt à dégainer sa critique et à débiter ses avis autorisés. On était sensé vouloir faire autre chose, on ne savait même pas encore quoi, c'était une position de principe... ne serait-ce que celle de s'offrir le luxe du dilettantisme. Il ne s'agissait pas de ressentiment envers les élites triomphantes, comme ce méchant Frodon a osé nous en a accuser récemment, mais tout le contraire, plutôt une affaire d'humilité.
*
Ah oui, comment essayait-on de théoriser tout ça, déjà ? Les anonymes et pseudonymes, Versus les Noms connus de la Critique. Les palettes de critiques indignés qu'on a dû se taper, horrifiés qu'ils étaient de voir circuler cette parole impure, non cadrée... exigeant qu'on donne les noms, et les adresses avec, le fichage de tous les forumeurs. Mais peut-être que ça ne mène nulle part d'essayer de revendiquer le camp des voix anonymes.
belle naïveté d'après moi,
Il n y avait pas d'autre choix pour les spectres que d'être l'hypothèse spectres, vu que c'est du lieu forumique qu'ils écrivent, et c'est de l'anonymat et du pseudonyme qu'ils écrivent aussi. Si il y avait déjà une majorité de spectres qui avaient tâté de la critique institutionnelle, ça aurait eu plus l'aspect d'un choix... mais là non.
Autre chose... Jean-Michel Frodon, c'est un pseudonyme aussi, sauf que son histoire appartient à une époque où la parole publique c'était soit du blablabla dans des clubs ouverts à tous, soit du texte publié sur papier, de la radio, ou de la télé... il n y avait pas internet à l'époque ou la réputation et l'autorité autorisée du pseudonyme Jean-Michel Frodon s'est constituée. La parole publique s'autorisait selon la proximité avec un lieu où il était possible de se réunir, ou alors dans des médias qui opéraient des sélections nécessaires à leur économie, et leur espace de diffusion forcément fini, limité. Ces espaces publiques n'étaient pas aussi ouverts, déliés de la question des distances, du lieu physique et des limites qui pose une sélection, un clivage qui divise la parole entre protégé, et autres, que les forums internet. Il n y a pas d'hypothèse spectres possible, du moins elle serait minimale, plus difficile à mettre en place, en dehors de l'existence de la structure de l'outil internet.
Mais si l'hypothèse spectres devient une référence reconnue, il serait très difficile malgré nous d'échapper à la transformation en noms connus de la critique. D'où le fait qu'il me semble que comme beaucoup de spectres, fantômes, etc. nous devons perdre nos noms, pour gagner en logique par rapport à notre ligne supposée, à notre identité supposée.
Car même sans le savoir nous faisons comme si nous savions, en employant l'affirmatif dans nos phrases. Pour que cet affirmation du texte ne devienne pas malgré elle un maître qui apparaît comme si il n'était pas ignorant, et impose sa signature, pseudonyme ou nom, il faudrait qu'elle devienne anonyme.
Dernière édition par wootsuibrick le Jeu 18 Avr 2013 - 9:38, édité 6 fois
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
Baudouin II de Barvaux a écrit:A l'inverse "sa" propre "ligne", il ne semble pas bien la connaitre exactement, mais c'est son prob.
Oui je ne suis pas un mec aussi complet et fini que toi, Ô grand Maître Jerzy qui rame à ramener les pauvres brebis, bêtes et perdues qui ne trouvent pas leur chemin malgré ses longues explications. Mais même si je suis confus et ne connais pas ma ligne, je vois à peu prêt ce que je fais.
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
balthazar claes a écrit:
Pourquoi personne ne semble pouvoir lire ces mots sur l'écran, ça me dépasse.
ma traduction, ma trahison : pourquoi personne ne semble pouvoir lire ces mots sur l'écran, comme je les lis.
pourquoi personne ne semble percevoir le monde comme je le perçois.
pourquoi personne ne semble définir les choses comme je les définis.
pourquoi personne n'est exactement moi, ça me dépasse.
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
wootsuibrick a écrit:
ma traduction, ma trahison : pourquoi personne ne semble pouvoir lire ces mots sur l'écran, comme je les lis.
pourquoi personne ne semble percevoir le monde comme je le perçois.
pourquoi personne ne semble définir les choses comme je les définis.
pourquoi personne n'est exactement moi, ça me dépasse.
Finalement tu n'es peut-être pas Richard III, puisque tu es celui qui de vous trois, a le plus entendu ce qui était dit. Au moins toi tu n'es pas dans la dénégation massive du propos. Mais enfin tu mélanges allègrement tout et son contraire. Je ne dis pas que ce soit bien clair, ni que ça renvoie à grand chose d'autre que des considérations généralistes et utopiques. Il ne s'agit pas de veiller jalousement au strict anonymat des participants, comme si s'appeler Paul Durand ou X-Or314 avait en soi une signification déterminante. Je ne parle pas du tout d'une métaphysique du Nom Propre, ça c'est le genre de fascination qui obsède Jean-Sébastien Chauvin, cet espèce de cinglé qui se rend malade à l'idée que quelqu'un puisse publier un mot sans dévoiler son nom de baptême et celui de ses deux parrains. Je n'ai d'ailleurs nulle part parlé au-dessus de la question de publier des textes anonymes. Lesquels n'auraient de sens que comme effet de signature collective, dans tel cas bien précis et hypothétique de prise de position collective des spectres. Un tel cas semble loin de pouvoir se présenter ces jours-ci. Pour en revenir au facebook, expérience dont je continue à penser qu'elle ne nous a pas fait que du bien, nous y pratiquons en général un total anonymat et ça a provoqué des tensions dont je m'aperçois pour la première fois (mea culpa), vu sous cet angle, qu'elles n'étaient pas totalement dénuées de raisons, même si sur le fond de l'affaire les messages incriminés ne posaient pas de problème. "Les Spectres" ne devraient sûrement pas signifier un tout organique, un corps unique ; ce serait tomber dans le pire système de chapelle ou de secte.
D'autre part tu n'arrêtes pas de faire allusion au jour hypothétique où on serait enfin connus et reconnus, enfin une "référence" établie... et alors là, on serait drôlement embêtés pour sûr, on serait obligés de tomber le masque, et de se "transformer", dis-tu, en Noms Connus de la Critique, révélant par là notre vraie nature élitaire, et que notre statut antérieur d'anonymes n'était en fait que la chrysalide libérant aux beaux jours le délicat papillon... Ce serait idiot, pour sûr, de s'être autant mouillés dans des considérations égalitaires pour en arriver là... certes. Ce genre de pronostic cynique tend, en effet, à réduire la portée de nos considérations égalitaires à pas grand chose. Là tu n'es pas dans la dénégation de la question, mais seulement dans son déni.
Dit plus simplement, l'idée de départ de JM était "punk et égalitaire", disait Borges.
La prépondérance de la rationalité instrumentale est incrite dans la fonctionnalité aussi bien des outils quotidiens que des supports et des habitacles conçus pour nos corps : sièges, tables, immeubles, rues, moyens de transport, paysages urbains, architecture industrielle, bruits, éclairages, matériaux, etc. Tout résulte de et incite à traiter le milieu de vie de façon instrumentale, à violenter la nature et faire violence à notre corps comme à celui d'autrui. La culture du quotidien est - avec toute l'ambiguïté trouble que présente cette création antinomique - une culture de la violence ou, dans sa forme extrême, une culture de la barbarie, thématisée, réfléchie, sublimée, exacerbée, se niant par son affirmation même chez les punks, ou exhibant une anti-esthétique protofasciste de l'insensibilité, de la cruauté et de la laideur, chez les skin.
Y a qu'à partir de cette définition du punk, qui est de André Gorz. Qu'a-t-on été d'autre, ici, dans les bons jours, qu'une bande de punks braillards et rigolards ? C'est le vernis de respectabilité dont vous voulez vous parer qui insupporte ceux qui se souviennent encore de ces jours-là. Les punks sont ceux qui témoignent d'une culture de la violence et de la barbarie universellement répandue aujourd'hui ; et ils endossent le titre de Barbares, se revendiquent bêtes et sans compromis. Contre les onctueux Savants, on se propose bien franchement d'incarner le mauvais camp, celui des Barbares et des Illettrés, et de parler à partir de son non-savoir. Oui, en effet, si on a parfaitement le choix, c'est pas en général le choix qu'on fait ; on se passe volontiers de ce genre de stigmate, on aime autant rallier le camp des bons citoyens et des gentilhommes. Ça vous paraît bien fantaisiste tout ça, c'est très clair. Pourquoi ne pas plutôt tenter de rallier les aristocrates, c'est tout de même mieux payé, sans compter les avantages.
balthazar claes- Messages : 1009
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
balthazar claes a écrit:
Mais enfin tu mélanges allègrement tout et son contraire. Je ne dis pas que ce soit bien clair, ni que ça renvoie à grand chose d'autre que des considérations généralistes et utopiques. Il ne s'agit pas de veiller jalousement au strict anonymat des participants, comme si s'appeler Paul Durand ou X-Or314 avait en soi une signification déterminante. Je ne parle pas du tout d'une métaphysique du Nom Propre, ça c'est le genre de fascination qui obsède Jean-Sébastien Chauvin,
Toi ou le projet spectres? Y a un dogme à respecter à la virgule près?
Je rebondissais sur ton texte, pour y ajouter des éléments à ma sauce, je le paraphrasais pas.
Je parle pas non plus d'une métaphysique du Nom Propre, tu me lis mal, ou j'écris très mal... je vois pas où tu veux en venir.
Dans mon histoire, Paul Durand ou X-Or314 ça n'a pas en soi une signification déterminante, c'est juste une succession de syllabes qui permettent d'identifier d'où vient le texte. Et la réputation qui se fait autour de cette succession de syllabes peut parfois précéder la lecture des textes qui ont fait cette réputation.
C'est con, mais j'ai déjà fait des tests idiots sur facebook, genre foutre une citation d'un Grand Nom sans la signer, et là t'as un gars qui se pointe et te sort : "T'es possédé par Jean Claude Vandamme?", Tu lui répond non, c'est une citation de "Derrida", et là ça le calme.
Dernière édition par wootsuibrick le Jeu 18 Avr 2013 - 13:44, édité 1 fois
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
On a tous les deux l'impression d'avoir été mal lu.
on est donc mal barré.
(l'histoire de l'anonymat des textes on en avait causé au sujet des textes pour le numéro 2 de la revue)
Je ne dis pas qu'il faut veiller au strict anonymat des participants, tu m'a mal lu. Je dis juste que pas mal de vrais spectres (pas ceux qui écrivent, mais ceux qui font souvent flipper les gens en menaçant les partages normaux, dominants de la réalité) se caractérisent par le fait qu'on ne sait plus trop leur nom. Ils sont mal définis, on ne sait jamais trop ce que c'est.
Je vais tenter de rééxpliquer ce dont je cause.
Nos noms, pseudonymes ne nous appartiennent pas lorsqu'ils se manifestent dans l'espace publique à travers des textes. D'autres personnes se les réapproprie en nous lisant.
Nos textes ayant une visée à faire partager quelques tentatives de cerner des vérités, ils peuvent plaire et imposer des idées. Si ils plaisent et s'imposent à beaucoup de gens, comme les texte de borges et jerzy, ils gagnent en respectabilité, les pseudonymes qui les portent aussi. Ils deviennent des Socrates du coin, dont on parle même en dehors du forum.
Leurs pseudonymes ne leur appartenant plus il est facile d'en faire des maîtres, ignorants ou pas. Et avec le bagage de références classiques traîné, difficile qu'ils apparaissent comme illettrés, et difficile qu'ils parlent à partir d'un non-savoir. Il s'agit juste pas de professionnels de la profession, et c'est déjà beaucoup.
Puis la seule chose qui préserve le fantasme égalitaire c'est la structure du lieu, un lieu où n'importe qui accède, et où dans le mode de diffusion des textes rien dans la mise en page ne différencie les textes de borges, jerzy, du premier invité venu.
Sinon institutions officielles ou pas, salaire ou pas, des positions hiérarchiques et des distributions des rôles se créent, à l'échelle du forum un imaginaire dominant s'organise.
La structure hiérarchique des spectres : ceux qui publient juste dans le forum, ceux qui ont accès à la partie privé, qui n'est pas juste un comité qui organise, mais qui est la rédaction officielle et autorisée (protégée) des spectres; celle qui publie sur le site et dans la revue.
Les spectres c'est aussi une mini communauté, un monde en soi.
on est donc mal barré.
(l'histoire de l'anonymat des textes on en avait causé au sujet des textes pour le numéro 2 de la revue)
Je ne dis pas qu'il faut veiller au strict anonymat des participants, tu m'a mal lu. Je dis juste que pas mal de vrais spectres (pas ceux qui écrivent, mais ceux qui font souvent flipper les gens en menaçant les partages normaux, dominants de la réalité) se caractérisent par le fait qu'on ne sait plus trop leur nom. Ils sont mal définis, on ne sait jamais trop ce que c'est.
Je vais tenter de rééxpliquer ce dont je cause.
Nos noms, pseudonymes ne nous appartiennent pas lorsqu'ils se manifestent dans l'espace publique à travers des textes. D'autres personnes se les réapproprie en nous lisant.
Nos textes ayant une visée à faire partager quelques tentatives de cerner des vérités, ils peuvent plaire et imposer des idées. Si ils plaisent et s'imposent à beaucoup de gens, comme les texte de borges et jerzy, ils gagnent en respectabilité, les pseudonymes qui les portent aussi. Ils deviennent des Socrates du coin, dont on parle même en dehors du forum.
Leurs pseudonymes ne leur appartenant plus il est facile d'en faire des maîtres, ignorants ou pas. Et avec le bagage de références classiques traîné, difficile qu'ils apparaissent comme illettrés, et difficile qu'ils parlent à partir d'un non-savoir. Il s'agit juste pas de professionnels de la profession, et c'est déjà beaucoup.
Puis la seule chose qui préserve le fantasme égalitaire c'est la structure du lieu, un lieu où n'importe qui accède, et où dans le mode de diffusion des textes rien dans la mise en page ne différencie les textes de borges, jerzy, du premier invité venu.
Sinon institutions officielles ou pas, salaire ou pas, des positions hiérarchiques et des distributions des rôles se créent, à l'échelle du forum un imaginaire dominant s'organise.
La structure hiérarchique des spectres : ceux qui publient juste dans le forum, ceux qui ont accès à la partie privé, qui n'est pas juste un comité qui organise, mais qui est la rédaction officielle et autorisée (protégée) des spectres; celle qui publie sur le site et dans la revue.
Les spectres c'est aussi une mini communauté, un monde en soi.
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
Une dernière remarque périphérique et anecdotique de ma part, que je place après cette avant-dernière, en spoiler pour ne pas monopoliser davantage le "débat".
[Saluant en passant la fort judicieuse - à mon sens - remarque liminaire de Balthazar pertinemment exprimée à 1:09. Sur un Problème posé à l'envers.
Cette idée qu'une hypothétique revue spectrale (on parle pas ici d'une autre - qui suit sa route selon d'autres critères) trouve sa véritable condition de possibilité, mieux, de réalité (comme dirait Foucault), dans la ligne de fracture d'une parole forumique surgissant sur le lieu d'un Différend politique permanent. Et général, fondamental: bien au delà de la seule sphère censément restrictive ou restreinte d'un discours-sur-le-cinéma considéré pour lui-même depuis on ne sait quelle "neutralité disciplinaire", les seuls problèmes envisagés sous cet ordre se réduisant à des Litiges "corporatistes". Sphère qui est elle-même agitée, traversée, interpelée, court-circuitée de pied en cap - qu'elle le veuille ou non, qu'elle tente de l'euphémiser, de l'escamoter ou non - par ce différend autrement plus fondamental et originaire qu'elle-même.
Et non l'inverse donc, qui serait: un forum conçu comme une opération de communication servant l'ambition d'une hypothétique revue "spécialisée" censée s'additionner à d'autres revues "spécialisées", concurrencer leur "professionnalisme" sur le marché profus des revues qui n'intéressent plus grand-monde et que ne lit plus grand-monde, sinon ceux qui accordent encore un crédit à la notion de "spécialiste" et de "spécialité" - en fonction d'un "domaine d'objet" spécifique. "Domaine d'objet" qui ne tire sa soi-disant "réalité autonome" que de sa production par un ordre catégoriel de "professionnels" justifiant (légitimant) leur propre réalité/nécessité/utilité à travers la justification (légitimation) de ce "domaine d'objet" qui les justifie (légitime) en retour, dans la plus parfaite circularité tautologique et auto-logique...].
[Saluant en passant la fort judicieuse - à mon sens - remarque liminaire de Balthazar pertinemment exprimée à 1:09. Sur un Problème posé à l'envers.
Cette idée qu'une hypothétique revue spectrale (on parle pas ici d'une autre - qui suit sa route selon d'autres critères) trouve sa véritable condition de possibilité, mieux, de réalité (comme dirait Foucault), dans la ligne de fracture d'une parole forumique surgissant sur le lieu d'un Différend politique permanent. Et général, fondamental: bien au delà de la seule sphère censément restrictive ou restreinte d'un discours-sur-le-cinéma considéré pour lui-même depuis on ne sait quelle "neutralité disciplinaire", les seuls problèmes envisagés sous cet ordre se réduisant à des Litiges "corporatistes". Sphère qui est elle-même agitée, traversée, interpelée, court-circuitée de pied en cap - qu'elle le veuille ou non, qu'elle tente de l'euphémiser, de l'escamoter ou non - par ce différend autrement plus fondamental et originaire qu'elle-même.
Et non l'inverse donc, qui serait: un forum conçu comme une opération de communication servant l'ambition d'une hypothétique revue "spécialisée" censée s'additionner à d'autres revues "spécialisées", concurrencer leur "professionnalisme" sur le marché profus des revues qui n'intéressent plus grand-monde et que ne lit plus grand-monde, sinon ceux qui accordent encore un crédit à la notion de "spécialiste" et de "spécialité" - en fonction d'un "domaine d'objet" spécifique. "Domaine d'objet" qui ne tire sa soi-disant "réalité autonome" que de sa production par un ordre catégoriel de "professionnels" justifiant (légitimant) leur propre réalité/nécessité/utilité à travers la justification (légitimation) de ce "domaine d'objet" qui les justifie (légitime) en retour, dans la plus parfaite circularité tautologique et auto-logique...].
- Spoiler:
- wootsuibrick a écrit:
[...]
Nos noms, pseudonymes ne nous appartiennent pas lorsqu'ils se manifestent dans l'espace publique à travers des textes. D'autres personnes se les réapproprie en nous lisant.
Nos textes ayant une visée à faire partager quelques tentatives de cerner des vérités, ils peuvent plaire et imposer des idées. Si ils plaisent et s'imposent à beaucoup de gens, comme les texte de borges et jerzy, ils gagnent en respectabilité, les pseudonymes qui les portent aussi. Ils deviennent des Socrates du coin, dont on parle même en dehors du forum.
Leurs pseudonymes ne leur appartenant plus il est facile d'en faire des maîtres, ignorants ou pas. Et avec le bagage de références classiques traîné, difficile qu'ils apparaissent comme illettrés, et difficile qu'ils parlent à partir d'un non-savoir. Il s'agit juste pas de professionnels de la profession, et c'est déjà beaucoup.
Non mais lol quoi. C'est fort bien gentil de ta part, woot, de supputer pour nous, pour moi notamment, d'hypothétiques perspectives d'avenir radieux s'accordant à nos désirs interprétés par les tiens... Mais il faut absolument que je t'informe, just in case, sur un point: si tant est que j'ai jamais fantasmé de gagner en "respectabilité", en "plaisant" et en "imposant des idées", on peut sur l'ensemble des ces points avancer - avec une marge d'erreurs avoisinant 0,001 - que c'est un epic fail. Je peux te certifier, non seulement depuis mes observations, mais encore depuis toutes celles qui me sont communiquées dans le souci altruiste et philanthropique de m'ouvrir le yeux, que - et "oui, on-en-parle-même-en dehors-du-forum-et-ça-va-se-savoir-dans-la-mesure-où-c'est-déjà-su" - :
"jerzy" (ainsi que mon "nom civil" aisément traçable depuis mon blog, sans parler de ma trombine) sont devenus, sur l'ensemble des réseaux sociaux et de communication francophones, synonymes de: parfait idiot, connard prétentieux, grosse baudruche, graphopathe délirant, pathétique âne bâté, cas clinique réclamant d'urgence soins intensifs au pavillon des incurables, synthèse terminale de malhonnêteté et d'imposture intellectuelles, perrave pervers & pêle-mêle, pseudo-philosophe tentant désespérément une reconversion en humoriste raté - ou l'inverse, athlète du lol et du smiley ringards, tête de nœud, concentré de haine baveuse, cas social et parasite exemplaires, purge ambulante, synthèse de lose maladorante et d'ambitions frustrées, alcoolique dépressif, blatte insignifiante s'agitant en vain dans son bocal, pire imitation d'Achille Talon (hop, et derechef) depuis l'invention du cyber, bouffissure stylistique imbitable et infatuée, tartineur compulsif d'étrons scripturaux en tous genres, spécialiste émérite de pensums illisibles & verbeux aussi creux que redondants, modèle de syntaxe incohérente et de ponctuation aléatoire...
... Et autres qualifications moins fleuries qui ne me reviennent provisoirement pas en mémoire parce que je les ai momentanément oubliées.
Aussi ai-je appris à plutôt bien mal vivre avec mes casseroles et à ne plus trop m'en défaire.
Nonobstant, merci pour ces perspectives d'avenir amenées à s'actualiser dans un futur d'autant plus proche qu'il sera moins éloigné.
Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Jeu 18 Avr 2013 - 19:49, édité 14 fois
Invité- Invité
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
- Spoiler:
- "jerzy" (ainsi que mon "nom civil" aisément traçable depuis mon blog, sans parler de ma trombine) sont devenus, sur l'ensemble des réseaux sociaux et de communication francophones, synonymes de: parfait idiot, connard prétentieux, grosse baudruche, graphopathe délirant, pathétique âne bâté, cas clinique réclamant d'urgence soins intensifs au pavillon des incurables, synthèse terminale de malhonnêteté et d'imposture intellectuelles, perrave pervers & pêle-mêle, pseudo-philosophe tentant désespérément une reconversion en humoriste raté, athlète du lol et du smiley ringards, tête de nœud, concentré de haine baveuse, cas social et parasite exemplaires, purge ambulante, synthèse de lose maladorante et d'ambitions frustrées, blatte insignifiante s'agitant en vain dans son bocal, pire imitation d'Achille Talon (hop, et derechef) depuis l'invention du cyber, bouffissure stylistique imbitable et infatuée, tartineur compulsif d'étrons scripturaux en tous genres, spécialiste émérite de pensums illisibles & verbeux aussi creux que redondants, modèle de syntaxe incohérente et de ponctuation aléatoire...
schéma classique de l'avant gloire.
Dernière édition par wootsuibrick le Jeu 18 Avr 2013 - 18:18, édité 1 fois
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
- Spoiler:
- wootsuibrick a écrit:
- Spoiler:
- "jerzy" (ainsi que mon "nom civil" aisément traçable depuis mon blog, sans parler de ma trombine) sont devenus, sur l'ensemble des réseaux sociaux et de communication francophones, synonymes de: parfait idiot, connard prétentieux, grosse baudruche, graphopathe délirant, pathétique âne bâté, cas clinique réclamant d'urgence soins intensifs au pavillon des incurables, synthèse terminale de malhonnêteté et d'imposture intellectuelles, perrave pervers & pêle-mêle, pseudo-philosophe tentant désespérément une reconversion en humoriste raté - ou l'inverse, athlète du lol et du smiley ringards, tête de nœud, concentré de haine baveuse, cas social et parasite exemplaires, purge ambulante, synthèse de lose maladorante et d'ambitions frustrées, alcoolique dépressif, blatte insignifiante s'agitant en vain dans son bocal, pire imitation d'Achille Talon (hop, et derechef) depuis l'invention du cyber, bouffissure stylistique imbitable et infatuée, tartineur compulsif d'étrons scripturaux en tous genres, spécialiste émérite de pensums illisibles & verbeux aussi creux que redondants, modèle de syntaxe incohérente et de ponctuation aléatoire...
schéma classique de l'avant gloire.
Détiendrais-je donc par devers-moi une "stratégie", l'ultime "ruse des ruses"? Patience et longueur de temps nous le diront, après ma mort ou pendant ma vie, je sais plus trop faire la différence entre les deux.
Dernière édition par Baudouin II de Barvaux le Jeu 18 Avr 2013 - 19:50, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
wootsuibrick a écrit:
Sinon institutions officielles ou pas, salaire ou pas, des positions hiérarchiques et des distributions des rôles se créent, à l'échelle du forum un imaginaire dominant s'organise.
La structure hiérarchique des spectres : ceux qui publient juste dans le forum, ceux qui ont accès à la partie privé, qui n'est pas juste un comité qui organise, mais qui est la rédaction officielle et autorisée (protégée) des spectres; celle qui publie sur le site et dans la revue.
Les spectres c'est aussi une mini communauté, un monde en soi.
Pour en rester à des considérations banales et générales sur ce forum, peut-être tous du reste, je suis à 100% d'accord et je ne l'aurais pas mieux exprimé.
Mais je ne suis pour autant pas certain que ce soit dicible, tout simplement parce que ça n'est pas lisible par beaucoup.
Invité- Invité
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
- Spoiler:
- Baudouin II de Barvaux a écrit:
Non mais lol quoi. C'est fort bien gentil de ta part, woot, de supputer pour nous, pour moi notamment, d'hypothétiques perspectives d'avenir radieux s'accordant à nos désirs interprétés par les tiens...
Bah, l'image qui se crée de toi, à partir de ton travail, ne dépend pas de ce qui s'accorde à tes désirs... surtout si ils sont interprétés par les miens.
En radicalisant l'idée, je dirais :
Le poisson chat qui devient symbole de sagesse, ça dépend pas de son horizon, mais de la ré appropriation de sa forme par des humains qui l'ont observé, et ont adapté cette forme à leur imaginaire, à leur culture. Mais bon, entre nous autres humains blablateurs c'est bien plus différent, l'emploi dans le discours de la philosophie, renvoie à une histoire liée à la notion de sagesse et de savoir. Le poisson chat et ses moustaches n'ont pas intégré à leur corps et à leur conscience, à leur histoire la notion de sagesse. Donc t'es plus proche de la prétention au titre de sage, ou de savant que le poisson chat, car dans ton discours, dans sa structure, existent des référents à une histoire de la philosophie. et blablablablablabla
donc si jamais par je ne sais quel hasard idiot de la configuration des événements autour et dans la petite histoire des spectres, l'image majoritaire qui s'accolera à toi est celle du savant et du sage, tu n'en sera pas aussi innocent que le poisson chat
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
Baudouin II de Barvaux a écrit:
[Saluant en passant la fort judicieuse - à mon sens - remarque liminaire de Balthazar pertinemment exprimée à 1:09. Sur un Problème posé à l'envers.
Cette idée qu'une hypothétique revue spectrale (on parle pas ici d'une autre - qui suit sa route selon d'autres critères) trouve sa véritable condition de possibilité, mieux, de réalité (comme dirait Foucault), dans la ligne de fracture d'une parole forumique surgissant sur le lieu d'un Différend politique permanent. Et général, fondamental: bien au delà de la seule sphère censément restrictive ou restreinte d'un discours-sur-le-cinéma considéré pour lui-même depuis on ne sait quelle "neutralité disciplinaire", les seuls problèmes envisagés sous cet ordre se réduisant à des Litiges "corporatistes". Sphère qui est elle-même agitée, traversée, interpelée, court-circuitée de pied en cap - qu'elle le veuille ou non, qu'elle tente de l'euphémiser, de l'escamoter ou non - par ce différend autrement plus fondamental et originaire qu'elle-même.
Et non l'inverse donc, qui serait: un forum conçu comme une opération de communication servant l'ambition d'une hypothétique revue "spécialisée" censée s'additionner à d'autres revues "spécialisées", concurrencer leur "professionnalisme" sur le marché profus des revues qui n'intéressent plus grand-monde et que ne lit plus grand-monde, sinon ceux qui accordent encore un crédit à la notion de "spécialiste" et de "spécialité" - en fonction d'un "domaine d'objet" spécifique. "Domaine d'objet" qui ne tire sa soi-disant "réalité autonome" que de sa production par un ordre catégoriel de "professionnels" justifiant (légitimant) leur propre réalité/nécessité/utilité à travers la justification (légitimation) de ce "domaine d'objet" qui les justifie (légitime) en retour, dans la plus parfaite circularité tautologique et auto-logique...].
Tout à fait d'accord avec ton analyse mais je ne crois pas que le problème des spectres se situe là. Personne ici n'a jamais eu l'intention de concurrencer (ou je me trompe ?) qui que ce soit (ou devrais je écrire n'importe qui). Aucun spectre ne peut se targuer d'être spécialiste ou quoi que ce soit. Ceux qui ont voulu mener une carrière de "professionnel" ne sont plus avec nous depuis longtemps.
Quant à la promotion, on peut dire sans aucun doute que si c'était le but de forum, on est mal barré pour une carrière de publicitaire. La création de la revue était quelque chose de symbolique, une façon de mettre en forme, ou plutôt sous une forme, des textes épars.
En revanche, Woot a raison, il n'y a pas de dogme spectres. Nous avons aussi développer dans notre propre rapport au forum, à la revue et à nos textes, une pensée bien particulière sur ce que sont les spectres. Qu'elle s'accorde à mes désirs, à ceux de woot, de BC ou de Jerzy , ce n'est pas forcément intéressant. Mais qu'elle soit protéiforme, c'est sa force. Elle n'est pas la somme de ses membres ou une idéologie marquée dans le marbre. Et si le forum était plus animé, s'il ne faisait pas fuir ou s'il ne désintéressait pas, probablement cette hypothèse aurait elle
En revanche, il est certain que la désertion du forum pour l'investissement dans la revue est un fait historique lol. Mais cela n'a t'il pas plus à voir avec une question de temps tout simplement ? Nous avons tous et toutes des vies plus ou moins remplies, s'investir dans la revue ça veut dire avoir moins de temps pour le judo et le forum. Et ceux et celles qui ont des enfants ? Ils morflent encore plus. On ne parle pas d'eux et d'elles.
A mon sens la proposition de woot la plus intéressante c'est de revenir un peu au temps du forum des cahiers, c'est à dire à la possibilité d'écrire des textes ou des brouillons de texte, des élans, des développements qui doivent s'affiner dans la partie publique. La partie privée devrait être consacrée à la popote interne, les trucs de collaborations, les propositions, etc...
Remettre la création des textes en partie public c'est probablement une très bonne idée mais je ne sais pas si cela peut aider l'apprentissage de tous. On apprend pas à boxer en se prenant K.O sur K.O. On apprend la boxe en apprenant à sauter à la corde, à travailler son souffle, à régler ses hanches et s'approprier son corps. Tout commence par des éducatifs, par le passage au sac, et enfin, peut être, on monte sur un ring. Ici c'est le ring tout de suite, et parfois, sans même de protège dents. Je pense au jeune gars qui a voulu présenter ses films ou clips ou vidéos. Quel accueil, quoi qu'on pense de ces productions, quel accueil.
Pourquoi ne pas créer une partie défouloir ? Une sorte d'espace où s'exercerait la violence ritualisée du forum sans que cela brouille les discussions ? Je sais qu'en ce qui me concerne, ce sont plus les insultes, les renvois à l'emporte pièce ou les slimfast qui me dissuadent de trop intervenir sur le forum. Or si on pouvait dissocier des discussions animées les points plus anecdotiques (mais sans pour autant les supprimer) il me semble qu'on arriverait à garder l'équilibre entre des échanges musclés ou pas avec un espace et un champ ouvert à l'empoignade. Peut être aussi que cela permettrait d'endiguer un peu l'hémorragie de ces membres parce que faut pas déconner, on est loin même de l'ouverture du forum.
DB- Messages : 1528
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
Oui, ben la structure hiérarchique, je sais pas si c'est exactement ça le problème. Alors oui on a quasiment un pouvoir de vie et de mort sur tony et slimfast, ça ils rigolent drôlement pas. Déjà ils sont pas invités aux cocktails, ni aux séminaires à Biarritz. Et puis les consignes tombent, comme les feuilles mortes à l'automne, « Fais-moi 500 lignes sur Tarantino, je les veux avant ce soir », « Va me comparer Stroheim et Strinberg pour demain, sous l'angle de la lutte des classes », - et quand ils viennent humblement, en tremblant, présenter leurs projets d'articles, le couperet tombe : « ça, zéro... le cinéma allemand j'ai déjà dit non... faut tout refaire », ah c'est pas la marrade. Non, on est des chiens. Avec tout le temps des fausses promesses de passer admin, en échange de services tordus (notamment aller spammer enculture, envoyer des lettres anonymes aux cahiers), et des brimades incessantes, non vraiment, s'ils étaient autorisés à partir je pense qu'ils n'hésiteraient pas.
Bon, ne vous faites pas d'illusions, au niveau du premier cercle c'est un peu pareil, nous on n'a pas le droit de répondre à Borges, chacun a son secteur réservé décrété par le boss, on découvre le planning de la semaine en arrivant le lundi matin, faut faire du chiffre, tout le monde se tire dans les pattes... Faudrait vraiment songer à faire davantage dans l'égalitaire.
Tu ne cesses de reconduire un discours sur l'image, la respectabilité, la reconnaissance, la notoriété, comment l'obtenir, comment la mériter... Je te parle d'écrire des trucs et tu me réponds sur la question de savoir comment les publier. Tu parles de « nos textes ayant une visée à faire partager quelques tentatives de cerner des vérités » : je sais pas trop d'où tu les sors ces textes. Dans ton idée ils sont déjà là, en attente de publication. Les lecteurs ne sont encore au courant de rien, pourtant ils se doutent vaguement de quelque chose et piaffent nerveusement d'impatience. C'est sacrément vague, vois-tu, une visée « à faire partager quelques tentatives de cerner quelques vérités ». Il me semble que pratiquement tous les textes de l'univers partagent un tel programme... je suis pas sûr que ça nous fasse beaucoup avancer dans la définition de notre éventuelle singularité. Ça me paraît un peu vite réglé.
A partir de ce contournement de l'enjeu initial, tu déplaces soigneusement le problème sur la question de la stratégie de publication. Tout notre argumentaire sur les noms, les anonymes et les pseudonymes ne renvoie nullement à un problème de communication. Autrement dit on te parle d'un problème d'écriture, et toi tu en fais la solution d'un problème de publication : « On n'a qu'à publier nos anonymes : ils gagnent à être connus ! », voilà ce que tu dis. Ce qu'on recherche, ce n'est pas comment diffuser ce qu'on a à dire, mais qu'est-ce qu'on pourrait bien avoir à dire. Peut-être que les Mondes ont un secteur défini, le cinéma asiatique, Marker, je ne sais pas, mais les spectres n'en ont pas vraiment. Et devraient peut-être tendre, précisément, à en avoir encore moins.
La seule chose à formuler, c'est une exigence d'écriture, comment essayer d'écrire un peu moins faux. En se débarrassant pour commencer d'un paquet de clichés sur l'auteur qui sait ce qu'il a à dire de toute éternité. C'est à ce niveau que « anonyme » prend éventuellement un sens ; l'anonyme serait celui qui n'a rien à communiquer. Sa voix est celle de la rumeur. Il n'a pas un titre, qui lui donne accès à un champ de compétence, à partir duquel il aurait des communications à faire pour le plus grand profit de petits et grands. Ça ne veut pas dire qu'il ne connaît rien à rien, au contraire. Qu'il n'ait rien à communiquer est justement ce qui lui permettra peut-être d'avoir quelque chose à dire. Prenez le texte de Jerzy sur le décès de son disque dur Lacie, par exemple. C'est un texte informatif et intéressant, mais qui ne relève pas d'une instance d'énonciation en surplomb (« je vais vous expliquer la vérité.. »). C'est la parole d'un usager, d'un quidam, qui parle à partir de ce qu'il sait d'expérience, à titre tout personnel. Il peut mettre de la verve dans son récit, parce qu'il n'est pas occupé à y mettre des marqueurs de prestige et de compétence. Du coup c'est marrant.
DB : on apprend à écrire en lisant. On lit ce qui est concernant, ce qui touche. Créer une zone "défouloir" reviendrait à circonscrire l'espace du différend, à le placer dans une zone de quarantaine, à l'écraser en lui accolant l'étiquette "puéril". Ce serait précisément reconduire la division entre une parole sage, pleine, chic et maitrisée ; et une parole impure, vulgaire, malpolie et mal embouchée. Et donc soigneusement à nouveau retracer le partage tout en déniant son existence...
Bon, ne vous faites pas d'illusions, au niveau du premier cercle c'est un peu pareil, nous on n'a pas le droit de répondre à Borges, chacun a son secteur réservé décrété par le boss, on découvre le planning de la semaine en arrivant le lundi matin, faut faire du chiffre, tout le monde se tire dans les pattes... Faudrait vraiment songer à faire davantage dans l'égalitaire.
Woot a écrit:Nos textes ayant une visée à faire partager quelques tentatives de cerner des vérités, ils peuvent plaire et imposer des idées. Si ils plaisent et s'imposent à beaucoup de gens, comme les texte de borges et jerzy, ils gagnent en respectabilité, les pseudonymes qui les portent aussi. Ils deviennent des Socrates du coin, dont on parle même en dehors du forum.
Tu ne cesses de reconduire un discours sur l'image, la respectabilité, la reconnaissance, la notoriété, comment l'obtenir, comment la mériter... Je te parle d'écrire des trucs et tu me réponds sur la question de savoir comment les publier. Tu parles de « nos textes ayant une visée à faire partager quelques tentatives de cerner des vérités » : je sais pas trop d'où tu les sors ces textes. Dans ton idée ils sont déjà là, en attente de publication. Les lecteurs ne sont encore au courant de rien, pourtant ils se doutent vaguement de quelque chose et piaffent nerveusement d'impatience. C'est sacrément vague, vois-tu, une visée « à faire partager quelques tentatives de cerner quelques vérités ». Il me semble que pratiquement tous les textes de l'univers partagent un tel programme... je suis pas sûr que ça nous fasse beaucoup avancer dans la définition de notre éventuelle singularité. Ça me paraît un peu vite réglé.
A partir de ce contournement de l'enjeu initial, tu déplaces soigneusement le problème sur la question de la stratégie de publication. Tout notre argumentaire sur les noms, les anonymes et les pseudonymes ne renvoie nullement à un problème de communication. Autrement dit on te parle d'un problème d'écriture, et toi tu en fais la solution d'un problème de publication : « On n'a qu'à publier nos anonymes : ils gagnent à être connus ! », voilà ce que tu dis. Ce qu'on recherche, ce n'est pas comment diffuser ce qu'on a à dire, mais qu'est-ce qu'on pourrait bien avoir à dire. Peut-être que les Mondes ont un secteur défini, le cinéma asiatique, Marker, je ne sais pas, mais les spectres n'en ont pas vraiment. Et devraient peut-être tendre, précisément, à en avoir encore moins.
La seule chose à formuler, c'est une exigence d'écriture, comment essayer d'écrire un peu moins faux. En se débarrassant pour commencer d'un paquet de clichés sur l'auteur qui sait ce qu'il a à dire de toute éternité. C'est à ce niveau que « anonyme » prend éventuellement un sens ; l'anonyme serait celui qui n'a rien à communiquer. Sa voix est celle de la rumeur. Il n'a pas un titre, qui lui donne accès à un champ de compétence, à partir duquel il aurait des communications à faire pour le plus grand profit de petits et grands. Ça ne veut pas dire qu'il ne connaît rien à rien, au contraire. Qu'il n'ait rien à communiquer est justement ce qui lui permettra peut-être d'avoir quelque chose à dire. Prenez le texte de Jerzy sur le décès de son disque dur Lacie, par exemple. C'est un texte informatif et intéressant, mais qui ne relève pas d'une instance d'énonciation en surplomb (« je vais vous expliquer la vérité.. »). C'est la parole d'un usager, d'un quidam, qui parle à partir de ce qu'il sait d'expérience, à titre tout personnel. Il peut mettre de la verve dans son récit, parce qu'il n'est pas occupé à y mettre des marqueurs de prestige et de compétence. Du coup c'est marrant.
DB : on apprend à écrire en lisant. On lit ce qui est concernant, ce qui touche. Créer une zone "défouloir" reviendrait à circonscrire l'espace du différend, à le placer dans une zone de quarantaine, à l'écraser en lui accolant l'étiquette "puéril". Ce serait précisément reconduire la division entre une parole sage, pleine, chic et maitrisée ; et une parole impure, vulgaire, malpolie et mal embouchée. Et donc soigneusement à nouveau retracer le partage tout en déniant son existence...
balthazar claes- Messages : 1009
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
SIMON PELLEGRY - France
25 ans, co-fondateur du site et de la revue Spectres du Cinéma.
WWW.SPECTRESDUCINEMA.ORG
http://semainedelacritique.com/news/Jury-Revelation2013.html
Invité- Invité
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
balthazar claes a écrit:Oui, ben la structure hiérarchique, je sais pas si c'est exactement ça le problème. Alors oui on a quasiment un pouvoir de vie et de mort sur tony et slimfast, ça ils rigolent drôlement pas. Déjà ils sont pas invités aux cocktails, ni aux séminaires à Biarritz. Et puis les consignes tombent, comme les feuilles mortes à l'automne, « Fais-moi 500 lignes sur Tarantino, je les veux avant ce soir », « Va me comparer Stroheim et Strinberg pour demain, sous l'angle de la lutte des classes », - et quand ils viennent humblement, en tremblant, présenter leurs projets d'articles, le couperet tombe : « ça, zéro... le cinéma allemand j'ai déjà dit non... faut tout refaire », ah c'est pas la marrade. Non, on est des chiens. Avec tout le temps des fausses promesses de passer admin, en échange de services tordus (notamment aller spammer enculture, envoyer des lettres anonymes aux cahiers), et des brimades incessantes, non vraiment, s'ils étaient autorisés à partir je pense qu'ils n'hésiteraient pas.
Bon, ne vous faites pas d'illusions, au niveau du premier cercle c'est un peu pareil, nous on n'a pas le droit de répondre à Borges, chacun a son secteur réservé décrété par le boss, on découvre le planning de la semaine en arrivant le lundi matin, faut faire du chiffre, tout le monde se tire dans les pattes... Faudrait vraiment songer à faire davantage dans l'égalitaire.
J'adore qu'on caricature une idée pour se donner raison.
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
balthazar claes a écrit:
Tu ne cesses de reconduire un discours sur l'image, la respectabilité, la reconnaissance, la notoriété, comment l'obtenir, comment la mériter... Je te parle d'écrire des trucs et tu me réponds sur la question de savoir comment les publier. Tu parles de « nos textes ayant une visée à faire partager quelques tentatives de cerner des vérités » : je sais pas trop d'où tu les sors ces textes. Dans ton idée ils sont déjà là, en attente de publication. Les lecteurs ne sont encore au courant de rien, pourtant ils se doutent vaguement de quelque chose et piaffent nerveusement d'impatience. C'est sacrément vague, vois-tu, une visée « à faire partager quelques tentatives de cerner quelques vérités ». Il me semble que pratiquement tous les textes de l'univers partagent un tel programme... je suis pas sûr que ça nous fasse beaucoup avancer dans la définition de notre éventuelle singularité. Ça me paraît un peu vite réglé.
J'ai prit l'exemple du va-nu-pieds Socrate, exprès.
décidément j'ai l'impression que ce n'est pas qu'on se comprends pas le problème, c'est qu'on ne sait pas se lire. Je vais reprendre mes cours de primaire puis revenir sur le forum dés que ce sera réglé.
Dernière édition par wootsuibrick le Ven 19 Avr 2013 - 11:43, édité 1 fois
Re: Au-delà des Mondes, des Spectres
{0} a écrit:SIMON PELLEGRY - France
25 ans, co-fondateur du site et de la revue Spectres du Cinéma.
WWW.SPECTRESDUCINEMA.ORG
http://semainedelacritique.com/news/Jury-Revelation2013.html
C'est open dites donc.
Présidé cette année par la cinéaste Mia Hansen-Love, le Prix Révélation France 4 est constitué d’un jury international de quatre jeunes critiques amateurs et semi-professionnels, qui récompenseront l’un des réalisateurs des sept longs métrages de la compétition.
Dernière édition par wootsuibrick le Ven 19 Avr 2013 - 12:12, édité 1 fois
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