et en même temps, de quoi rit-on, demanda Stéphane Pichelin ?

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Message par Invité Dim 17 Juin 2012 - 13:03

"L'Amour c'est gai, l'amour c'est triste" très bon (mon premier Pollet, donne envie de voir le reste).
L'appartement (ça semble être du côté de Poissonière) d'un quatuor formés par un tailleur pour homme, Léon (Claude Melki), sa soeur (Bernadette Lafont), son souteneur, une dangereuse andouille en manque de réussite sociale (Marielle, belle idée d'avoir situé la beauffitude du côté de l'illégalité décomplexée), et une "protégée" (Goya). La naïveté de Léon leur sert de couverture, même quand Léon n'est plus naïf. Les clients défilent, Melki essaye de protéger Chantal Goya, mais sans rompre avec son entourage, car il n'en a pas d'autre.
Le film est à la fois hors du temps, et le miroir de 1968, puis finalement se ramifie vers toutes les décennies du XXème siècle français. En apparence plus léger, et modeste que les Valseuses, mais en fait mieux affûté.
Superbes mouvement de caméra, dialogues aussi pas mal.
Claude Melki génial, a influencé énormément de choses. Sans lui un film comme "Steak" n'aurait pas été possible.
Chantal Goya étonnante, encore plus que dans "Masculin/Féminin", elle joue un personnage proche d'Anna Karina dans "Vivre sa Vie" en plus ramollie et évaporée, et en fait complètement auto-destructrice, très bonne actrice.

C'est bizarre, un film qui tient à la fois de "Paris nous Appartient", de "La Maman et la Putain" et "du Crime de Monsieur Lange", donne un "Amélie Poulain" qui aurait été réussi: une bulle, mais dont la seule activité est d'énoncer clairement les discours et déchirures du réel dont elle entend se protéger..

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Dernière édition par Tony le Mort le Dim 17 Juin 2012 - 19:14, édité 1 fois

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Message par Invité Dim 17 Juin 2012 - 14:21

De fait il y a pas mal de points communs entre Travis Bickle et Léon. Tous deux essayent de sauver du naufrage une prostituée dans laquelle ils voient l'innocence (Chantal Goya a la même trajectoire que Jodie Foster, c'est juste que Pittsburg a remplacé Morlaix).
Ils ont tous les deux choisi un métier dont ils savent qu'il ne les épanouira pas (compromis entre la représentation de leur situation sociale où l'idée de réussite leur est déniée, et la liberté: une forme de survie, où l'autarcie est le seul luxe) , ont le même genre rapport au client.
La télé joue aussi un grand rôle dans leur vie (même si Léon ne l'a pas)
Léon est aussi traumatisé par la guerre d'Indochine (qu'il n'a pas faite certes). Mais seul Léon est capable de dire "j'ai vécu".

Les génériques des deux films sont étonnamment proches, même mouvement de travelling, d'idée que le décors est épuisé avant que l’intrigue commence.
Et bonne B.O. de Jean-Jacques Debout, donc M. Chantal Goya

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Message par Dr. Apfelgluck Lun 18 Juin 2012 - 12:46

Tony, ce que tu as écris m'a donné envie de voir le film de Pollet.

Tony le Mort a écrit:
Les génériques des deux films sont étonnamment proches, même mouvement de travelling, d'idée que le décors est épuisé avant que l’intrigue commence.

Moi le film m'a plutôt fait penser au "Locataire" de Polanski. Les deux génériques se rapprochent également : on entre dans la cour de l'immeuble, on en fait le tour avant de terminer sur la fenêtre de l'appartement.
On ne sort que très peut de l'appartement, ce sont des films où le ciel est invisible (à part dans la séquence de la gare, quand Goya retourne en Bretagne). La fenêtre de l'atelier de Léon donne sur la cour alors que celle de la chambre de sa soeur, puis de Goya, donne sur un mur, une impasse. Le temps est toujours arrêté dans le deux pièces, l'horloge ne fonctionnant pas.
Le personnage de Léon a également le même problème de communication avec les femmes que celui de Polanski. C'est également un film dans lequel tout le monde se change sans arrêt, sauf Léon qui a toujours les deux mêmes chemises/bretelles (raccord avec la robe de Goya quand elle débarque à Paris). C'est d'ailleurs physiquement une espèce d'hybride entre Lovecraft et Marc-Edouard Nabe.

Toutes les "évasions" du quotidien que Léon tente avec Goya finissent toutes très lamentablement. Tandis que le vieux, quand il fait venir l'orchestre, lui vend du rêve (certe de pacotille, mais c'est cela qui lui plait). Léon, lui, est totalement transparent. C'est le seul personnage du film qui ne se reflète jamais dans les miroirs (à part avant la fin, quand il quitte furieux la chambre de Goya). Au final, le seul couple solide est celui des beaufs.
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Message par Invité Lun 18 Juin 2012 - 19:11

Le plus beau film de Pollet que j'aie vu c'est Dieu sait quoi d'après Francis Ponge.

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Message par Invité Lun 18 Juin 2012 - 21:39

Merci pour la référence.
J'avoue avoir plus pensé à Buster Keaton et un peu à Djamel Debouze qu'à Nabe...
Il y a cette séquence hallucinante ou Marielle le tire du lit pour vérfier "la petite boîté", où il se met à marcher d'une manière complètement incroyable, impossible à décrire.
C'est aussi un des plus beau phrasé du cinéma français: la suavité avec lauelle il sort de son rôle pour sortir "je vous emmerde" à sa voisine, c'est quelque chose que le cinéma français a perdu (même si Blier ont essayé d'en faire un sujet, alors u'ici elle est une attitude et un souffle).
Sinon je me corrige:il n'a pas choisi son métier: il n'arriven pas à consoler Chantal Goya et à transfomer en récit édifiant le fait ue son père le menaçait de coup de pied au cul i'il en reprisait pas son premier pantalon.
Un truc un peu lié au mirroir: au milieu du film, il fait bruler son seul pantalon, mais le garde. C'est un Bartleby qui essaye d'avoir une sexualité.


Dernière édition par Tony le Mort le Lun 18 Juin 2012 - 21:51, édité 1 fois

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Message par Dr. Apfelgluck Lun 18 Juin 2012 - 21:50

Tony le Mort a écrit: il n'arriven pas à consoler Chantal Goya

Le seul moment où il arrive presque à la faire "rêver", c'est la séquence avec la télévision. Au moment où Goya semble sur le point d'être captivé, le voisin éteint la télévision. Pareil lors des moments de lectures du livres de SF, Léon finit toujours par se lassé et ne veut jamais aller jusqu'à la fin. Goya lui demande toujours "Qu'est-ce qui se passe ensuite ?"

Tony le Mort a écrit: Un truc un peu lié au mirroir: au milieu du film, il fit bruler son seul pantalon, mais le garde. C'est un Bartleby branché qui cessaye d'avoir une sexualité.

En rapport avec la mode et la sexualité, il y a le débat entre Léon et le beauf Marielle au sujet des anglais. Quand Léon affirme que la mode anglaise c'est le sommet de tout, Marielle lui répond que les anglais "c'est tous des tantes". Léon finit par admettre "peut être, mais enfin pas tous".
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Message par Invité Lun 18 Juin 2012 - 21:58

Perdu la connexion dans le post précédent. Je voulais pas dire "branché", mais "branché cul", par contre son entourage fuit la sexualité alors qu'il en vit.
Il y a ce regard face caméra qui me fait penser à Bartelby. C'est le spectateur qui en position de dire "Ah Léon! Ah humanité!"

Pour l'histoire des Anglais (effeminés, j'ai entendu des trucs comme cela aussi, à l'époque d'Edith Cresson, et ses propos étaient repris dans le sréunion de famille, ou avant les attentats de Londres, quand Dalanoë cherchait l'incident diplomatique pour ces putains de J.O., et les médias comme France Inter embrayaient, avant de bien et quele peu bassement se calmer ), Léon arrive à faire concéder à Maxime "pas Churchill" et "pas la Reine".
Léon a sans doute un point de vue sur mai 40, de Gaulle et Pétain, que Maxime n'a pas. Ici le collabo putatif, mais maquerau réel, est aussi infériorisé, couché sur la table, habillé (comme souvent: la pose hyper féminine d'odalisque de Marielle quand il essaye de se suicider par anomie)
Il y a aussi les conversations hallucinantes au bistro, sur la révolution culturelle chinoise, le fait que les piliers de bistros voient dans la Chine une troisième voie entre pro-américanisme et stalinisme est mis sur le même plan qu'un dialogue d'ivrogne, dès le début, sans dialectique; le film vient après une dialectique possible.

Il y a des trous dans la narration: on comprend pas pourquoi Goya quite Dalio. Lafont lui explique que les prostituées ne jouissent pas ("pour la bagatelle 9 fois sur 10, il ne faut pas de faire d'illusion") ce qui l'intrigue ("Et la 10ème fois?"..."Il n'y a pas de dixième fois") alors que 10 minutes plus tôt, en perruque courte et imper Skaï rouge, Goya semblait l'avoir déjà découvert par elle-même. Les raccords se font plus par les vêtements, les corps, que les situations. Ou plutôt, les vêtements, les corps sont des situations, mais pas les discours. En fait tous les personnages du films sont des narrateurs, racontent une histoire qui a eu lieu ailleurs, longtemps avant l'action, même lorsqu'il s'agît de politique et de sexe. La seule situation réelle, c'est le départ, n'a rien à raconer, et ne sait articuler que "mon avion m'attend". La seul client qui parvent à tirer un coup, le Grec, n'a pas d'histoire. Les autres causent, et s'en vont, ou meurent et ressucitent (il ya un truc un peu bunuelien). La seule qui qualifie réellement l'endroit pour ce qu'il est, de boxon, est la voisine,en perpétuelle descente.
"J'ai vécu" c'est le seuil de sortie de la narration que Léon et le seul à essayer de franchir, en vain, mais il parvient à faire un regard Monika (alors que ce serait plutôt Chantal Goya ui ressemblerait à Monika) qui coupe le film.

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